II - Nuit de mort

Par Jamreo

 

I . II 

 

Après avoir laissé la porte de l'auberge se refermer, Leo remit son capuchon en place pour faire écran entre ses cheveux et la pluie volatile. Il grogna en sentant son estomac gargouiller, porta une main légère à son ventre et ajusta sa cape autour de ses épaules. Puis, d'un geste, il invita son compagnon taciturne à le suivre.

Ils n'eurent pas fait quelques pas que deux ou trois poignées d'hommes et de femmes avinés sortirent de l'établissement à leur tour. Ils avaient eu un choc ce soir, l'arrivée d'un homme de bonne condition dans leur beuverie tranquille avait fait forte impression. Trop forte peut-être, à en voir le nombre de leurs silhouettes bancales qui s'éloignaient maintenant, se tenant les unes les autres, réprimant la force de leurs poumons et la joie brouillonne que l'alcool leur inspirait. Ils ne criaient ou ne riaient pas comme à leur habitude mais se contentaient de marmonner des paroles sans grand intérêt. Si Leo avait remarqué leur présence, c'était dans un vague mélange d'amusement et d'ennui. Il ne fit pas vraiment attention à eux, l'esprit encore tout habité de ce qui venait de se produire.

Le directeur l'avait promis, ils pourraient le voir et imprimer ses traits dans leur mémoire. En effet ils l'avaient vu, mais l'impression qu'il leur avait laissée n'était pas franchement bonne. Lorsqu'ils étaient entrés il ne l'avaient d'abord pas remarqué, ce jeune homme assis seul à sa table dans le fond, nerveux – peut-être peureux et un peu fragile de nature ? Son regard était plutôt désagréable, comme s'il n'avait jamais fait confiance à personne. Comme s'il vous haïssait personnellement sans vous connaître.

Qu'avait donc un homme comme lui pour attiser l'intérêt des plus puissants de ce monde ? Leo s'était attendu à quelqu'un d'extraordinaire. Ce garçon-là n'avait rien d'exceptionnel... à première vue. Leo hocha la tête, se rappelant de ne jamais juger trop hâtivement sur l'apparence.

Et puis le directeur était arrivé, armé de son éternelle canne, de son air moqueur et cynique. Il chassa cette dernière image de son esprit ; repenser au directeur le mettait invariablement dans une colère noire - et avait la bien curieuse faculté de raviver la douleur à ses poignets. Il s'emmura comme il le put entre les cloisons de ses vêtements alors qu'un grand souffle d'air s'engouffrait dans la ruelle. Son compagnon continuait de le suivre sans se soucier d'enjamber les corps qui somnolaient par terre, les amas de déchets qui s'élevaient en colonnes ou en monts dégringolés contre les murs.

Au-dessus de leurs têtes les pierres suintantes d'humidité se rejoignirent bientôt en un pont étroit. L'édifice devait permettre de faire communiquer deux artères, creusées quelque part dans les méandres de la strate supérieure de l'île.

Murano s'agençait de cette manière par endroits, lorsque la place au sol manquait. Il y avait différents niveaux de déambulation superposés, souvent deux, parfois trois, de temps en temps deux ou trois indistinctement sans que personne puisse définitivement trancher la question. Le cercle de terre principal était relié aux autres fractions rocheuses par ce genre de ponts, souvent très vieux et trop étroits. Et autour de la place, on trouvait toujours plus de ponts et de passerelles instables en hauteur, faisant communiquer jusqu'aux plus infimes lacets tracés dans le réseau, entre eux-mêmes ou bien avec d'autres passages de plus grande importance.

Leo s'arrêta brusquement. Plus loin dans le dédale, trois torches brûlantes creusaient la nuit. Elles se rapprochaient. Il entendit le cliquetis de quelques armures en fin de vie. C'était une patrouille.

— Achille ! avertit-il discrètement tout en tapotant l'épaule de son ami pour attirer son attention. Regarde ça.

Les pas arrivaient vers eux. Trois gardes venaient de l'autre côté de la rue. D'ordinaire il n'y avait pas beaucoup de gardes sur Murano, du moins pas pour effectuer ce genre de patrouilles. Ils entendirent quelques bribes de paroles, des débuts de boutades ou de conversations étouffées dans l’œuf lorsqu'un des hommes s'arrêtait pour scruter un coin sombre ou un corps assoupi.

Leo savait qu'ils n'étaient pas condamnés à la rencontre malgré les apparences : de nombreux passages prenaient leur source au-dessus de leur tête et leur permettraient de s'enfuir. Il s'effaça de la lueur d'une lanterne, entraînant Achille avec lui, et mit le pied sur un muret à moitié éboulé. Par mégarde, il renversa une bouteille en verre encore mi-pleine d'un liquide opaque. Le bruit cristallin se fracassa en milliers de petites gouttelettes sur le sol. Des éclats de voix répondirent au vacarme. Il n'y avait plus de temps à perdre.

—Vite, chuchota Leo. Aide-moi.

Achille souleva ses mains serrées contre une jambe de Leo, fit basculer celui-ci dans l'ombre d'une venelle suspendue et se hissa sans bruit à sa suite.

Lorsque les gardes arrivèrent à hauteur du bruit qu'ils avaient entendu, il n'y avait plus personne. Ils virent la bouteille qui gisait éclatée par terre, dans une étoile d'alcool.

— C'est pas possible, s'exclama l'un d'eux. Y avait quelqu'un ici, je rêve pas.

Les autres approuvèrent par des marmonnements. Ils dirigèrent leurs torches partout autour d'eux, mais ne pensèrent pas à les lever et à regarder en l'air. Comme de bons vénitiens, ils ne connaissaient encore rien de l'envers tortueux de Murano. Au bout d'un certain temps, les protestations contrariées des trois hommes se tarirent et celui qui était à la tête de la patrouille donna quelques ordres d'une voix plus claire. Ils continuèrent leur chemin en brandissant leurs torches, pareils à des ombres glissant dans la nuit lacérée par les flammes.

Terrés dans l'interstice entre deux habitations à hauteur du premier étage, Leo et Achille attendirent un moment que le bruit de pas s'amenuise. Puis, certains d'être passés inaperçus, ils se faufilèrent loin de la ruelle et s'enfoncèrent progressivement dans l'obscurité la plus complète entre les bâtiments.

Les pierres respiraient l'humidité. Des insectes luisants sortaient de leurs trous sur leur passage, jetant des lames de lumière fugaces dans le noir. Leo dut s'arrêter, en équilibre sur un pied et se retenant à la tête anguleuse d'une vieille gargouille, pour déloger une araignée qui s'était prise dans ses cheveux. Puis ils reprirent leur lente progression. Ils se baissaient parfois pour éviter de se cogner lorsqu'un passage de planches clouées sillonnait le vide au-dessus d'eux, se tordaient pour se faufiler dans les interstices les plus biscornus et sautaient au-dessus des grands espaces ouverts sur le néant. Ils durent même se plaquer contre le mur pour laisser place à une nuée tourbillonnante de chauve-souris.

Les épaules carrées d'Achille frottaient les parois de chaque côté tant le passage qu'ils avaient maintenant regagné était étroit. Le chemin était vaguement dessiné de pierres mais, de temps en temps, on se retrouvait les pieds directement sur les toits d'en dessous, ou devant un trou béant qui s'ouvrait sur la rue en contrebas. Ici, les seuls sons qui avaient encore de l'importance étaient ceux des courants d'air et, encore plus loin, de la mer et des vagues.

Une volée de marches apparut bientôt, encastrée directement dans le mur sur leur gauche et stupidement suspendue dans le vide. Leo bondit sur le maigre rebord qui suivait la ligne et grimpa l'escalier sur les paumes et la pointe des pieds, courbé comme un félin. Ils bifurquèrent directement à gauche et se mirent debout sur une passerelle en bois pourri. Dressés de toute leur taille, leur tête émergeait au grand air entre les toits. Ils pouvaient voir le visage céleste de Murano, les toits inégaux qui se rejetaient la ligne d'horizon, étiraient leurs silhouettes chaotiques et dépareillées.

Le bois ploya sous leurs pieds. Sur un matériau rongé de fatigue comme celui-ci, si on voulait avancer, il fallait prendre garde de bien équilibrer son poids. Ce qui voulait dire une seule chose. Leo en tête, les deux comparses bondirent en avant et s'élancèrent à toute vitesse. Leurs très longues foulées leur assurait d'entrer en contact avec la passerelle le moins possible et, malgré leur poids, d'y exercer une poussée légère.

— Dépêche-toi un peu ! nargua Leo alors qu'ils finissaient leur traversée et descendaient de leur perchoir afin de regagner la terre ferme. Je vais finir par me mettre en retard.

Achille lui répondit par un grand rire et sauta à bas du mur.

0 ~ * ~ 0

Luca était crispé sur son tabouret.

Il y avait pensé toute la journée, mais cela ne l'avait visiblement pas aidé à tenir le choc à l'instant fatidique de la rencontre. Ce n'était pourtant pas la première fois, loin de là. Il pressentait tout simplement qu'il ne s'habituerait jamais à la promiscuité désagréable que ces situations instauraient entre le directeur et lui. Même rien que se trouver assis à la même table lui paraissait absurde, aberrant. Quant aux méthodes de cet homme, on pouvait raisonnablement soupçonner qu'elle visaient précisément à mettre mal à l'aise. Il aimait donner rendez-vous ici ou là, à plusieurs endroits de l'île selon ses envies. Parfois il préférait arriver chez vous sans prévenir. Que ce soit dans ses visites surprises ou ses rendez-vous, il prenait toujours bien soin de se montrer irrégulier au possible. Luca n'était pas dupe ; il y avait des périodes où les réclamations s'accumulaient à raison d'une ou deux tous les quinze jours.

Le directeur ne rompit pas tout de suite le silence et ne fit pas un geste, de sorte que l'agitation reprit lentement tout autour d'eux. Mais les rires tonitruants avaient disparu, remplacés par quelques ricanements estompés. 

— Cela vous va ? laissa-t-il alors tomber en reposant sa longue canne contre le bord de la table.

— Pardon ?

— Le logement, articula le directeur comme s'il s'adressait à un faible d'esprit. Il vous convient toujours?

Luca nota qu'il avait perdu son sourire et que ses yeux s'étaient considérablement arrondis ; il n'avait plus tellement l'air d'un animal à présent. Il semblait tout de même prêt à bondir à la moindre erreur.

— Oui, bien sûr.

— Parfait.

Il ne fallait pas en dire plus, c'était le moment d'avancer l'argent. Il sortit une à une les pièces de sa poche, celles qu'il avait failli perdre plus tôt dans la journée. Elles produisirent un bruit fluide et métallique en roulant les unes contre les autres, formant un petit tas bancal entre eux deux.

Ce fut comme un signal. Luca devina que toute l'attention contenue dans la pièce se tournait vers leur table, ardente, jalouse, et sûrement prête à tout. Cependant, personne ne leva le petit doigt. Malheur à ceux qui oseraient se mettre en travers du chemin d'un homme tel que le directeur. Celui-ci resta un moment à scruter le tas de monnaie avec un grand sourire. Au lieu de s'en saisir, il se mit à rire.

— Ces fameuses pièces ! Je les ai sauvées, voilà que je les récupère.

C'était cocasse, en effet. Mais quelque-chose dans cette exclamation mettait Luca mal à l'aise et l'empêchait de se plier à la comédie de bon cœur.

Il réfléchit sérieusement à une réplique théâtrale mettant en scène l'incident de l'après-midi : un petit voleur des rues vilement tenté de s'approprier les mêmes pièces qui s'étalaient maintenant sur le bois ; le directeur qui, par un heureux hasard, passait justement armé d'une canne frappeuse d'enfants. S'il avait bien daigné réclamer son dû à ce moment là, Luca n'aurait pas eu à s'encombrer l'esprit de ce rendez-vous sordide au fin fond de Murano. Maintenant qu'il y pensait il se serait tout aussi bien passé de tomber sur ces deux étrangers, dont la curiosité et le mutisme à toute épreuve lui laissaient comme un arrière-goût d'incompréhension amère.

Il y avait bien des façons différentes d'exprimer sa colère, son mépris des manipulations et des abus de pouvoir en tous genres. Mais il garda ses mots pour lui de peur d'assister à un changement de mauvais augure sur le visage du directeur. Celui-ci retira l'un de ses gants en soie, tirant sur chaque doigt avant d'en extirper complètement sa main et de le poser en équilibre sur son avant-bras. Évidemment, la table était trop sale et ces gants tout neufs, tous frais arrivés de l'extérieur. Le directeur agita ses doigts comme de longues pattes d'araignée et en fit craquer les articulations, la mine pensive. Ce manège dura plusieurs secondes. Puis la main agile s'empara des pièces, qui disparurent dans le grand manteau noir après que le directeur eut soufflé sur chacune d'elles, les levant dans la lumière devant son visage.

Luca croisa les bras, perplexe. Ce petit détail illogique le dérangeait : pourquoi avoir maintenu le rendez-vous après leur rencontre fortuite ?

Le directeur saisit au vol l'expression de son visage et se méprit sur sa signification :

— Ne faites pas cette tête. Votre logement est certes petit et peu commode, mais je vous garantis la sécurité.

Il lui adressa un autre de ses sourires salis de froideur et de cruauté. Luca haussa un sourcil. Sa mansarde ? Oui, elle était petite. D'ailleurs elle appartenait soi-disant au directeur ici-présent. Peut-être n'était-ce pas le cas ; mais lorsque le directeur entendait disposer d'une chose, il parvenait toujours à ses fins. Pour ce qui était de la sécurité, tous ses voisins et lui-même payaient un loyer exorbitant. En échange ils étaient assurés de pouvoir rester et de bénéficier de sa protection, tant qu'ils restaient dans ses bonnes grâces. Elle pouvait être utile à tout moment.

— Parfait, récitait le directeur sur le ton de la conversation. Si jamais à l'avenir vous avez du mal à vous faire à votre logement, ou si vous avez des remarques, pensez à tout ce que j'ai fait pour vous et votre famille. Réfléchissez-y sérieusement, ajouta-t-il d'une voix onctueuse.

Il n'y avait pas grand-chose à dire sur sa famille. Il n'y avait pas non plus, pour un œil extérieur, grand-chose à redire sur ce que le directeur avait daigné faire pour eux. À eux tous, parents miséreux, enfants constamment affamés, ils vivaient sous un grenier poussiéreux. C'était l'un des avantages quand on était souffleur. Mais à la mort soudaine de son père, ils avaient été jetés dehors et Luca avait passé la seconde partie de son enfance dans la rue aux côtés de sa mère et de son frère. Il se souvenait de cette époque. Encore dans son esprit, les soirées se teintaient toutes d'une sorte d'agitation fiévreuse. C'était le moment où les errances ne pouvaient plus se masquer en promenades familiales, en déambulations affairées à travers l'île. Le moment de dénicher un coin où dormir. La règle était de ne jamais rester plus de deux nuits au même endroit. À l'époque, Luca ne comprenait pas pourquoi ; à chacune de ses questions sa mère lui scandait une réponse, toujours la même.

C'est à cause des fossoyeurs. Les fossoyeurs vont nous trouver si nous restons trop longtemps au même endroit.

Mais qui sont les fossoyeurs ?

De grandes ombres, qui vivent sous le niveau de l'eau la journée, et qui s'extirpent de leur tanière la nuit pour répandre la mort et voler les cadavres.

Mais comment ?

Ils sont aveugles, ils ne supportent pas la lumière du jour. Mais ils suivent les pistes laissées par la chaleur des corps.

Luca s'était toujours fait cette réflexion stupide : si les fossoyeurs devaient avoir un visage, ils avaient certainement celui du directeur. Cet homme opportuniste, qu'il détestait par dessus tout et ne manquait jamais de le mettre mal à l'aise. Difficile de le reconnaître : c'était à lui qu'il devait de ne plus vivre dehors. À l'époque où il était entré à son service, il avait fini par se dénicher une bonne cachette, seul. Tout près de la rive, une sorte de cave à laquelle on pouvait accéder grâce à une trappe en bois. Un endroit minuscule et empreint d'une forte odeur d'alcool aigre. Il n'y avait qu'un soupirail obstrué par des monceaux de toiles d'araignées poussiéreuses et quelques rats pour lui tenir compagnie et couiner à chacun de ses coups de pied.

Les gens logés au-dessus de sa tête faisaient alors partie des plus aisés de Murano, il l'avait tout de suite remarqué, mais aucun d'entre eux ne descendait jamais jusqu'à cette petite cave. Alors il s'arrangeait pour y passer la plupart de ses nuits. Il s'y faufilait tard le soir lorsque personne ne regardait et s'en extirpait avant le lever du soleil : ni vu, ni connu. Ce mode de vie avait duré assez longtemps. Il s'y était habitué et se plaisait dans cette attitude mi-sauvage, mi-sédentaire qu'il s'était construite, cette situation pas tout à fait précaire ni tout à fait établie.

Une nuit, alors qu'il s'y rendait comme à son habitude, il n'y avait trouvé qu'un immense tas de cendres, d'ossements et de chair carbonisée.

Une vengeance, un assassinat commandité, un meurtrier peu enclin à considérer les dommages collatéraux, ou tout simplement l’œuvre d'un déséquilibré. Quoi qu'il en soit, Luca se retrouvait à la case départ.

Le directeur l'avait trouvé peu après à l'atelier, le prenant à part des autres et lui faisant cette offre inouïe de le reloger dans une de ses demeures privées. Le directeur était déjà au courant ; il était au courant de tout. Luca avait failli prendre peur et décliner, mais avait finalement accepté. Il lui fallait juste s'habituer à payer une somme variable quand le directeur en exprimait le désir. C'était peut-être injuste en un sens, mais depuis ce jour il s'exécutait, faisant mine de ne pas savoir compter ou d'ignorer la valeur de l'argent. Il ne tenait pas à ce qu'une colère et un pouvoir aussi terribles se déchaînent contre lui et le remettent là où ils l'avaient trouvé. Si les choses avaient suivi leur cours normal, il gardait à l'esprit qu'il y serait toujours. Il se serait reconverti en voleur, ou bien en escroc. Il aurait rejoint une de ces guildes secrètes, il serait entré au service d'un homme infiniment plus puissant que lui. Il serait peut-être mort.

Le directeur avait empoché les dernières pièces. Il n'avait pas bougé d'un pouce mais semblait au bord de l'éclat de rire, ce qui était très curieux.

— Et demain, commença-t-il en détachant soigneusement chaque mot, tâchez de ne pas arriver en retard au travail. Je ne sais pas ce qui vous a pris, je ne veux plus que cela se reproduise.

Luca en resta bouche-bée. Il savait parfaitement ce qu'il lui était arrivé, il l'avait même aidé.

Les deux yeux bleus se baissèrent alors, et Luca, instinctivement, suivit leur trajectoire. Le directeur avait dans les mains un objet de taille moyenne, rond, gris et brillant. La curiosité du jeune homme était bel et bien piquée au vif. Il se pencha très ostensiblement, sans plus se soucier de politesse. Il n'eut que le temps d'apercevoir, sur la surface bombée, une fine gravure de filaments entrecroisés formant un motif plutôt abstrait. À l'extrémité de la courbe allongée, on avait fixé une chaîne à mailles resserrées. C'était un pendentif.

Cinq doigts engloutirent l'objet et le cachèrent aux regards.

— Écoutez-moi, souffla le directeur d'un ton narquois. j'ai quelque-chose à vous dire en vitesse.

Il ne s'agissait pas que du loyer ? Luca se ratatina sur sa chaise et croisa les bras de plus belle, comme pour former une muraille entre lui et le monde extérieur, la puanteur, le bruit et l'éclat d'acier qui s'était lové dans ces deux prunelles, obstinément rivées sur lui.

— J'ai une proposition. Un moyen de vous faire gagner beaucoup d'argent. Et… peut-être aurez-vous même accès à ceci.

Une main tendue, toujours recroquevillée, lui présenta le pendentif qu'il avait aperçu. Très brièvement, et avec une infinie précaution. Luca voulut le toucher, presque par défi. Il ne put même pas l'effleurer.

— Allons, dit le directeur. J'ai bien dit « peut-être ».

L'éclat de son regard n'avait jamais été aussi fort et en devenait douloureux à regarder, effrayant. Mais cet homme était plus qu'effrayant. Il était presque omnipotent dans cette île de chaos et d'impuissance. Luca réfléchit. Et si d'autres portes, subitement, lui étaient ouvertes, à lui aussi ?

Un grand bruit de bois brisé coupa court aux mots bancals et mal assurés qui se pressaient derrière ses lèvres. Tout partit en fumée.

— Minable ! entendit-il crier.

—Timbré !

Le premier réflexe de Luca fut de se sentir profondément las. Puis il finit par faire volte-face, réalisant qu'un tel vacarme n'augurait rien de bon. Une bagarre avait éclaté autour d'un jeu de hasard, au sein d'un petit groupe d'hommes. La contrariété avait été si forte – les sommes misées trop élevées, les tricheries des uns ou des autres trop évidentes – que la méfiance extrême inspirée par la présence incongrue du directeur dans leur antre s'était brisée comme une bulle d'air. Le plus inquiétant n'était pas de voir leurs silhouettes noyées d'obscurité se jeter les unes sur les autres, se saisir au col, se pousser contre le mur en renversant table, tabourets et dés en bois dans un fracas étourdissant. Le plus inquiétant était de suivre la trajectoire d'une bougie fauchée par un avant-bras aveugle... un geste malheureux qui jeta une myriade de flammes sur le tissu de la tunique rapiécée. Luca se leva, effaré, alors que la colonie de feu prenait de l'ampleur sur le bras l'infortuné. Ce dernier s'affala au sol, où il continua de se contorsionner en hurlant des jurons et autres malédictions. Aucun des bagarreurs ne semblait l'avoir remarqué, tous engagés dans une lutte de coups et de morsures sauvages, enlisés dans leur manège de grognements.

— Messieurs ! vociférait le tavernier d'une voix forte, les bras tendus devant lui alors qu'il traversait la salle en trombe.

On lui envoya un grand coup de coude dans les dents et il bascula contre une table, entraînant dans son sillage un chandelier crépitant.

La chaleur devint bientôt insupportable. Le visage en feu maintenant, le joueur à terre n'en finissait plus de pousser des imprécations qui s'enfonçaient dans l'air brumeux avec la brutalité d'un poing. Luca n'en était pas à ses premières flammes : il ne céda pas à la panique noire qui s'enroulait autour de son estomac et se plaqua contre le mur. S'il réfléchissait, il pourrait peut-être... il aperçut soudain une ombre longiligne qui contournait le corps fumant et gesticulant, et filait vers la porte. Presque invisible alors qu'il avait attiré toutes les attentions à lui peu auparavant, le directeur s'enfuyait en crachotant, sa canne serrée contre le corps et une main protectrice plaquée sur son chapeau empenné.

Se glissant comme un souffle d'air dans la pièce, sans réfléchir, Luca tenta de retracer le même chemin. Il enjamba le joueur à terre. Autour de lui, les quatre hommes semblaient avoir pris conscience de la fournaise naissante et se battaient à présent pour s'en extraire. Luca écrasa des masses informes, en repoussa d'autres du pied ou de la main et sortit enfin dans la rue en toussant comme un vieil homme malade. La pluie ruisselait maintenant le long de son visage, offrant un contraste frappant à la moiteur de la fumée. Sa respiration se calma d'un coup. Il chercha le directeur des yeux mais le ne trouva nulle part. Il essaya de s'accoutumer à l'obscurité, sans réussir à voir grand-chose de précis. Pas de canne, pas de chapeau, pas de pourpoint en tout cas. Le directeur ne l'avait pas attendu.

Luca se mit en route d'un pas mesuré, contrôlant les sursauts désespérés de ses muscles. Il n'était pas temps de céder à la peur, pas maintenant qu'il était en vie. Il tenta de se raisonner. Froidement. Le crépitement, la chaleur, les hurlements s'éloignèrent peu à peu jusqu'à n'être plus que de mauvais souvenirs.

Il choqua des corps endormis, des chiens errants et mouillés qui aboyaient dans un réflexe stupide et claquaient des mâchoires sans le voir. Les spectres pâles de quelques lumières suspendues au-dessus d'un ou deux auvents jetaient un rayon sur son chemin d'ombres, par intermittences. Ses oreilles bourdonnaient à force de silence.

Ce mélange d'agitation et d'absence se tempéra un peu lorsqu'il eut marché suffisamment. Il pensait se trouver sur la place. L'espace était dégagé et l'éclat de la lune ramenait partiellement l'endroit à la vie. Un groupe de jeunes personnes désœuvrées manigançait quelques horreurs dans un coin. Elles se turent, avisant sa présence, lui lançant des regards noirs qu'il ne put saisir. Il s'arrêta et emplit ses poumons d'air vicié.

Il s'imagina que rien n'était venu troubler sa conversation avec le directeur, qu'il avait entendu sa proposition extraordinaire. Qu'il avait donné tout ce qu'on exigeait de lui et même d'avantage, qu'il avait accepté, quelle que soit la nature du travail ou de la mission qu'on allait lui confier. Il avait réellement cru que son tour était venu de se libérer de son quotidien morose. Il baissa la tête pour frotter ses yeux, toujours emplis des picotements dus à la fumée.

Il arrêta son geste.

Il venait d'observer quelque chose d'étrange. Perdant tout équilibre et titubant comme un homme ivre, il bascula contre un mur. Ses chaussures produisirent un affreux bruit de succion contre le sol poisseux. Il plissa le front et fixa ses yeux sur une des flaques sombres qui couraient sur le pavé. Une grande bouffée d'odeur doucereuse, évoquant la rouille humide ou quelque chose d'approchant, s'en échappait.

C'était certainement du sang, il y avait pataugé sans s'en rendre compte. Ses pieds et le haut des chausses en étaient imbibés. Il suivit des yeux le lit de la rivière pourpre qui se divisait en petits vaisseaux subalternes à chaque pavé fracassé. Son cours butait régulièrement contre une forme noire, une masse atterrie là sans ordre, immobile.

La place était jonchée de bouts de cadavres, saupoudrée de morceaux humains, sanglants et déchiquetés sans précision aucune puis jetés comme de vulgaires restes de repas. Il y avait des lambeaux, des tendons arrachés de leurs os. Deux crânes ouverts, un amas de côtes écartelées et blanches comme des dents.

Le groupe de jeunes gens aperçu plus tôt s'était approché de Luca. Il leva vivement la tête vers eux, s'attendant à une attaque. Maintenant qu'ils étaient là, plus près, leur visage laissait voir à quel point ils avaient eux aussi été frappés par le spectacle. Leurs traits, bien loin d'avoir la froideur et la perfidie qu'il avait d'abord imaginées, étaient tendus et maladifs. Quelques badauds commencèrent bientôt de se presser tout autour d'eux. Le bruit des murmures et des cris étouffés s'amplifia et flotta au-dessus de leurs têtes.

Une jeune fille inconnue posa presque par hasard sa main sur l'épaule de Luca, enfonçant douloureusement ses ongles dans sa peau.

— Qu'est-ce que t'en penses, toi ? souffla-t-elle.

Sa voix fluette et stridente oscillait entre effroi et excitation. Luca fronça le nez à l'odeur de mauvais alcool et tenta de faire un pas en arrière. Il buta contre la barrière humaine qui les entourait.

— Quoi ? marmonna-t-il en désespoir de cause.

— Les fossoyeurs vont sortir, s'exclama la fille en le secouant de plus belle. Avec tous ces morts!

Un éclat fiévreux s'était allumé au fond de ses pupilles.

— Je reste là pour les voir.

Luca repoussa la main qui lui alourdissait l'épaule, s'écarta sans lui jeter un seul regard et fit de son mieux pour fendre le petit groupe humain, glissant à plusieurs reprises sur le sol visqueux et inégal.

Il parvint enfin à se libérer du cercle d'attention maladive. Il ne savait plus trop où il allait mais une chose était sûre et claire dans son esprit : il fallait à tout prix quitter cet endroit, ces cris, cette agitation malsaine. Un torrent ne tarda pas à se former dans la rue qu'il avait empruntée. Les tourbillons d'eau charriaient avec eux des reflets verdâtres émanant de la faible lanterne, et une multitude de filets écarlates, du sang qui se mêlait à la boue.

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Keina
Posté le 09/02/2013
Eh bien, le mystère s'épaissit ! Et pour l'instant, tu sais vraiment bien tenir le lecteur en haleine. Déjà, on ne connaît toujours pas le nom de ce "directeur" qui semble avoir pas mal de pouvoir sur cette île, donc j'en reviens à mon idée qu'il s'agit du gamin du prologue... Mais c'est assez étrange, l'intérêt qu'il porte au héros. Qu'est-ce que Luca a de particulier ? J'imagine qu'il n'est pas ce qu'il croit être, qu'il y a un secret qui l'entoure qui en fait une personne à surveiller et à protéger... Sinon, pourquoi les deux comparses du début auraient-ils eu l'envie et le besoin de graver ses traits dans leur mémoire ? Qu'est-ce qui le rend si important ? En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'il est destiné à être bien plus qu'un simple souffleur de verre, j'en suis persuadée ! À côté de ça, il y a ce mystérieux pendentif... un rapport avec lui, encore ? 
Enfin, le massacre de la fin fait froid dans le dos. Et ces fossoyeurs... qui sont-ils ?  La fin est vraiment saisissante, avec la curiosité morbide de cette gamine qui ne semble pas du tout traumatisée par le spectacle, et le sang qui est omniprésent dans toutes tes descriptions. Ya pas, tu sais instaurer le malaise ! 
Je reviens dès que j'ai fini le triptyque, soit-en sûre ! ^^
Jamreo
Posté le 09/02/2013
Le directeur a beaucoup de pouvoir en effet. Et tu dois être la première à remarquer (enfin non, mais la première à le dire) qu'on ne connaît toujours pas son nom à ce stade. Car oui, comme tout le monde il en a un le bougre! Et je te l'accorde son intérêt pour le héros est louche. Quant aux deux autres, ils avaient plus le besoin que l'envie de se souvenir de son visage, je crois :P  parce que c'est en effet une personne à surveiller même s'il ne s'en rend pas du tout compte. 
En tout cas je vois que tu te lances dans des suppositions toujours aussi intéressantes, et tu es sur la bonne voie pour pas mal de choses!
Arf je crois que c'est un des effets de la réécriture: une ambiance un peu plus pesante, qu'il n'y avait peut-être pas avant. Enfin si mais moins. Non pas que je me considère vachement meilleure maintenant xD mais ça a tendance à s'enfoncer dans le sombre.  
Merci Keina! :) 
Cricri Administratrice
Posté le 12/10/2012
Houlà ! Il s'en passe, des choses sordides, dans les nuits de Murano ! Cette fin de chapitre est inquiétante à souhait !
Bon, comme tu me l'avais laissé entendre, ce chapitre répond au moins en partie à certaines de mes questions. Luca avait rendez-vous avec le directeur pour une histoire de loyer... sauf que ce directeur, hein, ben il m'évoque une Mafia à lui tout seul. Je trouve que ta façon entière d'écrire autour de lui (sa description, ses expressions, ses phrases, son aura) est particulièrement réussie : ce personnage fascine et inquiète à la fois.
En plus, voilà que le quotidien morose de Luca aurait été sur le point de changer si monsieur le directeur avait pu dire ce qu'il avait à dire. Quelle proposition s'apprêtait-il à lui faire ? Quel est ce pendentif qu'il a laissé entrevoir ? Offrir à Luca une vie meilleure, je suis certaine que ça implique quelque chose de pas honnête du tout ou alors de franchement dangereux, voire les deux à la fois. Je pense que ce n'est que partie remise. Le directeur n'a pas pu mourir bêtement dans cet incendie, il reviendra avec son offre satanique. Enfin, je pense, quoi.
Et comme si ce début d'intrigue ne suffisait pas, voilà que nous tombons sur des pelles et des pelles de morts. Et puis il y a cette histoire de fossoyeurs... Est-ce que ton récit va venir fleurter avec le fantastique (horrifique) ? Ou est-ce un macabre jeu de pouvoirs, une machination d'hommes menée contre d'autres hommes ? Pour le moment, je suis là avec mes questions, à attendre la tournure que ça va prendre !
J'aime bien ce que tu nous as laissé entrevoir de Leo : il a un côté félin, léonin devrais-je dire, qui le rend spontanément sympathique. Contrairement à Luca, il semble être initié à pas mal de secrets et je ne serais pas étonnée qu'il y ait une sorte de lien entre le titre de ton roman (qui a toujours piqué ma curiosité) et ce personnage. Leo est également quelqu'un qui, à ce stade de l'intrigue, a plus de charisme que Luca. Le pauvre Luca est actuellement un mélange de peur, de dégoût et de colère impuissantes. Je me demande si les événements vont l'amener peu à peu à se fortifier...
Bref, un chapitre qui apporte son lot de mystères, le tout écrit avec une très jolie plume !
Jamreo
Posté le 12/10/2012
Ouf, me voilà rassurée un peu, si ça t'a apporté quelques réponses. Le directeur est … une Mafia à lui tout seul, hé ben ! Alors il a démissionné de son emploi de marionnettiste. Tu lui associes des idées et des images qui me parlent en tout cas. Je suis très contente qu'il te plaise ^^ Bien sûr, concernant la proposition qu'il voulait faire à Luca je ne peux rien dire. En revanche oui, le connaissant, c'est certainement très malhonnête et dangereux à la fois.
Les fossoyeurs sont-ils des êtres fantastiques ou le fruit d'une machination bien précise et bien de ce monde … en tout cas, en dehors de leur réalité et de leur nature ils sont déjà une légende. Avec tout son lot de variantes et de contradictions donc, ce qui est sûr c'est qu'ils ne sont pas clairs. Pour l'instant :P (purée ça fait beaucoup de choses pas claires pour l'instant, effectivement…).
Leo, sympathique ? C'eeeeest surprenant, mais justement c'est bien ^^ Leo, Lion, là je ne peux quand même pas tourner pas autour du pot. Il y a bien un lien entre lui et le titre. Et tu as raison, il en sait long, beaucoup plus que Luca en tout cas. Pas très charismatique celui-là, alors ! Fade. C'est ce que je lui reprochais avant de tout réécrire. Mais en même temps, qui ne se sentirait pas frustré et impuissant à sa place. Il doit sentir qu'on lui cache des trucs et qu'on se soucie de lui comme de rien. Pour la suite j'espère bien qu'il va se fortifier un peu.
Beaucoup de mystère, oui et j'espère que ça reste supportable. Il a toujours fallu que j'en ajoute partout, un peu ici, un peu là. J'apprends doucement à faire le tri mais des fois il faut encore une ou deux claques pour me réveiller :P
Merci beaucoup d'avoir lu ! Vraiment :D
vefree
Posté le 07/10/2012
"réprimant la force de leurs poumons et la joie brouillonne que l'alcool leur inspirait" => ça j'adore ! tout simplement. Une joie brouillonne, c'est ce que j'adore dans ton style ; les adjectifs décalés propres à décrire l'atmosphère exceptionnelle qui règne sur Murano.
La première partie est exceptionnelle. Je ne sais pas si tu as pris de la documentation sur Murano, l'originale, et si tu en as reproduit l'architecture, mais en tous cas, tes descriptions font un effet boeuf. Je n'ai eu aucun mal à me figurer ces entremêlement de constructions aléatoires et franchement c'est exactement ce qu'il fallait pour accentuer l'ambiance opressante et glauque de l'île. On retrouve Léo et Achille fuyant les autorités. Là, on ne sait toujours pas qui ils sont et ce qu'ils font vraiment, mais je n'ai pas trouvé ça gênant. On s'imprègne de l'environnement (beuh, c'est gluant !) et on sait qu'en les suivant, on comprendra bien à un certain moment ce qu'ils sont venus faire ici.
La deuxième partie avec Luca est... beuh ! Enfin, l'ambiance, je veux dire. Dégueu, les sacs. Il flotte une odeur de mort dans tout ça et je comprend Luca qui panique. Là, je trouve bien plus claire que dans mon souvenir l'introduction des fossoyeurs et de leurs agissements. J'avoue que là, ça colle les miquettes et les frissons. Eurk ! Au début de cette deuxième partie, je trouve très bien aussi les explications sur ce nouveau logement et ses justifications. Un petit flashback sur la vie de Luca n'est pas du tout superflue, au contraire. Elle permet de bien poser le personnage et de savoir d'où il vient et pourquoi il accepte ces conditions. En même temps, on en apprend aussi sur le Directeur et la méfiance justifiée que tout le monde a de lui. Le fait qu'il disparaisse dans l'incendie sans savoir s'il en est sorti indèmne permet de s'accrocher à l'histoire. Bravo. C'est très bien joué.
Non, décidément, ton travail de réécriture est vraiment payant. Cette histoire démarre vraiment très bien. Juste une question : dans les chapitres publiés, sont-ils tous nouveaux, ou quand vais-je retrouvé ce que j'avais déjà lu en l'état ? 
Jamreo
Posté le 07/10/2012
Les adjectifs décalés, ma foi j'avais jamais vraiment tilté. Je les soupçonne d'être une vieille et indécrottable habitude. Je suis bien surprise mais très contente aussi qu'ils te plaisent, ces petits fourbes :)
Eh non, l'architecture de ce Murano-ci n'est pas inspiré du véritable, j'avoue que c'est inventé. Cet entremêlement de niveaux et de passages c'est une vision qui m'évoque toujours quelque-chose de particulier, je suis certaine de l'avoir déjà croisée, quelque-part, mais j'ai complètement oublié où. Donc elle s'est un peu imposée ici. Comme tu dis, il fallait s'attarder un peu plus sur Murano, déjà puisque Luca est sur le point de la quitter, pour pouvoir s'imprégner de l'endroit un peu plus durablement. Vraiment ravie que ça t'ait plu ^^ Et puis c' était l'occasion rêvée de mettre en scène Achille et Leo, aussi. J'espérais les intégrer plus facilement dans l'intrigue principale, quand ils reviendraient plus tard, en s'attachant un peu plus à eux et en montrant un petit bout de leurs déambulations ici.
Hm, beaucoup de beuh et de eurk x) j'espère quand même que ça reste respirable à la lecture ^^'
Je voulais donner un peu plus d'épaisseur à Luca (qu'il ne soit pas seulement le pauvre mec dans le coin à regarder tout le monde avec l'air de ne pas comprendre ...) et donc c'est pour ça, aussi, les passages sur sa vie et son passé.
Eh bien en fait, je pense qu'au final aucun chapitre ne sera laissé entièrement en l'état. Pour ces deux premiers : la trame est exactement la même en fait, avec quelques rajouts, et ils sont peut-être racontés un peu différemment. Par la suite il y aura des passages rajoutés et d'autres qui seront les mêmes mais pas maniés de la même façon. Donc, oui, les chapitres publiés sont tous nouveaux (hiiiii désolée, en fait il y a beaucoup de changements >.< )
Merci beaucoup, en tout cas, pour ce commentaire. C'était super.
Aliv
Posté le 07/10/2012
Les deux personnages du début sont mystèrieux et j'ai l'impression qu'ils ont quelque chose à se reprocher.
J'ai remarqué que tu as oublié de mettre la négation dans le dialogue entre les gardes. Ou alors c'est volontaire de ta part. Je ne sais pas.
Je trouve tes descriptions très précises et détaillés, étant une inconditionnelle du détail cela ne me dérange pas. Mais cela pourrait gêner d'autre lecteur.
Le directeur est un personnage très intéressant. Je me pose pas mal de question sur lui.
Je trouve la fin du chapitre très bonne. Je me demande bien ce qui va se passer pour ce pauvre Luca. 
Jamreo
Posté le 07/10/2012
Ils ont effctivement quelque-chose à se reprocher, comme beaucoup de monde autour d'eux sur cette île ... mais peut-être encore plus que les autres  :P
La négation, c'est exprès. Les gardes se laissent aller. Quant aux descriptions, c'est vrai. Je suis une autre inconditionnelle du détail. J'ai quand même essayé de les mettre à point nommé, donc j'espère que ça ne gênera pas d'autres éventuels lecteurs. Mais bon, c'est un risque.
Contente que le directeur t'intrigue. C'est un petit cachotier. Merci du commetaire :)
aranck
Posté le 26/06/2013
Hello Jamreo !
J'ai eu un petit creux dans mon emploi du temps.
Alors, je n'ai rien à redire, je trouve ce passage excellent et parfaitement bien écrit, peut-être pourrais-tu simplement supprimer quelques phrases descriptives, (quoique, c'est peut-être moi qui pense ça)
L'histoire devient de plus en plus captivante, ton écriture reste impécable et fluide. Il n'y a qu'un passage qui me semble moins clair. C'est le suivant :
Il réfléchit sérieusement à cette réplique. Mais il se dit bien vite qu'elle serait du plus mauvais effet, alors il garda ses mots pour lui, de peur d'assister à un changement de mauvais augure sur le visage du directeur (peut-être à tourner autrement, je trouve que ça fait lourd, quitte à faire deux phrases). Celui-ci retira l'un de ses gants en soie, tirant sur chaque doigt avant d'en extirper complètement sa main et de le poser en équilibre sur son avant-bras (et pourquoi fait-il ça ?). Évidemment, la table était trop sale et ces gants tout neufs, tous frais arrivés de l'extérieur. Le directeur agita ses doigts comme de longues pattes d'araignée et en fit craquer les articulations, la mine pensive. Ce manège dura plusieurs secondes. Puis la main agile s'empara des pièces, qui disparurent (ajouter : une à une ?) dans le grand manteau noir après que le directeur ait soufflé sur chacune d'elles, les levant dans la lumière devant son visage.(après que le directeur, les observant dans la lumière, ait soufflé ... ? )
Pour le reste, tout est vraiment bien, j'imagine parfaitement la scène dans ce bar miteux, et la vie qui grouille à l'extérieur, dans la ville crasseuse de Murano.
La seule chose qui m'a questionnée est : que font ceux qui accompagnent le directeur pendant toute la durée de son intervention. Peut-être pourrais-tu ajouter quelques remarques les concernant, leur façon de regarder Luca (j'ai l'impression que c'est important), leur façon de se tenir, d'écouter, de sourire, car je les ai oublié, alors qu'ils sont là (ou alors je n'ai rien compris.)
Ce qui se passe par contre autour de Luca, les réactions des gens, jusqu'à la bagarre, ça c'est super !
Et la scène de la fin, fait que je suis pressée d'en savoir encore plus sur ces fossoyeurs (qui ont quelques points communs avec les manteaux-Noirs d'ailleurs), encore plus sur ce directeur berk, encore plus sur Léo et Luca, et ce frère disparu mystérieusement...
Woulà ! En gros mes réflexions et n'hésite pas à me contacter par MP si tu as besoin (d'éclaircissements sur ce que je te dis, ou d'autres choses) 
A bientôt Jam' et félicitations !
Jamreo
Posté le 26/06/2013
Mohlala Aranck, merci ! Fallait pas ! (enfin ça me fait très plaisir bien sûr <3)
Je suis vraiment contente que tu aies apprécié ce chapitre ! Ce que j'ai pu me battre avec ce début. Pour les descriptions ça a toujours été mes travers, c'est sûr ça peut faire beaucoup... Pour le passage que tu soulèves, merci pour les deux phrases qui te semblent lourdes, pour le gant posé sur son avant-bras la réponse est juste après normalement : parce que l'environnement est trop sale pour son gant. xD
A voir le passage que tu as relevé, tu as dû lire ce chapitre avant que je n'y fasse quelques retouches - du coup c'est un peu différent par endroits mais rien d'important pour l'intrigue.
Pour les gens qui accompagnent le directeur... le directeur est seul ^^'  Il est arrivé alors qu'il y avait toujours Leo et Achille mais ceux-ci sont partis à la fin du chapitre précédent (d'ailleurs tu les vois à l'extérieur au début de celui-ci). J'espère que ce n'est pas trop confus...
Tu trouves que les fossoyeurs ont des points communs avec les manteaux-noirs ? Tiens, voilà qui me rend curieuse d'en apprendre plus sur tes manteaux-noirs :) je ne les connais paz encore très bien xD très contente que ce chapitre te donne envie de connaître la suite en tout cas (même si certaines choses ne sont pas près de s'éclaircir, j'en ai peur... x'D)
Je te retourne la gentillese du coup : pour plus de précisions/autres n'hésite pas non plus à m'envoyer un MP  :)  encore merci d'être venue lire et bon courage !
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