Chapitre Un.

La foudre frappait deux fois par jour dans le royaume d’Asafir. Chaque matin sur la statue de Tonirea, et chaque soir sur celle de Fugirea. Avant d’être changés en pierre et de servir de tristes décorations aux jardins du château, ils étaient les derniers dragons de foudre sur Kaos. Des créatures gigantesques, agressives, qui défendaient la demeure royale de leur souffle électrique.

Penchée sur son balcon, la princesse d’Asafir observa l’éclair fendre le ciel et s’écraser dans un bruit déchirant sur ce qu’il restait de Fugirea. Une malheureuse métaphore d’un royaume agonisant, dont il ne subsistait que les légendes et les mythes du passé. Par habitude, elle resta un instant à compter les dernières lumières des habitations en contrebas, jusqu’à ce qu’il n’en demeure plus une seule et que le château soit l’unique foyer à ne pas encore avoir éteint ses bougies.

Asafir était rythmé comme une horloge par la foudre, et la royauté ne dérogeait pas à cette règle. Sans même qu'elle ait à se retourner, Lysanna savait que son père se tenait droit comme un pique derrière elle, les cernes sous les yeux, le visage meurtri par la guerre et les années. Elle n'osait plus lui faire face. Il était devenu un spectre agonisant dans sa demeure gigantesque, arpentant les couloirs vides sans but. Et trois-cent quinze seconde après l'éclair, le roi Missel revenait dans ce salon, murmurait quelque chose de sa voix lasse, et repartait dans ses appartements de sa démarche fantômatique.

Fort heureusement, la reine ne se donnait pas cette peine. Elle accordait plus d'importance à son épée brisée, exposée dans sa vitrine, qu'à son unique enfant. Levina avait combattu plus de démons que la moitié des Asafiriens réunis, à l'époque ou la Guerre ravageait Kaos. Certains se vantaient même de l’avoir déjà vue tendre sa lame vers le ciel, attirant la foudre sur l'acier jusqu’à répendre la sève magique d’un bleu sombre et brillant. La reine qui pourfendait les ténèbres. Mais tout comme son royaume, sa gloire ne subsistait plus que dans les histoires fantasques des habitants d’Asafir.

Dans un souffle, Levina éteignit les dernière bougies du château, plongeant le pays dans la nuit noire.

 

A l'heure où les plus âgés sombraient dans un sommeil profond, la jeunesse d'Asafir se réveilla, le ventre vide et la colère rongeant leurs os. Lys n'était pas épargnée par la faim et la rage. Etre de sang royal à Asafir ne voulait plus rien dire dorénavant. Il n'y avait ni richesse, ni gloire à porter la couronne d'un royaume déchu de Kaos. Alors, elle sauta par-dessus le balcon et enjamba les brindilles mortes joncheant le sol infertile de ce qui était autrefois le luxueux jardin du château. Tonirea et Fugirea observèrent de leurs yeux pétrifiés la jeune princesse s'échapper sans un bruit, puis disparaître au loin entre les maisons entassées du village en contrebas. 

Depuis aussi loin qu'elle s'en souvienne, Lys avait toujours été attirée par la nuit. Elle y avait rencontré ses amis, derrière ce chariot abandonné qui ornait les pavés sales de la trente-quatrième ruelle. Ils lui avaient appris à se nourrir, à se défendre, à voler. Ils lui avait enseigné les principes de la magie, cette essence qui régissait Kaos et dont Asafir avait été privé. Parce qu'ils savaient que tôt ou tard, Lysanna croiserait un mage, et qu'elle devrait remporter ce combat asymétrique.

De tuile en tuile, de faitage en faitage, la princesse poursuivit sa route, plongée dans ses souvenirs. Elle essaya de se rappeler la douleur de l'aiguille marquant sa peau, après qu'elle ait planté sa première lame dans la chair humaine. Mais tout ce qui venait à son esprit était le sang coulant de la gorge de sa victime, bien plus clairement que l'encre noircissant son épiderme. A cet instant, elle était devenue un membre à part entière des voleurs d'Asafir. Elle avait tué, elle avait été marquée. Une récompense pour une vie enlevée. 

Sous la faible lueur de la lune éclairant le vaste amas de nuages, Lys rejoignit le bord d'Asafir. La silhouette de Crimson, assit sur l'arête d'une grange abandonnée, devint plus nette à mesure qu'elle s'approchait de lui. En dessous, la voix de Saline retentit entre les murs de pierre :

« Ils passeront par là. 

— On n’en est pas encore sûrs. » répondit une autre voix masculine.

Jen s’aggripa à la gouttière rouillée pour se hisser sur le toit. Il tendit la main vers le bas, tirant Saline jusqu’à lui.

 « Si, j’ai une source fiable, poursuivit la jeune fille en époussetant ses vêtements sombres. Ugen est allé rôder du côté d’Andollis, il a entendu les mages parler de renforts. C’est une livraison spéciale, il nous la faut. »

Lysanna esquissa un sourire. Elle hésita un instant avant d’indiquer sa présence. Ses trois amis, observant l’horizon, avaient cette aura spécifique. Quelque chose qui les rendait unique. Une faim ardente, une rage incontrôlable, une envie inrrépressible de renverser le monde qui les entoure. On pouvait aisément le remarquer à leur nombre de tatouages qui ornaient leurs peau blâfardes. Des trophées de vies enlevées, par centaine. Crimson était celui qui en possédait le plus, sûrement parce qu’il était le plus âgé. Pourtant, il n’en parlait jamais. La sagesse pour laquelle il était connu ne cessait de la surprendre. Comment pouvait-on tuer autant sans jamais se laisser emporter par l’adrénaline ? Saline était tout son contraire. Elle était sanguine, elle en voulait toujours davantage. Le serpent marqué sur son épiderme en disait long : elle était venimeuse. Tant dans ses actes que dans ses paroles. Jen, pour sa part, n’avait rien d’un être sage ou d’une tornade inarrêtable. Il était un assassin, dans sa forme la plus concrète. Il avait suivi les fins entraînements asafiriens qu’on inculquait aux ligues sombres avant la guerre. Il était un scorpion tranchant, qu’on ne voyait ni venir ni repartir. Il était sanglant, il voulait qu’on réduise Kaos à néant pour avoir évincé Asafir après la guerre.

Lys ne savait pas ce qu’on disait d’elle. Elle aimait penser qu’elle était comme son tatouage, qu’elle représentait la lune. Mystérieuse et froide. En observant son bras noircit de cette encre, elle sentit son corps vaciller. La faim rongeait ses os. Et cette autre chose, qu’elle appelait malédiction, attendait de se réveiller. Une chose qui coulait dans ses veines, et qui hurlait dans son crâne. Une chose qu’elle avait gardé pour elle depuis toujours.

« Lys ? »

Les trois amis se retournèrent instantanément lorsque Crimson héla son nom. La concernée releva la tête, puis rabaissa sa manche sur son bras en affichant un léger sourire en guise de salutation. 

« J’espère que je ne suis pas en retard, lanca-t-elle.

— Juste à temps. » repondit Jen avant de se redresser.

Saline leva les yeux au ciel. 

 

Jen fut le premier à s’élancer en dehors d’Asafir, poussé par un esprit dénué de doute et d’hésitation. Saline suivit juste derrière, laissant Lys et Crimson prendre le chemin vers la frontière avec plus de calme. Elle le trouvait étrange. Lui qui était toujours confiant et sage, il semblait plus agité que d’ordinaire.

 « Est-ce que tout va bien ? » lui murmura-t-elle en lui lançant un regard peiné.

Il haussa les épaules.

« Je suppose », répondit-il sans davantage d’explication.

Énigmatique, c’était tout lui. Quelque part, Lys aimait ce côté-là chez Crimson. Non seulement il évitait les tirades ennuyeuses, mais en plus être en sa compagnie était apaisant. Il l'écoutait, toujours, sans jamais la juger ni l'interrompre. Pourtant, elle ne pouvait s’empêcher de penser que s’il avait été un peu plus ouvert, cela lui aurait évité de s’inquiéter.

D’un saut habile, elle atterrit de l’autre côté du muret qui délimitait le territoire d’Asafir. Cette nuit-là, ils se rendraient plus au sud, sur les chemins qui menaient à la Principauté d’Andollis. Les chariots de nourriture qui partaient d’ici pour desservir les autres contrées magiques n’empruntaient qu’un seul chemin : le moins à l’étroit. Ils n’avaient donc aucune marge d’erreur.

Piller était plus facile au début. Les mages de l’eau ne s’attendaient pas à l’assaut, il était donc plus aisé pour le petit groupe de s’y faufiler et de les berner. À mesure du temps, ils renforçaient leurs cargaisons, et assignaient des combattants plus aguerris.

Derrière les bosquets, Lys observa ses cibles. Une biche ailée tirant une charrette de nourriture fraîche en tout genre, escortée de ses mages Andollien. Ils étaient six, plongés dans une discussion légère, comme s’ils avaient ignorés les avertissements de leurs supérieurs. 

« Tu sais ce qu’on dit, commença l’un, Morgen est le plus apte à remporter ce vote.

— Morgen ? renchérit un autre. Jamais de la vie ! Andollis mérite d’être la capitale de Kaos.

— Cette histoire c’est des conneries, rajouta un troisième. Ca va nous apporter des ennuis, voilà tout. Tu imagines Ashvin être dirigé ? Eux qui ont fait la guerre pour s’affranchir de toute hiérachie...

— Sans compter Rocas. D’aussi loin qu’on s’en souvienne, ils sont un territoire neutre. Comment comptent-ils répartir les richesses si Rocas est à la botte d’une capitale ? 

— Vous vous prenez la tête pour rien, soupira le premier. On n’est même pas sûr qu’on aura un jour une quelconque capitale sur Kaos. Ils en discutent seulement.

— Oui, pour l’instant ! s’exclama l’un de ceux qui n’avait encore rien dit. Vous oubliez que dans deux jours aura lieu la réunion des dirigeants. La princesse Anika est déjà en route pour Morgen, et les rumeurs vont toutes dans le même sens : l’empire des glace est déjà le favori des votes. Bientôt, Morgen nous dirigera tous, et on ne pourra rien y faire. »

Jen, suivi des autres, se faufila entre les branches, prêt à entrer en douce à l’arrière de la charrette, profitant de leur discussion pour voler en douce la nourriture abondante.

« Tu plombes l’ambiance, Revil, bougonna le deuxième. Pourquoi Kaos aurait-il besoin d’une capitale, de toute façon ?

— C’est simple, la Pierre faillit . »

L’un d’entre eux lâcha un rire moqueur.

« La Pierre de Glace ? Impossible. La magie est une source inépuisable.

— Ce n’est pas ce que les Racoleurs m’ont dit.

— Ton groupe de complotiste ? Tu m’étonnes.

— Ce n’est pas une blague, Livin. Ils tiennent ça d’Ashvin même. Les morceaux de pierre qu’ils utilisent pour leurs armes commencent à manquer. Et si personne n’établit une hiérarchie sur Kaos, les pays entrerons en guerre pour avoir leur part de magie. Pourquoi crois-tu qu’Asafir soit déchu, hein ?

— Tu racontes n’importe quoi, railla le dénommé Livin. Asafir est déchu parce qu’ils sont devenus inutile à Kaos. »

Stoppés dans leur discussion  par un hurlement strident, les mages d’Andollis se turent soudainement.. Lys n’avait pas remarqué que Saline s’était éclipsée des feuillages. Un deuxième cri fendit l’atmosphère, et l’un d’entre eux sauta hors de la carriole. La biche fit frémir ses oreilles, et profita de sa pause pour plonger son nez dans les herbes avoisinantes.

Saline se trouvait à quelques pas, allongée sur la route en terre plate. Ses larmes avaient collé ses mèches brunes à ses joues, et Jen qui tentait péniblement de l’aider à se relever agitait ses bras avec panique. Lys fit un pas en avant, mais Crimson la retint par le bras.

« Pas maintenant », murmura-t-il.

C’était déjà trop tard. Jen, pour gagner du temps, interpella l’un des mages et prétendit avoir besoin de leur aide. D’ici, la princesse avait du mal à entendre quelle histoire il avait raconté pour se sortir d’affaire, mais ça n’avait pas l’air d’avoir fonctionné, puisque le garde se contenta de soulever la jeune fille et de la porter jusqu’à la charrette. En voyant Saline tenter de se débattre, Lys s’échappa de l’emprise de Crimson.

« Vous ! héla-t-elle d’une voix qui se voulait assurée. Lâchez-la ! »

L’Andollien fit volte-face, étonné. Derrière lui, Jen lui fit de grands signes, mais elle l’ignora royalement. Elle était face à six mages d’eau surentraînés, qui s’apprêtaient à kidnapper une gamine. Soudain, le visage du garde changea, et de la surprise, son regard vira à la colère.

« Alors c’était donc ça ton plan, lâcha-t-il d’une voix grave en pointant Jen du doigt. Tu es un foutu Asafirien venu nous voler !

— Non, non, je… bégaya-t-il, les yeux exorbités par la panique.

— Vous allez me le payer, morveux ! »

Saline sauta hors des bras du mage. Étrangement, sa jambe avait l’air guérie, mais Lys n’eut pas le temps de leur demander des explications. Crimson sortit du bosquet à son tour, et les Andolliens se rassemblèrent en formation d’attaque.

« Qu’est-ce que t’as foutu, princesse ? » accusa Jen.

Elle s’apprêta à lui répondre quelque chose, mais sa voix fut coupée par le spectacle menaçant qui se déroulait devant elle. La brise souffla dans ses cheveux blancs, tandis que les gardes synchronisèrent leurs mouvements. Mains tendues, ils formèrent de leur pied droit un arc de cercle parfait. L’eau se mit à jaillir de leurs paumes, créant de part et d’autre des sphères de fluides, qui se révélèrent être des projectiles redoutables. Lys en esquiva quelques-uns, mais Jen fut rapidement assailli de toutes parts. Il était certes agile, mais il était mauvais une fois à découvert. L’une des bulles le frappa en plein visage, et pendant que les maîtres d’Andollis se livraient à une danse offensive, le fluide s’étendit jusqu’à recouvrir entièrement sa tête. Il essaya désespérément de s’en défaire, en vain. Frapper de l’eau ne menait à rien, et lentement, il commençait à se noyer.

« Il faut partir ! » hurla Saline, qui tenta de tirer Lys par le bras.

Mais elle n’arrivait plus à bouger. Jen suffoquait à l’intérieur de la boule, et les mages ne s’arrêtaient pas de danser. Un sanglot acide se bloqua dans sa gorge, au goût semblable à la colère. Rapidement, elle souleva sa toge sombre pour y dégainer l’une de ses dagues, mais Crimson se rua vers elle. Il saisit son visage pour la forcer à le regarder dans les yeux. La peau rugueuse de ses doigts froids la fit grimacer. À leurs côtés, elle entendit Jen s’écrouler sur le sol.

« On ne peut rien faire Lys, allons-nous-en. »

Difficilement, la princesse d’Asafir recula. Les mages avaient changé de techniques, et usaient de leurs bras pour sculpter leur eau en pics. Elle jeta un regard vers eux, afin d’être certaine qu’elle ne pouvait se lancer dans un combat perdu d’avance. Ils étaient trop nombreux, trop entraînés. Même si elle était assez rapide pour trancher la gorge de l’un d’entre eux, les autres auraient le temps de la cribler de sorts. Résignée, Lys suivit alors Crimson à reculons, chancelante. Elle observa une dernière fois le corps de Jen, le visage violacé et rigide. Elle ne sut qui la tirait encore pour qu’elle se hâte, tant son crâne bourdonnait et ses pensées se brouillaient. Finalement, elle se laissa guider jusqu’à ce qu’elle doive s’enfuir en direction de la forêt. Derrière elle, une pluie se déversa sur le chemin de terre.

Ils couraient si vite que Lys sentait le froid de la nuit frapper ses joues. Elle ne savait pas depuis combien de temps durait cette course effrénée, et elle avait du mal à voir loin devant elle tant ses yeux étaient brouillés par les larmes. Peu importait à quel point elle craignait d’être poursuivie, l’image de la mort de Jen la hanta durant toute la traversée de la forêt. Même lorsqu’ils atteignirent enfin le royaume d’Asafir, et que le souffle brûla ses poumons à lui en donner mal à la cage thoracique, elle n’arriva pas à chasser ce souvenir de son esprit. Hors d’haleine, ils franchirent le muret et s’écroulèrent contre le mur de la grange abandonnée. Un long silence s’ensuivit, à peine comblé de respirations haletantes. Crimson avait le regard vide, n’osant briser le mutisme installé.  C’est finalement Saline qui s’emporta la première :

« Qu’est-ce qui t’a pris ? » s’écria-t-elle, le cœur battant, et les lèvres tremblantes.

Lys ne sut quoi lui répondre. Elle ne comprenait pas pourquoi elle s’en prenait à elle. Saline était proche de Jen comme d’un frère, peut-être gérait-elle le deuil différemment des autres.

« On avait la situation en main, espèce de sotte ! s’exclama la cadette, glaciale. Tout ce que tu avais à faire était de rester dans ce foutu bosquet et attendre que je sorte de la charrette avec la nourriture !

— Avec la nourriture ? répéta Lys, abasourdie. Comment voulais-tu que je le sache ? Aucun d’entre vous ne s’est dit que ça aurait été utile de me mettre au courant du plan ?

— C’était évident ! Saline roula des yeux. Même si je m’étais réellement cassé la jambe, je ne serais jamais restée en plein milieu du chemin, réfléchis…

— Je voulais juste te sauver. » Lys baissa le regard. De nouveau, les images de Jen assaillirent ses pensées. Tout s’était passé si vite, ça en devenait confus. « Je pensais qu’ils allaient te tuer, que…

— Je n’en ai rien à foutre de tes putains d’excuses. À cause de toi Jen est mort. »

Lysanna déglutit. Saline avait certainement raison sur ce point. Elle avait réagi précipitamment, et si elle leur avait fait davantage confiance, peut-être que…

« Ça suffit maintenant, intervint Crimson. Elle n’y est pour rien. Aucun d’entre nous n’est fautif de ce qui est arrivé à Jen ce soir. Il connaissait les risques autant que nous lorsqu’il a décidé de venir voler les mages d’Andollis.

— Mais, si…

— Non, Saline. Asafir est en train de s’écrouler sous la famine. Tout ce qu’on fait depuis toujours ne mène à rien, ça n’aidera pas à sauver le royaume et ses habitants. »

Crimson visait juste. Qu’ils soient arrivés à voler le contenu de la charrette ou qu’ils aient empêché le sort funeste de Jen, ils finiraient tous par mourir un jour ou l’autre de faim. Pourtant, Lys n’arrivait pas à se contenter de cette explication. Plus vite qu’elle ne le pense, elle monterait sur le trône d’Asafir, et elle refusait de gouverner un pays agonisant comme ses parents s’étaient résignés à le faire. Elle devait trouver une solution sur le long terme. Continuer à voler et à regarder ses amis se mettre en danger était vain.

« J’ai entendu les mages d’Andollis parler d’une réunion de dirgeant. » lâcha-t-elle après un instant.

Saline l’ignora volontairement.

« Oui dans deux jours, répondit Crimson. Une histoire de capitale.

— Je vais m’y rendre. »

Cette fois, Saline émit un rire.

« N’importe quoi, railla-t-elle.

— Que veux-tu y faire ? s’étonna Crimson.

— Si un pays doit diriger Kaos, il est hors de question que ce soit l’un de ceux qui l’ont évincé. 

— C’est du délire, se moqua amèrement la jeune fille. Qu’est-ce que tu imagines, qu’ils vont sagement te laisser entrer dans leur grande salle de glace et tendre l’oreille quand tu leur expliqueras que tu viens redorer le blason de ton royaume ? Décidément, tu es encore plus stupide que le commun des mortels.

— C’est à tenter, certes, rétorqua Crimson, mais ça reste de la folie. Ils ont comdamné Asafir, ce n’est pas pour voter en sa faveur quand tu proposeras ton pays comme capitale. 

— Pourquoi gâcheraient-ils leurs ressources pour un peuple de combattants qui leur sont inutile depuis la fin de la Grande Guerre ?

— Je dois leur prouver qu’on peut leur fournir quelque chose en échange, murmura Lys, plus pour elle-même que pour la discussion. Après tout, Asafir comporte nombre d’habitants surentraînés au combat.

— Habitants qui sont bien trop fatigués et affamés pour savoir encore se servir d’une arme, ajouta Saline. Sans déconner, ça ne marchera jamais ! Asafir est voué à sombrer dans l’oubli, et s’ils ont voté en ce sens, ils n’accepteront jamais de revenir en arrière.

— Je dois essayer. Si je ne peux pas imaginer l’impossible pour mon royaume, à quoi sert mon titre royal ? »

Elle se leva. Une brise fraîche souffla sur la vallée, séchant les larmes de Saline. Demain, Lys partirait pour Morgen, quoi qu’il lui en coûte. Elle leur devait ça. Surtout à Jen. Pour que plus personne ne périsse en essayant de nourrir un peuple alors qu’il était de son devoir à elle, la princesse d’Asafir, de s’assurer qu’ils mangent à leur faim. Quitte à prendre un trône, autant prendre celui de Kaos.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
UneXtoile
Posté le 23/01/2023
Je ne m'attendais pas du tout à voir quelqu'un mourir dès maintenant, on se croirait dans SNK T.T
Mais c'est super bien joué parce qu'on ne s'y attendait pas et que ça pose la supériorité de certains peuples
Vous lisez