Épisode 12, partie 2 : Elliot

Par Reiko

C'était le grand jour pour Elliot. Absynthe et notamment Billy avaient acceptés grâce à l'intervention de Charlotte qu'il puisse poser un stand pour sa boutique et ainsi proposer un défilé pendant la convention qui se tenait ce week-end. Le brun était dans tous ses états et aussi tendu qu'un string. Cela va de soi, vu tout ce qu'il avait eu à préparer. Heureusement son employée, Ambre était là, disponible, à l'écoute et surtout très productive. Elle lui avait trouvé les mannequins qui allaient marcher sur la grande scène. Il y avait des hommes et des femmes, c'était parfait, en plus ils faisaient tous la taille standard de ses créations. Pas besoin de faire des retouches de dernière minute en catastrophe. Le styliste se doutant qu'il s'agissait d'amis de la demoiselle. C'était bien le cas, mais il fut étonné de découvrir que ses jeunes étaient aussi de réels mannequins. C'était une véritable aubaine, comme ça ils savaient quoi faire. Pas besoin de leur apprendre un minimum à marcher, car il n'avait pas de temps à perdre.

Ambre était assise devant le stand de sa boutique dans l'allée de « soie ». Les différents secteurs ayant tous un nom de texture rappelant le BDSM. La soie, le cuir, le latex, ect… Il était en train de peaufiner les derniers détails pour l'allure de son stand, quand il fini par entendre une voix familière arriver juste derrière lui.
- Non, chéri, le stand de Sweetie est bien dans ce secteur, j'en suis sûr. Soie, c'est pour les vêtements ! disait sa mère sans qu'il ne l'ait encore vu.
- Des vêtements… Tu crois vraiment qu'il confectionne de réels vêtements portables ? intervint son père qu'il reconnu dans l'instant.

Sa voix lui glaça le sang. D'ailleurs, même la voix de sa mère lui faisait cet effet. Pâlissant, il commençait à transpirer, ce qui n'échappa aucunement à son employée. Elle était au courant de tout, contrairement à ses amis. Décidant de lui poser une main sur la sienne, pour le faire revenir à la réalité, ce qui le fit sourire tendrement. Elle était vraiment adorable et savait toujours quoi dire ou quoi faire quand tout se cassait la gueule dans la vie du styliste. C'était la meilleure vendeuse qu'il n'avait jamais eu. Pour autant, n'allez pas imaginer qu'il aurait pu avoir des sentiments pour elle. Il ne cherchait personne réellement et ne semblait pas trop savoir ce qu'était les sentiments. Dans la bande, tous devaient s'en doutait d'ailleurs, que Luciole devait être aromantique.

Finalement, il prit une grande inspiration pour faire un demi-tour sur lui-même et faire enfin face aux membres de sa famille oubliée. Posant un sourire des plus crispé sur son beau visage.
- Mère ? Père ? Que faites-vous ici ? Ce n'est pas trop inconvenant pour vous ? demanda-t-il le ton acerbe. Non, il n'allait rien leur laisser passer.
- C'est une convention, alors ça doit être assez respectable pour que tout le monde puisse y assister, non ? demanda la femme.
- Tu n'as pas tort. Mais qu'est-ce que tu crois ? Qu'en Club, c'est l'Enfer sur Terre ?

En fait, il avait décidé de ne plus les vouvoyer, pour marquer le clivage entre eux. Ce qui fit tiquer son père, tant mieux. Sa mère, pour cacher sa gêne, fini par rire d'une façon bien trop maniéré pour lui. Ce qui le fit soupirer.
- Nous voulions voir ton monde, fils.
- Ne m'appelle plus comme ça. Tu ne mérites pas de m'appeler comme ça.

La rage montait doucement en lui. Pourquoi fallait-il qu'ils se pointent à l'un des jours le plus important de sa carrière et le plus important pour Billy ? Car si la convention marchait, le Maire allait donner son accord pour la renouveler… Il commença d'ailleurs à partir vers la scène, après un mot à Ambre pour lui souhaiter bon courage et qu'il avait son téléphone sur lui en cas de problème.
- Mais ou vas-tu voyons, Sweetie ? Tu ne nous fais pas la visite ? Pour nous expliquer tout ce qu'on ne connaît pas ? essaya d'amadouer la femme qui avait un blond permanenté criard à la place des cheveux.

Nouveau soupire de la part de notre styliste.
- Non. Non et non. Je suis en train de travailler figurez-vous !
- Ah oui ? Tu travailles ? On ne dirait pas pourtant, attaqua son père lui-même prit d'un ton froid.
- Si père. Je dois gérer mon stand et actuellement aller mettre en place un défilé pour ma nouvelle collection, qui va bientôt commencer. Mais si cela vous amuse de m'espionner, vous n'avez qu'à me suivre.

Il abdiquait, mais comme ça, il n'aurait pas besoin de faire la visite, il pourrait travailler… Avec des enfants dans les pattes. Des enfants de soixante ans.
Arrivé dans les coulisses, plusieurs mannequins semblaient paniquer. Une, avec la chaleur et la transpiration n'arrivait pas à enfiler son ensemble en latex, ce qui était compréhensible. Alors il dit à ses parents de rester là et de ne surtout toucher à rien. Pour suivre la jeune fille dans une cabine pour l'aider à enfiler la tenue à grande aide de talc. Pour ensuite, enduire la tenue d'un produit lustrant.

Malheureusement, il ne s'attendait pas à la vision qui s'imposa à lui, en sortant de la cabine… Un mannequin, qui portait un pantalon en latex avait la jambe sur une chaise, alors que sa mère était penchée sur lui, un… Kit de couture à la main…
- NON ! MÈRE !…. hurla-t-il le visage horrifié.

Elle venait… De planter une aiguille dans une coupure du latex pour la raccommoder… Avec du fil normal… Arrivant en courant, il commença à s'énerver contre sa mère, lui arrachant l'aiguille des mains.
- Elliot Charles Longrey ! Ne parle pas à ta mère de cette façon ! s'écria son père.

Ce qui fit pâlir le styliste, alors que certains mannequins arrivaient pour poser des questions sur ce qu'il se passait. Le brun sembla comme figé. Fixant son père, les yeux écarquillés, la bouche ouverte dans une tirade muette. Il l'avait dit. Il avait dit son nom de famille. Ce nom qu'il avait maudit pendant tant d'années. Qu'il avait fait disparaître définitivement de sa vie…

C'est alors qu’Equinoxe suivit de près par son chevalier servant se montra. Voyant la tête de son meilleur ami, elle leva un sourcil inquiète, pour arriver vers lui, avec douceur.
- Luciole ? Est-ce que ça va ? On t'a entendu crier.
- Je… Tu as entendu ?…
- Entendu quoi ? Que tu criais ?
- Non !… Mon nom ! MON NOM EST-CE QUE TU L'AS ENTENDU !… se mit à nouveau à hurler Elliot, qui perdait complètement pied, entrant dans une panique atroce.

Ses mains se mettant à trembler, et ses larmes à couler, alors qu'il tombait dans un gouffre sans fond. Nathaniel se positionna derrière lui, posant ses mains fortes et chaudes sur ses épaules, pour l'empêcher de se lever, s'il avait eu l'envie de fuir.
- Non Elliot. Nous n'avons pas entendu ton nom de famille, menti Nathaniel. Ils l'avaient bien entendu, mais ça semblait tellement le stresser. Sa réponse fut bonne, vu que doucement Elliot arrêtait un peu de trembler.
- Luciole, Luciole, raconte-moi, qu'est-ce qu'il se passe ? On peut peut-être t'aider ?
- Je… Rien ne va… Tout est foutu… Ma mère… Ma mère a foutu en l'air… Un de mes modèle…
- Ta mère ? demanda Equinoxe ahurit.

Sur le côté, la concernée fit un signe de la main, en direction d'Equinoxe. C'était bien le genre de jeune fille qu'elle aurait voulu comme bru.
- Aller, respire profondément Elliot. On est là, on va t'aider.

Il décida de faire cela, prenant une grande inspiration. Cela le calma un peu, mais pas complètement, alors il regarda sa mère, les yeux tremblants, se retenant de pleurer.
- Mère… Ce n'est pas un tissu comme les autres. C'est mon travail et tu viens de tout foutre en l'air…
- Mais non, c'est que du tissu ! lui dit-elle.
- Non. Le latex demande un travail particulier. Tu as fait des trous et maintenant, ça se verra. Un défilé doit être parfait en tout point, même en convention. Il y a des magazines, des boutiques, des Clubs, qui me regarde, qui vont tout regarder, pour savoir s'ils vont venir commander chez moi.
- Oh… Je suis désolé, je ne pensais pas cela si important, vu que tu as déjà ta renommée Sweet Heart…

Énième soupire pour Elliot, qui fini par se lever. Prenant alors Equinoxe dans ses bras.
- Merci Nox', t'es la meilleure.
- Et moi ? toussota Nathaniel, un sourire taquin aux lèvres.
- Toi aussi, super mâle.
- Mais… Ceux sont tes parents ?… fini par questionner Equinoxe.

La mère se tourna vers elle, avec son père sur les talons, lui tendant une main.
- Oui, bonjour, je suis Irène…
- Ne prononce pas ce nom, intervint froidement Elliot. Ce nom à disparu de ma vie, vous entendez ?

Le père ronchonna alors que la mère semblait attristée.
- Hum… Si tu veux… Irène et John. Oui, nous sommes ses parents.
- Nox'… Je t'expliquerais… Et à tout le monde aussi… Mais pas aujourd'hui, s'il te plaît…
- Bien sûr, Luciole.

C'est alors qu'un mannequin tapota sa montre, pour signifier que c'était bientôt l'heure et qu'il y avait encore beaucoup à faire.
- Est-ce que… Vous pourriez les prendre avec vous ? Je ne pourrais vraiment pas tout gérer…
- Bien sûr Elliot, aucun souci.

Ouf, dernier soupire, mais de soulagement cette fois, pour Elliot. Il allait pouvoir se concentrer sur ce qu'il faisait le mieux, le stylisme, sans avoir peur que la scène ne prenne feu. Ses parents n'étaient pas méchants, enfin, surtout sa mère. Simplement, en ne pensant pas à mal, elle ruinait ses chances d'avoir de nouveaux clients aujourd'hui.

Les parents suivirent alors le couple. Leur proposant d'abord d'aller s'asseoir à une table pour prendre quelque chose à boire pour discuter autour d'un verre.
- Bien, comme ça, on verra le défilé en même temps. C'est ce que tu voulais, non Nox' ?
- Vous êtes ensemble tout les deux ? demanda Irène.
- Oui, en effet. Et je suis la meilleure amie d'Elliot, je m'appelle Equinoxe et voici Nathaniel, présenta la tatoueuse.

Ils commandèrent et commencèrent à discuter, surtout du BDSM, beaucoup du BDSM. Jusqu'à une question du père.
- Mais de toute façon, styliste, ce n'est pas un vrai métier.
- Monsieur… Malgré ce que vous pensez, il s'agit bien d'un véritable métier. Même si c'est dans une branche cachée, ce n'est pas pour autant qu'Elliot vit mal. Il a une excellente situation financière.
- Assembler des bouts de tissus, ce n'est bon que pour une femme, voir une petite fille.
- Sauf votre respect, sans styliste, vous ne porteriez pas de costume. On peut dire que c'est les tailleurs, ancêtres des stylistes, qui ont inventés ce vêtement, fini par dire Nathaniel, froid à son tour. Car il venait d'insulter sa petite-amie sans s'en rendre compte.
- Ah oui ? Une si bonne situation ? questionna sa mère intriguée.

Equinoxe sembla très heureuse, car au moins un membre de ce couple semblait ouvert d'esprit là-dessus.
- Oui, il fourni déjà tous les costumes de scènes au Crimson, le Club de notre amie Absynthe. Ce qui lui fait six grosses commandes par an. Ensuite, il a fondé une entreprise de sex-shop haut de gamme.

Voyant le teint de la femme devenir blanc, Equinoxe se dit qu'elle aurait sûrement dû se taire. Mais elle enchaîna.
- Il voulait un espace sécurisé pour tous, qu'on arrête de penser à une rue malfamée derrière la gare quand on pensait à un sex-shop. Ses établissements sont grands et très qualitatif. C'est vraiment agréable de faire ses emplettes là-bas.

Nouveau soupire du père. Ce n'était apparemment pas gagné. Mais l'objectif du couple n'était pas de les convaincre du bien fondé du métier de leur fils, mais de les gérer le temps que le défilé soit terminé. D'ailleurs, celui-ci commença. Par le mannequin qui avait eu un accro avec Irène. Il portait les même vêtements qu'avant leur départ, mais modifiés. Elliot ayant coupé d'autres endroits pour transformer la tenue classique en une tenue à connotation western. Le pantalon étant devenu à frange. Ce qui était une première dans les collections du garçon. Qui d'ailleurs commençait à penser à faire une collection sur ce thème… L'intervention de sa mère n'avait pas était une mauvaise chose finalement.

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