Episode 11 : Les plantes qui guérissent

Par Isapass

EPISODE 11 : Les plantes qui guérissent

 

Monsieur Skaros les entraine alors jusqu’à une pièce dont les murs sont couverts d’étagères de livres. Au centre, il y a un grand bureau sur lequel plusieurs gros volumes sont ouverts à côté d’un ordinateur. Il y a aussi des cahiers couverts de notes.

 

« Vous travaillez ? demande Juju. Je pensais que vous étiez à la retraite.

-        Je travaille seulement pour mon plaisir. J’aime continuer à apprendre et à chercher.

-        Vous avez lu tous ces livres ? interroge Benoît admiratif, avec un geste du bras vers les étagères.

-        A peu près, oui, répond le vieil homme en souriant. Certains me servent pour mes recherches et pour continuer à apprendre. D’autres sont des romans. J’ai toujours aimé qu’on me raconte des histoires.

-        Qu’est-ce que vous cherchez ? demande Juju qui n’a pas compris de quelles « recherches » parlait le vieil homme.

-        Je m’intéresse aux plantes. Et surtout à ce qu’elles peuvent soigner. Je cherche comment les utiliser contre certaines maladies.

-        Les plantes peuvent soigner ? Comme des médicaments ?

-        Oui. D’ailleurs autrefois c’est comme ça que les gens se soignaient. Ils savaient quelle herbe ou fleur utiliser contre quel problème de santé. Maintenant ce sont les médicaments fabriqués qui sont utilisés. Ils sont très efficaces, mais parfois ils seraient bons que les médecins se souviennent que la nature peut apporter des solutions aussi.

Regardez dans ce livre, vous allez voir. » Monsieur Skaros leur désigne un très gros ouvrage posé sur le bureau.

 

Juju et Benoît regardent les pages au hasard, tandis que le vieil homme leur explique que sur chacune d’elles une plante est décrite, ainsi que la ou les maladies qu’elle peut soigner.

 

A la quatrième page, Juju déchiffre :

« Les contractions entraînent une douleur intense et constante, ainsi qu'une lourdeur de la zone située au-dessous du sternum, et au-dessus du nombril (épigastre). Une douleur de l'hypochondre (à droite au-dessous du foie, au-dessous des côtes à droite), peut irradier jusqu’en haut du dos. Ces douleurs débutent généralement brutalement et persistent intensément pendant 1 à 4 heures, puis disparaissent (progressivement ou rapidement). Après la colique hépatique, chez quelques patients subsiste une douleur de l'hypochondre droit, pouvant persister 12 à 24 heures.

Des nausées et des vomissements, accompagnent quelquefois ces symptômes. 

-        J’ai rien compris ! annonce Benoît.

-        C’est une maladie qui fait très mal tout d’un coup en haut du ventre et parfois même jusqu’au dos, explique Monsieur Skaros. La douleur reste plusieurs heures et disparait ensuite. Parfois ça donne aussi envie de vomir.

-        Oh ! s’exclame Juju en faisant sursauter ses deux compagnons. Exactement comme la maman des triplées !

-        Alma Maxwell est malade ? interroge le vieil homme.

-        Oui, je l’ai appris à la boulangerie, juste avant que vous me voyiez sous la vitrine de glace. C’est son mari qui en a parlé à Caroline.

-        Tu es sûr qu’il a décrit ces symptômes ? demande Monsieur Skaros, très sérieux tout à coup.

-        Les symptômes, ce sont les endroits où sa maladie lui fait mal ? Oui, je m’en souviens. »

 

Le médecin prend alors son téléphone et appelle chez les triplées. Après une courte conversation téléphonique avec Monsieur Maxwell, il raccroche et annonce :

«  Tu avais raison Julien, ce sont bien les mêmes symptômes. Alors je pense que je sais ce qu’elle a. Et nous avons justement sous les yeux la plante qui pourrait la soigner : la fumeterre.

-        La chance qu’on a eue de tomber sur cette page ! » s’écrie Benoît. 

 

Monsieur Skaros s’est mis à marcher de long en large. Il réfléchit à voix haute :

«  Le mieux serait une décoction très concentrée, puis des infusions… ça permettrait de vérifier la diminution de la douleur, et de confirmer le diagnostic…

Mais où trouver de la fumeterre ? Ca ne va pas être facile…

-        Moi je crois que je sais où elle pousse, dit Juju, le doigt posé sur la photo de la plante dans le livre.

-        Vraiment ? questionne le vieux médecin.

-        Oui. C’est un crapaud qui me l’a montrée, au fond de la bouche d’égout quand on récupérait les boucles d’oreilles de Thomas. J’ai cru qu’il voulait me manger mais il m’a fait tomber dans les fleurs et ensuite il est parti.

-        Extraordinaire ! Allons-y vite ! » s’écrie Monsieur Skaros.

 

Dix minutes plus tard, les trois amis sont penchés au-dessus de la grille d’égout à l’entrée du parc. Ils ont couru tout le trajet.

 

« C’est bien de la fumeterre, confirme Monsieur Skaros. Bravo pour ton sens de l’observation, Julien !

-        Le crapaud m’a pratiquement poussé dedans, raconte Juju. Avant de m’en dépêtrer, j’ai eu le temps de bien la voir.

-        Mais la grille ne peut pas s’enlever ! s’écrie Benoît. Comment allons-nous faire ? Juju est beaucoup trop grand, maintenant, pour passer à travers les barreaux.

-        J’ai une idée, dit Juju. Nous pourrions récupérer les fleurs une par une en faisant comme un petit lasso avec une ficelle ? Ca ne fera pas beaucoup mais ça nous laissera le temps d’en trouver d’autre. S’il y en a ici, il y en a peut-être qui pousse pas loin ? Dans le parc par exemple.

-        Excellente idée Julien !

-        J’ai encore la ficelle de Thomas ! » annonce Benoît en sortant celle-ci de sa poche.

 

Après un quart d’heure d’effort, ils ont récolté suffisamment de fumeterre, d’après Monsieur Skaros, pour faire une décoction et plusieurs infusions.

 

« Je vais immédiatement chez les Maxwell, déclare le médecin. Voulez-vous venir avec moi ?

-        J’ai bien grandi, je ne peux plus me cacher comme avant, hésite Juju dont la tête atteint à présent le coude de Benoît. Que vont dire les Triplées et leurs parents en me voyant comme ça ?

-        Si nous avons bien fait notre diagnostic et que nous pouvons soulager Alma Maxwell, ils ne diront pas grand-chose. Et ce sont des gens à l’esprit ouvert.

-        On y va ! » s’écrie alors Benoît en bondissant d’impatience.

 

Les trois amis parcourent aussi vite qu’ils peuvent la distance qui les sépare de la maison des triplées et Monsieur Skaros sonne aussitôt.

 

« Monsieur Skaros et les amoureux de mes princesses ! s’exclame Nils Maxwell en ouvrant la porte, sur son habituel ton théâtral.

-        Bonjour Nils, répond Monsieur Skaros tandis que Juju et Benoît prennent l’un et l’autre un belle couleur framboise. Nous nous sommes permis de venir à l’improviste car après notre coup de téléphone de tout à l’heure, nous pensons avoir trouvé ce qu’a Alma, ainsi qu’une possibilité de la soulager.

-        Léonard, si vous dites vrai, c’est le ciel qui vous envoie ! De quoi pensez-vous qu’elle souffre ? questionne vivement Monsieur Maxwell.

-        De simples calculs biliaires. Cela expliquerait tous ses symptômes. Cela peut être extrêmement pénible, mais si le diagnostic est exact, elle peut être facilement soignée.

-        Ce serait une tellement bonne nouvelle, cher Léonard ! Comment pouvez-vous vérifier ?

-        Julien, Benoît et moi, nous avons pu trouver de la fumeterre : cette plante permet de soulager les douleurs liées aux calculs biliaires, à défaut de les traiter complètement.

Nous pouvons lui administrer une décoction. Si cela la soulage rapidement, ça confirmera le diagnostic. Dans le cas contraire, ça n’aura aucun effet.

-        Entrez, entrez, tous les trois ! Léonard je mets évidemment la cuisine à votre disposition et à celle de vos petits assistants pour préparer la décoction ! Je vais immédiatement expliquer tout cela à Alma ! » s’écrie Monsieur Maxwell en grimpant déjà l’escalier.

 

Dans la cuisine, les deux garçons aident le vieux médecin à laver et couper une partie des plantes, les mettre dans une casserole d’eau et faire bouillir le tout plusieurs minutes. Monsieur Skaros confie alors la préparation à Nils Maxwell pour qu’il aille la faire boire à sa femme :

« Nous allons prendre congé. Si nous avons vu juste, Alma devrait se sentir mieux dans une heure, une heure et demi au maximum. Tenez-moi au courant par téléphone si vous le voulez bien.

-        Bien entendu, comptez sur moi, cher Léonard ! » répond Monsieur Maxwell en emportant le précieux breuvage.

 

 

Sur le chemin du retour vers la maison de Monsieur Skaros, Benoît virevolte en avant et occupe la conversation :

« Nous pouvons rester chez vous pour savoir si ça a marché, on ne sera pas en retard, c’est seulement le milieu de l’après-midi. J’espère que ça va marcher et que la maman des triplées sera guérie. Louise serait contente. Et ses sœurs aussi, bien sûr. Et peut-être que ça ferait encore grandir Juju... » Et il continue sans se lasser à parler en sautillant, plusieurs pas devant ses amis.

 

Juju, qui est resté silencieux un moment, demande à Monsieur Skaros :

« Il y a quelque chose que je ne comprends pas : vous avez mis plusieurs mois à retrouver votre taille après avoir pris le bonbon. Moi j’ai beaucoup grandi en une journée. Comment ça se fait, cette différence ?

-        Je me suis également posé la question. Je ne suis pas sûr de la réponse mais je pense que mon bonbon rouge devait être plus…  n2;fort n2; que ton bonbon orange. Il en fallait plus pour contrer ses effets.

-        Ah oui, ça doit être ça, je n’y avais pas pensé ! répond Juju, soulagé d’avoir résolu cette question. Pensez-vous que j’aurai retrouvé ma taille d’hier quand je vais rentrer chez moi tout à l’heure ?

-        Malheureusement, je ne sais pas te répondre avec certitude. Mais ne t’inquiète pas trop : tu as vraiment beaucoup beaucoup grandi depuis hier soir. Ça va sans doute continuer dans les heures qui viennent… »

 

Le diagnostic du vieux médecin est-il exact ? La décoction va-t-elle avoir de l’effet ? Juju espère de tout son cœur que la maman d’Anna ira mieux.

Il espère aussi que son nouvel ami a raison et qu’à l’heure de rentrer à la maison, il aura assez grandi pour qu’Hélène ne remarque rien.

 

Fin de l’épisode

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