La cérémonie du Bras

Par Sylvain
Notes de l’auteur : N'hésitez pas à jeter un coup d'œil à la carte:
https://sites.google.com/view/eryon/accueil

Six ans plus tôt,

 

— Vous devez être Hélane, ma reproductrice, entama le prince.

— Oui…, répondit-elle sur ses gardes.

— Alors ? Comment procède-t-on ?

Le jeune homme s’avança vers elle en balayant la pièce du regard.

— Comment on procède ? répéta bêtement Hélane.

— Et bien oui, je ne suis pas familier de tout cela, que suis-je censé faire ? J’imagine qu’on a dû vous apprendre…

Le prince effectua quelques moulinets avec sa main avant de reprendre :

— … quelques trucs.

Hélane le fixa avec de grands yeux dubitatifs.

— Je ne suis pas sûre de comprendre…

— Vous êtes ici pour me fournir un héritier, donc exécutons-nous, et passons à autre chose, je n’ai pas toute la soirée ! s’impatienta-t-il.

— Mais… Qu’en sais-je ?

Kaelon la dévisagea.

— Vous voulez dire que… vous n’en avez aucune idée ?

— Non… enfin si mais… non ! Vous vous y prenez très mal ! Il me semble en tout cas…

— Je ne comprends pas, ma mère m’a envoyé ici en me disant : « Devient un homme mon fils, et accomplit ton devoir »

— …

— Bon, je suppose qu’il va falloir que je dirige la manœuvre moi-même. Déshabillez-vous ! ordonna-t-il sur un ton péremptoire.

Décidément, c’est une manie, songea-t-elle.

— Non.

— Pardon ?

— Non.

— Mais comment voulez-vous, foutre de femelle, concevoir un enfant si vous refusez de vous dévêtir ? s’énerva-t-il.

— Je n’ai aucune envie de concevoir quoi que ce soit avec vous, répliqua-t-elle.

Le jeune homme marqua une pause, le temps pour son visage d’adopter un teint rouge pivoine, puis s’étrangla :

— Mais bon sang, que faites-vous ici dans ce cas ? N’êtes-vous pas une reproductrice ?

— On ne m’a pas vraiment laissé le choix… Prince, répliqua-t-elle d’une voix froide.

— Mais… vous avez hérité du rôle le plus prestigieux pour une femme, comment pourriez-vous  souhaiter une autre vie ? De plus, je ne suis pas n’importe qui, je suis...

— … Le prince Kaelon, je le sais bien, le coupa-t-elle. Vous pourriez être le Patriarche lui-même que la donne ne changerait pas. On m’a imposé votre présence, je ne l’ai pas choisie !

Le jeune homme la jaugea, piqué dans son orgueil, et bafoua :

— C’est … inadmissible… inconcevable… je vais exiger une nouvelle reproductrice, plus docile, et mieux dressée !

— Faite donc !

Il tourna les talons et sortit d’un pas raide et précipité, la soirée avait été brève.

 

Hélane se réveilla le lendemain alors que le soleil avait déjà bien entamé sa course. Un plateau de fruits et un verre de lait avait été introduit discrètement dans sa chambre pendant son sommeil. Elle finissait de s’habiller lorsqu’on toqua à la porte.

— Oui ?

Dame Rémelde pointa le bout du nez dans l’entrebâillement.

— Alors ma fille ? Comment s’est passée votre soirée avec le prince ? s’enquit-elle.

— Merveilleusement bien, mentit Hélane.

— Excellent, répondit la vieille femme en se frottant les mains. Parfait, c’est très bien. J’en déduis qu’il vous a trouvé à son goût ?

— C’est fort probable.

La sélectionneuse semblait aux anges.

— Je suis fière de vous ma fille, à ce rythme-là, vous fournirez à la famille Derbeniss un petit garçon gaillard avant que vous vous en rendiez compte. Et c’est sur nous toutes que jaillira votre réussite. Bien, je vous laisse vous délasser à présent.

— Merci Guide Rémelde.

— Bonne journée mon petit, Eljane vous préserve.

Hélane passa le reste du temps à se demander à quel moment son mensonge et son effronterie seraient découverts et s’attendait d’un instant à l’autre à être réexpédiée chez ses parents. Etrangement, rien de tout ceci ne s’était encore produit lorsque la fraîcheur nocturne commença à étreindre la citadelle. Sur le coup des dix heures, on gratta de nouveau à sa porte.

— Oui ?

Le prince Kaelon s’avança timidement dans la pièce.

— Tiens ? le railla-t-elle. Vous ? N’aviez-vous pas pris la décision de vous trouver une docile petite reproductrice ?

— J’ai… demandé conseil auprès de mon frère, l’histoire l’a d’abord beaucoup fait rire, puis il m’a confirmé que je m’y étais peut-être mal pris…

— Un homme avisé, commenta-t-elle en souriant.

— Il m’a conseillé de vous… domestiquer, avant d’entreprendre une quelconque activité… physique avec vous.

— Me domestiquer ? s’offusqua Hélane. Comme un chien ?

Kaelon eut l’air mal à l’aise.

— Il vous aurait plutôt comparée à… un canasson… mal débourré.

— Un…

— Je suis un bien piètre cavalier, mais je pense avoir saisi l’idée.

— Et donc ? Qu’en déduisez-vous ?

— Ah, heu… je vous ai apporté un présent.

Le prince farfouilla au fond de sa poche, et en sortit un petit paquet qu’il lui tendit.

— Qu’est ce que c’est ? demanda-t-elle en se saisissant du cadeau.

— Un bijou, j’espère qu’il sera à votre goût.

Hélane ouvrit l’emballage et en sortit une somptueuse petite broche dorée, sertie d’une multitude de petites pierres scintillantes.

— C’est magnifique, murmura-t-elle, merci beaucoup.

Le prince poussa un soupir de soulagement.

— Je suis heureux qu’elle vous plaise. Maintenant que je vous ai fait plaisir, peut-être pourrions nous passer à la phase de l’accouplement ?

La jeune fille prit un air scandalisé et lui lança le bijou au visage.

— Me prenez-vous pour une trainée pour me traiter de la sorte ? piailla-t-elle.

— Mais… bien-sûr que non, je pensais seulement qu’une fois que je vous aurais offert cet ornement…

— Je vous sauterais dans les bras ? Malotru !

Une nouvelle fois, le garçon vira au cramoisi, et fustigea la gamine :

— Qu’attendez-vous de moi à la fin ! Est-ce si compliqué de vous cantonner à votre rôle ? Ne pouvez-vous tout simplement pas  faire ce que l’on attend de vous ?

Hélane attrapa un bibelot et lui lança dessus.

— Dehors ! feula-t-elle.

— Mais…

— Dehors !!!

 

Hélane ne vit plus le prince pendant plusieurs jours, puis il refit quelques tentatives infructueuses. Avec le temps, elle commençait à le trouver presque sympathique. Il était touchant de maladresse et de naïveté. Un soir, il débarqua les traits tirés et l’humeur morose, et s’installa sur une banquette, le regard fixé sur ses souliers.

— Quelque chose ne va pas ? s’inquiéta-t-elle.

Au loin, un hurlement retentit. C’était la nouvelle lune, et la nuit serait ponctuée du cliquetis des armes et des vagissements, humains ou non. La citadelle était particulièrement exposée aux sons de par sa proximité du goulet et ses hauteurs, et peu de personnes y trouveraient le sommeil ce soir.

— Vous n’imaginez pas ce que c’est que d’être le deuxième fils Derbeniss. Quoi que je fasse, malgré tous mes efforts, je reste invisible aux yeux de mes parents.

— Mais vous êtes le prince ? Ce doit être fantastique comme vie.

Kaelon ricana.

— Vraiment ? Je n’ai jamais aucune liberté, je dois constamment assister mon frère lorsque je ne m’entraîne pas, et je suis censé vous… engrosser.

— Ca n’arrivera pas Kaelon, ce n’est pas ma destinée, murmura-t-elle. Je ne suis pas faite pour la maternité.

Le prince s’adonna à un petit rire.

— C’est bien la première fois que vous m’appelez par mon prénom en deux semaines.

— C’est la première fois que vous ne déboulez pas dans ma chambre en exigeant ma virginité.

Le jeune homme la contempla comme s’il la découvrait pour la première fois.

— Et quelle est votre destinée Dame Hélane, fille de Ernik le valeureux ?

— Les grands espaces, la liberté, l’aventure, énuméra-t-elle un éclat scintillant au fond des yeux.

— Je comprends, vous n’êtes pas née dans la bonne contrée.

— Probablement pas.

— Dans quelques jours, nous célèbrerons le passage à l’âge adulte de mon frère. Il deviendra officiellement un guerrier, et en tant que prince, il nommera ses carapaces.

— Ses carapaces ?

— Deux combattants, parmi les plus braves, qu’il choisira lui-même. Ils lieront leur vie à la sienne et le protègeront dans le goulet.

— Et en quoi cela me concerne-t-il ?

Kaelon se passa une main dans les cheveux, essayant de dompter une mèche retorse.

— Ma mère souhaite que vous fassiez une brève apparition.

— Moi ? Mais pourquoi ? s’exclama-t-elle affolée.

Le jeune homme hésita un instant avant de continuer :

— Et bien… j’ai peut-être légèrement exagéré en prétendant que… les choses avaient évoluées entre nous…

— Pardon ?

— … et qu’il était possible que…enfin, vous voyez n’est-c- pas ?

— Absolument pas, grogna-t-elle.

— … que vous… soyez grosse avant peu, lâcha-t-il en détournant le regard.

— Kaelon Derbeniss ! l’admonesta-t-elle. Comment osez-vous ?

Elle était furieuse et lui adressa un regard assassin.

— C’est de votre faute aussi, se défendit-il. Que suis-je censé faire avec une bourrique pareille ? Vous ne vous rendez pas compte de la situation dans laquelle vous me mettez !?

— Vous a-t-il effleuré un instant que nous n’ayons que treize ans ? Vous êtes écœurant, dégoûtant individu !

Pour une fois, le prince ne fit pas d’esclandre.

— De toutes façons, nous n’y pouvons plus grand-chose. Ma mère ne tolèrera pas un refus de votre part.

Autant l’impulsivité et la colère caractérisaient le Bras Jisélion, autant sa femme était connue pour sa froideur et son esprit calculateur. S’opposer à elle n’avait jamais rien amené de bon aux imbéciles qui l’avaient bravée.

— Je suppose que vous avez raison…

 

Une poignée de jours plus tard, Hélane fut effectivement invitée à la forteresse des Derbeniss. Elle avait été décrassée et curée toute la matinée, une véritable effervescence s’était emparée de la citadelle lorsqu’on avait appris qu’ Hélane participerait à la cérémonie du prince Heich. Les sélectionneuses elles-mêmes couraient dans tous les sens, en gratifiant la jeune femme d’œillades sympathiques et impressionnées. C’est donc une reproductrice méconnaissable qui pénétra dans la salle du trône, précédée de Kaelon. C’était la première fois qu’elle s’aventurait dans la forteresse, et l’endroit était bien différent de ce à quoi elle s’attendait. On était loin de la luxueuse citadelle. Pas de décoration, de tapisserie ou d’objet de valeur ici. La pièce rectangulaire était tout en longueur, et composée de pierres grisâtres et froides. Seules de petites ouvertures venaient perturber la monotonie des longs murs imberbes, laissant filtrer quelques timides rayons de lumière. Au bout de la salle, quelques marches permettaient d’accéder aux trônes des souverains, qui se résumaient finalement à deux lourdes chaises en chêne –bois choisi par Jilène afin de montrer que l’emblème des Estelon était juste bon à accueillir son royale séant–. Lorsqu’ils entrèrent, l’endroit était bondé de guerriers.

— Tous les combattants les plus illustres de notre royaume, chuchota Kaelon. Qui ont depuis longtemps fait leurs preuves dans le goulet.

Les soldats lui jetèrent des regards irrités et stupéfaits, comme s’ils considéraient qu’elle souillait le lieu par sa seule présence. Constatant l’embarras de la fillette, Kaelon glissa :

— En principe, seul les hommes sont autorisés à pénétrer dans la salle du trône… A part ma mère bien-sûr.

Au pied des marches, un homme trapu se tenait sur la gauche, du côté de la Dame du Bras, tandis qu’un vieil homme occupait l’espace opposé.

— Mandler Crésone, le molosse de ma mère, un homme dangereux, et Eorn, mon maître d’armes.

Ils se placèrent finalement à l’avant, sur la gauche. En face d’eux, de l’autre côté, quatre individus se tenaient au garde-à-vous, parmi lesquels elle reconnut l’instructeur rencontré quelques jours plus tôt avec son père.

— Et voici les lieutenants de mon père, qui se chargent de l’instruction des futurs guerriers. Le plus grand au centre s’appelle Neher, il est responsable du Korom, dont je fais partie. Les trois autres s’occupent de former les jeunes issus de la cité, et sélectionnent les meilleurs au terme d’une épreuve, pour venir étoffer le Korom.

Un grand jeune homme à la démarche altière fit son apparition au bout de la salle et s’avança vers le trône d’un pas confiant. Il était suivi d’une femme qu’ Hélane avait déjà croisée à la citadelle.

— Mon frère Heich, et sa reproductrice, qui peine à lui fournir un descendant.

Le prince vint s’installer à côté de Kaelon et lui glissa un clin d’œil et un petit sourire.

Au bout d’un moment, le Bras pris la parole.

— Avance-toi Heich, ordonna-t-il à son fils d’une voix ferme au timbre enroué.

Jisélion était un homme replet, empâté par ses nombreuses années d’inactivité. Il allait sur ses soixante-neuf ans. La plupart de ses cheveux avaient déserté depuis longtemps, et seules quelques taches de vin couvraient la surface lisse de son crâne. D’imposants sourcils gris-blancs se rejoignaient au dessus de son nez proéminant, et se mélangeaient à d’hirsutes et emmêlés favoris qui lui descendaient le long des joues.

L’interpelé s’avança devant le trône, pas le moins du monde impressionné, et salua ses parents. Sa mère hocha discrètement la tête. Plus jeune que son mari de vingt-et-un ans, elle avait une tenue très rigide, et un éclat vif luisait au fond de ses yeux. Tout le monde savait qui gouvernait à Kler Betöm, même si personne ne se serait permis la moindre réflexion en leur présence. En imposant sa volonté à ce peuple exclusivement masculin, Jilène avait accompli un véritable tour de force. Perdant sa mère jeune, on raconte qu’elle aurait épousé son père à l’âge de dix-sept ans, et qu’il aurait fallu attendre quatorze années de plus avant qu’elle donne naissance à un héritier.

— Nous célébrons aujourd’hui, jour de ses seize ans, le passage à l’âge adulte de mon fils…

Une violente quinte de toux coupa le monarque et se répercuta contre les murs de la pièce.

— … et son accession au rang de prince-guerrier du goulet ! Heich !

Le souverain gratifia son fils d’un regard fier.

— Père, répondit celui-ci.

— Mon fils ! Ma fierté… notre fierté ! Comme moi auparavant, ainsi que nos pères depuis notre illustre aïeul Elhon, tu honoreras avec dignité le Pacte, et protègeras de ton ongle les terres d’Eryon contre l’infamie de l’est.

— J’en fais le serment, promis d’un air solennel le jeune homme en s’inclinant.

— En tant que sang du Bras, continua Jisélion, tu seras assisté de deux vaillants guerriers qui prendront le titre de carapace, et voueront leur vie à ta défense. Tu choisiras toi-même ces combattants, et nul ne pourra s’opposer à ta décision.

— Mon choix est depuis longtemps fait, clama Heich d’une voix puissante. Et j’appelle à moi mes fidèles compagnons : Gregor et Malerte !

Les deux nommés s’avancèrent vers leur prince, et s’inclinèrent à leur tour. Jisélion reprit la parole :

— Acceptez-vous d’accomplir la noble tache qui vous est assignée ? Et de protéger la vie du prince Heich au péril des vôtres ?

— Nous promettons  de défendre le prince Heich contre toutes menaces, et mèneront nos vies au terme de la sienne, récitèrent-ils d’une même voix.

— Je vous proclame donc officiellement carapaces royales !

La déclaration fut accueillie par une ovation, et des cris de joies fusèrent de l’assemblée, sous l’œil médusé d’ Hélane. La souveraine se pencha vers son mari et lui chuchoter quelque chose à l’oreille.

— Silence je vous prie, intima le Bras. Il semblerait que nous ayons une autre information à dispenser.

Il se tourna vers son deuxième fils.

— Kaelon ! aboya-t-il. Approche !

Le jeune homme sursauta, et avança timidement vers ses parents. Il surprit le regard méprisant que lui adressa l’homme de main de sa mère.

— Père ?

— Allons mon garçon, ne nous fais pas perdre de temps, nous avons des choses d’importance à débattre avec les instructeurs.

— Notre fils, commença la Dame du Bras pour venir en aide au prince déstabilisé, a une nouvelle à nous apprendre.

— Oui, bredouilla le prince en faisant avancer Hélane. Je vous présente ma … reproductrice.

— Bien, et alors ? Rien d’exceptionnel, en quoi ce renseignement nécessitait d’introduire une femme au sein d’un conseil de guerre ?

Face au mutisme de son fils, Jilène poursuivit :

— Il apparaîtrait que malgré son jeune âge, votre enfant ait hérité de la vigueur de son père, et que les graines de la fertilité aient été répandues.

— Oh, s’étonna Jisélion. C’est vrai mon garçon ?

— Je… oui Père, c’est fort probable, répondit le gamin en rougissant.

— Fantastique ! Voilà une grande nouvelle, bravo Kaelon, je ne te connaissais pas cette énergie !

Le Bras entreprit de descendre de son trône, et vint donner l’accolade à son marmot, ce qui eut pour effet d’accentuer davantage son teint.

— Nous ferons peut-être quelque chose de toi finalement ! Et peut-on tâter ce ventre arable ? demanda-t-il en approchant la main de l’abdomen de la fillette.

Hélane recula instinctivement, évitant soigneusement le contact des doigts huileux. Jisélion fronça les sourcils.

— Et bien jeune fille ? gronda-t-il. L’émotion t’aurait-elle fait perdre la tête que tu évites la caresse de ton seigneur ?

Kaelon adressa un regard suppliant à sa reproductrice.

 — Pardonnez mon effronterie Mon Seigneur, mais je préférerais que vous absteniez.

Le souverain se fâcha.

— Allons, cesse donc ces simagrées et laisse-moi donc toucher mon petit-fils, c’est le Bras d’Eryon qui te l’ordonne !

Alors que l’homme dodu se faisait de plus en plus pressant, Hélane hurla :

— JE NE SUIS PAS ENCEINTE !!!

Abasourdi, Jisélion recula.

— Que me chantes-tu là petite impudente ?

— Je n’attends pas d’enfant, je suis vierge et votre fils ne m’a jamais touché ! Et cela n’arrivera pas ! Je ne serai la reproductrice de personne !

Hélane tremblait et lançait des œillades furtifs aux personnes présentes dans la pièce, elle se sentait acculée. L’homme jeta un regard furieux à son fils qui se liquéfia, avant de reporter son attention sur l’insolente.

— Qu’espérais-tu en venant nous insulter ici ? gronda-t-il.

— Je… n’avais aucune intention de vous offenser, mais je ne veux pas d’une vie de servitude, je suis capable de faire aussi bien qu’un…homme !

Son intervention fut accueillit par une explosion de rires dans l’assemblée, tandis que son souverain lui assena une claque monumentale qui lui tordit la nuque.

— Pour qui te prends-tu femme ? siffla-t-il, le visage déformé par la rage et la colère. Tu mériterais que je t’offre à mes guerriers, ou que je te jette en pâture aux Arguelas

Une voix s’éleva, coupant Jisélion dans son élan.

— Seigneur Derbeniss ?

L’un des lieutenants s’était avancé. Son nez saillant, ses yeux globuleux et son front bas, surplombé d’une chevelure courte lui donnaient un air fortement antipathique.

— Que voulez-vous Erwig ?

— J’ai bien entendu les requêtes de cette jeune péronnelle, et il me semble qu’une bonne leçon ne serait pas de trop.

— Continuez.

— Voilà, j’ai commencé l’instruction de nos nouvelles recrues, et je me disais… pourquoi ne pas accéder à sa demande et l’intégrer ?

— Vous perdez la tête !

— Non Sire, au contraire. Combien de jours pensez-vous qu’une fillette pourrait tenir lors d’un entrainement intensif ? Elle aurait vite fait de jeter l’éponge, et cela démontrerait une bonne fois pour toutes que les femmes n’ont pas la résistance des hommes, et que c’est pour une raison bien précise qu’elles nous doivent obéissance et soumission.

Le visage du souverain se fendit d’un sourire mauvais.

— J’aime beaucoup, votre idée me plaît ! Soit, c’est décidé, cette petite effrontée suivra votre enseignement lieutenant Erwig ! Et je compte sur vous pour ne pas la ménager. Après quoi elle rejoindra les bas-fonds de Kler Betöm pour mener une petite vie futile et sans intérêt.

Totalement pétrifiée, Hélane chercha un peu de réconfort auprès de Kaelon, mais la seule image qui lui fût renvoyée fût une expression de dégoût et de trahison.

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Edouard PArle
Posté le 22/02/2022
Coucou !
Super belle conclusion (j'imagine) pour ce flashback d'Hélane. La chute est bien amenée et donne envie d'apprécier le personnage.
J'aime beaucoup le passage où elle dit à la guide que tout s'est bien passé xD
J'ai seulement un petit doute sur la punition d'Hélane, elle me paraît vraiment très légère par rapport à l'affront fait au roi. Tu pourrais ajouter un petit "bonus", genre des coups de fouet, pour crédibiliser la chose.
Petites remarques :
"Vous a-t-il effleuré un instant que nous n’ayons que treize ans ?" ça fait toujours bizarre d'apprendre les âges xD
"L’interpelé s’avança" -> interpellé
Un plaisir,
A très vite !
Sylvain
Posté le 23/02/2022
Merci!
Tu te rendras compte par la suite que la punition n'est pas si légère que ça, et que quelques coups de fouet auraient été bien doux à côté de ce qui l'attend. Mais je te laisse découvrir Erwig, son futur formateur^^
L'histoire se passe 6 ans avant la trame principale, ce qui ramène en effet Hélane à un jeune âge.
A bientôt!
Sebours
Posté le 18/01/2022
L'histoire de Hélane est captivante. Cependant, elle est très longue. Tu as fait déjà trois ou quatre chapitres et ce n'est pas finit. C'est quasiment une histoire parallèle, un spin-off. Je pense qu'à ce stade, le lecteur commence à sortir de ton histoire principale.
Par conte, comment conserver tous cet arc? En le plaçant en début d'histoire? En plaçant ça et là un chapitre où Hélane se souvient? En ramassant au maximum sur deux chapitres? En rédigeant un roman parallèle pour créer un univers cohérent? Je pense qu'en phase de réécriture, cette partie va t'enquiquiner. Mais elle est cohérente et donne du background à ton personnage.
Sylvain
Posté le 18/01/2022
Hello,

C'est vrai que l'histoire d' Hélane tient sur plusieurs chapitres. Mais je ne vois pas ça comme un spin-off. On suit plusieurs personnages, dont Hélane, même si une partie de son histoire est au passé. En plus, j'ai besoin de la chute de l'histoire de son passé pour continuer celle au présent. Ceci dit, tu as raison, il y a quelques chapitres que je supprimerais peut-être carrément à la relecture. Des choses qui arrivent plus tard que j'ai déjà écrites, mais que j'éliminerai peut-être.
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