Escapade

Par Sebours

Un symbole illustre la bannière de chacun des Sept. Ce signe distinctif, brodé sur les drapeaux des différentes armées ont été choisis par les peuples originels.

  • Comme symbole d’Abath-Khal, le dieu de la guerre, les orcs ont choisi le croissant parce qu’ainsi est la forme de l’Orcania.

  • Comme symbole de Batum-Khal, le dieu de la sagesse et des sciences, les elfes ont choisi la lemniscate en référence à leur immortalité supposée.

  • Comme symbole de Cess-Khal, le dieu du temps, des saisons et de l’agriculture, les satyres ont choisi le triangle car cette forme leur rappelait la silhouette des grands sapins du cœur de la forêt de la couronne d’épines.

  • Comme symbole de Dmor-Khal, le dieu des sous-sols et des morts, les nains ont choisi un demi-disque entièrement noir avec sa face plane en son sommet pour représenter l’infra-monde.

  • Comme symbole d’Elduir-Khal, la déesse du vent et des orages, les fées ont choisi le carré, car le vent est fait d’air et l’air englobe toute chose, comme le carré.

  • Comme symbole de Fladalf-Khal, le dieu du commerce et des transports, les gnomes ont choisi une croix pour représenter les vallées et leurs affluents qui constituent leur territoire.

  • Comme symbole de Génoas-Khal, la déesse de la mer et de l’eau, les dryades ont choisi le cercle symbole de la mer annulaire.

Les bannières des Sept

Extrait de l’Encyclopedia Gnomnica

 

Cela faisait trois semaines déjà que les elfes avaient accueilli le prince Hector dans leur université destinée aux élites du royaume. Ome tissait jour après jour des relations plus étroites et plus profondes avec cet hybride mi-dryade, mi-satyre. Il n’en oubliait jamais le caractère artificiel et intéressé qui relevait de cette relation pour les deux protagonistes. L’espionnage de l’héritier d’Epiphone lui demandait un temps considérable.

Le dernier né de Nunn avait néanmoins eut le temps de consulter à la bibliothèque de l’université des ouvrages sur les artefacts magiques. Il avait découvert au détour d’une page que le sac qu’il avait subtilisé constituait un des sept présents des Sept offerts aux elfes par Batum-Khal. Il s’agissait du sac microcosmique contenant un univers de poche. Malheureusement, le peuple du dieu de la science n’était jamais parvenu à trouver une utilité à cet artefact et l’avait délaissé et presque oublié. Ome avait notamment découvert que les deux médailles accrochées aux bouts des cordons constituaient des clefs permettant d’ouvrir le passage dimensionnel en pressant dessus lorsqu’on se trouvait à enfermer à l’intérieur du sac. Afin de prévenir toute catastrophe, le garçon avait donc fabriqué un pendentif avec une lanière de cuir. Mais cette solution ne lui convenait que partiellement. Le bijou pouvait très bien se dénouer ou être arraché. Il réfléchissait donc à une autre solution plus adaptée que cette réponse temporaire.

Bien que précaire, ce système permettait à présent à Ome d’aller et venir entre le microcosme du sac et le bouclier-monde sans nécessairement s’harnacher avec de longues cordes. L’apprenti espion était émerveillé de découvrir un territoire vierge éloigné du joug des tyranniques elfes. Certes c’était un espace vide, mais c’était un espace libre. C’était un champ des possibles, il fallait juste du courage et de l’imagination pour cultiver ce jardin secret. Et des idées, l’impétueux et inventif Ome en débordait. Se retrouver enfermé et mourir de faim l’obsédait. Il avait commencé à cultiver son jardin secret au sens propre en plantant un petit potager. Il était ensuite allé recueillir des algues dans le fleuve pour qu’elles colonisent la réplique de la mer annulaire. Lorsque ceci serait fait, le nouveau colonisateur introduirait des poissons. Ome nourrissait de grandes ambitions pour son royaume de poche. Planter des arbres fruitiers, importer des poules et des lapins, construire une cabane ; les projets ne manquaient pas, contrairement au temps.

En effet, la filature d’Hector le sollicitait sans cesse. Enfin, ces derniers temps, le vaniteux dauphin Sirius et ses courtisans commençaient à délaisser l’hybride. Le parfum de la nouveauté et de l’exotisme semblait clairement s’estomper. Les présomptueux jeunes elfes retombaient dans leurs travers teintés de sentiment de supériorité, de sang pur et de xénophobie. Par conséquent, Ome passait de plus en plus de temps avec le prince exilé qui ne trouvait plus une oreille aussi amicale auprès des autres. Il s’avérait être un compagnon joyeux et aux goûts forts simples comme lui. Cela faisait trois jours de suite qu’Hector l’accompagnait à la volière pour s’occuper des oiseaux. L’apprenti espion constatait que le plaisir de son comparse n’était pas feint. Il nouait parfaitement jets et filières, maniait habilement raclette et balai, affriandait les rapaces à bon escient et faisait virevolter les leurres avec grâce. A part le balai et la raclette pour nettoyer les fientes, Ome ne possédait ni cette dextérité ni ce savoir-faire. Spontanément, il aborda le sujet avec son nouvel ami.

« Hector, tu sembles connaître tous les secrets de la fauconnerie. S’il te plaît, apprends-moi ! Ces satanés elfes refusent de me parler car je suis un dernier né de Nunn ! Ils sont obligés de me tolérer par décret royal mais tout ce que j’ai appris, je le dois aux livres et à mes observations. Mais cela ne vaudra jamais la transmission du savoir faire ! »

« Je veux bien t’enseigner la fauconnerie, mais à une condition. »

« Laquelle ? »

« Présente-moi le vrai peuple. »

Ome venait de faire d’une pierre deux coups ! Il allait enfin progresser dans l’art de la fauconnerie et le prince dryade le faisait entrer dans son cercle intime et secret. La chose la plus compliquée fut de convaincre Hector de tondre sa chevelure pour pouvoir se grimer en dernier né de Nunn. Mais l’hybride présentait la particularité d’avoir des oreilles poilues comme les satyres. Avec ses longs cheveux, Ome ne s’en rendait pas compte auparavant. Cette découverte généra un bon fou rire aux deux garnements lorsque le dernier né de Nunn rasa son ami. Il dut s’appliquer à éliminer les disgracieux poils en prenant soin de ne pas couper son comparse. Et le prince justifia sa nouvelle coupe de cheveux par une raison purement pratique, le climat beaucoup plus lourd de Zulla en comparaison de l’air marin de Neptnas le faisait transpirer plus que de raison. Par prudence, les deux garnements attendirent avant de se lancer dans leur première expédition dans les faubourgs de Zulla.

Quelques jours après, lorsque le grand chambellan et Slymock lui donnèrent leurs avals, Ome amena à Hector un de ses brassards rouge. Il expliqua au prince que malheureusement, étant originaire de Panamantra, il ne connaissait personne dans la capitale. Ceci n’était pas grave, lui répliqua l’hybride parce que ce qui l’intéressait, c’était la découverte. Dès la fin des cours, ils bâclèrent leurs corvées à la volière pour se précipiter dans les rues de la cité elfe. Pour la première fois, Ome remonta le trajet qui l’avait mené au château. Chaque porte passée les propulsaient dans un nouvel univers. A chaque passage, Hector s’émerveillait de découvrir des créatures si proches des bannières. Les basilics, ces crapauds géants ne dénoteraient en rien parmi les peuples de la mer. Les différents destriers intelligents, hippalectryons, hippocampes, sleipnirs, pégases et autres regroupés sous le terme générique de licornes partageaient énormément avec les unisus, les licornes ailées de Cess-Khal. Et les centaures n’étaient rien d’autre que de massifs satyres à quatre pattes. Ome lisait en filigrane dans tous ces commentaires du prince son désir de rallier ces créatures à sa bannière. Alors qu’ils venaient de s’asseoir sur un ponton, une discussion qui s’engagea par la suite confirma cette impression.

« Tu as des rêves, Ome ? Des ambitions secrètes ? » questionna Hector.

« Tu les connais déjà en partie Hector. Je désire avant tout m’extirper de la caste des proscrits. Le grand chambellan m’offre l’opportunité d’intégrer la cinquième caste des fonctionnaires. Et grâce à toi, j’apprendrai à devenir un bon fauconnier ! »

« Non mon ami ! Je te parle de vraies ambitions ! De grandes ambitions ! Moi, je désire plus que tout guider mon peuple vers la victoire dans les guerres lemniscates en unissant tous les peuples alliés sous ma bannière ! Il faut voir plus grand Ome ! Tu ne penses qu’à ton ambition personnelle alors que les derniers nés de Nunn sont brimés par les elfes. »

« Je ne peux pas voir grand Hector ! Je ne suis pas prince comme toi ! Je ne suis qu’un orphelin, abandonné certainement par une putain de la caste des proscrits. Comment même rêver d’une grande destinée ! Comment pourrais-je penser aux autres alors même que ma vie n’est rien ! Que je ne suis rien ! »

« Lorsque Nunn a créé les sept races originelles, il n’y avait pas de princes. Pourtant, certains ont saisi leur destin ! Le destin, c’est un prétexte trouver par les élites pour confiner le bas peuple dans sa médiocrité en justifiant qu’il n’a pas droit de prétendre à mieux ! Les préceptes de Génoas-Khal et de Cess-Khal vont à l’encontre de ce fallacieux principe. Pour eux, toutes les créatures intelligentes du bouclier-monde sont égales. »

« Pourtant, tu es prince dryade par ta mère et membre du Lugnasad par ton père ! »

« Et c’est pourquoi je devrais faire constamment mes preuves ! Lorsque j’aurai cent ans, un vote de confiance sera organisé pour avaliser mon statut. Et si par la suite je ne me montre pas digne de mes charges, je pourrais être destitué par mes pairs. Dans la culture dryade comme dans la société satyrique, rien n’est jamais acquis ! Princes et druides doivent constamment se remettre en question pour le bien de leur peuple. Ils ne se complaisent pas dans le confort de leur pouvoir despotique malsain. C’est pour ça que j’ai des vrais rêves. Pas uniquement pour moi, mais aussi pour mes peuples. Le messie qu’enverra Nunn pour mettre fin aux guerres lemniscates sera un être capable de penser au-delà des carcans habituels. Je veux être celui-là ! »

Les deux amis parlaient à bâton rompu en scrutant le fond du ruisseau qui coulait sous le pont. Face aux paroles lourdes de sens de l’hybride, Ome lui envoya un coup de coude de connivence puis prit une pause ostensiblement vaniteuse et taquina son compère en prenant un ton grandiloquent.

« Tremblez elfes vaniteux ! Fuyez orcs démoniaques ! Car voici venir Hector le Grand Unificateur ! »

Ome partit en fou rire. Hector rougit comme une pivoine et voulut l’attraper pour lui frotter le crâne du moqueur mais celui-ci se désista. Une course poursuite s’engagea. L’apprenti espion dévala les rues à toutes enjambées, prenant une ruelle à droite, tournant à gauche dès l’intersection suivante, zigzagant entre les étales. Les deux garnements profitaient de leur course effrénée pour chaparder ici une pomme, là une friandise. Soudain la folle cavalcade se stoppa nette.

En pénétrant sur une place au spectacle lugubre, les deux amis se pétrifièrent. Des derniers de Nunn empalés par centaines s’alignaient sur un espace rectangulaire de deux cents mètres de longueur sur quarante de largeur. Les pieux formaient une macabre forêt avec au centre une haute structure qui se devinait. Ome et Hector s’engagèrent sur le pavé souillé par le sang des victimes. Une puanteur extrême exhalait du sol, du bois et des corps inanimés. L’odeur âcre et nauséabonde semblait presque palpable. Les garçons se masquèrent le visage avec le revers de leur manche pour atténuer leur dégoût. Bien que terrifié, Ome avançait car il voulait comprendre ce mystère. Comme une telle abomination était-elle possible ? Ici même, à Zulla, dans la capitale du « soi-disant » peuple le plus civilisé du bouclier-monde. Mais de quels crimes ces pauvres hères s’étaient-ils rendus coupable ? Les deux garçons marchaient mécaniquement entre ces rangées d’arbres cauchemardesques, comme hypnotisés par l’escalade d’horreurs qui se dévoilaient. Ils s’arrêtèrent au centre de la place au pied de la grande structure de bois d’une trentaine de mètres de haut. Quatre piliers semblables à des peupliers formaient un carré parfait de dix mètres de côté. Des traverses reliaient les quatre énormes poteaux avec un espacement de cinquante centimètres entre elles. A ces pannes horizontales, des têtes de derniers nés de Nunn à des stades divers de décomposition pendaient par centaines, par milliers. Des corbeaux venaient picorer tous les suppliciés. Par séquences, les croassements des volatiles déchiraient le pesant silence régnant sur la place.

Mais comment Ome n’avait-il jamais entendu parler de cette épouvantable tour de l’ignominie ? Il demanderait demain à Slymock ! Et même au grand chambellan ! C’était trop d’émotion ! Il devait partir, quitter cet endroit maudit. L’apprenti espion croisa le regard du prince et comprit qu’il en était au même stade. Ils accélérèrent le pas pour quitter la place au plus vite. Lorsqu’ils s’engagèrent dans la première ruelle sur leur chemin, une bande de garnement les héla dans leurs dos.

« Alors les rupins ! On vient s’encanailler avec les criminels ? » tonna le plus grand, un adolescent d’une quinzaine d’années.

Ome se retourna et répliqua avec véhémence. « Qu’est-ce qui te fait dire qu’on est des rupins, face de troll ? »

« On vous a jamais vu ici et vous êtes fagotés comme des milords ! Vous devez trimer dans les beaux quartiers c’est sûr ! »

« Avec la paie qui va avec ! » rajouta un petit morveux noir de crasse.

« On va vous délester de tout ça ! » reprit le grand échalas.

Tout en s’approchant, l’adolescent roulait des épaules. Ome ne se démontât pas. Il avait eu plus d’une fois maille à partir avec des petits caïds lorsqu’il vivait à Panamantra. Et plus d’une fois il s’en était sorti en parlementant. Il savait que le verbe était plus fort que la force, mais qu’il fallait montrer une certaine détermination. Alors il répliqua.

« T’as déjà vu l’un de nous bosser dans les beaux quartiers ! Les elfes préféraient prendre des nains que nous embaucher ! En fait, on débarque de Panamantra et nos fringues sont beaux juste parce qu’ils sont propres ! »

« Qu’est-ce que t’insinues, mecton ? » siffla le grand dadais, les dents serrées.

« Qu’on est pas des pouilleux comme vous autres ! C’est pas parce qu’on baigne dans la merde qu’on doit s’y complaire ! » rétorqua Ome, l’œil farouche.

« Ouais ! Faut avoir de l’ambition dans la vie ! » rajouta malicieusement Hector par-dessus l’épaule de son congénère tout en prenant garde de ne pas être en première ligne.

Face à la provocation, les gavroches encerclèrent les deux inconscients. L’atmosphère sentait le passage à tabac ! Les deux victimes se mirent en garde dos à dos, attendant le début des hostilités. Sans prévenir, Ome envoya un magistral coup de poing au provocateur. Ce premier coup de semonce prit de cour celui qui apparaissait comme le leader du groupe. Il enchaîna par un coup de genou dans la face du grand échalas. Le choc produisit un craquement sec. Le nez s’était cassé. L’apprenti espion savait que l’effet de surprise serait son seul moyen d’avoir le dessus quelques instants. Enfin ses leçons de combats allaient lui servir. Un coup de pied latéral envoya un deuxième adversaire le cul par terre. Ome esquiva le crochet du plus prompt à l’assaillir et le fit également choir en effectuant un balayage de sa jambe d’appui. Il saisit la main du combattant suivant et par une habile prise lui effectua une clef articulaire rapide et parfaite jusqu’à la rupture. En quelques secondes, le fier lutteur venait de mettre quatre adversaires au tapis aussi facilement qu’à l’entraînement. Pour une fois, il bénissait le maître d’armes et le prince Sirius de n’avoir jamais retenu leurs coups lors de leurs séances. En se retournant rapidement, Ome constata qu’Hector avait pour sa part étendu deux belligérants. La petite bande doutait de sa capacité à rosser les deux malotrus qui avaient osé leur tenir tête. Le nez dégoulinant de sang, le chefaillon hurla : « Ne les laissez pas s’enfuir ! Prenez des gourdins et cassez leur la gueule bande de crétins ! » Pendant que certains allaient chercher des matraques de fortune, les autres resserrèrent les rangs. L’apprenti et le prince crurent que leur chance était passé ! Heureusement, avant que le premier coup de massue ne tombât, une voix roque et caverneuse tonna.

« Arrêtez les crotteux ! Baissez tout de suite ces bâtons et ramenez-moi ces deux là un peu plus près ! »

Une silhouette haute et massive jusqu’alors cachée dans la pénombre pénétra dans la lumière en boitant. C’était un dernier né de Nunn d’un mètre quatre-vingts pour cent kilos environ. A ces nippes usées, il ne roulait pas sur l’or, pourtant la moitié de ses dents étaient faites de ce métal. Son crâne dégarni et ses rides prononcées indiquait que l’usure de l’existence avait déjà grandement fait son œuvre. Son œil noir et ses sourcils froncés traduisait le caractère colérique et dominateur du personnage. Alors que les bandes escortaient Ome et Hector en les menant par le col, le petit chef se leva enfin. Tout en courant vers les deux prisonniers il supplia le taciturne boiteux.

« Il m’a pété le nez cette enflure ! S’il te plaît Igor ! Laisse-moi au moins lui faire la même ! »

« Ta gueule Filochard ! Ces gamins vous ont donné une leçon à deux contre douze ! Tu n’as pas le droit au chapitre ! Tu fermes ton claque-merde et tu retournes à la planque soigner ton tarin ! Si je t’entends encore, je t’envoie une correction dont tu te souviendras ! »

« D’accord patron ! Pardon patron ! » couina Filochard en se recroquevillant pour éviter toute taloche perdue.

Le menaçant énergumène cracha en direction du blessé qui s’en allait suite à son ordre. Puis, d’un sourire métallique trop prononcé pour être honnête il s’adressa aux deux fugueurs d’un ton mielleux que sa voix éraillée par l’alcool rendait glauque.

« Alors comme ça, z’êtes nouveau en ville ! Je me présente, Igor le boiteux. Je suis le chef de toutes les bandes des quartiers Nord de Zulla. Z’avez l’air doués les mectons. A deux contre douze, vous vous en n’êtes pas laissé compter ! Si ça vous intéresse, j’embauche. Mon créneau c’est la cambriole, le vol à la tire et le racket. » Le brigand désigna alors d’un mouvement de tête les miséreux qui entouraient les deux amis. « Eux, c’est la bande des crotteux, rapport qu’ils ont sans cesse les pieds dans la merde parce qu’ils officient dans le quartier des suppliciés. »

« Merci pour votre proposition Igor le boiteux. Mais nous préférons pour l’instant essayer de trouver un boulot plus honnête. » répondit poliment Ome en se détachant doucement de l’emprise des adolescents.

Igor le boiteux le saisit brusquement par le col et rapprocha tellement leurs deux visages que l’apprenti espion pouvait sentir les vapeurs d’alcool dans l’haleine fétide du caïd.

« Me prends pas pour un cave ! Vous avez trop de chicos, vous êtes trop propres et vous vous battez trop bien pour être d’honnêtes proscrits ! Soit vous êtes des espions envoyés par la police politique, soit vous cherchez à vous faire un territoire ou alors vous êtes des matignons qui venez réellement de Panamantra. Dans tous les cas, on vous amène au chef-coësre ! »

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Peridotite
Posté le 23/05/2023
Coucou Sébours,

J'ai beaucoup aimé ce chapitre. On voit qu'Ome et Hector se rapprochent. De manière générale, j'aime bien les ambiances de bas quartiers en fantasy. Ils ont presque de la chance de tomber sur une bande d'enfants des rues et pas sur des adultes malveillants.

J'ai vraiment bien aimé le fond mais j'ai 2-3 pinaillages de forme que tu retrouveras aussi dans mes notes :
- je n'ai pas ressenti l'aspect fugue. Au début, ils se promènent en ville et j'avais pas capté qu'ils se rendaient dans un endroit interdit ou que c'était la nuit, qu'ils essayaient de se cacher ou quoi.
- ma critique 2 rejoint la première : je n'ai pas ressenti l'ambiance dans la ville basse. Avant de tomber sur le charnier, ils ne croisent personne et tu ne décris pas les rues, les tripots ou va savoir ce qu'il y a. Comment est l'architecture ?
- donc on n'a pas trop accès aux émotions des deux ados, à part le fait qu'ils se chamaillent etc. Ont-ils peur de se faire gauler ? Sont-ils curieux de découvrir telle ou telle partie de la ville ? Ils pourraient s'entraîner l'un l'autre et pousser toujours plus loin.

Mais les points positifs sont que tu induis un certain suspense. J'aime beaucoup le fait qu'ils découvrent le charnier. Je pense que ça va amener Ome à se poser des questions sur Ugmar et les Elfes. J'ai bien aimé découvrir la personnalité et les rêves de Hector. En revanche, je ne me le représente pas bien physiquement. C'est un métisse hybride-dryade, avec de grandes oreilles de bouc et tu dis qu'il ressemble à un dernier né ? Mais alors à quoi ressemble un dernier né puisque jusqu'à maintenant, je les imaginais comme des Humains.

Autre point : le temps semble presque s'être arrêté depuis quelques temps : au début, tu faisais des bonds de genre 100,000 ans (!) alors que tous les derniers chapitres semblent se dérouler sur une année ou moins. Je trouve que ça crée une sorte de déséquilibre. D'autant que si tu veux faire participer Ome aux guerres lemniscates, celles-ci doivent avoir lieu dans 20-30 ans max ou Ome sera un vieillard. Donc pour les immortels pour qui 100,000 ans passent en un claquement de doigts, 20 ans, c'est rien et ils devraient donc tous être sur le pied guerre. Or Hector parle de son intronisation dans 100 ans, comme si la guerre n'aurait jamais lieu. C'est pas clair pour moi tout ça.

Sinon je ne peux que te confirmer encore une fois qu'à mon avis, ton intro est trop longue. Ces passages avec Ome constituent encore une intro donc ça fait une intro de genre 30 chapitres ! Je serais toi, je reverrais la structure générale du roman.

Mes notes :

"un prétexte trouver par les élites"
> trouvé

"j’aurai cent ans"
> Tu ne m'avais pas dit plus tôt que les guerres lemniscates étaient imminentes genre dans 20 ans ?

"et voulut l’attraper pour lui frotter le crâne du moqueur mais celui-ci se désista."
> "Lui" en trop

"Soudain la folle cavalcade se stoppa nette."
> "se" en trop

"Une puanteur extrême exhalait du sol, du bois et des corps inanimés."
> Ils tombent sur un charnier, mais n'ont-ils pas senti l'odeur avant ?

"Les garçons se masquèrent le visage avec le revers de leur manche pour atténuer leur dégoût"
> Pour atténuer leur dégoût peut être ôté, c'est évident

"Comme une telle abomination était-elle possible ?"
> Comment

"ne se démontât pas."
> Démonta
> D'ailleurs j'éviterais la négation qui décrit ce qu'Ome ne fait pas, au lieu de décrire ce qu'il fait

"En fait, on débarque de Panamantra et nos fringues sont beaux juste parce qu’ils sont propres"
> C'est pas très incisif comme dialogue ! Je suis sûre qu'Ome est capable de mieux que ça 🙂

"A ces nippes usées"
> À
> Ses

"il s’adressa aux deux fugueurs"
> Dans le chapitre, je ne ressens pas trop l'effet fugue, on dirait qu'ils sont juste partis en mode promenade de santé. J'insisterais plus sur ce point, surtout en début de chapitre. Aussi, est-ce la nuit ? Je serais eux, je fuguerais la nuit non ? (Cf la scène dans la série House of Dragons). Et on n'a pas de descriptions de la ville basse la nuit pour nous mettre dans l'ambiance.

"deux contre douze"
> C'est pas un peu exagéré tout de même ? 🤔

"Vous avez trop de chicos"
> Trop ? Pas de chicots non ?
Sebours
Posté le 23/05/2023
Merci pour ton commentaire Peridotite!

Comme mon récit c'est construit de manière organique autour de la précédente histoire de Ome (que j'avais imaginé bien avant!) je suis d'accord avec toi, il y a des choses à supprimer! (Et je sais sais que ça va être dur psychologiquement d’effacer des passages entiers!).

Quand j'ai écrit ce chapitre, Hector n'était pas un personnage très clair dans ma tête. Par contre, il a l'apparence d'un dernier né (en se maquillant un peu) en plus trapu. et les derniers nés, se sont les hommes oui. Donc, il va falloir que j'insiste sur la description du prince.
Ensuite, dans mon idée, les deux flânaient sans but, au milieu des rues. Maintenant, je pense qu'Hector cherche à créer des accords avec les peuples alliés (centaures, licornes...) et Ome le suit à la trace. J'insisterai là-dessus.
Et je suis d'accord sur la progression dans les bas-fonds qui doit s'accompagner d'une évolution architecturale. Sur ce chapitre, je vais avoir du bouleau!

Concernant le temps, je suis d'accord sur le fait que le récit ralentit, mais par contre, l'histoire se tient sur un siècle. Elle commence avec les nourrissons déposés devant Zulla. (J'ai fait une frise chronologique avec tous mes chapitres.) Ome a actuellement 13 ans et il en aura 22 au moment de la reprise des affrontements. Dans ton imaginaire, tu as sans doute été influencée par l'age des autres protagonistes. J'ai l'impression que les nouveaux chapitres que j'écris sur les ancêtres de Ome vont apporté quelque chose sur la perception de la chronologie.
Peridotite
Posté le 23/05/2023
Oui, je compatis, ce n'est pas évident de faire des coupes, mais dis-toi que ces bouts de textes ne sont jamais perdus. Soit ils t'aideront à créer le worldbuilding, soit c'est des descriptions ou des situations qui peuvent se recaser ailleurs et densifier tes chapitres.

Moi j'aime bien la personnalité d'Hector. Il joue au stupide, mais il a plus de profondeur que ça. Et des rêves plein la tête, c'est plutôt touchant.

Franchement, le rapport des personnages au temps est très bizarre. Je me sens un peu perdue avec ça, surtout en comparant le début et les nouvelles aventures d'Ome depuis quelques chapitres. Il y a comme une rupture qui me paraît obscure. Ça mériterait un petit check.
Sylvain
Posté le 04/05/2022
Hello!
Rien de tel qu'une bonne petite bagarre pour booster une amitié et une histoire! Je m'attendais juste à une petite rixe pour renforcer les liens entre Ome et Hector, mais visiblement, l'intrigue va aller plus loin. C'est bien, c'est surprenant, ca donne envie d'aller plus loin! Tu devrais utiliser ce stratagème plus souvent.
"Coësre" Je ne connaissais pas du tout le mot, je suis aller voir. C'est très bien trouvé, et adapté. La sonorité est bonne, j'aime beaucoup ce terme^^

En ce qui concerne la structure en bois, je ne connais pas trop l'architecture de Zulla, mais je me dis que si elle fait effectivement 30 mètres de haut, elle doit se voir de loin. Même en habitant loin, Ome n'aurait-il pas dû remarquer l'édifice? A moins que Zulla ne possède déjà de très hauts bâtiments, ou des arbres... Je me posais juste la question.

Je suis toujours surpris par tes choix de prénoms qui balayent très large, on change de registre à chaque fois, partant du très fantasy jusqu'au classique en passant par la mythologie. Sans parler des jeux de mots^^

Décidément, j'aime de plus en plus le monde miniature. L'idée est très bonne. Par contre, c'est à double tranchant, les possibilités sont infinies avec un concept pareil. J'espère que tu as déjà réfléchi à ce que tu voulais en faire. En tant que lecteur, je pense déjà à un million d'applications. Ton but, c'est d'avoir l'idée que je n'ai pas et que je me dise à la fin:
"Ah ouais! J'y avais pas pensé, mais son idée est carrément mieux que tout ce que j'avais imaginais!"
Pas facile hein?^^ Je te mets la pression!
Sebours
Posté le 04/05/2022
Pour le sac, j'ai deux trois idées dans ma besace!

Je pense que je vais revoir l'architecture de la structure en bois. Ta remarque m'a refait penser à l'arrivée à Zulla. Ome se trouvant au château, il aurait vue cette structure. Pour les nm, j'utilise un peu de tout pour éviter de tourner en rond et d'être redondant. Les générateurs me sont utiles mais j'utilise aussi des références historiques et littéraires. Et si je trouve un autre moyen de créer des noms, je l'utiliserai certainement aussi.
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