Entrée 3 : Exercice

Par Jibdvx

Un gymnase aux murs de métal. Diverses machines d'entrainement. Derrière une vitre, deux hommes et une femme en blouse blanche l'observent. L'un d'eux s'avance, appuie sur le bouton des hauts-parleurs.

— Monsieur McTiernan, vous allez maintenant pouvoir vous tester. Rassurez-vous, nous ne sommes ici qu'en temps qu'observateurs, le temps de votre convalescence. Sachez que vous pourrez utiliser cette salle d'entraînement autant de fois que vous le voudrez, jusqu'à votre sortie.

Stanley lève le pouce en direction des trois chercheurs.

« On commence par l'échauffement. T'aurais pas une idée pour les impressionner ? »

C'est la première fois que Stanley s'adresse directement à moi, dans son crâne.

Vous pouvez commencer par le tapis roulant. Mais pour vous échauffer, je propose une série de squats. Voulez-vous me passer la main ?

« Non ! »

— Ces entraînements n'ont pas pour seul but de vous familiariser avec vos augmentations, ils vous permettront aussi de vous familiariser avec votre EMB.

« Ça te gêne pas qu'il t'appellent tous comme ça ? »

Que voulez-vous dire ? C'est ce que je suis. Certes, il aurait pu m'appeler par mon numéro de série complet, mais cela aurait été ridiculement long. Faites attention au moment de la poussée. Ne forcez pas trop.

Stanley se met en position. Il tend les bras devant lui, bien parallèles. Il plie les genoux. Puis ne bouge plus.

— Un problème Stanley ?

Je sais qu'il n'y a aucun problème. C'est justement cela qui gêne Stanley.

« Je ne ressens pas la moindre douleur. Si je voulais, je pourrais rester comme ça toute la journée. »

En omettant vos besoins essentiels, vous pouvez tenir cette position pendant encore 26 heures 49 minutes et 14 secondes avant de ressentir des contractures musculaires.

« Eh beh... »

Voulez-vous essayer de sauter ? Le plus haut possible.

« T'es sûr ? Rien de dangereux ?

Vous préférez apprendre par vous même.

« Attends, je t'ai quand même pas vexé ? »

Impossible. Sautez.

Il détend ses muscles à toute vitesse. Pousse un cri alors que ses pieds décollent du sol à 20 mètres par seconde, atteignant presque le toit du gymnase. Il atterrit ensuite avec violence. Sa réception est imparfaite, mais efficace. Je n'enregistre aucune lésion. On ne peut pas en dire autant du sol où deux trous viennent d’apparaître là où ses pieds ont atterri. Il se tourne vers les chercheurs. J'enregistre une baisse de 5 points de relation pour l'homme de gauche (Mike Davis d'après son badge), une augmentation de 3 points pour l'autre homme (Joe Osbourne, celui qui a parlé) et une augmentation de 10 points pour la femme (Janette Cooper).

« Le tapis tu disais ? »

Oui.

Stanley grimpe sur le tapis de course. La voix électronique de la machine demande :

— Bonjour... Stanley McTiernan. Quel programme voulez-vous suivre ?

— Progressif jusqu'à vitesse maximale.

Stanley, ce modèle est spécifiquement conçu pour les humains modifiés. Êtes-vous certain de ce que vous faites ?

« Ouais. Et t'as pas intérêt à m'en empêcher. »

Le tapis se met en marche. Comme prévu, sa vitesse augmente de 5 kilomètres par heure toutes les 5 secondes. Stanley s'en sort bien.

— Augmente la vitesse.

Stanley ce n'est pas...

— Augmente la vitesse.

Vous ne voulez pas m'écouter Stanley ?

— Plus vite !

Le tapis atteint maintenant les 110 kilomètres par heure. J'enregistre les premières alertes. Encore plus vite et les jambes ne pourront plus suivre. Malgré cela, Stanley ne semble pas s'en rendre compte. Il continue de courir. Ses nouveaux yeux braqués droit devant. 160 km/h. Sa jambe droite dérape. Il tombe à la renverse et est projeté en arrière par le tapis. Trois millisecondes avant de percuter le mur du font. Je prends le contrôle. Il panique. Il se sent impuissant. Je réajuste notre position. Bras en position, je dois éviter de trop solliciter les jambes. Le choc est violent mais amorti. Je sens l'onde parcourir le mur de métal qui se déforme à l'impact. De l'autre côté de la vitre, Joe Osbourne sourit. Je nous détache du mur et repasse le contrôle. Il tombe à genoux au sol. Les bras ballants.

— Stanley ? Vous allez bien ? Vous venez de passer le relais n'est-ce pas ?

J'ai du mal à cerner les sentiments de Stanley. Euphorie, incompréhension, peur.

« ...Merci. »

Mais de rien Stanley.

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