Gaufres gourmandes

Par Dédé

 

«Gare à la nourriture trop bonne, c'est la plus fourbe de toutes.»

Gribouillis d'un gourmand réputé.

 

Gourmandise, la gourmandise est un désir d'aliments jugés fort bien agréables : c'est ce que tout le monde dit ! Grands et petits ! Gaufres, pâtisserie légère cuite entre les deux plaques d'un gaufrier. Gaufres, une gourmandise, je peux vous l'assurer ! Gourmand, il ne peut en être autrement : comment ne pas être gourmand de gaufres ? Gain de temps que d'observer comment on fait les gaufres quand on a trois ans et trois mois.

Grosso modo, je sais à quoi ressemble une gaufre mais jusqu'à présent, je n'ai jamais vu comment le tout s'organise pour finir entre mes mains.

Gaufres de fêtes foraines, que ça rappelle de bons souvenirs ! Gaufres à l'ancienne, avec du sirop d'érable ou de la pâte à tartiner : miam ! Gaufres croustillantes, que j'aime entendre et sentir la gaufre craquer quand je la croque ! Gaufres liégeoises, que c'est bon avec du sucre perlé ! Gaufres salées avec jambon et gruyère, c'est bon aussi, n'allez pas croire le contraire !

Gaufres délicieuses, comment fait-on des gaufres délicieuses ? Grand mystère qui s'apprête enfin à m'être dévoilé...

Grandir, c'est devenir de plus en plus curieux.

Grouillant de curiosité, je tourne autour de la table de la cuisine pour attirer l'attention de ma maman. Gravitant tout autour d'elle, elle me regarde avec un léger sourire en coin. Gourmande elle aussi, je crois qu'elle a envie de gaufres tout autant que moi, si ce n'est plus.

Galopant dans tous les sens, ma maman sort les quelques ingrédients du frigidaire pendant que je prends la peine de m'installer sur la chaise. Grandiloquent, mon papa nous regarde en levant les yeux au ciel, observant le trajet en zigzag des mouches qui passent par là par le plus grand des hasards ou alléchés par l'odeur des futures gaufres sur le point de voir le jour.

Gouvernés tous les deux par notre envie de pâtisserie, ma maman sort le saladier du placard pendant que je me frotte les mains, impatient de dévorer de la gaufre.

Gaufre, quel drôle de mot tout de même quand on le répète plusieurs fois...

Grinçant des dents, en plus d'observer la fabrication de mon goûter, je veux y participer aussi ! Grotesque de voir ma maman faire la grimace alors qu'elle bat les œufs en omelette en ajoutant du sucre en poudre et du sel. Grand que je suis, je lui demande si je peux mettre le sucre en poudre. Gamine, elle aimait bien cuisiner avec sa maman elle aussi : c'est pourquoi elle a accepté sans rechigner !

Grimaçant à mon tour, je mets la bonne dose de sucre sans plus tarder pour faire le mélange correctement. Grand temps de mélanger la farine et la levure dans un saladier maintenant. Groupant nos mains, ma maman et moi tenons le paquet de farine que l'on verse avec précaution : ce qu'il faut, ni plus, ni moins.

Génial ! ma maman me montre comment faire un puits au centre du saladier : c'est trop rigolo ! Gratinés de farine, je ne fais même plus attention à mes doigts tout sales. Gardant sous la main la cuillère en bois, ma maman verse le mélange œufs-sucre-sel de tout à l'heure dans le saladier.

Grand temps de remuer avec la cuillère en bois tout en lançant dans le mélange le beurre fondu et le lait. Grand moment : c'est moi qui remue avec la cuillère !

Gaufrier, gaufrier, où est le gaufrier ? Généralement, ma maman ne perd jamais rien dans la cuisine mais le gaufrier reste introuvable. Grommelant à voix basse, espérant que le gaufrier revienne à sa place, elle finit par le trouver dans un des placards du haut. Globalement, le gaufrier est l'étape de la recette que j'aime le moins. Grimpant sur la chaise pour m'accouder à la table, j'ai toujours peur qu'il s'énerve et décide de me brûler.

Garde à moi, la machine est en marche ! Grand soin il faut prendre du gaufrier : le laisser chauffer un peu, étaler la pâte bien comme il faut dans tous les petits carrés sans que ça déborde. Grotesque moment : ma maman fait semblant d'user de toutes ses forces pour refermer la machine à gaufres alors que je sais très bien qu'il n'est pas si lourd que ça pour un adulte...

Grimaces, grimaces et toujours des grimaces pour faire passer le temps et pour rire un peu. Guère recette ne vaut le coup d'être réalisée si on ne rit pas durant la préparation. Grande phrase pleine de philosophie que voilà !

Girouette, j'ai toujours peur que la pâte fasse une girouette dans le gaufrier et prenne la poudre d'escampette. Gardez vos remarques pour vous : qui me dit qu'en ouvrant de nouveau le gaufrier, la pâte n'aura pas déjà fichu le camp par un tour de magie dont personne ne connaît encore le secret ?

Gaillard que je suis, je m'apprête à ouvrir le gaufrier mais ma maman m'en empêche à temps : à cause de ma crainte de voir la pâte disparaître dans un endroit inconnu, comme par enchantement, j'en ai oublié que le gaufrier était chaud, très chaud, trop chaud...

Gambadant désormais d'impatience, je peux garantir que la pâte est encore là : ma maman a ouvert le gaufrier pour me rassurer quand j'ai tenté de lui expliquer que la pâte était capable de se volatiliser.

Garniture, maintenant !

Goûtons les premières gaufres en terminant de faire les dernières. Gourmands, c'est un des passages obligés de la confection des gaufres. Goûter en premier, et le plus vite possible. Guère gaspillage n'est autorisé ! Gastronomes de renom, goûter avant la fin de la recette est, pour nous, l'occasion de faire preuve de conscience professionnelle : et si mon papa s'intoxiquait avec nos gaufres ? Grelottant à cette éventualité, je me dois de goûter !

Gestion des stocks de gaufres, c'est pour moi ! Gardant un œil à la fois sur le gaufrier et sur la grande assiette sur laquelle je place les gaufres toutes chaudes, je prends ma mission très au sérieux.

Gare à ne pas faire tomber la gaufre ! Gare à ne pas se brûler ! Gentille, ma maman me prête ses gants de cuisine pour me protéger.

Grandiose !

Grand moment de la journée : ma maman et moi faisons semblant de ne rien avoir mangé jusque là lorsque mon papa revient dans la cuisine. Gardant son calme et faisant mime de nous croire, il s’assoit avec nous, attrape une gaufre, la bichonne avec la pâte à tartiner que j'ai posée sur la table et je lui dis :

— Gaufres bonnes, papa ?

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