Lune blanche (4)

Par Pouiny

Quand je me réveillai, Aïden était déjà parti. J’étais installée dans mon matelas, et le velux était bien correctement fermé. Je crus presque avoir rêvé. Regardant ma pierre accrochée à mon cou, je n’arrivais pas à revoir les éclats de lune à l’intérieur que j’étais persuadée avoir vu. Pourtant, quand Aïden revint me voir, il sorti précipitamment quelque chose de son sac :

« Je suis paré pour cette nuit !

– Quoi ?

– Pour les étoiles ! Regarde, j’ai réussi à dégoter ça, à l’école. »

Et pour appuyer ses dires, il posa lourdement une sorte de léger livre sur la table basse.

« Qu’est-ce que c’est ?

– Une carte des étoiles. Avec ça, tu peux les repérer dans le ciel, les nommer, et trouver des constellations.

– Mais, constatai-je en la prenant doucement. Pourquoi elle a des trous ?

– Ah ! Oui, c’est moi. J’ai pris le poinçon que m’a offert maman. Je me suis dit que ce serait plus pratique pour toi… Je ne peux pas écrire encore tous les noms des étoiles, mais j’ai mis un trou à chaque étoile sur la carte ! Comme ça tu peux réussir à lire même sans grande lumière ! »

Choquée, je frôlai des doigts la carte trouée. Je sentais, en un mouvement, tout ce qui avait pu me captiver la nuit dernière. Je sentis ma main trembler.

« Merci. Merci, Aïden.

– Pas de quoi. Oh, donc regarde ; cette partie peut en fait tourner sur elle-même, et comme ça tu peux ajuster la carte en fonction du jour et de l’heure.

– Parce que le ciel n’est jamais pareille ?

– Non ! On est sur une planète qui tourne, après tout. Donc les étoiles bougent aussi. Bon, je ne les ai pas vu bouger, mais …

– Si on regarde longtemps, tu pense qu’on peut le voir ?

– Sans doute… Mais il faudrait rester éveiller longtemps…

– Je veux !

– Vraiment ? »

Le regard d’Aïden eut une lueur étrange. Un peu hésitant, ses yeux essayèrent de trouver les miens dans l’obscurité, mais il fini par abandonner en un soupir.

« D’accord, d’accord… On restera ensemble toute la nuit.

– Tu ne veux pas ?

– Si… C’est juste que je n’ai pas pu beaucoup dormir, du coup…

– Tu n’es pas allé dormir dans ta chambre ?

– Bah non, je suis allé à l’école ! C’est comme ça que j’ai récupéré une carte du ciel… J’ai passé la journée à la trouer d’ailleurs, la maîtresse a failli me la confisquer.

– Tu veux dire que là, c’est la fin de journée ?

– Et bien… Oui.

– Oh. D’accord.

– On va manger ensemble, et dès qu’il sera l’heure, fit Aïden en vérifiant sur un objet que je n’avais jamais vu, j’ouvrirai le velux. Comme ça on pourra regarder les étoiles ensemble. Papa est d’accord, c’est même lui qui m’a donné sa montre ! Regarde, elle est belle, non ? »

Il manqua, dans le noir, de me coller la montre sur le nez. Circonspecte, je regardai l’objet sans trop comprendre ce qu’il voulait dire.

« C’est avec ça qu’on sait quand est-ce que le soleil se couche ?

– Oui ! On a découpé le mouvement du soleil et de la lune dans le ciel et on l’a fractionné en chiffre, qui indique où est-ce qu’on en est dans une journée ! On a appris à lire l’heure sur des montres, comme ça, du coup papa m’a dit que ça ferait un bon exercice de lire l’heure dessus. Il m’a dit que c’était un objet familial, et que je devais en prendre grand soin ! »

Silencieuse, je touchai la montre sphérique qu’il me tendait. Accrochée a une grande chaîne sentant l’argent et le produit d’entretien, je pouvais entendre un léger son, comme un clic, strictement répétitif. Je pouvais deviner sous mes doigts le mouvement de petits engrenages qui faisait fonctionner l’ensemble. L’objet avait beau être froid, il semblait aussi ronronner comme un chat. Je rendis l’objet à Aïden avec précaution.

« Tu n’as pas intérêt à l’abîmer, hein ! C’est un beau cadeau que t’as fait papa.

– Oui ! J’en suis trop content ! Je n’arrête pas de l’admirer depuis qu’il me l’a donnée... »

Il n’avait beau pas la voir, il lui jeta un regard brillant.

 

On s’occupa avec ses devoirs et d’autres jeux dans l’obscurité. Maman nous donna à manger sur le plateau habituel, et on continua de discuter. Mais le temps me sembla incroyablement long. Même Aïden, parfois, regardait sa montre brillante, essayant vainement de déchiffrer quoi que ce soit dans le noir, avant d’abandonner. Après un certain temps, il fini par abandonner et allumer la lampe a la lumière jaune.

« Alors, alors ?

– Non, on va attendre encore un peu. »

J’avais beau trépigner d’impatience, Aïden avait l’air de prendre son rôle de gardien du temps très au sérieux. Les parents lui avaient sans doute fait promettre de faire attention à ne pas me mettre en danger. Il tenait ma vie dans le creux de sa main. La sensation était étrange, mais pour voir les étoiles, j’étais prête à l’accepter.

« C’est bon ! Fit Aïden en éteignant la lumière ! Attention, j’ouvre ! »

Il prit vivement la chaise et ouvrit le velux en grand. Ma respiration se bloqua face à cette nouvelle vision de la lune, si blanche et pure au milieu de l’obscurité. Je ne pouvais éprouver plus de bonheur qu’à la vision du ciel et son odeur sauvage porté par le vent nocturne. Aïden se laissa tomber de la chaise et s’allongea près de moi, la carte à la main.

« Alors… Zut, c’est vraiment difficile de lire !

– Elle est bien réglé, la carte ?

– Oui, oui ! Alors, le nord est… Mince, il me faudrait une boussole…

– Une quoi ?

– Une boussole, ça permet de se repérer ! Pour savoir de quel coté on se situe sur la planète. En fonction d’où on est, ce n’est pas pareil. J’en demanderai une à papa, ça pourrait être pratique… Ah, je l’ai ! »

Aïden montra du doigt une des étoiles du ciel.

« Tu vois celle-là, à droite ? Elle indique le nord. C’est l’étoile polaire !

– Polaire ? »

Je commençais vraiment à me sentir perdue. Mais, patient, Aïden m’expliqua :

« Le nord, c’est ce qui est au plus haut. Si tu marches tout le temps en direction de cette étoile, tu va te trouver sur le haut de la planète, dans le pôle nord ! Donc, c’est l’étoile polaire.

– Et il existe une étoile pour les autres direction ?

– Euh… Je ne sais pas…

– Pourquoi le nord, alors ?

– Parce que… C’est le plus pratique ? »

Je jetai un regard non convaincu a Aïden. Ses joues semblèrent rosir à mon regard.

« Désolé, Béryl, je n’en sais rien du tout ! Je demanderai demain.

– Demain… »

Le mot résonnait étrangement à mes oreilles. Il représentait tout un concept que je n’arrivai pas à saisir. Tout ce principe de journées et du temps qui passait m’était totalement étranger. Mais il avait pourtant l’air d’être le cœur des journées de mon frère, qui par ses utilisations naïves, semblait comme s’éloigner de moi. Aïden avait un ‘’demain’’. Le mien n’était qu’une vague chimère indistincte du reste du temps. Silencieuse, j’essayai d’arrêter de penser en regardant la blancheur de la lune parsemée de trou comme une feuille en braille.

« Je ne pensais que quelque chose sur terre pouvait être si… blanc.

– Vraiment ? Pourtant il existe pleins de choses blanches !

– Comme quoi ?

– Et bien… les assiettes ? Les feuilles des livres ? Certains murs ? Tu as déjà du en voir, de tout ça, non ?

– Ce n’est pas… Pareil. Comment dire… Les feuilles d’un livre, pour moi elles sont plutôt jaunes sombres. Un peu comme tout ce que tu as dit, en fait. Du coup, je pensais que c’était blanc, mais la couleur de la lune n’a absolument rien a voir avec ça. C’est beaucoup plus… propre. Pur. C’est plus joli.

– Oh… C’est sans doute la lampe jaune qui t’empêche de voir le blanc correctement, non ?

– Peut-être. En tout cas, aucune lampe ne m’empêchera de voir la lune blanche. »

Une vague de bonheur fit battre alors mon cœur. Aïden se colla sur mon épaule en baillant, laissant tomber la carte du ciel trouée.

« Peu importe la lampe, tes cheveux sont toujours aussi blanc que la lune. Et ils sont beaux. »

Les yeux bleus de mon frère se fermèrent doucement.

« Bonne nuit, Béryl.

– Merci, Aïden. Bonne nuit. »

Alors que mon frère s’endormait et me laissait seule face au ciel, je me rendis compte alors que je n’avais ressenti aucune douleur pour la première fois depuis longtemps. Caressant doucement mon bras meurtri, il n’y avait en moi qu’une paix légère. Je m’endormis paisiblement, allongée au sol juste sous un velux, aux cotés de mon frère.

 

Il y eut bien de versions différentes de cette carte du ciel. La première étant trop petite pour contenir toutes les informations en braille, Aïden tenta d’en refaire une sur une échelle plus grande, mais il était difficile pour un enfant de garder strictement la même échelle de mesure, ce qui rendit la deuxième version de cette carte du ciel inutilisable. Puis, il réussi à récupérer une troisième carte du ciel plus grande et plus précise que la première, qu’il troua consciencieusement, mais malgré tout son amour fit de nombreuses fautes dans le braille.

« C’est pas vrai ! Il faut que je recommence tout ? »

Son ton de dépit face à ma relecture me fit tellement de peine que j’essayai de le consoler :

« Tu sais, c’est pas grave, je peux m’en accommoder.

– Non ! Les fautes d’orthographe, c’est moche, et il te faut un bel objet ! Je vais réécrire tous les mots et cette fois-ci, tu pourrais demander à maman de les relire pour moi ? Je recopierai ensuite les mots correctement. S’il te plaît !

– D’accord… Ça fera un bon exercice avec maman.

– Merci ! Il va falloir que je redemande une carte…

– Qui c’est qui te les donne ?

– La maîtresse ! Je lui ait expliqué, du coup elle est très heureuse de participer un peu ! »

J’essayai de visualiser qui pouvait être cette maîtresse, mais j’étais incapable de former un visage différent des trois que je connaissais. La vie continua alors, avec ses nuits étoilées. Parfois, il y avait trop de nuages pour voir les étoiles. D’autres fois, la lune était bien trop lumineuse. Mais malgré la douleur aux yeux et au crâne que sa lumière pouvait me donner, c’était les nuits que je préférai. Malgré la découverte progressive de toutes sortes d’étoiles et de planète, la lune était définitivement ce que je préférai dans le ciel.

 

Nombre de nuits à deux passèrent alors. Les yeux d’Aïden se firent bien cernés, mais jamais il ne trahit un quelconque état de fatigue. Je parlais très souvent de ces nuits étoilées à maman durant les cours qu’elle me donnait ; mais elle semblait surtout soulagée de constater que mes brûlures n’étaient désormais que des souvenirs. Je sentais souvent sa réticence à laisser faire les choses comme elles avançaient, surtout quand Aïden baillait à s’en décrocher la mâchoire près d’elle. Mais elle n’avait pas la force d’intervenir et couper court.

 

« Mais, dis-moi, Aïden…

– Oui ?

– La lune est inutile pour la vie sur terre ? »

Alors que nous regardions le ciel en silence, et que mon jeune frère semblait sur le point de piquer du nez, cette réflexion insidieuse venait de me traverser l’esprit en un éclair brûlant. Surpris, il se redressa vivement pour réfléchir.

« Comment ça, inutile ?

– Le soleil a apporté la vie sur la planète terre. Même si je ne peux pas le voir, théoriquement, je suis en vie grâce à lui. Mais la lune… A quoi sert-elle ?

– Elle apporte la nuit, non ? »

Je ne sus pas déterminer si sa remarque était véritablement innocente, où s’il essayait de m’embobiner pour que je ne puisse pas aller au bout de mon raisonnement, mais néanmoins sa remarque m’irrita.

« N’importe quoi, Aïden. La nuit vient avec le mouvement de la planète. C’est ce mouvement qui fait bouger les étoiles. Donc la lune n’a rien à voir avec ça, et tu le sais, parce que c’est toi qui me l’a expliqué. Alors… A quoi sert la lune ? »

Il me regarda en silence. Il semblait n’avoir aucune idée de réponse.

« Pourquoi ce qui est utile pour la vie m’est inaccessible ? Pourquoi je dois me contenter uniquement de ce qui est dispensable ? Après tout, tout ça n’est pas visible pour les autres, car le monde entier dort, sauf moi… Si les seules choses qui me sont autorisées sont inutiles… Alors, moi…

– La lune est utile ! »

Il avait presque crié. En un mouvement brusque, il avait attrapé ma main qui, déjà, commençait à trouer ma peau. Ses yeux me fixaient avec un regard brûlant, mais il sembla, pour un instant, incapable d’en dire plus.

« La lune fait pousser des fleurs sur les étoiles !

– Quoi ?

– Parfaitement ! Comme le soleil, mais pour des plantes bien plus belles et bien plus rares ! La lumière de la lune étant plus douce et plus blanche, les belles fleurs délicates la préfèrent, et poussent sur les étoiles !

– C’est pas vrai. Il ne pousse rien, sur les étoiles. Ce ne sont que des petits soleils lointains.

– Si, il y a des fleurs qui poussent sur les étoiles, grâce à la lune ! Même qu’elles poussent aussi sur terre, car quand des météorites s’écrasent sur terre, ils apportent des graines de fleur lunaire. La lune apporte la vie ! Elle est aussi utile que le soleil, et elle l’est même plus, car elle donne vie à des êtres vivants plus rares, plus beaux ! Alors, ce n’est pas grave de ne voir que la lune ! C’est même une chance, car tu as droit à la rareté ! »

Sa main qui serrait la mienne tremblait. Tout en lui semblait me défier de lui dire qu’il avait tort. Et bien que, surprise, je n’arrivai à en croire un mot, je ne me sentais pas capable de le contredire.

« Il y en a sur terre, de ces fleurs lunaires, alors ? Comment elles font, pour survivre ?

– Elles se ferment aux premières lueurs du jour. Il y en a même qui rentrent sous terre ! Et quand la lune revient, elles sortent et elles s’ouvrent. Comme ça, elles arrivent à survivre.

– Elles se sont bien adaptées… »

Il hocha vigoureusement la tête. Sa main cessa de trembler, mais il ne lâcha pas la mienne.

« Aïden… Si ces fleurs se trouvent… Tu pourrais m’en montrer, s’il te plaît ?

– Évidemment, rien de plus facile ! Je n’ai qu’à demander à une fleuriste, et ce sera comme si c’était fait ! »

Je me dégageai doucement pour m’allonger, et il ne chercha pas à me retenir. Il referma le velux avec fermeté, laissant ma chambre dans le noir complet. Il s’assit près de mon lit, en silence, serrant ses genoux contre lui. Ne sachant pas quoi dire, je laissai échapper d’une petite voix :

« Tu es fâché ?

– Non. Tu verras Béryl, je te les donnerais, ces fleurs. Tu peux dormir tranquille.

– Merci, Aïden. Bonne nuit. »

Je fermai les yeux et fit silence, mais il ne parti pas. Il resta longtemps, près de moi sans même me regarder, les genoux serrés contre lui.Alors qu’il devait me penser endormie, il murmura :

« Ne dis plus ça. Plus jamais. »

Sa tête tomba sur ses genoux en même temps que mon cœur s’effondra dans ma poitrine. Mais quand je rouvris les yeux, il était déjà parti.

 

Quand il revint, le lendemain, il ne me reparla pas de ces fameuses fleurs lunaires, comme si tout ceci n’avait été qu’un rêve. Je n’osais pas évoquer le sujet, ayant presque peur qu’il m’avoue son mensonge qu’il semblait manifestement éviter. Je tentai de demander à maman ce qu’elle pensait de ces fleurs, mais elle fut incapable de me répondre et sembla presque sur le point d’éclater en larmes si j’insistai davantage, alors j’abandonnai, résignée. Ce n’était pas le premier mensonge que l’on me disait, et j’allais me préparer à vivre avec, quand un soir Aïden arriva avec bien d’excitation qu’à l’accoutumée.

« Tu vas voir, me répétait-il alors qu’il ouvrait le velux en sautillant sur place. Ce soir, le ciel est particulier !

– Il y a quoi, une éclipse ? Une lune géante ?

– Mieux que ça ! Attention… Et voilà ! »

Tout de son attitude montrait une fierté qu’il n’arrivait qu’à peine à contenir. Pourtant, quand il ouvrit le velux, je ne vis rien d’autre qu’une lune gibbeuse. J’eus un mouvement d’incompréhension, alors qu’il insistait :

« Mais si, là ! Regarde, sur le bord du velux ! C’est différent, non ? »

Alors que je me concentrai sur la direction qu’il pointait du doigt, mon cœur rata un bond. Car, sur le bord de la fenêtre, se trouvait désormais de petites fleurs sombres, des petites lunes ouvertes, éclairées par la lumière d’un immense croissant de lune. Comprenant vite où il voulait en venir, je ne pouvais me résoudre à y croire.

« C’est…

– J’ai mis plus de temps à les trouver que prévu, mais voilà !

– Ce sont vraiment… Des fleurs lunaires ?

– Bien sûr ! Elles ont les pétales de la même couleur que le ciel et le cœur de la même couleur que la lune ! Elles ne peuvent qu’être lunaire !

– Et elles ne sont là que la nuit ?

– En tout cas, tu ne les verras que quand le velux sera ouvert, et elles se porteront à chaque fois comme un charme.

– Mais… comment est-ce que tu les as fait tenir ?

– Ce sont des fleurs lunaires, je t’ai dit. Elles tiennent sur des astéroïdes, je n’ai eu aucun mal à les faire tenir sur le toit. »

Il se tint néanmoins étrangement le coude lors de cette affirmation.

« Tu pourras même les arroser un peu de temps en temps ! Tiens, c’est un vaporisateur. Tu leur met un peu d’eau, et c’est comme si elles étaient dans l’espace !

– Mais il n’y a pas d’eau, dans l’espace ?

– Bien sûr que si ! Mais en toute, toute petite particules, c’est pour ça qu’il faut les arroser avec un vaporisateur. Elles te plaisent ?

– Je les adore. Merci, Aïden. »

Il était tellement fier de lui qu’il ne put même pas répondre à ce remerciement. Désormais, ces fleurs bleues dont je n’avais pas le nom devinrent ma deuxième passion. Mais mon frère, tout aussi fier qu’il était, n’était plus capable de leur donner leur vrai nom.

 

« Ces fleurs là ?Mh, je crois me souvenir... »

Ma mère semblait songeuse. Penser à autre chose que mes problèmes la rendait plus belle, c’était dans cette optique que je lui avais demandé de m’aider.

« Oui, je sais ! Si elles sont comme tu me les a décrites, ce doit être des myosotis.

– Myoso… Quoi ?

– C’est un mot grec. Cela veut dire oreille de souris.

– Mais pourquoi ?

– Peut être que des gens se sont dit qu’elles y ressemblaient. Ce sont des fleurs qui sont surtout connues pour être les fleurs du souvenir.

– Du souvenir ? Comment ça ?

– Et bien… Quand quelqu’un offre ces fleurs à quelqu’un, cela veut quelque chose comme, « ne m’oublie pas. » Vraiment, je me demande ce qui est passé par la tête d’Aïden…

– Moi, je crois que je comprends.

– Oh tu sais, il n’a pas du faire exprès. Les garçons, ça ne connaît pas vraiment le langage des fleurs... »

Je voulus demander pourquoi elle disait ça, mais elle reprit la leçon comme si rien ne s’était passé. Et le cours, puis la nuit, dura tranquillement.

 

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dodoreve
Posté le 26/05/2021
"La lune fait pousser des fleurs sur les étoiles !" Trop mimi, Aïden. Ceci dit à part ce genre de petites remarques je trouve que leur semblant de dispute fait très "adolescente", ou en tout cas plus mature et pleine de significations que ce que pourrait être celle d'enfants. Ou c'est peut-être moi qui plaque mon regard dessus, ou peut-être que c'est le point de vue de Béryl qui m'influence... Je crains le moment où on comprendra que la lumière de la Lune peut blesser Béryl aussi, mais cet avant est doux. C'est bien aussi de montrer la part morale de sa maladie, le fait que se sentir bien dépend aussi du fait d'être triste ou non, et que le simple fait de voir les étoiles ou sentir l'air de la nuit peut lui faire du bien. Je me demande d'autant plus pourquoi ses parents n'ont pas eu l'idée de le faire plus tôt, puisque sa mère n'a pas l'air horrifiée d'apprendre qu'Aïden ouvre son vélux, mais peut-être que ça s'éclaircira par la suite, ce danger qui pèse plus ou moins inconsciemment sur elle !
Pouiny
Posté le 27/05/2021
C'est peut-être parce qu'on a du mal à visualiser le temps qui passe, mais Aïden est très proche de l'entrée en collège, donc ils ont environ 9/10 ans lors de cet échange. Étant donné que c'est impossible de se rendre compte du passage du temps du point de vue de Béryl qui n'a littéralement aucun repère, je voulais jouer aussi sur les dialogues qui changent (bien que je pense que des gamins avec qui je travaille en école serait bien capable de me dire ce que dit Aïden ! xD Parce que mine de rien, c'est très imaginaire, et c'est quelque chose qui est moins utilisé par les ados, surtout de mentir comme ça et de "s'enfoncer" dans cette histoire sans jamais en démordre, même s'il faut pour ça trouver toutes les excuses possible! )

Et c'est justement parce qu'Aïden commence à être "grand" que ses parents ont accepté à ce moment là et pas avant. Eux-même l'ont pas fait pour beaucoup de raisons (pression, responsabilité, travail ...) et s'ils ont accepté de donner leur confiance à leur fils c'est justement parce qu'il commence à devenir "grand" (s'aurait été impossible avec un enfant en CP par exemple !)

C'est là tout le problème des fleurs de l'oubli, c'est qu'il y a plein de choses que je n'arrive tout bonnement pas à caser dans l'histoire, parce qu'il faudrait sortir de la chambre noire pour ça... T-T
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