La poule aux œufs d'or...

Notes de l’auteur : Voici un fabliau écrit pour un devoir de français.
Bonne lecture,
RoseRose

Je vais vous raconter une histoire à propos d’un riche marchand qui vous fera réfléchir (en tout cas, je l’espère).

Un riche marchand veuf avait trois fils qu’il aimait tendrement… Enfin… Les deux premiers, en tout cas… Pourquoi ? Et bien, c’était parce le troisième était bête comme ses pieds. Le père s’amusait donc à le rabaisser quelquefois.

Quand les trois fils furent en âge de construire leur vie seuls, leur père leur donna à chacun trois gros sacs de pièces d’or. Puis, il leur annonça :

« À présent, vous êtes libres de faire ce qu’il vous plaît… Puissiez-vous toujours choisir le droit chemin… »

Les deux premiers garçons, tout contents, s’empressèrent de faire leurs valises, d’embrasser leur père et de prendre la première charrette qui menait à la ville.

Le premier ne perdit pas son temps et acheta avec un sac de pièces d’or toutes sortes d’animaux. Puis, il acheta une jolie maison et une vaste prairie. Il réservait le dernier sac de pièces pour ses dépenses quotidiennes… Il décida de gagner sa vie en vendant du lait et en fabriquant du fromage.

Le deuxième trouva un charmant commerce, un moulin et un champ de blé. Il s’empressa de payer le propriétaire en s’allégeant de ses deux premiers sacs de pièces. Il employa de braves gens pour ramasser le blé, le moudre et le ranger dans des sacs en toile. Il fabriquait du pain qu’il vendait dans sa boulangerie.

Le troisième préféra faire les choses une à une, contrairement à ses aînés. Il resta donc encore un peu chez son père. Le voisin, Grémaux, lui raconta beaucoup de potins à propos de tout et n’importe quoi. Il lui parla d’un fermier qui "possédait la poule aux œufs d’or*" depuis qu’il avait acheté des poules dans une échoppe spéciale.

"Hmm… La poule aux œufs d’or… Cela me serait bien utile, ça… Et comme ça, je pourrais acheter des marchandises et remplacer mon vieux père…" pensa le troisième fils.

Alors il se rendit en ville. Il trouva assez facilement un élevage de poules et de coqs.

« Bonjour, suis-je bien dans une échoppe spéciale ? demanda bêtement le troisième fils.

- Euh… Ah, oui, oui bien-sûr…, répondit le vendeur qui ne voulait pas admettre que son échoppe n’était pas "spéciale".

- Ah, tant mieux… soupira le garçon. Bon, pourrais-je avoir la poule aux œufs d’or, s’il vous plaît ?

- C’est que… commença le vendeur.

- Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? Je suis prêt à payer le prix, vous savez ? Oh non, ne me dites pas que vous l’avez déjà vendue ? s’exclama le troisième fils, affolé et inquiet.

-Non, non, bien sûr que non… J’allais justement vous dire que je l’avais réservé pour un client "spécial", comme vous… » mentit le vendeur sournoisement. Il prit un air rusé et décida de s’amuser un peu.

« Venez avec moi au poulailler, je vais vous la présenter… »

Il sortit d’un poulailler sale une poulette fatiguée, effrayée et malade.

« La voilà ! annonça-t-il d’un ton faussement triomphant.

- Une pure merveille… murmura le troisième fils, visiblement très ému.

- N’est-ce pas ?

- Combien coûte-t-elle ? » dit l’idiot, en brandissant un sac de pièces d’or.

Les yeux du marchand sortirent de leurs orbites tant il était ébahi. Mais il se reprit bien vite :

- Oh, pour ça, ne vous en faites pas… Je vous vous faire un prix très raisonnable : un sac de pièces d’or.

- D’accord ! » s’écria le garçon, très enthousiaste.

Le vendeur lui donna la poule dans un panier mais malheureusement, un coq autoritaire était décidé à ne pas quitter la poule apeurée.

« Oh, oh… Je crois qu’ils s’aiment. Mais ce n’est pas grave : vous allez sûrement m’acheter cet adorable coq. Qui oserait séparer ces deux tourtereaux ? D’autant que je vous en demande seulement un sac de pièces. À moins que vous ne puissiez pas vous le permettre…

- Oh, si ! Mais bien sûr que si, enfin ! » s’exclama le garçon, indigné.

Il paya le vendeur qui souriait d’un sourire méprisant et satisfait. Ensuite, le troisième fils courut annoncer la nouvelle à son père :

« Père, père, oh, père, vous ne devinerez jamais !

- Quoi donc, mon fils, quoi donc ?

- Une très bonne nouvelle : j’ai acheté la poule aux œufs d’or et son coq ! Et…

- Pardon ?! Mais tu es complètement fou, mon fils !

- Pas du tout : le vendeur était très généreux et il me les a vendus pour les deux sacs de pièces d’or que vous m’avez donnés, père !

- Oh, mon Dieu ! Mais qu’ai-je donc fait à la Terre pour mériter un idiot pareil chez moi ?! »

Le père, dépité, décida de ne plus rien faire car il savait que la bêtise de son fils était bien trop immense pour pouvoir la contrer. Il soupira et décida d’abandonner. Il décida de prendre des nouvelles de ses deux autres fils.

Ses malheurs étaient loin d’être achevés…

Le père se rendit tout d’abord chez l’aîné et découvrit avec stupeur que la maison de ce dernier était inhabitée. Un pauvre mendiant vêtu de haillons le supplia de lui donner quelques sous. Le père accepta et, quand le mendiant releva la tête pour le remercier, il reconnut avec horreur que ce mendiant était en fait… son fils ! Son propre fils !

Il lui demanda immédiatement ce qui s’était passé mais le fils, honteux, refusa de lui dire quoi que ce soit. Il lui demanda la permission de loger dans sa maison car il ne possédait plus rien, mais le père fut clair :

« Tant que tu ne m’auras pas avoué la cause de ta pauvreté, tu ne mettras pas les pieds chez moi, je peux te l’assurer. Mais va chez ton frère cadet : lui est sans doute plus raisonnable que toi et il pourra t’accueillir.

- C’est… C’est impossible, mon père…

- Et pourquoi ça ? Puis-je le savoir ? Vas-tu encore faire des cachotteries à ton père ? » répondit le père en tapant du pied. Mais là encore, son fils resta tête baissée, muet.

Alors le père alla toquer chez son deuxième fils, mais… Quand la porte s’ouvrit, le père constata qu’il y avait de nouveaux locataires. Un vagabond à la mine fatiguée ramassait des baies sauvages et des feuilles de pissenlits. Son visage était tout noirci ainsi que ses pieds et ses mains. Le pauvre homme plongea sa tête dans la rivière et…

« Ma parole ! Mais c’est… toi ! Mon fils ! Mais enfin, qu’est-ce qui s’est passé ?!

- Je ne peux point… Non, hélas, je ne le peux point. Mais je vous en supplie, faites-moi une place chez vous, ô, mon père.

- Tant que tu ne m’auras pas avoué la cause de ta pauvreté, tu ne mettras pas les pieds chez moi, je peux te l’assurer.

- Pour l’amour de Dieu, ouvrez…

- Taratata, je t’ai dit la règle : pas d’aveux, pas de logement. » coupa son père, inflexible.

Mais le garçon ne révéla rien, atterré, dévasté et muet comme une carpe.

Le père, furieux de voir ses deux fils sans le sous, rentra en claquant la porte. Son troisième fils était assis près de la cheminée à bavarder gaiement avec Grémaux, le voisin. Voilà ce qu’il entendit :

« Ah oui ?

- Parfaitement ! Il était là, anéanti, en courant d’une bête à l’autre, en pleurnichant "Je suis ruiné ! Ouin, je suis complètement ruiné !". Il faisait peine à voir, ha ha ha !

- Oh, comme c’est triste !

- Si tu trouves ça triste, attends d’entendre la suite ! L’autre, quand sa maison et son champ brûlait, il était presque en train de sauter sur place ! Il hurlait :"Mais que font les les pompiers ?! Mais que font les les pompiers ?! Ah ! Vite ! Ah, vite !" Des gouttes de sueur perlaient sur son front et il jetait son verre d’eau sur les flammes comme si cela allait éteindre l’incendie ! ».

Dès que le père poussa la porte de la maison, le troisième fils se précipita vers lui et lui demanda :

« Mon père, avez vous appris les nouvelles ?

- Ma foi, non… Mais j’espère que c’en sont de bonnes : j’ai eu ma dose de malheur pour aujourd’hui !

- Ah ? Et bien, ça tombe mal car, voyez-vous, mon frère aîné a fait tant travailler ses animaux qu’ils sont tous morts de fatigue et de faim. Il n’a plus eu assez d’argent et a dû vendre ses biens. Quant à mon autre frère, sa maison et son champ de blé ont brûlé car il travaillait tellement qu’il avait oublié d’éteindre le feu de son four. Heureusement, il n’y a pas eu de victimes mais tout est en ruine, » révéla l’idiot en reprenant son souffle.

Le père tituba, se laissa tomber dans un fauteuil et s’évanouit. Le lendemain matin, il s’éveilla, trempé de sueur.

« Mais… Mais, qu’est-ce qui s’est passé ?

- Doucement… Doucement, là, là… Voilà… murmura le troisième fils.

- Ah oui : je me souviens ! La maison a brûlé et les animaux morts et… La poule aux œufs d’or ! Nous sommes ruinés à cause de ce coquin de vendeur !

- Mais non, mais non, calmez-vous ! Tout va bien… D’ailleurs, vous allez goûter un œuf d’or… Mais d’abord, je vous en conjure, laissez-moi faire venir mes deux frères qui doivent mourir de froid et de famine ! »

Mais le père ne répondit pas.

L’idiot apporta malgré tout une assiette contenant des un bifteck et un œuf… totalement normal ! Le père fit la moue mais, dès la première bouchée, il fut époustouflé :

« Mais que donnes-tu à ta poule pour que ça soit si bon ? Hmm, c’est délectable !

- Et bien… Je ne fais rien de particulier… » répondit le troisième fils.

Les œufs de la poule étaient si bons que tout le monde pria le troisième fils de lui en donner quelques-uns. Le troisième fils, qui avait un cœur d’or, accepta sans hésiter.

La popularité des œufs était telle que quelques jours plus tard, un homme se présenta devant le troisième fils. Il lui demanda quelques œufs de sa poule que tout le monde vantait. Le troisième fils lui donna ce qu’il réclamait et, le lendemain, l’homme parut à nouveau en lui disant :

« Bien le bonjour, cher monsieur ! Je venais vous demander d’autres délicieux œufs et aussi, vous payer. ».

En disant ces mots, il sortit de sa poche un louis d’or. Le troisième fils était ravi :

« Oh, merci, merci, merci, monsieur ! Mille mercis ! Mais je ne peux pas accepter…

- Ah mais si, j’insiste ! Le Roi vous achète dix boîtes de vos œufs et il vous donne deux louis supplémentaires si vous y consentez ! »

Le troisième fils se confondit en courbettes et révérences.

« Je ne mérite pas tant d’honneur, messire. Mais si c’est pour le Roi, je ne peux pas refuser !

- À la bonne heure ! Votre vie va changer, vous pouvez me croire ! »

Et c’est ainsi que l’idiot devint riche et put ramener ses frères dans leur maison d’enfance. Il fut très heureux avec sa poule et son coq, qu’il soignait avec le voisin, Grémaux. Au printemps, il y eut trois petits poussins. Croyez-vous que l’histoire est finie ? Je vais vous surprendre : toujours pas !

Vous devez penser que j’ai menti en disant que l’idiot n’avait rien fait de particulier à sa poule ? Et bien, non ! Il disait la vérité. Enfin… La vérité pour ceux qui ont assez de bon sens pour se rendre compte que les animaux sont vivants et qu’on ne peut pas les faire travailler sans arrêt. La vérité pour ceux qui ont compris que les animaux ont besoin de compassion, de gentillesse et de patience.

 

14 février 2021

On peut apprendre beaucoup des "idiots". Car, au final, ils ont très souvent bon cœur et sont plus sages que nous, pauvres hommes ne pensant qu’à nous enrichir, nous qui ne connaissons pas les véritables valeurs. Les idiots sont idiots, certes, mais nous, ne sommes nous pas aussi bêtes d’une certaine manière, dans le fond ?

L’idiotie est une nouvelle façon de penser, car, les idiots ne pensent seulement pas à faire le mal : voyez-vous même ! L’idiot a donné sans compter, a pris soin de sa poule et son coq, a eu de bonnes pensées charitables. Le vendeur a arnaqué, le père a chassé ses propres fils, les deux frères n’ont pensé qu’à s’enrichir et produire toujours plus…

 

Vivez avec simplicité et bienveillance. La bonté devrait éclairer le chemin de chacun. Tirez de cette histoire une leçon (pas comme certains). Je ne vise personne : suivez mon regard…

 

*Qui possède quelque chose qui lui rapporte beaucoup d’argent.

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Herbe Rouge
Posté le 19/02/2021
J'aime beaucoup cette histoire. Bien écrite et qui se lit d'une traite !
Deux petites remarques :
- Au tout début, tu parles du père qui donne trois sacs de grosses pièces d'or, alors qu'il n'y a en a que deux.
- Une poule ne pond normalement au maximum qu'un œuf par jour. Du coup, donner des œufs facilement à tout le monde, puis 10 boites de 10 œufs d'un coup, c'est vraiment énorme.
RoseRose
Posté le 19/02/2021
Coucou Herbe Rouge !

Merci beaucoup pour ton commentaire !
Concernant les sacs de pièces d'or, je veux dire que le père donne à chacun de ses trois fils 3 sacs de pièces d'or.
Et pour la poule, on peut imaginer que le fils donne des boîtes d'oeufs après avoir fait des réserves.
A très bientôt,
RoseRose
Herbe Rouge
Posté le 19/02/2021
Je me suis mal exprimée : Je veux dire qu'il donne au début de l'histoire trois sacs de pièces d'or, mais que dans le reste de l'histoire, les enfants ne dépensent que deux sacs de pièces d'or chacun (enfin, d'après ce que j'ai compris) ?

On peut imaginer, oui, sauf que les œufs ne se conservent pas aussi longtemps que ça... à vérifier, mais je crois que c'est un mois, très grand maximum.

@+
VavaOmete
Posté le 16/02/2021
Coucou RoseRose !

Merci pour cette petite fable qui m'a donné le sourire !
Comme toujours, elle est bien racontée, les dialogues sont fluides et la fin cocasse tout en étant très douce ^w^
Je suis ravie d'avoir pu la lire !
Et je ne doute pas que tu ai eu une bonne note ;)

Continue comme ça !
RoseRose
Posté le 17/02/2021
Coucou VavaOmete !

Merci beaucoup pour ton si gentil commentaire ! Il m'encourage à écrire davantage.
A très bientôt,
RoseRose
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