Le sourire du petit Poucet

Notes de l’auteur : Pour ceux qui ne le saurait pas déjà, un "croiseur" est un astéroïde de taille importante qui se déplace à travers l'espace.

Bonne lecture !

Ce que j’aime avec l’archéologie, c’est l’ampleur des savoirs contenus dans le plus petit morceau de poterie. Même brisé, il porte en lui tout un pan de l’histoire du monde qui l’a conçu.

En cherchant Ventris IV, j’étais tombée sur les poteries offertes par l’empereur Mnémon le Sage, empereur bien connu d’un autre système planétaire viable. Sans entrer dans le détail des passations de pouvoirs, les poteries ont été livrées au muséum de la fédération avec trois cents ans de retard. Leur conservation était parfaite. Si bien, qu’à leur arrivée, le muséum en avait fait des croquis de belle qualité. Avec le temps et l’exposition, les poteries ont fini par s’user, les peintures maintes fois restaurées n’étaient plus d’origine. Mais leur composition ainsi que celle de la céramique furent soigneusement enregistrées.

Les motifs des peintures étaient intéressants. Des plantes quelconques qu’affectionnait l’empereur Mnémon et dont il couvrait ses jardins de son vivant. Ces plantes étaient originaires de Ventris IV. Leur génome confirmait une rupture dans la chaîne évolutive. Quelques mois de recherches dans les registres commerciaux de l’empire et j’avais trouvé Ventris IV. Je connaissais la composition de son atmosphère et des sites d’extractions de matériaux et, bien sûr, je découvrais que la planète avait souffert d’une pandémie fulgurante. Une épidémie dont personne ne voulait ailleurs.

 

Le départ sonna quand les soutes furent entièrement désinfectées et pleines à craquer. À l’instant où je quittais le pôle médical, le vaisseau prit de l’altitude.

Le Dr Umesh n’avait pas lésiné sur les antiviraux. Malgré le nettoyage complet du moindre écrou ayant été en contact avec l’extérieur, du moindre poil de nez ayant respiré de l’air terrestre, il avait insisté pour blinder le système immunitaire de tout l’équipage. Non content de m’estropier le bras à coup de seringue…

Dans les couloirs, des sourires. L’équipage était heureux d’être déjà sur le chemin du retour, la musique à plein régime dans les haut-parleurs me confirma que ma sœur était de même humeur. Je gagnais la capitainerie où elle se trouvait en grande discussion avec son espion préféré.

Blanco m’adressa un signe de tête sobre avant de me céder son siège. Je pris place, le fauteuil était encore chaud.

— Sahar ! La pêche a été fabuleuse. On a trouvé les plans de plusieurs vaisseaux et des compendiums médicaux. Assez peu d’armes cela dit, enfin… Tout ça se vendra bien.

Je lui donnais, en gage de paix, un yaourt à la cerise rescapé et une cuillère. Sans piper mot, je décapsulais le mien et grattais la crème onctueuse.

— Merci.

Elle en fit de même.

— Tu as d’autres projets de recherches ?

Sa question pourtant innocente dissimulait une montagne d’intérêts financiers. D’un regard insistant, elle attendait une réponse.

— Quelques pistes, je dois encore obtenir un agrément de la fédération d’archéologie, lui dis-je en léchant ma cuillère.

— Papa va t’obtenir ça.

— Pas sûr, le Dr Hass ne le porte pas dans son…

— Pfff ! me coupa-t-elle. Quel type de cargaison cette fois ?

— Traces de titane et de lithium. Peut-être des technologies…

— Des armes ! Ah ! La fin d’année sera bonne alors !

Mon yaourt terminé, je proposais de me charger de la mise au nettoyage de nos pots vides quand une alerte fit sursauter toute la capitainerie. CosmoP cessa immédiatement de cracher ses accords criards et une voix féminine emplit le cockpit.

— Capitaine Mérawen, du Hyena, fit Samira à l’aise dans son fauteuil de commandant. À qui ai-je le plaisir de m’adresser ?

— Capitaine Saubresy, du Condorean. Nous avons reçu votre demande d’aide concernant un croiseur sur le chemin de la maison.

Le capitaine Saubresy était également employé par la Mérawen. Vaisseau de support, il n’intervenait qu’en cas de difficulté sur le voyage. Pour faire court, il est moins cher d’envoyer un équipage entier se charger des difficultés plutôt que d’obliger Samira à faire un détour.

— Il est intercepté. Vous devriez le voir passer dans un instant.

La capitainerie tout entière, moi avec, nous penchâmes sur les vitres, pressées de voir un croiseur astéroïde dans la lumière de Ventris J-558. L’étoile jaune nous révéla un spectacle extraordinaire. Un petit vaisseau orbitait autour d’une masse sombre, découpée dans le rayonnement stellaire. Il était cent fois plus grand que lui.

Des applaudissements retentirent et la voix du capitaine Saubresy habita l’espace :

— Nous redirigeons le croiseur hors des fils et le Condorean tout entier vous souhaite de faire bon voyage.

De nouveau des applaudissements et la communication fut coupée.

— Blanco, un canal vers l’équipage ! ordonnait Samira.

Je quittais son siège précipitamment. Aussitôt, la voix de Samira inonda le vaisseau :

— Nous devons une fière chandelle au Capitaine Saubresy et son équipage, maintenant que plus aucun astéroïde ne nous menace, je vous propose de profiter du voyage…

 

Le spatioport privé de la Mérawen était bondé. De petits vaisseaux express débarquaient des sommités par dizaine. Udyr, mon père, nous attendait déjà.

— Samira ! Sahar !

Il était d’excellente humeur, comme toujours lorsque les soutes revenaient aussi chargées. Udyr portait un costume luxueux, un complet trop habillé pour un spatioport.

— Sam, il faut qu’on prépare l’estimation des biens.

Elle donna quelques ordres et l’équipage s’affaira avec les commissaires-priseurs fraîchement sortis de leurs bureaux pour inventorier et évaluer les stocks. Eux aussi semblaient trop bien habillés pour l’entrepôt…

Udyr avait organisé la mise aux enchères le soir même, mon pad mis à jour, je recevais l’invitation au gala d’ouverture. Il avait fait les choses en grand. Ce soir-là, tout le gratin des collectionneurs et des chefs militaires d’obscures jeunes colonies ne manqueraient pas de remplir les caisses de l’entreprise. Évidemment, la fédération n’était pas expressément invitée… Je m’empressais d’envoyer une copie de l’invitation à une boîte de messagerie. Pourvu qu’elle arrive à temps, pensais-je en m’éclipsant.

 

La salle était pleine à craquer, de riches investisseurs surplombaient de leurs belles toilettes les costumes bas de gamme des historiens arrivés sur le tard. Udyr rayonnait, Samira suspendue à son bras, ils semaient l’espoir parmi l’assemblée, s’assurant de faire lentement grimper la pression. Des plans remarquables, disait-il et Samira d’abonder dans son sens, de la haute technologie.

Ma sœur était ravissante, robe fluide d’un bleu soutenu. Sa peau hâlée faisait des merveilles avec cette couleur. Je me sentais pâle à côté d’elle et ma robe noire n’était pas aussi flatteuse. Par expérience, j’évitais les cocktails dont je savais de source sûre qu’ils étaient savamment alourdis pour désinhiber les portefeuilles les mieux verrouillés. J’optais sans sourciller pour le buffet. Quelques mignardises englouties et ma sœur approcha.

— Laisses-en pour les convives, sœurette !

Elle prit deux verres et s’éloigna heureuse de sa vanne.

Samira n’eut aucun mal à attirer l’attention d’un type trop sérieux pour boire. Il faut dire qu’elle y allait à coup de déhanchés extravagants. Irrésistible. Ma soeur lui offrit un cocktail qu’il n’accepta qu’après un sourire et une œillade langoureuse supplémentaire. Capricieux, mais facilement amadoué le bougre. Elle savait y faire !

Il était grand temps de trouver mon père. J’avais en tête une idée qui, à mes yeux, me semblait bonne. Je comptais bien appuyer sur sa fibre d’historien pour le faire céder à ma requête. Encore fallait-il le trouver.

Encore impressionnée par le numéro de charme auquel je venais d’assister, je percutais une convive. Le choc et une sensation humide sur mon bras suffirent à me réveiller.

Le malheureux s’excusa, son verre vide à la main.

— Quel maladroit ! Je suis sincèrement désolé.

Il attrapa une serviette sur le buffet, épongea mon bras.

— J’aurais dû regarder où j’allais ! Quel idiot ! renchérit-il.

Il portait un costume d’historien. D’une couleur passe-partout, sans éclat. Une barbe naissante et un petit côté négligé, je reconnus là un collègue. Forcément un homme de la fédération, le muséum avait dépêché autant de personnes que possible à la dernière minute. Puisqu’ils n’étaient pas expressément invités, ils n’avaient pas le temps de venir pomponnés.

Pour être une habituée de la fédération, j’y avais obtenu mes diplômes, ce visage m’était pourtant inconnu. Un visage dont tout le charme se hissait en vert clair dans son regard.

— Je n’ai pas le plaisir de vous connaître, dis-je méfiante.

— Channyr, fit-il en forçant sur le « ka » à l’entrée de son prénom, du muséum.

— Enchantée, je suis…

— Sahar Mérawen. Je vous connais.

Il m’offrit un sourire et nous échangeâmes une poignée de moins cordiale, reconnaissant chez l’autre un confrère de métier.

— Je ne vous ai jamais croisé au muséum.

— Je travaille dans les nouveaux locaux de Gorhenne à l’ouest.

— Vous venez de loin pour ce gala, remarquais-je.

— Une occasion unique de découvrir les vestiges du système Ventris. Vous savez, j’ai fait ma thèse sur la disparition de ce système qui était l’un des plus avancés parmi les colonies de troisième génération.

Il le dit sans honte, j’avais trouvé l’objet de sa thèse à sa place. Pour un historien, la plupart de ceux qui basent leurs thèses sur des objets stellaires oubliés ou disparus, c’est un évènement rare que d’en voir la redécouverte. Certains les cherchaient pendant des décennies sans résultat.

— Comment avez-vous fait pour…

— Sahar !

Ma sœur vint agripper mon bras.

— Papa te cherche. Oh ! fit-elle en voyant l’homme face à moi.

Samira n’hésita pas une seconde, elle lui tendit une main chaleureuse chaussée d’un sourire ravageur. Channyr la serra, piégé.

— Seriez-vous un invité de ma sœur ?

— Pas du tout, j’accompagne le muséum. C’est une belle découverte que vous avez faite.

— Et encore, vous n’avez rien vu de ce que nous avons réussi à ramener.

Samira attrapait une coupe de cocktail et la ficha dans la main de Channyr.

— Merci, dit-il, mon précédent verre a eu une fin trépidante.

Ma sœur se tourna vers moi puisque l’historien me jetait un regard d’excuse. Elle repéra les ravages encore collants sur mon bras. Moue de dégout.

— Sahar, tu devrais aller nettoyer ça. Nous sommes entourés d’invités, insistait-elle de son sourire menaçant.

J’étais contrainte de m’effacer.

 

Un détour aux commodités et je constatais que ma robe n’avait pas souffert de l’aventure. Il était temps de retrouver mon père. Udyr était densément entouré, Samira tenait de lui un charme naturel. L’âge avançant, sa barbe se parsemait de blanc, lui donnant une pointe d’élégance nouvelle dont, visiblement, tout le monde raffolait.

— Sahar ! Ma chérie !

Le bras tendu, il m’accueillit dans son cercle en me pressant contre lui d’un geste protecteur. Quel acteur ce Udyr !

— Messieurs, je vous présente ma brillante fille Sahar. Elle a hérité de moi un goût pour l’Histoire Spatiale et ses secrets.

Après quelques salutations mon père m’entraîna à l’écart aussitôt rejoint par Samira.

— Je n’ai pas encore eu ton rapport de mission, me reprochait-il.

Ma sœur n’en ratait pas une miette.

— Il est en cours, m’étranglais-je. Les découvertes étaient nombreuses, j’aimerais vérifier quelques données avant de…

— Bien bien, dit-il en détournant les yeux. Très bien. Mais il me le faut pour demain matin, j’ai un rendez-vous important. Une partie de nos actifs reposent sur des éléments sensibles qui seront vendus en privé. Je dois pouvoir attester de leur provenance. Tu comprends ?

Les technologies militaires sont réglementées, pour vendre des plans et des matériels issus de l’industrie de l’armement d’une planète, il faut prouver que les éléments en proviennent et que la civilisation a donné son accord -ou bien qu’elle ne peut plus du tout l’exprimer— pour en faire commerce.

— Oui, je comprends.

— Dans ce cas, ma chérie, retourne au bureau. J’ai donné des consignes pour que la sécurité te laisse entrer.

— Avant d’y aller, j’aurais souhaité prononcer quelques mots sur cette civilisation. C’est une découverte majeure et je…

— Non, non Sahar. Vraiment. J’ai besoin de ton rapport au plus vite. Je me charge de leur présenter le système Ventris. Si j’avais eu tes notes plus tôt, j’aurais sûrement eu plus de détails à leur donner, ajoutait-il d’un ton moralisateur.

La sourire de Samira s’étira plus encore, risquant tôt ou tard de fendre son visage en deux.

— Sahar, dit-elle mielleuse, tu es brillante pour découvrir des planètes oubliées, laisse-nous la charge de faire vivre la Mérawen Corp. D’accord ?

Que dire à ça, sinon de tourner les talons ?

 

J’aurais quitté la réception aussitôt si je n’avais été retenue.

— Sahar !

Encore ! pestais-je. Ne vont-ils pas me laisser en paix ce soir ? L’homme qui m’appelait retenta sa chance et cette fois, sa voix perça suffisamment le brouhaha des convives pour que je la reconnaisse. Je fis volte-face. Ma colère envolée en une seconde, j’étreignis mon ancien responsable de thèse et ami, Valère. Le vieil homme me rendit mon étreinte avec toute la chaleur dont je manquais ce soir.

— Je ne vous savais pas ici, comment allez-vous ?

— Je me sens revigoré. Quelle découverte, Sahar ! Je n’en attendais pas moins de toi. Comment as-tu fait ?!

— Si je vous le dis, je devrais vous tuer ensuite.

Il rit.

— Je suis impatient de lire ton prochain récit dans ce cas.

— Je ne sais pas si je vais écrire un texte sur cette découverte, j’ai…

Valère m’interrompit en attrapant au passage un homme dont je reconnus les yeux verts au premier coup d’œil.

— T’ai-je déjà présenté le Dr Channyr Sarian ?

L’homme m’offrit un visage à la fois amusé et désolé.

— Nous nous sommes rencontrés un peu plus tôt.

— Il a fait sa thèse en se fondant sur la tienne, tu le savais ?

La conversation aurait pu continuer si la lumière n’avait décliné. Un spot lumineux éclaira aussitôt l’estrade où Udyr Mérawen se tenait.

— Avant de commencer à vous parler longuement de Ventris, je dois vous remercier d’avoir répondu à mon invitation. Vous savez comme je prends plaisir à échanger avec vous et quelle merveilleuse occasion que la redécouverte de ce système perdu depuis des siècles pour vous retrouver tous…

Le visage de Samira remplaça celui de mon père, elle se tenait très proche de moi et chuchota :

— Sahar, allons ! Tu devrais déjà être au bureau. J’ai fait appeler un transporteur. Dépêche-toi, on a besoin de ton compte-rendu ou les ventes ne pourront pas être conclues !

Elle sonna la fin de la soirée pour moi et m’entraîna avec elle à l’entrée. Samira ne fit demi-tour qu’après avoir claqué la porte du véhicule sur moi.

— On a besoin de toi, dit-elle encore. Ne nous déçois pas !

 

Il me faudra des heures pour compiler mes notes et produire un rapport clair des objets récupérés. Chaque pièce était détaillée et leur provenance établie par des coordonnées précises. Mais surtout, ma signature valait sceau d’authenticité. À force de compléter et signer des montagnes de formulaires, mon pad était brûlant et mon poignet douloureux.

Le petit jour filtrait de la canisse et déjà la chaleur moite typique du climat tropical emplissait l’atmosphère. J’avais la nuque raide. Mon pad m’éclaira d’une notification de réception, mon rapport était sous les yeux de mon père. J’étais enfin libre.

Avant de rentrer, je profitais du calme des bureaux pour trouver dans la salle de repos une boisson chaude et un écran allumé. L’actualité était, sans surprise, tournée vers Ventris IV.

Je ne compris pas tout de suite de quoi le journaliste parlait avec son air grave, jusqu’à ce que les premières images du drame me sautèrent aux yeux.

Ventris IV n’était plus qu’une boule de feu titanesque. Le titre en gras sur rouge. Un astéroïde a percuté la planète Ventris IV.

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Liné
Posté le 15/11/2022
Je trouve ça très parlant, que Sahar dise "mon" père et pas "notre" père. Ce simple détail de langage en dit long. D'autant que, d'après les comportements de chacun-es à ce cocktail, le père a l'air de faire plutôt équipe avec Samira...

D'ailleurs, côté intrigue, on avance d'un gros coup ! J'étais justement en train de me méfier de toute ce barda, le cocktail, les mondanités, le fait que par petites touches tu nous présentes une militarisation sur fond de "colonies"... Ça sent pas bon.

Je rejoins à moitié les autres plumes à propos des descriptions : c'est vrai que ces trois premiers chapitres en manquent et, en même temps, je ne les vois pas aligner les passages descriptifs. Comme je ne suis pas férue de littérature imaginaire, j'ai tendance à m'accrocher aux personnages, à leur comportement et à leur psychologie, et pour moi le travail de l'univers inventé passe un peu en second plan. Or, tous ces détails autour des persos, tu l'as déjà. Ceci dit, peut-être que tu pourrais assoir quelques décors ou sensations supplémentaires ? Sans forcément tartiner, ni faire dans le descriptif pur jus ? La toute fin de ce chapitre, par exemple, est positivement surprenante sur le plan de l'intrigue, mais j'ai eu l'impression qu'elle arrivait un peu rapidement, sans construction qui nous fasse "monter" vers cet élément plus que perturbateur. Je sais pas si c'est très clair...

En tout cas, ce début est un vrai plaisir de lecture ! Les personnages sont déjà bien dessinés, avec leurs nuances, leurs conflits familiaux qui risquent maintenant de sacrément déborder sur les autres, pour le coup...

Merci pour ce moment de lecture et à très vite !
Dodonosaure
Posté le 22/11/2022
Merci pour ton commentaire.

Le peu de description est voulu. La narration se fait au travers des yeux de Sahar. Je me vois mal la faire décrire un lieu qu'elle connait par cœur.

Surtout, ses motivations étaient compliquées à présenter. L'option la plus logique était de ramener Sahar à l'essentiel. Comme si elle se répétait un mantra, essayant de l'expliquer avec des mots justes avant de l'écrire dans un journal...

Quant à mon événement perturbateur, tu l'as dit.
Sahar aura bien du mal à faire ses recherches sur Nassyria sans que sa famille ne s'en rende compte. Et surtout, est-elle vraiment certaine qu'elle se sert d'eux et non l'inverse ?
Il y a une formule de naïveté chez elle.

Elle avait besoin d'un choc. Ni elle ni le lecteur je doit imaginer la terrible nouvelle avant qu'elle n'ait lieu.
Plus encore, la surprise accentue le choc.
Comme une catastrophe soudaine et imprévisible qui emporte tout sur son passage.
EryBlack
Posté le 05/11/2022
Salut Dodonosaure ! Un petit commentaire à l'occasion des Histoires d'Or, qui me donnent la chouette opportunité de découvrir ton histoire :)
Je vais être très honnête : des tas de trucs m'accrochent dans l'histoire (vraiment ! Conflit familial, archéologie spatiale, envie de découverte VS envie de profit, et cet événement final qui va sans doute tout bouleverser...) mais un certain nombre d'éléments me posent problème dans l'écriture :
- Comme déjà pointé par Tac, les descriptions me manquent. On est dans l'espace, on passe sur une planète, j'ai envie d'y croire à tout ça !
- Comme déjà pointé par Drago, les temps verbaux posent parfois problème, pas seulement dans ce chapitre-ci d'ailleurs. Tu alternes passé et présent, la concordance des temps n'est pas toujours en règle. Cela se règle avec une bonne relecture et peut-être un coup de pouce niveau correction si tu as besoin ! (C'est le genre de truc que j'aurais pris le temps de faire si on n'était pas en plein dans les HO)
- Au-delà de la concordance des temps, il y a des erreurs. Ce n'est pas grave : ça se corrige, ça ne remet pas en compte la qualité de l'histoire. Mais il y a aussi, et ça c'est un poil plus préoccupant, des formulations qui m'ont posé souci. Un exemple, ces deux phrases : "Pour être une habituée de la fédération, j’y avais obtenu mes diplômes, ce visage m’était pourtant inconnu. Un visage dont tout le charme se hissait en vert clair dans son regard." Le début de la première indique une suite type "Pour être ceci... je savais que cela..." ; là, tu prends une autre direction qui ne colle pas. L'incise "j'y avais obtenu mes diplômes" me semble mal placée aussi. Dans la deuxième phrase, c'est le verbe "se hisser" qui sonne étrange. Tout cela est peut-être en partie subjectif, et je ne veux pas te froisser si ce sont des passages où tu as testé des choses qui sortiraient de l'ordinaire. C'est juste que, et désolée si ça sonne prétentieux, je suis prof de français et c'est le genre de choses sur lesquelles j'essaye d'attirer l'attention quand je corrige des copies. Les règles de syntaxe sont denses et j'ai souvent du mal à les expliquer. Pour essayer de rendre la remarque plus claire, voilà ce que ça aurait pu donner pour ces phrases : "Toute habituée que j'étais de la fédération, où j'avais obtenu mes diplômes, je ne reconnaissais pas ce visage. Un visage dont le charme tenait tout entier au vert clair du regard." En fait il y a une infinité de manières de transformer ce passage donc ignore ma proposition, c'est juste pour illustrer l'idée : certaines formulations sont cohérentes entre elles, d'autres non. Je ne sais pas à quel stade tu en es pour cette histoire (premier jet, ou déjà une version plus avancée ?), mais je pense que repasser sur le style, polir l'écriture, la syntaxe et tout ça donnerait vraiment plus de force à l'ensemble.
- Sur la narration : j'ai trouvé un peu maladroit le début "type journal" alors qu'on est ensuite plutôt clairement sur un récit à la première personne tout simple. Ça fonctionne bien, pour moi on n'a pas besoin du côté journal (ce qui n'empêche pas de préciser que Sahar a des carnets dans lesquels elle prend des notes, c'est même très cool ; simplement ces trois premiers chapitres ne sont pas rédigés comme on rédigerait un journal).

Ce commentaire aligne les critiques, je suis désolée de balancer tout ça d'un coup ! Alors je te le redis : si je me permets tout ça c'est vraiment parce que ça m'a plu, parce que j'ai envie de continuer à lire et que j'ai vu des pistes d'amélioration (en plus un peu dans mon "domaine de compétence", si on peut dire...) à te suggérer. Si quoi que ce soit là-dedans t'aide, j'en serais très heureuse ! Et sinon tu peux parfaitement me dire que tout ça ne t'apporte rien, auquel cas je continuerai à lire en mettant ce radar-là en veilleuse et en me concentrant sur ce qui peut réellement t'être utile (donc n'hésite pas à me dire quoi !).
À bientôt sur la suite, je mets ça dans ma PàL pour continuer plus tard ! Merci de partager ce chouette début d'histoire !
Dodonosaure
Posté le 24/11/2022
Tu vois, le côté descriptif, c'est moins naturel pour un personnage qui a l'habitude de ce genre de choses. Et si on se gardait l'envolée lyrique lorsque quelque chose de vraiment nouveau en mettra plein la vue à Sahar ?

tu peux te laisser aller à critiquer autant que tu le souhaites ! Je note les critiques, je les gardes soigneusement compilées dans mes fichiers pour le grand jour de la relecture.

Actuellement, c'est un premier jet. Je ne relierai que lorsque j'aurais mis le point final au texte.
EryBlack
Posté le 25/11/2022
Je comprends tout à fait l'idée de ne pas faire décrire au personnage des lieux connus pour la cohérence, mais je pense qu'il faut aussi penser aux lecteurs et lectrices :) On peut détourner les descriptions, par exemple en décrivant non pas les lieux mais les interactions de Sahar avec son environnement. Par exemple, qu'elle galère à ouvrir telle porte qui est toujours bloquée parce que le vaisseau a plein de micro-défaillances ; ou au contraire, que les cloisons sont tellement propres qu'elle croise tout le temps son reflet et ça lui fait bizarre ; ou qu'elle n'a jamais aimé la couleur criarde de leurs combinaisons, ou... Les possibilités sont infinies ^^ En tout cas, je ne suggère pas d'intercaler de gros paragraphes de description dans ta narration, plutôt d'infuser des détails visuels dans celle-ci, qui soient au service de la connaissance du personnage et de son environnement direct.
Ça roule pour les remarques ! Je pense que c'est une bonne manière de procéder d'aller au bout de ton premier jet dans un premier temps. Bon vent à cette histoire !
M. de Mont-Tombe
Posté le 05/11/2022
Tu m'as définitivement conquise avec ton histoire ! Elle va aller tout droit dans ma PAL. J'ai hâte de lire la suite, mais je le ferais après en avoir terminé avec les Histoires d'Or.
Je n'ai pas grand-chose à dire sur ce chapitre, je le trouve très bien. Le coup du verre renversé a effectivement été fait un million de fois, mais honnêtement ça ne m'a pas particulièrement choquée dans ma lecture. Tu peux le modifier si tu as trop d'avis négatifs sur la question, mais bon, c'est du chipotage.
Continue à écrire en tout cas, c'est un très beau projet, je suis sûre qu'il trouvera plein de lecteur, que ce soit, oui ailleurs. :)
Dodonosaure
Posté le 24/11/2022
Merci merci !

Tu devrais te poser la question du pourquoi de ce verre renversé ;)
Si cliché, n'est-ce pas ?
Edouard PArle
Posté le 02/11/2022
Coucou !
La rencontre avec le verre renversé ne m'embarque pas trop vu que ça a été fait des tonnes de fois. Après ça plaira sans doute à d'autres lecteurs.
Sinon ce chapitre est intéressant, on découvre plusieurs nouveaux personnages dont le père des deux sœurs. Le numéro de charme vu des yeux de Sahar était intéressant
Belle chute ! Je ne vois pas trop encore quelles vont être les répercussions mais elle fonctionne bien.
Un plaisir,
A bientôt !
Dodonosaure
Posté le 24/11/2022
Peut-être que c'est justement parce que c'est cliché que ça devrait te mettre la puce à l'oreille... *sifflote*
Edouard PArle
Posté le 24/11/2022
"Peut-être que c'est justement parce que c'est cliché que ça devrait te mettre la puce à l'oreille... *sifflote*"
Voilà qui est très intéressant ! Le détournement de cliché est un procédé vachement sympa (=
Zlaw
Posté le 31/10/2022
Bonjour à nouveau, Dodonosaure !


Haha ! Cliché mais adorable, cette rencontre à coup de maladresse ! Aussi, merci pour le coup de pouce sur la prononciation de Channyr, parce que je l'aurais eu incorrecte en tête si tu m'avais laissée dans le noir. En plus, ce genre de détail n'est pas évident à glisser dans la narration de manière fluide, donc bien joué !

Sahar est très paradoxale, à mes yeux. Je n'arrive pas à savoir si elle a un complexe de supériorité ou d'infériorité. Elle est agacée par sa sœur, ne se sent pas estimée par elle (certes, sûrement pas à tort, à première vue), et ne semble pas envier son comportement. Néanmoins, elle ne peut jamais s'empêcher la comparaison. Pourquoi comparer leurs teints, leurs robes ? Est-ce qu'elle ne peuvent pas être toutes les deux jolies à leur façon ? Toutes les deux briller à leur façon ? Samira séduit par la danse, et Sahar a semblé bien accrocher avec Channyr en parlant Histoire. Les gens sont parfois différents sans être mieux ou moins bien. J'ai hâte qu'elle s'en rende compte. Je me serais peut-être attendu à cette façon de penser de la part d'une adolescente, mais elle est trentenaire, de ce que j'ai compris. Après, peut-être que ça me frappe autant parce que j'ai à peu près le même âge et que je pense avoir un défaut similaire. Mais justement, je sais à quel point je ne suis pas une héroïne. xD

Le comportement de son père est à la fois attendu et décevant. Attendu parce que Sahar nous y a un peu préparés dans les chapitres précédents, et décevant parce que malgré cela on espérait quand même qu'elle exagérait un peu. La renvoyer de la fête pour la faire travailler est particulièrement cruel. Surtout qu'elle doit travailler toute la nuit. Mais bon, elle a réussi à faire une belle rencontre, croiser son ancien maître de thèse, et surtout inviter la communauté des Historiens, donc tout n'est pas un échec pour elle. Ce n'est que partie remise ! Et peut-être qu'au fil de ses péripéties elle arrivera à en mettre plein la vue à sa sœur et son père. Ou se détacher de leur approbation. Qui sait.

Je vais être honnête, la significance de leur exploration de Ventris IV dans les chapitres précédents ne m'était pas vraiment apparue. Ou disons plutôt qu'elle m'a échappée. Ce n'est que dans ce chapitre que j'ai compris. Je pensais le terrain connu mais laissé à l'abandon, les distances gardées à cause de la pandémie qu'on savait s'y être produite, alors que là il semblerait qu'en fait tout le système de la planète ait précédemment été perdu. C'est presque difficile à croire, qu'on puisse perdre les coordonnées d'un système. Ou alors la planète était cartographiée mais plus identifiée comme Ventris IV ? J'ai déjà une mauvaise notion des distances sur Terre, alors dans l'Espace, je suis pas aidée. Mais ça n'a rien à voir avec ta façon de raconter, ceci dit. xD

Sur un point purement narratif, la soirée en elle-même est très bien décrite. L'ambiance est posée rapidement mais efficacement. J'adore les scènes de bal et celle-ci est très jolie, même si coupée court par le fait que notre narratrice se fasse en quelque sorte congédier.

Quant à la chute, elle m'a vraiment surprise. C'est un rebondissement inattendu par rapport à un chapitre déjà bien rempli. Je pense que ton histoire a largement tout ce qu'il faut pour faire poursuivre sa lecture sans cet hameçon, mais bon, ce n'est que mon avis, et ce n'est pas choquant non plus. On est au chapitre trois, donc je suis encore en train de bien mémoriser le contexte et les personnages qu'on a déjà vu, ça me paraîtrait presque tôt pour un rebondissement dès maintenant, mais pourquoi pas, ce n'est pas comme si ça ne rentrait pas dans la chronologie. La question que je me pose, cependant, c'est comment le fait qu'ils soient allés là-bas a causé l'explosion. Car ça ne peut pas être une coïncidence. Est-ce que l'astéroïde est celui qu'ils ont évité sur le chemin du retour ? Est-ce qu'il a été redirigé là-bas exprès ? Je présume que les artefacts gagnent encore en valeur si leur lieu d'origine a bel et bien disparu au lieu d'être simplement oublié. Mais ça paraît extrême, comme méthode. Et superflu, aussi. Étrange.


Allez, à la prochaine ! ;-)

P.S.: coquillage ou caillou ? À toi de me le dire :
"une poignée de moins cordiale" -> "une poignée de main cordiale" (non ?)
Dodonosaure
Posté le 24/11/2022
Merci pour ton commentaire Zlaw !

J'ai mis un temps fou à y répondre... C'est fou le travail que ça demande de répondre aux commentaires (et je me plains en plus !)

je me doute que tu es un peu déçue par Samira et son Udyr et... C'est exactement le sentiment que tu dois ressentir. Ils sont si "humains".
De plus, pour appuyer cette façon qu'ils ont de mettre Sahar sur le banc de touche en permanence, je ne pouvais même pas lui permettre de vivre cette soirée en entier.
Dommage, hein ?
Tac
Posté le 31/10/2022
Yo !
J'ai trouvé intéressant ce début d'histoire ! La dynamique familiale des personnages m'intrigue, avec les motifs propres de chacun qui pimentent voire dynamitent leurs vies respectives. Je suis intrigué par ces affaires de ventes spaciales et d'archéologie, le rapport commerce / vente d'armes / possibilité de faire de la recherche a pour moi un chouette potentiel.
Je suis un peu frustré du manque de descriptions, je ne visualise absolument pas les lieux dans lesquels évoluent les personnages et je trouve que par conséquent le récit manque un peu de chair, d'ancrage.
Plein de bisous !
Dodonosaure
Posté le 24/11/2022
Tu n'es pas le premier lecteur à me reprocher le manque de descriptions. J'essaye d'en mettre le moins possible, à dessein, ce texte est censé se vivre autrement.
Le pire c'est qu'il s'agit spécifiquement d'un exercice pour m'apprendre à gérer des textes moins descriptifs... Et tout le monde se plaint XD !

Merci pour ton commentaire !
MrOriendo
Posté le 20/10/2022
Oh, j'aime de plus en plus cette histoire et ce chapitre prend clairement le pas à mes yeux sur les deux premiers !

J'adore la manière dont tu as retranscrit le déroulé de la soirée d'enchères. L'ambiance, les invités, les petits-fours, les coupes d'alcool savamment dosées, et surtout le banc de prédateurs affamés qui viennent dans l'espoir de planter leurs crocs sur une découverte archéologique particulièrement juteuse. Tout ça semble réel, familier, on s'imagine sans difficulté la scène et ça marche du tonnerre. Peut-être le discours de bienvenue d'Udyr est-il un peu bref, même si je comprends l'idée que Samira vienne presser sa sœur de rédiger son rapport.

Et enfin, on plonge dans le mystère !
La destruction de Ventris IV comme effet climax de fin de chapitre, ça marche.
Le lecteur ne peut s'empêcher d'y aller de ses hypothèses, et forcément j'ai la mienne (que j'ai hâte d'aller vérifier...) : ne serait-ce pas un moyen pour Mérawen R&D de s'assurer que personne d'autre ne retrouvera des traces de cette civilisation et de faire bondir le coût de leurs marchandises ?

En tout cas, si je suis le poisson dans cette histoire, le scénario m'a bel et bien happé. La preuve, je suis censé écrire la suite de mon roman, mais je vais plutôt aller lire la suite de celui-ci.

À très vite, donc.
Ori
MrOriendo
Posté le 20/10/2022
Le scénario m'a bel et bien ferré*
Désolé, je fatigue...
Dodonosaure
Posté le 24/11/2022
Tu vois, la seule chose que je regrette dans ce chapitre, c'est de ne pas pouvoir goûter les petits-fours... ;) Ravi que ça t'ai plu.

j'espère que tu as réussi à écrire depuis <3
Dragonwing
Posté le 01/05/2022
Oupsss 😬 Je vois que le récit de la redirection du croiseur n'était pas qu'un simple aparté, après tout. Si ce n'était pas volontaire de leur part, bonjour la bourde. (et si c'était volontaire... malaise)

Attention par contre : tu as basculé d'une narration au présent vers une narration au passé simple sur ce chapitre. Pas très cohérent ^^

C'est chaleureux, l'ambiance dans la famille de Sahar, dis donc... Heureusement qu'elle a l'air de se rattraper en terme d'amis et anciens collègues.
Dodonosaure
Posté le 21/05/2022
Oh je ne m'en suis même pas rendue compte. Merci ! Ton oeil de lynx m'a manqué.

Tu verras, chez les Mérawen, visiblement on aime bien détruire des planètes pour le fun (et l'argent).
Grisélidis80
Posté le 18/09/2021
j'ai hâte de lire la suite.
Quelle pression pour un simple rapport...

C'est dommage que Ventris IV ait explosé mais Sahar saura sans doute faire beaucoup d'autres belles découvertes.
Votre écriture est toujours aussi agréable à lire , vous prenez bien le temps pour amener le fil de conducteur de votre histoire, au moins , on n'est pas perdu.
Dodonosaure
Posté le 18/09/2021
Merci Grisélidis80 ! C'est un commentaire qui fait chaud au coeur.
Ce qu'il y a de plus dommageable avec Ventris IV, c'est qu'elle n'aurait pas dû exploser... ;)
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