On tenta alors de répliquer pour avoir plus d’explications mais aussitôt l’un de ses gardes nous chassa du château de Félicité. Nous étions prises au dépourvu de ce sacrifice admirable fait par notre amie. Je reconnaissais en cette action toute la gentillesse d’Océane. Nous étions toutes abattues par cette triste mais joyeuse nouvelle à la fois. Notre humeur avait immédiatement décliné à l’annonce de ce triste sacrifice. Mais malgré tout, nous devions continuer notre aventure au moins pour elle qui n’avait pas hésité à se sacrifier sagement pour qu’on continue. On savait très bien ce qu'allait endurer notre amie aux côtés de l’hippocampe. Le cœur lourd de tristesse, on remonta donc à la surface. Il nous tardait de finir pour de bon la mission qu’on nous avait confiée pour rendre visite à la gardienne de l’eau. Une fois sur la terre ferme, on alluma immédiatement un feu pour se réchauffer ainsi que nos habits trempés. Pendant ce temps, on se reposa pour reprendre des forces, on avait comme oublié la présence de loups de glace mais ça nous importait peu puisqu’ils nous avaient déjà repéré. Autour des flammes qui dansaient, on ne disait pas un mot mais on savait toutes ce que disait ce long silence. Il fallait se rendre à l’évidence, notre amie nous manquait déjà. Au fur et à mesure de notre quête des liens très forts s'étaient forgés entre nous. Nous ne pouvions pas le nier, même si la vérité était dure à entendre, il y avait très peu de chance qu’on réussisse et j’avais peur que le sacrifice d’Océane ne soit pas à la hauteur de nos actions. Alors que je pensais à notre visite sous marine ma vision commença à décliner, tout ce qui était autour de moi devenait noir et gris mais ce n’était pas tout, des ultrasons atroces emplissaient mes oreilles. Je m’évanouis soudain sur le sol. Je vis d’abord que du noir puis des couleurs s’ajoutèrent au fur et à mesure que je sombrais dans un profond sommeil. J’avais un étrange sentiment de ce que je vivais au monde des songes. On aurait dit que j’étais totalement consciente de ce que je faisais et était comme éveillée dans cet étrange sommeil. Je vivais une scène qui était en train de se produire au moment même où je rêvais, j’en étais certaine. Après la vague de vision floutée qui me submergeait, je vit petit à petit le paysage sous marin puis des personnages. Au fond de l’océan je vit Océane qui suivait la fameuse hippocampe de très près. Elle semblait peu rassurée et se dirigeait d’un pas tremblant. Félicité la quitta tout à coup laissant mon amie en compagnie de deux hippocampes en uniforme. Avec leurs lunettes de soleil noires opaques ne laissant pas apparaître leurs yeux, il était certain qu’ils étaient les fidèles gardes du corps privé de Félicité. Malgré leur absence de bras, ils guidèrent la gardienne de l’eau vers un labyrinthe qui semblait impossible à surmonter. Elle entra soudain dans cette sorte d’épreuve. Je me décida enfin à l’interpeller mais ma voix résonna dans un silence sans fin. Même si je me plaçais pile devant elle, Océane ne me voyait pas et continua son chemin. Aussitôt qu’elle soit à l’intérieur de ce labyrinthe, il se referma l’empêchant ainsi de faire demi-tour et de s’échapper. Puisque je n’était d’aucune utilité face à l’épreuve d’Océane je nageais comme je le pouvais le plus haut possible. De ce fait, je pouvais observer la scène aisément sans me perdre dans ce dédale de couloirs de coraux. Je repèrai facilement le chemin à prendre et pouvais donc savoir si mon amie prenait la bonne direction. Elle était déboussolée et tentait de s'orienter par multiples façons mais rien n’y fait. Océane était déboussolée et perdu à la fois et je me sentais mal pour elle. Assise sur le sable, mon amie semblait anéantie par sa situation. Après quelques minutes de doutes et de remise en question, la gardienne de l’eau se releva plus déterminée que jamais. À l’aide de sa baguette, elle chuchote des paroles pour y créer un sort capable de la sortir de là. Aussitôt les paroles prononcées, un léger courant d’eau la guida. À ma grande surprise, ces petites vagues menaient la gardienne de l’eau dans la bonne direction. Concentrée, Océane se laissait porter par le courant subtil de l’océan. Après quelques minutes, elle réussit enfin à sortir de ce labyrinthe pourtant impossible à franchir. Mon amie rejoint l’hippocampe qui était confortablement installée pour suivre chacun des gestes de sa charmante otage. Ensemble, elles s'adressèrent la parole que je n’entendais pas. Quand leur conversation fut achevée, la gardienne de l’eau quitta la propriétaire du sublime château de sable.
Mon rêve s’arrêta subitement et je me retrouvai face à mes propres pensées. Suite à ça je me levai en sursaut comme si j’étais au fond de l’eau en train de me noyer. Pleine de sueur froide, je réalisai que tout ce que je pensais avoir vécu était seulement un étrange songe. J’espérais du plus profond de mon cœur que tout ce que j’avais imaginé était réel. Mais je savais très bien que tout ce qui s'était produit était juste déclenché par mon immense souhait de revoir Océane. Lorsque j’ouvris les yeux, je m’aperçus que les filles étaient en train de m’observer. Les traits de leurs visages montraient leur inquiétude. Je pris bien le temps de reprendre mes esprits en me relevant avec grande fébrilité. Quand je fus enfin consciente de mes actes, les filles commencèrent alors à me décrire mon état lorsque je dormais. À ce qu’elles disaient, je parlais de manière inquiétante et bougeait sans arrêt. Mais ça c’était du passé et il nous tardait de finir la quête des colliers ancestraux. À présent, il nous manquait seulement deux précieux bijoux pour vaincre Nébula. Sur le chemin, nos esprits étaient embrumés par les derniers souvenirs qu’on avait de notre amie. Le collier de l’eau dans mes mains, je réalisai qu’il était d’une couleur bleu foncé avec quelques reflets ressemblant à l’océan. La pierre qui était utilisée était la sodalite, la pierre de l’harmonie et la protection, elle représentait parfaitement Océane. Pour notre quatrième mission, on devait se rendre aux fameuses “ îles flottantes''. Depuis le début de notre escapade, je m’impatientais de me rendre là bas. La Vallée des nuages me fascinait énormément puisqu’il s’agissait de trois îles dont une centrale qui lévitaient dans les airs. Durant notre trajet, les gardiennes des éléments me parlèrent du royaume de leur enfance. Elles n’hésitaient pas à me raconter tout ce qu’il fallait savoir d’Ophira quand la moindre occasion se présentait. Aux îles flottantes y vivaient majoritairement des fées. Il y avait également ce qu’on appelait les fétauds, ceux ci étaient des fées mais en garçons. De nos jours on entendait très peu parler de ces créatures mais elles existaient bien évidemment. Les elfes peuplaient les forêts tandis que les sorciers habitaient dans la partie Lunéa du royaume. J’adorais les histoires et secrets du royaume que me racontaient les filles. J'espérais profondément qu’après notre escapade je pourrais rester davantage dans ce royaume qui regorgeait de merveilles qui m’étaient encore inconnues. Pendant qu’on errait dans le royaume fantastique, une brise caressait notre visage. Bien qu’elle était douce et agréable, elle était étrange et douteuse. Dans la prairie tout était paisible malgré la sensation lourde d’être observée. Pour certifier mon étrange pressentiment, je me tournai de tous les côtés. Je voulais percevoir la raison de mon sentiment quand mon regard se posa sur une petite forêt d’arbres morts penchés maladroitement sur les côtés.