III.4 Le Fourreau

Par Flammy

Chapitre 4 : Le Fourreau

 

~916 jours avant le cataclysme

 

~0~

 

Les Humains sont la gent la plus répandue sur le continent de Consor. Ou, en tout cas, celle qui prend le plus de place. Contrairement à toutes les autres gents, il n’existe aucun point commun à tous les Humains qui n’est partagé que par les Humains. Les Humains sont donc définis par “défaut”, si un individus n’est pas autre chose, il est Humain. Seuls les Humains peuvent devenir sorciers ou faire partie de la Prêtrise. Les Humains sont aussi les seuls à avoir un de leur dieu incarné sur Kaea, et à croire en de nombreuses choses impossible à démontrer comme la vie après la mort.

Notes de Max.

 

~0~

 

Lise se sentait comme un enfant la veille de Noël. Vianum lui plaisait. À un point inimaginable.

 

Rudy l’emmena dans les quartiers les plus populaires, où des marchands installaient leurs étals en préparation de la foire des couleurs. Dans tous les coins, une débauche d’étoffes chatoyantes, de nourritures alléchantes, d’épices odorantes, de bijoux et de vêtements en tout genre… Les yeux de Lise sautaient d’une curiosité à l’autre. Tout lui paraissait extraordinaire.

 

Au début, elle ne s'était pas souciée de Rudy. Elle comptait juste l’utiliser pour éloigner les gêneurs et retrouver son chemin. Rien de plus. Mais au fur et à mesure qu’elle découvrait des bizarreries, elle lui avait demandé des éclaircissements. D’abord du bout des lèvres, crispée à l’idée de reconnaître son ignorance. À présent, elle tirait sur son bras sans ménagement et le bombardait de questions, râlant dès qu’il ne réagissait pas assez vite ou que ses explications manquaient de clarté. Derrière eux, Eishik suivait, indifférent à tout. Suite aux recommandations de Rudy, il se contentait d’éviter de rentrer dans les inconnus et de les perdre. Ses bandelettes le guidaient sans jamais faillir.

 

Plus la journée avançait et plus la foule de badauds devenait compacte. Cela tenait de l'exploit de circuler sans bousculer quelqu'un et Rudy devait jongler entre le risque que représentait Eishik et le mauvais caractère de Lise. Celle-ci s’arrêta longuement devant un étal recouvert de petits objets étranges, décorés de pierres colorées et de métaux brillants. Des ornements pour cheveux. Des miroirs étaient accrochés aux murs pour les essayer et observer le résultat. Elle les ignora, plus occupée à admirer les bijoux.

 

Lorsque son regard croisa par inadvertance son reflet, elle se figea. Un cri lui échappa. De l’autre côté du miroir, une vision déformée d’elle-même la contemplait. Le teint blafard, les joues creuses, les cheveux courts avec quelques mèches blanches et surtout… des cicatrices. Beaucoup trop nombreuses. Terreur. Sous la panique, elle recula de quelques pas, effrayée par ses propres yeux vides. Elle percuta un homme. Surprise, elle se détourna de la glace l’espace d’un instant. Quand elle la regarda de nouveau, elle avait retrouvé son aspect normal.

 

— Elle pourrait s’excuser la p’tite dame !

 

Lise se retourna et toisa des pieds à la tête la personne qui l’invectivait. Pas très grand, il ressemblait à une montagne de muscles, tout en nerfs et en veines apparentes. Elle garda le silence avant de reporter son attention sur les ornements. Elle avait eu peur. Mais de quoi ? C’était si stupide ! Ou alors… C’était juste de la surprise. Sûrement ça. La chaleur étouffante et les odeurs corporels trop prononcées l’oppressaient un peu trop, cause de son sentiment de malaise. C’était tout.

 

— Hey ! On ne m’ignore pas quand je parle !

 

L’inconnu avait posé sa main sur l’épaule de Lise. Celle-ci se dégagea d’un geste brusque, agacée par ce contact. Elle jeta un coup d’oeil sur le côté mais Rudy s’était éloigné vers un autre étal. Il n’avait rien remarqué de l’altercation. Son absence énerva prodigieusement Lise. Pour une fois qu’il aurait pu servir à quelque chose ! Hors de question qu’elle appelle à l’aide comme une pauvre princesse en danger. Elle se renfrogna et croisa les bras. En Colère.

 

— Je ne m’excuserais pas.

— Pour qui tu t’prends, la morveuse ?!

 

L’homme avait hurlé si fort qu’une bonne partie des badauds de la rue s’étaient tournés vers eux. Lise refusa de baisser les yeux, malgré la veine sur la tempe d’inconnu qui menaçait d’exploser d’une seconde à l’autre. Elle ne laisserait pas un gorille lui parler ainsi. Avec un sourire narquois, elle garda son calme et essuya négligemment sa joue.

 

— Moi au moins, je sais communiquer sans postillonner sur les autres. Ah, navrée, ya peut-être trop de syllabes dans « communiquer ». Tu dois pas comprendre.

 

La montagne de muscles se figea, totalement prise au dépourvu. Rudy profita de la surprise générale pour fendre la foule en quête d'animations.

 

— Lise ! Qu’est-ce qui se passe ?

— C’t’emmerdeuse rentre dans les gens et les insultes sans s’excuser ! J’vais lui apprendre la politesse moi !

 

L’inconnu serra ses poings et s’avança d’un pas, prêt à frapper.

 

— Mais… Excuse-toi et on en parle plus !

— Non.

 

Lise fixa un instant Rudy, pour déterminer s’il était sérieux ou non. Elle détourna le regard sans un mot. Comment osait-il lui demander une chose pareille ? Et dire qu’elle avait cru qu’il pourrait se montrer utile. S’il était venu pour lui infliger ce genre de suggestions, il aurait pu rester à l’auberge.

 

— Hey, t’es son mari ? Tu pourrais la dresser un peu mieux ta bonne femme ! Il leur faut régulièrement une torgnole pour leur rappeler leur place.

— Déjà, tu ne m’associes pas à ce trouillard, j’ai besoin de personne pour m’en sortir ! Et tu te crois fort à tabasser des filles, le macho ?!

— Sale petite…

 

Rudy s’interposa avant que Lise et son adversaire n’en viennent aux mains. Il essaya de calmer le jeu en s’excusant platement. Lise se désintéressa rapidement de la scène, énervée par le comportement de Rudy. Elle détailla ce qui l'entourait, ignorant avec soin les promeneurs outrés qui commentaient son mauvais caractère. Ses yeux tombèrent sur Eishik et sur l’étrange manège de ses vêtements. Certaines bandelettes s’étaient dressées en direction de l’inconnu et dessinaient un signe avec insistance. Complètement indifférente à ce phénomène, la momie fixait un nuage dans le ciel. Autour de lui, des passants paraissaient profondément choqués par son comportement et quelques matrones cachaient le visage de leurs enfants. Pour une telle réaction ? Elle tira sur les vêtements de Rudy, toujours occupé à essayer d’apaiser la situation.

 

— Il fait quoi là ?

 

Surpris, Rudy se retourna vers Eishik, ainsi que la montagne de muscles. Tous deux se figèrent. Jusqu’au moment où la brute perdit définitivement tout contrôle. Plus violacé que jamais, il postillonna abondamment.

 

— C-C-Comment oses-tu, vermine ! Vaurien !

 

Toute une liste d’insultes suivit, que Lise ne comprit que partiellement. Ce que se permettaient les bandelettes d’Eishik reléguait son mauvais caractère au rang de jeu pour enfant. Elle insista pour essayer d’obtenir une explication. Horriblement gêné, Rudy souffla. Les mèches rousses qui tombaient devant ses yeux s’écartèrent un instant.

 

— Eh bien… Il s’agit d’un geste de main que tu fais quand… Non, il ne faut jamais l’utiliser, c’est vraiment ce qu’il y a de plus offensant et…

 

En y prêtant un peu plus garde, Lise remarqua que les bandelettes reproduisaient la position de cinq doigts. Elle essaya de l’imiter, sans être certaine du résultat.

 

— On fait comme ça ?

— Ah non, elle va pas s’y mettre en plus ta bonne femme !

 

L’inconnu avait hurlé si fort que toute la rue l’avait probablement entendu et reçu ses projectiles humides. Il s’approcha d’Eishik, prêt à le frapper.

 

Les bandelettes réagirent immédiatement. 

 

Elles s’enroulèrent autour du bras tendu. L’instant d’après, un craquement retentit. Rudy écarquilla les yeux, totalement dépassé par la tournure des événements. Jusqu’à maintenant, la foule s’était surtout montrée curieuse, voire un peu choquée sans plus. Mais avec Eishik qui devenait violent, la situation risquait de dégénérer. Il fallait réagir, et vite.

 

Il décrocha son fourreau de sa ceinture et le tint par une extrémité pour s’en servir comme bâton pour pousser la momie vers l’avant. Eishik mit quelques secondes à réaliser l’origine de la secousse, instants pendant lesquels les bandelettes s’enroulèrent autour du fourreau et commencèrent à enserrer le bois. Au bout d’une interminable attente, Eishik marcha, dirigé par l’objet désagréable qui lui rentrait dans les côtes. De son autre main, Rudy attrapa le bras de Lise et l’entraîna à sa suite, sans écouter ses plaintes. Les badauds s’écartèrent largement devant eux et dès que l’attroupement s’éclaircit, il força ses compagnons à courir.

 

Ils galopèrent longuement dans les allées, bifurquant souvent pour semer d’éventuels poursuivants. Dans une petite ruelle peu passante, Rudy s’arrêta enfin et reprit son souffle. Lise se dégagea de sa poigne et lui adressa un regard noir.

 

— Pourquoi partir comme ça ?! Cet idiot n’a eu que ce qu’il méritait !

— Oui, et on aurait fait quoi si la foule avait voulu nous remettre à la garde ? Ils ne rigolent pas avec les altercations à quelques lunes de bronze de la grande foire ! On était bon pour les geôles pour au moins une ou deux lunes d’argent.

 

Lise ouvrit la bouche pour répliquer mais elle se ravisa. Elle croisa les bras et regarda ailleurs, mécontente. Rudy soupira et observa son fourreau, enfin libéré par les bandelettes. Le bois avait craqué en plusieurs endroits et de longues brèches parcourraient la longueur de l’objet, auparavant parfaitement entretenu et orné de gravures.

 

— Maître Lei va me tuer. Ce cadeau venait de sa collection personnelle, il y tenait beaucoup…

 

Eishik se contenta de regarder un rat qui cherchait des restes et Lise l’ignora après un coup d’oeil aux dégâts irréparables. Rudy laisser échapper un soupir. S’ils ne se mettaient pas la moitié de Vianum à dos avant de rencontrer la Haute-Prêtresse de la Lumière, ils auraient de la chance.

 

~0~

 

Le soleil déclinait derrière les falaises qui bordaient Vianum lorsque Lise et ses compagnons retournèrent à l’auberge. Malgré l’altercation, elle avait refusé de rentrer plus tôt, préférant pousser son exploration de Vianum. Défaitiste, Rudy avait suivi sans tenter de la raisonner. Il savait que cela ne servirait à rien. Ils avaient marché encore un moment, évitant les allées les plus fréquentées. Ils avaient rebroussé chemin quand Lise avait commencé à se plaindre de la longueur des rues. Installé à une table de la taverne, Leihulm les accueillit avec un sourire. D’un geste de la main, il les invita à s’asseoir avec lui.

 

— Alors, tout s’est bien passé ?

 

Il fronça les sourcils devant la grimace de Rudy.

 

— On a eu un… petit accrochage avec un badaud. Et euh… Hum… Lise et Eishik n’ont pas été faciles à gérer.

— Eishik aussi ? Je n’aurais pas cru.

— Ouais c’est ça, très drôle.

 

Lise se renfrogna. Elle ne savait pas comment le prendre, si elle devait se vexer ou non. Rudy continua à relater les événements, indifférent à l’énervement qui commençait à poindre à ses côtés.

 

— Du coup, j’ai dû les pousser à fuir pour éviter les ennuis.

— Pfuuu. Vu comment Eishik a réussi à rétamer cet idiot, on aurait pas eu de soucis.

— Eishik a attaqué quelqu’un ?!

— Il a répliqué, comme les autres fois. J’ai sonné la retraite à ce moment. D’ailleurs maître…

 

Le visage assombri de Rudy inquiéta Leihulm.

 

— Pour faire bouger Eishik assez rapidement, je me suis servie de mon fourreau pour le pousser. Et… voilà le résultat.

 

À gestes lents, il décrocha deux boucles avant de poser l’objet en bois sur la table. Bien éclairé par les bougies, il semblait encore plus en piteux état. Les gravures avaient dû être magnifiques. Rudy garda les yeux baissés, une lueur triste dans le regard. Leihulm attrapa le fourreau et l’observa longuement, le caressa du bout des doigts.

 

— Irrécupérable. Mais au moins, tout le monde est sauf, c’est l’essentiel. Tu nous as évité pas mal d’ennuis. Si vous aviez échoué dans les geôles, obtenir une entrevue avec Ambroise aurait été très compliqué.

— Vous… Vous ne m’en voulez pas ? Je…

— Te connaissant et vu la situation, il n’y avait pas trente-six solutions. Tu as bien agi. Ce serait plutôt à moi d’être désolé pour toi. Je sais que tu y tenais beaucoup. On passera dans une armurerie demain.

 

Un silence s’installa. Autour d’eux, la taverne se remplissait doucement. Les bruits de conversations animées montaient de plus en plus tandis que les chopes de bière défilaient à un rythme soutenu. Les bandelettes d’Eishik s’agitèrent mollement, visiblement dérangées par la proximité des serveuses, mais elles restèrent sages. Après un moment à observer la salle commune, Lise relança la discussion. L’air triste de Rudy la dérangeait sans réussir à déterminer pourquoi.

 

— Comment ça s’est passé pour toi, Lei ? On va pouvoir rencontrer la Grande-Prêtresse de je ne sais plus quoi ?

— La Haute-Prêtresse de la Lumière. Évite de te tromper dans sa propre cité, tu serais mal vue. Elle est très occupée. Il semble que les choses bougent pas mal à Vianum en ce moment et elle essaie de tout gérer, sur tous les fronts comme d’habitude. Normalement cela devrait être bon dans quelques jours. La Garde d’Astée, ceux qui la protègent et assurent l’intendance, nous enverrons un messager lorsqu’ils auront réussi à nous dégager un créneau.

— Et on fait quoi maintenant, on poireaute comme des idiots ?

— Nous n’avons pas vraiment le choix. C’est ça ou rester dans l’antichambre pour attendre. Crois-moi, ils se montrent particulièrement accommodants avec nous. Et puis, cela laissera le temps à Max de se remettre de sa fatigue.

 

À cette évocation, Lise leva les yeux vers le plafond. Maxhirst n’avait pas émergé depuis leur arrivée, la veille.

 

— C’est vraiment si fatigant que ça la sorcellerie ? Pas très pratique s’il finit comme ça à chaque fois.

— Tout dépend du niveau du sorcier. Max est sûrement l’un des meilleurs de sa génération, même s’il reste très modeste là-dessus. Mais certains sorts épuisent n’importe qui. Voyager entre Kaea et ton monde est toujours extrêmement éreintant, même pour quelqu’un comme lui. Entre ça et… les événements qui se sont passés de l’autre côté, c’est normal.

— Il y a beaucoup de sorciers qui peuvent faire ça ? C’est dingue quand même qu’on ai jamais rien remarqué sur Terre !

 

Leihulm secoua la tête, un sourire en coin accroché aux lèvres.

 

— Non, d’après ce que j’ai compris des explications de Max, il s’agit de l’un des sorts les plus complexes de l’histoire. À ma connaissance, seuls deux sorciers sont capables d’un tel exploit, et vu dans quel état termine Max, tu te doutes bien qu’il ne s’amuse pas à ça tous les jours. Il…

 

Un grondement sourd l’interrompit. Gênée, Lise posa ses mains sur son ventre et fixa le plafond tandis que ses pommettes rosissaient. Après un instant de malaise, elle se leva d’un coup.

 

— Je vais commander de quoi manger, avant qu’Eishik commence à attaquer les tables d’à-côté !

 

Elle partit sans laisser le temps à ses compagnons de répondre. Leihulm esquissa un sourire amusé. Rudy, lui, paraissait troublé. Une fois Lise suffisamment éloignée, il demanda :

 

— Deux sorciers, maître ? J’ai toujours cru que seul Max…

 

Leihulm soupira. Il se massa la base du cou, embarrassé.

 

— Maxhell, le père de Maxhirst, en était capable aussi. C’est d’ailleurs lui qui a mis au point le sortilège. Et c’est à cause de ce sort qu’il… que son âme s’est brisée. Ce n’est pas à utiliser à la légère…

 

Rudy hésita un instant. Il jeta un coup d’oeil à Lise, avant de poser rapidement une autre question.

 

— Lise n’a jamais eu bon caractère mais… Aujourd’hui, j’ai eu l’impression que c’était pire que d’habitude, elle s’est énervée d'un coup et je n’ai même pas compris pourquoi. Avant je voyais mais là…

 

Il semblait un peu perdu. Leihulm fronça les sourcils, visiblement dérangé par cette nouvelle.

 

— Tu sais, ce n’est peut-être rien. Avec la disparition de sa mémoire, il suffit que cela soit la mauvaise période lunaire et cela peut dégénérer vite. Mais on va faire attention et on en parlera à Max si ça continue plus de quelques jours.

 

Rudy ouvrit la bouche pour poser une autre question, mais il fut interrompit par le retour de Lise. Quelques minutes plus tard, leur repas commença sans qu’elle remarque le comportement étrange de ses compagnons.

 

~0~

 

Le lendemain, Lise s’extirpa péniblement de son lit au petit matin, malgré la protection de Mistigwi contre les gêneurs. Elle ne s’intéressait pas vraiment au problème du fourreau cassé, mais ses compagnons avaient refusé de la laisser partir seule en vadrouille, même si elle emmenait Eishik avec elle. Ils semblaient au contraire craindre ce qu’il pourrait arriver si on la lâchait dans la ville avec des bandelettes si agressives. Elle avait eu beau se plaindre et râler, elle avait suivi le mouvement. Tout plutôt que de rester enfermée à l’auberge. Elle profita du trajet, essayant de s’éclipser plusieurs fois sans succès.

 

Ils finirent par arriver à destination, une bâtisse d’allure banale dans un quartier propre. Il n’y avait qu’une armure d’apparat en devanture pour indiquer ce qu’on trouvait là. Elle hésita avant d’entrer à son tour. Tout ceci lui paraissait totalement surréaliste. Existait-il vraiment ce genre de boutique ? Était-ce si courant d’acheter une épée ou une armure ? Rudy perçut son trouble et revint sur ses pas. Il allait ouvrir la bouche mais elle se décida et avança à l’intérieur. Pas besoin de faire tout un foin de… ça. Elle oublia rapidement ses appréhensions. La pièce, quoique grande, se révéla encombrée au-delà de l’imaginable. Des armes, épées, lances ou dagues, étaient accrochées sur chaque parcelle de mur disponible. Des fenêtres avaient été obstruées pour exposer des boucliers ronds. Des bougies tentaient de compenser la perte de luminosité en créant une multitude d’ombres. Au centre de la salle, des mannequins de bois portaient des armures rutilantes, de toutes les formes et de toutes les couleurs possibles. Des étagères, croulant sous les armes, délimitaient des allées étroites. Même Lise, pourtant fine, avait du mal à circuler sans rien bousculer.

 

Sans une hésitation, Leihulm se dirigea vers le fond de la boutique. Il discuta un instant avec un homme âgé avant d’appeler Rudy pour lui demander son avis. Lise resta seule, mal à l’aise. La présence de tant d’armes, comme s’il s’agissait d’un simple étalage de pains, la dérangeait sans qu’elle puisse déterminer pourquoi. Plus que jamais, elle ne se sentait pas chez elle. Personne dans la rue n’avait paru surpris ou choqué de les voir joyeusement entrer dans l’armurerie. Eishik demeura à côté d’elle, son oeil bleu posé sur un arc. Le temps s’écoula, beaucoup trop lentement pour Lise. Rien ne l’intéressait dans cette boutique trop sombre et remplie d’objets tranchants sur lesquels se couper au moindre geste malheureux. De l’autre côté de la pièce, Rudy s’enthousiasmait sur différents modèles de fourreau. Comment pouvait-on se montrer si content d’acheter ce genre de chose ?

 

— Je pense que je vais prendre celui avec le tissu autour. Il est moins fragile et facile à changer en cas de souci.

— Il ne vous reste plus qu’à choisir la couleur alors, messires.

 

La discussion continua un instant sur les différents types de doublures et de teintes. Lise ne comprenait pas la moitié des mots, trop techniques et précis pour elle. Sa connaissance de la langue locale montrait ses limites.

 

— J’hésite entre ces deux-là maître.

 

Leihulm éclata de rire.

 

— Je te rappelle que pour le coloris, ce n’est pas à moi qu’il faut demander ! Va voir avec Lise.

 

Celle-ci sursauta lorsqu’elle entendit son nom. Quelques instants plus tard, Rudy surgissait de derrière une armure, un sourire radieux aux lèvres, deux morceaux d’étoffes à la main.

 

— Tu préfères lequel ? L’orange ou le vert ?

 

Lise fixa les bouts de tissus, gênée. Il n’aurait pas pu plus mal choisir. Une expression ravie sur le visage, il attendait une réponse de sa part sans percevoir son malaise.

 

— Je… Aucune idée.

— Il doit bien y avoir une que tu préfères !

— Je… Je suis daltonienne, c’est la même couleur pour moi.

— Datoquoi ?

— Je ne sais pas comment on dit ça ici, mais je ne vois pas le rouge. Pour moi, le vert et l’orange, c’est pareil.

 

Elle détourna le regard. Elle n’aimait pas reconnaître ses faiblesses, et même si elle ne pouvait rien y faire, on ne choisissait pas ses gènes, elle détestait en parler.

 

— C’est vrai ?! Mais alors, c’est comme maître Lei !

— Quoi ?

— Il m’a toujours dit qu’il ne voyait pas certaines teintes. J’avais trouvé ça bizarre, mais c’est plus courant que ce que je pensais…

 

Rudy réfléchit un instant avant de soupirer. Certaines de ses mèches s’envolèrent.

 

— Qui va m’aider à choisir du coup ?

 

Une bandelette s’éleva et pointa l’une des deux étoffes. Rudy cligna des yeux, surpris, avant de sourire.

 

— Va pour le vert foncé ! Merci Eishik !

 

Rudy repartit vers l’armurier sans attendre plus longtemps. Il ne remarqua pas l’expression soucieuse sur le visage de Leihulm. Son regard perdu dans le vide, il paraissait ailleurs.

 

~0~

 

À leur retour, un groupe compact de curieux s’était agglutiné devant la porte de l’auberge. Ils durent jouer des coudes pour réussir à pénétrer à l’intérieur, ignorant les regards mécontents et les grommellements. Les raisons d’un tel attroupement leur apparurent rapidement. Un barde chantait, accompagné d’un instrument à cordes. Lise ne pouvait pas l’apercevoir à cause de la foule, mais la mélodie lui parvenait malgré le brouhaha ambiant. La voix, pure comme du cristal, lui donnait envie de fermer les yeux et de se laisser aller. Il y avait quelque chose d’apaisant et de joyeux à la fois. Lise chercha l'origine du récital. Après un coup d’oeil échangé avec son maître, Rudy la suivit sans commenter. Leihulm se dirigea vers une table à l’écart, où Maxhirst mangeait. Il paraissait toujours aussi fatigué, mais il réussissait à tenir seul sur un tabouret. Une nette amélioration.

 

Malgré toutes ses tentatives, Lise resta bloquée à quelques mètres du barde. Personne ne la laissait passer, même lorsqu’elle essayait de forcer. Sur la pointe des pieds, elle parvenait à apercevoir le haut d’un chapeau en velours, rouge et or. Cela lui rappelait quelque chose, sans mettre le doigt dessus. Au bout de quelques minutes, la musique s’arrêta et un tonnerre d’applaudissements retentit, assourdissant. Il fallut un long moment avant que le calme ne revienne.

 

— Bien bien. Je vous remercie pour votre accueil si chaleureux !

 

« Bien bien. » Elle avait déjà entendu ce tic de langage. Cette voix aussi, si clair et qui portait si loin. L’illuminé qu’elle avait croisé à l’auberge, le jour de sa rencontre avec Leihulm. C’était même lui qui l’avait retrouvé dans la plaine de Fyh. Er… Er quelque chose. Ernest peut-être.

 

— Je vais maintenant vous interpréter quelque chose pour la joie des plus petits. Une comptine, dont je suis sûr que tout le monde connaît l’histoire, mais avec une mise en musique un peu originale. Bien bien.

 

Une fois le silence total, le barde tira quelques sons de son instrument et commença à chanter. Dès les premières notes, Lise se figea. Incapable de respirer, elle sentit juste un long tremblement la parcourir des pieds à la tête tandis qu’elle se tétanisait. Un filet de sueur coula dans son dos et ses dents claquèrent sans qu’elle en ait conscience. Ses yeux écarquillés ne voyaient plus rien, seule la musique l’obsédait tout entière. Elle ne comprenait pas les paroles, mais ces notes, ces quelques notes… Plus elle les entendait et plus elle se crispait, une peur irrationnelle lui tordant les entrailles.

 

Elle allait mourir.

 

~0~

 

Rudy profitait de l’interprétation de la comptine, assez différente de celles qu’il connaissait, lorsqu’il remarqua l’étrange comportement de Lise. Le tissu de ses vêtements, pourtant léger, collait à sa peau à cause de la sueur. Et cela ne venait pas de leur longue marche de la journée. Inquiet, il posa une main réconfortante sur son épaule. Elle sursauta immédiatement, comme si elle sortait d’un rêve éveillé. Rudy pensait que la crise était finie, quand tout empira brutalement. Lise se tordit en deux, les paumes plaquées sur les oreilles, et hurla à s’en casser la voix. Un silence pesant tomba sur la pièce. Rudy se pencha sur elle pour essayer de la calmer, elle se débattit violemment et le griffa, dans un état de peur tel qu’elle ne reconnaissait rien ni personne.

 

Leihulm et Maxhirst fendirent la foule, particulièrement inquiets. Ils ne comprenaient pas non plus ce qui arrivait, mais cela évoquait des souvenirs glaçants. Leur proximité ne changea rien, Lise continuait de crier et de lutter contre un ennemi invisible. Après un instant d’hésitation, Maxhirst récita rapidement une courte litanie et posa sa main sur la nuque de Lise. Au bout de quelques secondes, elle s’apaisa enfin et se tut. Tous ses muscles se relâchèrent d’un coup et Leihulm la rattrapa avant qu’elle ne s’effondre au sol. Il la soutint et, voyant qu’elle dormait, il passa un bras sous ses genoux et la souleva. Il hésita un instant avant de se décider. Le brouhaha commençait à gonfler à nouveau.

 

Personne ne comprenait la raison des cris de Lise et, après un moment de peur et d’inquiétude, l’énervement prenait le dessus. Les regards noirs convergeaient vers eux et certains insinuaient qu’il s’agissait juste d’une occasion de jouer les fauteurs de trouble. L’hostilité montait petit à petit.

 

Leihulm sentit une main se poser sur son épaule. Il se retourna, sur ses gardes, et tomba nez à nez avec le barde. Un barde qu’il avait déjà rencontré, moins d’une lune d’argent auparavant. Ernest. Il affichait une expression inquiète, amplifié par sa multitude de rides.

 

— Est-ce que la petite va bien ?

— Oui, juste… juste un mauvais souvenir.

 

Leihulm rechignait à donner plus d'explications au ménestrel. Mais se montrer mal élevé maintenant détériorait encore plus leur image auprès de la foule de badauds, et il avait d’autres chats à fouetter que des mécontents. Les crises d’angoisses qui saisissaient parfois Lise, particulièrement fréquentes après son séjour chez les Connaws, s’étaient estompées avec le temps. Néanmoins, il arrivait qu'un déclencheur réveille les terreurs enfouies. Là, il ne comprenait pas ce qui avait servi de détonateur, et cela l’inquiétait.

 

— Bien bien. Je suis heureux de vous savoir en bonne santé, même si j’aurais souhaité une rencontre plus joyeuse.

 

Tout en discutant poliment, Ernest avait commencé à s’avancer dans la foule, entraînant Leihulm dans son sillage. Il continua ainsi jusqu’à atteindre les premières marches. Ils respiraient mieux à présent, plus à l’aise. Les badauds s’étaient naturellement écartés du chemin d’Ernest, respectueux. Avec sa déconcertante vitalité, le ménestrel frappa plusieurs fois dans ses mains.

 

— Bien bien. Je vais devoir vous laisser, le devoir m’appelle. Je resterais à Vianum jusqu’à la fin de la fête des couleurs. N’hésitez pas à venir me voir si un simple chanteur itinérant peut vous apporter son assistance.

 

Il effectua une révérence, étonnamment fluide au vu de son âge. Il tourna ensuite les talons et retourna vers la foule qui l’engloutit rapidement. Lise gémit dans son sommeil. Ce son rappela à l’ordre Maxhirst.

 

— Allons-y. Autant se dépêcher, Lise ne devrait pas tarder trop avant de se réveiller. Il faut l'emmener dans sa chambre, en espérant que la crise soit passée… La présence de Mistigwi aidera, s'il est toujours là.

 

Leihulm hocha sobrement la tête.

 

— Pour une fois que cette sale bête sert à quelque chose…

 

~0~

 

— Le barde a été très gentil avec nous !

 

Une voix enjouée, sur sa droite.

 

— Il a calmé le jeu après de la foule et du tavernier, ça devrait aller.

— Tant mieux. Mais… qu’est-ce qui s’est passé ? Tu as une idée du déclencheur ?

 

Des intonations plus graves, avec quelques réticences dans l’expression. Juste à côté d’elle.

 

Lise peinait à émerger du sommeil. Elle entendait des voix et du mouvement, mais son cerveau ne réussissait pas à tout relier, à construire une pensée cohérente. Elle avait l’impression d’être bloquée dans du coton. Une vraie belle gueule de bois. Elle lutta pourtant longuement, jusqu’à bouger la tête et gémir un peu. Elle sentit une main calleuse se poser sur son front, repousser quelques mèches poisseuses de sueur.

 

— Elle se réveille.

 

Les vibrations se répercutaient jusqu’à son crâne. Une migraine commençait à poindre. Elle grogna sans pouvoir s’en empêcher et tenta de se débattre.

 

— Du calme, tout va bien. Ne t’inquiète pas, tu es en sécurité.

 

Une voix douce, rassurante. Quelqu’un lui serra délicatement le bras. Par réflexe, Lise ouvrit les yeux. Au début, tout lui parût flou, la lumière aveuglante, mais elle ne pensa même pas à refermer les paupières. Au bout de quelques instants, sa vue se fit plus nette. Elle distingua un visage anxieux penché vers elle, des lunettes et une barbe de trois jours. Maxhirst. Juste à côté, Leihulm la contemplait une lueur étrange dans le regard, comme s’il redoutait quelque chose. Un peu perdue, elle essaya de remuer.

 

— Je veux m’asseoir, croassa-t-elle péniblement.

 

Elle avait eu du mal à articuler, elle se sentait vaseuse. Leihulm se pencha pour l’aider à s’adosser contre le mur et continua de la soutenir. Malgré toute sa bonne volonté, Lise ne savait pas si elle aurait tenu toute seule. Ses compagnons inquiets l’encadraient, dans sa chambre… Rudy restait en retrait, comme s’il avait peur de déclencher quelque chose. Elle fronça des sourcils, perdue.

 

— Qu’est-ce qui s’est passé ?

— Tu ne te souviens de rien ? s’étonna Maxhirst.

 

Elle secoua la tête, avant de grimacer face à un début de migraine. Maxhirst lança un regard surpris à son ami.

 

— Je me rappelle qu’on est rentré dans l’auberge mais après ça… Plus rien.

— C’est peut-être mieux, après tout…

— Tu as fait un malaise, coupa Leihulm. Trop de monde, trop chaud. On a sauté un repas, cela n’a pas dû aider.

— Oui, sûrement…

 

Lise sentait qu’il y avait autre chose, mais repenser à ses derniers souvenirs amplifiait son mal de crâne. Elle préférait éviter autant que possible.

 

— On va te faire monter de quoi manger pour ce soir. Repose-toi bien et bois beaucoup.

 

Lise se tapota les joues pour tenter de se réveiller.

 

— Non, je veux retourner visiter Vianum. C’était… c’était chiant l’armurerie. Je dors trop de toute façon.

 

Les conditions pour visiter semblaient meilleures le matin. Mais impossible de réussir à se lever tôt. Pas faute d’essayer pourtant.

 

— Dors. Ne t’inquiète pas pour le reste, mais ne néglige ni ton sommeil, ni ton alimentation. D’accord ?

 

Lise resta muette, surprise par le tour de la conversation. Le visage fermé, Leihulm s’était accroupi devant elle. Il paraissait beaucoup trop sérieux pour une histoire de grasse matinée.

 

— Promets-le-moi. C’est important.

— D’a… D’accord. Je promets.

 

Un sourire illumina Leihulm. Il se redressa et se dirigea rapidement vers la porte.

 

— Je vais te faire quelque chose que tu adorais avant, tu verras ! Et aussi de quoi contenter ce monstre de Mistigwi.

 

Il quitta la chambre sur ces quelques mots enjoués, laissant Lise avec sa perplexité. Sur le lit en face d’elle, Maxhirst s’était allongé, vaincu par sa fatigue une fois rassuré. Avec un sourire contrit, Rudy essayait de le réveiller sans y parvenir. Sans trop savoir pourquoi, Lise rit.

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Jibdvx
Posté le 06/12/2019
Bien ! Un chapitre tout doux, enfin ça dépend pour qui ! J'aime bien comment tu nous présente la ville. On sent bien qu'il y a une culture, une population avec ses coutumes et ses fêtes. Il y a un aspect très organique à tout ça qui me plaît beaucoup et les dialogues y participent. On sent que tu t'es creusé la tête pour des dialogues qui sonnent naturels. En gros, on est bien plongé dans l'histoire et même s'il y a beaucoup de personnages éparpillés dans plusieurs spatio-temporalités, ce n'est au final pas gênant :)
Flammy
Posté le 27/12/2019
Coucou !

Je suis super contente que ce chapitre t'ai plu ! Et surtout que la ville te paraisse vivante, j'ai beaucoup sué dessus (c'était tellement mort dans la première version ='D) donc bon, si ça a pas servi à rien, c'est super \o/

Et c'est cool aussi si tu n'es pas trop perdu malgré le nombre de point de vue et de temporalité, ça me rassure =D

Merci beaucoup pour ta lecture et ton commentaire !

Pluchouille zoubouille !
Hinata
Posté le 04/12/2019
Les Humains sont la gent la plus répandue sur le continent de Consor. Ou, en tout cas, celle qui prend le plus de place.

un de leur dieu > un de leur*s* dieu*x*

À présent, elle tirait sur son bras sans ménagement et le bombardait de questions, râlant dès qu’il ne réagissait pas assez vite ou que ses explications manquaient de clarté. >>> trop cute ! J'adore que Lise arrive à vaincre sa fierté et assumer qu'elle connaît rien de ce monde et doit poser des questions

Eishik se contentait d’éviter de rentrer dans les inconnus et de les perdre >> il faudrait peut-être inverser les deux propositions pour pas que "les" de perdre ait l'air de référer à "les gens" mais bien à Lise et Rudy

Beaucoup trop nombreuses. Terreur. Sous la panique, elle recula de quelques pas, effrayée par ses propres yeux vides. >> Le "Terreur." au milieu est puissant, mais redondant avec le début de la phrase suivante :/ Aussi c'est plutôt "sous *le coup* de la panique" non ?

la foule en quête d'animations. > animation au singulier plutôt ?

et les insultes sans s’excuser > "insulte" sans "s"

J’vais lui apprendre la politesse moi !> rajouter virgule avant "moi"

on en parle plus ! > on N'en parle plus (j'oublie toujours cette négation moi aussi ^^)

"— Non." > je crois qu'il faut vraiment placer cette réplique APRES le paragraphe qui suit où Lise regarde Rudy.

"Pour une telle réaction ?" >> *pourquoi* , cela dit je trouve pas la question très pertinente de la part de Lise : je veux dire, du moment que les mamans cachent les yeux aux enfants et que tout le monde a l'air "profondément choqué", tu te doutes que c'est un signe de vulgarité. Genre moi je penserais tout de suite à l'équivalent d'un doigt d'honneur mais sur Kaea, quoi. Ce qui n'empêche pas qu'elle demande quand même à Rudy par curiosité.

"Rudy se retourna vers Eishik, ainsi que la montagne de muscles" >>> pour enlever l'ambiguité complément/sujet, je mettrais "et la montagne de muscles fit de même" ou qqch comme ça

Okay, en plus c'est un signe de main, non vraiment je comprends pas que Lise pense pas au "fuck" terrien XD La scène est drôle cela dit

"Jusqu’à maintenant" > *jusqu'à présent* (pour la concordance passé)

— Pourquoi partir comme ça ?! >> la formulation avec infinitif ne fait pas du tout naturel, d'autant plus que c'est Lise qui parle

— Oui, et on aurait fait quoi >>> avec cette construction, un "*Ah* oui" passerait beaucoup mieux /// [...] "avait voulu nous remettre à la garde ?" >>> un peu alambiqué comme formulation. S'ils avaient appelé la garde, tout simplement, non ?

Elle ne savait pas comment le prendre, si elle devait se vexer ou non. >> Bah elle s'est déjà vexée en fait, là, non ? XD

"— Pfuuu." > il vaudrait mieux dire qu'elle soupire, là j'ai bugé une seconde. Et il faudrait dire que c'est Lise qui parle, parce qu'aux dernières elle boudait et Rudy s'adressait à Lei, donc on s'attend à ce que ce soit lui qui réponde

je me suis servie >> *servi*

"Si vous aviez échoué dans les geôles," > le verbe "atterrir" serait moins ambigü

"C’est vraiment si fatigant que ça la sorcellerie ?" > virgule avant "la sorcellerie"

qu’on ai > qu'on *ait*

— Maxhell, le père de Maxhirst, en était capable aussi. >> haaaaan !!!

il suffit que cela soit la mauvaise période lunaire >> haha on dirait qu'il parle de ses règles XD

il fut interrompit > il fut *interrompu*

Elle profita du trajet, essayant de s’éclipser plusieurs fois sans succès. >> mais quelle sale gosse haha XD

la dérangeait sans qu’elle puisse déterminer pourquoi. >> c'est bizarre parce que la phrase d'après a l'air de justement donner une explication à ce sentiment... Peut-être opter pour "la dérangeait étrangement" qui est plus allusif ?

Au début j'étais en mode "eeeuh, mais on s'en fiche de la couleur, pourquoi on perd du temps là-dessus"...mais en fait c'est très intéressant dites-moi ce point commun entre Lise et Lei ! (en plus leurs prénoms se ressemblent à mort maintenant que j'y pense !!!) Je garde ça dans un coin de ma tête mouhaha
(trop drôle que ce soit Eishik qui choisisse pour Rudy XD)

Oh là là, mais c'est quoi ce barde qui donne des espèces de réminiscences physiques à Lise comme ça \o/

"qu’elle ne reconnaissait rien ni personne." > *plus* rien ni personne" sonnerait plus juste je trouve

Je trouve que ça bizarre que la foule soit aussi énervée. Ce serait plus logique que son agitation soit causée par la panique. Genre quelqu'un qui se met à hurler et se débattre au milieu d'une comptine c'est plus flippant qu'autre chose, non ?

détériorait >> phrase demande conditionnel : *détériorerait*

Les crises d’angoisses >> est-ce qu'il faut vraiment un "s" à angoisse ? (je me pose vraiment la question hein)

Ce son rappela à l’ordre Maxhirst. > *rappela maxhirst à l'ordre* (ordre des mots plus naturel)

"Autant se dépêcher, Lise ne devrait pas tarder trop avant de se réveiller." >> ça ne sonne pas très juste. "mieux vaut se dépêcher" serait mieux je pense, et "ne va pas tarder à se réveiller" économiserait des mots sans rien enlever de sens

après de la foule >> *auprès*

Elle entendait des voix et du mouvement, >> entendre du mouvement c'est bizarre. Au pire mets "percevoir" et ça marche pour les deux.

tout lui parût > *parut*

"— Je veux m’asseoir, croassa-t-elle péniblement.
Elle avait eu du mal à articuler, elle se sentait vaseuse." >> aah, c'est bien d'avoir mis une incise de dialogue avant, mais du coup le premier bout de cette phrase fait redondant.

Elle fronça des sourcils >> *les*

Aww mais ils sont vraiment trop chous Lei et Maxhirst <3 <3 <3 (Et Rudy aussi, évidemment, mais ai-je vraiment besoin de le préciser ? )

Troooop ouf ce chapitre, il se passe masse de trucs, on se sent hyper à l'aise dans l'univers, au milieu des personnages qu'on commence à bien connaître, et c'est super que la Colère de Lise commence à être remarquée ! J'ai hâte de continuer ^^
Flammy
Posté le 27/12/2019
Coucou HInata !

Tout d'abord, merci pour ton énorme commentaire et pour ta lecture <3 Tu n'imagines pas à quel point ça m'aide pour reprendre tout ça ! Surtout qu'il y a toujours des remarques très pertinentes ^^

Pour le "fuck", en effet c'est pas logique, j'ai rajouté une allusion au fait que Lise comprenne un peu quand même ^^

Pour la scène du choix de couleur, oui elle est un peu longue, mais je vois pas comment raccourcir et faut bien que je case quelque part que Lise est daltonienne T.T Mais ce détail n'a naturellement aucune importance hein, c'est juste pour le swag.

Pour la foule qui s'énerve un peu vite, au début, elle est inquiète, mais bon, ya rien de "visible", donc ça fait un peu fauteur de trouble qui casse le concert et ça les gonfle quoi. Elle se serait vidé de son sang, ok, mais là ils comprennent pas ^^

Et j'avoue, Lei, Max et Rudy, c'est un peu le trio des choupis ='D Ca change de Hawk quoi xD (Mais Max quoi <3 )

En tout cas, je suis hyper contente que ce chapitre t'ai plus =D Et vraiment un gros merci pour tous tes retours <3

Pluchouille zoubouille !
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