III • Nocturne

Durant mes premières éternités, je pensais ne jamais savoir ce qu'est la lumière du jour.
Aux portes de l'Enfer, un tapis de fleurs écarlates est sublimé par la lueur de l'aube chaque matin. Un rêve éveillé que je dus quitter afin d'explorer le monde pour lequel j'avais tout sacrifié. En ce temps, je ne connaissais que le feu, les cendres, le soufre, les cascades de lave et l'incandescence. Je n'avais visité que la roche sombre, labyrinthe souterrain, les cavernes glaciales, là où la chair putride de ce que vous appelez damnés pourrit millénaires après millénaires.

Mon étonnement fut d'autant plus immense lorsque je découvris ce qu'est la nuit.

Les feux ne font pas partie que des profondeurs de la Terre, ils illuminent aussi les cieux. Toutes ces histoires que l'on me racontait n'avaient plus de sens, ni d'importance. Et chaque soir, je regardais le voile nocturne. Ce drap dont la noirceur me rappelle sans cesse les ailes de notre père, couleur de sa toute puissance.

Au cours de mes voyages, je vis le jour, malgré la nuit, dans palais et châteaux. Aujourd'hui, mon seigneur profite de ces artifices en d'autres contrées. Les chandelles me tiennent compagnie en son absence, tandis que je me remémore d'amers souvenirs au cœur de ce royaume de mortels.

Le soir berce ma peine en magnifiant les flammes qui m'entourent. Je songe encore à mon frère qui espère toujours mon retour...

 

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Vous lisez