La glace au cassis

Par Kieren
Notes de l’auteur : Et on continue avec le personnage d'Iziz et de l'Encrier du Vacuum. Vous ne comprenez pas tout dans ce chapitre, c'est normal =) Il y aura plus d'information quand je ressortirais ces ingrédients. Des bisous !

Alors que la jeune fille gravissait la dune de sable vers le portail, les corbeaux la regardaient avec méfiance. Certains croissaient à son passage et s'envolaient au loin, mais sans la quitter des yeux, jamais. Les moustiques ne s'approchaient pas d'elle, ils lui ouvraient même le passage. Elle ne les vit même pas, les oiseaux comme les insectes, elle était concentrée sur le portail brisé à son sommet et qui s'était effondré avec le temps, et laissé en place, par manque d'argent.

La jeune fille aux cheveux bleus comme le ciel passa en dessous du portail, respectant une entrée imaginaire qui la guida vers le cimetière.

 

Arrivée en haut de la dune, un champ de tombes s'alignaient jusqu'à l'horizon, certaines dépassant même de la mer. Les croix étaient espacées de manière proportionnelle à leur taille, des grandes comme des petites. Elle entendit un grognement, un râle sourd et profond qui venait d'une des tombes. Elle s'en approcha et aperçut un chien, vieux et cassé, couvert de croûtes, aveugle sûrement. Elle ne chercha même pas à reconnaître jusqu'à son existence, la jeune fille passa à coté de lui, et le froid qui l'accompagnait arracha un dernier soupir à l'animal, et il rendit son dernier souffle.

 

« Cela n'était pas nécessaire, reine des glaces. » entendit-elle derrière la tombe du canidé. Cette voix crissait et grinçait, comme si elle venait d'un engrenage rouillé. « Nomme toi. »

 

« Iziz, fille de Lilith, la dernière en date. Suis-je bien en présence de l'Encrier du Vacuum ? » Pour toute réponse, la jeune fille vit apparaître un petit être repoussant, rachitique et maladif, un crane de requin cachait son visage. Une ombre passa au dessus de sa tête et un moustique de la taille d'un aigle, aux ailes noir charbon, avec des rainures bleu argenté, qui pulsaient, lumineuses, se posa sur l'épaule de la petite créature.

 

L'Encrier du Vacuum se dirigea vers le cadavre de chien, le caressa et commença à le dévorer, entier, en commençant par son pelage. Il poussa une plainte de lassitude et éructa : « Pour qui me cherches-tu ? ».

 

« Je viens pour Jean-Baptiste Mans. »

 

Aussitôt, et sans quitter le chien des yeux, le croqueur d'os enfonça son bras dans le sable et ressorti un cercueil bien plus imposant que lui, avec facilité, habitude et ennui. Le bois était pourri et il tomba en morceau de lui même, dévoilant un cadavre en putréfaction. Ni Iziz ni l'Encrier n'y prêta attention.

Le moustique se dirigea vers le mort et le piqua à son torse, l'insecte gonfla en même temps que le corps se dessécha. Pendant que le moustique travaillait, Iziz s'adressa à la créature : « Comment se porte le roi-régent du Sud ? »

 

« La forêt du Sud s'expand au détriment de la cité de l'Ouest et du royaume volant de l'Est. Le roi-régent du Sud est trop gourmand, l'île du Nord ne s'en rend pas compte et va bientôt le regretter. Pourtant le feu est changeant, ils n'ont pas vu que sa nature n'est plus la même depuis que les humains disparaissent, il cherche à étendre son emprise sur le monde terrestre, et dans le Sanctuaire de Vacuum. Il ne se rend pas compte qu'il joue le jeu des humains. Un jeu d'ignorants et dangereux.Bien trop dangereux. Toi-même de tes origines tu le sais. »

 

Iziz acquiesça, sans rien dire. Le moustique s'était rempli, son abdomen luisait d'un violet très sombre. Il rejoignit la main du prêtre, et celui-ci s'approcha de la jeune fille, mais celle-ci lui fit signe de ne pas s'approcher. D'abords, elle plongea sa main dans sa poitrine, et en retira une boule de neige, aussi lisse et transparente que le cristal, un tourbillon de stalactites gravitaient autour. Iziz présenta cette boule de glace à l'Encrier du Vacuum, et celui-ci la prit sans faire de commentaire. Il chuchota à l'oreille du moustique et celui-ci émit un vrombissement avec ses ailes. Le croqueur d'os acquiesça et se mit à tatouer le cœur d'Iziz, et alors une sangsue noire tirant vers le violet se mit à nager à la surface de la glace. Une fois le travail terminé, la créature redonna son cœur à Iziz, celle-ci regardant avec tendresse la sangsue.

 

« Alors te voici devant moi mon amour. Tu avais promis de m'apporter joie et allégresse, et je t'avais fait confiance. Mais je n'ai reçu de toi que souffrance et humiliation, et cela même avant que tu ne voles mon cœur pour cette putain. Tu n'imagines pas les souffrances que tu m'as apportée. Mais tu es à moi maintenant, petite sangsue, coincé dans mon cœur, mon cœur qui a si froid, même bien avant que je ne rencontre Lilith. Elle m'a apprise bien des choses, de bien sombres choses. Je sais ! Je n'ai qu'à te montrer, mon cœur. » et la jeune fille croqua sauvagement dans la boule de glace, sectionnant la sangsue en deux.

Cette dernière s'affola, et tenta de s'enfuir, colorant le cœur d'un violet sombre. Les dents d'Iziz réduisit ce qui restait de l'essence du mort, ainsi que ce qui restait de son cœur. Celle-ci suça ses doigts pour ne pas en perdre une goutte.

« Mmmh... Je ne pensais pas que tu aurais un goût de cassis mon amour. Et maintenant, adieu. »

Elle se tourna vers le prêtre qui avait regardé la scène avec un certain dégoût, et il dévora la carcasse de Jean-Baptiste Mans.

 

« Me jugez-vous, Encrier ? » demanda Iziz, innocemment.

 

« Ceci n'est pas mon rôle, fille de Lilith, bien que je n'aime pas avoir à faire avec ta fratrie. Salue ta nouvelle mère de ma part, la prochaine fois que tu la verras. »

 

« Je n'y manquerai pas, prêtre. Par ailleurs, je me rendrai à la forêt du Sud, pour confronter le roi régent à votre volonté. »

 

Le croqueur d'os acquiesça et se remit à dévorer le cadavre. « Je te remercie, Iziz. Mais ne soit pas cruelle avec lui, il ne mérite pas de mourir en souffrance. Et ne touche pas à son fils, ne lui adresse même pas la parole. L'Ether a parlé. Maintenant pars, et ne revient plus me voir. Ma fonction n'est pas d'aider à accomplir des abominations telles que celle-ci. »

 

« Ne t'inquiète pas, Roi Vagabond. Je n'avais qu'un seul cœur de toutes façons. »

 

 

La Mousse

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