I, 4 - La civilisation

Par Seja

—  Comment ça, perdus ? hoqueta le gamin.

Leibju ne lui prêta pas attention ; elle était trop occupée à regarder autour d’elle. C’était pourtant de la pure logique. Elle avait longé le chemin pendant un petit moment. Puis à la nuit tombée, elle avait bifurqué vers la gauche, vers la clairière. Et de retour vers le chemin, elle l’avait pris en sens inverse. Sauf que maintenant, la forêt ne ressemblait pas à ce qu’elle en avait vu il y a quelques heures. Pourtant, il y avait bien le chemin sous leurs pieds.

—  On va faire quoi ? insistait le gamin.

—  Aucune idée, siffla Leibju. T’étais passé par là pour venir ?

Il regarda la forêt à son tour. Le jour était définitivement levé et la végétation ne brillait plus. Le silence était d’ailleurs revenu sur le sous-bois.

—  J’en sais rien, répondit-il en fronçant les sourcils. J’essayais plutôt de me débarrasser de vous deux quand je suis rentré dans la forêt.

—  Bravo.

Leibju savait que ce n’était pas sa faute. Mais si elle s’était retrouvée là, c’était parce qu’elle avait dû le poursuivre. Donc non, en fait, c’était complètement de sa faute. Mais ce qui l’angoissait vraiment, c’était l’absence de Haido. A l’heure qu’il était, sa cheville avait dû retrouver une tête normale et il s’était sûrement mis en route pour la retrouver. Ils allaient donc complètement se louper. Et Leibju sentait que ça allait être pénible à expliquer quand elle reviendrait.

Elle jeta un coup d’œil en arrière. Est-ce qu’il fallait qu’ils reviennent ? Qu’ils continuent ?

—  Il y a un chemin, raisonna le gamin. Autant le suivre. Non ?

—  Et après ?

—  Après, on verra.

Leibju hésita. Elle jeta un rapide regarde à son transmetteur, mais il refusait toujours de collaborer. Elle leur en toucherait deux mots quand elle reviendrait à la base ! Puis, sans un mot, elle reprit le chemin en traînant le gamin derrière elle.

Elle était fatiguée ; ils le poursuivaient depuis un sacré moment et en plus, elle venait de passer une nuit blanche par sa faute. Bon, d’accord, la nuit n’avait pas duré bien longtemps à cause du second soleil, mais elle sentait quand même un bon mal de crane lui cogner aux tempes.

—  Il est où, celui qui était avec toi ? demanda le gamin d’une toute petite voix.

—  Resté derrière, grogna Leibju. Il est mal tombé.

—  Ça te dirait pas de me laisser partir ?

—  Non.

Il tenta bien de se libérer de sa poigne, mais elle resserra la prise.

—  Ça change quoi que vous me rameniez ou pas ?

—  Beaucoup de choses. Tu vas te tenir tranquille, oui ?

Le gamin sembla prendre sur lui.

—  Tu veux m’emmener où, de toute façon ?

—  A la base. Sur la Sixième Terre.

—  La Sixième ?

Il dit ça avait un tel émerveillement que Leibju sourcilla.

—  Donc tu connais pas le matricule de ton monde, mais tu connais la Sixième Terre ?

—  Tout le monde la connait ! Et c’est vrai ce qu’on dit sur la Première ? Qu’elle est perdue ?

—  Pas complètement.

Leibju n’avait aucune envie de partir sur un cours d’histoire de la colonisation des mondes. En plus, ce qu’on disait sur la Première, c’était tout sauf clair. Une fois qu’ils seraient de retour sur la base, le gamin trouverait bien quelqu’un pour lui expliquer tout ce bazar avant qu’ils ne le renvoient chez lui.

Le silence retomba. Leibju essayait de trouver un indice, quelque chose qui lui indiquerait la sortie. Le pire, c’est qu’avec les deux soleils dans le ciel, elle ne pouvait pas se repérer. Elle ne savait pas où ils se levaient et se couchaient. Elle ne savait rien sur ce monde, en fait. Et le transmetteur grésillait toujours.

En tout cas, elle était sûre d’une chose ; le chemin qu’ils suivaient, il avait été tracé par des pieds. Le tout maintenant, c’était de retrouver les habitants.

Sauf que le chemin s’arrêta abruptement.

La civilisation que la jeune fille cherchait, elle se cachait entre les fougères. Des cabanes basses et à moitié rongées de mousse et de champignons se serraient contre les arbres. Quelques-unes avaient perdu une bonne partie de leur toit ; d’autres n’avaient plus de porte. Et un tel silence régnait dans le sous-bois qu’il rendait le spectacle plus dérangeant encore. Rien ne bougeait ; on ne pouvait compter sur aucun souffle de vent pour chasser l’odeur de mort qui se dégageait des ruines.

—  Euh… articula le gamin.

Leibju n’en menait à vrai dire pas large non plus. Mais elle fit quand même un pas en direction des maisonnées.

—  Ça te dirait pas de faire demi-tour ? Il y a rien là-bas, ça se voit d’ici.

—  C’est pas toi qui voulais explorer ? grinça Leibju.

—  Non, mais ça a pas l’air intéressant…

Sans lui prêter davantage attention, la jeune fille s’avança prudemment dans les ruines. Bien sûr, elle savait que les mondes éloignés n’avaient pas le niveau technologique des sept mondes principaux. Mais ça, c’était de la préhistoire. Ça n’avait vraiment pas de sens. Elle ne savait pas exactement ce qu’elle cherchait. Trouver un émetteur ici, ça relevait du miracle. Mais elle se disait que quelque chose pourrait peut-être la renseigner sur l’histoire de l’endroit.

Le gamin la rattrapa sans un mot. Sans lui prêter davantage d’attention, Leibju poussa la porte de la cabane la plus proche. La porte protesta, mais finit par livrer un passage. Une odeur de pourriture les enveloppa aussitôt. Leibju mit une manche devant son nez et avança dans l’obscurité. Elle ne distinguait pas grand-chose, mais elle avait l’impression de marcher sur un sol bien trop mou. Une fois que ses yeux se furent habitués, elle détailla l’unique pièce.

Si quelqu’un avait vécu là, c’était il y a bien longtemps. Aucun objet ne trainait plus dans la maisonnée. En revanche, quelque chose craqua sous ses pieds. En baissant les yeux, elle eut un haut-le-cœur et se recula vivement. L’endroit où elle se tenait était jonché d’ossements. Voilà qui répondait à ses questions sur les éventuels habitants.

Elle allait déjà se retourner pour sortir quand le gamin lui donna un coup de coude.

—  Regarde.

Il désignait les restes humains que Leibju essayait d’éviter. Elle inspira à travers la manche et regarda sous ses pieds. Ce n’était pas les ossements qu’il montrait. C’était le transmetteur accroché à ce qui avait dû être un poignet.

Leibju inspira un coup l’air vicié et se baissa. Avec des gestes lents, elle libéra le transmetteur et le tourna dans tous les sens. Elle ne connaissait pas ce modèle et il ne répondait pas quand elle essaya les boutons. Elle le fourra dans une poche.

— Viens, dit-elle en se dirigeant vers la porte.

À présent, le gamin ne semblait plus vouloir se décoller d’elle. Il ne la lâchait pas d’une semelle et elle commençait à trouver l’ambiance franchement pesante. Cette mission aurait juste dû être de la reconnaissance. En guise de stage pratique, on les avait envoyés avec Haido à la découverte d’un monde inexploré. Ils devaient en dénicher un et faire un rapport en cinquante pages, cinq exemplaires dessus. Qui pouvait prévoir qu’ils croiseraient la route d’un non enregistré qui ne voudrait pas coopérer…

Les deux autres cabanes qu’ils explorèrent ne leur apprirent rien de plus. Il n’y avait même pas d’ossements pour glaner des indices. Leibju ignorait ce qui s’était passé ici, mais ça ne semblait pas vraiment pacifique. Pourtant, la forêt était silencieuse au possible. Est-ce que ce qui avait attaqué les anciens habitants était mort à son tour ? Pour tout dire, elle ne tenait pas tellement à rester pour le découvrir.

Sauf qu’elle n’avait pas non plus la petite idée sur comment sortir de la forêt et retrouver Haido. Si seulement, ce fichu transmetteur voulait bien se remettre en marche…

— Quoi ? marmonna-t-elle, perdue dans ses pensées.

— J’ai rien dit, répondit le gamin d’une voix tendue.

Leibju sentit une décharge d’adrénaline la traverser. Le silence derrière eux venait de voler en éclats. Et derrière eux, il n’y avait rien d’autre que les cabanes abandonnées. Abandonnées et vides.

Ils se retournèrent de concert. Rien ne bougeait, absolument rien.

Soudain, une odeur de terre retournée leur attaqua les narines et ils virent avec horreur une cabane basculer vers la gauche. Leibju n’eut même pas la présence d’esprit de décamper. Sa première pensée fut que la forêt était secouée par un tremblement de terre. Mais alors, la cabane bascula vers la droite. Puis de nouveau à gauche. Et tout ça coup, une patte émergea de terre ; elle sembla se dégourdir ses quatre longs doigts surmontés de griffes, puis prit appui sur le sol. Encore quelques secousses et une seconde patte sortir à son tour. Une fois les exercices d’assouplissement faits, les deux pattes se plantèrent dans le sol et la cabane gagna en hauteur.

Horrifiés, ils virent la cabane, sur ses deux pattes qui ressemblaient furieusement à celles d’un poulet géant, se préparer à l’attaque. Ils n’attendirent pas d’en voir plus et prirent leurs jambes à leur cou.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Fannie
Posté le 09/04/2020
Ah, la fameuse cabane… C’est là que je m’étais arrêtée lors des Histoires d’Or.
Leibju est courageuse, voire imprudente. Ça faisait un moment que j’avais envie de lui dire de ne pas s’attarder et de ne surtout pas entrer dans ces cabanes. Mais si elle n’y était pas allée, elle n’aurait pas trouvé le transmetteur, et peut-être qu’il aura son importance... C’est vrai que moi aussi , je me demande ce qu’il est advenu de Haido. C’est un peu tôt pour tuer un personnage, non ?  ;-)
Coquilles et remarques :
— C’était pourtant de la pure logique / Pourtant, il y avait bien le chemin [Je remplacerais le deuxième « pourtant » par « Néanmoins » ou « mais ».]
— la forêt ne ressemblait pas à ce qu’elle en avait vu il y a quelques heures. [Je dirais « quelques heures auparavant » ou « quelques heures plus tôt » ; le présent est dérangeant dans ce contexte.]
— Mais si elle s’était retrouvée là, c’était parce qu’elle avait dû le poursuivre. / Mais ce qui l’angoissait vraiment [Tu pourrais remplacer le premier « Mais » par « Malgré tout », par exemple.]
— Elle jeta un rapide regarde à son transmetteur [regard]
— Elle leur en toucherait deux mots quand elle reviendrait à la base ! Puis, sans un mot, elle reprit le chemin [Pour éviter la répétition de « mot(s) » : « sans rien dire », peut-être ?]
— un bon mal de crane lui cogner aux tempes [crâne]
— Sauf que le chemin s’arrêta abruptement. [Je dirais « s’arrêtait » : ce n’est pas une action, mais un état de fait.]
— Des cabanes basses et à moitié rongées de mousse et de champignons [Pour éviter la répétition, tu peux simplement enlever le premier « et ».]
— Aucun objet ne trainait plus dans la maisonnée [La maisonnée, c’est plutôt l’ensemble des gens qui vivent dans la maison. Il y a d’autres synonymes comme masure, cahute, bicoque, voire maisonnette.]
— et faire un rapport en cinquante pages, cinq exemplaires dessus [de cinquante pages en cinq exemplaires]
— Qui pouvait prévoir qu’ils croiseraient [Qui aurait pu prévoir ; pour marquer l’antériorité.]
— Est-ce que ce qui avait attaqué [C’est un peu lourd, comme tournure.]
— Sauf qu’elle n’avait pas non plus la petite idée sur comment sortir de la forêt [« pas non plus la moindre idée de » ou « pas la plus petite idée de » (pas « sur »)]
— Ils se retournèrent de concert. [Ici, la locution « de concert » ne me semble pas adéquate : en effet, il ne se sont pas concertés, même tacitement. On peut dire qu’ils réagissent simultanément, en même temps, ensemble, d’un même élan, d’un même geste, etc.]
— Et tout ça coup, une patte émergea de terre [tout à coup]
— et une seconde patte sortir à son tour [sortit]
Comme tu écris « connait » et « trainait », j’imagine que tu appliques les rectifications orthographiques de 1990.
Shaoran
Posté le 29/08/2019
Bon, Sejounette, je me dois de protester, tes chapitres sont beaucoup TROP COURTS. A peine le temps de te mettre dans l'ambiance et paf! c'est déjà fini.

En tout cas, j'apprécie toujours ma lecture, ça reste fluide et rythmé. Côté personnage, forcément une jeune fille perdue dans une forêt chelou sur un autre monde avec un jeune garçon et un compagnon éclopé, ça me parle XD.
J'ai hâte de voir où tu vas nous emmener avec tout ça !
Seja Administratrice
Posté le 30/08/2019
Pif paf. En même temps, je sais pas écrire des chapitres de 30K, DESOLER.
Ahaha, j'avais pas vu les ressemblances, mais maintenant que t'en parles, je vois plus que ça xDD
Shaoran
Posté le 30/08/2019
Allons en faisant quelques efforts tu pourrais :P C'est pas si difficile en vrai.

Xd En même temps, le traitement du sujet est tellement différent qu'à mon avis la ressemblance s'arrête là.
Isapass
Posté le 11/09/2018
J'adore les dialogues entre Leibju et Teo. Je ne sais pas encore pour Haido, mais Leibju aurait pu figurer parmi les aventuriers nominés ! Elle a l'air hyper sérieuse, consciencieuse, courageuse, elle ne s'encombre pas de discours inutiles...
La scène de la cabane est juste grandiose ! Je pensais que c'était une bestiole qui sortait de sous la cabane, mais pas du tout : c'est bien elle qui a des pattes !
"Mais ce qui l’angoissait vraiment, c’était l’absence de Haido." : la phrase précédente (ou celle d'avant) commence déjà par un "Mais". Tu pourrais enlever celui-ci sans que ça gêne ou le remplacer par "En fait" ou d'ailleurs, peut-être ?
"—  Euh… articula le gamin." : articuler, juste pour une syllabe, c'est pas forcément le verbe d'incise parfait. Tu l'as fait exprès pour décaler ? 
"Encore quelques secousses et une seconde patte sortir à son tour." : sortit 
Seja Administratrice
Posté le 26/08/2019
Elle est très bougonne, quoi xD
Hahaha, cette cabane en a marqué plus d'un :P J'avais trouvé ça très kiffant d'écrire sur le folklore slave :'')
Mandorle
Posté le 11/03/2018
"Des cabanes basses et à moitié rongées de mousse et de champignons se serraient contre les arbres."<br /><br />La mousse a encore frappé D:<br /><br />Coucou Sej C:<br /><br />Je passais dans le coin et j'ai remarqué la mise à jour de cette charmante histoire...<br />Et je l'aime toujours autant.<br /><br />J'aime beaucoup tes images percutantes qui en disent peu. "Le silence derrière eux venait de voler en éclats." On ne sait pas quels bruits prennent vie : le texte est silencieux et pourtant décrit un bruit.<br /> <br />J'aime tes idées un peu délirantes. J'aime les insectes colorés et lumineux. J'ai une image tellement nette de cafards avec des fourchettes, couteaux dans les mains et serviettes autour du cou, tournant voracement autour du pauvre Teo assoupi.<br /><br />J'aime particulièrement les réécritures de contes. Surtout quand ça implique la cabane de Baba Yaga.<br /><br />Ton écriture a une certaine poésie sobre qui m'émeut particulièrement. Pour reprendre tes premières lignes, "Au commencement étaient les Enflammeurs. Ils parcouraient la Terre et réduisaient en cendres tout ce qui se présentait à leur regard. Mais très vite, les Enflammeurs finirent avec des brûlures d’estomac. Alors, ils durent trouver des activités plus pacifiques."<br />C'est extrêmement simple, drôle (pas de fou rire, mais un sourire tout doux), et résolumment poétique, dans le dénuement presque.<br /><br />Fin bon bref je m'égard, sans être des masses constructif en plus :/ Mais j'ai pas trouvé de défauts à pointer du doigt.<br /><br />J'espère voir une suite sous peu o/<br />
Seja Administratrice
Posté le 11/03/2018
La mousse est partout. Partout.
Mwo, t'as aussi décidé de faire exploser mes chevilles :P Merci tout plein ! C'est drôle ce que tu dis sur la première phrase. En fait, elle m'est apparue alors que j'étais en train de m'endormir il y a déjà quelques années. C'était tellement nawak que je me suis sentie obligée de la noter :P
Merci d'avoir lu <3 
Jupsy
Posté le 11/02/2016
Fuyez !
Ou alors donnez lui des graines ?
En tout cas, ce monde a l'air super sympa. Je trouve ça mignon que la première Terre soit perdue même si tu l'as pas fait exprès. Par contre, je trouve moins rassurant le monde merveilleux où ils se promènent. Je crois que c'est pire qu'Alice au pays des Merveilles sous acides. Je les plains... et si ça se trouve Tiral est mort. Ou peut-être que c'est les os qu'ils ont retrouvé... Ou peut être que c'est leurs os ? Mais alors cela voudrait qu'ils sont déjà allés là et dans ce cas là gros bordel dans ligne temporelle...
Bon et si j'allais lire la suite au lieu de balancer des idées fumeuses ! :P 
Seja Administratrice
Posté le 11/02/2016
Je crois que les cabanes sont plus portées sur la viande fraiche...
Oh, merci pour ce que tu dis sur le petit monde ! Ha, le voyage dans le temps. Ca serait un tel bordel... xD 
Dédé
Posté le 27/06/2015
L'arrivée des cabanes à pattes de poulet, hourra !! o/ 
Le chapitre était très prenant, même si je savais ce qui allait arriver (les cabanes à pattes de poulet sont trop connues maintenant ! :D)
Ces différentes Terres m'intriguent aussi. A voir si on en sait plus par la suite ! Vivement cette suite, d'ailleurs !!
Pour finir, j'ai relevé deux petites coquilles que je te fais partager :
Et tout ça coup, une patte émergea de terre --> Et tout à coup...
Encore quelques secousses et une seconde patte sortir à son tour. -->  Encore quelques secousses et une seconde patte sortit à son tour.
 
Seja Administratrice
Posté le 27/06/2015
Ah bah ouais, fallait bien qu'elles arrivent :D 
Merci pour les coquillettes ! Quant à la suite, ma foi, elle vient d'arriver :P 
Vous lisez