Évasion

Par Sebours

Parmi les sept peuples originels, quatre présentent des similitudes et des accointances. Il s’agit des dryades, des satyres, des fées et des gnomes. Ils sont d’ailleurs désignés ensembles sous le terme de peuples élémentaires. Ces quatre populations ne présentent d’accoutumée aucune velléité belliqueuse, cherchant à éviter le conflit en privilégiant le repli sur soi ou la négociation, plutôt que l’expansion et la guerre.

La légende prétend que pour contrebalancer la faiblesse physique relative de ces races vis à vis des orcs, des elfes et des nains ; Nunn leur a offert un pouvoir sur une force élémentaire. Cette légende trouve son origine dans le pouvoir réel des dryades sur l’eau. Le reste n’est que supputations et associations d’idées. Tout d’abord, les fées volent et se sont vu attribuer le pouvoir de l’air. Ensuite, les satyres protégeraient les forêts en contrôlant le feu. Enfin, les gnomes posséderaient le pouvoir d’insuffler la vie aux pierres. Jusqu’alors ces trois derniers pouvoirs sur les éléments n’ont jamais été prouvés. Ils apparaissent d’ailleurs comme peu probables car dans le cas contraire, les « peuples élémentaires » s’en seraient déjà servi sur le champ de bataille pour remporter quelques cycles des guerres lemniscates.

De par leur implantation géographique, sur les zones extérieures du bouclier-monde, les peuples élémentaires sont également parfois désignés sous le vocable de peuples de la bordure. C’est sans doute pour atténuer cet avantage stratégique que Nunn, dans sa grande sagesse, a fait ces peuples plus chétifs.

« Les peuples élémentaires » extrait du

Traité sur les sociétés du bouclier-monde

du maître architecte Vinci

 

Cela faisait des cycles et des cycles qu’Epiphone focalisait ses pensées sur un objectif unique, s’évader. A son grand soulagement, son secret, connu de ses congénères, Iphigénie et Perséphone ainsi que du satyre Nicéphore n’avait pas été trahi. A part Diodore, l’autre satyre enchaîné, tous dans la cellule parlaient l’elfique même s’il s’avérait très rudimentaire pour la fée Flamèche et son mari Persuic. Les détenus s’exprimaient donc dans cette langue, mais ils se contentaient de banalités car impossible d’élaborer le moindre plan d’évasion sans éveiller les soupçons. Comment ne pas être certain que personne n’espionne leurs conversations ? Ou bien que l’un d’eux ne les trahisse ! Momjip était très mal en point et le récent décès de Tomtiss l’avait tellement ébranlé qu’il semblait capable de tout.

Le cadavre du gnome était resté de longs jours à pourrir, ce n’était qu’à présent que les orcs venaient le « débarrassé ». Et le corps du pauvre malheureux ne connaîtrait sans doute jamais de sépulture en accord avec les préceptes de Fladalf-Khal, le dieu du commerce qu’il vénérait. Dans la foulée, un nouveau gnome fut enchaîné à la place libérée. Un vieux gnome, à la longue barbe et aux habits ostensiblement coûteux bien que déchirés de toutes par suite aux traitements particuliers des tortionnaires. En découvrant le nouvel arrivant, Momjip se décomposa. Il lui effectua néanmoins un salut respectueux et le questionna de manière affolée en gnomique.

Nicéphore le polyglotte avait tout compris. Il interrogea le vénérable gnome tout en transmettant immédiatement les informations importantes en elfique pour toute l’assistance. « Par Cess-Khal ! Ainsi, vous êtes Bivot, le maître négociant de Pyrbe ! Comment avez-vous été enlevé ? Comment les raids orcs ont-ils pu vous atteindre alors que vous dirigez l’une des vallées gnome les mieux protégées qui plus est traversée par des troupes elfes pour assurer le transit jusqu’à Anulune ? »

Surpris par cette entrée en matière cavalière, le notable répondit néanmoins. « Hihihi ! Ma foi, je n’ai pas été enlevé lors d’un raid mais par trois harpies qui ont fondu sur moi alors que je me reposais tranquillement dans mon jardin. Hihihi. L’attaque a été fugace, rapide et inexplicable. Mes kidnappeuses m’ont amené à un orc rouge qui m’a emmené jusqu’ici en bateau. »

Epiphone intervint promptement. « Pas si inexplicable que cela si vous êtes un maître négociant. C’est un enlèvement ciblé. Abath-Khal manigance certainement quelque chose. »

« Oui. Moi d’accord. Moi être membre grand Sabbat ! Dieu de la guerre a idée...manigance...mais quoi ? » Par ses déclarations hachées, Flamèche allait dans le sens d’Epiphone.

La mort de Tomtiss avait renforcé le sentiment d’urgence de la dryade comme de ses compagnons d’infortune. S’ils n’agissaient pas bientôt, l’issue serait inexorablement la même pour tous. L’heure était à prendre des risques. Elle révéla donc une partie de son lourd secret. « Et l’une d’entre nous est une princesse dryade. »

Nicéphore enchaîna. « Quant à moi, je suis un druide saturnien de Cess-Khal. Abath-khal a donc décidé d’enlever des membres des élites de chaque peuple élémentaire. Mais pourquoi ? »

Epiphone ne put contenir le cynisme désabusé qui montait en elle. « La question importante n’est pas quels sont ses plans, mais comment les contrecarrer ! »

« Ma foi, vous avez raison jeune fille. Il nous faut agir vite tant que nous avons encore des forces. Hihihi ! » Joignant les actes à la parole, le vénérable Bivot se concentra et descella les anneaux qui accrochaient les chaînes aux cloisons de la cellule.

« C’est impossible...Par quelle magie... ? »

Bivot esquissa un sourire carnassier surprenant pour son espèce. « Ma foi, hihihi. Les gnomes ont le pouvoir de contrôler les pierres, ce n’est pas une légende. J’ai simplement dilaté les trous des points d’ancrage. »

« Et maintenant ? » s’affola la princesse dryade. « Si nos geôliers découvrent nos chaînes à terre, ils seront intransigeants ! »

« Ma foi, hihihi ! J’ai le début d’un plan d’évasion. Hihihi ! Je suis en capacité d’augmenter l’ouverture de cette meurtrière pour que l’on puisse passer. » Suite à la déclaration du maître négociant, l’encadrement de la meurtrière se mit à s’écarter. « A présent, c’est à vous de jouer mes chers compagnons. Hihihi ! »

Flamèche prit alors les choses en main. « Vous tous placer sous fenêtre. Et tiens main des autres. »

Les prisonniers s’exécutèrent. Seuls le nain et l’elfe demeurèrent prostrés dans leur coin, vidés de toute force vitale. Flamèche et Persuic voletèrent au-dessus du groupe. Les deux fées se saisirent par les avant-bras et bâtirent des ailes en tournoyant à un rythme crescendo. Une tornade se forma et un à un, la force du tourbillon entraîna les créatures, les happant vers le haut. Avec son envergure, Nicéphore parvint à saisir l’encadrement de pierre. Grâce à sa force physique, le satyre résista ensuite à la puissance du courant ascendant pour s’en extirper et poser les sabots sur le seuil de la fenêtre. Il parvint à attirer ses compagnons.

A l’extérieur, en contrebas, un tapis impénétrable de ronces recouvrait le sol. Pendant que Nicéphore récupérait l’ensemble du groupe, Diodore se concentra et ferma les yeux. Soudain, les ronces commencèrent à se mouvoir, se rapprochant toujours plus de la fenêtre. Le satyre forma avec les végétaux une sorte d’escalier en colimaçon qui permit aux fugitifs de rejoindre le sol sans heurt.

« Bravo mes amis ! Mais ma foi, hihihi, le plus dur resta à faire ! »

« Satyres...construire...bateaux. »

« Impossible. Nous ne contrôlons que les végétaux vivants et enracinés dans le sol. Ces ronces se dénoueraient et l’embarcation prendrait l’eau en un rien de temps. » répondit Nicéphore.

Nicéphore rajouta dépité. « De plus, sans voile, nous n’irions pas bien loin ! Cess-Khal nous protège. » 

Prenant sa chaîne entre les mains, le vénérable Bivot tenta de dédramatiser. « Hihihi ! Si seulement l’un d’entre nous contrôlait le métal, il pourrait nous libérer de ces entraves d’acier. Hihihi ! »

A dessein, les géôliers avaient reliés les prisonniers deux par deux en prenant soin de ne pas les grouper par même race. Ainsi, Bivot se retrouvait rattaché à Persuic, Nicéphore à Epiphone, Iphigénie à Diodore, Perséphone à Momjip. Seule la fée Flamèche ne possédait aucun compagnon de chaîne.

Soudain, avec la puissance de conviction qui la possédait, Epiphone prit la parole. « Les orcs s’attendent de toute manière à ce qu’on s’évade par la mer. »

« Hihihi. Et par où d’autre pourrions-nous fuir, jeune dryade ? »

« Mais par le bord du bouclier-monde, vénérable maître négociant. En suivant tout le contour, nous parviendrons à l’île d’un des Sept qui sera prêt à nous aider. »

Nicéphore, son compagnon semblait plus que dubitatif. « Par Cess-Khal, par quelle magie y parviendrions-nous ? »

« Par chance, sur chaque chaîne l’un des compagnons est en capacité de nous emmener jusqu’au rebord extérieur du bouclier-monde. En contrôlant l’eau pour les dryades ou en volant pour les fées. Bien sur, il faudrait que Flamèche aide Persuic à porter maître Bivot, mais il est heureux que ce ne soit qu’un gnome et non un satyre. Une fois sur le rebord, nous pourrions remonter vers le Nord pour rejoindre l’île de Cess-Khal... » Un cri d’alarme coupa net Epiphone dans l’exposition de son plan.

« Où mer ?...Où bord monde ?...vite ! » Flamèche s’affolait suite à la découverte de leur évasion. La fée avait raison. Par où s’enfuir ? Il n’y avait que la terre à perte de vue.

Une lance enflammée se planta au milieu des fuyards. Epiphone pris encore les choses en main. « Dispersons-nous ! Vous par ici ! Vous par là ! Il faut qu’au moins l’un de nous s’échappe pour avoir un espoir de sauver les autres. »

Il fallait faire vite. Le groupe se dispersa. Nicéphore construisit un tunnel naturel dans le tapis de ronces. Ainsi, le satyre et la dryade devinrent presque invisibles mais perdirent de vue leurs compagnons. A présent, ils n’avaient d’autre choix que d’avancer. Les premiers instants de leur cavale pouvaient être décisifs. En mettant un maximum de distance avec leurs poursuivants, ils leur seraient plus facile d’échapper à la traque que les orcs allaient inévitablement lancer. S’ils rejoignaient un point d’eau, une rivière ou mieux encore, le rivage, ils seraient sauvés. Epiphone maîtrisait parfaitement l’élément liquide. Elle saurait même résister à une horde d’orcs. Mais le château semblait planté au milieu d’un désert. Comment fuir ? Au loin, la dryade entendait les lourdes herses grincer en remontant. Les soldats d’Abath-Khal seraient bientôt là !

« Par Cess-Khal, quoiqu’il arrive, nous devons quitter cette zone ! » Le satyre planta son regard jaune dans celui de la juvénile princesse. « J’ai une idée. Fais-moi confiance et suis-moi. »

Nicéphore construisit au-dessus d’eux avec les ronces un petit dôme d’une densité extrême. Sans un mot, il se releva à moitié, plaqua ses épaules sur le plafond de la protection et la souleva légèrement. Epiphone compris immédiatement son rôle et ramassa la chaîne qui traînait jusqu’alors sur le sol. Il chuchota alors. « On avance à trois...un...deux...trois ! » Le satyre et la dryade avancèrent de concert sur environ cinq cents mètres avant de s’arrêter. Aussitôt, les ronces reprirent racines sur l’injonction du druide saturnal. « Ici, nous ressemblons à un buisson quelconque. Oh, grand Cess-Khal, fait que notre ruse fonctionne ! »

Une multitude d’orcs éructant arriva sur place pour quadriller le périmètre. Epiphone n’osait plus ni bouger, ni respirer. Par un infime interstice, elle percevait une bribe de l’évolution des choses en dehors de leur cachette. Après de longs instants de fouille, un cri déchira le cœur de la jeune vierge. C’était Perséphone qui hurlait au désespoir en luttant contre les orcs qui l’avaient débusqué. Enchaînée à Momjip, la pauvre dyade n’avait de toute manière que peu de chance de s’en sortir. En effet, le gnome affichait depuis quelque temps déjà un état de décrépitude avancé. Il n’avait sans doute pas eu suffisamment de force pour réussir à passer entre les mailles du filet. Epiphone aperçu par la fente une scène qui l’horrifia. Un orc avait saisi la chaîne des fuyards par le milieu et les traînaient derrière lui. Dès que les capturés passaient à proximité d’un autre soldat, celui-ci leur assenait une pluie de coups de pieds, de bâtons, de lances ou de massues. L’orc tortionnaire accrocha la dryade et le gnome à la branche d’un if qui était parvenu à pousser au milieu des ronces. Les deux créatures, rossées, pendaient tels des carcasses dans l’échoppe d’un boucher. Le geôlier scruta le tapis végétal, cherchant l’ennemi dans sa tanière. Il s’adressa alors à ses proies invisibles. « Rendez-vous et nous serons cléments ! Sinon, nous saignerons vos amis comme des porcs ! » Et il dégaina un long couteau pour exécuter une première estafilade sur le corps de Perséphone qui hurla de douleur.

La jeune princesse voulait sortir de sa cachette pour protéger sa sœur. Son sang bouillait, ses poings se seraient et ses muscles se contractaient inexorablement, prête à bondir. En apposant sa main sur son épaule, Nicéphore stoppa l’élan de la vierge ingénue. Epiphone se rendit compte de la vacuité de l’action qu’elle ambitionnait. Une nouvelle estafilade provoqua un nouveau cri suraigu. Le druide était effectivement aussi un sage. Sans lui, elle se serait jetée immédiatement dans la gueule du loup suite à cette grossière provocation. A part se faire capturer, cela n’aurait servi à rien. L’orc s’acharnait sur son amie et elle implorait son aide. Non, Epiphone devait s’évader et survivre ! Par tous les moyens ! Aucun autre choix n’était possible. Et pour ce faire, il fallait faire preuve de résilience et accepter l’inacceptable. Pour survivre. Les suppôts d’Abath-Khal n’avaient pas pu la briser malgré leurs brimades. Pour survivre. Il fallait attendre et profiter de l’obscurité de la nuit pour recommencer à se déplacer. Ils réussiraient. Elle réussirait !

Lassés d’attendre une capitulation qui ne viendrait jamais, les orcs commencèrent à fouiller le tapis végétal. « Vous avez laissé passer votre chance bande de chiens ! Voilà ce qui vous attend lorsqu’on vous retrouvera ! » Sur ces mots, le tortionnaire égorgea la dryade et le gnome puis prit part à la battue. Les soldats utilisaient leurs armes pour transpercer les ronces à intervalles réguliers. Epiphone pria Génoas-Khal pour qu’il les protège elle et ses compagnons. Elle savait ses invocations veines en ce lieu, sur l’île d’un des Sept. Mais que lui restait-il à par prier et conserver l’espoir ? Après avoir ratissé l’ensemble du grand amalgame de verdure, les orcs n’avaient débusqué personne. Alors ils s’attaquèrent aux buissons isolés. L’angoisse serra la gorge de la dryade. Cette même angoisse qu’elle connaissait trop bien lorsque dans la cellule pendant sa détention elle attendait de savoir si les geôliers lui feraient subir une séance de torture. Cette angoisse possédait à présent un son, le cliquetis du métal qui rythmait l’avancée des rabatteurs. Et ils se rapprochaient toujours plus. Jusqu’au moment où un de ses butors s’arrêta devant leur cachette et assène trois coups de lance dans le faux buisson.

Le premier coup de pic s’arrêta à quelques centimètres du visage d’Epiphone qui lutta pour ne pas crier de stupeur. Le second se planta dans le sol. La princesse entendit la troisième estocade mais ne vit aucune lame apparaître dans la cachette. Elle croisa le regard de Nicéphore et comprit. Elle devina comment l’acier avait lardé le satyre tout comme elle devina la douleur sourde qui l’envahissait. Peut-être n’était-ce qu’une égratignure. Impossible de le savoir pour l’instant. A présent, l’angoisse était silence. Des gouttes de transpiration perlèrent au front du druide, mais il contint toute sa douleur, sans un bruit, sans un geste. L’orc s’éloigna, se dirigeant vers un autre buisson. L’attente ne s’écoula que sur quelques minutes mais sembla durer des heures. Lorsque les bruits des rabatteurs résonnèrent suffisamment loin, les évadés purent se relâcher.

Nicéphore s’effondra. Il gisait à plat ventre sur le sol. Il haletait, le souffle court, trempé de sueur. Face à ce spectacle, Epiphone s’affola. Elle palpa son compagnon pour découvrir sa blessure. En parcourant l’épaisse fourrure, sa main se mouilla à proximité de la plaie. Celle-ci se situait dans le bas du dos. L’entaille mesurait la largeur d’une paume et le sang coulait abondamment. Mais la lance avait pénétré sur quelle profondeur ? Avait-elle touché des organes vitaux ? Impossible à dire. De toute façon, la dryade ne possédait ni compétence en médecine, ni matériel pour recoudre la blessure. Le souffle saccadé du satyre se stoppa net. Sans doute s’était-il évanoui. La princesse vierge n’osa pas même chuchoter pour s’enquérir de l’état de son ami, de crainte de signaler leur présence aux orcs. Le druide continuait à saigner. Sur la base de ses rares notions médicales, Epiphone commença donc par appliquer un point de compression pour juguler l’hémorragie. Il fallut attendre un bon quart d’heure avant que ne cesse l’écoulement de sang. A présent, elle ne pouvait qu’attendre.

La nuit tombait lorsque Nicéphore reprit conscience. Il voulut se redresser mais poussa un grognement de douleur et resta plaqué au sol. Fort heureusement, les orcs avaient déserté les lieux, organisant sans doute une battue dans des zones plus éloignées du château. Epiphone lui murmura à l’oreille. « Les soldats sont partis mais il faut rester calme pour récupérer. Malheureusement, nous ne pourrons pas manger pour reprendre des forces. »

« Si Cess-Khal le veut bien, peut-être que si. » Malgré un rictus de douleur, le satyre parvint à effectuer un sourire accompagné d’un clin d’oeil. « Je possède un pouvoir que seuls quelques druides partage avec moi. » Et les ronces poussèrent, les feuilles s’agrandirent et des mûres s’accrochèrent aux branches. Cette croissance accélérée était une bénédiction ! Grâce à Nicéphore, ils possédaient une cachette relativement sûre et de quoi se nourrir. La dryade cueillit promptement les fruits et commença à nourrir le blessé avant de satisfaire sa propre faim.

Une fois rassasiée, Epiphone s’attela à prodiguer de nouveaux soins à son ami. Elle commença pas déchirer le bas de sa robe en une longue bande. La tâche s’avérât d’autant plus ardue qu’elle devait s’effectuer le plus silencieusement possible. Elle enroula ensuite le tissu autour du tronc du blessé. Là encore, chaque mouvement fut compliqué. La dryade voyait bien que la satyre souffrait mille maux à fois qu’il devait soulever son corps pour permettre le passage du pansage. Elle termina le bandage promptement avant que Nicéphore s’évanouisse une nouvelle fois.

La princesse se retrouva seule dans une obscurité de plus noire, de plus en plus silencieuse et surtout de plus en plus glaciale. Elle avait mis sa robe en lambeaux pour fabriquer de quoi soigner son congénère. Ainsi courte vêtue, le froid de la nuit lui transperçait les chaires. Comment pouvait-elle à présent faire quoique soit. Impossible de dormir. Impossible de réfléchir. Impossible de bouger pour se réchauffer. Et puis un sifflement s’amorça, grandissant et emplissant la plaine au pied du château d’Abath-Khal. Les morsures du vent qui passèrent par les interstices tétanisèrent Epiphone dans son corps et dans sa tête. Pour résister, elle s’accrocha au seul sentiment suffisamment qu’elle avait en elle, sa haine du dieu de la guerre, sa haine des orcs. Un brasier s’enflamma en elle. Elle survivrait pour se venger ! Elle retournerait en son pays et guiderait son peuple à la victoire. Elle exterminerait tous ces orcs. Sa vengeance serait terrible. Puis elle s’occuperait des elfes. Les suppôts de Batum-Khal ne valaient pas mieux. Ils avaient assassiné son pays chéri. Sous couvert de progrès, ils avaient colonisé la baie d’Anulune en effaçant toute trace de nature sauvage. Elle serait sans pitié avec toutes ces créatures sans cœur ni valeurs. Oui, elle survivrait. Epiphone passa la nuit a échafaudé des plans, réfléchissant à la manière d’assouvir sa vengeance. Quand l’aurore pointa, elle s’effondra transie de froid et assommée de sommeil.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Edouard PArle
Posté le 19/02/2024
Coucou Sebours !
L'évasion de nos détenus permet de faire passer un cap à l'histoire. Ils ne sont plus que victimes mais vont devenir des acteurs importants de l'histoire.
C'est très sympa de voir la coopération entre eux, chacun a sa capacité spéciale qui lui permet d'appuyer le groupe. C'est d'ailleurs très bien de les expliquer dans ta citation de début de chapitre. Elles sont toujours très pertinentes par rapport au chapitre qui suit, en plus d'apporter à la richesse de ton univers.
Le fait que les fuyards se séparent, pour que seulement un ou deux puissent survivre est aussi assez touchant. Ça donne d'autant plus de motivation de revanche à notre princesse.
Mes remarques :
"les orcs venaient le « débarrassé »." -> débarrasser
"la pauvre dyade n’avait de toute manière que peu de chance de s’en sortir." -> dryade
"et les traînaient derrière lui." -> traînait
"protège elle et ses compagnons." virgule après protège ?
"Elle savait ses invocations veines en ce lieu," -> vaines
"Cette même angoisse qu’elle connaissait trop bien lorsque dans la cellule pendant sa détention elle attendait de savoir si les geôliers lui feraient subir une séance de torture." phrase un peu longue
"seuls quelques druides partage avec moi." -> partagent
"Elle commença pas déchirer le bas de sa robe par dans une obscurité de plus noire," -> de plus en plus noire
"Comment pouvait-elle à présent faire quoique soit." point d'interrogation ?
"Sa vengeance serait terrible." cette expression est tellement utilisée que je l'ai trouvée un peu too much ici. La même idée passe sans cette phrase à mon avis.
"Epiphone passa la nuit a échafaudé des plans," -> à échafauder
Un plaisir,
A bientôt !
Peridotite
Posté le 07/12/2022
Coucou Sébours,

Dans ce chapitre, les prisonniers s'enfuient en s'entraidant. Le satyre et la dryade fuient de leur côté, mais le satyre se fait blesser par les orcs.

J'ai bien aimé comment ils se sont tous entraidés pour s'enfuir. Chacun utilise son pouvoir pour avancer.

Une fois dehors, j'ai eu du mal avec la géographie. Je ne m'imagine pas du tout la scène dehors.

J'ai relevé ce qui pour moi est une incohérence, le fait que les orcs transpercent le satyre sans s'en rendre compte.

Tu verras dans mes notes où ça coince :

"de venaient le « débarrassé »
> débarrasser

"à la place libérée."
> À sa place

"bien que déchirés de toutes par suite aux traitements particuliers des tortionnaires."
> "de toutes parts des suites des sévices infligés par ses tortionnaires"

"En découvrant le nouvel arrivant, Momjip se décomposa."
> Pourquoi ?

"Comment les raids orcs ont-ils pu vous atteindre alors que vous dirigez l’une des vallées gnome les mieux protégées qui plus est traversée par des troupes elfes pour assurer le transit jusqu’à Anulune ?"
> Une fort longue phrase

"Par ses déclarations hachées, Flamèche allait dans le sens d’Epiphone."
> C'est-à-dire ? Il manque une phrase, le lecteur n'a pas envie de revenir en arrière pour voir ce que dit Épiphane avant

"S’ils n’agissaient pas bientôt, l’issue serait inexorablement la même pour tous."
> "la même pour tous : la mort." ?

Pourquoi ces Hihihi ? Ça me paraît bizarre et ma remarque rejoint celle sur les Rrrr. Mais pourquoi pas après tout, ça peut donner un style. Mais ce faisant, tu t'inscris un peu dans le conte je trouve.

"« Satyres...construire...bateaux. »
> Tu ne dis pas avant qu'il y a la mer ou un fleuve tout proche. Il me manque une définition pour comprendre
"Par où s’enfuir ? Il n’y avait que la terre à perte de vue.,"
> D'où vient cette idée de bateau avant dans ce cas ??

"Epiphone pris encore"
> Prit

"Vous par ici ! Vous par là !"
> Il manque une description pour savoir ce qu'elle désigne de la sorte. Qu'a-t-il devant eux ? Je les imagine cerclés de ronces.

"Mais le château semblait planté au milieu d’un désert."
> Et les ronces ? Décidément je ne comprends rien à la géographie du coin :-)

"un cri déchira le cœur de la jeune vierge"
"La princesse vierge"
> Comme tu sais j'aime pas trop cette appellation qui la ramène au sexe, ou alors il faut contrebalancer avec le satyre ou le gnome puceau selon moi, sinon l'insulte est seulement dirigée vers les femmes

"En effet, le gnome affichait depuis quelque temps déjà un état de décrépitude avancé.
> What ? Tu parles du gnome qui les a fait sortir de la cellule ? Que lui est-il arrivé ? Si c'est le 1er cadavre, tu dis qu'ils l'ont débarassé au début.

"Epiphone aperçu par la fente"
> "aperçut"
> Je comprends plus bien, je les imaginais toujours dans les ronces, la fente des ronces ?? C'est pas logique pour moi

J'ai du mal à retenir tous les noms et j'ai donc du mal à reconnaître qui est qui et avec qui.

L'orc plante sa lance dans le dos du satyre et ne le remarque pas ? La pointe de sa lance doit être ensanglantée et c'est quand même pas pareil d'enfoncer une lance dans un buisson et dans quelqu'un à mon avis ?

"Malheureusement, nous ne pourrons pas manger pour reprendre des forces"
> Ça me paraît bizarre qu'elle lui dise ça dans cette situation, le pauvre se vide de son sang et elle pense à manger ?

"Et les ronces poussèrent, les feuilles s’agrandirent et des mûres s’accrochèrent aux branches. Cette croissance accélérée était une bénédiction ! "
> Mais le gars, pourquoi il a pas fait ça juste avant pour cacher tout le monde !

Un bon début, mais j'ai été un peu larguée par après, peut-être du fait de la géographie un peu floue, le fait que tout le monde se promène dans ces ronces sans soucis, et que le satyre se fasse embrocher comme ça sans que les orcs le remarquent, et il utilise son pouvoir quand tout est fini, pourquoi pas avant ? Je sais pas, ça ne paraît pas réaliste... bref pour moi, 2-3 trucs bizarres vers la fin.
Sebours
Posté le 07/12/2022
Merci Peridotite!

Tu lis encore les chapitres où j'écrivais à l'instinct, sans avoir de but précis. C'est pour cela que c'est très foutraque!

Pour le coup de la lance qui transperce, on m'a déjà fait la remarque qui est justifiée. Il faut que je trouve la bonne idée. Comment Nicéphore doit être mortellement blessé, je cherche encore.


Pourquoi le satyre ne fait pas pousser les ronces juste avant pour cacher tout le monde ! Il y a une raison, il doit se retrouver seul avec Epiphone. Là aussi, il faut réfléchir. Il chute de la parois? Il se fait mordre par un serpent?

Pour la géographie, des cartes apporteraient beaucoup, mais impossible d'en publier sur la plume d'argent! Mais des ébauches de cartes existent.

Il y a beaucoup de personnages, mais on va rester sur ceux-là un moment pour l'arc de la dryade. Comme ça, on va apprendre à les connaître.
Sylvain
Posté le 24/11/2021
Long chapitre!
Beaucoup d'idées, et de belles phrases.
J'aime le texte en italique au début de chaque chapitre, ça donne beaucoup d'explication et ça donne de la consistance à ton univers.

Pour répondre à ta question du début, je pense qu'une coupure à la fin de la première nuit serait pas mal. En plus, ta phrase ressemble déjà à une fin de chapitre:
"Oui, elle survivrait. Epiphone passa la nuit a échafaudé des plans, réfléchissant à la manière d’assouvir sa vengeance. Quand l’aurore pointa, elle s’effondra transie de froid et assommée de sommeil."

Je trouve que le gnome dévoile son pouvoir un peu vite, tu devrais rajouter quelques explications. L'autre gnome ne réagit pas? Il pourrait être surpris, soit parce qu'il n'était pas au courant ( ce pouvoir est peut-être l'apanage d'une élite?) soit parce que Bivot dévoile un secret jalousement gardé depuis des millénaires.

Ensuite, lorsque le satyre se fait blessé par la pic, je trouve surprenant que l'orc ne réagisse pas. L'extrémité de son arme doit être pleine de sang vu l'ampleur de la blessure.

Je pense également que tu devrais apporter quelques précisions sur les sept:
Ils ne sont visiblement pas omniscients, sinon, ils n'auraient pas besoin d'envoyer des espions et d'enlever des personnes pour connaitre les plans des autres peuples. Du coup, comment voient-ils la guerre ? N'ont-ils des informations que par l'intermédiaires de messagers? Voient-ils à travers les yeux de la race qu'ils contrôlent?

Dernier point, attention à la gestion de la magie. Malgré son état, le druide semble pouvoir user de magie sans trop de difficulté. Je te conseille de poser des règles et des limites aux pouvoirs si tu veux garder une cohérence. Sinon, on va vite se demander pourquoi par exemple, le druide n'a-t-il pas fait pousser un arbre gigantesque bardé de ronces pour les protéger. Il faut insister sur la contrepartie de l'utilisation de la magie.

C'est quelques points que j'ai relevés, mais globalement, ce chapitre m'a beaucoup plu, avec de belles synergies entre les capacités des captifs. Tu as bien su faire ressortir l'urgence et le côté désespéré de la situation.
Sebours
Posté le 24/11/2021
Merci pour ces conseils. Pour le satyre Nicéphore, j'ai une idée derrière la tête. Et du coup, je me rends compte que je suis passé à coté de choses basiques comme le sang sur la pointe! Par contre, pour la magie qui semble ne pas lui coûter, c'est normal. C'est un indice que j'ai sciemment laissé là. Plus tard, on voit que la magie d'Epiphone a un coût sur son énergie vitale.
Pour la cractérisation des Sept, je pense écrire un début de chapitre à ce sujet, mais je n'arrivai pas à lui trouver une place. Si je coupe le chapitre en deux, la place est toute trouvée!
Vous lisez