Grandeur et disparition du peuple

Par Sabi
Notes de l’auteur : Attention : Tout ce qui est raconté dans cette histoire est le fruit d'une recherche documentaire des annales akkashiques, et est donc totalement vraie. En lisant cette histoire, vous êtes conscients que votre perception du monde va changer de manière définitive, et pas forcément en bien. Nous déclinons toute responsabilité en cas de réclusion compulsive dans la nature, abandon total ou partiel d'un régime alimentaire spécifique, voire d'une adhésion réflexe à tout groupe religieux majoritaire, comme alternatif.

Le peuple était né dans l'obscurité la plus totale. Ses premiers représentants s'étaient éveillés à la conscience il y a de cela des éons, à la surface de la mer. C'est pour cette raison que dans leur langue, ils l'appelèrent par ce que l'on peut directement traduire par "maman".
Le peuple n'avait pas d'autre nom que celui-ci. Ils avaient l'apparence d'organismes respirant de l'oxygène, capables de flotter à la surface de l'eau aussi bien que de plonger sous la surface afin d'y trouver leur nourriture. Pour cette raison, la société du peuple s'était organisée selon deux temps primordiaux : le temps de la surface, réservée à la vie quotidienne et aux interactions sociales, et le temps des profondeurs où ils se ressourçaient en ingérant leur nourriture, mais aussi en faisant des rêves de méditation.
En effet, l'eau de cette mer était constituée d'éléments chimiques nourriciers qui leur permettaient d'entrer dans des états seconds où ils faisaient d'étranges rêves.
Il n'y avait pas d'autres formes de vie que la leur sur et dans cette mer. L'eau était la garante de leur survie, et ils la vénéraient telle une déesse.
Leur vie fut ainsi réglée pendant des siècles et des siècles. L'idée de conflit et de guerre ne leur était jamais venue à l'esprit. Pour autant, ils n'étaient pas une forme de vie douée de conscience pour rien. De grands penseurs et scientifiques virent le jour au sein du peuple, et un jour, ils découvrirent les limites du monde.
Ils tombèrent sur un mur aux proportions titanesques, fait dans une matière lisse au toucher, sur lequel personne ne pouvait trouver de prise pour grimper. Certains se portèrent volontaire pour explorer jusqu'où ce mur pouvait aller. Un camp de base fut installé à l'endroit où ils avaient découvert pour la première fois ce mur. On vit partir avec émotion ces aventuriers qui disparurent bien vite à l'horizon. Pendant plusieurs années, personne n'entendit plus jamais de nouvelles d'eux. Jusqu'au jour où on les vit arriver depuis la direction opposée à leur départ. Grande furent la surprise et la joie. On en déduisit alors que le mur encerclait de façon totale et absolue "maman". Ce mur la contenait, et on en fit alors une divinité. "Maman" nourrissait la vie, et "papa" permettait par ses limites définies à son épouse d'accomplir sa mission.
On voulut alors savoir ce qu'il y avait au fond de la mer. Jusqu'ici, personne n'avait jamais exploré les tréfonds de "maman". On tenta une première expédition, et ce fut la seule et unique. La pression devenait tellement forte en dessous de la barre des deux mille mètres de profondeur, qu'il était impossible d'aller plus loin. Et puis, les composés chimiques nourriciers devenaient tellement forts que les transes devenaient des comas, ou pire, des crises de folie hallucinatoires. Cependant; cela n'arrêta pas les scientifiques ingénieux. Ils eurent l'idée d'avoir recours aux techniques ondulatoires. Le corps des organismes du peuple était capable de produire des claquements très puissants dont ils se servaient depuis toujours pour se localiser les uns les autres. C'était même leur moyen de communiquer entre eux.
On rassembla les membres du peuple les plus musclés afin de produire le claquement le plus fort possible. Le bruit qu'ils produisirent est l'événement qui a marqué toute une génération du peuple. Puis on attendit. On attendit tellement longtemps que l'on se mit presque à admettre que "maman" n'avait pas de fin. Mais on se trompait. Des dizaines d'années plus tard, un organisme extrêment sensible perçu l'écho du claquement, de retour à la surface. On savait désormais que "maman" avait un placher sous-marin distant d'environ deux cents kilomètres de profondeur. Cette donnée, énorme, en fit rêver plus d'un.
On voulut alors s'intéresser à "papa". Jusqu'où pouvait-il monter ? Personne ne pouvait monter sur lui. Les organismes du peuple ne disposaient pas d'appendice leur permettant d'adhérer à la surface totalement lisse du mur. Tout le monde eut beau se creuser la tête à la recherche d'une solution, personne n'en trouva jamais. Ils n'en eurent pas le temps.
L'apocalypse, qui aspira en un mois "maman" et tout le peuple avec lui sans laisser le moindre survivant, se déchaîna soudainement. Cela commença par un événement qui n'était jamais arrivé dans toute l'histoire du peuple. La lumière fut. Les organismes purent percevoir ce changement, bien qu'aveugles, car leur peau était thermosensible. La lumière dans l'obscurité produisit une élévation soudaine de la température, ce qui mit en panique les scientifiques ainsi que tout le peuple.

Quelqu'un avait ouvert la cannette de Coca-Cola...

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Edouard PArle
Posté le 08/09/2021
Hey !
Les notes de début sont géniales franchement !
La lecture est un peu moins agréable mais on continue pour savoir où tu nous emmènes.
La conclusion est complètement inattendue pour ma part et justifie l'attente !
Bien joué !
On v
Edouard PArle
Posté le 08/09/2021
a voir si la suite parvient à rester aussi surprenante*
Sabi
Posté le 08/09/2021
Je n'emmène nul part avec tout ça.
Edouard PArle
Posté le 08/09/2021
je découvrirais ce nul part avec grand plaisir alors (=
Ambreline
Posté le 12/06/2020
Quelle façon de voir les choses, absolument surprenante, farfelue et géniale ! je ne m'attendais pas du tout à le chute, le conte est bien écrit, et sérieux, et là tout se retourne ! J'avais lu Comme Canis et Felix juste avant, donc je m'attendais à une chute, mais clairement pas à celle-là.
Il a fallu que je le relise en ayant cette fois-ci la chute en tête, c'est vraiment bien trouvé, je ne regarderais plus jamais une canette du même œil. Merci !
Sabi
Posté le 12/06/2020
On estime que quatre cannettes de soda (toute marque confondue) sur dix abrite au moins un peuple conscient au niveau microscopique. Les fabricants de soda sont bien entendus au courant de la situation...
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