Lundi 23 mars 2020, 19h30 / Ce lundi a beaucoup trop ressemblé à dimanche. Ce matin, j'ai eu du mal à me remettre au travail. Cette difficulté n'avait rien à voir avec le vague-à-l'âme que l'on peut avoir au lendemain d'un week-end doux et reposant comme ce fut le cas hier. Non. La difficulté avait une toute autre allure, un goût différent. Un léger trouble.
Je me trouvais au même endroit où j'avais décidé de me relâcher la veille ; remobiliser son énergie dans ce même contexte réclame un effort de concentration abrupt. Il m'a fallu plusieurs heures pour m'atteler à mon activité professionnelle et retrouver mes repères. J'ai le sentiment d'y avoir consacrer l'entièreté de ma journée. Alors, ce lundi, c'était une journée "sans" comme il en existe, il est vrai, en temps normal et si l'un des secrets du télétravail consiste à éviter toute forme de culpabilisation, je ne peux m'empêcher de ressentir un sentiment de frustration et de vide quant au fait d'avoir laissé filer tout ce temps.
Les ponts entre les jours sont de plus en plus nombreux, et pour la première fois depuis le confinement, je me suis vu tourner en rond, chercher quelque chose à faire sans que cela me lasse dans la seconde où j'y pense ; certains gestes donnent l'impression de se répéter à l'infini.
Nous sommes au huitième jour du confinement. Huit, c'est le chiffre de l'infini : quand on le trace on revient systématiquement au point de départ. Infini. Infini. Infini. Ce mot nous va bien ces derniers temps. Nous aspirons tous au jour où ce confinement prendra fin sans être en capacité d'en définir la date : n'est-ce pas là une bonne définition de l'infini ? Au lieu d'une réalité insaisissable à nos esprits, ne s'agit-il pas, plutôt de la crainte ou de l'espoir que quelque chose ne se finisse jamais...
Bien vu pour le chiffre 8 ! ça donne une bonne image poétique à ton texte :)