Épisode 7, partie 3: Absynthe

Par Reiko
Notes de l’auteur : [Evocation de suicide]

C'était aujourd'hui, un mardi soir qu'Equinoxe avait donné rendez-vous à son amie, la tenancière du Crimson, pour venir dormir chez elle. D'après la brune, en pleine semaine, ce n'était pas vraiment un bon moment. Enfin, ça c'est surtout quand on a un emploi avec des horaires normaux. Absynthe, comme Equinoxe préférait le début de semaine car c'était toujours en fin qu'elle avait le plus de travail sur les bras, tout comme notre tatoueuse nationale.

Pendant le trajet de tramway jusqu'à Gambetta, la jeune femme regarda rapidement autour d'elle. On l'a fixait bizarrement et elle s'était fait accoster une fois par un mec lourd. Se demandant pourquoi, même si elle connaissait la réponse. La demoiselle était toujours habillée de façon strict et dominante. De plus quand un vêtement en vinyle, PVC, latex était assez passable pour être porter en extérieur, elle ne s'en gênait guère. Non, en réalité… Le pourquoi de ses regards insistants était… Son sac à dos My Little Pony en forme de Princesse Luna. C'est sûr qu'une dominatrice avec ce genre d'accessoire, ça pouvait clairement surprendre.

Pendant le reste de son trajet, elle tourna son regard vers la grande fenêtre en plexiglas, plongeant dans ses pensées. Cette soirée s'annonçait des plus stressantes pour elle. Il fallait qu'elle aborde absolument, sans se dérober, le problème de son amie. Qu'elles en parlent toutes les deux, sans avoir peur. Surtout, elle allait devoir s'excuser. Ce qu'elle ne faisait absolument jamais. Après tout, c'était elle la dominante. Mais là, son amitié avec la soumise aux cheveux lilas était en jeu. C'était bien trop important.

La brune avait la peur au ventre. Comment pouvait-elle mettre ça en place ? Aucune idée. Bon, elle allait bien trouver, mais il ne fallait absolument pas qu'elle se dérobe. Peut-être qu'en abordant aussi l'homme qu'elle avait vu mardi dernier… La conversation viendrait naturellement de fil en aiguille ? Aller, il fallait l'espérer.

Voilà, elle était enfin descendue du tramway, remontant le Cours de l'Intendance jusqu'à la porte de la jeune tatoueuse. Une fois à l'intérieur, plus qu'à monter les escaliers pour toquer à sa porte. C'est une Equinoxe qui semblait heureuse qui lui ouvrit avec un grand sourire. Ce qui était complètement en décalage par rapport aux derniers jours ou la patronne l'avait aperçu. Elle semblait aller bien. Mais il ne fallait pas oublier que la déprime pouvait revenir d'un instant à l'autre. Il ne fallait rien lâcher.
- Coucou, tu arrives tôt !
- Oui, je n'avais pas grand chose à faire et je m'ennuyais. Tu sais bien à quel point je déteste attendre.
- Oui, ce n'est pas grave, rentre. On va pouvoir sortir le rosé du frais en plus ! Tu arrive pile à temps !
- Tu n'allais pas boire sans moi tout de même, si ?, fit la brune, d'un regard extrêmement sérieux, mais avec un ton d'exagération outrée.

On pouvait alors entendre Equinoxe rire doucement, alors qu'Absynthe commençait à s'installer dans le petit salon. Posant son sac, retirant ses chaussures avec un gémissement de soulagement. Tout semblait normal, de ce fait elle ne s'alarma pas outre mesure. Rester observatrice et voir en fonction.

Le premier constat d'Absynthe fut assez positif, il fallait le dire. Mais derrière ça, un étrange mauvais pressentiment l'a traversa. Après tout… C'était la première fois, véritablement la première fois que la patronne voyait son amie sourire aussi sincèrement et joyeusement. Bien sûr qu'elle souriait au Club, pendant les soirées, mais à chaque fois, Equinoxe semblait en retrait, jamais complètement en train de profiter du moment présent. Mais jusqu'à maintenant, jamais personne n'avait essayer de comprendre le pourquoi de ce comportement, vu les antécédents de la jeune femme. En même temps, elle sortait d'une relation toxique à l'époque, donc tout le monde trouvait sa réaction des plus normale. Avec le temps, tout le monde s'était fait à sa façon d'être.

Absynthe finissant par se demander si elle devait vraiment essayer de découvrir ce qu'il se passait dans la tête de la tatoueuse, car elle semblait aller bien mieux. Finalement, elle se décida à continuer. Sachant que même si elle finissait par lui poser la question fatidique, elle ne lui répondrait pas forcément. Equinoxe arrivant pas son petit salon avec les verres et la boutique de rosé bien fraîche, Absynthe fini par se lever.
- Je vais aller me rafraîchir un peu, il fait assez chaud dehors.
- D'accord, je t'attends, tu connais le chemin.

Oui, elle se rappelait du chemin vers la salle de bain, même si… Elle n'était venue qu'une fois. Entrant dans un petit couloir ou elle savait qu'il y avait au bout, la chambre, à gauche, un bureau et à droit, la salle de bain. Alors, au lieu d'entrer dans la salle soi-disant visée par la brune, elle entra dans l'opposée. Débouchant sur ce petit bureau d'environ neuf mètres carré. Celui-ci encombré de dessins, de peinture et d’ustensiles. Un bureau trônant contre un mur, avec notamment, des bannettes de documents. C'était sûrement ici qu'Equinoxe faisait la comptabilité de son shop de tatouage.

La brune s'avança vers celui-ci. Il ne pourrait rien trouver ailleurs, enfin, sauf dans la chambre de son amie, sauf qu'elle ne pouvait pas s'y rendre, c'était bien trop risquer de se faire choper. S'asseyant sans un bruit au bureau, elle entreprit de fouiller avec application. Absynthe étant très précautionneuse, elle était capable de reposer un objet ou document parfaitement à la même place qu'auparavant. Elle ferait, pour sur, une cambrioleuse de talent.

Ne trouvant rien, enfin… Tout sauf ce qu'elle cherchait, sans savoir réellement ce qu'elle souhaitait trouver. S'attaquant de ce fait aux tiroirs du bureau. Cela ne tarda pas. Dans le tiroir central, sous une grande enveloppe craft, la brune découvrir une lettre, assez longue. Soulevant un sourcil, elle l'a posa sur le bureau, pour commencer sa lecture. Mais ce quelle découvrit lui glaça le sang. Devant elle, se tenait la future lettre de suicide d'Equinoxe Alexandrelli.

La patronne venait d'avoir la respiration coupée sous son propre choc. Ne sachant quoi penser. Enfin, se demandant comment son amie avait pu en arriver à de tels extrémités.

« Cher toi,
Oui, toi qui trouveras cette lettre, c'est que m'a sans doute retrouvé sans vie dans ma baignoire.

J'avais clairement une idée de ce que je voulais mettre dans cette lettre, sauf qu’en l'écrivant, plus rien ne me vient. Tout d'abord, je suis désolé de toute la peine que je vais engendrer, mais je n'en pouvais plus. Car mon sourire n'était que façade. J'étais heureuse en apparence, car je n'arrivais plus à pleinement profité des bons moments avec mes amis.

Oui, c'est à vous que je pense, membres du Crimson. Je vous aime tous de tout mon cœur. Mais c'était trop difficile de rester en ce monde, simplement pour vous faire plaisir. Si seulement, on m'avait donné l'ordre de rester en vie, un ordre permanent, qu'on m'aurait redit de temps à autre, là, peut-être que ma vie aurait été un peu plus supportable.

Je ne suis pas forte, comme certaines personnes semble le penser. Je joue simplement le change. Mais je souffrais tellement.

Être seule, ce n'est pas pour moi. La soumission à un maître, ce n'est pas un caprice ou une mode pour moi. Cela n'est pas que sexuel, le BDSM pour moi. C'est un besoin vital. C'est ce qui me permet de me sentir vivante, d'apprécier encore plus ce cadeau que m'a fait la vie en m'accueillant en ce monde.

C'est quelque chose dont j'avais irrémédiablement besoin pour survivre. Ce qui m'a clairement apporté des ennuis par le passé avec Gaspard. Malgré ce besoin qui me rongeait les tripes, j'ai fais cette terrible erreur. Trop enivrée par ce besoin de domination, je n'ai pas fait attention au vrai visage de mon ex-fiancé.

Absynthe, je sais que tu te pose des questions, même si tu ne t'en ai pas rendu compte tout de suite. Oui, j'avoue, j'ai souffert par ta faute. Tu m'avais promis ce dont jamais besoin, mais jamais tu ne me l'a donné. J'ai souffert, car je n'osais pas t'en parler, j'aurais peut-être du. Mais j'avais peur que ça casse quelque chose entre nous. Je t'aime et t'aimerais toujours, malgré tout, car tu ne voulais que me faire plaisir.

Je voudrais, malgré votre douleur, que vous vous souveniez de moi avec le sourire, buvez un coup en mon honneur avant une séance collective, j'en serais des plus heureuses
Equinoxe, votre soumise préférée. »

La brune venait de terminer la lecture de cette lettre si particulière. Au fond d'elle, c'était l'anéantissement. Ne se doutant pas que le mal-être de la demoiselle était si profondément encré en elle qu'elle masquait parfaitement à certains moments. Tout comme… Ses amis avait fini par la laisser de côté à force de voir ce petit air déprimé et à l'écart d'eux. Pour cela, Absynthe s'en voulait terriblement. Elle n'avait pas connu Gaspard. Normal, puisque c'était Elliot qui avait fait entrer Equinoxe dans leur cercle du Club, juste après sa séparation avec lui. Mais… Peut-être qu'elle aurait dû plus parler avec elle de son vécu avec cet horrible personnage.

Finalement, elle rangea la lettre dans sa poche, il fallait absolument qu'elle parle de tout ça avec les autres. C'était une question importante, la santé mentale d'une de leur amie. Et ils l'avaient complètement négligée. C'est à pas lent, presque traînant qu'elle revint dans le salon, pour s'asseoir sur le grand canapé cocooning de la tatoueuse. Attrapant un verre de rosé qu'elle venait de servir pendant son escapade.
- Tu te sens mieux Absynthe ? Va pas faire un malaise. J'ai des softs si tu préfère.
- Oui, ça va mieux, non non, tu sais que les softs ça me fait rouiller, c'est quelque chose qui n'existe pas pour moi.
- C'est vrai que si tu n'étais pas obligé d'en avoir dans ton Club, ce serait un lieu avec seulement de l'alcool !

Equinoxe avait le sourire aux lèvres, comme si rien ne pouvait l'altérer. Après cette lecture, c'était difficile à croire. Masquait-elle encore ? Elle l'avait déjà vu faire, mais pas aussi bien…
- Et toi ? Est-ce que tu es vraiment sûr que ça va ?… Les dernières fois ou on s'est vu… Tu déprimais beaucoup, je dois dire que ça m'inquiète…
- Je m'en suis douté quand tu m'as proposé la pyjama party. Je vais mieux, tu n'as plus à t'inquiéter.

À ce moment-là, le cœur d'Absynthe se serra. Comment pouvait-elle dire ça, alors que sa lettre était si parlante de son mal-être. Elle allait lui sortir, lui mettre sous le nez, pour avoir de réelles réponses, car elle ne semblait pas vouloir l'éclairer.
- Je sais que c'est étrange, que tu as sûrement du mal à me croire, mais… Je me suis vraiment plus légère. Grâce à Nathaniel.
- Na… Nathaniel ?
- Oui, tu sais, l'homme avec qui j'avais un rendez-vous.

Voilà, Equinoxe avait réussi à mettre Absynthe sur le cul. Ce qui la fit glousser. C'est vrai qu'elle avait rencontré un homme. Donc, son prénom était Nathaniel. Mais… Elle ne pouvait pas aller aussi bien après aussi peu de temps.
- Vous n'allez pas trop vite j'espère… Tu t'es déjà frotté à quelqu'un de malsain… Fait attention…
- Oh, ne t'en fais pas, on y va très doucement, juste… On discute beaucoup. Je lui parle de mes problèmes, même avant qu'on se rencontre, on se parlait sur un forum BDSM. Il m'a éclairait sur pas mal de points. Notamment… Notre problème, Absynthe…

Equinoxe avait un sourire gêné, elle rangea une mèche violette derrière son oreille. Prenant une autre inspiration pour parler, alors que la brune venait d'arrêter de respirer.
- Je sais maintenant que tu n'as rien contre moi. Que tu es trop occupée pour faire une séance, que tu as accepté pour me faire plaisir. Et j'aurais dû mieux t'en parler. Te dire que c'était important et vital pour moi, les séances, la soumission à quelqu'un… C'est Nathaniel qui m'a fait comprendre que tu avais sans doute pensais à bien pour moi. Mais c'est vrai, tu es très occupée.
- Oui… Je suis vraiment désolé… Mais… Il a l'air perspicace ce Nathaniel. Alors fais attention, profite. J'espère qu'un jour tu nous le présentera !

 

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Lydasa.
Posté le 17/11/2020
Ah mon dieu, quand j'ai lu ce chapitre, surtout la lettre j'ai eu la gorge serré et j'avais tellement mal au coeur. Heureusement elle ne l'a pas utiliser. J'espère qu'Absynthe ouvrira enfin les yeux sur son amie et cela a l'aire d'être le cas.
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