Lettre à un amour

Par Lyse

Les murs ocres de l’aéroport,

la foule, houle bruyante,

une femme et deux enfants

figées sur un banc.

 

Une paire de boucles d’oreille,

reçues dans un colis,

petits éclats d’Eden,

rêve d’Amazonie.

 

Les chants brésiliens, languissants,

douces écorchures qui les lient

mais qui, lorsqu’ils s’achèvent,

font écho à la nuit.

 

L’absence défigure l’éclat de la vie,

l’enfant s’enferme à bégayer,

soubresaut de douleur

à chaque mots prononcés.

 

Depuis des mois

une femme

et deux enfants

l’attendent, éperdument.

 

A leur gauche, il surgit,

chimère, réalité ?

la foule disparaît

il sourit.

 

Contenue, tous ces mois,

la douleur sublimée,

déferlante brutale,

sidère les deux enfants.

 

Puis elles s’élancent,

tanguent,

se rapprochent,

conjure l’odieuse distance.

Les corps s’agrippent,

s’amarrent,

s’étreignent

se tendent,

se relâchent,

se vident,

puis se remplissent

d’une satiété

trop longtemps désertée.

 

La femme, belle,

regard de brume, scintillant,

s’approche de lui, lui d’elle,

éternel d’un instant.

 

Il la serre,

ils s’embrassent,

cristallisent le moment.

Leurs regards fascinent les enfants.

 

Il n’y a plus que ce banc

dans l’aéroport,

où quatre poitrines, ensemble,

reprennent à respirer.

 

 

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annececile
Posté le 11/04/2020
Ce sont des retrouvailles, alors, dans cet aeroport... c'est un peu comme du pointillisme, tes poemes. Des petites touches les unes a cote des autres et finalement le motif apparait. Ca me touche. Bravo.
Lyse
Posté le 11/04/2020
Merci Annececile pour tes lectures et tes commentaires...! Et que le terme "pointillisme" est joli... Merci beaucoup pour cette comparaison, je suis très touchée.

Lyse
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