Épisode 10 [Popple] : Le doudou furax

Notes de l’auteur : Et voilà le dernier épisode de Moon Rififi ! Merci à tou.te.s celleux qui ont suivi jusque là ! Pour l'instant je n'ai pas pour projet d'étendre l'univers, mais une nouvelle saison pourrait naître un jour ;-) sur ce, enjoy !
Bizzzz

 

Smoothie, Smoothie putain. Je suis furax. Le cap’ est là, derrière trois portes blindées, proche mais inaccessible. L’alarme de la prison s’est déclenchée, tout le couloir a été découpé en sas.  Ils croient nous avoir, mais ils se trompent. Smoothie et là et je la laisserai pas filer.

— Ils vont décompresser le sas ! grésille Charlie.

Je me hérisse et lève la tête vers la petite porte vitrée qui donne sur le vide spatial. Le voyant à côté passe du rouge au vert. J’ai à peine le temps de penser. Je sais, simplement. Je sais que si la porte s’ouvre, l’aspiration va nous réduire en pâté pour ogres. Je sais que personne n’a de solution, autour. Je sais ce que je dois sacrifier.

Je bondis vers la porte avec un juron, une main dans ma poche dimensionnelle. J’attrape mon trésor, et, les larmes aux yeux, le place devant moi. Le sas s’ouvre avec un chuintement, une soudaine attraction me propulse en avant. Mais elle stoppe vite alors que je rebondis sur Doudou. Doudou, mon doudou d’amour. Fabriqué en pudding non comestible. Coincé dans l’ouverture sur le vide, il empêche l’air de s’échapper. Mais il est plié, plissé, son plastique gémit. Mon Doudou, putain.

— Bordel ! crié-je. Je vais tout défoncer !

Je sors un bazooka cosmique de ma poche et le braque sur les murs blindés qui me séparent du cap’.

— Popple, arrête ! Tu vas nous faire tuer ! s’exclame Kriti.

Je suis déjà méga vénère, la voix de cette illuminée me donne encore plus envie d’appuyer sur la détente. Le bazooka est trop puissant, il risque de percer toutes les cloisons et nous offrir le bain de rayons gammas qu’on vient juste d’éviter. Mais je m’en fous. Je m’en fous, mon Doudou a les fesses dans le vide spatial.

— Ça suffit, Popple ! braille Charlie.

Y a bien que sa voix pour me calmer, presque aussi raclante que celle du cap’.

— Ne laisse pas le sacrifice de cet ours en peluche être vain ! dit-il.

Enfin non, ça c’est moi qu’il invente. C’est la voix de la raison qui le me dit. Je baisse mon bazooka. Kriti s’approche et me fait une tape sur l’épaule, me donnant envie de vomir. Heureusement elle rompt vite le contact pour brandir sa lyre devant elle. Elle tape un code sur les mini touches de son instrument qui se met soudain à se tordre. C’est pas trop tôt.

La lyre se transforme en sabre-led. Le pommeau de métal s’allonge grâce à une longue led nouvelle génération qui s’entoure d’un puissant champ plasmatique. C’est Charlie qui lui a bricolée ça. Kriti sait pas se battre avec une arme, mais elle voulait faire classe. Elle vient enfin de trouver une utilité à ce gadget.

Elle plante le sabre-led dans la porte. L’arme proteste, la porte aussi. Le plasma entame la cloison, une couche après l’autre. Elle trace un arc de métal fondu. Je la pousse pour donner un franc coup de pied. Un mur de passé, il en reste un autre, puis la porte de la cellule de Smoothie. Est-ce qu’elle sait qu’on est là ? Sans doute, elle sait tout. Est-ce qu’elle nous attend ?

Est-ce qu’elle nous en veut ?

Kriti me jette un de ses regards courroucés qu’elle pense plein d’autorité. Mais elle ne m’assène pas de sermon et fonce attaquer la deuxième porte. Alors qu’elle progresser durement dans ce beurre de plasma, le sabre-led cède et s’éteint. Un instant de flottement passe tandis qu’elle fixe l’objet d’un air atterré. Je lui donne une tape sur l’épaule. Elle ne bouge pas, elle semble s’être transformé en statue.

— Ma… ma lyre… éructe-elle.

— C’est bon je te la réparerai ! crie Charlie. Comment on fait pour passer maintenant ?!

C’est une bonne question, surtout qu’un magnifique canon rotatif vient d’émerger du mur pour nous pilonner. Je dresse des boucliers anti-magnétiques devant nous. Rien ne peut se dérouler comme prévu, hein.

— Qu’est-ce qu’on va faire ?! gémit Sélène.

Si j’étais pas si occupée à me préserver d’une mort certaine, je lui en aurais collée une. Juste comme ça, parce que je suis furax. Alors que d’habitude j’adore ça ! L’action, hein, pas la princesse.

— Attendez ! crachote Charlie. Rivière dit qu’elle peut ouvrir !

La Métallienne se glisse déjà vers la cloison, formant une flaque argentée sur le sol. Elle rampe sur la porte jusqu’à atteindre le point entamé par le sabre-led. Elle s’y love avant d’écarter le métal. Ça grince, ça geint comme pas possible. Et elle y arrive, elle creuse une ouverture assez grande pour que je puisse y passer.

— T’es géniale ! m’écrié-je avant d’y bondir.

Le reste du groupe sur les talons, je cours maintenant vers la cellule. Encore une porte. Allez, respire, c’est la dernière.

— Comment on s’y prend, cette fois ?

— Je vais la pirater pour l’ouvrir, annonce Charlie. Branchez-moi dessus.

— Pourquoi tu l’as pas fait pour les autres ?!

— Les autres sont commandées depuis le poste central, mais les portes des cellules sont indépendants pour pas qu’on puisse toute les ouvrir depuis un seul point. Branchez-moi dedans !

J’attrape le boîtier dans lequel le mécano est contenu et le colle au mur, sur le terminal. Un long silence s’ensuit. J’aimerais savoir où il en est. Combien de temps ça va prendre ? C’est tellement long, putain.

Le voyant passe au vert et la porte se retire dans un chuintement. Je me précipite à l’intérieur.

— Cap’ !

D’abord, je vois rien, il fait trop sombre. La cellule est transparente et donne sur le vide froid et noir des confins du système solaire. Puis je distingue quelque chose grâce à la lumière du couloir.

— Cap’ ?

Je suis prise d’un frisson. Les murs sont couverts d’un revêtement fibreux et visqueux qui forme de gros paquets du sol au plafond. Une goutte de mucus tombe sur ma fourrure, je sursaute.

— Misère… souffle Kriti qui m’a rejointe.

— Elle a Muée, comprend Charlie depuis le terminal.

— Juste à l’instant, le mucus est encore frais, indique Sélène.

— PUTAIN !

Je donne un coup dans le cocon géant, et je le regrette très vite. Mon pied s’embourbe, ça colle. Je tire, tire encore et m’énerve. Je finis par tomber par terre en secouant ma jambe.

— SMOOTHIE LA PROCHAINE FOIS QUE JE TE VOIS JE TE BOUFFE EN SASHIMI ! hurlé-je.

À chaque fois qu’une Génille Mue, elle est transportée à des années lumière de sa position initiale.

— Jarnicoton… murmure Kriti.

— Ah, l’Œuf ! s’exclama Sélène.

Je m’immobilise, grognant sourdement. La princesse tient l’Œuf entre ses doigts, elle pourrait faire un vœu à tout moment.

— Donne-le moi, grondé-je en me remettant debout.

Elle hésite, je me retiens de lui en mettre une. Heureusement, Kriti intervient.

— C’est celui qui l’a trouvé qui doit exaucer son vœu, normalement, déclare-t-elle.

— QUOI ? protesté-je.

— C’est ainsi.

Je l’attrape par le col pour la secouer et lui remettre les idées en place.

— ÇA VA PAS ?! JE LAISSERAI PAS UN BOUT DE SMOOTHIE ENTRE LES MAINS DE CETTE…

— Il est à vous.

Je pivote vers la princesse.

— Gna ?

Elle me tend l’Œuf, une petite perle luisante, en réalité.

— Il est à vous, répète-t-elle.

— Ah… heu… merci… bégayé-je.

Je fixe la petite boule brillante et visqueuse. On dirait un œuf de poisson. Pourtant, Smoothie a l’apparence d’une chenille bleue.

Mais qu’est-ce que je vais faire avec ça ?

— Eh bien, exauce un vœu, m’enjoint Kriti.

Je la regarde une seconde, avant de lui refourguer le truc.

— Non, vas-y, toi. Je sais que t’as un souhait à exaucer.

Elle écarquille les yeux, elle semble choquée que je lui accorde cette faveur. Encore une demi-seconde de cet air ahuri et je te le reprends, connasse.

— Tu es sûre ? Tout le monde est d’accord ?

— Mais vas-y, putain !

Tout le monde la fixe. Moi, Sélène, Charlie avec ses capteurs, Rivière sous sa forme de chat-papillon, Rosso et Jesa. Et sans doute aussi les gardes de la prison via des caméras de surveillance. Manque de bol, la cellule nous protège de leur canon. J’aimerais bien voir leur tête décomposée devant le spectacle.

Kriti écrase l’Œuf entre ses deux doigts.

Je grimace, je sais que c’est pour accomplir son vœu, mais quand même. Cette petite chose est un des segments de Smoothie, à la base.

— C’est bon, déclare solennellement l’elfe.

À cet instant, Rosso et Jesa se mettent à crier. J’ai à peine le temps de me tourner vers eux qu’ils disparaissent dans une explosion de fumée bleue.

— C’est quoi ce bordel ?!

— C’est mon vœu.

— Hein ?

— J’ai souhaité qu’ils puissent retrouver une vie normale. Ils n’auraient jamais du être mêlés à tout ça.

— Mais, et ton vœu ?

— Une autre fois.

— C’est admirable ! s’extasie Sélène.

— T’aurais pu souhaiter qu’on retrouve le capitaine, plutôt ! s’exclame Charlie.

— Il fallait me prévenir !

— Je viens d’y penser !

— Mais quel con ! crié-je.

— Et vous alors ?!

— Les gardes arrivent ! nous coupe Sélène.

Je fais volte-face. Super, de quoi se défouler.

— Bon, eh bien nous n’avons plus qu’à nous lancer en quête de notre capitaine, déclare Kriti. Encore.

— Je viens avec vous ! piaille la princesse.

— Tu ne veux pas rentrer chez toi ? s’étonne l’elfe.

— Non ! Ma mère en a rien à foutre de moi, j’en ai eu la preuve. Je vais dédier ma vie à pourrir la sienne. Ce sera mon souhait !

— Palsambleu, quelle merveilleuse idée !

— Vos gueules ! grondé-je. J’ai besoin de concentration, je vais en avoir huit d’un coup.

J’écrase la détente de mon Bonbon.

— Yes ! Regardez-moi cette belle brochette !

— On s’arrache ! ordonne Kriti.

— Et de treize, haha !

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