Chapitre VI

La jeune femme en tailleurs jupe couleur camelle, entra dans le couloir. Ses talons claquaient sur le sol carrelé, dans ses bras, serré contre sa poitrine, un dossier contenant de multiples papiers visiblement administratif. Elle arriva à la hauteur de la quatrième porte, où elle donna trois délicats petits coups. La voix féminine de Oria lui adressa l'accord d'entrer. Elle s'exécuta et passa le pas de la porte. Devant le duo de l'infirmerie, Myriam apparut, resplendissante et un sourire satisfait sur le visage.

"- Bonjour les jeunes." Leur adressa-t-elle pleine de bienveillance, apparement pas surprise de les trouver ainsi, l'un contre l'autre.

"- Bonjour madame Brouge.. lui adressa poliment Oria.

- Hey Mymy ! Sourit Jugde en la voyant apparaître avec le dossier dans les mains.

- Comment vous vous sentez ? Se soucia-t-elle en prenant place sur la chaise à leur côté.

- Je suis encore fatigué, mais je vais bien...j'ai trouvé un super coussin au caramel ! Ria le loup blanc en tapotant délicatement le ventre de Oria.

- Tu as été gentil j'espère ? Demanda-t-elle un air joueuse sur le visage, mais toujours rempli d'attention, en adressant un regard à Oria pour s'assurer qu'elle allait bien.

- Toujours adorable.. tu me connais ! Clama-t-il fièrement.

- Justement Jugde. Rigola-t-elle. Je te connais..!

- Bon.... qu'est-ce qui t'emmène ici ?

- J'ai une convocation pour toi chez le directeur Oria. Dit-elle en lui tendant un papier où était indiqué la demande.

- Quand dois-je y aller ? Se renseigna Oria en saississant le petit bout de papiers.

- Dès maintenant s'il te plaît."

Jugde dévisagea Myriam. Pourquoi le directeur voulait-il s'entretenir avec Oria ? Lui qui savait qui elle était réellement, n'avait nullement confiance en cet homme. Mais cette fois-ci, il n'avait pas le choix, il devait la laisser s'échapper. Il se redressa et lâcha son haut, laissant le champs libre à Oria pour prendre la fuite. Elle lui adressa un furtif regard de questionnement et de détresse. Elle avait bien compris qu'elle ne devait rien dire, surtout pas au directeur, et la voilà déjà convoquée. Jugde hocha la tête, et lui adressa un regard doux pour la rassurer. Il ne serait pas loin si jamais son mauvais pressentiment venait à s'intensifier, et Cryo devait sûrement être au courant, lui aussi serait là.

"- Tu pourras venir le retrouver après ! Affirma Myriam

- Il a sûrement envie d'être un peu tranquille... balbutia-t-elle en se mordillant la lèvre.

- Reviens. Ordonna-t-il en fronçant les sourcils dans sa direction.

- D'accord Jugde.... Dit-elle en lui accordant un sourire timide.

- Tu pourrais me ramener un bout à manger en revenant s'il te plait ?

- Avec plaisir !"

Oria quitta la pièce, un fin sourire aux lèvres. Jugde, resté seul avec Myriam la regarda. Elle avait ce regard qu'il ne connaissait pas encore, mais qui semblait lui dire beaucoup de chose. Myriam, qui aurait pu avancer sur le terrain de la relation qui se dessinait entre lui et Oria, décida de ne pas le faire. Elle avait une autre nouvelle à lui annoncer.

"- Bon ! Mon garçon ! J'ai une nouvelle pour toi !

- Dis moi ce qui te fait autant sourire ma petite mymy ?"

Elle secoua le dossier dans ses mains et montra le titre au loup blanc. Il regarda et fut obligé de relire plusieurs fois afin d'être certain de ce que Myriam lui annonçait. "Demande du passage d'examen final acceptée." Son visage s'illumina instantanément, enfin ! Il était enfin accepté ! Il avait fait trois demandes, toutes refusées. La quatrième avait été la bonne. Il n'en revenait pas. Il allait enfin pouvoir faire ses preuves et tenter d'égaler son frère ennemi. Le voilà déjà trépinant d'impatience, mais Myriam le réprimanda dans son élan.

 Jugde... calme toi..."

Le ton grave de Myriam fit descendre Jugde de son nuage, lui d'habitude si indifférent à ce genre de remarque se calma immédiatement, et très sérieux, il demanda :

"- Que se passe-t-il Myriam ?

- C'est au sujet de cette fameuse acceptation, et de la jeune Oria..." soupira-t-elle exaspérée. 

Jugde se crispa en attendant ses mots qui ne résonnaient pas bien ensemble dans son esprit. Il voulait avoir des réponses et vite. Alors il incita Myriam a tout avouer.

"- Jugde... j'aurai aimé que ton examen final se passe sans encombre, car je suis persuadée que tu as toutes les qualités requises pour le réussir haut la main. Mais si il a été accepté maintenant, c'est dans le seul but de t'éloigner d'elle. J'ai entendu monsieur Hengar avoir une discussion avec quelqu'un dans son bureau, il était presque minuit, je n'ai pas réussi à reconnaître de qui il s'agissait, il n'a jamais prononcé son nom. Il parlait de t'éliminer, et de se servir de Oria et Cryo.. parlant d'eux comme "les enfants", comme des élus. Tu es visiblement trop proche d'eux, donc un obstacle à leur plan... ils voudront sûrement te tuer une fois là bas, car ils sont persuadés que tu ne refusera pas une telle opportunité."

Le visage de Jugde s'était considérablement assombri, ses traits crispés avaient laissé place à un manque total d'expression. Les éléments s'entre choqués dans sa tête. Comment le directeur était au courant pour Oria ? Qui était cette personne ? Tous ses muscles se raidissaient, on le prenait lui aussi dans la gueule du loup, et elle se refermait petit à petit, occultant tout signe d'espoir.

"- Comment sont-ils au courant de tout ça Myriam ? Ils n'auront pas Cryo si facilement...

- Cryo non... Mais Oria oui Jugde... Elle ne sait pas se défendre, elle leur paraît si naïve qu'elle semble facile à manipuler."

Jugde ne pouvait s'empêcher de penser à Cryo. Lui aussi voulait se servir de la naïveté d'Oria pour la manipuler... telle une poupée. Son sang dans ses veines ne faisaient plus que buller, et il sentit le bout de ses doigts le picoter. L'acide montait en lui.

"- Jugde... lança Myriam. Je suis consciente du sacrifice que cela représente pour toi.. mais quitter l'école pendant plus de trois semaines n'est pas raisonnable en ces temps si sombre qui se prépare. Je ne serais pas tranquille de te savoir loin d'ici.

- J'y réfléchirai Myriam... Laisse-moi le dossier sur la table. Je m'en occuperai. Et laisses-moi seul s'il te plait, je suis fatigué."

Myriam comprit l'état de trouble dans lequel se trouvait Jugde. Elle déposa un baiser sur son front en signe de tendresse, et ébourriffa doucement ses cheveux. Elle lui glissa à l'oreille de faire le bon choix, pour lui avant tout, et non pour son égo, puis suivant les ordres de Jugde, elle s'eclipsa, le laissant seul. Il ferma les yeux. Plus rien ne le bercait, ni odeur , ni câlin, ni chaleur. Il se crispa en pensant qu'il était prêt à renoncer à son rêve le plus fou, pour une fille. Cela ne lui serait jamais arrivé avant elle. Il devait à tout prix s'entretenir avec Cryo. Il ne voulait pas renoncer, pour rien au monde. Il n'aurait qu'une seule chance, il en avait conscience. Mais dans un coin de sa tête raisonnait le sous entendu de Myriam lorsqu'elle lui avait demandé de prendre soin de lui, et non d'agir pour se flatter. Elle avait toujours été comme une mère pour lui. Elle l'avait toujours épaulé, même lorsqu'il l'avait violement rejeté dans les pires épisodes de sa vie. Elle était peut être celle qui le connaissait le mieux, elle connaissait même des secrets que Cryo ignorait. Alors que pouvait-il faire ? Comment pouvait-il justifier ses actions ? Expliquer sans en dire trop, mais en dévoiler suffisament pour être compris. Là était le dilemme de toute son existence. Un funambule, posé sur sa corde, mettant un pied après l'autre, en prenant soin de ne pas faire de faux mouvement pour éviter la chute. Oria devait revenir dans la soirée, il ne lui en parlerai pas, l'envie de se vanter était présente, mais si elle apprenait qu'elle était le frein à son hésitation, elle le pousserait sûrement à y aller. Il avait sûrement envie de l'entendre dire ça, de se sentir soutenu et encouragé, mais au fond il savait ce qui était le plus sage. Et si elle savait, elle prendrait conscience de la valeur qu'elle commençait à prendre, et c'était une chose impensable. Il n'avait plus qu'à attendre, en attendant que le petit soleil ne revienne. En attendant, il veilla à lutter contre le sommeil, prêtant attention à ce que lui dictait son instinct au sujet de la situation dans laquelle devait se trouver Oria.

 

***

 

Le petit soleil avait pendant ce temps gagné le bureau de monsieur Hengar. On ne l'avait pas laissé attendre longtemps devant la porte. Elle avait même eu le sensation qu'elle était très attendue, presque en retard. Le directeur avait le visage légèrement creusé, ses cernes étaient foncés, les traits de l'âge s'étaient accentués. Oria qui s'installait sur le fauteuil ne se sentait pas à l'aise, et voyant la mine défaite de son supérieur, elle savait déjà que les nouvelles n'allaient pas être bonnes. Elle était restée quelques courtes minutes dans le silence face à cet homme imposant, mais cela lui avait suffit pour qu'elle sente les pulsations accélérées de son coeur. Elle ne comprit pas de suite quel en était la cause, mais instinctivement elle pensa au stress ou à l'angoisse. Elle ne savait pas si elle devait être la première à briser le silence ou attendre que ce soit lui qui brise la glace. Son ventre commençait à se nouer et à la faire souffrir. Elle aurait bien voulu se tortiller mais elle ne trouvait pas ça polie. Elle croisa alors les jambes et mis sa main sous ses cuisses. Il lui adressa un regard grave et très sévère, elle regretta alors tout de suite d'avoir quitté Jugde. Après tout, elle était censé être à l'infirmerie et malade. Myriam aurait sans doute pu la couvrir, mais il était trop tard pour faire marche arrière, maintenant il lui fallait juste assumer jusqu'au bout et prier pour que tout se passe bien.

"- Mademoiselle Sinklade, laissez-moi vous prévenir tout d'abord que nous serons rejoins d'ici peu de temps. Annonça-t-il de la même façon dont il la regardait. Mais je vais vous demander, ou plutôt vous ordonner de faire parfaitement ce que je dis, entendu ?"

Oria se figea sur place. Un frisson se faufila tout au long de sa colonne vertébrale. Que pouvait-elle répondre à ça ? Elle entendait, bien sûr qu'elle entendait, mais elle n'approuvait pas du tout ! Elle se sentit alors prise au piège. Et qui était cette personne qui devait les rejoindre ? Elle regarda difficilement le directeur, par peur d'avoir à affronter son regard.

"- Mademoiselle Sinklade ? C'est compris ?

- C... compris.... Bégaya-t-elle maladroitement.

- Dans ce cas, c'est parfait. Commençons par les formalités. Vous ne direz rien sur cette discussion et ce que vous vous apprêtez à voir, de plus vous vous laisserez faire sans poser de question. Et cela va s'en dire, mais vous n'opposerez aucune résistance." Affirma-t-il rempli d'autorité et un regard menaçant.

La jeune femme laissa un soupire de surprise lui échapper. Elle s'imaginait les pires scénarios, son coeur s'emballa dans sa poitrine, et la chaleur la gagna. Une chaleur désagréable, lui donnant quelques sueurs froides.

"- Je... monsieur.... tenta-t-elle d'articuler.

- Vous n'êtes pas autorisé à parler." Lança-t-il sèchement serrant son poing autour de son stylo.

Oria n'eut plus la moindre réaction. Elle se croirait dans un cauchemar. Elle cherchait désespérément un point de repère pour appuyer son regard. Elle observa à travers la fenêtre qui se trouvait derrière le directeur. Elle ne voyait que le feuillage. Elle s'imagina voir apparaître Jugde ou Cryo, qui aurait été là pour veiller sur elle. Mais évidement, tout ça n'était qu'imaginaire, puisque le feuillage laissa place à une immense forme noir. Elle regarda cette masse qui se formait derrière monsieur Hengar. Cela ressemblait à un spectre mais elle n'en était pas sûre, après tout, elle n'en avait jamais vu en vrai. Il semblait y avoir deux yeux turquoises qui se distinguait. À mesure que le spectre apparaissait, l'atmosphère de la pièce devint plus lourde. Il sembla à Oria qu'elle manquait d'air. Elle se trouvait écrasée par la sensation qui régnait désormais en maître. Une fois parfaitement là, les yeux bleus s'accordèrent à regarder l'élève présente.

"- Bonsoir mademoiselle Sinklade, ravi de vous rencontrer enfin." Déclara une voix masculine qui semblait faire écho dans la petite pièce.

- Qu.... qui êtes vous ? Demanda-t-elle tant bien que mal, totalement désemparée.

- Peu importe. Je ne suis pas le centre d'intérêt ici. En revanche toi, oui.

- Que me voulez-vous...?

- Ton pouvoir Oria, nous savons pour ton pouvoir.

- M... mon pouvoir...? Balbutia-t-elle, tentant de canaliser son angoisse grandissante.

- En effet, que t'a-t-on dit à son sujet ?

- R... rien...

- Humf ... peu importe si tu mens. Moi, je vais te dire la vérité à son sujet. Déclara le spectre noir, qui commençait à faire le tour de bureau. Tu as le pouvoir du soleil, le soleil et toute sa puissance Oria. C'est très puissant, un pouvoir très prisé depuis son apparition." La voix qui frappait les tympans de Oria était de plus en plus inquiétante. "Sais-tu ce que cela veut dire ?"

La jeune femme au cheveux blanc observa un court instant la paume de ses mains et ferma ses yeux. Elle repensa au moment où Jugde allait l'achever, et où cette puissante lumière avait rencontré le givre de Cryo créant une détonation. Le soleil, la lune, le feu et la glace. Ils se ressemblaient autant qu'ils étaient différent. Les mots de Cryo, l'insigne des écoles, tout revenait à son esprit. Les engrenages dans sa tête se mirent à tourner à toute allure, entraînant avec eux un lot d'émotions négatives. Elle eut un violent mouvement de recule qui fit presque basculer sa chaise en arrière. Elle regarda ce spectre qui se tenait à moins d'un mètre d'elle. Voyant son visage effaré, dévoré par la peur, il s'approcha encore et se saississa du menton blanc de Oria. Son contact était glacial, malsain et dérangeant.

"- Personne ne sera au courant de ce que représente ton pouvoir, nous sommes d'accord ?

- D.... d'accord..... acquiessa-t-elle incapable de lutter.

- Dans ce cas, je suis content. Et pour te remercier, je vais te faire une confession."

Oria s'attendait naïvement à une bonne nouvelle qui l'aiderait à voir le bout du tunnel, peut être qu'elle attendait le moment où elle pourrait partir de cette pièce. Mais ce qu'elle entendit la tira encore plus profond dans les abîmes.

"- Ton petit ami... Jugde, va mourir pour être si proche de toi. Il est dangeureux pour toi, je veux te préserver de ce genre de personne malsaine pour une petite princesse tel que toi. murmura-t-il en caressant sa joue. Et Cryo, tu feras tout pour lui croire que ton pouvoir n'est pas ce qu'il croit.

- N...non....je vous en prie.... ne le tuez pas... ne tuez pas Jugde... et je vous jure que je ne dirai rien à Cryo.

- Crois-tu que tu puisses négocier quoi que ce soit ?" Rétorqua-t-il le ton rempli de vice.

Oria répondit simplement par un mouvement de tête de gauche à droite.

"- Nous sommes d'accord. Tu ne peux rien exigé de moi. En revanche, je peux tout exigé de toi." Clama-t-il en poussant sa chaise, la faisant tenir uniquement sur les deux pieds arrière, et approchant son sembla de visage du sien. "Ne trouves-tu pas cela excitant ?"

Oria n'avait plus la force de répondre, ni même de lui accorder un geste. Elle avait baissé les yeux, faible, se sentant abandonnée à son sort.

"- Alors Oria ? N'est-ce pas excitant ?" Insista-t-il.

Une fois encore, elle garda le silence. Les yeux turquoises se plissèrent et dévisagèrent la jeune femme. Il décelait une grande insolence dans son silence. Une chose qu'il ne tolerait pas. Il lâcha la chaise la poussant en arrière. Oria perdit immédiatement l'équilibre et avant de même de comprendre ce qu'il se passait, elle se retrouva au sol, l'arrière de sa tête frappant le carrelage froid. L'ombre mouvante se rua sur elle, l'empêchant de pouvoir exécuté tout mouvement. Il fixait ses yeux bleu de l'océan. Elle était ravissante, comme il l'avait toujours imaginé. Il approcha ce qui lui servait de lèvres de celle de Oria.

"- Nous allons à présent être lié, et ce pour l'éternité Oria, tu le comprends ? Tu ne pourras plus jamais me fuir, ni me mentir, je te suivrai partout si l'envie te prenait de t'échapper. Jusqu'au jour où je m'emparerai de ton pouvoir, je prendrai le soleil qui brûle en toi. Ce jour-là, tu t'éteindras, et moi je vaincrai. C'est le cycle de la vie."

Cela n'avait rien d'insolent, rien de fier ou d'arrogant. Elle était simplement dépassée, terrorisée. Les mots ne suffisaient pas à décrire son état. Ses dernières vingt-quatre heures de détente s'étaient volatilisées, comme si elles n'avaient jamais euent lieux. Elle ne savait pas comment elle parvenait à contenir cet excès de sentiment dans son fort intérieur, elle sentait que tout demandait à sortir, mais elle ne parvenait plus à rien. Jusqu'au moment où une vive douleur s'empara de son être, parcourant chaque parcelle de sa peau fine et fragile. Son coeur manqua un battement et plus aucun air n'entra ou ne sortit de ses poumons. Elle ne put retenir un gémissement de douleur et les larmes s'emparèrent de ses joues. Tout son corps se mit à trembler, mais le corps noir au dessus d'elle persistait, imposant sa force à son corps frêle. Elle ferma les yeux, persuadée qu'elle ne les rouvrirait plus. Seize ans, seize ans de vie misérable, était-ce cela son réel destin ? Elle ne voulait pas s'y résigner, son inconscient ne voulait pas s'y résigner. Une chaleur d'abord douce se dégagea dans le sol, émanant du corps dévasté de Oria. Le spectre, trop occupé à la maintenir en place et à exercer son pouvoir sur elle ne s'aperçut pas de la façon dont la température avait augmenté dans la pièce. Oria sentait son corps se fatiguer de secondes en secondes sans comprendre pourquoi. Elle supposa que c'était à cause de cette chose posée sur elle, mais une force venue d'ailleurs la poussa à ouvrir les yeux. Le premier objet qui s'offrit à son regard troublé de larmes fut la commode en bois. D'un battement de cil, le reflet dans ses pupilles noires changea, passant d'une magnifique commode, dans le genre ancien, dans un bois devenu si rare, à un brasier, visiblement décidé à ne rien épargner sur son passage.

 

 

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