L'Elue de pureté

Une avalanche de questions étouffa Ombelyne de Pastelbour. Ce raz-de-marée d'incertitude et d'incompréhension plongeait son esprit dans des troubles opaques. Les prémices de sa libération, à défaut de lui faire entrevoir une lumière inespérée, l'éblouit d'une obscure fulguration.

Était-ce ainsi qu'une Demoiselle de la belle société devait être traitée ? Ces rustres à l'intellect limité devraient revoir leur bienséance. Qu'avait ce petit à lui sourire si intensément ? Ne savait-il donc pas que dévisager une Dame était discourtois ? Ce sourire... Il lui rappelait celui qui l’avait défigurée lors de cette fameuse soirée d’été. Serait-il victime de la même affliction qui l'avait étreinte ? Pourquoi la grosse brute ne lui offrait-il pas ce remède miraculeux qu’elle lui avait acheté si chèrement ? Elle devait se méfier de ce rustaud à la langue pendue. Et puis, que signifiait cet accoutrement ? Avait-il combattu un dragon légendaire pour rentrer dans la prison ? Que venaient-ils chercher ? Assurément pas elle, poussés par des remords culpabilisants et la perspective d'un sauvetage rédempteur. Ombelyne avait parfaitement conscience du péril dans lequel elle se trouvait. La Justice l'avait malmenée. Elle devait son salut à cette intrusion fortuite. Le Destin était farceur et capricieux et avait mis ces hommes sur la voie de sa liberté nouvelle.

Ne pouvant trouver réponses satisfaisantes à ses cogitations, Ombelyne observa le jeune homme. Bien que son crâne rasé lui donnât un air plus sérieux, Ombelyne le trouvait séduisant. La danse envoûtante des flambeaux projetait des ombres qui soulignaient et sublimaient la perfection de sa mâchoire. En d'autres circonstances, ce Marquis de Fleurys aurait conquis son cœur dans la seconde.

En tant que Demoiselle respectable, Ombelyne s'inquiétait de l'image qu'elle renvoyait. Ses cheveux emmêlés témoignaient de son hygiène négligée. Les privations répétées lui avaient creusé les joues et l'estomac. Sa déshydratation naissante rendait sa bouche pâteuse et ses yeux collants.  Elle n'osait imaginer la puanteur exécrable qu'elle dégageait. En somme, elle n'était pas plus présentable que le grossier maître-chanteur. Cette idée la mortifia.

Ombelyne suivit ensuite du regard le bonhomme au teint de cire. Elle le vit introduire une clé dans une serrure. Ces personnages atypiques avaient fouillé méticuleusement les geôles précédentes et espéraient, pour sûr, obtenir satisfaction derrière cette ultime porte.

Dans la pénombre du lieu, un reflet argenté ne put tromper l'œil novice d'Ombelyne. Une lame d'acier accueillit les intrus. Un homme s'avançait d'un pas, tendant une épée sous le menton de l'escroc au ventre imposant, le forçant à reculer prudemment. L'épéiste, pas plus âgé que la Demoiselle, portait une tunique élégante exempte de souillures. Ses cheveux cirés embaumaient l'air putride d'un délicat parfum d'écorces et de thym. Rasé de près, il affichait un sourire satisfait :

— Qu'avons-nous là ? Ne serait-ce pas nos trois fameux démons qui perturbent la quiétude de notre beau pays ?

Le maître-chanteur, vêtu de son manteau justicier, ne perdit pas sa gouaille tenace et répondit fièrement :

— Premier Justicier de la Poigne démoniaque, pour vous servir jeune galopin. Je n'vous présente pas le démon bouffeur d'entrailles et le prince des Ténèbres qui m'accompagnent. Ils se feront un plaisir de vous serrer la patte. Je n'm'engage pas à ce qu'ils vous la rendent en un seul morceau. Surtout le p’tit à la moustache, opiniâtre comme un moustique en été.

Ombelyne resta stupéfaite devant cette présentation. Ces trois énergumènes seraient les fameux êtres maléfiques que le Parakoï traquait ? Ignorant tous les dangers qu'une telle révélation sous-tendait, son esprit présomptueux reprit subitement le dessus. La jeune ambitieuse y vit la clé de sa réussite. Elle tenait sa chance. Plus besoin de compromettre le Premier Sujet du pays Lectois. Il lui suffisait de livrer ces odieuses créatures au Parakoï, son élévation dans le Beau monde serait fulgurante ! Elle côtoyait les ennemis véritables du Parakoï, elle devait les mener à lui et les lui livrer. Les démons désiraient qu'elle les accompagnât ? Elle ne les lâcherait plus.

L'homme à la tunique blanche apposa son épée sur la glotte de l'individu replet. Il répondit avec un calme qui interpella Ombelyne :

— Puisque nous en sommes aux présentations, Premier Justicier Dugroel, de la Poigne locale de Tesquieu. Je crois que vous avez malmené mon gardien si dévoué. Je vous attendais. Pendant que tous attendent l'arrivée de votre armée, je me suis dit qu'il valait mieux être là où vous étiez attendus. Seulement, vous arrivez trop tard.

Derrière le Justicier du Parakoï, deux cadavres baignaient dans une mare rouge. Une grosse dame et un jeune garçon, la gorge ouverte, se tenaient la main dans un dernier geste d'affection. Ils s’étaient vidés de leur sang, là, ensemble, entrevoyant la mort dans son habit de certitude en des convulsions et des supplications vaines. Plus attentive, Ombelyne remarqua le filet rouge aqueux qui s'égouttait de la lame du Justicier. Cette scène sortie d'un cauchemar sanguinolent lui fit remonter de la bile dans la gorge. Elle porta sa main à la bouche et sentit les effluves de la remontée acide dans les narines.

La Demoiselle vit le maître-chanteur secouer la tête d'amertume. Il soupira et eut l'air sincèrement désolé :

— Pauvre fou. Vous ne savez pas ce que vous avez fait. Je n'pourrai rien pour vous. J'espère simplement qu'il saura être plus clément que vous ne l'avez été avec ces deux malheureux.

Le Premier Justicier appuya plus fermement sa pointe jusqu'à ce qu'une goutte écarlate perlât de la gorge grasse. Ignorant la menace, le représentant du Parakoï commenta :

— Je vois que vous êtes capable de saigner. Je suis la Justice. Je suis le Bras glorieux de notre Parakoï Adoré. Démons, ou quoi que vous soyez, je vous condamne à une mort imminente.

Le Premier Justicier recula son coude au niveau de l'oreille et d'un geste brusque enfonça la lame dans la gorge offerte du maître-chanteur.

Dans la noirceur de la pièce, une aura violette et verte luisait faiblement. L'écho d'une fêlure crissa dans l'air renfermé. Une brisure puis un éclat tinta. La pointe d'acier rebondit sur le sol, séparée du pommeau toujours fermement maintenu. L'épée n'était plus. L'aura qui enveloppait le maître-chanteur encaissa l'attaque et scinda la lame en deux morceaux. Un sourire maléfique, identique à celui du bonhomme à la salopette, s'étira sur le visage du démon qui garda le silence.

Le Premier Justicier s'effondra sur ses genoux devant cet incompréhensible échec. Le petit homme à la moustache s'avança vers lui en de petits pas légers. Sans bouger ses lèvres tendues, il murmura calmement :

— C'est le moment de te bouffer les entrailles.

 

***

 

Le Bourgmestre descendit aussi prestement qu'il le pût les degrés des remparts. Suivi par le commandant de la garnison, il se dirigea vers la porte fortifiée où les Poignes stationnaient dans l'attente de la charge victorieuse. Cette courte expédition à pas pressés accouchait de gouttes de sueur irritantes sur le cou rougi de Sir Dumonstier. Devant les destriers majestueux, le Bourgmestre interrogea, le souffle court :

— Messires, où sont les Premiers Justiciers ?

L'un des Justiciers se retourna vers l'importun et, d'une pointe méprisante, daigna répondre :

— Bourgmestre, nous n'avons aucun compte à vous rendre. Savoir ce que font les Premiers Justiciers Dugroel et De Clarens ne relève pas de vos prérogatives. Mettez-vous à l'abri. Laissez la Justice réaliser son œuvre.

Le Bourgmestre s'empourpra. La perspective de voir sa ville réduite en cendres le transcendait et lui donna le courage de défier cette autorité supérieure :

— Nous affrontons une armée fictive ! L'ennemi est déjà dans le bourg ! Le Premier Justicier Galys de Crènes n'est qu'un imposteur ! On s'est tous fait berner. Le Cercle ! Le Cercle est leur cible. Il est laissé sans défense !

Sûr de sa nouvelle théorie, il tourna les talons. Sa longue toge claqua dans le vent. D'un geste, il demanda au commandant de le suivre avec sa garnison au complet.

Sir Dumonstier n'était pas peu fier de son bourg. Dans les principales allées des quartiers privilégiés, il avait fait creuser de profondes tranchées inclinées recouvertes de grilles solides. Les Tesquiens y déversaient leurs seaux d'immondices emportées par le ruisseau souterrain en dehors de la ville. Les fontaines publiques, certaines sculptées en des dentelles sophistiquées, d'autres de simples bassins sans ouvrages, alimentaient ce réseau sanitaire en plus d'offrir une eau saine aux Grands Tesquiens. La garnison postait des hommes en permanence sur ces points d'eau convoités et repoussait les indésirables jusqu'aux rues malfamées. Des plaisantins ingénus imaginaient qu’en déversant leur urine dans ces caniveaux, ils en rempliraient les verres et les pichets de ce beau monde. Des excursions de ce genre étaient organisées quotidiennement par des gamins désœuvrés. Les camaraderies se forgeaient sous les coups moins tendres de gourdins alourdis.

Le Bourgmestre passa avec son escorte devant l'une de ces fontaines. Il remonta une rue moins accueillante pour s'enfoncer dans un quartier mal fréquenté. Le Cercle, concentration des rebuts de la société et d'ennemis de la Paix, ne pouvait trôner que sur les miséreux des bas quartiers, car la Misère et la Pénitence étaient sœurs à ne pas séparer.

Indigents et nantis s'étaient soumis à l'appel du tocsin. La peur avait l'avantage d'unir une société déchirée sous l’étendard de la patrie menacée. Cette peur, parfois manipulée pour une sécurité souvent illusoire, était un torchon souvent brandit par Sir Dumonstier. Il justifiait ainsi des politiques qui garantissaient ses profits personnels au détriment du bien commun.

Quoiqu'il en fût, les rues désertes permirent au Bourgmestre de rejoindre le Cercle aussi rapidement que sa respiration sifflante le lui accorda. Il pointa son index dodu vers le bâtiment et ordonna au commandant :

— Encerclez cette atrocité avec tous vos hommes. Placez des archers sur les toits. Quiconque sort, criblez-le sans sommation.

Le commandant transmit l'ordre et releva le menton vers le trou béant :

— Comment ont-ils pu causer autant de dégâts ? Seul un canon bourré de la meilleure des poudres serait venu à bout de cette porte barricadée.

— Le fait est là. Je me contrefiche de la cause ! Si vous croyez qu'en débattant sur ce sujet nous allons mettre un terme à cette crise, soldat, vous vous fourvoyez. Ce n'est pas le moment d'y réfléchir. S'ils sont encore ici, ils sont faits comme des rats. Envoyez un de vos hommes là-dedans immédiatement pour savoir ce qu'il en est !

— Mais, Sir, c'est dange...

Le Bourgmestre laissa éclater la rage que son impuissance enfantait :

— Vous allez arrêter de contredire en permanence mes ordres, capitaine ! Je dis, vous obéissez ! Sinon je trouverai un capitaine compétent et vous enverrai moisir dans ces cachots ! D'ailleurs, je change mon ordre. Allez vous-même là-dedans ! Je vous préviens, si vous reculez, vous deviendrez la cible de mes archers !

Le commandant essuya les postillons d'un revers de manche. Il remarqua l’œil de son supérieur rougi par un vaisseau sanguin sous pression. Il comprit qu'il devait se soumettre à ce caprice puéril. Il regarda droit devant lui cette gueule immense ouverte sur des profondeurs insondables. Il se sentait comme un agneau apeuré devant un loup affamé. Entrer dans ce boyau noir au risque de ne jamais en ressortir appelait un courage évident. Rester dehors lui assurait une mort certaine. Son choix, qui n'en fut pas un, le poussa à faire un premier pas vers l'entrée du Cercle. Une dizaine de toises le séparaient de l'ouverture. Sous les yeux attentifs de ses hommes, postés sur les toits, en ligne devant le Bourgmestre ou autour de la prison, le commandant affronta sa peur. Pour se donner du courage, il sortit sa large épée de son fourreau. Son grade ne le préservait pas des craintes mais son statut l'obligeait à la vaillance.

Il fit un nouveau pas et écrasa une figue égarée. Imperturbable, il avança de nouveau. Dans le coin de son champ de vision, le commandant aperçut une tache bleue. Instinctivement, il focalisa son attention sur cette teinte en décalage avec l'environnement gris et morne. Il reconnut le ruban soyeux. Sa fille... que faisait-elle derrière ce tonneau ? La chipie avait dû, une fois de plus, échapper à la surveillance de sa mère. Elle assistait peut-être au cortège funèbre de son père. S'il devait prouver sa bravoure à une personne, c'était bien elle. Les pensées pour sa fille le revigorèrent et le rassurèrent instantanément. Il avait croisé ce prétendu Justicier Galys de Crènes. Il ne lui avait guère fait une impression terrifiante. En l'affrontant en combat singulier, il avait toutes ses chances d'en sortir vainqueur. Après tout, il était le commandant de la garnison et sa réputation s'était construite à coups de lames et de batailles rudement menées. S'il pouvait faire face à une armée, un homme esseulé ne devait pas égratigner son assurance. Sa confiance retrouvée, il entrevoyait enfin une issue favorable à sa détresse.

Alors, il sentit une étreinte au niveau de la cheville, comme un serpent qui s'enroulait en plusieurs anneaux solides jusqu'à son genou. Il baissa le regard mais ne remarqua ni fouet ni corde qui expliquerait cette sensation pourtant bien réelle. La pression augmenta. Soudain, il bascula à la renverse, fauché par ce reptile imaginaire. Allongé de tout son long, cette force invisible le traîna à une vitesse folle vers la bouche noire, prête à le dévorer. Il enfonça ses ongles et ses talons dans le sol, dans une tentative désespérée pour réfréner cette glissade abstruse. Un ongle s'arracha au contact d'une pierre prisonnière de la terre sèche et glacée. Un cri de douleur accompagna cette perte brutale. La gueule grossissait et, en un claquement de doigt, l'engloutit. Un cri déchirant s'éleva du monstre affamé suivit d'un rire diabolique qui glaça la fille au ruban, effraya la garnison désemparée et pétrifia le Bourgmestre médusé. Un deuxième puis un troisième rire complétèrent, en harmonie, cette orchestration dramatique.

La rage du Bourgmestre fut étouffée par la sidération. Son commandant, happé comme un vulgaire moucheron, vagissait depuis ce puits sans fond. Un rideau de ténèbres opaques obstruait la vision du châtiment qu'il imaginait insoutenable. Les hilarités résonnantes démultipliaient son angoisse et son impuissance.

Tous les contes et légendes murmurés secrètement sur ces démons s'avéraient fondés et bien malgré lui, consistants. Ces créatures, par la simple force de leur volonté, pouvaient embraser une citadelle entière, pulvériser la charge d'une Poigne Justicière ou se volatiliser instantanément à des milles à la ronde. Que pouvait-il espérer avec ses quelques soldats, sans muraille pour le protéger ? Son bourg, son œuvre, serait anéanti en un souffle. Sa vie et celles de ses administrés seraient vaporisées en un geste.

Captivé par son effroi, Sir Dumonstier n'avait pas entendu les deux Poignes le rejoindre pour assister à ce spectacle surréaliste. Juché sur son cheval de guerre, le même Justicier qui, plus tôt, avait fait preuve d'un mépris condescendant envers le Bourgmestre, ânonna :

— Notre Premier Justicier Dugroel... Il devait les attendre à l'intérieur. Serait-il ?

Le Bourgmestre répondit sèchement :

— ...mort ? Sans aucun doute. Nous sommes perdus. Nous ne pouvons pas lutter contre ces monstres. Nous allons tous rejoindre le Second Sujet De Launys et le Premier Justicier Dugroel dans les abysses de l'enfer.

Un spectre apparut emmitouflé dans une longue toge noire. Un capuchon plongeait son visage dans la pénombre. Il sortait de l'antre et avançait doucement. Sir Dugroel écarquilla ses yeux injectés de sang. Pensant sa dernière heure venue, il hurla, le visage perlé de sueur :

— Décochez! Qu'attendez-vous ?! Décochez encore et encore !

Les cordes vibrèrent à l'unisson. Une pluie de traits siffla vers le point désigné. Le soleil rayonnant projeta au sol des ombres vives et fugaces qui convergeaient vers le démon statique. L'onde destructrice déferla sur sa proie pour l'écraser et la harponner en une centaine d'impacts meurtriers.

Les hampes se brisèrent sur le monstre. Les pointes d'acier tintèrent en une cascade de cliquetis inoffensifs. L'onde fut absorbée.

Le démon fit un pas supplémentaire.  Il fit craquer sous sa semelle les fûts saccagés. Sir Dumonstier pointait toujours son doigt tremblant vers cette apparition maléfique. Cependant, il ne pouvait bouger. Le démon venait le chercher et ni ses hommes ni les Poignes empêcheraient l'inévitable. Son salut résidait désormais dans une fuite déshonorante.

Le démon s'arrêta soudain, à une distance qui n'empêcha pas le Bourgmestre d'entendre son murmure glacial :

— Mon maître souhaite parlementer.

Sir Dumonstier, surpris par la requête inoffensive, balbutia :

— P...Pardon ? Qu'avez-vous dit ?

— Mon maître souhaite parlementer.

— Né...négocier avec des monstres ? Jamais !

— Vous m'avez mal compris. Je n'ai pas dit négocier. En fait, mon maître vous propose deux options.

Le Bourgmestre s'épongea le front à l'aide d'un mouchoir en lin. Écouter ce que ce démon avait à offrir serait admettre son impuissance à les combattre. Pouvait-il se permettre un tel aveu devant ses troupes réunies et les Poignes du Parakoï ? Fallait-il lancer une nouvelle attaque contre cet être insensible ? S'il se montrait, assurément, c'était qu'il ne craignait nullement d'être blessé ou pire, il pouvait anéantir tout le bourg en un battement de cil. Ce démon si petit condensait dans son corps si menu, une capacité de nuisance cataclysmique. Être réduit en cendres ou révéler son impuissance, le choix était simple.

— Que proposez-vous ?

Le petit démon releva légèrement le menton, sortant son sourire terrifiant des ombres. Il chuchota :

— Nous sommes contrariés. Nous étions venus chercher deux êtres chers mais votre Premier Justicier les a pourfendus avant notre arrivée. Pour réparation, mon maître a envisagé de réduire en cendres votre bourg, comme il l'a fait avec la citadelle de Myr. Il a invoqué le sort chargé de balayer en un souffle ardent toute la ville et ses habitants. Cependant, votre chance s’est manifestée.

— Ma chance ?

— Oui, un appel de détresse de la geôle voisine a stoppé mon maître dans son rite vertueux. Nous y avons trouvé une détenue. Mon maître a sondé son âme et fut frappé par sa perfection. Innocente, immaculée et somptueuse. Un tel joyau de pureté et de bonté l’a chamboulé. Nous comptons l'amener avec nous et l'offrir à notre roi qui cherche épouse remarquable. Seulement, sa condition d'humaine la rend fragile, comme vous autres. Déclencher une pluie de flammes, un brasier insoutenable serait la perdre. Invoquer un portail pour notre monde, vu la faiblesse dans laquelle l'a plongée sa détention, serait la condamner. J'en reviens au choix que nous vous offrons. Laissez-nous partir avec l'Élue de pureté et vous pourrez faire comme si cette journée maudite n'avait pas existé. Vous retrouverez dans les geôles, vivants, sans être en grande forme, votre Justicier et votre commandant. Aucune victime, votre joli bourg intact, votre honneur sauvegardé. Nul ne sera au courant de notre tractation. Vous pourrez vous bâfrer ce soir sans modération et retrouver la couche de vos dames et la douceur de vos enfants. Acceptez ou Tesquieu sombrera.

Le Bourgmestre, dont l'honneur pesait peu aux côtés de sa vie, entrevit dans cette offre une sortie inespérée. Les hommes de la garnison, aussi couards qu'il ne l'était, sauraient fermer les yeux et profiter de la grâce humiliante. Il détourna son regard du démon et jeta un œil inquiet vers les Poignes. Leur honneur leur ordonnerait de rejeter un tel sacrilège.

Sir Dumonstier ne pouvait accepter la requête du démon sans se discréditer devant les représentants du Parakoï. Le démon se trompait. Les Justiciers parleraient et feraient remonter sa trahison jusqu'au sommet. Il serait pendu avant que le soleil n’ait fléchi totalement sa trajectoire dans l'immensité bleu du ciel pour connivence avec l'ennemi. La mort pour seule issue, par le feu ou par la corde. Ce dilemme éprouva le Bourgmestre qui, pour la première fois depuis fort longtemps, ne savait que faire.

Le petit démon avança à nouveau. Comme s'il lisait dans ses pensées, il chuchota lentement, entendu par le Bourgmestre et les Poignes.

— Oui Sir, j'entends les murmures dans votre tête et l'impasse dans laquelle vous vous trouvez. Ces Justiciers sont dans une mauvaise posture. S'ils ne nous arrêtent pas, ils iront aussi à la corde. S'ils veulent se battre, je les figerai éternellement sur place et nous brûlerons devant leurs yeux impuissants le Premier Justicier Dugroel. Comment expliqueront-ils cette inaction ? Leur déshonneur serait total pour avoir laissé leur supérieur se faire ainsi immoler. Vous me croyez incapable d'un tel prodige ? Admirez.

Le démon pivota et leva un bras en direction de la masse scintillante.

Bulle de Savon sentit un fil mental l'effleurer avant de lui apparaître nettement. Depuis le couloir sombre, le maître des démons avait répondu à son signal. Le fil, aussi agile qu'aspic et rapide qu'un éclair, s'enroula autour des jambes, se faufila sous les aisselles et embrassa les cous en un baiser mortel. Bulle de Savon crispa ses doigts et l'étreinte s'intensifia. Les Justiciers se débattirent dans ce combat contre l'invisible. Prisonniers de ces liens démoniaques, ils ne purent maugréer que des insanités futiles. Bulle de Savon desserra alors les doigts. Le fil remonta son périple jusque dans le couloir ténébreux. Le petit démon conclut sa démonstration :

— Dois-je installer dès maintenant le bûcher du Premier Justicier ? Apportez-nous trois chevaux et ouvrez grand les portes.

Le démon fit demi-tour et, dans une marche lente, entra dans le Cercle enténébré.

 

***

 

— L’Élue de ‘ureté, Sa’onnette ? Un ‘oyau de ‘ureté et de ‘onté ? On est ‘ien d'accord que tu de’ais te ‘ayer la ‘oire de ces incrédules ‘ais pas la ‘ienne, filou à ‘oustache ! Un simple, nous offrons cette ‘im’êche à notre roi vénéré, était am’lement suffisant.

Bulle de Savon rit et s'expliqua :

-Je me serais alors privé de cet instant savoureux. Je ne me lasserai jamais de t'entendre parler sous l’emprise de mon Coût. Ces sourires vous vont à merveille.

Outrée par cet échange irrespectueux, Ombelyne se drapa de la dignité propre aux Grands et s'offusqua :

— Surveillez votre langage démon,  sinon je révèle à ces braves soldats la teneur de vos propos lors de l'élaboration de cette mascarade. Vous n'avez nullement le pouvoir que vous prétendez détenir. Un peu de tenue et des excuses de votre part et je participerai volontiers à ce jeu de dupe.

Fil éclata d'un rire sincère:

— ‘'excuser? C’est qu'elle ne ‘anque ‘as de tou’et la jou’encelle ! Nous vous offrons la li’erté et la tranquillité car la Justice ne traquera ‘as une ‘isseuse en’oyée dans le Royau’e sous terre et ‘ous osez ‘e de’ander des excuses ?

Ombelyne tint tête au rustre personnage :

— Quelle tranquillité ? Je serai portée morte et mon ancienne vie me sera interdite. Fini mon confort, finie ma chambre douillette. Que m'offrez-vous ? Une vie de misérable à traîner sur les routes en votre compagnie ? Est-ce donc la liberté tant désirée ?

Krone, qui supportait mal ce ton hautain, intervint calmement :

— Toujours mieux que cette geôle pour demeure éternelle. Si vous ne déteniez pas des informations qui nous intéressent, nous vous y laisserions. Cette mascarade, comme vous dîtes, a été montée pour vous permettre de sortir d'ici vivante. Nous devrons cohabiter, ne vous en déplaise. Faisons en sorte d'écourter au maximum cette collaboration, nous n'en réclamons pas moins que vous.

Fil constata qu'il avait affaire à un caractère plus buté que le sien. Il voulut rependre la main sur la dispute. La fière Demoiselle serait bien capable de compromettre leur fuite et de les installer dans une situation plus périlleuse qu'elle ne l'était déjà. Malgré l'horripilante fille, il tempéra ses propos, non moins sans y immiscer des critiques à peine voilées. Ses excuses, dénuées de sincérité, s'imposèrent dans cette confrontation verbale. Sa langue habile outrepassa la gêne de son sourire figé :

— De'oiselle de ‘astel'our, nous ‘ous con’ions à nous sui’re. Nous nous sé’arerons ‘ons a’is dès que ‘ous nous aurez rapporté l'intégralité des pro’os ‘entionnés dans la lettre que ‘ous a’ez reçue. Nous ‘ous trouverons un endroit cal’e où ‘ous ‘ourrez co''encer une nouvelle ‘ie, gages et sur’lus en prime. Si mes ‘anières un poil ‘rusques, j'’ous le concède ‘olontiers, ont ‘roissé ‘otre sage et illustre rang, ‘euillez considérer ‘es ‘afouilles co’’e signe de carences éducati’es ‘ropres à ma basse extraction et non co''e une atteinte sincère et assu’ée envers une Grande de ce ‘onde. Sortons d'ici inde’nes, ne nous ‘âchons plus. J'crois entendre des sa’ots en dehors, récompense de la ‘irtuosité de notre Sa’onnette dra’aturge.

Ombelyne grava dans un coin de ses pensées ambitieuses l'objectif secret de livrer les démons au Parakoï. Elle ne comptait pas sur un nouveau départ habillé d'anonymat ou sur la monotonie dévolue aux petites gens sans intérêts. Elle aspirait aux richesses de ce monde. Le Parakoï lui offrirait. Voulant normaliser ses relations, autant qu'on le pût avec des êtres pernicieux, elle hocha la tête en signe d'apaisement. Elle releva le menton et déclara insolemment :

— Maintenant, admirez les talents de comédienne de l'Élue de pureté.

 

***

 

— À l'aide ! Aidez-moi ! Ne laissez pas ces monstres m'emmener auprès de leur roi ! Je vous en supplie ! Vous aurez ma mort sur la conscience ! À l'aide !

Ombelyne hurlait à fendre les cœurs les plus insensibles. De larges sanglots inondaient ses joues. Ses supplications butèrent sur l'indolence du Bourgmestre et de ses hommes. Sacrifier cette détenue promise de toute manière à la mort était un moindre mal. Ses cris pathétiques et ses gesticulations  ridicules irritèrent même Sir Dusmontier qui  souhaitait en finir au plus vite avec cette journée maudite. La destinée de la future épouse du roi des démons ne le touchait nullement. Qu'elle croupît dans le fin fond des enfers tant que son bourg et ses privilèges prospéraient.

Ses appels à l'aide se volatilisaient dans l'infinité des cieux à mesure que le trio infernal disparaissait à l'horizon. Du haut de ses remparts, Sir Dumonstier soupira. Sale journée.

 

***

 

Bulle de Savon eut une dernière pensée sans amertumes pour ses deux anciens compagnons de vie. S'il voulait donner un sens à leur mort, il devait soutenir les projets fous de ses deux nouveaux amis, qu'il était prêt à suivre jusqu'aux limites des Trois pays. Agrippé à la taille de Krone, il regarda Fil mener au pas le cheval délivré par le Bourgmestre. Il lui adressa un mot pour piquer son estime :

— Fil le Fortuné, je commence à douter de ta parole.

Fil se retourna vers lui et s'offusqua sincèrement :

— Que dis-tu Savo''ette? ‘a parole est a’solue et sans condition ! Quand j'dis que j'’ais te dé’lumer aux dés, tu ‘eux m'croire, mon engagement est sans li’ite contraire’ent au nombre de ‘ièces de ta ‘ourse.

Bulle de Savon lui offrit son plus beau sourire. Il lui fit remarquer malicieusement :

— Ne t'étais-tu pas engagé également à rendre le roussin à son propriétaire à la fin de notre périple ?

Fil, prit à défaut maugréa :

— ‘ichtre. On l'a laissé dans la ruelle.

 

 

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Camille Octavie
Posté le 07/03/2023
Bonjour !
Très intéressante fin de confrontation ! XD
J'étais sûre que Ombelyne jouerait le jeu...
Ce serait marrant que maintenant, le Parakoi se mettent en tête de retrouver cette Elue de pureté pour lui même, lui qui est si parfaitement parfait 🤣
Tu as par contre une grosse tirade de Fil vraiment rude à déchiffrer, pour être honnête j'ai pas lu la fin. Peut-être que, comme on a compris le concept, tu peux simplifier un peu l'accent ? Ou que Fil, en grand maître des mots, a fini par trouver qu'il lui suffit d'éviter certains sons imprononçables ?
ClementNobrad
Posté le 07/03/2023
Coucou,

Ah, je te laisse découvrir ce que l'avenir réserve à Ombelyne, à partir de maintenant elle va partager le quotidien du trio... ça risque d'être mouvementé :)

Pour le monologue, je le retravailerai à la prochaine écriture !

Merci bcp
Syanelys
Posté le 01/02/2023
Hey Clément !

J'ai trouvé ce chapitre particulièrement bien écrit. Au chapitre précédent, je sentais ton style s'étoffer et gagner en maturité. Là, tu confirmes l'essai ! Bien joué !

Tes tournures de phrases sont entrainantes et bien plus fluides à lire qu'auparavant. Ou peut-être me suis-je habitué à ta façon d'écrire ? À voir !

Et vient le moment des interrogations :

- Krone est super, c'est toujours mon petit préféré. Mais Ombelyne a vu sa vie gâcher par ce qu'il représentait. Notre amie actrice opportuniste serait aussi superficielle au point de ne s'intéresser qu'au physique de notre maître du temps figé ? J'aurais aimé la voir pestouiller avant de succomber aux répliques de Krone qui la charmerait par erreur en retour.
- 2 appâts pour trois démons ? Postulat de base fort honorable, les démons se pointent. Par contre, un seul homme pour se faire le trio avec deux Poignes dans le coin ? Ce n'est pas du tout ce qu'aurait fait Vélya tout ça ! C'est un suicide narratif !
- La démonstration de Bulle face au Bourgmestre ? D'une part, je n'ai pas compris si Fil les tuait dans son bal de marionnettes ou s'il se contentait juste de les mettre hors de lui. Ce doute renvoit au fait qu'on ne sait pas trop ce que fait Fil dans ses actions (ses motivations, ses gaffes, ses regrets, ses rattrapages, ses monologues). D'autre part, je poste ici publiquement une réclamation : où est passé le langage démonique ? Je m'attendais trop à en lire ! Tu l'as inventé pour des mises en scène, tu en crées une et... ça veut juste parlementer. Tu m'as eu si tu voulait faire croire qu'il allait s'en servir.

Sinon, j'aime bien Ombelyne. Rendre ce personnage complice des usurpateurs sous fond de comique de situation dans ses aventures vers la grande noblesse fait mouche. Elle ne perd pas le nord, garde les apparences et peut faire de jolis face palms à la place du lecteur. J'adore !

Ne laisse pas Krone l'approcher par contre. Il mérite mieux.

Toujours un plaisir de te lire. J'aime prendre le temps de lire pour savourer !
ClementNobrad
Posté le 01/02/2023
Bonsoir,

Merci pour ton message !

Ombelyne est très butée dans ses ambitions, et tous les moyens sont bon pour les réaliser. Elle ne peut pas se résigner à une vie plate et sans saveur... à voir où ça va la mener !
Pour le langage démoniaque, vu que ce n'est pas compréhensible pour le Bourgmestre et le lecteur, je pensais que ca faisait redite et que ca n'apportait rien de plus aux négociations. Faudrait-il vraiment en ajouter ?
Ombelyne va prendre de plus en plus de place ! J'espère qu'elle te plaira !

Pour ce qu'aurait fait Velya... tu vas avoir des réponses rapidement ! Ahaha

A très vite !
Syanelys
Posté le 01/02/2023
Velya ou Vélya ? Tu avais mis un "é" en réponse d'un commentaire !

Sinon, je trouve que la petite réplique démonique aurait été bien placée moi !
Peridotite
Posté le 15/01/2023
J'ai préféré ce chapitre au dernier, même si je ne comprends pas qui a enfermé le premier justicier dans la cellule. Je m'attendais à ce qu'ils découvrent des complices qui auraient nettoyé le terrain pour eux et avec qui ils auraient pu s'associer (d'où le fait que tout soit simple jusque là), mais en fait non. Pourquoi le Premier Justicier est-il enfermé dans cette cellule ? Où sont tous les gardes ? Je reste sur l'idée que ce n'est pas réaliste. Que tu veuilles intégrer des éléments loufoques comme Bulle en boulet de canon, ça me va. C'est un humour qui pourrait fonctionner si tout le reste autour nous faisait trembler. Ça pourrait être un moyen de relâcher la pression. Mais il n'y a pas assez de tension justement.

Mes remarques sur se chapitre sont du fait assez similaires au précédent : pourquoi toute l'action est-elle si simple pour eux ? Leur plan ne devrait pas marcher. Où sont les gardes ? Pourquoi sont-ils tous couards ? Pourquoi personne ne s'oppose à eux ? Ils sont recherchés. Ils ont commis des meurtres et des atentats. Un ou deux gardes, je veux bien qu'ils soient lâches et que le trio réussissent à en venir à bout, mais toute une armée ?? 🤔 Il faudrait une grande démonstration de force de la part du trio pour qu'on puisse accepter une reddition de l'armée face à eux. Là ils n'ont rien fait de concret et gagnent quand même.

Ombelyn est vraiment stupide mais n'est-elle pas effrayée par ce trio ? Elle semble les accepter (trop) facilement. Ne devraient-ils pas la menacer afin qu'elle se plie à les suivre ?

Mes notes :

"Et puis, que signifiait cet accoutrement ?"
> Quel accoutrement ?

"le jeune homme"
> Bulle ou Krone ? Elle parlait de Bulle juste avant donc je penche vers Bulle ?

"Sa déshydratation naissante"
> Je virerais naissante, soit elle est deshydratée soit pas non ?

"qu'il valait mieux être là où vous étiez attendus"
> Dans une geôle ?? 🤔

"et d'un geste brusque enfonça la lame dans la gorge offerte du maître-chanteur."
> Je ne comprends pas la suite, car même si l'épée se scinde en deux, elle le fait dans la gorge de Fil non ? Comment peut-il encore parler et être en vie ensuite ? On a l'impression qu'il est immortel. Il n'y a décidément aucune conséquence aux actions décrites. Ils meurent mais en fait non.

"Le Cercle est leur cible. Il est laissé sans défense !"
> Mes propos au chapitre précédent...

"car, la Misère et la Pénitence étaient sœurs"
> Virgule avant "car", pas après

"au détriment du bien commun"
> Je comprends ce que tu veux dire et je partage ton idée. En revanche, ceci ne va pas avec le paragraphe précédent dans lequel tu décris les efforts du bourgmestre pour assenir la ville (par ailleurs n'est-ce pas un peu HS ? Je pensais que tu nous présentais ça, car le trio allait emprunter les égouts ensuite, mais en fait non). Il pense à l'hygiène et à la santé des habitants, je me rappelle que tu décrivais des avenues larges et bien pavées au chapitre d'avant, donc sa politique n'est pas faite au détriment du bien commun. S'il mettait tout le fric dans la police pour demeurer au pouvoir par la force et pas dans les infrastructures communes (comme certains qui réduisent le budget des écoles, de l'hôpital, des retraites et de la recherche et se plaisent à fracasser des gens dans la rue kof kof), je veux bien, mais là, dans ce que tu montres, ce n'est pas le cas.
En plus, plus tard, tu dis : "Son bourg, son œuvre" donc il en a clairement à faire pour sa ville. Ce passage est à revoir selon moi si tu veux le faire passer pour un c**

"l’œil de son supérieur rougit par un vaisseau sanguin"
> Pas de -t à rougit je crois

"Sir Dumonstier n'avait pas entendu les deux Poignes le rejoindre"
> Phrase étrange "que les deux Poignes le rejoignent" ou "d'être rejoint par les deux Poignes" ?
> Et qui est Sir Dumonstier ?

"S'il se montrait, assurément, c'était qu'il ne craignait nullement d'être blessé ou pire"
> Il vient de voir que les flèches ne lui faisaient rien

"aussi couards qu'il ne l'était"
> "aussi couards que lui" ?
> Au passage, il n'a pas du tout confiance en ses hommes, les prendre pour des couards comme ça, c'est bizarre non ?

"en direction de la masse scintillante."
> Quelle masse scintillante ?

Pourquoi n'ont-ils plus de coût ? Fil ne cesse d'utiliser son pouvoir depuis avant sans conséquences

"L’Élue de ‘ureté, Sa’onnette ? Un ‘oyau de ‘ureté et de ‘onté ? On est ‘ien d'accord que tu de’ais te ‘ayer la ‘oire de ces incrédules ‘ais pas la ‘ienne, filou à ‘oustache ! Un simple, nous offrons cette ‘im’êche à notre roi vénéré, était am’lement suffisant."
> Je réduirais le nombre d'apostrophes, ça devient illisible. Pour la suite pareil

"Une vie de misérable"
> Une vie misérable

"Le Parakoï lui offrirait"
> Il manque le COD de la phrase -> lui offrirait quoi ?

Je suis décue de ne pas voir les talents de commédienne d'Ombelyn, comme promis 🙂

Ton style est bon, mais j'ai toujours du mal à suivre un trio qui ne subit aucune conséquence à leurs actes. Ils pourraient faire n'importe quoi, ils gagneraient. Aussi, je ne comprends pas ce que faisait le Premier Justicier enfermé dans la geôle. Qui l'y a mis ? Où sont les gardes ? Que le bourgmestre soit lâche, je veux bien mais toute l'armée ? Pourquoi les gars du.bourg n'ont-ils élaboré aucun plan quand bien même ils leur tendent un piège ? Leur mission est trop facile, on aurait aimé tremblé pour eux. Même quand Fil se fait trancher le cou, il n'a rien, c'est dommage je trouve. Ajouter de la difficulté augmenterait la crédibilité des scènes, mais aussi le rythme et le suspense selon moi. Là je lis sans trembler pour les persos. Quoi qu'ils fassent, ils s'en sortent...
ClementNobrad
Posté le 15/01/2023
Bonjour Péridotite,

Merci pour ton retour :)

Le justicier s'est mis tout seul dans la cellule, pour attendre le trop où il devrait forcément passer.
J'ai l'impression que ma narration n'est pas assez claire. Certaines réponses à tes questions sont dans le texte. Par exemple, tu dis que tu aurais voulu voir les talents de comédien d'Ombelyne. Pourtant, on le voit... Quand elle hurle à tout le monde de ne pas laisser les démons l'emporter, elle joue la terreur, car elle sait pertinemment que le trio ne va pas l'emmener en enfer.

L'accoutrement dont tu parles, c'est Fil. Il est habillé en Justicier tout cabossé, tout crotté, l'oeil poché et le sang au nez. C'est un accoutrement peu ordinaire.
La démonstration de force a lieu également. Quand Bulle de Savon sort et qu'il montre qu'il est insensible à toutes les attaques, qu'il fige sur place toute la Poigne de Justicier, je trouve ça assez fort quand même non? :D

Le reste des questionnements est en effet dans la lignée du chapitre précédent. Je pensais que les réponses que j'apportais dans ce chapitre allaient te convaincre. Dommage :(

Merci encore pour ta lecture précieuse. Je prends en considération tout ce que tu dis pour essayer de corriger ces questionnements que tu te poses.

A bientôt !
Peridotite
Posté le 16/01/2023
Coucou Clément,

Je te précise mes avis là-dessous :

"Le justicier s'est mis tout seul dans la cellule"
> Pourquoi fait-il ça ? 🤔 Aucun flic ne ferait ça, à moins qu'il soit en infiltration/interrogatoire pour une autre affaire ? Seul ? Pourtant, il aurait dû être prévenu qu'on tendait un piège aux démons non ? Donc il aurait dû sortir de la cellule et se tenir prêt avec ses hommes.

"Par exemple, tu dis que tu aurais voulu voir les talents de comédien d'Ombelyne. Pourtant, on le voit..."
> Pourtant, elle n'a convaincu personne. Qu'il y ait ou non cette intervention d'Ombelyn ne change rien à la scène. L'armée avait déjà capitulée avant. Je ne comprends pas vraiment son rôle. En gros l'armée est là pour les empêcher de délivrer des prisonniers et quand ils ont la possibilité de le faire avec Ombelyn, ils haussent tous les épaules ?

"Il est habillé en Justicier tout cabossé, tout crotté, l'oeil poché et le sang au nez"
> Tu ne le décris pourtant pas dans la scène

"Quand Bulle de Savon sort et qu'il montre qu'il est insensible à toutes les attaques, qu'il fige sur place toute la Poigne de Justicier, je trouve ça assez fort quand même non? :D"
> Les commandants pourraient envoyer des hommes dont la plupart se déploieraient dans la prison. Les trois ne peuvent plus utiliser leurs pouvoirs de toute facon. Et j'ignorais que Fil pouvait tuer toute l'armée alors qu'il a déjà tué le portier avant. J'imagine que les soldats sont des milliers car juste avant, ils se préparent à la bataille. Et si Fil en tue quelque uns, les autres fondraient sur eux. Peut-être que Krone peut utilisé son pouvoir de mitrailleuse ? Après tout, tu as changé les règles en route, donc tu peux tordre l'idée du coût. Quant à Bulle, ils ne pourraient l'attraper, mais il n'est pas très fort en soi donc il ferait peu de dommage. À moins qu'Ombelyn ait le Don et les sorte de là grace à son pouvoir ? Sinon ils sont cuits selon moi. 🙂
Flammy
Posté le 14/01/2023
Coucou !

Bon, les Justiciers sont moins bêtes qu'ils en ont l'air, mais du coup, ça pose une question. Depuis quand le Premier Justicier est là ? Pourquoi il n'est pas sorti plus tôt quand il y a eu l'énorme explosion ? Pourquoi même s'enfermer avec les prisonniers ? Si son but était de les attendre, pourquoi ne pas mettre toute la Poigne à l'intérieur avec le geôlier ? J'aime bien l'idée, mais ya certains points que je ne suis pas sûre de comprendre.

Bon, la mort de la Dame et du petit, je m'y attendais malheureusement :'( Scénaristiquement, c'était trop contraignant de les garder en vie, vu qu'ils auraient été pourchassés. J'espérais quand même une dernière rencontre avec Bulle. Ah, pendant que j'y pense, pourquoi le Justicier ne les a pas gardé en otages ? Ca aurait été logique, non, surtout en étant seul contre 3.

Pour tout le plan ensuite, c'est un peu très cassé, mais ça fonctionne bien, donc pour ça gros point positif pour moi. Par contre, quand Fil envoie ses fils pour menacer les Justiciers, il les tues ou pas ? Vu le massacre fait à la sortie du village, il aurait pu les tuer, étrangler ou autre. Ou peut-être au moins un pour l'exemple ? C'est pas que je sois ravie de voir du sang, mais vu les capacités et le manque de regret que tu décris, ça m'aurait paru logique.

Bon, Ombelyne, je l'aime bien x) Elle est très concon, dans le sens qu'elle perd pas de vue de devenir une grande Dame, mais c'est très bien fait je trouve, et ça marche vraiment très bien. Très bonne actrice :p Quelque chose me dit que la suite avec les trois autres ne vas pas être triste. Par contre, j'ai été un peu surprise que sa première pensée en revoyant Krone ça ait été de se dire "Ouh, sexy", et pas "Oh, c'est le connard qui m'a trompé !". Surtout que j'avais compris des chapitres précédents que Krone était pas très reluisant pour le moment ^^'

Bon courage pour la suite =D
ClementNobrad
Posté le 14/01/2023
Bonsoir Flammy,

Merci pour ta lecture rapide ! J'espère que mon univers te plait toujours, malgré toutes les incohérences qu'il peut y avoir.

"Depuis quand le Premier Justicier est là ? Pourquoi il n'est pas sorti plus tôt quand il y a eu l'énorme explosion ? Pourquoi même s'enfermer avec les prisonniers ? Si son but était de les attendre, pourquoi ne pas mettre toute la Poigne à l'intérieur avec le geôlier ?" > Je ne sais pas trop depuis quand il est là, on peut dire depuis que le tocsin a sonné... Je n'ai pas vraiment réfléchi à ce point en effet. Pourquoi est-il seul, et pas avec sa Poigne? Là, j'y avais réfléchi mais c'était plus "facile" pour le scénario et la scène suivante s'il n'y en avait qu'un seul. Alors oui, ca créé une incohérence, mais ça me facilitait le récit...

Je suis content qu'Ombelyne te plaise, car tu t'en doutes, on va la voir de plus en plus. Son destin étant lié à celui du trio maintenant, ça promet en effet des scènes explosives :)

Pour la mort supplémentaire d'un Justicier, je trouvais que ça n'était pas dans le propos. Bulle était là pour prouver qu'il pouvait les changer en statues de sel. Juste les immobiliser étant suffisant pour prouver l'étendu de sa prétendue nuisance. Son but c'est qu'il soit crédible et craint. Je pense que ça suffisait :)

Merci encore pour tous tes retours. Ca fait toujours plaisir d'avoir un oeil extérieur sur son récit.

D'une manière général, j'ai privilégié les scènes "marquantes, cinématographiques" quitte à ce que des petites incohérences se glissent. Je trouve ça plus plaisant, sympa à lire. J'espère que ça n'en fait pas trop, que ça sort pas le lecteur du truc...
Au plaisir de te lire
Flammy
Posté le 14/01/2023
Oui oui, cela me plait toujours, sinon je ne serais pas restée dans les parages pour lire, crois moi ^^ Ya eu un passage où j'ai vraiment beaucoup râlé, mais là ça s'est amélioré par rapport à cela.

Et sinon, en fait ce qui me chagrine, ce n'est pas que tu choisisses de faire des scène parfois très cinématographique, ça au contraire, c'est cool, c'est que parfois, pour avoir ces scènes, tu forces un peu les événements pour le scénario, et ça se voit un peu trop. Le coup du Justicier tout seul, ou encore le fait que parfois, le trio se permet d'être ultra violents ou alors très indulgent (je crois que je ne me remets pas du fait qu'ils aient laissé filé les brigands qui les avait attaqués ='D), et du coup, ça donne une impression d'inconstance dans les comportements.

Après, je pense que faut pas forcément changer mille choses pour améliorer ça, mais juste trouver des petites justifications et les dire explicitement pour que ça donne pas l'impression que c'était pour le scénario. Pour les brigands, insister sur le contre coup des pouvoirs qui en fait leur permet pas d'achever les brigands. Pour le Justicier tout seul, il pouvait aussi ne pas vouloir attirer l'attention avec la disparition d'une poigne qui aurait pu alerter les démons. Pour moi, ya pas forcément grand chose à ajouter, mais des petites justifications pour combler les trous et pas laisser penser que c'est juste pour le scénario ^^
Vous lisez