L'éclaireur

Par Dan

— On va s'arrêter. Faut vraiment que je pisse.

Ce disant, il s'inclina légèrement pour voir filer le panneau indicateur de la prochaine aire de repos, à trois kilomètres. Le jour faiblissait rapidement et l'obscurité avalait déjà les nuages à l'est, au-dessus de la ligne crénelée des cimes de pins noirs qui vacillaient dans les bourrasques. Les rafales s'engouffraient en mugissant par les brèches taillées dans l'épaisseur de la forêt agitée, ciselant brutalement le couloir que l'autoroute dessinait à travers la campagne, secouant les voitures qui se déportaient sous leur force avant qu'un habile coup de volant ne les ramène sur le droit chemin. Cramponné au sien pour ne pas se laisser surprendre par un futur assaut, Archie fixait son attention sur la paire de phares qui le précédait afin d'anticiper les écarts les plus dangereux. La 95 était exceptionnellement tranquille ce soir-là : il avait compté six bagnoles dans son sens ; six bagnoles qui faisaient le trajet en sa compagnie depuis Lewiston. C'était courant, les soirs où la tempête menaçait. Cela ne lui déplaisait pas : ainsi il ne bousculait personne quand le vent entrait dans la danse, et il n'aurait pas à faire la queue au pipi-room sur lequel il avait jeté son dévolu.

Il entama souplement son rabat sur la voie de droite et s'engagea sur la bretelle de décélération, dépassant dans un ronflement de moteur le message de bienvenue qui branlait dans son châssis, zébré de coulures de rouille et de fientes de corbeau. Il s'engagea alors sur le parking, désert à l'exception d'un PT Cruiser noir garé de travers sur deux places handicapés. La nuit était presque tombée, ici où la lumière grise de l'orage estival peinait à se faufiler entre les hautes et souples silhouettes des conifères. Archie coupa le contact, saisit son portefeuille dans la boîte à gants et lança :

— Tu veux y aller aussi, Chuck ?

Chuck fit la sourde oreille, et Archie lui décocha un coup d'œil en biais :

— Chuck ? Allez, bouge, vieux. Dégourdis-toi un peu les pattes, au moins.

Sans plus attendre son accord, Archie s'extirpa du siège conducteur, claqua la portière de son vieux pick-up rouge et le contourna pour ouvrir à droite, un poing sur la hanche, l'air sévère et déterminé. Chuck leva vers lui un regard fatigué, huma brièvement l'atmosphère chargée d'électricité et de parfums de sève qui s'infiltrait dans l'habitacle en chuintant, puis s'étira à contrecœur et bondit hors de la voiture. Satisfait, Archie referma derrière lui, gratta son chien entre les deux oreilles et se dirigea d'un pas ankylosé vers le petit bâtiment circulaire qui abritait les toilettes. Il avait sérieusement mal au cul, et la vision tant espérée des WC avait dilaté sa vessie jusqu'à l'éclatement. Cela ne l'empêchait pourtant pas d'apprécier la tiédeur du soir, les odeurs sauvages qui lui fouettaient le visage en ébouriffant ses cheveux et les effluves d'essence qui maculait le bitume chaud. On entendait pas encore le tonnerre, mais Archie s'imaginait déjà conclure cette agréable journée derrière la vitre de son séjour, à contempler la foudre qui darderait les plaines de ses longs doigts blancs.

— Attends ici, Chuck, fit Archie en ralentissant devant le distributeur, de part et d'autre duquel les itinéraires dames et messieurs divergeaient.

L'animal s'assit sagement ; la posture raide et l'œil vif, il observait désormais le véhicule noir immobilisé à trois mètres de là, portes fermées mais contact enclenché. Mettant son attitude sur le compte de son habituelle vigilance – pour ne pas dire trouillardise – Archie tourna les talons pour s'éloigner vers la gauche. Un relent caractéristique de pisse, de merde et de produit lave-chiottes le prit aux naseaux lorsqu'il s'aventura dans la pièce exiguë, longeant les lavabos cradingues pour atteindre les urinoirs. Respirant par la bouche, il posa le regard sur les carrelages fendillés, défit sa ceinture et ouvrit sa braguette pour enfin se soulager. Hormis le clapotis des gouttes contre la céramique entartrée et le chuchotement des courants d'air, le silence était entier.

Il lambina un moment devant les glaces, grimaçant à son reflet en tentant par tous les moyens déloger un morceau de laitue d'entre ses dents tordues sans y mettre les doigts. Faute de savon, il se les rinça simplement ; et faute de serviette, il secoua les mains en faisant demi-tour jusqu'à la petite place au centre de laquelle trônait le distributeur, qui avait déjà chassé la salade de ses pensées. Il allait tirer son portefeuille de sa poche arrière et dégoter un billet pour s'acheter à boire, mais le constat de la disparition de son chien le coupa dans son élan.

— Chuck ! s'écria-t-il lorsqu'il eut cligné des yeux pour réaliser qu'il n'avait pas simplement amorcé une petite escapade jusqu'au tronc d'arbre le plus proche pour y lever la patte. Chuck, au pied !

Son regard agrandi tomba sur le PT vide. Son conducteur avait laissé le jus, il n'était donc pas bien loin : dans les chiottes pour femme si c'en était une, ou s'il était bourré ; parti faire un tour dans les bois si ses fesses préféraient l'air libre du vaste monde, ce qui était compréhensible vu l'odeur infecte qui traînait là-dedans, même si ça n'était pas conseillé par ce temps. Pourtant, sans qu'il puisse se l'expliquer, une très mauvaise impression l'étreignait sournoisement. Quelque chose dans la position de la bagnole, comme si elle avait été arrêtée là dans l'urgence, sans qu'il ne subsiste cependant la moindre trace de l'urgence en question.

Archie fronça les sourcils pour chasser ces idées noires. Il avait une urgence, lui : retrouver ce con de clébard.

— Chuck ! Bon sang, viens ici !

Un aboiement lui fit enfin écho, porté par un tourbillon brûlant. Pressant le pas un peu plus que de raison, Archie bifurqua sur la droite, en direction de la sortie, et trouva Chuck planté au milieu de la route, truffe au vent, oreilles plaquées sur le crâne. La peur gagna un cran dans le cœur d'Archie, qui ne comprenait toujours pas comment ce qui promettait d'être une belle soirée d'orage quelques minutes plus tôt avait soudain pris des reflets si inquiétants.

— Chuck ?

En approchant, Archie put discerner le grondement sourd qui s'élevait de la gorge de son chien ; tendu comme un arc, la queue rasant le sol et les pattes postérieures fléchies, il semblait d'ailleurs prêt à détaler à tout instant. Curieux, anxieux aussi, Archie parvint à sa hauteur et se posta à ses côtés, rivant ses yeux au point où ceux de l'animal s'étaient fixés : quelque part sur l'horizon, là où l'autoroute décrivait un large virage vers l'est, vers les nuages noirs qui semblaient se déliter comme des moutons de fumée, vers la nuit qui s'écrasait sur le Maine. Vers la baraque d'Archie, accessoirement, mais quelque chose lui disait que ça n'était pas la perspective de rentrer à la maison qui mettait Chuck dans un tel état d'énervement.

— Allez, viens, on repart, souffla Archie à mi-mots.

Chuck grogna de plus belle quand Archie fit mine de rebrousser chemin, et son maître dut finalement le choper par le collier pour l'entraîner dans son sillage. Il fit le gros dos en dépassant le PT et continua à lui jeter des coups d'œil torves en tirant inlassablement sur le bras d'Archie qui serrait les dents pour mâcher ses jurons. Il fit monter Chuck d'un bref coup de pied au derrière, puis se réfugia derrière le volant. Il ne l'aurait jamais admis, mais il commençait à baliser. Jamais Chuck n'avait réagi ainsi pour un simple orage. Et cette bagnole, bon Dieu, qu'est-ce qu'elle foutait là ? Combien de temps allait-elle rester comme ça ? S'était-il vraiment passé un truc grave, du genre qui nécessite qu'on quitte le navire sans prendre le temps de larguer les amarres ? Pourquoi avoir fermé les écoutilles, alors ? Pourquoi avoir pris la peine de claquer les portières si le capitaine n'avait pas eu le loisir de tuer l'ignition ?

Archie hésita. Il pouvait s'attarder là, phares allumés tandis que les ténèbres grignotaient le ciel et rampaient entre les pins, et attendre que le chauffeur envolé revienne à sa caisse pour lui confirmer qu'il n'était qu'un froussard dégénéré. Ou il pouvait démarrer, rejoindre l'autoroute, presser le champignon jusqu'à Carmel et se calfeutrer chez lui avant que l'orage n'éclate. Une bonne bière, les restes du rôti de la veille, la foudre en spectacle, et il oublierait la crise de panique de Chuck et l'ombre anguleuse du PT Cruiser qui noircissait le décor.

Archie démarra. Chuck émit un petit jappement quand le pick-up frôla le second véhicule avant de prendre de la distance, puis il se tassa au fond de la banquette, tête sur ses pattes croisées, et scruta intensément Archie d'un regard qu'il aurait juré inquiet.

— T'en fais pas, Chuck, dit Archie, plus pour se rassurer lui-même que pour calmer la bête. Doit juste y avoir un truc dans l'air. On sera... EH !

Une petite Mercedes grise venait de lui raser le cul à cent-quarante kilomètres heures alors qu'il s'insérait sur l'autoroute – sans vérifier ses angles morts, il l'avouait ; mais merde, c'était censé être tranquille, ce soir-là, et il avait d'autres choses auxquelles penser. Le clairon assourdissant de son klaxon lui vrilla les tympans pendant de longues secondes, et même si la voiture avait depuis longtemps filé devant lui, Archie se sentit obligé de lever le majeur à son intention.

— On sera bientôt arrivés, termina-t-il en scrutant le rétro gauche, soucieux désormais de ne plus friser l'accident stupide. Bientôt.

Mais Archie comprit rapidement qu'ils n'arriveraient pas bientôt. Qu'ils n'arriveraient peut-être même jamais. Le bruit grandissait tandis qu'il longeait le grand virage de Newport ; virage qui le placerait sous peu face à la tempête croissante et à l'obscurité qui étendaient ses immenses bras sur le monde. Ce n'était d'abord qu'un fredonnement lointain, puis, à mesure qu'il progressait, Archie avait capté des bruits plus distincts : des alarmes. Des alarmes de voitures volées. Et, de temps en temps, le rugissement violent d'une explosion.

La lumière montait à son tour en un halo doré et mouvant, brillant dans une nuit trop prompte et complète pour être rassurante. Chuck s'était pelotonné sous le siège et feulait craintivement. Archie serrait le volant à s'en faire péter les jointures, tordant le cou pour apercevoir la signalisation de la sortie la plus proche. Mais c'était peine perdue : il savait qu'il ne trouverait aucune issue avant treize kilomètres, et il savait tout aussi bien qu'il aurait rencontré un problème de taille avant ça. Il faisait nuit maintenant, et les cônes de ses feux de croisement ne balayaient pour l'instant que l'asphalte, le bas-côté et la glissière de sécurité ponctuée de petites loupiotes réfléchissantes qui accompagnait la grande courbe de l'arc. Pour l'instant.

— Putain de merde !

Archie vira de bord. Seuls ses excellents réflexes de conducteur chevronné – quand ils ne rouillaient pas au point de manquer de jouer aux autos-tamponneuses avec ses petits compagnons de route – l'empêchèrent d'enfoncer le frein à deux pieds et de le propulser dans le fossé après quatre tonneaux. Il s'efforça au contraire de ralentir progressivement, par brèves pressions mesurées, afin d'éviter de percuter le camion immobilisé en travers des trois voies, dont la masse noire et inerte lui avait totalement bouché la vue. Malheureusement pour lui, une fois le semi-remorque esquivé, les phares fleurirent un à un sur l'écran noir du paysage, et la lueur que les siens jetaient en amont faisait naître de nouveaux obstacles à chaque mètre avalé. Jurant, pestant, le cœur battant à tout rompre, Archie manœuvra pour se glisser entre deux voitures arrêtées, mais se paya la troisième de plein fouet.

Il sentit sa ceinture lui entailler la gorge, puis rebondit contre le dossier, le souffle court, alors que Chuck pleurait sous la boîte à gants. Quand Archie releva les yeux vers la scène, ses prunelles tombèrent immédiatement sur le pare-chocs arrière du véhicule qu'il avait embouti. Parmi les éclats de tôle froissée, il reconnut sans peine l'écusson Mercedes. Celle-là même qui avait failli le percuter quinze minutes plus tôt.

Archie demeura longtemps là, totalement sonné, à écouter les couinements de son chien et les protestations du moteur sous le capot. Ses yeux sondaient toujours l'obscurité du dehors, qui s'animait parfois d'un flash argenté quand un éclair éclatait dans les replis des lambeaux de nuages. Et quand leur lumière blafarde filtra pour de bon, Archie eut la vision furtive et vertigineuse de ce qui se produisait réellement : sur un kilomètre, peut-être plus, les voitures s'étaient stoppées au beau milieu de leur course. Impossible de voir au-delà.

Toc toc.

Archie sursauta en laissant échapper un cri terrorisé. À demi-couché sur le siège voisin, prêt à lever les bras pour se protéger le visage, il plongea le regard par la vitre pour découvrir une jeune femme, inclinée vers lui, qui tapait au carreau en l'étudiant timidement. Le sang pulsant à ses oreilles, sentant le rouge lui monter aux joues, Archie ravala sa honte pour se redresser et saisir la poignée.

— Excusez-moi... commença la jeune femme.

— Qu'est-ce qui se passe, ici ? lâcha Archie en sortant.

— J'en sais foutrement rien. Je venais de me manger la bagnole de devant quand vous m'êtes rentré dans le cul.

Elle désignait la petite Mercedes du doigt. Sans reproche, cependant : elle pigeait bien qu'Archie n'était pas directement responsable de cet accrochage, et que ça n'avait d'ailleurs guère d'importance dans l'immédiat.

— J'ai cru que y'aurait personne chez vous non plus, reprit-elle d'une petite voix.

— Pardon ?

— Y'a personne dans les autres voitures. En tout cas pas dans celles que je voyais depuis la mienne.

Balloté dans les bourrasques, Archie jeta un regard circulaire aux épaves et déglutit difficilement quand il constata que l'inconnue avait raison. Aucune tête dans l'ombre des habitacles, aucune silhouette s'agitant pour s'extirper de sa prison. Et Archie comprit que les voitures ne s'étaient pas éteintes d'un commun accord : elles avaient fini par se télescoper quand leurs conducteurs respectifs s'étaient volatilisés, les laissant dériver jusqu'à buter contre leurs voisines assoupies. Plus loin, lancées à pleine vitesse, certaines s'étaient embrasées en s'entrechoquant. L'incendie crépitait comme la flamme d'une allumette au-dessus des toits bombés, entre deux flashes aveuglants propres aux orages d'été qui éclatent en-dedans.

Archie remarqua que le tonnerre ne grondait toujours pas. C'était physiquement possible, ça, des éclairs sans bruit ?

— Vous vous appelez comment ? lança Archie en pivotant de nouveau vers la jeune femme.

Dans la lumière bizarre des phares entrecroisés, elle lui rendit une grimace.

— Vous avez raison, on s'en fout, dit-il. Vous avez essayé la radio ?

— Pourquoi ?

Au fond Archie avait simplement besoin d'entendre une autre voix humaine. De s'assurer aussi que les disparitions se cantonnaient à cette portion d'autoroute, et que l'humanité entière ne s'était pas évaporée en le laissant comme un con avec cette pimbêche anonyme et son chien terrifié.

— Pour avoir les infos, prétexta-t-il. Et piger ce qui se passe ici.

Il espérait qu'elle ne note pas les trémolos de sa voix.

— Non, dit-elle. J'ai pas eu le temps. Mais essayez, vous.

Archie obéit et, un genou sur le siège, se courba à l'intérieur de son pick-up pour allumer l'autoradio. Entre un pouce et un index tremblants, ils fit jouer la molette pour régler la fréquence. Dans ses prospections, il ne capta malheureusement que Rihanna et Justin Timberlake. Ils avaient dépassé le créneau des reportages depuis longtemps, et avant que la rumeur de cet événement inexplicable atteigne la civilisation, Chuck, Mademoiselle Sans Nom et Archie auraient eu le temps de crever quatre fois.

Chuck.

Chuck n'était plus sous la boite à gants.

Archie se releva si vivement qu'il heurta le plafonnier. Rabattant deux paumes sur son crâne, les larmes aux yeux, il continua à fixer bêtement le tapis de sol plein de terre, de miettes et d'emballages vides où Chuck était roulé en boule quelques minutes plus tôt. Puis, quand l'évidence le frappa, Archie fut comme pilonné par l'horreur et recula hors de l'habitacle sous la force de l'angoisse.

— Quoi ? blêmit la jeune femme. Vous avez entendu...

— Mon chien, souffla Archie, tétanisé.

— Quoi votre chien ?

— Il est plus là.

— Il a dû sortir quand vous regardiez pas.

— Et me passer entre les jambes sans que je le voie ?

— Écoutez, votre chien, c'est pas la priorité, comment on est censés...

Tous deux pointèrent le menton en direction du sud-ouest, là où l'autoroute n'était pas encore bouchée. Le ronronnement d'un autre engin gagnait en intensité dans le brouhaha des alarmes, des moteurs en marche et accès de vent sifflant, couvert par le silence toujours plus oppressant d'un orage muet. Bientôt ses phares se joignirent au ballet immobile, dessinant des ombres étranges entre les roues des voitures fantômes, traçant des fils de lumière jaune sur les arêtes des carrosseries. Le conducteur avait eu le bon sens de ralentir en voyant se profiler le blocus, mais il ne parvint pas pour autant à s'épargner le choc final après avoir évité les premières bagnoles. La gomme crissa une dernière fois, pourtant personne ne coupa le moteur, ajoutant une énième voix au vrombissement continu. Échangeant un regard indécis avec l'inconnue, Archie décida finalement d'aller y voir de plus près. Peut-être que le chauffeur s'était cogné la tête contre le volant en mettant le pied au plancher, mais qu'il était toujours là, et qu'il pourrait les aider. Ou qu'ils pourraient l'aider.

Mais il n'y avait toujours personne. Personne dans la lueur rougeâtre des veilleuses du tableau de bord.

— Vous avez un portable ? demanda Archie en pivotant vers la nana.

Mais Mademoiselle Sans Nom avait disparu aussi.

Et là, Archie commença à flipper sérieusement.

À flipper tellement qu'il ne bougea pas d'un poil, écoutant seulement le vent mugir, admirant seulement les éclairs de chaleur qui se faisaient plus fréquents à mesure que la tempête avançait.

D'autres voitures vinrent s'échouer à l'arrière comme une colonie de mouches s'acharnant à voler vers la vitre sans distinguer les gommettes de poison colorées. Le bruit devenait uniforme, l'englobant de tous côtés, faiblissant avec le hurlement des rafales. Et Archie réalisa bientôt que s'il espérait récupérer son pick-up et rebrousser chemin, il allait devoir slalomer et jouer les bourrins pour s'arracher à ce fatras. Le plus sûr restait encore de repartir à pieds et de trouver plus loin une bécane abandonnée avec les clefs sur le contact. Là, il pourrait faire demi-tour sans trop de difficultés.

Mais alors qu'il tournait les talons, renonçant avec douleur à dénicher Chuck avant de mettre les voiles, une camionnette se jeta dans la mêlée en pétaradant, à une telle vitesse qu'elle chevaucha la glissière pour décoller de trois bons mètres avant de dévaler le talus et de s'y encastrer. Mais Archie ne se souciait déjà plus de la camionnette : en se cabrant, ses lampes avant avaient balayé un coin de ciel. Ce ciel noir, grouillant, bizarre, dont les nuages lui avaient paru décousus à l'horizon. Alors Archie comprit : ça n'était pas des nuages. Planant encore à une vingtaine de mètres, il reconnaissait Miss Mercedes, ou ce qu'il en restait, flottant parmi les ombres de cadavres désarticulés. Et virevoltant non loin, la forme de ce qu'il supposait avoir été son chien dansait contre l'aplat changeant de toutes ses silhouettes envolées.

Ça venait de Bangor. Ça venait de chez lui, en rampant entre les collines, en couvrant les pins, en se déversant par la faille de l'autoroute comme un filet de pétrole visqueux et collant. Le bouchon à cette hauteur était sans doute dû à un ou deux conducteurs malchanceux dont les bolides désertés s'étaient cognés à l'intérieur du virage, hors de vue des automobilistes suivants qui avaient peu à peu amoncelé leurs carcasses à la queue leu-leu, exactement comme Archie l'avait fait. Partout d'ici à l'est plus reculé, tout le monde avait dû être aspiré désormais.

Archie fut alors comme foudroyé. Combien de temps lui restait-il ? Pourquoi n'avait-il pas été embarqué lui aussi, d'ailleurs ? Non, ça, il s'en tapait pour le moment. Tout ce qu'il lui restait à faire, c'était foutre le camp. S'il s'en était tiré jusque là, il avait encore une chance d'y couper. Il prit alors ses jambes à son cou, sans plus se retourner, et fila entre les voitures en veille. Ses déductions ne l'avaient pas trompé : même avec le trafic réduit du soir, beaucoup d'autres bagnoles s'étaient déjà jointes au barrage, et il lui fallut courir pendant de longues minutes, deux doigts piqués dans le bide pour étouffer son poing de côté, avant de contourner le semi-remorque couché et d'atteindre ensuite la lisière de l'attroupement. Il se mettait en quête d'un destrier pas trop amoché lorsqu'il fut comme fauché par la lumière franche et tranchante d'une paire de phares fixes, qui l'acculaient de front. Main en visière au-dessus des sourcils, papillonnant des paupières pour apercevoir les courbes du véhicule, Archie fut tétanisé de plus belle.

Le PT Cruiser l'attendait. Non, ça n'était pas un effet de style, ni de son imagination : c'était la seule voiture à se tenir bien droite entre deux lignes de peinture blanche, fièrement dressée sur ses suspensions, trônant comme une reine au milieu de ses congénères qui avaient toutes le nez dans le train de la voisine.

Son conducteur était sorti des bois, finalement. Sauf qu'il n'y avait toujours personne en selle, et Archie en conclut qu'il s'était fait aspiré comme tous les autres. Il avait dû modérer l'allure en devinant les feux arrière des voitures bloquées par le camion, et puisque le virage ne courbait pas encore la voie ici, peut-être le PT s'était-il arrêté docilement sans causer davantage de remue-ménage. Sans plus hésiter, Archie se rua alors dans sa direction, grimpa derrière le volant et contempla un moment les plaques d'immatriculation de ceux qui n'avaient pas eu sa chance. Frémissant de tous ses membres, les mains moites et la gorge sèche, il jeta un coup d'œil inutile au ciel, dans l'espoir réticent et morbide d'apercevoir de nouveau Chuck parmi les nuées.

La voiture démarra, fit demi-tour et s'éloigna.

Sauf qu'Archie n'avait pas embrayé, passé aucune vitesse, ni même pivoté le volant.

Il actionna frénétiquement la poignée, piétina les pédales, arracha les clefs, un cri terrorisé grossissant dans sa gorge jusqu'à l'étrangler. Le PT prenait doucement de la vitesse, à contresens sur l'autoroute, tandis qu'Archie distribuait des coups de coudes et de genoux dans la panique générale, espérant péter quelque chose qui ralentirait au moins sa course. Mais rien n'y fit, et après quelques insoutenables minutes d'angoisse parfaite, il dépassa le panneau de sortie de l'aire de repos où il s'était arrêté pour pisser, un siècle plus tôt.

Peut-être que le conducteur du PT n'était jamais sorti des bois, finalement.

Peut-être qu'il avait déjà disparu quand Archie avait garé son pick-up à côté. Maintenant qu'il y pensait, le PT avait eu l'air d'être largué en plein vol par des passagers passe-muraille, dérivant lentement depuis la bretelle de décélération jusqu'à se stopper de traviole, à cheval sur deux places handicapés.

Mais qu'aurait fait un disparu si loin de l'orage ? Si loin du bouchon que les autres disparitions avaient causé ?

Archie cessa finalement de se débattre, rivant son attention au sud-ouest, là où le PT l'emmenait, tandis que dans leur dos les nuages de morts de l'orage silencieux les talonnait comme une armée. Qu'est-ce qu'on envoyait à l'avant, généralement ? Qui était le premier sur les lieux, l'infiltré, l'isolé, comme ce PT Cruiser aventuré à treize kilomètres de ses premiers camarades ?

Un éclaireur.

Si on n'avait pas pris Archie, c'était peut-être pour lui envoyer quelqu'un en échange. Quelque chose. Saisi par un affreux pressentiment, Archie leva le regard vers le rétroviseur central. Il en était sûr désormais : il n'était pas seul dans cette voiture.

L'éclaireur lui sourit largement.

Il avait un petit bout de salade entre les dents.

 

 

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Diogene
Posté le 17/02/2014
Salut Hadana,
Voilà une histoire qui m'a ouvert encore un peu plus l'appétit. Cette tension qui monte tout doucement, les hypothèses qui s'échaffauent, qui chutent, puis remontent, un vrai régal. La fin est une touche d'humour noir comme je les aime, saignante.
Merci Hadana.
Dan Administratrice
Posté le 15/09/2019
Salut Dio ! Depuis le temps, j'espère que tout va bien pour toi !
Merci beaucoup pour ton retour, ça me fait très plaisir ! A bientôt j'espère ;)
Beatrix
Posté le 10/11/2012
J'avoue que j'ai vraiment dévoré ce texte, qui était extrêmement bien maîtrisé dans l'écriture et le style (quelques phrases sont un chouille alambiquées, peut-être, surtout au début, mais je ne suis sans doute pas la mieux placée pour faire cette remarque XD). En tout cas, belle richesse de vocabulaire, et un réalisme - même dans le fantastique - très impressionnant... j'irais jusqu'à dire professionnel. Les images sont extrêmement évocatrices, j'avais vraiment le sentiment d'être au coeur d'un bon film fantastiue <3.
Après, la fin m'a laissée un peu... sur ma faim. Peut-être un peu ouverte à mon goût, une conclusion plus explicative et définitive m'aurait mieux comblée... mais c'est tout à fait personnel.
Ca n'enlève pas la qualité de l'ensemble ! :)
(Juste une petite remarque annexe : j'ai trouvé certains paragraphes un peu compacts pour une lecture sur écran. Peut-être les couper un peu plus la prochaine fois ?)  
Dan Administratrice
Posté le 10/11/2012
Eh bien merci Bea !
Bon, ton commentaire confirme que cette fin aura un peu tout fait foirer :P Effectivement, ça a pêché quelque part. Manque de description, volonté de ne pas en dire beaucoup pour laisser l'imagination faire, et finalement ne pas en dire assez... je suis en tout cas décidée à la reprendre dans quelques temps pour voir comment améliorer la bête !
Merci beaucoup pour tes compliments, ça me touche, vraiment ! (je note pour les phrases et les paragraphes, aussi, c'est vrai que j'ai un peu tendance à me laisser emporter x'D)
Merci pour ta lecture et ton commentaire Bea !
Sunny
Posté le 09/11/2012
Hé, Danette, tu riras ou pas, mais la première chose qui m'est venue en lisant la fin, c'est que le fameux éclaireur avait "copié" le bout de salade entre les dents d'Archie dans une tentative bizarre pour entrer en contact avec son premier humain... Oui c'est complètement con, je sais pas d'où j'ai sorti ça, dérapage neuronal on va dire... La deuxième option qui m'est venue à l'esprit c'est Archie tombant sur l'éclaireur et reportant son regard sur sa propre image dans un moment de blanc suscité par la panique. Ce qui est un tantinet moins stupide que mon idée première, mais en lisant les commentaires, j'ai vu que c'était pas ça non plus, cela dit j'aime vraiment la fin telle que tu l'entends.
Je pige d'ailleurs pas pourquoi cette option ne m'est pas venue à l'esprit, peut-être qu'il manque un truc pour souligner le moment où l'éclaireur s'approprie Archie, ou bien alors c'est peut être les quelques phrases de la fin qui n'ont pas déclenché correctement les bons réflexes dans ma p'tite cervelle. En fait, je pense que, pour moi (je ne me mettrais pas à la place des autres commentateurs, on ne réagit pas tous de la même façon selon nos schémas mentaux), j'en serais plus facilement venue là où tu voulais nous emmener si tu n'avais pas sauté de ligne ni même fait de renvoi à la ligne entre l'avant-dernière phrase et la toute dernière phrase, ce saut n'a fait que m'encourager à dissocier physiquement Archie et l'éclaireur. Bon après, c'est mon ressenti, des fois je réagis un peu bizarremment selon l'agencement des mots/phrases et de la ponctuation, comme lectrice-type c'est pas trop ça de mon côté.
Enfin bref, pour finir ce commentaire qui s'est étalé plus que je ne pensais, j'ai beaucoup apprécié ce texte bien flippant et pile dans l'esprit attendu en ce qui me concerne, mon "plantage" au niveau de la fin n'a pas gêné étant donné que pour moi ça restait quand même cohérent (bon pas ma première idée bien sûr, c'était méga tiré par les cheveux ça). Le coup des voitures entassées sur l'autoroute, le nuage de morts, tout ça a très bien marché sur moi, au point que j'en étais à me dire que j'aurais mieux fait de lire ton texte avant que la nuit soit tombée xD
Dan Administratrice
Posté le 09/11/2012
Eh, ce sont des interprétations intéressantes ! C'est vrai qu'on pouvait le comprendre dans ce sens, et en même temps ce serait pas très fair-play de ma part de considérer qu'une ou l'autre interprétation est pas bonne ou crédible, parce que j'avais volontairement laissé cette fin dans un certain flou pour pas tout casser avec des gros sabots (bon résultat ça a plutôt eu l'effet inverse, vu qu'apparemment c'était très compliqué à saisir dans le sens que je l'entendais x'D).
Donc non, c'est pas complètement con. Le copiage aurait pu être une très bonne technique aussi ! Bon par contre je vois mal Archie se sourire tout seul dans le rétro après avoir trouvé l'éclaireur sur la banquette arrière, mais qui sait ce que la panique peut nous pousser à faire x'D
C'est clair qu'il manquait quelque chose, quelque part, pour vraiment orienter les lecteurs sur l'option à laquelle moi j'avais songée. Du coup je pense laisser reposer tout ça et y revenir avec plus de recul, pour trouver où et comment laisser les bonnes pistes. Et tu as raison, des trucs aussi "évidents" et inaperçus que la mise en page y jouent pour beaucoup, même si effectivement c'est délicat de juger quelle forme inspire quoi à qui (parce que ça peut devenir très subjectif, à ce stade). Je verrai donc ce que je peux faire de ce côté-là aussi, je prends bonne note de ta remarque !
Ravie en tout cas que cette incertitude à la fin n'ait pas gâché ton plaisir, et que tu aies apprécié malgré tout ! Merci beaucoup pour ta lecture et ton commentaire Sunny ! <3
Seja Administratrice
Posté le 07/11/2012
Ouh, les jolis nuages x)
Non, sérieux, c'est très cool comme texte. On passe d'un trajet sur l'autoroute tout con avec l'inévitable arrêt chiottes à plein de trucs marrants. Hoho.
La petite angoisse monte petit à petit en commençant par la voiture noire garée là, sans aucune raison. On se dit OK, après tout, ça peut être pas grand chose parce que la Danette n'est qu'amour. Puis on rentre soudain dans une voiture. Bon OK, peut-être qu'il faut commencer à s'inquiéter vu que tous les occupants des autres voitures accidentées ont disparu. Et enfin, on arrive à avoir une vue imprenable sur les nuages. Miam miam.
Bon, par contre, je suis pas vraiment sûre d'avoir compris la fin. Le mec n'est pas seul dans la voiture. Mais cet éclaireur, c'est lui ? Il a pris possession de lui ? Réponds-moiii, grand maitre... 
Dan Administratrice
Posté le 07/11/2012
Tout juste Sejounette, l'éclaireur n'étant pas une grosse bête pleine de griffes assise sur la banquette arrière ^^' C'est un truc qu'on ne voit pas, mais qu'Archie finit par sentir, et quand il cherche à confirmer son pressentiment il se rend compte que c'est déjà en lui. Donc bon, comme je le disais à Beul, c'est un peu dommage, parce que la chute c'est quand même le plus important dans une nouvelle TvT
Enfin, si tu as quand même un peu apprécié, tout n'est pas perdu ! Effectivement, tu me connais bien, les pâquerettes, les nuages en guimauve, toussa. Je suis contente si l'enchaînement a été à ton goût !
Merci beaucoup pour la lecture et ton commentaire Sejounette ! <3
BeuldesBois
Posté le 07/11/2012
Je n'ai pas compris la fiiiin, lalalala xD *chante*. En fait je crois que c'est surtout ça qui me perturbe : "Si on n'avait pas pris Archie, c'était peut-être pour lui envoyer quelqu'un en échange". Ecoute je suis peut-être complètement à côté de mes chaussons rambourés mais je saisi pas la logique xD... Explique moooah ô grand maitre.<br /><br />Parce que, pu*ain... J'en aurais redemandé encore. D'ailleurs j'en redemande encore. Nan mais sérieux t'aurais pu tenir tellement longtemps avec un sujet et une ambiance pareille ! *w* Je ne sais même pas quoi te dire là tout de suite tellement je suis encore dedans. Je ne suis pas sortie de cette autoroute, moi ! (Heu... Dit comme ça... Non Chuck, arrête de me coller, tu pues la mort) On aurait dis que t'étais partie pour nous faire toute une mini fic là, allez, soyons fou, salade gratos pour tous. Je m'appelle Hadana et je ne fais pas du caca.
Entre Archie mystères et compagnie et Walker Lake, tu as su gagner mon coeur.<br />Non, je ne te fais plus de commentaires sérieux parce que tu m'énerves à être aussi douée.<br /><br />♥
 
Dan Administratrice
Posté le 07/11/2012
xDD
Bon ok, je crois que j'aurais perdu tout le monde avec cette fin... C'est le risque de se dire "wéé ça serait plus classe si t'explicitais pas, genre... l'imagination fera le reste !" mais bon, pour que ça fonctionne, il lui faut un minimum de base, à l'imagination. Et je crois que c'est de ça que ça manquait. Donc pour te répondre, en fait, Sej a vu juste : plutôt que d'aspirer Archie (en le tuant, accessoirement), les responsables du bazar (mettons des aliens) ont envoyé un des leurs "en bas" histoire de baliser le terrain et de voir si y'avait pas moyen d'en faire autre chose que des cadavres ; mais lesdits aliens n'ayant pas vraiment de forme physique, on les voit pas pour autant. Et il a bien "pris possession" d'Archie (en fourbe, vu qu'il s'en est même pas aperçu au moment où ça s'est produit), et quand il se rend compte qu'il est pas tout seul dans la bagnole, il voit dans le rétro qu'il se sourit à lui-même (sans avoir décidé de faire fonctionner ses zygomatiques).
Bon du coup ça perd un peu de son piquant, j'imagine x'D Je suis d'autant plus contente que ça t'ait plu, si t'as pas tout compris ! Et merci d'en redemander, vraiment, ça me flatte ^^' Effectivement, en y réfléchissant bien, y'aurait sûrement de quoi continuer, mais allons, ne me donne pas de mauvaises idées... :p Tu sais que moi, il m'en faut pas beaucoup... *siffle*
Je te remercie très fort Beulette, je suis vraiment heureuse que l'ambiance t'ait plu ! zibous zibous ! <3 
Nascana
Posté le 04/11/2012
Tiens, j'ai eu la même idée qu'Elka, j'ai pensé à Walker lake. 
En tout cas, ça fait peur. Les nuages cadavres ça fait frissonner. En plus, on ne sait pas ce qui se passe. On a envie de comprendre comment on en arrive là ?
Au début, j'ai cru qu'Archie allait s'arrêter pour regarder la voiture arrêté sur l'aire de repos mais non, donc tu nous mène en bateau.
Je me demande ce qui va arriver au reste de l'humanité.
Nascana 
Dan Administratrice
Posté le 04/11/2012
Décidément, il est temps que je me recycle alors :p
Eh bien si ça fait peur, on va dire que c'est mission accomplie ! Même si je ne pensais pas que les nuages seraient le plus flippant, en fait x'D Et ne rien comprendre y est au moins pour 50% dans l'ambiance, je pense ^^
Eh non, la voiture était simplement là, mais il n'a pas franchement eu l'idée de l'observer sous toutes ses coutures. De toute façon ça ne l'aurait pas avancé à grand chose pour la suite ^^'
Quant au reste de l'humanité, j'ai peur que ce soit mal barré :p
Merci pour ta lecture et ton commentaire Nasca !
Jamreo
Posté le 03/11/2012
Rihanna et Justin Timberlake vont y passer aussi, ou ça se cantonne à l'autoroute ? (enfin vu la tournure que ça prend à la fin j'aurais tendance à penser qu'il reste plus âme qui vive sur Terre ...) L'ambiance est pesante, lourde mais en même temps assez réjouissante (cf les chiottes et la feuille de salade), et Archie est … particulier … du genre que j'aurais certainement pas pu blairer dans la vraie vie mais qui me comble de joie dans un texte x)
Mais plus sérieusement, c'est le genre d'hécatombe grandeur nature qui me fiche les jetons. Les nuages reviennent souvent, très souvent dans tes descriptions mais pourtant ça a pas tilté, jusqu'au moment de se rendre compte que c'étaient des nuées cadavres. C'est bien affreux. Et pire ! A la fin tout reste en suspens, indécis. D'ailleurs je ne tenais pas absolument à savoir ce qu'Archie allait voir, j'ai trouvé ça bien d'en rester là ( et l'imagination se charge de tout, je lui fais confiance -__- ). J'ai juste trouvé ça dommage par rapport à cette voiture à la fin et à ce quelqu'un qui s'y trouve avec Archie … et à la feuille de salade coincée entre les dents de ce quelqu'un qui m'a court-circuité les neurones ^^…
Enfin, il était savoureux, ton texte. A la fois horrifique et bourré d'humour noir … ça épargne pas ^^
Dan Administratrice
Posté le 03/11/2012
J'ai peur pour ces pauvres Rihanna et Justin qu'ils finissent par y passer aussi :P Peut-être pas tout de suite, mais un jour ou l'autre, quand l'orage passera par chez eux *siffle*). Je suis bien contente si l'ambiance t'a semblé appropriée, et qu'au final l'humour noir n'ait pas "gâché" le côté pesant de la chose, ça aurait été un peu ballot. Mais c'est marrant, je pensais pas qu'on pouvait se faire une telle idée du personnage en si peu de temps, mais s'il t'a plu au moins dans le texte, c'est tant mieux :p
J'avoue que j'ai écrit ça en total freestyle, donc je me rendais même pas compte si j'insistais trop ou pas assez sur les nuages pour qu'on capte qu'ils faisaient partie intégrante de tout le phénomène bizarre. Tant mieux, disons, si ça ne t'a pas sauté aux yeux. Au moins ça fait vaguement une surprise ^^'
Pour la fin en fait, ce qui n'était peut-être pas très clair, c'était la forme qu'avait pris l'éclaireur. En fait il a "possédé" Archie, si tu veux, d'où le fait qu'il le voie avec un bout de salade entre les dents. En fait c'est son propre reflet qu'il capte, même s'il n'a senti personne se "glisser" en lui. Du coup oui, j'imagine que c'est dommage, et que la chute perd un peu de sa saveur si on ne comprend pas ça à 100% ^^'
Toujours est-il, je suis bien contente que ça t'ait plu ! Merci beaucoup pour ta lecture et ton commentaire, Jam ! <3
Elka
Posté le 02/11/2012
La version 2.0 de Walker Lake xD En fait Nathan & cie. sont morts et se sont envolés dans le ciel d'un orage silencieux...
 
Avant de se crasher au Nevada xD
Bref.
 
Bah je le savais : je savais que t'allais nous faire une nouvelle d'Halloween super sympa ! Disparition sur l'autoroute, fin en queue de poisson : j'ai aimé ! Vraiment aimé, parce que tu plantes si bien les décors et les ambiances que cette autoroute est un élément super important, que ces chiottes on les voit, idem pour la station, idem pour la queue leu leu de voitures encastrées...
T'as quand même carrément le sens de la mise en scène ! 
Bref mille bravos pour cette nouvelle <3 j'ai adoré
 
PS : on notera que tu as toujours des héros classes et distingués xD
PS2 : on notera aussi que jusque là je crois que j'avais pas vu de bestioles dans tes histoires
PS3 : Ma théorie c'est qu'Archie ne s'est pas envolé parce qu'en fait c'est le seul qui a pensé à vidé sa vessie.
<br /><br />
Dan Administratrice
Posté le 02/11/2012
Bah exactement :p en fait ils étaient tous sur l'autoroute, ils se sont fait manger par les nuages et régurgiter dans le désert !
Eh bien merci v.v Contente que les ambiances fonctionnent, parce que j'avais que ça à la base, pas d'idée, pas de fil conducteur, et encore moins de chute. De la totale impro. Donc me voilà grandement soulagée nous dirons ! Et si j'ai le sens de la mise en scène, alors, tu m'en vois ravie ^^
Mille mercis à toi !
Et oui, j'aime les hommes du terroir. Et ça manquait de chien. Et le pipi, c'est la vie.
Amen.
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