Episode 4 : L'enquête

Par Isapass
Notes de l’auteur : Cet épisode contient un gros clin d'oeil à une autre plume... Qui le trouvera ?

Épisode 4 : L’enquête

 

 

12. Maigres résultats

 

 

Nic, Prune et Oscar sont assis à une table du café CrêpiCrêpo. Ils ont décidé de se payer un chocolat chaud pour se consoler des maigres résultats de leurs interrogatoires de l’après-midi.

Partout où ils sont allés, la réponse a été la même : les machins rouges sont de nouveaux détecteurs de fumée très performants, installés depuis quelques jours.

 

Ils ont pourtant mené très finement leur enquête. Ils ont fait bien attention de glisser leurs questions dans les conversations. Ils ont même réfléchi à la façon de lancer les discussions puis de les orienter sur le sujet qui les intéresse.

Mais leurs plans ne se sont pas toujours déroulés exactement comme prévu. Par exemple, Nic est allé expliquer à Jennifer que son père était spécialisé dans la vente de matériel anti-incendie, et qu’il voulait connaître le modèle des nouveaux détecteurs de fumée. D’abord il s’est mis à rougir et à bafouiller et quand il est enfin parvenu à aligner ses phrases, l’hôtesse l’a regardé d’un air soupçonneux en fronçant les sourcils. Elle a alors jeté un œil autour d’elle et repéré Prune qui se tenait quelques dizaines de mètres plus loin avec Oscar.

– Ah d’accord, j’ai compris, a-t-elle simplement lâché d’un air mauvais. Bon, les mômes, je n’ai pas que ça à faire, alors du vent ! 

 

Chez ClubJeux, qui possède un rayon librairie, Prune a foncé sur un vendeur qu’elle n’avait jamais vu. Elle a engagé la conversation en lui demandant ce qu’il avait pensé de Louise-Ohram et les Capes-Blanches de Aranxa Desperez et s’il conseillait la suite à un lecteur confirmé de neuf et demi. Devant la figure désappointée du jeune homme, Prune en a oublié les questions qu’elle devait poser et lui a présenté tout un exposé sur l’œuvre, les romans du même genre et ses préférences. Elle a conclu en lui glissant d’un air désolé qu’il n’irait pas très loin dans la vente s’il ne connaissait pas un livre aussi chouette que celui-ci. Enfin, elle a planté là le jeune homme qui n’avait toujours pas prononcé un mot, au bord de la crise de nerfs.

Nic, n’ayant pas manqué une seconde de la scène, pleurait de rire en se tenant à un rayonnage de jeux de plein air.

 

Les trois détectives en herbe ont tout de même obtenu quelques informations supplémentaires.

Chez Oxyboule, la gentille Stéphanie — qui a toute la sympathie de Prune pour tout connaître sur la littérature jeunesse — leur a dit que les « détecteurs » avaient été installés pendant la nuit. Les deux coiffeuses de Coif Tif leur ont révélé que c’était par une lettre déposée sur leur comptoir qu’elles avaient su à quoi servait l’appareil. Aucun employé de la direction ou de la maintenance n’est venu le leur dire de vive voix.

 

Nic, le menton appuyé sur la main, soupire tristement.

– Je ne vois pas comment obtenir plus de renseignements, maintenant.

– Moi non plus, répond Prune.

Elle remue sa paille dans son mug depuis dix minutes. Le rythme des tours varie avec le bouillonnement de ses pensées.

– Ce qui m’étonne, c’est que personne ne se pose de question.

– C’est Noël. Les commerçants sont très occupés.

– Oui, sans doute… admet Prune, peu convaincue. Alors qu’est-ce qu’on fait maintenant ?

– On rentre chez nous, dit Nic en regardant sa montre. On peut se retrouver demain au parc. Vous savez faire du skate ? Je pourrais vous apprendre.

À ces mots, la fillette brandit sa paille, projetant des gouttelettes brunes un peu partout.

– Du skate ? Tu abandonnes déjà ?

– Euh… il me semble que nous sommes bloqués dans notre enquête, non ? dit le garçon en essuyant son visage constellé de chocolat à l’aide d’une minuscule serviette en papier.

– On va bien trouver une solution !

Prune a replongé sa paille dans sa tasse et tourne de plus belle, sous le regard méfiant de son ami.

 

 

13. Fred et Boris

 

 

Oscar a observé l’échange en tournant la tête comme à un match de tennis. Estimant apparemment que la discussion a assez duré, il pose chacune de ses mains sur l’une de celles de ses compagnons. Puis il se lève et les entraîne à sa suite.

Curieux, les deux bavards lui emboîtent docilement le pas, jusqu’à ce que Prune devine leur destination.

– Oscar, tu veux encore aller à l’aire de jeux ? Mais ce serait la deuxième fois aujourd’hui… Tu ne préfères pas plutôt rentrer ?

Un coup de coude de Nic l’interrompt. Elle suit son regard et aperçoit, venant vers eux, un géant portant une combinaison grise. Un employé de la maintenance !

 L’homme, comprenant que les trois enfants se dirigent droit sur lui, affiche un visage anxieux et se retourne plusieurs fois. Il semble chercher quelque chose ou quelqu’un derrière lui.

– Bonsoir, Monsieur Boris, commence Prune avec un grand sourire, après avoir consulté son badge. Comment allez-vous ? 

– Tu en fais trop, souffle Nic.

– Nous voudrions vous poser une question sur votre travail, poursuit-elle sans se troubler.

– Je pas bien parler France. Je pas pouvoir question, répond Boris à la limite de la panique.

– Mais c’est une question très facile, insiste la jeune têtue.

– Freeeeeed ? appelle l’homme par-dessus son épaule. Excuse fifille, je pas comprendre.

– Fifille ? répète Prune avec un air écœuré, tandis que Nic et Oscar se mordent les joues pour ne pas rire.

– Freeeeeed ? implore à nouveau le géant.

Son visage se décontracte à la vue d’un autre agent en gris qui vient de franchir une porte réservée au personnel. Ce dernier accélère le pas en découvrant la situation.

– Salut les mouflets, lance-t-il en les rejoignant. Alors, vous embêtez ce pauvre Boris ?

– Non Monsieur, répond Nic. On voulait simplement lui demander ce qu’étaient les appareils rouges, installés dans la plupart des magasins. On nous a dit que c’était des détecteurs de fumée, mais ils ne ressemblent pas aux autres.

 

Instantanément, la figure de Fred blêmit et se crispe. Nic jette un coup d’œil vers Prune pour vérifier si elle a remarqué ce changement. Mais Prune n’a rien vu : elle est penchée sur Oscar, et semble très préoccupée.

 

L’homme se reprend et leur sourit :

– Tu peux m’appeler Fred, mon gars. Bien sûr que ce sont des détecteurs de fumée ! Boris et moi, nous en avons installé la plupart nous-mêmes. Dernier cri, hyper performants ! De vrais petits bijoux : ça détecte la moindre particule de fumée. Ils ne lésinent pas sur la sécurité des clients, à la direction du centre !

– Ah d’accord… Mais pourquoi sont-ils installés la nuit ? continue le garçon sans tenir compte de Prune qui tire sur sa manche.

– Pour euh… ne pas gêner les clients pendant leurs achats, répond Fred.

Nic, qui allait poser une nouvelle question, cède à l’insistance de Prune et se tourne vers elle avec un regard interrogateur.

– Viens, on s’en va. Maintenant ! lui murmure la fillette, impérative, en s’éloignant avec Oscar.

– Au revoir Messieurs, et merci pour la discussion ! 

Sur le sol, Nic remarque un papier. Il le ramasse pour le rendre aux deux hommes, mais ils ont déjà disparu.

 

– Qu’est-ce qui se passe ? demande-t-il à Prune en rejoignant ses amis.

– Oscar ne pouvait plus respirer.

– Ah mince ! Viens, Oscar, on va s’assoir là, sur ce canapé.

Les deux grands, inquiets, s’agenouillent devant Oscar qui reprend peu à peu son souffle. Quand il va mieux, ils se laissent tomber à leur tour sur les sièges.

– C’est dommage, ils répondaient à nos questions. On aurait pu en apprendre plus, déplore Nic.

– C’est à cause d’eux qu’Oscar ne pouvait plus respirer.

– Pardon ?

– Enfin, à cause du plus petit. C’est quand il est arrivé que la crise a commencé. Et Oscar me l’a montré du doigt.

– Je ne comprends rien à ce que tu essayes de me dire, Prune. Ce n’est pas la première fois que j’ai l’impression que tu parles chinois, mais là, j’aimerais que tu m’expliques.

 

Prune raconte alors l’incident de la voiture à l’entrée du parc.

Nic se tourne vers Oscar :

– Oscar, c’est à cause de ce Fred que tu as eu du mal à respirer ?

Oscar hoche la tête.

– Et ça, dit Prune, ça veut dire que cet homme-là est dangereux. Oscar l’a senti.

Nic reste bouche bée plusieurs minutes, puis il articule lentement :

– Mais alors, tu as une sorte de… pouvoir magique ?

 

Il a prononcé ces deux derniers mots à voix basse, comme si c’était tellement bête qu’il valait mieux ne pas le dire trop fort.

Oscar approuve de nouveau. C’est comme si on lui avait demandé de compter jusqu’à vingt : pas mal, mais pas exceptionnel. Derrière lui, Prune écarte les mains, pour signifier à Nic qu’elle aussi a eu du mal à le croire, et pourtant…

– Tu ne savais pas qu’il pouvait faire ça avant l’histoire de la voiture ? C’est ton cousin, quand même !

– Euh… pas vraiment, répond Prune en rougissant.

Elle lui raconte sa rencontre de la veille avec le petit garçon, qui approuve de la tête durant tout le récit.

– Mais n’en parle à personne, supplie-t-elle. Je ne veux pas qu’on l’emmène je ne sais où, avec des gens qui ne le comprennent pas. On est bien tous les deux, n’est-ce pas, Oscar ?

Oscar confirme.

Nic est éberlué. Et très partagé : il sait très bien que le petit devrait être accompagné le plus vite possible à la police, pour être confié à des gens qui s’occupent des enfants perdus. D’un autre côté, il s’est déjà attaché à ce drôle de gamin. Il comprend que Prune ne veuille pas en être séparée. Que faire ?

Alors qu’il se creuse la tête sur cette grave question, ses yeux se posent sur le papier qu’il a ramassé et qu’il tient toujours dans sa main.

 

 

14. Trop curieux

 

 

Dans l’entrepôt

 

Fred marche de long en large en marmonnant, sous le regard timide de Boris qui se demande si oui ou non il a fait une bêtise.

– Saleté de mômes ! Moi qui disais que personne n’avait rien remarqué, j’ai parlé trop vite ! Et il faut que ça soit des gamins, en plus… Qu’est-ce qu’on va faire, mais qu’est-ce qu’on va faire ? On ne va quand même pas les zigouiller ?! Et pourtant, le patron a été clair : ne pas prendre de risques. Si quelqu’un pose des questions, il faut le faire taire… 

– Zigouigoui ? demande Boris

– Non, zigouiller, crétin, corrige Fred en mimant un étranglement autour de sa propre gorge.

– Oh ! s’exclame le géant horrifié. Mais être enfants ! Petits gars, fifille !

– Oui, et bien les petits gars et la fifille, ils sont un peu trop malins et trop curieux ! J’espère qu’ils ont cru ce que je leur ai dit… Quoiqu’à cet âge-là, les mômes sont de vraies têtes de mule.

– Peut-être enfermer ? Ils pas parler.

Fred se tourne vers Boris, surpris. Puis, son sourire revient.

– Bonne idée, mon petit Boris ! On pourrait les boucler quelque part jusqu’à la fin de l’opération. Hé ! Il faut croire que tu as un cerveau, tout compte fait…

– Oui cerveau, affirme Boris vexé.

– S’ils continuent à fouiner, on les garde au chaud, c’est décidé ! Allons mon vieux, concentrons-nous sur notre travail de cette nuit, maintenant. Il faut qu’on termine d’installer tous les appareils. Quelles boutiques nous reste-t-il, déjà ? dit Fred en mettant la main dans sa poche pour trouver la liste.

Il explore une poche, puis une deuxième, puis toutes les autres... sans succès.

– Le papier… J’ai perdu le papier ! 

 

 

 

15. La liste

 

 

– Qu’est-ce que c’est ? demande Prune en jetant un coup d’œil à la feuille que Nic déplie.

– Je ne sais pas, j’ai trouvé ça par terre.

Nic lit distraitement, puis s’écrie :

– Regardez ! Une liste des boutiques et de leurs codes d’alarme. En face des derniers magasins, il y a la date d’aujourd’hui.

– Ce sont ceux où il n’y a pas encore de machins rouges ! remarque Prune.

– Ils seront sans doute installés cette nuit. Ce papier a dû être perdu par Boris ou Fred. Mais alors, demain, ils auront terminé, ajoute Nic après réflexion. Ils vont peut-être partir. Il faudrait que nous prévenions quelqu’un. Le directeur du centre, peut-être ? Ou la police ?

– On ne nous croira pas. Tu as bien vu que malgré nos questions, personne n’a trouvé cette histoire bizarre. Les adultes sont comme ça : ils n’entendent que ce qui les intéresse ou ce qui les dérange. Les trucs rouges n’embêtent personne, alors ils vont nous rire au nez et nous expliquer que nous avons trop d’imagination. On me dit ça tout le temps, à moi !

– Tu n’as pas tort. Surtout que nous ne savons toujours pas à quoi servent ces appareils.

– Il faudrait passer la nuit à l’intérieur du centre pour pouvoir espionner Fred et Boris ! s’exclame Prune en tapant dans la paume de sa main.

Nic éclate de rire, puis, regardant Prune, il s’aperçoit qu’elle parle très sérieusement. Il sait qu’elle en rajoute un peu par moment, mais là, tout de même, elle exagère !

– Prune ! Tu plaisantes, n’est-ce pas ? Ce n’est pas un jeu. Si nous avons raison, nous avons affaire à de vrais bandits !

Elle baisse la tête, songeuse. Comme dit Nic, ce n’est pas un jeu : cette fois, c’est la réalité. Que pourrait-elle, petite fille de neuf ans, six mois et dix-neuf jours, face à de vrais méchants ? Des hommes adultes, peut-être armés de pistolets ou de couteaux ! Sans compter qu’il y a Oscar. Elle ne peut pas le mettre en danger.

 

Tout à coup, Prune se sent triste. Comme si on l’avait envoyée se coucher avant la fin d’un film passionnant. Puis elle pense à Oscar et à la soirée qu’ils vont passer tous les deux à rire et à jouer dans sa chambre. Le sourire lui revient.

Redressant la tête, elle déclare :

– Tu as raison, Nic. C’est n’importe quoi, cette idée. Oscar, nous allons rentrer tranquillement ! Et demain, si tu es toujours d’accord, tu pourras nous apprendre à faire du skate. Qu’en penses-tu, Oscar ?

Si l’on en juge par le nombre de dents que montre le sourire du petit garçon, l’idée lui plaît beaucoup.

 

Nic, qui commence à apprécier ce rôle de grand-frère, constate que son amie écoute ses conseils. Il en profite pour continuer :

– Je pense que tu devrais parler d’Oscar à tes parents.

– Hors de question ! répond-elle du tac au tac. Enfin, pas encore…

– Ils t’aideraient sûrement à prendre la bonne décision.

– Ça m’étonnerait : ils ne m’écoutent jamais. Je ne les intéresse pas. Ils ne sont même jamais là !

– De ça aussi, tu devrais leur parler. Ils ne se rendent peut-être pas compte que tu voudrais les voir davantage ?

 

Encore une fois, Prune se perd dans ses pensées. Nic a peut-être raison… Après tout, elle n’a jamais dit ni à Papa ni à Maman qu’elle se sentait seule.

 

 

16. C’est important

 

 

Après avoir vérifié qu’il n’y a personne dans l’entrée ni dans l’escalier, Prune accompagne Oscar jusqu’à sa chambre.

Une fois là-haut, elle prend les mains du petit garçon et le regarde gravement.

– J’ai réfléchi tout le long du trajet et je crois que Nic a raison. Il faudrait que je te présente à mes parents. Je ne vais pas continuer à te cacher comme ça. Est-ce que tu es d’accord pour que je leur parle ?

Oscar la regarde avec ses grands yeux. Elle a l’impression qu’il lui dit :

– C’est toi qui décides : je te fais confiance.

 

Elle le laisse jouer, avec ordre de se cacher sous la tente s’il entend Danièle. Puis elle traverse l’étage pour se rendre à la chambre de ses parents.

 

Devant la porte, elle prend une grande inspiration, puis frappe.

– Entrez ! lance la jolie voix de sa mère.

– Bonjour Maman.

– Oh ! Ma petite mésange ! As-tu passé une bonne journée ?

– Oui Maman. Et toi ? 

– Superbe ! répond Céline en arpentant la pièce pour attraper chaussures, bijoux ou vêtements dans les immenses placards. Fatigante, mais superbe ! Je cours depuis ce matin ! Mais j’ai déniché plusieurs modèles de manteaux qui seront parfaits dans ma boutique !

Quand elle parle, Céline Destourel met des points d’exclamation au bout de toutes ses phrases. Comme si tout méritait son émerveillement, sa colère, ou son étonnement.

– Ah… très bien, dit Prune en s’asseyant au bord de l’immense lit couvert de coussins. Tu dois être contente.

– Ra-vie ! Je suis ravie ! Mon petit ange, tu dois absolument m’aider ! dit Céline en tournant soudainement le dos à Prune.

Celle-ci comprend que sa mère attend qu’elle remonte la fermeture éclair de sa robe. Lorsqu’elle s’est exécutée, Céline s’installe devant la coiffeuse pour mettre du rouge à lèvres.

– Maman, je voudrais te parler, se lance Prune. C’est quelque chose d’important. Hier, j’ai rencontré quelqu’un…

– Est-ce que tu trouves ta maman jolie ? l’interrompt Céline en se tournant vers elle dans une pose de star de cinéma.

– Oui, tu es très belle. Mais Maman, écoute-moi, s’il te plaît…

– Tant mieux ! Je dois mettre toutes les chances de mon côté ! Je dois dîner avec un jeune créateur de mode pour parler affaires ! dit-elle en attachant un bracelet autour de son poignet.

Elle ne m’écoute pas du tout, pense Prune qui sent la moutarde lui monter au nez.

Nouvelle tentative :

– Maman, je dois absolument te dire quelque chose de vraiment important. Hier…

– Oh ! Mon chou à la crème, pas maintenant, je dois partir ! Je suis déjà en retard !

Et sur ces mots, elle se jette sur sa fille, lui plante un généreux bisou sur la joue, puis sort de la pièce comme une tornade en criant :

– Amuse-toi bien, ma princesse !

À peine cinq secondes plus tard, Prune entend la porte d’entrée qui claque.

 

Restée seule dans la gigantesque chambre maintenant silencieuse, Prune se lève lentement et se dirige vers le miroir. Sur sa joue, à l’endroit où elle l’a embrassée, sa mère a laissé une grosse marque de rouge à lèvres.

Une énorme boule de colère se met alors à gonfler dans son ventre. Sa mère n’a même pas pris une minute pour l’écouter ! Elle lui a pourtant dit que c’était important ! Mais que faut-il qu’elle fasse pour avoir l’attention de ses parents ? Pour que sa mère discute avec elle quelques secondes et que son père s’arrête un peu entre deux avions ?

Elle saisit un mouchoir et frotte sa joue de toutes ses forces. Puis, quand on ne voit plus sur sa peau rougie la moindre trace de maquillage, elle sort de la pièce et parcourt tout l’étage à grandes enjambées.

Elle entre en trombe dans sa chambre. Oscar sursaute, les coins de sa bouche piquent vers le bas en remarquant les sourcils froncés et la mâchoire serrée de Prune. Celle-ci, toujours folle de rage, enfile son manteau, enfourne dans les poches une lampe-torche, ses clés et son téléphone portable.

– Oscar, nous retournons au centre commercial ! annonce-t-elle en tendant son blouson au petit garçon. Nous allons y passer la nuit.

 

 

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Jerome
Posté le 30/05/2018
Salut Isa!
Eh bien ça y est l'action est de retour! Tu enchaines les choses de façon très agréable. C'est rythmé, bien construit, et très prenant, j'adore! J'aime tellement que je n'ai pas grand chose d'autre à ajouter (pas hyper constructif comme commentaire tout ça!). J'ai hâte de revenir lire la suite!
Ah si, seule petite chose qui m'a interpellé: 
"Quand elle parle, Céline Destourel met des points d’exclamation au bout de toutes ses phrases."
Je trouve bizarre de parler de point d'exlamations pour une façon orale de s'exprimer et non écrite. Mais je pinaille...
A+ 
Isapass
Posté le 30/05/2018
Je suis ravie que ça te plaise ! Et détrompe-toi, ton commentaire est constructif puisque très boostant ;) Ca fait toujours du bien.
En effet, l'action commence vraiment et... ne s'arrête plus jusqu'à la fin, en fait ! Roman écrit en sortie de dépression, faut croire que je pétais le feu :D 
Pour ta remarque, je l'ai fait volontairement, le truc du point d'exclamation, je trouvais le décalage rigolo. Un peu comme les Tex Avery où tu vois le bord de la bobine quand le loup dérape dans un virage... ça plait ou pas...
A+ , merci de ton passage ;) 
Liné
Posté le 30/01/2018
Oh, c'est tristoune tout plein, ces interactions avec la mère. Tu les as rendues importantes, dans le sens où on sait que ça pèse sur Prune et sur ses décisions. Et en même temps, tu es (heureusement) très loin de ce que j'appelle le phénomène "tire-larmes". Résultats, on se range immédiatement du côté de Prune !
D'un chapitre à l'autre, tu gardes ce même style compréhensible aux enfants, ce qui donne une cohérence au tout (en tout cas, c'est ce que je ressens à ce point de l'histoire).
Et puis on sent que ça avance petit à petit, cette intrigue autour des machins rouges... 
Une petite suggestion, peut-être : sur le coup, quand Prune et Nic s'éloignent des deux grands, j'ai cru qu'Oscar n'arrivait vraiment plus à respirer. Genre, il va mourir dans moins d'1 minute s'ils ne déguerpissent pas ! Nuance peut-être cette situation ? Si je ne me trompe pas, il s'agit plus d'une difficulté à respirer, qu'un empêchement réel de respirer... ?
A très vite, et encore bravo pour cette chouette histoire !
Liné
Isapass
Posté le 30/01/2018
Oui, j'ai pas lésiné sur la mère, elle est bien caricaturale ! Comme je suis pas là non plus pour faire du psy, j'ai choisi de forcer la note, tant qu'à faire. Et oui, je suis complètement de parti pris pour Prune :)
J'ai pas mal corrigé les premiers chapitres quand même, justement pour garder cette cohérence dans le style, et surtout mettre du rythme. Je dois dire que les commentaires d'Aranck, d'Olga et de Rachael m'ont beaucoup aidée ! Ce qui varie, c'est le rythme, qui s'accélère carrément à partir de l'épisode 5.
Pour la respiration d'Oscar, tu verras que ce sont quand même de grosses crises. Et puis les enfants ne nuancent pas trop. Dans l'absolu tu as raison : il a du mal à respirer mais il ne fait pas un arrêt respiratoire non plus. Mais c'est Prune qui parle. D'où l'expression "il ne peut plus respirer".
Avec plaisir pour la suite !
Quant à moi, j'ai été gourmande et je lis beaucoup de fictions PAenne en parallèle (et encore, j'essaie de me raisonner). Du coup, je suis loin d'être régulière dans mes commentaires. Mais je vais venir bientôt continuer la noirceur du blanc.
Merci pour ton commentaire et tes encouragements ! 
Rachael
Posté le 11/01/2018
 Ah, ah, désolée, je n'ai pas relevé les coquilles cette fois-ci (mais je n'en ai pas vu beaucoup).
Chouette chapitre. Il fait bien avancer l'action. Il est varié, avec les recherches dans le centre, la rencontre avec les deux filous, le conciliabule de ceux-ci, et enfin la scène avec la mère de Prune. Tu n'auras pas de mal à le couper plus tard.
J'aime bien le contraste entre Nick, qui est plus mûr et raisonnable, et Prune qui fonce. Pas surprenant qu'elle décide finalement d'aller passer la nuit au centre commercial.
La description de la mère est outrée, mais bien drôle. Tu ne l'épargne pas, avec son côté hyper superficielle...
Le passage avec le vendeur pourrait être plus cocasse à mon avis (j'ai vu l'allusion :P) car il y a les ingrédients pour.
Je vais voir la suite, je me demande bien ce qui va se passer au centre...
 
 
 
Isapass
Posté le 11/01/2018
Salut Rachael, et merci pour ta lecture et ton commentaire !
Ah, il y en a quand même des coquilles ? Bon, faut que je relise mieux !
Oui, j'avoue que j'ai bien senti que j'ai trouvé mon vrai rythme à partir de ce chapitre. Et ensuite, j'ai encore accéléré, avec des passages encore plus courts et alternés. J'espère juste que je n'ai pas trop négligé les réflexions et l'humour pour avantager l'action.
J'ai un peu forcé la note sur la mère, en effet... Je la rattrape par la suite ;)
Ah bon, plus cocasse, le passage avec le vendeur ? Il me faisait déjà pas mal rire, moi (dit la championne d'autosatisfaction :) ). Peut-être en le mettant sous forme de dialogue ? Je ne l'avais pas fait, justement pour décaler parce que ça me paraissait plus drôle comme ça, mais j'avais hésité. Je repasserai dessus. Mais si tu as des idées, je suis preneuse !
A+ 
aranck
Posté le 24/11/2017
Alors là, tu m'as fait mourir de rire. Non mais ! Louise-Ohram et les Capes-Blanches !!!! Trop fort. :-))) (il faudra quand même que tu m'expliques "Desperez"...)
Bref, j'en reviens à ton histoire.
Je trouve que d'un seul coup, ça décolle, tout est cohérent dans la progression de ce chapitre, les dialogues sonnent toujours aussi justes et les personnages prennent vraiment du corps. (Je leur rajouterai deux ans de plus, mais à toi de voir) Du coup, je n'ai pas remarqué la longueur de ce chapitre qui se lit tout seul.
L'intrigue elle aussi s'affirme et le danger se rapproche. 
Parallèlement à celà, on entre plus avant dans l'univers familial de Prune, la mère est caractéritique et j'ai parfaitement visualisé la scène jusqu'à la marque de rouge à lèvres. D'ailleurs, j'ai tout visualisé sans aucun effort ; pour moi, c'est ton meilleur chapitre (ou tes meilleurs épisodes)
Les mimiques, les expressions verbales, tout ça est plein de dynamisme et je n'ai pas de remarque négative à faire, ni même de corrections (du moins, je n'ai rien remarqué)
Alors à bientôt ! 
Isapass
Posté le 24/11/2017
Aaaaaah tu l'as vu ! J'étais assez fière de ma blague :) Franchement je le laisserais bien, y compris si ce texte doit devenir plus... public dans le futur, mais tu me diras si tu es d'accord ou pas. Rien à expliquer pour Desperez, si ce n'est qu'il fallait un nom à consonnance espagnol avec Aranxa. Je me soupçonne d'avoir bu une Desperado juste avant ou un truc dans le genre. N'y vois aucun rapport avec désespérée ou désespoir si c'est ce à quoi tu pensais. C'est juste ce qui m'est passé par la tête.
Super contente que ce chapitre t'ait plu. En effet, je l'ai écrit très facilement et ça doit se ressentir à la lecture.  Je trouve que la chimie se fait bien avec les trois personnages. Et je commence même à bien aimer mes bandits.
L'épisode suivant m'a donné plus de mal. Il a un rythme particulier, très découpé, qui, je l'espère, sert l'histoire. Du coup je suis impatiente d'avoir ton retour dessus.
Pour l'âge des personnages, tant pis, je prends le risque de leur laisser 5, 9 et 11 ans. Mais j'ai quand même corrigé les phrases que tu trouvais vraiment trop matures dans l'épisode 3.
Merci de me suivre, en tout cas, ça me fait très plaisir ! 
Cliene
Posté le 11/11/2017
Bon ben voilà, je suis accro, j'ai envie de connaître la suite de ton histoire !
Tes personnages sont vraiment attachants et prennent de l'ampleur en quelques lignes. Je vais encore me répéter mais Prune est une petite fille si espiègle qui mérite qu'on lui porte de l'attention... Dommage que ses parents ne le fassent pas !
La suite ! La suite ! La suite !
Isapass
Posté le 11/11/2017
Je suis flattée que tu réclames la suite ! C'est très encourageant et je t'en remercie.
Je vais me mettre à la suite, alors ! Et passer voir ton A juste titre que je n'ai pas encore commencé.
Merci à toi. 
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