Il est partout. Il n'est pas parti.

Par Ynoui
Notes de l’auteur : Dans ce chapitre, Georges Pinard voyage dans le temps et retourne en 1945. Prisonnier du couple infernal Hitler-Braun et d'une anomalie spatio-temporelle, saura-t-il s'échapper ?

 

Suite à une faille temporelle1, sous le rayon des livres d’histoire de ma bibliothèque, je me retrouve en 1945.

 

Dans le bunker d’Adolf Hitler, je suis dans le petit salon avant le suicide d’Eva Braun et du chef des nazis. Ils sont assis dans leur canapé. Intimidé, je me présente poliment : Georges Pinard, résident normand de l’année 2020. Hitler me fait signe de m’asseoir entre lui et elle. Il me parle en allemand, je ne comprends pas. Hitler a mauvaise haleine. Eva Braun me demande une cigarette, en anglais. Elle me confie qu’Hitler est pénible ces derniers temps. « He is only speaking about her dog ».

Adolf Hitler la regarde parler. Il a l’air vague. Il a mal aux dents. Il me tend une pilule. « Ich bin our final rave-party ». Je refuse, puis la discussion reprend avec Eva Braun. Elle s’inquiète pour Adolf. Je lui fais remarquer que je ne suis pas psy. « Yes, but you are a human being and i need to be listened by someone » me dit-elle.

- I am also someone who can have compassion for autrui. What are you doing here ? me questionna-t-elle

Je lui réponds en anglais que je suis victime d’un trou dans l’espace-temps, après avoir lu un livre sur Hitler, racontant sa vie.

Elle comprend. Elle me confie qu’elle-même est régulièrement projetée dans le futur. Très souvent, elle atterrit dans des auditoriums. Personne ne la reconnaît. Quand elle parle, tout le monde la regarde comme un fantôme. Adolf acquiesce. Il demande à Eva de traduire en anglais ce qu’il dit en allemand «  J’ai essayé de me suicider. Mais ça n’a pas marché. Mon corps et mon esprit errent dans le continuum spatio-temporel. Je suis happé puis projeté toutes les nuits. C’est un véritable cauchemar. Au début, c’était chez les Russes, dans leurs cinémas. Puis après, je me suis souvent établi chez des Américains, d’abord dans des salles collectives, puis dans des salons, chez des gens. Maintenant, c’est en France, dans des salles de classe. Le plus terrible, c’est que je suis dédoublé. Je me vois dans tous les films, mais je ne peux rien dire. En quelque sorte, je suis sans voix, ce qui est terrible pour un orateur comme moi. Il n y a que moi à m’entendre. Hélas, je suis souvent vu comme un clown ou un psychopathe. C’était bien la peine de se casser le cul... »

 

Eva se lève. Elle voudrait que je lui conseille un dentiste, pour lui. Elle pleure et tape des pieds : « Ces salauds de Russes, ils ont tout pété chez nous, on n’a plus rien. On était heureux, maintenant, ils se vengent. Tous les soirs, on revit la scène. Mais vous, vous avez l’air plus gentil que les autres. Vous pourriez pas nous aider ? Nous faire sortir de là ? ».

 

La température monte brusquement dans la salle . Hitler devient de plus en plus petit. Le plafond baisse. Je cherche une porte de sortie. Il n’y en a pas. La pièce ne contient aucune ouverture. Je pense que je vais mourir écrasé et brûlé avec eux. Les Russes vont croire que je suis lié à tout ça, mais c’est faux, je suis juste là par hasard.

 

Je refais le tour de la pièce. J’entends arriver des gens, qui parlent russe. C’est terminé.

Il me revient alors cette fameuse phrase de Robert Bidochon : « il faut mettre fin à ce diaporama ».

 

Ouf ! Me voilà reparti.

 

Dans mon canapé, en sueur, je regarde le mur blanc. Je me lève pour prendre un verre d’eau. Hitler, où es-tu ? Je regarde partout, je suis bien rentré. J’ouvre différents livres : le Livre Noir, la biographie d’Hitler, les récits sur les victimes d’Hitler, sur la nuit de Cristal, sur le génocide des juifs en France, sur Alan Turing, Samuel D. Kassow, , Chil Rajman, sur Kurt Weill et le rire sous le nazisme.. C’est bon, je reste les pieds sur terre. Je ne pars plus.

 

J’allume la télévision. Sur la chaine 115, des Américains sont au Brésil. Ils le cherchent ; il doit être vieux maintenant. Je prends ma tablette, je tombe sur le récit de sa mort par un youtubeur.

Peut-être que lui, il me voit aussi ? On est dans le même trou spatio-temporel.

 

1Pour ceux qui ne savent pas, c’est quand, bizarrement, on change d’époque à cause d’un trou noir. Cf. Interstellar. Mais , chut, pour l’instant, le narrateur, Georges Pinard ne le sait pas vraiment.

 

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Steph83
Posté le 11/04/2020
Bonjour j'ai apprécié votre écriture fluide et agréable, vous maniez la plume bien mieux que moi.
Par contre si je peux me permettre, je n'ai pas accrocher sur l'histoire en elle même.
Le sujet et prometteur j'apprécierais pouvoir lire la suite pour me faire une opinion plus précise.
Cela dit, l'histoire n'est qu'une affaire de gout.
Quand à l'écriture bien !
Bonne continuations.
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