Le Chemin des Lucioles

Par Draguel
Notes de l’auteur : Cette nouvelle me sert d'entrainement à l'écriture pour que l'histoire principale que je publierai ultérieurement soit meilleur que ce que je pourrais produire actuellement.

Quand la nuit tombe, il n'est pas sage de rester dehors. De nombreuses choses peuvent alors survenir. Des silhouettes qui se déplacent, des créatures qui se réveillent. Il faut être un fou ou un aventurier pour braver ce conseil. Mais quand le frisson du danger vous sillonne des pieds à la tête, il est parfois difficile d'y résister.

 

Avançant dans la sinistre forêt, il ne put s'orienter que grâce à la lumière de la lune qui perçait à travers les branchages. Sur le qui-vive et à l'affût du moindre bruit suspect, il s'enfonça plus profondément entre les arbres. Dernièrement, des rumeurs courraient sur ce lieu hanté. Une sorcière y aurait élu domicile, tuant petit à petit la faune et la flore locale. Il ne put que donner du crédit à ses on-dits, à ses pieds gisaient les carcasses crissantes des feuillages disparus. Tout ce qui faisait la beauté de cette forêt recouvrait maintenant le sol. Même les animaux ne donnaient plus aucun signe de vie. Elle avait été désertée, abandonnée.

Ses longs égarements à travers les bois furent une terrible erreur. Il ne s'en rendit compte que trop tard, quand il releva la tête. Elle se trouvait là, devant lui. La sorcière. Quelle bêtise se fut de passer outre les avertissements. Le voilà qui était figé, piégé par la peur et la sorcellerie de la mégère. Incapable de bouger, il eut tout le déplaisir d'observer sa tortionnaire. Elle était en tout point similaire aux vieilles histoires. Son doigt tordu et difforme pointait dans une direction, elle semblait ne pas l'avoir remarqué. Sa face tournée dans le même sens laissait poindre son long nez crochu. Ses longs cheveux ressemblaient à de la paille et lui donnait l'air d'une folle. D'une folle extrêmement dangereuse. L'heure n'était plus aux vagabondages, il fallait se libérer et fuir avant qu'elle ne l'aperçoivent mais son corps restait paralysé. Cherchant désespérément une solution pour se sortir de ce guêpier, il remarqua au loin une lumière cachée derrière les arbres. Comment était-ce possible ? Peu importait, cette espoir inattendu venait de le défaire de ses entraves. C'était l'occasion rêvée. Sans se retourner il courut en direction de la lumière salvatrice. Quand il arriva à son niveau, il parvint à distinguer sa provenance. Il s'agissait de points lumineux qui virevoltaient dans les airs, comme s'ils attendaient. Des lucioles ? Ici ? Auraient-elles volontairement pénétré dans le territoire de la sorcière pour l'en libérer ? Voyant en leur venue une aide miraculeuse, il se décida à les suivre. Elles volaient rassembler en petits groupes et à une distance régulière les uns des autres. En suivant du regard la formation qu'elles dessinaient il était possible de voir qu'elles traçaient un chemin pour écarter les ombres et protéger les marcheurs de leur lumière. Constatant que la sorcière ne l'avait pas suivi, il quitta l'orée de la forêt pour une nouvelle étape tout aussi sombre, mais cette fois sous le couvert des lucioles.

 

Elles le menèrent hors de la forêt et de l'antre de la sorcière. L'humus avait laissé place à un sol dur et noir et les arbres de bois à des murs de pierre. Pourtant le danger ne semblait pas avoir quitter son sillage. En passant près de l'un de ses murs de pierre, il entendit un grondement sourd de l'autre côté. Il ne s'y attarda pas, préférant éviter tout autre mésaventure, et continua sa route jusqu'à ce que le mur s'efface et ne soit plus qu'un grillage. De grondement, le son se changea en hurlement. De l'autre côté, une bête sauvage se jeta à son cou. Mais les crocs n'atteignirent jamais sa gorge. Surpris par l'attaque, il tomba au sol.

Il mit du temps à récupérer ses esprits et à voir que la bête était piégée, incapable de passer au-delà des barres de fer. Mais que faisait une telle créature si proche des bâtisses humaines ? Avait-elle fui la forêt ? Venait-elle traquer de nouvelle proie ? Qu'importe ! Elle était en cage désormais, là où ses crocs ne pouvaient l'atteindre. Il se releva, honteux d'avoir été mis à terre par un si piètre adversaire. De toute sa stature, il nargua l'animal qui l'avait effrayé quelques instants plus tôt. Derrière, une porte s'ouvrit sur un immense homme qui beugla sur la bête. Un ogre ! Son énorme panse à l'air dégageait une odeur pestilentielle à mi-chemin entre l'alcool et la moisissure. Il franchit le seuil de la maison et cria pour faire taire l'animal. Il détourna alors le regard et se mit à proférer des sons incompréhensibles à l'allure de menace tout en agitant son bras. Quand il arriva à la lisière de la lumière celle-ci l'éblouit et il dût se cacher les yeux, hébété. Il n'en fallut pas plus pour se sortir de la stupeur que la scène créait. Sans attendre que l'ogre reprenne ses esprits, il suivit le chemin qu'indiquait les lucioles.

 

Le vent se faisait de plus en plus présent à mesure qu'il poursuivait sa route. Et avec lui, le froid mordant. Pas à pas, l'air glacé s'infiltrait à travers ses couches de vêtement et lui lacérait la peau. Après une sorcière, et un ogre avec sa bête sauvage, il était maintenant en prise avec les éléments, mais cet ennemi ne pouvait être vaincu. Le fuir était une tâche tout aussi compliquée. Malgré la poussière qui lui arrivait dans les yeux, il poursuivit son chemin, guidé par les douces lanternes des lucioles. Derrière cet assaut de la nature, il comprit que le pire était à venir. Il ne s'agissait pas d'une attaque mais d'un présage quant-à une menace bien plus palpable. En effet, le souffle glacé de la mort l'avait conduit devant une funèbre maison.

Elle hantait ses cauchemars depuis toujours, elle et son sombre occupant. Les gens disaient que son ancien habitant avait péri, mais lui connaissait la vérité. Il l'avait vu. Un être revenu d'entre-les-morts. Il le revoyait encore à la fenêtre, les yeux livides fixés sur lui. La peau blafarde tacheté par les marques de l'Outre-tombe et la mâchoire tombante. Cette aberration ne devait sa survie qu'au pacte conclut avec un démon. Non ! Ce n'était pas qu'une image issue de son souvenir. Il était bien là, face à lui, à le fixer de ses mêmes yeux sans vie. Sa réaction fut immédiate. La fuite ! Face à une telle terreur, il eut de la chance que son corps réagisse à sa volonté. Il courut encore plus vite et plus longtemps qu'il dût échapper à la sorcière.

Quand il s'arrêta, à bout de souffle, l'air glacial lui emplissait les poumons et les ténèbres l'entourait. Heureusement à travers ce voile obscur il fut aisé de retrouver la trace des lucioles. Les rejoindre était un autre problème. Entre ses pieds de petits mouvements d'air laissaient supposer le passage de bête velue. Mais ce fut l'impression qu'une main fantomatique lui attrape la cheville qui le fit crier et rechercher la protection de la lumière. À sa cheville, aucune trace de l'agression ne laissait croire qu'il s'était passé quelque chose. Il n'oublierai sans doute jamais cette horrible sensation. Sous cet cloche lumineuse, les créatures de la nuit ne pouvaient plus rien lui faire. Il reprit alors son chemin espérant que son périple touche enfin à son terme. Elles répondirent à sa détresse puisqu'elles venaient de le mener au bout du chemin, en face d'une porte d'où il ressentait une agréable chaleur. Il attrapa la poignée et avec courage ouvrit la porte.

 

« Maman, je suis rentré ! »

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Edouard PArle
Posté le 09/09/2021
Salut !
C'est une très bonne idée d'écrire des nouvelles pour améliorer son style.
C'est plutôt bien écrit, très riche, on voit que tu as une imagination débordante. Pour le coup, ça pose un peu problème vu que tu exposes certains personnages qui ne servent pas à grand chose et que tu balayes aussitôt. Après, pour des romans le problème ne se posera plus (=
J'ai remarqué quelques coquilles :
"des rumeurs courraient" un seul r (y en a 2 seulement au conditionnel)
"avant qu'elle ne l'aperçoivent" -> aperçoive
"pas avoir quitter son sillage" -> quitté
"traquer de nouvelle proie ?" -> de nouvelles proies
Bien à toi (=
Draguel
Posté le 19/09/2021
Bonsoir !
Merci beaucoup ! Effectivement les personnages ne servent pas à grand chose, et en même temps ce n'est pas l'intérêt que je cherchais. j'ai simplement essayé de montrer un enfant qui change sa banale réalité par sa propre imagination, le temps d'égayer son retour de l'école. Pardon aux voisins comparés à des ogres et autres morts-vivants.
Merci pour les coquilles !
Helios Croc
Posté le 19/12/2019
Super histoire ! Brrr je vais peut-être faire des cauchemars cette nuit ! j'aime bien l'idée de la "déréalisation". Ce serait intéressant de développer les personnages qu'ils rencontrent. Je n'ai pas bien compris, par exemple, comment la sorcière l'avait emprisonné ? Peut-être que ce serait intéressant d'indiquer dans l'intro d'une manière détournée que ton personnage a besoin de rentrer chez lui et que toutes ces horreurs l'en empêchent ? Parce qu'on frissonnera plus pour ton personnage si on sait ce qu'il doit faire et qu'on partage ses peurs.
Bravo en tout cas, joli style !
Draguel
Posté le 19/12/2019
Haha merci :D Si ce texte risque de te donner des cauchemars je ne t'inviterais pas dans ma tête tu risquerais de mourir de peur ou de sombrer dans la folie :p
Oui moi aussi, c'est d'ailleurs ce que j'applique dans ma vie de tous les jours. J'ajoute un filtre "imagination" sur ma réalité pour qu'elle soit plus amusante :D
Merci pour les différents points que tu soulèves, je vais retravailler ça :)
En soi toutes les horreurs qu'il affronte sont des transformations de la réalité par son imagination donc ses seules peurs sont celles qu'il se crée.
Merci comme c'est l'un des premiers textes que j'écris je ne sais pas trop si j'ai un style ni s'il est trop lourd trop lent ou trop quelque chose alors ça me fait plaisir d'avoir un petit commentaire dessus :p
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