III – La ferveur de la doudoune

Par Dan
Notes de l’auteur : George Harrison – Got my Mind Set on You

La ferveur de la doudoune

En approche de Harpagia, Ganymède, satellite de Jupiter

 

— Va juste falloir qu’on se mette d’accord sur un truc, coco : la vadrouille spatiale, d’accord, mais avec ta musique dans les esgourdes, ça va pas être possible.

— C’est la musique de ma mère.

— Super, alors elle s’en fout si j’en change. Uff da, ça c’est bien !

Johnny Cash remplaça George Harrison dans le poste de pilotage et le cœur de Bowie lui tomba dans les babouches. Il avait entendu l’histoire un millier de fois, il avait ri, fait semblant d’avoir honte et fondu en dedans quand Māma la racontait. C’était sur une de ces chansons que Māma et Bàba s’étaient rencontrés. C’était sur une de ces chansons qu’ils lui avaient dit adieu, quand il était devenu clair qu’il ne reviendrait plus jamais.

— Quoi, t’aimes pas ? lança Woody devant sa mine renfrognée, subtilement menaçant.

— S, shì.

Bowie fit semblant de se concentrer sur la trajectoire d’arrivée, même s’il n’avait aucune envie de se poser. Ces douze dernières heures ne l’avaient pas converti aux voyages en compagnie de Woody, mais son manque de tact et ses flatulences épicées étaient un moindre mal face à la menace de la Police Interastrale.

Bowie n’arrivait pas à croire qu’il avait été assez bête pour s’enfuir. Ça avait semblé héroïque sur l’instant – un peu désespéré aussi, bravement désespéré, disons. Ça avait même semblé logique d’une certaine façon. Sa sœur et lui avaient tout essayé pour contacter Māma. Ils avaient appelé des dizaines de judiciers, même demandé rendez-vous avec le gouverneur pour grappiller cinq petiotes minutes au visiophone, mais rien n’avait marché. Napoléon non plus n’avait pas marché. Alors Bowie n’avait pas eu le choix : c’était soit ça, soit rentrer sur Miranda et expliquer à la frangipane qu’il avait baissé les bras. Dire à Austen que Māma ne valait pas plus tracasseries que ça.

Avec l’adrénaline et l’idée folle de faire chanter Woody pour obtenir son aide, Bowie s’était cru tiré d’affaire. Maintenant, il comprenait un peu mieux dans quelle mouise il s’était fourré : il avait désobéi à un ordre de la PI pour se carapater en plein attentat terroriste – et d’après ce que la ministre des Satellites jupitériens en disait, c’était gravissimo-sinistre. S’il avait su que la journée se conclurait comme ça, quitte à devenir hors-la-loi, Bowie n’aurait pas autant rechigné à boire un petit verre de courage en bouteille.

Sa seule consolation était que l’extérieur banal du Major Tom lui faisait un assez bon camouflage et qu’aucun document officiel ne le renseignait comme son capitaine ; Bowie pouvait donc espérer ne pas avoir été fiché. Malgré tout, il était plus rassuré dans le vide de l’espace, là où un coup de manivelle pouvait les propulser en vitesse supraluminique hors de portée des officiers.

Woody le tira brusquement de ses réflexions en coupant la musique, puis il fit pivoter le siège copilote pour le regarder.

— C’est le vaisseau de ta mère, aussi ? demanda-t-il.

— Qu’est-ce qui vous fait dire ça ?

— J’ai trouvé un soutif léopard dans le cabinet.

Bowie hésita : fallait-il dire la vérité ou faire semblant d’aimer les sous-vêtements à imprimés ? Il n’avait plus beaucoup d’honneur à sauver ; par ailleurs, il ne savait pas jusqu’où pousser les confidences pour forcer Woody à l’épauler – et par encore ailleurs, il n’avait rien contre les slips à motifs. Mais comment Woody pourrait-il l’épauler, au juste ? Qu’est-ce que Bowie allait lui demander ? Qu’est-ce qu’un chef receleur savait concrètement des correspondances illégales avec les prisonniers de Charon ? Quel neuneu piégeait un moonshiner sans savoir quelle rançon réclamer ?

Bowie se perdait dans des pensées de plus en plus paniquées quand, comme pour venir à son secours, son braço déclencha l’alerte-pipi. Il bondit sur ses pieds.

— C’est quoi ce bidule ? demanda Woody.

— Un pense-bête, dit Bowie, pour me souvenir d’aller aux toilettes.

— T’as pas la lumière à tous les étages, toi, non ?

Bowie songea qu’il pouvait tout aussi bien ignorer l’alarme et attendre que Woody pique un somme pour lui pisser dans l’oreille. Il se contenta pour le moment de le fusiller du regard, mais il avait un peu de mal à zieuter le vioque de face ; il ne pouvait en tout cas pas le zieuter trop longtemps : son accoutrement aux couleurs flashy lui agressait la rétine.

— Je sens pas la douleur et je sens pas non plus quand j’ai envie de me vider, dit Bowie. Ça va avec.

— Uff da, et moi qui croyais que voir en noir et blanc c’était une plaie.

— Pitié, avec vous ici, je donnerais n’importe quoi pour être aveugle.

Bowie tourna les talons avant que Woody percute et fila dare-dare aux cabinets. Il y trouva la brassière de sa mère hissée en étendard entre l’ampoule et la poignée de l’armoire ; Bowie s’empressa de le décrocher, ouvrit la porte du petit dressoir pour l’y bourrer et une avalanche de falzars en velours, de gros pull angora et de chaussettes molletonnées en dégringola. Bowie éteignit alors l’alerte-pipi et se laissa tomber à genoux dans la marée, plongeant les mains dans toutes les matières et se frottant le visage à tous les tissus.

Il commençait à comprendre les concepts d’habillement des luniens de Jupiter : bigles ou daltoniens, ils essayaient de compenser par des coloris tapageurs qu’ils ne voyaient même pas. Les luniens d’Uranus étaient victimes du même syndrome : avec leurs peaux insensibles à la température, aux bobos ou à la tendresse, ils rivalisaient à coups de fourrures synthétiques et de frocs-doudoux.

Pour la première fois depuis qu’il était parti de Miranda, Bowie osa tendre l’âme en direction de sa mère. Il espérait flottement y trouver du courage ou de la détermination, en vain. Il chercha alors de la résignation, comme celle qui avait écrasé Māma après son procès, sans résultat non plus. Il ne sentait toujours que de la tristesse et de la douleur.

Il avait menti à Napoléon : il ne voulait pas parler à Shelley pour savoir si elle allait bien, parce qu’il savait depuis un bout de temps que ça n’allait pas du tout. Ce qu’il ignorait, c’était pourquoi. Māma n’était pas du genre à déprimer à cause d’une cellule trop petite ou du menu de la cantine. Alors qu’est-ce qui se passait, sur Charon ? Qu’est-ce qu’on lui avait fait pour la mettre dans cet état ? Et pourquoi on tenait ses enfants à distance ?

Bowie mentait à Austen, aussi, à chaque fois qu’elle lui réclamait « Sonde Māma, dis-moi ». Il lui répondait ce qu’elle voulait entendre « Elle fait aller, Mèimei. On lui manque, c’est tout » – il ne voulait pas affoler sa sœur déjà si impatiente, encore moins la motiver à quitter la relative stabilité de sa vie à Elsinore. Jamais il ne lui avait parlé des doutes profonds comme des crevasses qui cisaillaient leur mère, de ses cauchemars effrayants, encore moins de cette fatigue qui ressemblait de plus en plus à un désespoir incurable.

Ça lui donna envie de pleurer, encore une fois, mais un maigre réconfort l’empêcha de faiblir : elle était en vie. Et ce fut seulement quand cette pensée le toucha que Bowie réalisa : la crainte de perdre un jour son contact s’était fait un nid de ronces dans son cœur. Māma avait besoin de les voir et de leur parler, elle aussi. Alors cette fois, il ne mouilla pas ses vêtements de larmes. Il se redressa simplement, rangea les habits, soulagea sa vessie et revint au poste de pilotage animé d’une ardeur qui était la sienne et la sienne uniquement.

— Shì, c’est le vaisseau de ma mère, dit-il en reprenant sa place. C’était son vaisseau.

Woody mit quelques secondes à retrouver le fil de la conversation :

— Où elle est ?

Bowie l’observa un long moment, puis il coupa le rétrofreignage et laissa le Major Tom s’accrocher à l’orbite de Ganymède. Napoléon lui avait au moins appris une chose : il devait mettre toutes les chances de son côté. Dans le cas de Woody, ça signifiait ne pas lui offrir trente-six portes de sortie en le déposant gentiment sur sa lune natale. Si Bowie voulait le forcer à l’aider, c’était maintenant que ça devait se jouer ; après ça, les prières et les têtes de pucelle ne suffiraient plus.

Alors Bowie lui raconta Inverness, l’atelier, Austen, Othello et la blague des canards dont il n’avait jamais entendu la chute.

— Pourquoi c’est pas ta sœur qu’ils ont virée ?

— Ils voulaient, mais j’ai réussi à les convaincre. C’était pas sa faute, à elle. Si j’avais pas perdu le contrôle de mon empathie, si je l’avais pas contaminée avec toutes les émotions que j’arrivais plus à garder dedans, elle aurait jamais craqué comme ça.

— Et donc, vous voulez risquer de mettre les judiciers en rogne juste pour parler à votre vieille sur Charon ? Franchement, je vois pas bien pourquoi.

Bowie le dévisagea jusqu’à ce que ses yeux le picotent.

— Ils ont pas le droit de nous empêcher de la voir ! lâcha-t-il avec une pointe d’hystérie dans la voix. Quand on leur a dit ça, ils nous ont juste envoyés roulebouler en parlant de « circonstances aggraveuses », de « procès à plusieurs volets » et de « directive de la gouvernance »…

— Et vous vous êtes jamais demandé s’ils avaient pas raison ? Si elle avait pas des circonstances aggravantes, la mommy ? Peut-être qu’elle vous racontait pas tout.

Bowie plissa les yeux. Il préférait quand Woody se contentait de péter, en fait.

— Non, Māma aurait jamais rien fait de vraiment sévère. Les boules à neige ont jamais tué personne. Même les criminels de super-haut niveau ont droit à des visites familiales, c’est pas juste.

— Et pourquoi vous avez écopé de son vaisseau ? Les flics auraient dû le confisquer, c’est ce qu’ils font d’habitude. Rafler tous les zozios pour leur flotte ou pour les pièces détachées.

Bowie jeta un œil à la cabine cosy du Major Tom. C’était Austen qui s’était précipitée à Inverness pour le récupérer – Bowie était encore trop affaibli par le contrecoup de l’arrestation de Māma pour ramper plus loin que l’infirmerie de l’atelier. Sa sœurette était rusée, elle était même capable d’envoyer valser une brochette d’officiers, mais elle n’aurait jamais pu leur chouraver le vaisseau et s’en sortir sans problème pendant toute une année.

— Ils ont arrêté tellement de moonshiners, ce jour-là, peut-être qu’ils ont préféré prendre d’autres vaisseaux parce qu’ils avaient l’embarras du choix, avança Bowie.

— En laissant dedans toutes les babioles qui faisaient d’elle une hors-la-loi ? Même pas un petit coup de balai pour dégager tout ça ?

Woody montra les figurines et les stickers et les mobiles d’un geste du bras. Bowie observa le chien articulé qui faisait presque « oui » de la tête sur le tableau de bord, mais il ne répondit pas.

— Mouais, bizarre, fit Woody. M’enfin si elle tramait rien de plus louche que tu le dis, elle restera pas au clapier cinquante ans. Comparé à ce que d’autres vendent ou font, c’est pas ça qui inquiète le plus les grands chefs. Ça serait pas mieux d’attendre qu’elle purge sa peine, du coup ? Plutôt que de risquer que ça parte en quenouille ? Vous aurez tout le temps de papoter, à ce moment-là.

— Je vous demande pas votre avis.

Bowie en avait marre de se justifier devant un vieux schnock en salopette rayée. Il l’avait pris en otage, pas en conseiller judiciaire ! Il connaissait l’histoire, lui ; et surtout, il n’avait pas du tout envie de s’entendre dire qu’il avait claqué cent coupons et franchi la ligne de la criminalité pour rien.

Woody parut un peu surpris, mais le sourire blagueur que Bowie commençait à connaître et à détester apparut dans les poils blancs et les fils colorés.

— T’as essayé de soudoyer un gageur, j’imagine ?

Pris de court, Bowie le scruta un moment sans répliquer. Est-ce que ça voulait dire qu’il l’avait convaincu ? Intéressé, au moins ?

— Shì, dit-il finalement. Un certain Napoléon qui m’a arnaqué avant de me dire qu’il pouvait rien faire pour moi parce que c’était trop compliqué et trop dangereux et que ça valait pas le déplacement. Je lui ai mis un coup de clé à pipe sur la tête, pour la peine.

— Napoléon… oui, ça me dit quelque chose, poursuivit Woody, totalement indifférent à ses élans de témérité. Paraît qu’il est insupportable, mais plutôt efficace.

— Efficace ? Comme escroc vous voulez dire ?

— Jamais entendu parler d’escroquerie de sa part. Mais j’imagine qu’il peut pas résister à un bon gros pigeon, comme n’importe quel moonshiner. Il a dit ce qu’il faudrait, selon lui, pour réussir à lui passer un coup de bigot ?

Bowie préféra passer sur l’insulte et répondit :

— S, quelque chose comme « des experts qui coûtent bonbon ». Des télépathes, des clairvoyants, tout ça… Pour avoir une chance de faire ça discrètement, j’imagine.

— Tu connais des gens de ce genre-là qui pourraient avoir envie de t’aider ?

— Comment ça ?

— Ben si tu peux pas acheter un hurluberlu-chapeau-pointu pour en forcer d’autres à te prêter main-forte, tu peux plus compter que sur la compassion, coco. M’étonnerait pas que parler à ta mamoune, vu le schmilblick que ça a l’air d’être, ce soit juste aussi carotté que le Napoléon l’a dit. Alors ta seule chance c’est de convertir des alliés au sentiment.

Bowie devait admettre que Woody avait raison sur ce point : si le risque était trop grand pour être amorti par les bonus, il fallait que la motivation le surpasse. Malheureusement, il ne connaissait qu’une seule personne susceptible de courir ce risque pour Shelley : Austen. Austen qui était une télékinésiste presque aussi douée que Māma et qui aurait sûrement été précieuse dans une opération pareille – chose qu’elle ne manquait jamais de lui rappeler –, mais que Bowie ne pouvait toujours pas se résoudre à mettre en danger : si la mission capotait, il devait être le seul à en souffrir. C’était à ça que servaient les grands frères, non ?

— Et si on se posait ? fit Woody, qui allongeait les bras vers les manettes.

—  ! s’exclama Bowie en se redressant comme un ressort dans le fauteuil pilote.

— J’ai faim.

— Y a des fortune cookies pour un siècle, mangez ça.

Woody piocha dans la réserve que Bowie désignait, coincée dans le porte-gobelet de son siège. « Vous aurez de nouveau faim dans une heure. » Woody ricana en mastiquant.

— Croyez pas ce que ça dit, tenta Bowie, c’est pas…

— Oublie tes biscuits diseurs de bonne aventure. On va pas tourner autour du caillou pendant deux plombes, no ? Je connais un coin pas loin, on pourra discuter, c’est moi qui régale. J’ai un vrai gros creux et ton chariot aussi, t’as même pas de quoi quitter le puits de gravité, de toute façon.

Woody avait encore raison, et comme Bowie lorgnait la jauge d’hydrogène en fulminant à cette idée, le fourbe fripon en profita pour prendre les commandes. L’ardeur de Bowie vacilla quand le Major Tom fit un brusque écart et perça l’atmosphère de Ganymède. Il n’eut pas vraiment le loisir d’en repasser par toutes les phases d’angoisse, alors le temps que le vaisseau atterrisse, Bowie bondit directement de l’inquiétude générale à la terreur. Il garda le nez collé au hublot pendant cinq minutes, guettant des officiers de la PI qui ne venaient pas, avant que Woody le chope par la tresse et le traîne dehors.

Le Major Tom avait jeté l’ancre dans une zone de stationnement déserte, jonchée de débris métalliques et de carcasses de vaisseaux.

— Uff da, ça a bien changé depuis ma dernière escale, bougonna Woody. Bon, au moins, on risque pas d’être dérangés.

D’un côté, une station de ravitaillement munie d’une seule pompe déglinguée promettait de l’hydrogène contre une avantageuse somme de coupons ; de l’autre, un restaurant automatisé aux vitres crasseuses promettait les meilleures frites du système. Bowie ne croyait ni à l’un ni à l’autre, mais comme l’endroit semblait assez paumé pour passer inaperçu des policiers, il se laissa trimballer sans protester. Quelques minutes plus tard, il était attablé devant une corbeille de patates molles.

— Et ton père ? demanda Woody en enfournant ses frites avec une gloutonnerie de Tritonnien.

Le diner était aussi vide que le parking le laissait supposer, mais faute de clients, la décoration semblait vouloir remplir tout l’espace. Aussi, Bowie était trop captivé par le mobilier dépareillé composé de banquettes en cuir craquelé et de siège capitonnés, de tables hautes et de tréteaux, d’abats-jours et d’enseignes au néon pour prêter attention à ce que Woody racontait.

— De quoi ?

— Ton daddy, mou du bulbe. À moins que t’aies été fait en pipette à partir d’une paire de hiboux galeux, ce qui m’étonnerait même pas.

La chanson de Johnny Cash lui revint clairement et brutalement en mémoire ; c’était comme si on avait allumé la boitazic dans l’esprit de Bowie.

— Mon père peut rien faire, dit-il à voix basse en triturant ses frites. Y a que ma sœur et moi.

Woody sirota son soda sans le lâcher des yeux et Bowie fit semblant de se passionner pour le paysage. Dans le lointain, d’énormes cargos survolaient les collines en rase-mottes, puis ralentissaient, ouvraient leurs trappes ventrales et repartaient à la queue leu leu comme une procession de mouches bien élevées. Leurs cargaisons tombaient en un petit pipi scintillant au sommet des buttes, accentuant patiemment le relief. C’était plutôt joli, ce que des centaines de rafiots-poubelles pouvaient faire avec les déchets métalliques récoltés dans le système.

— Et ta mère, elle avait pas des fellas qui sont un peu énervés par le silence radio ? continua Woody. Je vois mal comment une vendeuse de bidules terriens pourrait réussir à se faire du blé sans un bon réseau. Et puis elle a Johnny Cash et Willie Nelson dans sa playlist, moi je l’aurais épousée. Alors si c’est aussi injuste que tu dis, ça a dû en chauffer quelques-uns.

— Je crois pas…, fit Bowie en léchant l’huile sur le vernis à ongles qui commençait à s’écailler. Je sais pas, en fait… J’imagine que… Attendez !

— J’attends.

— Shĕnshen ! Ma tante !

— Quoi ? fit Woody en sursautant quand un robot serveur surgit près de leur table avec une part de tarte tatin.

— Ma tata ! Enfin, c’est ma marraine, mais on l’appelle Shĕnshen. C’est une clairvoyante ! Et la marraine de ma sœur est téléphase !

— Ben voilà.

Bowie s’empara de l’assiette avant que le robot reparte avec et l’entama d’un bon coup de fourchette. Il avait une faim de pou, soudainement, et même si le cuistot mécanique n’était pas plus doué avec un moule à tarte qu’avec une friteuse, Bowie trouva le dessert goûtu.

— Elle crèche où, auntie ? demanda Woody.

— Ah, ça c’est plus problématique, répondit Bowie en mastiquant un grumeau. Aux dernières nouvelles, elle vendait de l’alcool et des médicaments sur les marchés, je crois. Elle vient de Callisto, mais je pense pas qu’elle y habite. Guevara, c’est une…

— Minute minute polochon. Guevara ?

— Ben… s. C’est comme ça qu’elle s’appelle.

— Rondouillarde, grand nez, chicots en avant, peintures sur les yeux, jolie ?

— Ss, admit Bowie, qui avait peur de comprendre. Pourquoi ?

Woody repoussa sa corbeille vide et se laissa aller contre le dossier. Des petits bouts de patate s’étaient invités parmi les perles et les breloques tricotées dans sa barbe, mais avec sa mine grave, difficile de lui trouver un air bête.

— Je la connais, ta tantine, confirma Woody. Je l’ai vue aujourd’hui, sur Europe. Et tu l’as ratée de peu aussi.

— Q… quoi ? Mais c’est super-chouette ! Ça veut dire que vous allez pouvoir m’aider à la retrouver et…

— Uff da, j’aimerais bien la retrouver, moi aussi, coco. Et si je lui mets la main dessus, après ce qu’elle a fait à… à tous mes gars, sans parler des coupons qu’elle m’a volés, je peux te jurer qu’elle sera plus en état de bigoter qui que ce soit.

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Rimeko
Posté le 26/07/2016
Coucou chère collègue cake-xploratrice ! ^^
Bon, je suis fière de moi, je suis enfin à jour !
 
Quelques suggestions :
"C'était sur une de ces chansons que Maman et lui s'étaient rencontrés. C'était sur une de ces chansons qu'ils lui avaient dit adieu." Là, j'avoue pas avoir vraiment compris... Est-ce Bowie parlerait de son père ? (Je viens d'y penser en me rappelant la question de Woody sur le-dit père...) Parce que sinon j'avais l'impression qu'il mentionnait sa propre rencontre avec sa mère, ce qui est un peu étrange x)
"Même pas un petit coup de balais (pas de -s) pour dégager tout ça ?"
"Il n'eut pas vraiment le loisir d'en (juste "de" ?) repasser par toutes les phases d(e l)'angoisse"
"Et la marraine de ma sœur est téléphase !" Télé-quoi ??
 
Ha, je suis contente de retrouver Bowie ! Ses chapitres sont peut-être les meilleurs car les plus drôles à lire x'D Genre là, le retour de l'alarme-pipi et surtout la brassière léopard "en étendard", bonjour la famille de fous ! (Par contre, j'ai pas compris ce que ce soutif fichait là... Si c'est Wilde qui l'y avait laissé, Bo' aurait dû le remarquer depuis le temps, non ? Ou y'a plusieurs toilettes dans le vaisseau ?)
Nan mais c'est tellement un boulet ce pauvre Bowie x'D N'empêche, il a l'air sur la bonne voie pour pouvoir parler avec sa mère ! Mais du coup, Woody a raison, c'est super bizarre que lui et Hendrix ne soient pas autorisés à la voir si elle n'a fait que trafiquer des "bidules terriens"... Je suis du coup en train de remettre mon nez dans le chapitre Haccan/Wilde mais je trouve pas d'infos, rah. Je veux savoir !
Ah. Cela, c'est moins cool, comme fin de chapitre. Beaucoup beaucoup moins cool. J'imagine que son animosité est liée à "l'attenntat"... ? Ou alors j'ai raté un truc ? (Ce qui est fort possible au passage.)
Dan Administratrice
Posté le 26/07/2016
Coucou Rim-cake ! Désolée pour le temps que j'ai mis à répondre...
Je commence par les suggestions : je ne dirai rien quant à l'identité du "lui" en question, tu imagines bien :P Mais le flou est normal, et voulu (oui, je ne guérirai jamais de ma mystérite aiguë !). Je me dis que justement, comme ça serait bien bizarre que Bowie rencontre sa mère, on comprendrait forcément l'autre sens (et puis j'aurais écrit "qu'il avait rencontré Maman", pour être plus claire, je pense ^^)
Pour le balai, Ethel me l'avait fait remarquer et j'ai oublié de faire les corrections >< Désolée pour le boulot en doublon ! Quant à téléphaser, c'est une manière de dire qu'elle parle par la pensée (mais qu'elle n'entend pas forcément de cette façon, contrairement aux télépathes qui dans mon esprit peuvent communiquer de cette façon dans les deux sens).
Moi aussi j'ai un faible pour Bowie, ses chapitres sont en tout cas les chapitres les plus faciles à écrire, peut-être parce qu'ils sont plus éloignés des vrais enjeux pour l'instant (ce qui est piégeux parce que je pourrais écrire toute une histoire à base de chansons rétro et de brioche dans le Major Tom x'D). Pour le soutif, Wilde l'avait bien laissé dans le placard, mais c'est Woody qui l'a accroché comme ça (d'où le fait que Bowie songe qu'il est pas vraiment tombé dessus par hasard).
Bowie est un boulet chanceux, à peu près, pour l'instant :P Eh oui, c'est louche, ça madame ! C'est vrai qu'il n'y a pas beaucoup d'infos à ce propos pour l'instant, mais ça viendra en temps et en heure, huhu. Pour la fin, c'est tout à fait ça : une partie des employés de Woody au chantier naval a été tuée par l'explosion, du coup il est remonté, ça peut se comprendre ^^
Merci d'être toujours au rendez-vous Rimrim ! (même quand moi j'y suis pas pour te répondre x'D) et merci pour ta lecture et ton commentaire ! ♥
Laure
Posté le 20/07/2016
Je ne me rappelle pas avoir eu autant de plaisir à lire un chapitre de Moonshine. C'était délicieux, merci Danou. 
Je pense que c'est en grande partie grâce à ce cher Bowie, qui en plus d'être charmant et naïf comme tout, ne me cache rien. Et puis son alerte-pipi, les désagréables flatulences épicées et le soutif égaré, c'était tellement drôle ! C'est vrai que c'est particulier que ton histoire soit à la fois si drôle et si triste. C'est un peu comme Bal aveugle, qui est drôle aussi mais qui raconte quand même l'histoire d'une ville qui doit tuer l'un des siens.
Je sais pas quoi dire sinon que j'ai beaucoup aimé, donc. J'adore toujours ton style et ta manière de faire parler tes personnages.
Au passage, je vais répondre un peu à ta réponse précédente : en fait, j'ai dû manquer les présentations d'Haccan et de Kant, c'est tout ma faute. Ma mémoire est désagréablement incontrôlable. Sinon, pour ton problème de narrateurs, je comprends tout à fait, ça doit pas être simple ! Je pense en tout cas que tu t'en tires bien, c'est juste que j'ai pas l'habitude de pas tout savoir ce que sait le narrateur alors ça me déstabilise. Mais je m'habitue et j'aime de plus en plus, c'est comme la bière ^^ 
Voilà voilà !
Ah et j'ai vu ça : « Même pas un petit coup de balais » balai, je crois. Sauf s'il s'agit de plusieurs balais, ce qui reste dans le domaine du possible.
Dan Administratrice
Posté le 20/07/2016
Moow non, merci à toit Ethelou ! Ca me fait trop trop plaisir ♥
C'est vrai que Bo est l'unique personnage complètement vierge - sans mauvais jeu de mots - et que du coup c'est plus facile de se mettre dans ses babouches ^^ Ca me rassure quand même que sa naïveté finisse pas par être lassante... il change doucement, mais il change =') Ca me rassure aussi que l'humour pipi-caca-proutprout fonctionne toujours parce qu'apparemment je suis pas capable de mieux dans cette histoire :P Pour ma défense, c'était censé être seulement drôle ; mais faut croire que le sérieux me rattrape, j'arrive pas à écrire seulement pour le délire D:
Merci beaucoup pour tes compliments en tout cas ! ♥
Pas de souci pour Kant et Haccan, je voulais juste savoir s'il y avait des choses que je pouvais clarifier pour toi ^^ Quant au souci des narrateurs, je cherche encore la solution miracle mais elle m'échappe pour le moment... J'espère en tout cas que ça posera moins de souci pour la suite, normalement ça ne peut aller qu'en s'arrangeant ! Comme la bière, c'est une comparaison qui me plait ♥
Merci pour la coquille ! Et pour être toujours au rendez-vous !
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