CHAPITRE V : L'ARRACHE-COEUR

Notes de l’auteur : Note de l'autrice : Attention aux âmes sensibles, ce chapitre comporte une scène de combat.

Merci à Flammy, MrOriendo, Mist, Clément, Sebours, Isahorah, Nathalie et Belisade pour leurs commentaires qui m'ont permis d'améliorer ce chapitre :-)

« Si l’on m’avait dit, avant de partir, que je fréquenterais des Elfes, je serais resté chez moi ! maugréait Meghi. Regarde-les, avec leur air de fouine. Ces inumas vont juste finir par nous détrousser et jeter nos corps dans le premier ravin. »

Il poussa un soupir de découragement en flattant l’encolure de son âne. Tout autour s’étendaient les vastes plaines vert et ocre, fermées par la ligne des collines à l’horizon. Les températures s’étaient adoucies en quittant les Ulynes ; un vent tiède, printanier, soufflait. Devant lui, Hjartann chevauchait une jument grise tachetée. Vêtu d’une robe tutsa rouge aux longues manches, avec les cheveux couverts d’un voile tricolore, on aurait pu le confondre avec un Elfe. Meghi ralentit l’allure pour augmenter la distance qui les séparait. Il secoua la tête. Comment pouvait-il s’accoutrer de la sorte et frayer avec ces verrats ?

Des éclaireurs les informaient régulièrement de la situation au sud ; Meghi tressaillit quand on lui raconta une précédente attaque des Nains. Une caravane venait de perdre la moitié des leurs. Le convoi adaptait son itinéraire, en fonction, pour contourner les nabots. Même si Meghi ne cessait de pester contre les Tutsas, il validait à regret la décision de Hjartann : s’ils voulaient arriver à Nisle en un seul morceau, il valait mieux voyager sous leur protection.

Le soir, les roulottes formaient un grand cercle défensif. Les bergers rassemblaient les troupeaux et les guerriers au casque à plume se déployaient. Une multitude de petits feux piquait la lande, comme autant d’étoiles terrestres. À l’instar des familles elfes, Meghi en allumait un pour lui-même. Les tisserands en blouse et aux chaussons de lisière et les bergers aux larges chapeaux de cuir, avec leur femme et leurs enfants, mangeaient et buvaient, appuyés contre les caravanes ou assis autour du foyer. Ce soir, un musicien se risqua à faire glisser son archet sur les cordes d’une citole, maintenue dans le creux de son coude, et Meghi dut reconnaître que la mélodie elfique avait le mérite d’apaiser son cœur agité. Des bribes de conversation lui parvenaient, mais il ne cherchait pas à comprendre leur dialecte. Plusieurs Elfes essayèrent de l’aborder, mais il demeura emmuré dans le silence, bien décidé à éviter leur compagnie. Il jeta un regard oblique vers Hjartann, assis parmi eux, quand une fillette aux longues tresses blondes le tira de ses pensées en déposant de la nourriture près de lui. Dans un litois maladroit, elle tenta une plaisanterie qui ne le fit pas rire du tout. Malgré l’odeur attirante des gâteaux aux légumes qu’elle apportait, Meghi ronchonna et refusa d’y toucher. Il fut soulagé au moment où elle tourna les talons en haussant les épaules. Que croyait-elle ? Qu’ils allaient devenir amis ? Il s’accommodait très bien du bon lard de sa ferme qu’il engloutit avec une dure croute de fromage.

Alors qu’il cherchait une pomme fripée au fond de ses sacoches, il s’immobilisa en retrouvant les épées de son frère, enroulées dans une vieille couverture. À sa mort, Meghi avait fait le choix de garder les deux plus belles. Il les déballa au sol. Son visage s’illumina en imaginant l’avenir radieux qui l’attendait à Nisle. Il empoigna la garde de la première, caressa le tranchant du doigt, puis reporta son attention sur les silhouettes des cavaliers tutsas.

« Je te laisse seul à peine un instant et toi, tu prépares une attaque contre les Elfes ! »

Meghi se retourna en sursautant. Hjartann venait à lui, tout sourire. Si Meghi n’avait pas eu peur qu’on le prenne pour un fou, il aurait affirmé que ces derniers jours, son ami avait rajeuni. Ses joues creuses s’étaient colorées, les cernes violets sous ses yeux s’étaient estompés, le coquard qui lui couvrait l’arcade avait disparu et sa lèvre entaillée s’était refermée. Les chevauchées quotidiennes sur la plaine l’avaient ragaillardi. Certes, il n’était qu’une longue brindille efflanquée, au visage marqué par la maladie, mais de manière générale, il avait repris forme humaine et ne correspondait plus au cadavre gris, tout droit sorti de terre, que Meghi avait rencontré.

« Allez, viens boire un coup avec nous autres, dit Hjartann. Que fais-tu là, à ruminer, tout seul ? Les Tutsas sont très chaleureux et curieux des coutumes étrangères. Ils n’arrêtent pas de me poser des questions sur toi. Pourquoi persistes-tu à rester à l’écart ?

— J’ai un minimum d’estime pour moi-même ! rétorqua Meghi. Je ne tiens pas à rompre le pain avec des inumas ! Encore moins avec des Elfes ! Je n’oublie pas qu’ils ont tué les nôtres, moi. »

Son ami engloutit de petits fromages tutsas, sous son regard critique. Au fond de lui, Meghi leur en voulait toujours. C’était eux les responsables de tous ces morts. C’était bien leur faute si son frère était rentré la tête retournée. Il se remémorait le regard hagard de Himin après la guerre, ses crises d’angoisse abominables pendant lesquelles il revivait les batailles sanglantes, ces journées où il était incapable d’aligner deux mots et encore moins de travailler. Comment Hjartann, un vétéran, pouvait-il leur pardonner ?

Son compagnon secoua la tête. Ses yeux vert clair pétillants, semés de points bruns, le détaillaient d’un air désapprobateur et Meghi y découvrit une lueur sombre qu’il n’y avait pas un instant plus tôt.

« Des inumas ? Cesse d’utiliser ce terme dépréciatif, ami, veux-tu ? »

Il inclina le buste et saisit l’arme couchée à l’horizontale sur la couverture. Il la tourna et la retourna dans sa main.

« D’où sors-tu ce glaive ? demanda-t-il en le soupesant. À part ces taches de rouille, il est plutôt en bon état. Bien équilibré. Celui-ci est un glaive olmien qui a certainement appartenu à un gradé. Ça me fait tout drôle d’en revoir un, après tout ça.

— Alors comme ça, tu es un vétéran.

— En effet, mais cela fait quinze ans que je ne me suis plus entraîné. Je suis bien plus rouillé que ce glaive. »

Meghi se mit debout, la pointe de sa lame levée vers lui. « Allons, ne sois pas modeste. Montre-moi ce que tu as dans le gosier !

— Tu es intéressé par la Voie de l’épée ?

— En vérité ! Avec mon frère, on s’exerçait dès qu’on le pouvait. À Nisle, je serai soldat. Et pas un chouinot ! Le meilleur d’entre eux ! »

Hjartann jeta le dernier bout de fromage dans sa bouche et essuya sa paume sur sa tunique. Son sourire s’élargit. « Fais voir ! »

Il se mit en position, le corps en biais, avec un pied devant lui, le bras à demi allongé, la pointe de son glaive dirigée vers la main armée de Meghi. Celui-ci leva un sourcil ; ils se scrutèrent. Meghi fit un bond et porta un coup de taille, avec le plat de sa lame pour ne pas blesser Hjartann, s’il ne réagissait pas à temps. Avec quelle facilité il l’évita ! Emporté par son élan, Meghi se rattrapa de justesse à une roue de roulotte.

« Dis donc, tu n’es pas mauvais du tout ! » s’exclama-t-il en se retournant.

Avec une épée à la main, Hjartann était métamorphosé. Son regard perçant le traversait, tel un fauve jaugeant sa proie. Ils se repositionnèrent. Cette fois-ci, Meghi tenta une feinte : il fit croire qu’il attaquait par-dessus en levant son arme, alors qu’au dernier moment, il virevolta pour atteindre son flanc. Encore une fois, il suffit d’un simple pas en arrière pour que Hjartann esquive. Il lui flanqua même un coup de pied dans les fesses et éclata de rire quand Meghi roula sur le sol et manqua de plonger, tête la première, dans une bouse de mouflon. Celui-ci n’en laissa rien paraître, mais la désinvolture avec laquelle Hjartann avait esquivé le toucha dans son ego. Comment avait-il pu être débouté aussi facilement par un homme en si mauvaise condition physique ?

Hjartann lui tendit la main en souriant et l’aida à se remettre sur pied.
Meghi épousseta ses chausses : « Tu ne m’as pas menti, tu sais bel et bien te battre !

— J’ai été guerrier toute ma vie. Je suis content de constater que je n’ai pas tout oublié.

— Ça se voit tout de suite que tu as appris à manier l’épée. Enseigne-moi ta botte ! Montre-moi comment tu as réussi à éviter mon coup ! »

Hjartann s’esclaffa. « Tu en redemandes ?

— Bien sûr ! »

Hjartann lui prit le poignet et corrigea sa position.

« Ce n’est pas une botte. Ce n’est rien d’autre qu’une esquive toute simple. Je t’en enseignerai une, de botte, un de ces jours, si tu insistes. Pour commencer, place-toi de la sorte, tu seras plus stable. » Il lui saisit les deux épaules. « Écarte les jambes. » Il mit son pied entre les siens. « Plus souple, bon sang ! » Il secoua son torse. « Tu es raide comme un piquet de bois, Meghi. C’est ton corps entier qui accompagne la lame, non le poignet seul. »

Hjartann devenu maître d’armes, se plaça près de lui et lui montra comment se tenir. Meghi s’empressa de l’imiter du mieux qu’il put. Ils se repositionnèrent ; Meghi n’eut pas le temps de réagir : Hjartann le désarma d’un simple geste et le projeta à terre. Alors que celui-ci éclata de rire, Meghi poussa un cri et se jeta sur lui, mais son ami lui fit mordre la poussière avec une telle facilité que le jeune homme ne put s’empêcher de repenser à leur « rencontre » le long du lac.

« C’était un peu mieux », dit Hjartann en relâchant son étreinte.

Meghi saisit sa main tendue et se remit debout.

« J’enrage ! Je ne t’ai pas atteint une seule fois !

— Les enchaînements que je t’ai montrés doivent d’abord être exécutés sans modification, mais dans une situation réelle, adapte ta défense et renouvèle ta technique ! »

Meghi malaxa son flanc endolori. « Plus facile à dire qu’à faire, tu es bien trop rapide. Impossible d’anticiper quoi que ce soit !

— Avec un entraînement quotidien, ça viendra. »

Meghi s’était pris une de ces raclées ! Il était frappé par l’écart important de niveau entre lui et Hjartann. Plus jeune, son frère avait incarné le meilleur combattant qu’il connaissait, mais c’était indéniable : son ami et professeur, pourtant affaibli, possédait une technique bien supérieure à lui.

« J’ai eu mon compte pour ce soir, mais tu ne perds rien pour attendre », dit Meghi en riant.

Il déplia sa couverture, prêt à s’allonger près du feu, lorsqu’un voile d’inquiétude passa sur le visage de Hjartann. La nuit était bien avancée, mais celui-ci fixait avec insistance un point au loin, quelque part dans le noir.

« Qu’y a-t-il ? demanda Meghi posté près de lui, les sourcils froncés.

— Cette poussière… Ce sont des cavaliers et ils viennent vers nous. »

Il courut vers le camp prévenir les Elfes. Meghi plissa les yeux et scruta la direction indiquée, mais ne discerna rien d’autre que l’obscurité dense qui les enveloppait sous le ciel étoilé. Comment son ami pouvait-il voir quoi que ce soit ?

« Que tous se préparent ! Des brigands nains nous attaquent ! » cria un caravanier.

Le cœur de Meghi fit un bond. Des cloches tintèrent. Les familles coururent se réfugier à l’intérieur du cercle formé par les roulottes. Meghi eut tout juste le temps de ramasser son épée ; un flot d’Elfes apeurés l’entraîna au centre. Des sabots martelaient le sol. Hjartann avait vu juste : des ennemis approchaient. Les commerçants et les bergers se serraient les uns contre les autres, protégeant les enfants dans leur dos. Une dizaine d’entre eux brandissaient une fourche ou une hache de bucheron. Les guerriers vêtus de mailles et coiffés d’un heaume à plume se positionnèrent au niveau des passages où des Nains pouvaient entrer dans le camp. Ils encochèrent leurs flèches. Meghi fut soulagé d’apercevoir Hjartann parmi eux et se hâta de le rejoindre. Il toucha ses bracelets, priant les Trois de les garder en vie. Agrippé à la poignée de son épée, il retint son souffle, dans l’attente anxieuse de la bataille.

Une trentaine de brigands galopaient vers eux sur des poneys puissants en criant de leur voix rauque. Ils tournèrent autour du camp, soulevant des nuages de poussière. Meghi se demandait comment les guerriers tutsas réussissaient à viser dans cette purée de pois. Ils décochèrent leurs flèches, deux bandits s’effondrèrent.

Des combats s’engagèrent au niveau des espaces laissés entre les roulottes. Devant eux, un ennemi enfonça sa hache dans le ventre d’un Elfe. Hjartann lui barra le passage. Le Nain le repoussa d’un coup de bouclier. Le cœur battant, Meghi abattit sa lame qui ricocha contre le bord du casque sans l’entamer. Enserrant la poignée à deux mains, il ficha le fer dans le torse du Nain, pesant de tout son poids, et son épée traversa le cuir. Meghi hoqueta lorsque son adversaire agrippa son poignet et le tira en avant. Haletant, il évita la dague ennemie au dernier moment, mais perdit l’équilibre. Le corps inerte l’emporta dans sa chute. Son genou s’enfonça dans le ventre du cadavre ; son front heurta sa visière gravée d’une figure menaçante. Intrigué, Meghi la releva et détailla les runes tatouées sur les joues de sa première victime, les rides profondes creusées autour de ses minces yeux gris, le filet de sang au coin de ses lèvres.

« Meghi ! Bouge ! Derrière toi ! » hurla Hjartann.

Meghi eut tout juste le temps de se retourner. Couché sur le dos, il ne vit plus que l’éclat de l’énorme hache au-dessus de lui. Hébété, il tira de toutes ses forces sur le pommeau de son épée, mais celle-ci resta fichée dans la poitrine du mort. Il poussa un cri d’épouvante. La hache allait s’abattre, quand son assaillant s’immobilisa. Ses yeux se révulsèrent, sa mâchoire inférieure tomba, son arme glissa de sa main. Derrière lui, Hjartann avait plongé sa lame dans le cou du Nain.

D’un coup de pied, il renversa le cadavre sur le ventre et en extirpa son épée. Un flot de sang jaillit. Meghi rampa en arrière, le cœur au bord des lèvres. Il se pétrifia lorsqu’une flèche se ficha dans la paroi d’une roulotte, à une coudée de sa tête. Des pleurs et des cris de terreur traversaient le camp. Imperturbable, Hjartann s’agenouilla près du mort, coupa les attaches de son gambison, souleva sa tunique. Il empoigna ses côtes et tira d’un coup sec. Meghi écarquilla les yeux. La cage thoracique s’ouvrit en deux. Le bras de Hjartann plongea dans le torse du Nain ; d’un geste, il en arracha le cœur et y mordit à pleines dents. Les narines retroussées, les pupilles dilatées, les joues maculées de sang, il le leva au-dessus de sa tête. Le long cri qu’il poussa figea Meghi sur place. Les Nains reculèrent. Meghi ne voyait plus que le liquide rouge qui dégoulinait le long du poignet de Hjartann. Des hurlements jaillirent de toutes parts, la note plaintive d’un cor retentit.

Les ennemis se repliaient.

« Bien joué, Darrain ! » claironna un cavalier elfe avec des acclamations de victoire.

Un Darrain ? Meghi se releva en s’appuyant sur les coudes. Avait-il bien entendu ? Hjartann se tenait à ses côtés en faisant tournoyer son épée, figure terrifiante dans la nuit. Son visage maculé de sang n’avait plus rien d’Humain. Ses yeux brillaient avec intensité. Il y avait un je-ne-sais-quoi d’animal qui transparaissait en cet instant. Un Darrain ? Des cris d’agonie lui parvenaient, mais aussi des bruits de pas, des gens couraient, des voix s’éloignaient. Un Darrain ? La fumée lui piquait les narines. Les Tutsas se précipitaient pour éteindre les flammes. Les yeux rivés sur la poitrine béante du Nain, Meghi était pétrifié.

Hjartann laissa tomber le cœur serré dans son poing et s’accroupit à ses côtés.

« Es-tu blessé ? Meghi, est-ce que ça va ? J’ai eu si peur. J’ai cru que le Nain t’avait… »

Il posa sa main sanguinolente sur son bras ; ce contact fit revenir Meghi à lui. Ses paupières papillonnèrent.

« Ne me touche pas ! » hurla-t-il en le repoussant.

Le cœur battant, il rampa en arrière et cogna contre un autre cadavre. Jamais il n’avait été confronté à un tel déchaînement de violence et il avait l’horrible impression que partout autour de lui, il n’y avait que des morts. Cela faisait des années qu’il s’entraînait dans la grange ; il avait toujours pensé qu’il serait apte à faire face à une situation similaire. Il fixait la silhouette du Darrain qui se détachait contre les flammes rouges, comme s’il le voyait pour la première fois. Meghi avait la gorge sèche ; ses yeux le brûlaient. Avait-il voyagé toutes ces semaines, sans le savoir, en compagnie d’un Darrain ? Il se releva, vacilla sur ses jambes molles, s’agrippa à la rampe d’une roulotte. Hjartann voulut l’aider, Meghi recula.

« Un Darrain ! s’exclama-t-il, la bouche pâteuse. Ces êtres sanguinaires ! Je pensais qu’ils ne supportaient pas le soleil ! Qu’ils tombaient en poussière quand ils étaient touchés par la lumière ! Je ne me doutais pas que… Et toi, tu… Comment ai-je pu être si naïf ?

— Comment ?

— Pourquoi me l’avoir caché ?

— Meghi, reprends-toi, ça n’a pas tant d’importance.

— Pourquoi n’avoir rien dit ? insista Meghi.

— Je ne t’ai jamais menti… Ne nous disputons pas à propos de ça. Pas maintenant.

— C’est tout ce que tu trouves à répondre ? »

Le Darrain reporta son attention sur le camp pendant un court laps de temps. Les Tutsas éteignaient les flammes qui dévoraient une tente.

« Calme-toi ! Tu réagis de manière inconsidérée. »

Meghi hoqueta : « Être trahi par son ami !

— Trahi… ? Meghi, tu es choqué. Es-tu blessé ? Tu ne sais plus ce que tu dis. Allons aider les Tutsas afin de repartir au plus vite. Nous pourrons ensuite en parler plus posément. »

Les villageois décrivaient les Darrains comme des êtres dangereux, des démons buvant le sang des Hommes pour les transformer en monstres. Son frère lui avait toujours recommandé de s’en tenir éloigné. Qu’aurait-il pensé s’il avait appris que Meghi voyageait en compagnie d’un Darrain ? Quel inconscient ! Comment avait-il pu être aussi dupe ? Une bouffée de colère monta en lui.

Les joues en feu, il s’écria : « Tu me le caches depuis le début. Qu’est-ce que tu faisais à rôder autour du lac ? Est-ce que tu cherchais des proies ?

— Ça suffit, Meghi. Bien sûr que non !

— Tu te fous de moi ? Je te prenais pour un compagnon alors que toi, tu ne pensais qu’à me dévorer ! Avoue-le ! Qu’est-ce que je représente pour toi ? Une simple prise ? 

— Pardon ?

— Oui, je te faisais confiance. En réalité, tu attendais le bon moment pour m’arracher le cœur. Tu n’es qu’un vulgaire prédateur. Une sangsue, voilà ce que tu es ! Avec les mains couvertes de sang !

— Bien sûr. Et toi tu es un ange. Regarde tes propres mains, à présent ! »

À ses pieds était étendu le Nain que Meghi avait tué. Celui-ci déglutit, les larmes aux yeux.

Hjartann lâcha d’une voix dure : « Tu as choisi de cheminer avec moi, je ne t’ai pas forcé.

— Jamais je n’aurais… Comment as-tu pu me le cacher ?

— Meghi, si je ne te l’ai pas dit, c’était justement pour éviter ce genre de drames. Et si c’est ainsi que tu réagis, je ne vais pas perdre mon temps à te faire changer d’avis. »
Il fit un pas en arrière, arborant un sourire mauvais. « Tu me détestes maintenant. Je le savais, tu es empli de préjugés contre les autres races. »

Meghi mordilla sa lèvre inférieure. Il se rappela la détresse de Hjartann près du lac, son enthousiasme pour voyager avec lui. Seul, sans son aide, Meghi n’aurait pas survécu un jour sur la plaine. Et en abattant le Nain, Hjartann lui avait sauvé la vie. Depuis leur rencontre, les deux compagnons se soutenaient. Son frère et les autres villageois s’étaient-ils mépris sur les Elfes et les Darrains ? Pourquoi Meghi se méfiait-il de lui à ce point ? Hjartann n’avait rien d’un monstre. Pour sûr, il ne le détestait pas.

« Tu sais quoi, Meghi, tu me déçois », dit Hjartann.

Meghi tremblota. Hjartann reculait, montrant ses paumes vides, comme s’il se rendait. Ses prunelles scintillaient, telle la rosée, mais nulle trace d’animosité n’y était discernable.

Il dit encore : « Débrouille-toi. Cette réaction, je l’ai bien souvent vécue. J’aurais pensé que toi, tu… Naïvement, je ne l’escomptais pas… »

— Attends ! »

Mais c’était trop tard. Hjartann tourna les talons et s’éloigna à grands pas.

Meghi eut un coup au cœur qui lui fit l’effet d’un coup de poignard, lorsqu’il comprit qu’il venait de perdre son ami.

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Athérée
Posté le 11/03/2023
Il était incroyable ce chapitre!

Déjà la scène de combat est vraiment bien écrite, on visualise facilement ce qui se passe, hate de voir ce que ça va donner sur des combats plus longs( parce que je suppose qu’il y en aura )

Ensuite j’attendais d’en apprendre plus sur Hjartann est je suis vraiment pas déçue c’est mieux que tout ce que j’avais imaginé!

Tout ça pour dire que si j’avais beaucoup aimé le début je suis maintenant vraiment convaincue du potentiel énorme de ton histoire (J’ai eu l’impression en lisant que j’avais trouvé une histoire qui allait vraiment m’obséder)

Aussi j’avais dit que je commenterai seulement quand j’ai quelque chose d’intéressant à dire, à partir de maintenant je vais vraiment le faire mdr:)
Peridotite
Posté le 12/03/2023
Coucou Athérée,

Merci beaucoup pour ton message encourageant 🙂

J'espère que la suite te plaira tout autant
Nanouchka
Posté le 28/02/2023
Aloooooors, des sentiments mitigés sur ce chapitre.

J'étais bercée par la scène classique de l'entraînement à l'épée par le mentor et notre petit jeune qui découvre qu'en fait il a beaucoup à apprendre. Ça m'a rappelé Eragon et Le Seigneur des Anneaux, j'étais en zone de confort.

J'ai a-do-ré la scène de la bataille, ce qui est très inattendu pour moi. Ce moment où Hjartann mange le coeur du Nain, j'étais en choc réjoui. Et qu'on nous crie et répète le titre du roman, ça rajoutait à la joie ("c'est donc de ça qu'on est venus parler"). Jamais rencontré cette créature dans mes lectures, en plus, donc je suis intriguée.

En revanche, je n'ai pas du tout été convaincue par la dispute qui s'ensuit... Déjà, j'ai trouvé que ça tournait un peu en rond.
Et puis, je n'étais pas emballée par l'argument "tu m'as trahi, tu voulais me manger", qui me semble un peu faible étant donné que de toute évidence Hjartann ne lui a jamais fait de mal. J'aurais trouvé plus intéressant le "tu m'as trahi parce que tu savais que je ne t'aurais pas aidé, que nous les humains on n'aide pas les gens comme toi", un truc dans ce goût-là mais de façon peut-être un tout petit peu moins directe. Aller plus dans le "c'est à cause de créatures/choses comme toi que mon frère est mort". Pousser la dispute dans le personnel, le brutal, pour qu'on puisse croire que Hjartann le prenne mal.
J'étais d'ailleurs étonnée que Hjartann ne se dise pas que ce soit normal que Meghi ait besoin de quelques minutes pour s'habituer à la nouvelle, et qu'il lui fasse genre "calme-toi, fais pas ton hystérique" alors que manifestement son espèce est très décriée et donc que la réaction de Meghi est de fait très "normale". Je comprends qu'il soit déçu parce qu'ils avaient tissé un lien, mais je l'aurais rendu plus patient, et à mon sens il faudrait vraiment une phrase-choc de Meghi pour qu'il s'énerve à son tour.

Coquille : "adapte ta défense et renouvèle ta technique" renouvelle
Peridotite
Posté le 01/03/2023
Coucou Nanouchka,

Contente que tu ais apprécié de découvrir un Darrain et que la scène du cœur t’ait plu. Elle est un peu gore. 😊

La dispute, oui. Je vois ce que tu veux dire, mais en même temps, cet effet de tourner en rond est bien celui que je souhaitais créer. En gros, M se monte le bourrichon tout seul. C’est totalement irrationnel, il n’a aucune raison de penser ça. Il est tout effrayé, sous le choc, et basarde n’importe quoi.

Je comprends tes suggestions, mais tu verras qu’elles ne colleraient pas avec la suite. En t’imaginant un Darrain comme un Vampire, tu as raison, mais ici, les Darrains forment une communauté et vivent avec les Humains. Ils ne sont pas solitaires comme d’habitude. Donc dire que les Humains n’aident pas les gens comme lui serait confusant, parce que tu verras, ce n’est pas le cas. D’ailleurs Humains et Darrains étaient alliés pendant la guerre des Ulynes (celle où le frère de M a combattu). Donc ta surprise est normale en quelque sorte, car Hjartann n’est pas non plus habitué à cette réaction et quand bien même, vu qui il est et sa psychologie (tu verras plus loin), il n’a aucune raison de traîner avec un paysan comme Meghi, surtout s’il a ce genre de pensées racistes. En gros, ils sont tous deux en mode grosse incompréhension envers l'un et l'autre.

Merci beaucoup pour ton commentaire qui me fait réfléchir 😊
Nanouchka
Posté le 03/03/2023
D'accord, très intéressant. Peut-être qu'on reparlera de cette dispute entre eux une fois que j'aurai lu le reste, alors.
Flammy
Posté le 16/01/2023
Coucou !

Un chapitre où il se passe pleins de choses =D

J'aime bien que Meghi reste bougon et très raciste. Il a été élevé comme ça, c'est normal qu'il pense ça, et il reste bien dans sa position, ça rend très bien. Pour ça, j'ai vraiment apprécié tout le début du chapitre qui rend bien cette vie de tous les jours où il se met à l'écart (alors que tous les autres sont très cools).

La dynamique qui se met en place pendant l'entraînement est très bien. J'avais peur que Meghi le prenne mal, mais il a vraiment juste envie de progresser et ça part vraiment sur du prof/élève. Par contre, pour moi, il ressort de cet entraînement que Meghi est vraiment très mauvais (ou du moins, très très mal entraîné), et je sais pas si c'était l'impression que tu voulais rendre. Le fait qu'il suffit de reculer d'un pas pour l'esquiver, et qu'il confonde ça avec une botte, ça donne vraiment une très grosse impression d'amateurisme à mes yeux. Après, c'était peut-être le but, mais je préfère souligner.

Sinon, je ne sais pas quelle direction tu veux donner à ton roman, à quel point tu veux aller dans les batailles, le sang et le gore, mais personnellement, je trouve que tu aurais pu aller plus loin dans cette bataille. Plus décrire la panique, la peur, les bruits de luttes autour, la fumée, la confusion... Tu le sais, mais je pense que tu pourrais aller plus loin dans ces aspects-là, histoire de marquer un grand coup vu que c'est la première bataille de Meghi.

Bon, Hjartann n'est pas humain. Vu le titre, je me demande à quel point c'est pas lui le vrai héros de l'histoire et si Meghi n'est pas juste un prétexte pour introduire l'histoire. La réaction de Meghi est cohérente avec lui. J'ai trouvé très touchant que Hjartann montre sincèrement son inquiétude pour lui, même si après, ça part tout de suite en cacahuète.

"Son frère et les autres villageois s’étaient-ils mépris sur les Elfes et les Darrains ? Hjartann n’avait rien d’un monstre. Il se rappela la détresse de son ami près du lac, son enthousiasme pour voyager avec lui. Il l’avait aidé en lui conseillant de rejoindre les Tutsas. Seul, Meghi n’aurait pas survécu un jour sur la plaine. Et en abattant le Nain, Hjartann lui avait sauvé la vie. Pourquoi Meghi se méfiait-il de lui à ce point ? Pour sûr, il ne le détestait pas." Je trouve là le changement de Meghi un peu rapide. Tu insistes tellement sur ses préjugés, je m'attendrai personnellement à une phase où "Non mais Hjartann n'est pas comme les autres", avant de remettre en cause tout ce que la société lui a appris. Surtout que dans la narration, il fait toujours référence à lui comme à son amis, ça donne l'impression qu'il retourne sa veste un peu vite je trouve.

Sinon, deux remarques :

"Les tisserands en blouse et aux chaussons de lisière" Je ne comprends pas trop ce que tu veux dire pas chaussons de lisière ^^"

"Il empoigna ses côtes et tira d’un coup sec. Meghi écarquilla les yeux. La cage thoracique s’ouvrit en deux." Bon, j'ai compris par la suite qu'il était pas humain, donc il a peut-être une force ouf, mais pour quelqu'un qui s'et fait rosser par Meghi ya pas si longtemps, ouvrir une cage thoracique à mains nues, ça demande vraiment beaucoup beaucoup de force ^^" C'est pas pour rien que pour les opération à coeur ouvert, ya une étape scie.

Voilà pour mes retours ! J'ai globalement beaucoup apprécié le chapitre, et je suis très curieuse de quel tournant va prendre la relation entre les deux =D
Peridotite
Posté le 16/01/2023
Coucou Flammy,

Merci pour ton passage ici 🙂

Oui tu as bien vu : Meghi est grave pourri à l'épée, c'est un ancien fermier qui s'y croit. La différence est d'autant plus marquée qu'il se bat avec un bretteur très doué (on l'apprendra plus tard).

Perso, j'ai fait le choix de pas trop aller dans le gore. Je n'aime pas trop ça. Là je trouvais déjà ça pas mal gore avec le coeur arraché et tout. 😅

Pour le Darrain, je te laisse découvrir. Pour moi, ça pourrait ne pas être Hjartann le Darrain du titre, mais je ne veux pas te spoiler, cas où tu t'aventurerais plus loin.


Pour les pinaillages :
"je m'attendrai personnellement à une phase où "Non mais Hjartann n'est pas comme les autres", avant de remettre en cause tout ce que la société lui a appris"
> Je pourrais en effet ajouter ça, tu as raison

Les chaussons de lisière existaient au XIXe siècle, j’ai trouvé ça en lisant des vieux bouquins type Flaubert et vu que je ne connaissais pas moi non plus, je me disais que ça pourrait faire très bien chez mes elfes. Je t’envoie vers le wiki des chaussons :
https://fr.wiktionary.org/wiki/chausson_de_lisi%C3%A8re

Merci pour ton commentaire, j'espère que la suite te plaira 🙂
MrOriendo
Posté le 11/01/2023
Hello Péridotite,

Encore un très bon chapitre qui ne manque pas d'action. Tu profites du voyage de la caravane pour faire une ellipse qui n'est pas dérangeante, puisqu'on comprend rapidement que le coeur du chapitre se concentre sur la méfiance de Meghi pour les elfes et l'attaque du campement.
À ce sujet, j'ai aimé ta manière de raconter les combats lorsque le raid des Nains a frappé le convoi. Le fait que les roulottes soient positionnées en cercle défensif est intéressant, c'est quelque-chose qui se pratiquait historiquement lorsque des convois se déplaçaient face aux routiers et aux brigands. L'assaut nain est vivant, dynamique, violent mais pas trop (bon, à part le passage de l'arrache-coeur qui fait froid dans le dos...), je retrouve ici le style qui m'avait séduit dans ton prologue.
Je suis un poil plus réservé sur la scène d'entraînement à l'épée juste avant : dans l'ensemble elle est très bien racontée et Hj prend bien le costume du maître. Mais il y a quelques mouvements d'épée que je trouve incohérents et peu visuels, cf mes remarques ci-dessous.
Dans la scène finale, l'effroi de Meghi quand il découvre la nature de son ami est vraiment bien dosé, la répétition dans la narration de l'expression "un Darrain ?" fait vraiment bien le travail pour transmettre la sidération au lecteur. On a l'impression que la bataille continue autour de lui mais que Meghi est figé et qu'il n'y a plus que ça qui compte à ses yeux, comme si on l'avait placé en arrêt sur image. Ce genre de procédé d'écriture fonctionne super bien, c'est un très bon choix :)

Quelques remarques :

- "Enfin, rien contre toi, Bachi !" --> Je ne comprends pas cette ligne de dialogue. Quel rapport entre l'âne, les inumas et le fait que les elfes puissent les dépouiller et les jeter dans un ravin ?

- "Les tisserands en blouse et aux chaussons de lisière" --> chaussons de lisière ? Que veux-tu dire par là ? Est-ce un matériau propre à ton univers ? Je me pose cette question car tu parles d'un chapeau en cuir juste après.

- "Meghi dut reconnaître que la mélodie apaisante bien qu’elfique avait le mérite de calmer son cœur agité" --> Je trouve cette formulation maladroite. J'aurais plutôt mis quelque-chose comme "Meghi dut reconnaître que la mélodie elfique avait le mérite de calmer/d'apaiser son cœur agité".
Je comprends l'effet que tu recherches, le côté "ouais bon, c'est elfique, je déteste tout ce qui est elfique, mais c'est vrai que c'est quand même pas mal". Mais ton "bien qu'elfique" dans la phrase sonne étrangement et ajoute un côté alambiqué qui n'est pas nécessaire :)
Le "dut reconnaître que" sous-entend déjà qu'il le reconnait à contrecœur.

- "Elle tenta une plaisanterie qui ne le fit pas rire du tout." --> Deux phrases avant, tu indiques que Meghi ne parvient pas à les comprendre. Comment peut-il alors juger que la plaisanterie de la jeune elfe n'est pas drôle s'il ne la comprend pas ?

- "C’était bien leur faute si son frère était rentré la tête toute retournée." --> la tête toute retournée, ça fait un peu badin et léger comme expression. Juste après, tu emploies un vocabulaire plus direct pour parler des angoisses de son frère, pourquoi ne pas dire dès cet instant qu'il est rentré traumatisé ?

- "Alors comme ça, tu es un vétéran, un zérègue" --> Autre incohérence à mon avis. À la fin du chapitre précédent, Meghi ignorait totalement le sens du mot zérègue quand l'elfe l'a prononcé devant lui. Même si tu ajoutes ensuite "Hjartann lui glissa un regard sceptique, comme s’il suspectait que Meghi en ignorait la signification.", ça tombe un peu comme un cheveu sur la soupe. Zérègue pourrait signifier tout et n'importe quoi, on a l'impression que Meghi décide de l'utiliser au petit bonheur la chance et que par hasard, il trouve la bonne signification. Je comprends ta volonté d'apporter la traduction du terme au lecteur, mais là ça fait très artificiel et ça ne fonctionne pas très bien à mon sens.

- "il virevolta et effectua un demi-tour sur lui-même pour atteindre son flanc" --> Pratiquant aussi l'escrime, j'ai du mal à visualiser le mouvement à partir de cette description. S'il fait un demi-tour, il tourne le dos à Hj ? Comment peut-il alors l'atteindre au flanc ? En plus, tourner sur lui-même comme tu le décris l'exposerait à une contre-attaque, c'est lui qui ouvrirait sa garde au niveau du flanc. Je suggère d'ôter cette idée de demi-tour et de garder seulement le terme virevolta, qui reste vague mais n'induit pas en erreur et amène la touche de vitesse et de fluidité que tu recherchais (je suppose en tout cas que c'était ton but).

- "Encore une fois, il suffit d’un simple pas de côté pour que Hjartann esquive." --> De nouveau, j'ai du mal à visualiser le truc. Si Meghi attaque Hj sur le flanc, sa lame arrive logiquement à l'horizontale pour le frapper au niveau de la hanche ou du bras (en imaginant qu'il ait le bras le long du corps, ce qui est peu probable de la part d'un combattant expérimenté). Donc, on est sur un mouvement de rotation horizontale, ce qu'on appelle un tranché dans le jargon de l'esquive médiévale. Avec un pas sur le côté, Hj ne peut pas l'esquiver, puisque d'un côté il se précipite sur la lame et de l'autre, un seul pas n'est pas suffisant pour s'éloigner à cause de l'allonge. Il faudrait soit qu'il se baisse (mais vraiment à ras du sol, si Meghi attaque sa hanche) ou qu'il recule. Et là, il pourrait se mettre hors de portée de son adversaire.
De manière générale et pour ton information, il y a principalement quatre types d'attaques dans l'escrime médiévale (qui se distinguent ensuite en une multitudes de fentes et de parades) : le parti, qui est l'attaque verticale où on frappe de haut en bas, souvent pour toucher son adversaire à la tête ou sur l'épaule ; la taille, ou taillé, qui consiste en une frappe diagonale au niveau de la base du cou ; l'estoc qui est une frappe d'allonge où l'on essaie de transpercer son adversaire ; et le tranché (parfois aussi appelé coupé) qui arrive de manière horizontale pour frapper le flanc ou décapiter. En tout cas, ça c'est pour l'escrime codifiée et pratiquée en tournoi ou dans les compétitions de béhourd. Sur un champ de bataille évidemment, ce genre de "règles" cède souvent la place à l'instinct et à l'improvisation. Mais ça peut te permettre de mieux visualiser les mouvements possibles :)
Il existe bien entendu beaucoup d'autres techniques (enroulé, fente, flèche, battement, etc...) mais ça deviendrait inutilement technique si je me lançais dans un exposé là-dessus xD
(Note que je ne dis pas ça pour que tu utilises un vocabulaire technique qui perdrait le lecteur, mais bien pour t'aider à visualiser les principaux coups possible et donner vie à ta scène de combat. Si jamais le sujet t'intéresse et si tu veux plus de précisions, n'hésite pas à me contacter directement par message).

- "mais la désinvolture avec laquelle Hjartann avait paré le toucha dans son ego" --> il n'a pas paré, il a esquivé. Parer, c'est bloquer la lame adverse avec la sienne pour se protéger. C'est une technique de défense très différente ;)
Peridotite
Posté le 12/01/2023
Coucou Oriendo,

Merci beaucoup pour ton commentaire détaillé, tu as raison de me faire remonter tout ça

Pour les roulottes en cercle, je me suis inspirée de ce qui se passait aux États-Unis pendant la conquête de l’Ouest. Quand les colons européens étaient attaqués par les Indiens, ils se positionnaient en cercle de la sorte, pour protéger le convoi.

Les chaussons de lisière, c’est quelque chose qui existait au XIXe siècle, j’ai trouvé ça en lisant des vieux bouquins et vu que je ne connaissais pas moi non plus, je me disais que ça pourrait faire très bien chez mes elfes. Je t’envoie vers le wiki des chaussons :
https://fr.wiktionary.org/wiki/lisi%C3%A8re#fr
https://fr.wiktionary.org/wiki/chausson_de_lisi%C3%A8re
Sur le wiki, il y a un exemple de Balzac. Dans mon cas, je crois que je l’avais vu dans Flaubert si je dis pas de connerie.

« Le "dut reconnaître que" sous-entend déjà qu'il le reconnait à contrecœur. »
> Oui, tu as raison, je vais changer par soucis de fluidité. À force d’avoir le nez dans le texte, je ne me rends pas bien compte.

« Elle tenta une plaisanterie qui ne le fit pas rire du tout. »
> Je vais préciser qu’elle fait l’effort de s’exprimer dans un litois maladroit, ce qui renforcerait encore le côté mufle de Meghi

« Je comprends ta volonté d'apporter la traduction du terme au lecteur, mais là ça fait très artificiel et ça ne fonctionne pas très bien à mon sens. »
> Dac je vais changer ça

« Je suggère d'ôter cette idée de demi-tour et de garder seulement le terme virevolta »
> Cool, un escrimeur ! Tu risques de me taper sur les doigts pleins de fois, ils se battent encore à l’épée par la suite et je doute que ce soit hyper réaliste 😊
> Je vais suivre ta suggestion et faire comme tu dis.

« ou qu'il recule.”
> Il peut reculer d’un pas, ça irait ? J’aimerais montrer qu’il n’a même pas besoin de parer tant le niveau entre les 2 est grand.

« il n'a pas paré, il a esquivé. »
> Oui tu as raison, dans ma tête, c’était presque des synonymes, je vais changer

C’est vrai que j’ai utilisé le terme de taille parce que je pensais (à tort) qu’il attaquerait le torse (et non le cou), mais j’imagine que ça fonctionne aussi s’il attaque le cou. Mon idée ici, c’est que Meghi est pas top à l’épée comparé à Hjartann. Et donc que c’est simple pour Hjartann d’esquiver.

Un grand merci pour ton commentaire, tu m’as donné du travail 😊
Mist
Posté le 28/12/2022
chapitre sympa qui nous montre un peu plus la mentalité des personnages :)

juste 2 remarques :

"Les guerriers vêtus de mailles et coiffés d’un heaume à plume se positionnèrent au niveau des passages où des Nains pouvaient entrer dans le camp."
A ce stade on n'est pas sensé savoir que ce sont des nains qui attaquent... et d'ailleurs, juste après tu parles d'une trentaine de brigands.
et plus bas tu parles d'un ennemi qui enfonce sa hache dans le ventre d'un elfe, et ensuite tu parles d'un nain qui repousse Hjartann.
le fait de parler de brigands, d'ennemis, puis de nain apporte de la confusion.
ce serait plus clair d'annoncer directement que ce sont des nains qui attaquent (du moins le dire dès qu'ils deviennent visibles)
en fait dans une scène de combat de ce type, lorsque l'ennemi est différent (que ce soit des nains, des cyclopes ou des poulpes en chapeau plume) il est primordial de le dire d'entrée
et une autre part de confusion vient du fait qu'on peut imaginer que les elfes sont attaqués par des brigands et que des nains arrivent pour les aider...

"Il se rappela la détresse de Hjartann près du lac, son enthousiasme pour voyager avec lui, leur entraînement à l’épée sur la plaine"
A la manièer dont la phrase est construite on a l'impression qu'il se souvient d'un entrainement qui a eu lieu dans les jours passés, alors que son entrainement il vient de le faire 5 minutes avant...
ça fait bizarre
Peridotite
Posté le 29/12/2022
Je vais éclaircir cette histoire de Nains qui attaquent. Ce sont des brigands, je vais ajouter quelque chose histoire de clarifier.

Oui t'as raison pour la 2e phrase, c'est un reliquat de version antérieure, je vais changer,

Merci beaucoup pour ton message 🙂
ClementNobrad
Posté le 04/12/2022
Je n'ai lu que la première partie du chapitre. Je continuerai plus tard dans la journée.

Le vagabondage des deux nouveaux compagnons est immersif. Le rappel de la haine qu'éprouve Meghi envers les elfes est bienvenue.

Après, le saut dans le temps que tu as effectué est un peu long à mon goût pour qu'il ne se soient rien passé d'intéressant à raconter jusqu'alors. Ils voyagent apparemment depuis plusieurs semaines ensemble et lors de leur petite joute ont l'air de se découvrir pour la première fois. On aurait dit un événement qui aurait eu lieu au bout de 2 3 jours de voyage, d'autant plus que Meghi ne se cache pas de vouloir devenir guerrier. Hjartan aurait pu lui proposer des exercices beaucoup plus tôt, même malgré sa condition.


"Il jeta un regard oblique vers Hjartann, parmi eux. Une fillette aux longues tresses blondes le tira de ses pensées et déposa..." Je pense qu'il y a un problème de ponctuation autour du "parmi eux".

Je commenterai la suite plus tard.
ClementNobrad
Posté le 04/12/2022
Alors là, je ne m'attendais pas à cette extraction de cœur. Scène très théâtrale mais qui apporte le gore qu'il faut. Petite réserve cependant : pourquoi s'est-il senti obligé de manger ce cœur en plein milieu d'un moment critique? Ca sera expliqué plus tard ? Car un tel geste ne peut qu'heurter son compagnon de voyage, il le sait pertinemment. Le fait qu'il se vexe du manque d'ouverture d'esprit de Meghi est un peu fort...



"mais nulle trace d’animosité n’y était discernable."! La tournure de cette phrase est un peu lourde comparé à ton style habituel.

Dernière remarque, le titre du chapitre. "Dispute", je trouve ça un peu léger. Un titre qui se rapporte à l'arrachage de coeur serait peut-être plus fort. :)
Au plaisir de te lire.
Peridotite
Posté le 05/12/2022
Coucou Clément,

Merci pour ton message,

Tu lis super vite ! Je me sens escargot à côté :-)

Tu comprendras plus tard pourquoi il croque dans le coeur. C'est en lien avec la race des Darrains. Sur le coup, je pense que c'est pour foutre les pétoches aux Nains et justement montrer ce qu'il est (= un guerrier darrain).

Ils commencent des entraînements ensemble, mais au vu de l'état de Hj, je ne vois pas trop pourquoi Meghi lui demanderait de le faire avant, d'autant que Meghi reste à l'écart, car il agit comme un mufle avec les Elfes. :-) Du coup je sais pas trop, mais je garde ta remarque en tête.

Tu crois que l'Arrache-coeur serait un meilleur titre ? C'est vrai que ça pourrait plus claquer ?

Je vais corriger les phrases que tu as relevées, merci de me les avoir fait remonter,

Merci encore !
Sebours
Posté le 10/11/2022
Salut!

On comprend un peu mieux le titre de l'histoire avec ce chapitre. Et pour le coup, on a vraiment deux unités (1/ l'entrainement, le nouveau mentor 2/ l'attaque et la dispute). Pour le coup, je ferais du 1/ un chapitre distinct (voir plusieurs) pour étoffer encore plus la relation Hjartann-Meghi. Cela renforcerait l'importance de la dispute

J'ai relevé quelques petits points de détail.

"Le soir, les roulottes s’enroulaient... ", dans le précédent chapitre "les palais s'enroulaient..." en fait tout s'enroule dans ton univers! C'est juste pour te dire de faire attention dans tes descriptions à varier les termes.

Pourquoi les bergers doivent-ils regrouper les troupeaux? En transhumance, par principe les troupeaux sont formés. Je pense que ce à quoi tu pensais, c'est que le soir, ils les parquent.

Dans le combat, pour moi, il y a une chose impossible, c'est que Meghi perce une côte de mailles (naine qui plus est!) avec son épée. Le principe des côtes et des armures c'est de viser les failles car elles sont impénétrables. Soit le nain n'a qu'une cuirasse en cuir, soit Meghi trouve un point faible (aisselle, gorge, oeil...)

Enfin dans la phrase:
"Devant eux, un Nain fit tomber sa hache dans le ventre d’un Elfe." je ne trouve pas le verbe approprié. Le nain frappa de sa hache. projeta? abattit?

Voila! Voila!
En tout cas, Hjartann gagne en épaisseur et commence à me plaire.
Peridotite
Posté le 10/11/2022
Coucou Sebours,

Merci pour ton message,

Je ne sais pas si je vais suivre ton conseil et démultiplier les chapitres. Je verrai, ils suivent tous une sorte de construction et j'ai peur de briser la logique.

C'est vrai pour "s'enroulait", tu as l'oeil. Je vais en changer un, peut-être celui du chapitre précédent du coup.

Oui, j'imaginais qu'ils les parquaient en effet, pour pas qu'ils disparaissent la nuit en vaquant sur la lande. Je vais mettre ce verbe plutôt du coup.

Je pourrais le faire porter une armure de fortune, une armure de cuir comme tu le dis. Après tout, ce ne sont que des brigands. C'est vrai qu'avec une épée, c'est plus compliqué de percer la maille. C'est les lances qui étaient utilisées pour ça, si je me souviens bien. Je vais changer.

Merci pour tes remarques, quelques petits ajustements s'imposent :-)
Peridotite
Posté le 13/11/2022
Coucou Sébours,

Suite à ton message, je me suis renseignée sur les troupeaux. Ici, les Elfes sont nomades et les drôles de bovins qu'ils ont, je les compare plus à des yaks. Le soir, les Mongols regroupent bel et bien leurs yaks (4-5 yaks avec des cordes attachées à des piquets), car les yaks n'ont pas tendance à former naturellement des troupeaux et ainsi regroupés, ils deviennent copains en quelque sorte et se suivent. Ça évite que des bêtes partent seules de leur côté et se perdent. Ce n'est pas comme la transhumance. Dans ce cas-là, ce n'est pas tout le village qui conduit les moutons mais seulement les bergers qui les emmènent dans la montagne ou dans la plaine. Bref bref, je ne sais pas si ça t'intéresse mais tu sais tout sur les yaks maintenant hihi :-)

J'ai corrigé les mailles par une armure de cuir,

Merci encore pour ton message qui m'a permis de tout bien rechecker :-)
Sebours
Posté le 13/11/2022
Oui, c'est vrai que tes bêtes ne sont pas vraiment des moutons! En écrivant, je me rends compte que c'est dingue le nombre de recherches annexes qu'on effectue pour écrire nos histoires!
Peridotite
Posté le 14/11/2022
Haha c'est clair. On va pouvoir se la péter en soirées mondaines :-)
Nathalie
Posté le 06/11/2022
Bonjour Peridotite

Très belle scène de combat, d'amitié, de déception. Tu décris très bien les émotions humaines, le sentiment de trahison chez les deux compagnons.

Une remarque en passant : Quand on s'entraîne au corps à corps, on ne le fait jamais à arme réelle. Bien trop dangereux. On prend des bâtons et même là, ça peut faire très mal. Aller en chercher dans les bois alentours n'est pas compliqué. Mais bon, je pinaille, j'avoue...
Peridotite
Posté le 07/11/2022
Coucou Nathalie,

Merci pour ton message. Ma version précédente était en effet avec des bâtons, mais je me suis dit que ça ferait des allers-et-retour dans l'écriture, du coup je perds en réalisme c'est vrai.
Isahorah Torys
Posté le 27/10/2022
Dans ce chapitre, j'ai adoré lorsque Meghi fait face à la réalité des champs de bataille, qu'il se rende compte à quel point c'est un univers rude et sanguinolent. Il se rendra sûrement compte à quel point il devra s'endurcir pour devenir soldat. Puis, on comprend enfin le titre de ton œuvre, le darrain. Même si on a encore peu de détails à ce sujet, le fait de voir meghi réagir avec la petitesse d'esprit d'un villageois qui n'a jamais quitté ses terres, le rend d'autant plus humain. Un choix s'impose à lui... continuer à penser ainsi, dirigé par les "on-dit" ou choisir enfin avec sa tête.
Peridotite
Posté le 28/10/2022
Coucou Isahorah,

Un grand merci pour ton commentaire, tu as bien cerné mon intention ici. Meghi doit dépasser ses préjugés pour avancer. Merci pour tes messages qui me permettent de voir ce qui fonctionne ou non dans le texte
Belisade
Posté le 21/10/2022
Bonjour Peridotite
Dans ce chapitre, on assiste à l'apprentissage de Meghi par son 'maître'. D'abord il apprend la théorie (il fait partie des soldats qui manient les armes / épées), puis il la met en pratique lors de l'attaque des 'brigands'.
Le personnage de Hjartann déjà très intéressant révèle une nouvelle facette de sa personnalité. On devine qu'il a encore d'autres cordes à son arc.
J'aime bien le côté un peu naïf de Meghi. Il semble toujours surpris de découvrir les choses. Ce doit être dû à son origine villageoise, son parler patois et son âne. Nul doute qu'il va progresser tout au long de l'histoire pour devenir un véritable héros.
Je ne peux pas croire que Meghi ait déjà perdu son ami et mentor.
Suite au prochain chapitre.
Merci pour ce plaisir de la fantasy.
Peridotite
Posté le 22/10/2022
Bonjour Belisade,

Merci beaucoup pour ton commentaire, je suis vraiment contente de voir que tu apprécies les personnages et l'ambiance :-)
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