Jour 7 : Printemps

Dimanche 22 mars 2020, 20h30 / Le printemps est là, les après-midis sont plus doux. Et il faut rester chez nous ou, du moins, ne pouvons-nous sortir que vingt minutes à peine. C'est dur à admettre.

Ce dimanche se déroule comme samedi. Tout comme vendredi se déroulera comme jeudi, et mercredi comme lundi. Avec Charlotte, nous y mettons toute la variété que nous pouvons. Aujourd'hui, par exemple, c'était le nettoyage de printemps : ce moment étrange où nous découvrons que nous avons des boîtes pour ranger des boîtes, des bocaux pour emmagasiner des bocaux et des sacs pour entreposer des sacs, si des archéologues exhument nos maisons dans les prochains millénaires, ils penseront que nous formions une bien étrange civilisation... Hier, en revanche, c'était une journée sans horaires. Et vendredi, nous étions surpris par la fin de la semaine. Le temps passe vite, et pourtant, il ne s'est jamais autant dilaté...

Les journées défilent et si nous n'y prenons pas garde, elles risquent fort de ne jamais se ressembler autant ; en perdant nos repères spatiaux, il nous a fallu concentrer toutes nos vies en un seul et même endroit. L'appartement se divise en espace de bureau, de détente, de repos, de repas, d'exercices, le tout tient en quelques mètres carrés. Mais cela ne suffit pas car le bureau se situe à côté du canapé, et il faut déménager l'espace de repas pour faire de l'exercice ; les frontière sont poreuses... L'horloge vient alors marquer les limites. Le temps devient un territoire à découper scrupuleusement avec discipline et souplesse. Il faut être rigoureux sur les jours d'activité et les jours de relâche. Sur la semaine écoulée, je ne me suis pas déconcentré et j'espère pouvoir tenir sur la semaine à venir. Je crains, si je fais défaut à mon organisation, d'avoir l'impression de travailler tout le temps, d'y perdre mes horaires, d'être toujours à la tâche, et parallèlement il me semblera que les loisirs et les moments de pause, tout ce qui n'a rien à voir avec le travail, viendront trop souvent parasiter mes activités professionnelles. L'espace ne définit plus nos activités, alors le temps a pris son rôle.

 

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Eloïse Shin
Posté le 21/07/2021
"Le temps passe vite, et pourtant, il ne s'est jamais autant dilaté..."
J'aime trop ta façon d'écriture !! Tu n'hésites pas à mettre des phrases un peu poétique qui laisse place à de l'imagination :)
Eloïse Shin
Posté le 21/07/2021
d'écrire*
Debout la Nuit
Posté le 02/05/2021
"Le temps passe vite" : c'est paradoxal quand on est comme emprisonné. Et pourtant, l'absence de perspectives, de choses à faire, à découvrir, enrobe les jours dans un morne déroulement.
Imre Décéka
Posté le 10/05/2021
Vu, merci pour ton commentaire, réponse détaillée au chapitre 31
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