Épilogue

Par Soah
Notes de l’auteur : Voici la fin de l'histoire de Joshua. J'espère que cette lecture a été bonne !
Il s'agit d'un premier jet et, je vais bientôt m'atteler à l'améliorer. En vous remerciant toustes pour votre temps et vos commentaires !
A bientôt,
Soah

70 ans plus tard.

Dans les vastes couloirs du tout nouveau musée, il était aisé de se perdre. Physiquement, bien sûr, car les allées et les salles étaient immenses, mais aussi intellectuellement, spirituellement. Et même si l’on interdisait le chahut, les enfants de Caharel trouvaient toujours une bêtise à faire. Surtout comme, lorsqu’aujourd’hui, une pluie d’automne délavait la cité.

Punie par l’enseignante responsable de sa classe, Suzie fixait un tableau depuis presque vingt minutes. Du cartouche, elle n’avait pas retenu la date ni aucune autre information. La petite fille avait juste besoin de savoir que cela venait du temps « d’avant ». Un temps mort qui ne reviendrait plus, une fable lointaine que ses grands-parents redoutaient encore.

À côté d’elle, peu après qu’elle eût reçu l’ordre de ne plus bouger, s’était installé un vieil homme. Elle avait d’abord entendu sa canne avant de sentir son poids sur le siège puis son odeur, mélange de soleil et d’humus. Peut-être avait-il connu cette époque ? Avec la mer de rides qui courrait son visage et qui sculptait les sillons de sa bouche, cela n’était pas impossible.

— Ne crois-tu pas que tu ferais mieux d’admirer les œuvres, jeune fille ? déclara le vieil homme en détournant son propre regard de la peinture. Je gage que ces toiles sont bien plus intéressantes que moi.

Loin de rougir, la gamine continua à le toiser. Une fine barbe grignotait son menton, cachant la peau tombante et âgée. Quelques taches plus sombres venaient consteller le pourtour de ses yeux d’un bleu perçant. Sur ses genoux reposaient ses mains. Celle de droite était toute déformée.

— Est-ce que vous savez qui est sur le tableau ?

D’un index curieux, elle pointa la peinture qui trônait juste en face d’eux. Un jeune homme roux, au regard déterminé, devant une toile et derrière lui, une muse éthérée.

— Peut-être, répondit-il. Pourquoi veux-tu le savoir ?

— C’est le seul humain qui est exposé dans la collection que l’on a retrouvée chez les de Morgande. Quand on est puni, l’enseignante nous met ici. Elle ne veut pas qu’on parcoure trop longtemps les autres tableaux. Mais je vois pas pourquoi.

— Ah, oui, en effet. On peut dire que c’est une curiosité. À l’époque, on ne représentait que les Immortels, des paysages ou les dieux.

— Pourquoi il s’est peint alors ?

— C’est une très bonne question, s’amusa le grand-père en se frottant la main droite. À ton avis, pourquoi l’a-t-il fait ?

Elle reporta son attention sur la toile et la détailla en silence.

— Pour exister, finit-elle par souffler.

— C’est une réponse parmi tant d’autres.

— Je me demande ce qu’il est devenu.

— Qui sait… Peut-être a-t-il continué à peindre. Mais veux-tu savoir un secret ?

Les pupilles de l’enfant s’illuminèrent d’étoiles et il sut alors qu’il pouvait se pencher à son oreille pour murmurer quelques mots :

— Il a vécu une longue et heureuse vie.

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Nathy Lyall
Posté le 16/04/2024
Ce fut un réel plaisir, je me suis laissé surprendre par ton histoire et par sa fin même si tout au long de ses liges je me suis demandée où tu embarquait ton lecteur.
Maud_
Posté le 08/04/2024
Bonjour Soah !

Ça fait quelques temps déjà que je lis ton histoire, et c’est avec un plaisir mélancolique que je la termine aujourd’hui. Tout ce temps à me réjouir à l’annonce de chaque nouveau chapitre, et pourtant aucun commentaire publié jusque là ! J’avoue que je m’en veux un peu… il est temps d’y remédier.

* S’apprête à écrire le plus gros pavé du siècle *

J’ai toujours détesté les histoires de vampires, c’est pourquoi j’ai décidé d’en lire plus par esprit de contradiction… et je dois dire qu’à force j’y ai pris goût. Tu revisites de façon originale ce mythe, l’idée d’Immortels qui se font tirer le portrait pour découvrir leur visage est très belle. J’aime beaucoup la façon dont tu distilles les informations à leur propos au fil du texte, tout en ne précisant pas tout, en laissant des questions ouvertes ou peu approfondies (quel est le rôle des Humanoriums, quelle était la vie de Valente auparavant, par exemple ?) : ça a l’avantage de ne pas alourdir le texte inutilement, et ça laisse de la place à l’imagination des lecteur.ices. On ressent plus le point de vue de Joshua, aussi. Les humains sont les seuls à exercer l’art, chose très poétique également.

J’admire ta façon d’écrire. Les images sont belles, bien choisies, on sent que tu as eu plaisir à les écrire. Toujours dans les couleurs, les sensations, la poésie, à l’image du regard de Joshua sur le monde. Un regard qui change, d’ailleurs. Joshua a une nette évolution très plaisante à regarder, qui apporte un sentiment de nostalgie vers la fin. Il a ses défauts, ses doutes, sa vanité, qui le rendent réel.

Et puis, outre Joshua, ce sont ses relations avec les autres personnages qui semblent très réelles. À commencer par celle, aigre douce, avec Ursula, parfois contradictoire, mais dont on ne doute jamais de l’amour qu’elle lui porte. C’est une figure de mentor très intéressante, on doute d’elle aux côtés de Joshua, on l’aime aux côtés de Joshua (Au passage, je n’ai pas arrêté de penser à la relation entre Ursula et Maria, elle a quelque chose de profondément triste… on imagine combien elles ont du s’aimer… (oui bon voilà mon cœur est brisé j’ai besoin d’un préquel ;-;))

Et Valente ! Il m’a parfois fait frissonner celui-là. C’est un personnage très intrigant, et je trouve que tu dépeins avec brio les sentiments contradictoires de Joshua à son égard. On attend toujours avec impatience sa prochaine apparition, avec un mélange d’excitation, de joie et d’appréhension. Je me suis vraiment sentie à la place de Joshua : oui notre seule envie c’est de le voir, mais on sait qu’il lui fera du mal… Cécile et son « ami secret »… c’est glaçant. On voudrait tout faire pour la tirer de ses griffes.

J’oublie des personnages, et des meilleurs (les deux musiciennes, toujours un plaisir de les voir, l’amour naissant oncle / neveu avec Shirley…) Mais mon favori, c’était sans doute Casimir (rien que le fait de voir son prénom écrit me réjouissait). Voilà qui m’amène à la partie la plus « rancunière » de ce commentaire. Pourquoi ? Pourquoi le faire mourir, comme ça, il méritait de s’éteindre paisiblement dans son fauteuil devant la cheminée ! Bon d’accord cette mort a amené un nouvel élan dans le développement de Joshua, mais ça a fait mal à mon pitit cœur. Puisque tu prévois une réécriture, m’est avis que tu pourrais peut-être donner à cette mort un impact un peu plus grand, au moment même où se déroule la scène. C’est par ailleurs assez touchant de retrouver un peu de Casimir dans le vieux Joshua de l’épilogue.

Voilà, une histoire assez courte, agréable à lire du début à la fin, qui explore ses thèmes avec douceur. La résignation de la fin donne un goût un peu amer à la conclusion, beaucoup de nostalgie que tu réussis très bien à faire transparaître grâce à ta plume. J’avoue ne pas avoir compris comment Joshua a pu survivre… Ah, j’imagine que nous ne le saurons jamais. (Hm un long commentaire pas très objectif et constructif, puisque je résume mon impression globale, en faisant ma fan girl du début à la fin, oups… j’espère quand même qu’il te sera utile ^^) Merci pour tout, j’ai hâte de lire tes prochains écrits, et serai au rendez-vous si tu publies la réécriture des aventures de Joshua ici !
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