Des tons et des couleurs - 19 décembre

Notes de l’auteur : 25 contes de Noël macabre. Tel le calendrier de l'avent, venez lire chaque soir un nouveau conte de l'horreur jusqu'au 25 décembre.

19 Décembre

« Des tons et des couleurs »

 

Un peu de rose sur ses joues. Avant, j'adorais les réveillons de Noël. Le symbole de la fête et des retrouvailles familiales. Chacun ramenait ses spécialités. C'était toujours moi qui préparais la dinde et le lait de poule, car leurs saveurs étaient inégalées.

Un peu de mauve sur ses paupières, sa couleur favorite. Les bavardages fusaient en tout sens, nous avions tant à rattraper et à nous dire. Toute l'année, des kilomètres nous séparaient les uns des autres. Nous avions 2 jours pour être enfin tous réunis. Certes, nous étions une petite famille, mais elle était heureuse.

Si je rajoutais un léger beige, cela ferait trop pâle. La grisaille semblait envahir sa peau autrefois couleur pêche. Je me souviens du dernier réveillon, ensemble. Maman ne cessait de nous réclamer des petits-enfants. Elle voulait devenir grand-mère avant de trépasser. Papa tentait de la faire taire, en vain. Elle a toujours été ainsi, ma mère, directe et intrusive. Mon petit frère se contentait de lever les yeux au ciel et moi, je soupirais entre deux mots d'accalmie. Ça viendra patience.

Du rouge sur ses lèvres. Elle aurait détesté ça, je le sais bien. La couleur du sang lui semblait de mauvaise augure, mais avais-je le choix. Le noir violacé était difficile à couvrir. Je regrette tellement de les avoir un brin déçus, la dernière fois que l'on s'est vu. Si j'avais su que le malheur s'abattrait, j'aurais opté pour des mots bien plus chaleureux.

Du noir, pour imiter les sourcils. L'obscurité s'est abattu sur eux, pour l'éternité. Un malencontreux accident. Le verglas et un chauffard somnolent. Un duo mortel. Ils sont morts, tous les trois, de façon brutale et instantané. Ils ne sont jamais arrivés au réveillon de l'an dernier. Ma seule consolation fut que leurs corps ont été étonnamment préservés, malgré le choc d'une rare violence.

Ce n'est pas si compliqué, papa m'avait appris l'art de l'embaumement des animaux. Les humains ce n'est pas si différent. Alors, j'ai déterré leurs corps quelques jours après l'enterrement et chaque réveillon de Noël, je les sors du placard, les embellis et leur redonne un semblant de vie.

Un peu d'orange sur son front.

  • Maman, je t'annonce une merveilleuse nouvelle. Te voilà grand-mère. Ho, certes, il ne grandira jamais. La mort l'a enlacé et il n'a jamais poussé son 1er cri. Mais ce n'est qu'un détail. Je lui offre une autre vie pour ramener la joie dont nous avons été injustement privée. J'ai arrangé tout ça. Joyeux Noël, à tous ! Qui veut du lait de poule ?

 © Nolween Eawy

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Mist
Posté le 27/12/2022
Très jolie, et très triste...
j'ai bien aimé la dualité entre le présent et le passé :)

petite remarque :
"Le noir violacé était difficile à couvrir"
tu peux l'écrire au présent vu qu'il s'agit d'une affirmation intemporelle =>
"Le noir violacé est difficile à couvrir"
c'est aussi un peu la même chose pour le début, quand tu dis "car leurs saveurs étaient inégalées"
Peridotite
Posté le 22/12/2022
Haha ! La meuf totalement bringzingue qui festoie avec des cadavres !

Je te mets mes petites notes, j'ai relevé 2-3 couacs ici :

« C'est toujours moi »
> C’était toujours moi (pour respecter la concordance des temps) ?

« Nous avions 2 jours, pour être enfin tous réunis. »
> J’enlèverais la virgule car le premier bout de phrase ne pourrait pas être lu séparément de la seconde partie.

« Maman ne cessait de nous réclamer des petits-enfants. Elle voulait devenir grand-mère avant de trépasser. »
> Rha purée, on dirait ma propre mère !

« Papa, tentait de la faire taire, en vain »
« La couleur du sang, lui semblait de mauvaise augure »
« Si j'avais su, que le malheur s'abattrait »
> Là y a des soucis de ponctuation, la première virgule ne devrait pas être là, entre le sujet et le verbe, ni avant « que le malheur s’abattrait ». La 2è (avant « en vain ») est ok selon moi.

« somnolent . »
> Un espace en trop qui traîne
nolween_eawy
Posté le 25/12/2022
Ah ouais, j'ai perdu la boule avec les virgules là. A ma décharge j'avais subis deux extractions dentaires, je n'avais pas toute la lumière dans les neurones. Merci.
Peridotite
Posté le 26/12/2022
C'est dur de corriger la ponctuation. Moi-même, c'est mon point faible. Heureusement que des yeux de lynx se promènent sur Plume d'Argent pour me les remonter :-)
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