Mon âme est un soleil bouffi de larmes chaudes,
De flammes sans talent pour taper mes épodes
Sur des touches rougies comme le sont mes joues -
Les odes tendrement sont sens dessus dessous
Je me souviens marmot épris d'un revenir
De ces petits carreaux que mes lettres noircirent
De babils balbutiés, barbotés sans dessein,
De ces premiers sonnets de mon primaire instinct !
Étais-je le crapaud ? Le noble pélican ?
Je me sentais l'amour des poètes mourrants -
Qu'importait mon ego, car enfin aujourd'hui
Corbière encre mes jours, Musset sevre mes nuits
J'idolâtre Rimbaud et fais de lui ma muse !
Lire en toute saison ses errances m'amuse :
Mauvais sang qui me lie à l'enfer qui précède -
Les sanglots de la forme en sons de rimes laides.
Jouvenceau, je le fus. Suis-je encore leur fils ?
Celui du vieux cénacle et Pléiade au mot lisse
Celui du vil Parnasse où se meurt la noblesse ;
Des Princes du bon siècle où la poésie cesse ?
Tout est mort désormais ? La beauté du vers juste,
Les muses évasées, les sonnets trop vétustes ?
Moi je suis ceux d'hier et je suis mille moi ;
Ma lyre a tous les noms et fait feu de tout bois.
Les Anciens disposaient sous la céleste voûte
Autant d'anthologies que de lauriers sans doute.
Raisonnent-ils, du reste, ainsi que l'éditeur
Pour qui des fronts sans ride ont souffert trop d'honneurs ?
À la lecture de celui-ci, j'ai eu une bouffée de nostalgie, car je me suis souvenue de ces moments où je lisais à voix haute ses écrits.
J'ai adoré lire votre poème et j'ai aimé chaque mot, chaque vers, chaque strophe écrite.
:)
Tout n'est pas mort désormais, je te rassure : ni a beauté du vers juste, ni les muses évasées, ni les sonnets qui, sous ta plume, n'ont rien de vétuste ;)
Il me semble que de tout temps la culture a été composée d'un très gros pourcentage de futilités. Et comme j'aime à le dire : "l'œuvre ne crie pas son nom ; pourtant le temps lui fait écho".
Pour avoir surtout lu Corbière et très peu encore les autres poètes que tu cites (honte à moi), je ne peux qu'acquiescer lorsque tu te compares à son crapaud 😋
"Moi je suis ceux d'hier et je suis mille moi ;
Ma lyre a tous les noms et fait feu de tout bois."
J'aime particulièrement ces deux vers pour tout ce qu'ils semblent dire ou ce que je crois y entendre. Au plaisir de continuer à vous lire.
Je relis plusieurs fois ce poème et pourtant je ne m'en lasse pas...je suis fan !! Tout est si bien dit, les vers si bien agencés... J'aime la référence à Rimbaud xD mais il y a de son style dans ton écriture, comme si je lisais un de ces poèmes anciens ! C'est mature et beau surtout.
J'ai beaucoup adoré la quatrième strophe et surtout, le premier vers de celle-ci.
Heureux de vous avoir lu.