La princesse guerrière

Par Sebours

La plante génère la graine, le vent la transporte, la terre lui donne une assise et l’eau la nourrit. C’est ainsi que les élémentaires conquerront le monde !

Serment secret de la confrérie des élémentaires

 

Pour le premier jour du mois de Génoi, il faisait un temps superbe sur la plage de Neptnas. La reconstruction du village ne laissait paraître aucun stigmate des ravages provoqués par le surprenant raid orc lancé en pleine trêve séculaire. Epiphone attendait avec impatience l’arrivée de la famille des Marteaux d’Airain. La princesse dryade faisait les cent pas, pieds nus dans le sable mouillé par les reflux de la mer. Ces moments d’introspection au contact de l’écume lui donnaient le sentiment d’être au contact de Génoas-Khal elle-même.

Lorsqu’Iphigénie vint l’extirper de sa méditation contemplative, Epiphone se hâta. Elle sécha ses pieds, effectua ses ablutions puis enfila sa tunique de lin. Depuis peu, celle-ci comportait une grande ligne rouge verticale pour la distinguée des autres. Elle symbolisait la place grandissante et prépondérante qu’occupait progressivement la princesse meurtrie d’Anulune au sein de la bannière de Génoas-Khal. Epiphone avait choisi le rouge parce qu’il représentait la guerre qu’il faudrait mener et le sang qu’il faudrait verser pour parvenir à une paix universelle. Une fois apprêtée, elle rejoignit la petite délégation naine qui l’attendait dans la salle communale préparée pour l’occasion.

« Mes chers amis, je suis ravie de vous revoir enfin ! » déclama Epiphone avec son timbre chaleureux dont elle savait si habilement jouer pour séduire son auditoire. « Quelle raison si mystérieuse et cruciale nous vaut l’honneur de la famille des Marteaux d’Airain au grand complet ? D’habitude, Krim le fougueux s’acquitte parfaitement seul des nécessités diplomatiques et contractuels. »

Si la forme de la question apparaissait subtile et envoûtante, le fond n’en était pas moins direct et rustre. Cette dichotomie n’outragea pas outre mesure Nomrad, la matriarche naine. Celle-ci resta impassible et entra également directement dans le vif du sujet.

« Honorable princesse Epiphone, si nous sommes tous aujourd’hui ici présents ; c’est pour vous entretenir d’une proposition hors norme, impossible à traiter par voix épistolaire. »

La maître forgeronne n’éludait pas le but de sa visite, ce qui mis Epiphone dans les meilleures dispositions. Elle-même n’aimait pas tourner autour du pot et continua cette discussion franche et sans contour.

« Êtes-vous venus nous proposer de nouvelles armes ? » interrogea la princesse.

« Hum ! Certes non princesse. Mais nous aurions besoin de la plus grande discrétion. » intervint le sage Tordur. Il balaya l’auditoire du regard. «  Hum ! Pourrions-nous nous entretenir en privé. »

La dévouée Iphigénie se leva, prit Hector par la main et sortit en invitant ses congénères à l’imiter. La salle se vida rapidement, laissant Epiphone seule avec les trois membres des Marteaux d’Airain. Les quatre s’installèrent sur deux banquettes-canapés de rotin, sous le puits de lumière, à l’abri des oreilles indiscrètes. Une fois dans ces excellentes conditions, Nomrad dévoila sa proposition.

« L’accord nous attribuant une concession dans les îles du ponant s’avère bénéfique pour nos deux peuples. Nous avons développé des côtes supplémentaires avec nos excavations. Les nains ont obtenu une mine, une flotte et un comptoir florissant. Les dryades ont gagné des armes forgées sur mesure et des territoires complémentaires. Eh bien, nous voudrions renouveler ce type d’alliance. »

« Je vous l’accorde, matriarche Nomrad. Nous sommes tous gagnants dans notre accord, mais où pourrions-nous le renouveler ? Il n’existe aucun autre archipel sur la mer annulaire. » concéda la dryade.

« C’est pourquoi nous vous proposons d’en créer ! »

« Par Génoas-Khal, votre avidité vous fait perdre la raison ! Enfin, matriarche Nomrad, vous envisagez réellement de vous substituer à Nunn, le créateur de toute chose ! »

« Mais nous l’avons déjà fait vénérable Epiphone. Songez à l’île que nous avons créée de toutes pièces à l’embouchure du Drül ! Vous avez marché dessus. C’est possible ! »

« Coo...comment ? » Abasourdie, la dryade se tassa quelques peu.

« Ha ! Par ma hache, je vous côtoie depuis suffisamment longtemps pour connaître le pouvoir hydrokinésique de votre peuple. Couplé aux talents de foreurs des nains, l’entreprise sera facile. Ha ! Ha ! » Le fougueux Krim n’était pas parvenu à retenir sa langue. Mais sa déclaration plongeait Epiphone dans la perplexité plus qu’elle ne l’éclairait.

« Ce que veut vous expliquer mon fils, c’est que nous avons réfléchi à une manière de créer de nouveaux archipels en conjuguant les compétences propres à nos deux peuples. »

Le sage Tordur déroula un parchemin sur la petite table de salon. En analysant les croquis griffonnés, la princesse dryade commença a deviné l’entreprise envisagée par les nains. Le vénérable technicien détailla sa vision des étapes à suivre en désignant successivement les différents dessins.

« Hum ! Comme Krim a tenté de le dire avec la fougue de sa jeunesse, nous aurions besoin que vous, dryades utilisiez vos pouvoirs hydro-kinésiques pour former des sortes de trous dans la mer. Nous, nains, enverrions une cohorte de mineurs pour creuser un tunnel. Nous comblerions le... hum... « trou dans la mer » jusqu’à former une île. » Une fois son exposé terminé, d’un simple regard Tordur transmit la parole à sa matriarche, Nomrad.

« Princesse Epiphone, votre peuple serait-il en capacité à réaliser un tel prodige ? Et surtout, serait-il d’accord pour l’exécuter ? »

Epiphone allait de surprise en surprise avec ces nains ! Elle qui pensait que les Marteaux d’Airain allaient simplement lui présenter de nouvelles armes. Ils lui offraient sur un plateau de nouveaux territoires. Ce peuple industrieux pouvait faire tellement pour la nature et son développement. Combien de nouvelles côtes pourrait-on coloniser ? Ce ne serait qu’un juste retour des choses au regard des dévastations qu’avait enduré la baie d’Anulune.

Qu’il était dommage que Bivot, son serviable ami Bivot, ne soit pas présent pour la conseiller et l’assister dans les négociations à venir. Elle se remémorait néanmoins son conseil le plus adapté à la situation présente : Lorsqu’on nous propose quelque chose alors que nous ne sommes pas demandeurs, nous sommes en position de force pour négocier. Mais cette offre apparaissait comme un don du ciel. Epiphone connaissait toutes les peines du monde à constituer un corps d’élite pour la future armée des peuples élémentaires. Elle bataillait depuis des lustres avec l’ensemble des dirigeants des peuples de la mer pour mobiliser les plus talentueux représentants dryades sans parvenir à ses fins. Et les Marteaux d’Airain lui apportaient un fabuleux prétexte sur un plateau. Elle obtenait enfin un objectif autour duquel unir les meilleurs hydro-kinésistes. La princesse d’Anulune la meurtrie envisageait déjà la création de ces îles comme la première marche d’un cursus de former des guerriers d’élite. La proposition de la matriarche Nomrad constituait une chance, mais cela n’empêchait pas Epiphone de négocier.

« Chers Marteaux d’Airain, votre proposition pourrait intéresser les peuples de la mer. Cependant, je rechigne à négocier encore avec une famille qui pratique l’esclavage. Cela va à l’encontre de la doctrine de Génoas-Khal. »

« Par ma hache ! Vous voudriez nous imposer la religion de votre déesse ! Jamais ! Nous resterons toujours fidèles à Dmor-Khal ! Ha ! » Décidément, Krim méritait bien son patronyme de fougueux. Heureusement que sa mère était présente pour tempérer les esprits.

« Ce qu’a maladroitement voulu dire mon fils, c’est que la famille des Marteaux d’Airain ne tolérera aucune ingérence dans la gestion de ses affaires. Néanmoins, je m’engage personnellement à considérer votre requête. J’étais moi-même réfractaire à l’idée d’utiliser l’esclavage, et je le suis toujours. Malheureusement, je n’avais à l’époque pas d’autre solution ! Il est peut-être temps pour ma famille de repenser son modèle économique. »

Pour Epiphone, cette réponse évasive et politiquement correcte de la matriarche Nomrad avait tout du mensonge. C’était une fin de non-recevoir enrobée de bons sentiments. Par conviction, la dryade avait tenté sa chance, à présent elle débuta réellement les négociations.

« Votre engagement vous honore, matriarche Nomrad, mais que nous proposez-vous de concret au-delà de cette belle promesse ? Des territoires, soit, mais qui demanderont du travail pour devenir fertiles. Votre famille se retrouvera fortement renforcée par cet accord avec de nouvelles mines et de nouveaux comptoirs. »

« Hum ! Princesse Epiphone, nous vous proposons déjà des armes sur mesures à des prix défiant toute concurrence. Hum ! A part augmenter le volume de production ou baisser le prix des armes, que pourrions-nous vous proposer de plus ? »

Epiphone se souvenait des lamentations de son ami Bivot concernant le protectionnisme des nains. Le vénérable gnome lui avait expliqué la complexité de la géopolitique des comptoirs. Les seules succursales autorisées de droit par le pacte des Sept se situaient dans les capitales des différents royaumes. A force de tractations, les gnomes étaient parvenus à s’établir partout, même aux confins de l’Orcania. Pourtant, ces fins négociants n’avaient jamais obtenu un droit d’accès dans le territoire nain. Le peuple de Fladalf-Khal éprouvait même toutes les peines du monde à alimenter leur comptoir de la capitale de Neggudur. Du fait de la culture très autocentrée de Génoas-Khal, Epiphone avait eut du mal à comprendre le jeu de la diplomatie des comptoirs commerciaux qui jouaient le rôle de véritables ambassades. Jusqu’à présent, les peuples de la mer s’étaient toujours contenté du strict minimum avec un seul représentant logeant dans une bâtisse des plus simples. Et la dryade voulait faire évoluer ce positionnement pour poursuivre l’affirmation des peuples élémentaires.

« J’entrevois ma foi quelques possibilités. Tout d’abord, les peuples élémentaires désireraient obtenir des concessions pour établir des comptoirs dans l’infra-monde. Voilà des millénaires que vous en refusez aux gnomes alors qu’ils vous accordent sans condition un accès à leurs marchés. »

« Par ma hache ! Vous avez perdu la tête princesse Epiphone. Ha ! Jamais le roi Garrak du clan des diamant-charbon n’acceptera l’établissement d’un comptoir dans l’infra-monde ! » Avec son franc parlé, Krim symbolisait la xénophobie naine dans toute sa spendeur.

« Un comptoir pour un comptoir. Le contrat me semble honnête. Il est hors de question que je vous ouvre les portes du territoire dryade sans contre-partie ! » Le ton de la princesse dryade se faisait plus ferme.

« Hum ! Tu as raison Krim. Il nous est impossible d’octroyer une concession dans l’infra-monde sans l’accord du roi Garrak… Hum !...sauf dans un territoire qui n’existe pas. » Krim demeurait pantois face à cette dernière remarque.

« Tu es toujours de bon conseil mon brave Trodur ! Il est vrai que le roi Garrak n’a aucun droit sur un territoire qui n’existe pas. »

« Mais que dites-vous matriarche Nomrad ! Vous avez perdu la raison ! J’exprime mon désir d’obtenir un accès à l’infra-monde et vous élucubrer sur un territoire qui n’existe pas ! » Perdant sa contenance, Epiphone se leva et commença à faire les cents pas.

« Calmez-vous princesse Epiphone. Il y a une légère méprise. La famille des Marteaux d’Airain cherche à développer son propre territoire dans l’infra-monde. Nous le faisons néanmoins en cachette des grands clans nains car ceux-ci s’accapareraient ces nouveaux mondes s’ils en avaient connaissance. Et nous appelons cette zone secrète le territoire qui n’existe pas. La création de nouvelles îles fait partie de cette stratégie de développement. Ce que les Marteaux d’Airain peuvent vous offrir, c’est l’accès à ces territoires non officiels. »

« Vous me proposez donc quelque chose d’aussi illégal que l’esclavagisme, matriarche Nomrad ! Dès que le roi Garrak aura vent de la chose, nos comptoirs seront saisis au même titre que vos territoires ! »

« Il n’en sera rien ! Je propose aux peuples de la mer un pari sur l’avenir. Ma famille cherche à créer son propre clan autonome. Dès que celui-ci sera reconnu, nos territoires rejoindront officiellement les royaumes de l’infra-monde. Un comptoir sur une proto-île infertile contre un comptoir dans un territoire qui n’existe pas. Comme vous l’avez dit vous-même princesse, le contrat me semble honnête. »

Comme tous ses congénères nains, Nomrad se révélait une habile négociatrice, surtout accompagné du vénérable Tordur. Étant donné l’ampleur de l’accord envisagé, Epiphone comprenait mieux pourquoi les Marteaux d’Argent n’avaient pas dépêché le seul Krim le fougueux. La dryade regrettait de plus en plus de ne pas avoir convié ses amis de la confrérie élémentaire. Elle ne s’en sortait pas si mal, mais elle pouvait peut-être encore soutirer quelques avantages.

« Ma foi, matriarche Nomrad, le contrat semble honnête. Néanmoins, les peuples de la mer souhaiteraient en plus de cela que la bannière de Dmor-Khal nous apporte ses compétences militaires. Comme vous le savez, Génoas-Khal enseigne avant tous le pacifisme et la résilience. De ce fait, nous ne possédons pas d’armées ni de chefs de guerre contrairement à vous. Nous signerons certainement un accord si vous organisez un enseignement stratégique et militaire et que nous obtenions enfin des soldats et des gradés aptes à utiliser les armes que vous nous fournirez grâce à vos nouvelles mines et nouvelles forges ! »

« Princesse Epiphone, votre requête est surprenante, je dirais même inattendue. Pouvez-vous nous accorder quelques instants de réflexions ? » bredouilla la matriarche Nomrad.

« Cela va de soi. Prenez votre temps. » répondit la dryade sur un ton rassénéré.

Cette simple hésitation de la matriarche prouvait à Epiphone qu’elle avait visé juste. Décidément, cette proposition naine ressemblait de plus en plus à une opportunité à ne pas rater ! Les trois membres s’éloignèrent de quelques pas pour établir un conciliabule dont la princesse ne percevait que des bribes de mots. Comme son langage nain était un peu rouillé, elle préféra ne pas tenter de percer les secrets de la tractation. Par contre, elle songea qu’il faudrait qu’elle se force à pratiquer d’autres idiomes que le nausiquin et l’elfique. Les échanges furent rapides et ne rencontrèrent pas d’éclats de voix, ce qui pouvait laisser croire à un consensus des ambassadeurs. La maître forgeron flanquée de ses deux acolytes revint le sourire aux lèvres et tendit sa main.

« Je pense que toutes les conditions sont réunies pour que nous scellions un nouvel accord profitable à nos deux peuples. »

« Je le pense également ! »

Epiphone tendit également sa main et saisit l’avant-bras Nomrad. Le contrat était conclu. La princesse imaginait déjà ses nouveaux territoires et ses nouvelles troupes d’élites. Oui, cet accord serait profitable aux peuples de la mer.

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Peridotite
Posté le 03/04/2023
Coucou Sébours,

Un chapitre sympa, les négociations vont bon train entre les Nains et les Dryades.

J’ai lu le commentaire de Sylvain et je suis d’accord avec lui. D’une, tu soulèves des questions sur les pouvoirs de chacun et de ce qu’ils sont capables de créer ensemble. C’est assez gigantesques et ça peut ne pas se limiter uniquement à la formation d’îles. Aussi, n’ont-ils pas peur de donner trop de puissance à l’autre peuple ? Ils devraient en effet se dire qu’ils peuvent être doublés facilement. Et en quoi les îles sont cruciales pour les dryades aussi ? Elles ne vivent pas sous l’eau, dans un royaume marin ? Enfin, que souhaite faire Epiphone avec un comptoir sous-terrain ? Que commerce les dryades ? Qu’a-t-elle en tête ? Souhaite-t-elle créer une sorte de tunnel qui relie son royaume sous l’eau à celui sous-« sous l’eau » (celui des Nains) ?

Notes de lecture :

« puis enfila sa tunique de lin. Depuis peu, celle-ci comportait une grande ligne rouge verticale pour la distinguée des autres. »
> Où est cette ligne ? devant/derrière ? Le long de toute la robe ?
> Distinguer

« Elle symbolisait la place grandissante et prépondérante qu’occupait progressivement la princesse meurtrie d’Anulune au sein de la bannière de Génoas-Khal. Epiphone avait choisi le rouge parce qu’il représentait la guerre qu’il faudrait mener et le sang qu’il faudrait verser pour parvenir à une paix universelle. »
> J’inverserais les deux phrases. L’explication de pourquoi le rouge découle direct de la description de la ligne rouge. Puis une fois décrits, c’est plus logique de dire ce qu’elle symbolise, comme ça tu regroupes les idées ensemble.

« Celle-ci resta impassible et entra également directement dans le vif du sujet. »
> Je n’aime pas trop les deux adverbes qui se suivent.

« ce qui mis Epiphone”
> mit

“cette discussion franche et sans contour. »
> Non pas sans contour, la discussion a bel et bien un cadre. Sans détour tu veux dire non ?

« prit Hector par la main »
> Tu ne dis pas que Hector est présent au conseil avec eux avant.

« deux banquettes-canapés de rotin »
> en rotin non ?

« nous aurions besoin que vous, dryades utilisiez vos pouvoirs hydro-kinésiques pour former des sortes de trous dans la mer. Nous, nains, enverrions une cohorte de mineurs pour creuser un tunnel. Nous comblerions le... hum... « trou dans la mer » jusqu’à former une île. »
> En fait, pourquoi ont-ils besoin d’une île artificielle ? Pour leurs bateaux (je comprendrais) ? Ou pour leurs cheminées ? Pourquoi ne pas faire d’immenses cheminées qui sortent des eaux s’ils ont de tels pouvoirs ?

« votre peuple serait-il en capacité à réaliser un tel prodige ? »
> De réaliser, non ?

« Epiphone avait eut du mal »
> eu

« le roi Garrak”
> Qui est ce roi, j’ai oublié ? Et pourquoi se soucient-ils soudain de lui ?

Les cartes se mettent en place peu à peu, les négociations avancent et des blocs d'alliés/d'ennemis se forment progressivement, même si pour l'instant, aucun n'est vraiment ennemi de personne. Mais je pense que ça va venir...

Au plaisir de lire la suite,
Sebours
Posté le 03/04/2023
Salut Peridotite!

Ahlala! J'avais totalement oublié cette histoire de comptoir dryade dans l'inframonde! Sur l'instant l'idée me paraissait intéressante mais je ne l'ai pas du tout exploitée!

Alors les dryades vivent au bord de la mer, pas sous l'eau (contrairement à certains de leurs peuples alliés). Il faudra peut-être que je le détaille plus. Si tu ne l'a pas compris, c'est qu'il y a des ambiguïtés dans mes descriptions.

Que commercent les dryades? J'y réfléchit encore. Je pensait au sel notamment avec les marais salants... et une concurrence potentielle avec les mines de sel.

Les dryades ont le pouvoir de créer des trous dans la mer mais pas les nains. Si les nains creusaient un tunnel qui sortait en pleine mer, l'inframonde serait submergé. Par contre, les dryades ne dispose pas de remblais suffisants pour créer une île, contrairement aux nains. Eux creusent des galeries pour le pays qui n'existe pas. D'ailleurs, c'est pour ça que les nains déposaient leurs remblais au bout du monde. On ne les voyaient pas le faire et le rebord était presque immergé (quelques mètres de profondeurs) et permettait de déverser les excavations.

Ce week-end, j'ai eut une idée mais je me demande si elle st bonne. Donc je te demande ton avis. En fait, j'ai peur d'être taxé de wokisme, de recherche forcée d''inclusion. En fait, je me demande si c'est une bonne idée de faire de Nomrad un personnage lesbien. Cela justifierait peut-être mieux son refus de mariage, son mal-être et son abus de boisson car ces relations ne sont pas tolérées dans l'inframonde. Et "simplifierait" la relation du début avec le nain d'or (Grudar). Pas de séduction, juste un marché avec le chantage de révéler le penchant de Nomrad pour la gente féminine. Voila donc une idée que je sais pas si c'est une bonne idée!

Pour la fin de l'histoire, qui est le début du conflit, j'ai mis du temps, mais tu verras, tout s'emboite bien!
Peridotite
Posté le 04/04/2023
« Les dryades ont le pouvoir de créer des trous dans la mer mais pas les nains. Si les nains creusaient un tunnel qui sortait en pleine mer, l'inframonde serait submergé. »
> Oui mais pas si les dryades maintenaient le trou dans l’eau au cours de la construction, ils pourraient construire leurs cheminées sans besoin d’îles ?

« En fait, j'ai peur d'être taxé de wokisme, de recherche forcée d''inclusion. En fait, je me demande si c'est une bonne idée de faire de Nomrad un personnage lesbien. Cela justifierait peut-être mieux son refus de mariage, son mal-être et son abus de boisson car ces relations ne sont pas tolérées dans l'inframonde. Et "simplifierait" la relation du début avec le nain d'or (Grudar). Pas de séduction, juste un marché avec le chantage de révéler le penchant de Nomrad pour la gente féminine. Voila donc une idée que je sais pas si c'est une bonne idée!”
> D’abord, fais ce que tu veux et ce qui te semble le mieux pour l’histoire, sans forcément penser en terme d’extrême gauche ou d’extrême droite. C’est un roman et pas la vraie vie de toute façon. De nos jours, parler des queers et placer un perso gay dans toute histoire est à la mode, mais combien de temps ça va durer ? Regarde il y a 10 ans, c’était la même chose, mais avec les vegans. Or, on n’en entend plus parler maintenant. Donc à mon sens, si ça ne sert pas l’histoire ni ton thème, ce n’est pas forcément utile d’en caser juste pour cocher les cases des récits actuels. À mes yeux, rêver d’une romance gay peut même passer pour un fantasme d’hetéro (de nos jours, ça passe, mais pour combien de temps ? C'est parfois limite je trouve). Tu remarqueras d’ailleurs que les hétéros qui incluent des persos gays dans leur histoire le font souvent en inversé : les femmes fantasment sur les hommes gays et les hommes sur les lesbiennes, donc c’est parfois difficile de séparer ce qui est un fantasme lors de l’écriture, ou une vraie volonté de parler des problèmes que rencontrent les queers au jour le jour. Je te dis ça alors que j’étais moi-même queer plus jeune : ma première relation a été avec une femme, j’ai vécu plusieurs années avec une femme, et plus tard dans des communautés gays, donc c’est vrai que mon avis est un peu biaisé et ne correspond pas forcément aux opinions à la mode et au mouvement woke (qui a le mérite de parler du racisme et des discriminations, mais je suis contre plusieurs points de ce mouvement, comme la censure par exemple, de modifier des oeuvres existantes, de harceler des auteurs pour leurs choix politiques, ou le fait de réécrire l'histoire). Je dis ça pour que tu comprennes qui je suis en disant mon avis sur ce sujet-là qui est polémique sur le net :

Mais voici mon avis : je pense que ce choix pourrait diluer le personnage de Nomrad pour plusieurs raisons :

1. Je vois Nomrad comme la reine Elizabeth I d’Angleterre au XVIe siècle. Elle règne seule, sans chercher le soutien d’un homme, car elle choisit le pouvoir. De plus, elle n’a aucune envie d’être doublée par un homme. Si tu ôtes cette raison pour une raison sexuelle random (qu’elle soit lesbienne ou amoureuse d’un Nain et fidèle à cette personne morte ou qui ne veut pas d’elle), cela diluerait ce rapport au pouvoir de Nomrad que je trouve intéressant chez ce personnage. Car c’est le pouvoir son vrai amant en vrai (à mes yeux du moins).

2. Nomrad est une femme forte (une vraie, pas juste une femme à l’épée). Elle est intelligente, maligne et on sait qu’elle est prête à toutes les bassesses pour faire gagner les Nains. Elle dirige son royaume d’une main de fer et pourtant, elle n’est pas dénuée d’une certaines idéologie pour son peuple (être anti-esclavage par exemple) et tout ça sans l’appui d’un homme (au contraire, elle doit même recadrer son fils). Ces traits sont le plus souvent associés aux hommes dans la fantasy, alors que les femmes chouinent et cherchent à approuver leurs choix par un homme. Donc pourquoi veux-tu lui donner tous les attraits des hommes ? (la faire aimer les femmes, la faire ressembler à un homme ?) Au contraire, fais-la plus féminine, ça serait encore mieux.

(je continue dans un second poste)
Peridotite
Posté le 04/04/2023
3. C’est un cliché de se dire que les femmes « hommasses » sont lesbiennes. C’est ce que pensent les hétéros, alors que le physique n’a rien à voir là-dedans, ni le fait d’être déterminée et forte. Une femme hétéro pourrait l’être tout autant. Être homosexuel, c’est une question de désir, c’est tout. J’ai plusieurs amies lesbiennes qui sont toutes mimis (et c’est bien ce point qui attire les violences : les hommes ne comprennent pas pourquoi elles sont lesbiennes, comme si c’était un choix par défaut de devenir lesbienne, lié au physique, genre les moches deviennent lesbiennes, alors que non. Nombreuses de mes amies ont reçu des menaces de mort dans leur boite aux lettres pour cette raison [oui, dans leur boite au lettre ! Donc ça vient du voisinage ?]). Une bonne amie ressemble à l’actrice dans Pirate des Caraïbes, elle est carrément mignonne et prend soin d’elle, rien à voir avec une femme à cheveux courts sans poitrine qui ressemblent à un sac. C’est aussi faux d’imaginer que les hommes efféminés sont gays. Ce n’est pas forcément lié.

4. Cela n’amène aucun arc narratif fou. Au contraire, si tu veux créer des soucis par rapport à la sexualité, je verrais plus de problème pour Gal d’être homosexuel, lui qui est obligé de se taper toutes les orques femelles, que Nomrad qui vit sa meilleure vie de cheffe 😊. S’il ne le fait pas, cela pourrait avoir des conséquences sur sa réputation qui peut même amener un orc concurrent homophobe à le considérer comme faible et à le défier. Car le rapport à la sexualité et la différence homme/femme sont plus marqués chez les Orcs, d’après l’idée que j’ai pu m’en faire. Donc cela amènerait des arcs narratifs intéressants chez Gal.

5. Le fait que Nomrad se tape qui elle veut ne me semblerait pas aberrant, hommes comme femmes, car vu son pouvoir, c’est une grande cheffe et elle n’a de compte à rendre à personne.

Mais ce qui serait amusant (j’y avais pensé un moment avec ton histoire de vierge), c’est qu’elle se nomme elle-même vierge. En gros, elle ne l’est pas, on est d’accord, mais elle a pu chercher un « Nain d’Or », afin de créer un mythe autour de la naissance de son fils. C’est dommage de ne plus exploiter cette idée par la suite. Je la ferais aller avec ce Nain d’Or (en en recherchant un dans tout le royaume, genre c’est un truc planifié), quitte à ce qu’elle le fasse assassiner ensuite, puis elle se proclame Vierge afin que la naissance de son fils soit « mystique », fils d’un dieu nain ou quelque chose, tout ça pour asseoir son pouvoir encore plus. Ce qui pourrait expliquer ce sentiment de solitude (pour ne pas trahir ce statut de [fausse] vierge, ou le fait qu’elle fasse une connerie par la suite en prenant comme amant quelqu’un qui va la trahir sur ce point. Enfin, un truc du genre.

J’espère que mon avis est pas totalement craqué ! 😊 Ça ne reste que mon avis et évidemment, tu restes seul juge.
Sebours
Posté le 04/04/2023
Merci pour ton avis Peridotite! C'est exactement ce que je voulait. Des arguments pour me dire si mon idée valait le coup d'être creusée. Et la conclusion est non! Tu as parfaitement raison sur mon inspiration. Je pensais bien à Élisabeth 1 lorsque j'ai écrit Nomrad. C'est juste ce point avec le nain d'or, Grudar qui me travaille. Ton histoire de fausse vierge, je vais y réfléchir. Il y a un truc à mieux imbriquer à cette endroit de mon récit.

Par contre, l'idée que Krim soit le fils de Grudar est importante pour la fin de l'histoire. Ce n'est pas anodin. Je me rends compte que je devrais insister sur la filiation de Krim au détour de quelques phrases par-ci par-là.

Et je te rassure, je n'ai pas une vision stéréotypée des gays et lesbiennes. Ma filleule vie avec une autre fille. Elles sont toutes les deux toutes mimi, bien loin du cliché de la camionneuse à coupe en brosse!

En tout cas, tu m'as permis d'y voir clair. En ce moment j'ai 25 idées à la minute car je réfléchis sur la structure de mon récit. Ce que je dois ajouter, accentuer,modifier ou enlever. Et sur le coup, tu viens d'être ma planche de salut! Merci encore!
Sebours
Posté le 04/04/2023
Ah! Et pour la construction des îles, tu comprendras mieux lors des chapitres qui décrivent le processus! (Ouah! Le teasing!)
Peridotite
Posté le 04/04/2023
Contente si j'ai pu être utile, mais ce n'est que mon humble avis. Je te laisse cogiter 🙂 Non je ne voulais pas insinuer que tu ais une vision stereotypée ou alors on l'a tous plus ou moins. Parfois, ce n'est pas tout à fait faux, mais ça n'englobe pas tout le monde. J'ai connu des gays qui collaient aux stéréotypes comme deux gouttes d'eau, alors que d'autres sont juste monsieur tout le monde, on ne devinerait pas qu'ils sont gays de prime abord, j'ai eu plusieurs collègues dans ce cas par exemple. Avec Nomrad, ce que je voulais dire, c'est que vu qu'elle ne semble pas être le top modèle du coin (je l'imagine genre Merckel mais en mode Naine 🙂 pauvre Merckel...), ça peut coller au cliché de la lesbienne hommasse (ce qui n'est pas infaisable non plus bien sûr).

Ce n'est pas encore clair que la filiation de Krim est importante. Je pensais même que ce Nain d'Or était un gars random mais avec un très beau physique qui le ferait ressembler à des Nains mythiques ou quelque chose comme ça. Mais si ce perso est important, qu'est-il devenu ? Nomrad l'a-t-elle exilée ?
Sebours
Posté le 04/04/2023
Je veux pas te spoiler! On ne reverra pas le nain d'or mais c'est un pièce d'un puzzle plus grand. L'objectif, c'est que le lecteur associe tout à la fin. Je sème des indices de-ci de-là.

Et oui, tes arguments m'ont totalement convaincus. Je doutais que la "transformation" de mon personnage soit bénéfique. Tu m'as clairement montré que l'idée n'était pas bonne. Et avec le recul, avec Nomrad, j'étais parti sur une femme qui s'imposait dans un monde d'hommes. La rendre lesbienne, se serait modifier son essence et insinuer qu'elle réussit parce qu'elle est différente des autres naines. Donc c'était clairement une idée moisie!
A la limite, se serait moins pesant sur le profil d'Epiphone étant donné la société plus égalitaire des dryades. Mais se n'est pas dans mon idée.
Sylvain
Posté le 20/03/2022
Hello,
Un chapitre intéressant, les nains et les dryades montent en puissance.
Tu devrais peut être insister sur l’intérêt de faire un trou d eau. Les nains ont ils besoin que la terre soit sèche pour couler des fondations ? Sinon, qu est ce qui les empêcherait de simplement déverser de la terre dans l eau? Au bout d un moment, une île apparaîtrait. Un autre aspect que tu pourrais aborder est celui de l eau douce. Une île est bien pratique, mais sans eau, il reste un sacré handicap. Les dryades, avec leurs pouvoirs, doivent bien être capable de séparer l eau du sel non? Et ça leur rajouterait un élément de négociation.
Autre chose: le but ultime de tout ceci est bien de gagner la guerre non? Un seul peuple vainqueur. Donc forcément, les alliés d’aujourd’hui seront les ennemis de demain. Il y aura fatalement des trahisons. Je trouve que tu n’insistes pas suffisamment là-dessus. Tes protagonistes devraient être bourrés d’arrière-pensées. Se demander sans cesse comment l’autre parti les doublera.
Sylvain
Posté le 20/03/2022
Désolé, la mise en page n’est pas terrible, je commente depuis mon téléphone portable
Sebours
Posté le 20/03/2022
Oui, les alliés d'aujourd'hui sont les ennemis de demain! J'ai tendance à l'oublier! Il va falloir que je revois ça et les conditions techniques. Par exemple, les dryades "ouvrent" l'eau le temps que les nains déversent leurs excavations. Quand le tas dépasse la hauteur de la mer, les dryades ferment le trou. Donc il y a du boulot de réécriture.
Les nains aident les dryades car ils gardent des avantages technologiques secrets (mais je devrais plus insister sur ce détail).
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