Chapitre neuf

Notes de l’auteur : Trigger warning :
mention de pensées suicidaires.

C'était si étrange d'être loin du sol. En Enfer, Golly était toujours trop près. Elle ne savait pas comment l'expliquer. Elle était bloquée, elle qui pourtant ne se savait pas si claustrophobe. Planquée sous terre, les humains lui marchaient continuellement dessus.

    La première fois qu'elle était montée sur Terre, ce fut une claque dans la figure qui lui retourna la cervelle. Elle était à leur hauteur, et ils n'étaient pas bien différents. Presque une déception. Elle rêva de pouvoir voler, ou de visiter le Paradis. Ce qui était une hérésie.

    Alors oui, assise sur cette fenêtre, c'était le plus haut qu'elle ait jamais été et le plus loin du sol aussi. Et c'était... étrange.

    Golly ne voulait même pas savoir comment Humphrey s'était fait des amis en ville. Et comment il les avait persuadés de leur louer des chambres. Elle savait qu’il n’avait pas utilisé son pouvoir pour si peu, surtout s’il était fatigué.

    Humphrey était ami avec tout le monde quand on l'écoutait. Probablement parce qu'il savait se faire aimer et se faire désirer. Un pouvoir que Golly ne voyait pas toujours comme une bénédiction, elle qui rêvait souvent qu'on lui foute la paix.

    Le petit appartement était au huitième étage d'un immeuble qui penchait sur la droite et dont la canalisation grinçait comme un vieux chat coincé sous un meuble. Il faisait froid pour un soir d'été, les rideaux se soulevaient lentement au rythme d'un vent capricieux. Le tissu caressait la peau de Golly, qui ne relevait la tête de son livre que quand ces fantômes passaient un peu trop près. Elle avait ensuite bien du mal à retrouver sa ligne. Probablement parce qu'elle ne lisait pas vraiment... Elle survolait les pages, espérant se vider la tête.

    C'était quoi ce livre, déjà ?

    Sa jambe gauche pendait dans le vide. Le dos contre le cadre en brique froid de cette fenêtre, Golly remettait ses mèches hirsutes derrière son oreille. Elle rongeait ensuite l'ongle de son pouce, en essayant de faire quelque chose des lettres devant elle.

    – Ça a l'air intéressant.

    Hera la sortit de ses rêveries. Cela devenait une habitude.

    Golly fit « oui » de la tête, parce qu'elle ne voulait pas discuter. Elle mourrait d'envie d'aller se coucher, mais elle craignait les cauchemars.

    Elle était un monstre, elle devait causer les cauchemars... Pas les fuir.

    Le monde était à l'envers. Ses pensées noires ne parvenaient même plus à lui donner l'espoir d'un après paisible. Si elle retournait au puits, maintenant, que se passerait-il ? La laisserait-il passer ?

    – Tu veux que je te laisse tranquille ?

    Golly voulut mentir, mais son corps répondit avant elle. Elle fit non de la tête, avant de le regretter.

    Hera lui sourit, fatiguée, puis s'agenouilla sur la moquette, les coudes sur la fenêtre. Elle leva le nez vers le ciel sans étoile.

    – Je n'avais jamais vu le ciel d'ici... Enfin, si, quand nous sommes sortis du bunker... Mais il faisait jour. La nuit, c'est plus... hypnotisant.

    – Et encore, il n'est pas au top de sa forme. Tu aurais dû le voir il y a des siècles. Tu ne serais jamais retournée au Paradis.

    Golly ferma son livre :

    – Où est le Paradis ? osa-t-elle demander. Dans les nuages ? Plus haut encore ? Peux-tu toujours t'y rendre ? Sans ton... tu sais...

    – Ce n'est pas un gros mot, Golly.

    – Je sais, répondit-elle, nerveuse. Mais c'est traumatisant. Je ne peux même pas imaginer ce que c'est... Tu ne veux pas en parler, je comprends, je vais me taire...

    – Je n'ai pas dit ça, rit Hera. Depuis quand es-tu si anxieuse de tout ?

    Golly haussa les épaules :

    – Je ne me souvenais plus que j'étais comme ça... Avant... Tout ça...

    – Quinze ans, c'est long.

    – Ouais...

    – On peut passer un marché. Je te parle de mon aile si tu me dis pourquoi tu dis être différente des autres démons.

    Golly regarda enfin Hera dans les yeux, se demandant si elle se jouait d'elle. Elle n'y vit aucune curiosité malsaine, aucune envie de retourner les informations contre elle quand Hera en aurait besoin. Mais savait-on vraiment quand quelqu'un compte nous trahir ? Hera l'avait déjà fait, quand elle l'avait abandonné devant le bunker...

    – Je n'ai pas si envie que ça de savoir pour ton aile, dit-elle un ton plus bas en replongeant sa concentration dans le livre.

    Un silence s'installa… enfin presque. Une absence de son où elles ne purent entendre que leur respiration respective. Et les discussions lointaines de Humphrey et Ciel qui se baladaient dans les couloirs, à la recherche d'un distributeur de sodas. Ils voulaient aussi descendre au casino jouer avec les machines à sous. Humphrey disait vouloir avoir un peu d’argent sous la main pour qu’Hera arrête de se plaindre... En réalité, il s'était attaché à Ciel et il aimait lui apprendre tout et n'importe quoi. Il se sentait à nouveau important.

    – Je ne sais pas vraiment où se trouve le Paradis, dit enfin Hera.

    Golly leva lentement les yeux des pages. Elle pensait que la conversation était terminée, qu’Hera était vexée. Pourquoi ne le serait-elle pas ?

    – Toute ma vie, j'ai cru savoir des tonnes de choses. Et maintenant c'est comme si ce n'était que des mensonges. Des mensonges en lesquels tout le monde croyait parce que c'était plus simple.

    Elle secoua la tête avant de rire, stupidement :

    – C'est complètement idiot.

    – Non... Pas vraiment... répondit timidement Golly. Je crois que je vois où tu veux en venir. J'ai remis en question l'autorité de Lucifer... (elle rit nerveusement avant de fermer et de jeter le livre sur le lit) Si ça, ce n'est pas avoir l'impression d'être dans la matrice, je ne sais pas ce que c'est !

    Elle se leva et fit les cent pas dans la pièce. Comme si son corps savait que cette conversation ne serait pas sans conséquence. Elle s'étira plusieurs fois, levant ses bras le plus haut possible vers le plafond.

    – La quoi ? demanda Hera qui ne la quitta pas du regard.

    – La matrice, répéta Golly. C'est dans le film Matrix !

    Puis elle réalisa, et reprit :

    – Que tu n'as évidemment pas vu...

    Hera haussa les épaules :

    – Je ne suis même pas certaine de savoir ce qu'est un film. C'est ce que vous regardez dans ces petites boîtes ?

    Et elle montra la télévision du doigt.

    – Oui. Et dans de beaucoup plus grosses boîtes. Qu'on appelle des cinémas. Et des plus petites boites appelées des ordinateurs, quand on les télécharge illégalement.

    – Tu as l'air de t'y connaître.

    – La première fois que Humphrey m'a emmené au cinéma... J'ai cru rêver tellement c'était... parfait.

    Un enthousiasme grandiose prit Golly et elle se souvint du bout du popcorn sur sa langue et le sucre du soda qui coulait dans sa gorge. Elle se souvient avoir ri et pleuré, ne pas avoir tout compris du film mais surtout, d'avoir ressenti toutes les émotions du monde. Et la musique ! La musique qui frappait sa poitrine et lui soulevait le cœur. Le boum boum des enceintes qui tapait ses tempes, la sensation qu'elle n'entendrait plus jamais rien d'autre, que les violons, les trompettes et les tambours, et y trouver le plus beau des réconforts. 

    La démone perdit le sourire. Se souvenir de tout ça, c'était si fort. Trop fort. Beaucoup trop. Des émotions secouées qui jouaient à la bouteille de champagne. Elles voulaient fuir, libérer les bulles, lui rappeler qu'un jour, elle avait été heureuse. Des moments beaux, des moments rares, des moments douloureux qui tentaient de la ramener sur Terre. Une Terre à laquelle elle ne voulait plus appartenir.

    – Désolée, dit-elle enfin. Je ne veux pas que mon discours semble... réprobateur. Ce n'est pas ta faute si tu ne sais pas ce qu'est un film. Ce n'est pas ta faute si tu ne réalises que maintenant que l'on t'a menti sur l'humain.

    Hera la dévisagea un instant. Elle essayait de voir si poser une question risquait de faire exploser le champagne. Elle aussi voyait bien que Golly en avait gros sur le cœur, et que jamais elle n'avait pu le vomir. Pourtant, cela lui aurait fait tellement de bien de purger son organisme du mal qui le terrassait. C'est comme si pendant des siècles, elle s'était autorisée cette douleur, car c'était ce qu'elle méritait.

    – Tu as l'air de beaucoup les aimer, ces humains.

    Golly frotta vivement son visage de ses mains rocailleuses :

    – Aimer, c'est un bien grand mot.

    – Tu les portes en ton cœur, alors.

    Golly secoua la tête, au bord de l'implosion :

    – Je ne dirais pas ça non plus !

    – Alors, explique-moi. S'il te plaît.

    Jamais personne n'avait demandé à Golly de s'expliquer. Sa transe s'arrêta soudain, si soudain qu'une fatigue l'assomma. Elle crut que le monde s'effritait sous ses orteils et ses jambes devinrent spaghetti. Elle se laissa tomber sur le lit, attendant qu’Hera parte dans un fou rire moqueur et lui rappelle que non, jamais personne ne s'intéressait à ce qu'il se passait dans le bordel qui lui servait de cervelle.

    Mais Hera ne rit pas. Elle ne la pressa pas non plus.

    – Je... On... Ce que je veux dire c'est que.... Enfin... je crois que...

    Golly n'arrivait pas à stabiliser sa voix tremblotante. Elle prit une si grande inspiration qu'elle dut rester en apnée quelques secondes, comme si elle avait peur de ce qui allait en sortir.

    – Je pense qu'ils valent bien mieux que nous, voilà !

    Golly tritura ses ongles à s'en arracher les peaux, la tête baissée, à attendre qu'on l'engueule. Mais l'heure fatidique ne tomba jamais. Elle releva le menton pour trouver Hera dans la même position, la même expression sur le visage.

    – Tu n'es pas en colère ? 

    – Pourquoi le devrais-je ? 

    – Pourquoi ne le serais-tu pas ? demanda Golly, la voix encore brinquebalante. Tu as aidé à les créer. Jamais la marionnette ne doit surpasser le maître.

    – Je ne suis pas en colère, assura Hera avec un sourire. Je ne suis pas d'accord avec toi, mais je ne suis pas en colère.

    Golly se jeta à ses côtés, surexcitée que quelqu'un l'écoute. Elle se foutait bien qu’Hera soit en désaccord :

    – Vous avez toujours fait en sorte qu'ils restent moins purs que vous... enfin, vous avez essayé.

    – Comment avons-nous essayé au juste ? demanda Hera avec toute la sincérité dont elle pouvait faire preuve.

    – En nous laissant opérer !

    – Vous ?

    – Oui, nous ! Les démons !  Si vous vous intéressiez vraiment des coups de pieds que nous mettions dans votre château de sable, vous nous auriez exterminés d'un claquement de doigts. Ou alors, des accords avec Lucifer auraient été signés pour nous garder à l'écart. Et pourtant, rien de cela. Vous vouliez que l'on détruise des trucs ici et là, pour qu'ils restent faibles. Pour qu'ils sachent qu'il y a toujours un plus gros pouvoir au-dessus qui les surveille. On vous offre même sur un plateau les lauriers de nos œuvres. « Les dieux nous punissent » ... Vous vouliez qu'ils s'aplatissent encore plus. Pourtant, même si jamais leur foi n'en fut ébranlée... ils vous ont surpassé.

    Hera fronça les sourcils. Elle aurait voulu se défendre, la contredire, mais Golly était partie. Elle parlait tellement vite que ses mots n'étaient qu'une mélasse, on le comprenait à peine. Elle se mordait la langue tellement elle déblatérait, mais pas le temps de dire « aïe », sinon, elle allait perdre le fil de sa pensée.

    – On leur a envoyé des catastrophes naturelles et ils se sont serré les coudes pour survivre. Les pandémies ? Les guerres ? La rancœur, l'orgueil ? L'avarice ? Nous, nous, nous. Ils ont ensuite su se servir de ces cadeaux, pour créer leurs propres horreurs. Et pourtant, ils ont toujours trouvé la façon de rester liées. De se révolter. De s'écouter. Bon, pas tous, mais ils savent faire face. Je ne crois pas Lucifer et Gabrielle quand elles disent qu'ils vont s'éteindre sans nous. Au mieux, la vie sera plus belle, au pire, ce ne sera que la même chose encore et encore. Et dans cette même chose, il reste la compassion, l'amour, l'altruisme et l'empathie. Vous pouvez dire ce que vous voulez, mais jamais vous ne leur avez inculqué de telles choses. C'est parce que nous étions là, à faire les cons avec votre création, qu'ils ont découvert ce que c'était que d'être humain.

    Golly reprit enfin son souffle. Rouge pivoine, elle n'avait même pas remarqué que ses yeux n'avaient pas arrêté de faire des va et viens sur tous les détails de la chambre. Une lampe, une chaise, une porte, sans jamais les imprégner dans sa cervelle. Tout pour ne pas croiser le regard plein de colère d’Hera. Après tout, qui aimerait qu'on insulte le travail de toute une vie ?

    Elle s'attendait ce qu’Hera en profite pour lui voler la parole, mais encore une fois, elle la surprit. Golly put donc terminer :

    – Et en ça, ils sont mieux que vous. Et nous. Qui n'avons jamais su nous entendre...

    Hera absorba chaque mot, un par un, essayant de se souvenir du début de son monologue. Golly prit ça pour un moyen de la faire taire. Qu’elle disait des bêtises. Et peut-être qu’elle en disait. Mais au moins, c’étaient ses bêtises et elle y croyait dur comme fer. Cela faisait du bien de laisser fuir sa langue.

    – Enfin bref… Merci d’avoir écouté. Tu n’as pas besoin de débattre sur la question…

    Elle se gratta nerveusement la nuque, la sueur qui y perlait et se sentit si ridicule tout d’un coup. Ah, elle était belle, la démone ! N’était-elle pas censée être le portrait parfait de la liberté d’expression ?

    Ça, c’était ce qu’on pensait. La vérité était que Lucifer faisait en sorte que peu ouvre vraiment la bouche. Ce que tu pensais ? On s’en moquait bien. Obéir, obéir, c’est tout ce qu’il y avait à faire. Et la fête, de temps en temps, du moment que cela emmerdait un ange ou deux.

    Elle s’excusa de laisser Hera en plan quelques minutes et se leva pour aller se rincer au lavabo. L’eau glacée la ramena à la réalité. Ne venait-elle pas de faire une énorme bêtise ?

    Hera ruminait dans son coin. Elle cernait un peu mieux la démone qu’était Golly. Pas bien différente de sa mère : Lucifer s’était rebellée contre son créateur et fut bannie du Paradis. Golly avait-elle suivit ses pas ? Se rebeller contre les idées de sa créatrice, se faire bannir de l’Enfer ?

    – Qu’est-ce qu’il s’est passé à Londres ?

    Aussitôt, un bruit de plâtre qui se brise. Les mains de Golly, de part et d’autre du lavabo, venaient de se serrer si fort que le meuble n’avait pas résisté. Hera regretta immédiatement sa curiosité, mais elle ne pouvait pas garder les lèvres scellées plus longtemps.

    – Qu’est-ce que tu sais sur Londres ? cracha la démone, toujours dans la salle de bain.

    Bien que plus d’un mètre et qu’un épais mur les séparait, Hera pouvait sentir la tension monter. Sa gorge se serra et son ventre se retourna. Elle ne pouvait pas revenir en arrière, mais qu’est-ce qu’elle le souhaitait.

    – Pas grand-chose, admit-elle. Humphrey dit que ce jour t’a changé à tout jamais. Il parait qu’avant tu ne parlais pas.

    – Lui, il parle trop.

    Hera prit une grande inspiration. Golly pouvait-elle lui faire du mal si elle s’énervait ? Elle essayait de se promettre de ne plus avoir peur de la démone, mais le ton de celle-ci montait et tout ce qu’Hera voyait, c’étaient des images de leur évasion. À quel point elle s’était métamorphosée sous ses yeux.

    – Ciel dit que tout ce qu’il se passe en ce moment… Il se pourrait que…

    Elle ne parvint à en dire plus. La température ambiante montait. Elle pensait d’abord que c’était elle qui stressait, mais quand la colle du papier peint se mit à fondre, la tapisserie à se décoller, elle comprit que Golly bouillonnait.

    La démone assena, sans crier, mais avec une sécheresse inattendue :

    – Que quoi ?!

    Dans la salle de bain, Golly fixait son reflet dans le miroir. Ses yeux crachaient des flammes. Des vraies flammes. Ses pores s’ouvraient grands sous la chaleur de sa peau et ses cheveux devinrent rouge sang. Elle attendait la réponse. Elle attendait de savoir si elle devait frapper ou non. Elle ne le voulait pas. Mais elle ne pourrait peut-être pas le contrôler.

    – Que ça ait commencé à Londres… termina Hera, timide.

    Golly ne voyait pas son visage, mais elle savait déjà que l’ange s’en voulait. Mais ce n’était pas suffisant ! C’était trop facile de blesser les gens et ensuite de s’excuser !

    – Je ne veux pas te juger, continua l’ange.

    – Tu le fais déjà, siffla Golly, la mâchoire serrée.

    – Non, je te jure que non. Je veux juste… comprendre.

    Le souffle de Golly était si court qu’elle n’était plus sûre de respirer. Ses muscles étaient si tendus que les crampes l’assenaient déjà, son cœur cognant dans sa poitrine. Il fallait qu’elle sorte d’ici. Vite.

    Jamais elle n’avait réagi de la sorte. Où était la Golly qui gardait son sang-froid et qui se déchainait que quand elle s’ennuyait ?

    Hera n’eut pas de réponse. Tout ce qu’elle vit, ce fut une ombre qui fuyait la chambre. Aucun trait de cette silhouette ne ressemblait à Golly. Peut-être aurait-elle dû la suivre. La rattraper. Lui dire que tout allait bien, et la prendre dans ces bras, tant pis pour le foudroiement.

    Elle n’en fit rien.

    Elle se persuada même qu’elle n’était pas triste de l’avoir blessée. C’était un mal pour un bien. Un jour, la vérité devrait éclater. Et si Hera devait en porter le fardeau, alors, qu’il en soit ainsi.

 

***

 

    Golly se sentait crever. Et même si c’était ce qu’elle voulait au plus profond d’elle, sur le moment, elle chercha le moyen de survivre.

    l’Enfer lui-même se réveillait en son sein, de plus en plus brûlant, de plus en plus incontrôlable.

    Elle descendit les marches quatre par quatre, faisant de son mieux pour ne percuter personne. Elle ne voulait pas envoyer qui que ce soit à l’hôpital pour une brûlure au troisième degré. Elle gardait la tête baissée et les mains en visière près de son regard enflammé. Elle s’en cramait les doigts, mais ses paumes rugueuses se soignaient dans la seconde. Alors, pourquoi le feu en elle ne s’éteignait-il pas ?

    Dans le couloir, elle croisa Humphrey et Ciel, qui lui demandèrent vaguement si quelque chose n’allait pas. Vaguement, car elle ne fut pas certaine d’entendre correctement. Le seul son qui noyait ses oreilles était le bourdonnement de son sang qui voyageait à vive allure dans ses veines.

    Une fois dehors, elle se jeta dans la flaque d’eau qui servait de mer. Un joli plat, pour être sûre de se rafraichir de partout, et d’un coup. Si elle pouvait aussi mourir d’hypothermie, elle n’aurait pas dit non.

    Aussitôt, la flaque fit le bruit d’un morceau de magma que l’on jette dans l’eau glacée. Un PSHHHHHHHHHHHHHH assourdissant, et une épaisse vapeur blanche s’envola vers les cieux. Un nouveau nuage qui rejoignait ses grands frères. Et la flaque, déjà pas bien grande, ressembla un peu plus à une mare. L’eau n’arrivait plus qu’à la cheville plutôt qu’aux genoux.

    Golly s’assit lourdement, sa peau la grattait un peu, mais elle n’avait plus mal. Elle se sentit vidée de tout.

    Si Hera regardait la scène à travers la fenêtre de l'hôtel, Humphrey et Ciel se ruèrent à l'extérieur.

    Déjà, des humains voulaient voir le spectacle. Les bruits et le brouillard qui enveloppaient la ville dans sa brume humide attiraient l'attention. Humphrey se planta devant l'hôtel. Ses yeux s'allumèrent d'or et voilà que tous devinrent des zombies. Comme dans le restaurant. Cette fois, Hera observa tout cela en hauteur, et la scène était encore plus flippante. D'ici, les humains ne ressemblaient vraiment plus à rien, et leur silhouette se dessinait à peine dans l'obscurité.

    Pendant ce temps, Ciel rejoignit Golly :

    – Go, il faut que tu te calmes...

    La démone l'entendait à peine. Elle se laissa tomber en arrière dans les restes de la flaque et fixa le ciel :

    – Si tu savais qui j'étais vraiment, me tuerais-tu ?

    – Quoi ? Non. Jamais je ne ferais ça.

    – Pourquoi les anges ne tuent-ils pas ? Est-ce notre job à nous de répandre la mort ?

    Ciel fit un pas en avant. Elle se brula le gros orteil en touchant l'eau mais ne laissa rien paraître :

    – Bien sûr que non. Ce n'est le travail de personne. Encore moins le tien. Pourquoi dis-tu ça ?

    Humphrey grogna :

    – Vous ferez la discute demain ! Je ne sais pas combien de temps je vais pouvoir tenir.

    Déjà, sa narine saignait. Un vrai cliché de série. Mais la magie faisait, en effet, exploser les veines et autres vaisseaux. Le sang s'enflammait, circulait beaucoup trop vite, et des corps mal-entrainés ne tenaient pas une seule seconde avant de faire une hémorragie des plus ragoutantes.

    Du haut de son perchoir, Hera se demanda ce que le démon marmonnait pour garder les curieux en stand-by. Elle ne pouvait pas l'entendre, mais ses lèvres gigotaient très vite. Elle comprit qu'il récitait une incantation. Il y avait beaucoup trop de monde, et il ne devait pas se contenter de détourner leur attention : il devait effacer un pan complet de leur mémoire. Et il n'était clairement pas assez fort pour cela.

    Ciel, elle, comptait bien prendre son temps. Non pas qu'elle veuille voir Humphrey sombrer, au contraire, elle s'inquiétait déjà. Mais Golly n'était pas dans son état normal – en tout cas, l'état normal dans lequel elle l'avait rencontré – et le moindre mot de travers pouvait empirer la situation.

    – Tu ne sais pas qui je suis, dit la démone. Tu ne sais pas ce que j'ai fait.

    La voix de Golly était d'un robotisme glaçant. Quelque chose s’était brisé en elle. Le cœur de Ciel se serra alors, car elle pensait qu'il ne restait plus rien à briser dans ce corps frêle.

    – Tu veux m'en parler ?

    Golly fit non de la tête. Ses cheveux mal coupés voulaient flotter autour de son crâne mais ils étaient trop courts pour fuir. Ciel, en revanche, remarqua qu'ils étaient d'un rouge terrifiant que les rayons de la lune amplifiaient encore, les faisant luire dans la nuit.

    – Alors, n'en parlons pas. Tu te rappelles ce que je t'ai dit dans la voiture ?

    Golly mit du temps à répondre :

    – Que tu serais là si j'avais besoin de parler.

    – Exactement, répondit Ciel dans un sourire. Où tu voudras, quand tu voudras, mon oreille sera toujours là pour t'accueillir. Mais si tu restes dans cette mare, nous ne pourrons plus discuter.

    – Car je vais encore nous mettre en danger.

    Ciel décida de ne pas relever le « encore ». Elle se demanda toutefois si Golly voulait parler du restaurant... Ou d'autre chose.

    – Tout le monde commet des erreurs. Celle-ci n'en est pas une. Pas encore. Mais ton frère ne tiendra pas longtemps.

    – Grouillez-vous ! hurla Humphrey.

    – Ouais bah deux minutes, répondit Ciel. Ce n’est pas comme si je pouvais l'attraper par le bras et la sortir de là.

    Humphrey tremblait de partout. Le voilà qu'il tombait à genoux, et ses yeux clignotaient. Ils perdaient cette belle lueur d'or pour reprendre leur splendide couleur brune naturelle. Bien que belle, cette couleur n'avait rien de magique. Bientôt, les humains reprendraient leurs esprits. Et Hera restait calfeutrée dans la chambre, terrifiée à l'idée d'intervenir.

    – Tu sais ce que je voudrais ? demanda Golly.

    – Non. Non, je l'ignore.

    – Je voudrais que tout redevienne comme dans le bunker.

    Ciel fronça les sourcils :

    – Quand on t'a enlevé ? Quand toi et Hera étaient amies ?

    Golly, encore, fit non de la tête :

    – La mortalité me manque.

    Ciel aurait aimé crier au blasphème. Après tout, c'était ce que c'était. Les anges et les démons n'auraient jamais permis qu'une créature de leur rang envie quoi que ce soit des humains.

    – Dans le nouveau monde, tu y auras le droit. Je ne souhaite pas que tu prennes cette décision, et en chemin, je ferais tout pour t'en dissuader. Mais si à l'arrivée, ceci est toujours ton vœu, Lucifer et Gabrielle te l'accorderont. Mais tu dois te lever. Car si Humphrey brise la connexion, les humains pourraient comprendre ce qui se trame. Ils pourraient nous empêcher d'atteindre le bout du monde.

    – Le début du monde, corrigea Golly.

    Ciel sourit :

    – Oui, si tu veux. S'il te plaît, reviens à l'intérieur.

    Les secondes parurent des années. Humphrey se retenait de tousser le sang qui lui obstruait la gorge, car s'il baissait les yeux, s'il rompait le contact, ça en était fini.

    Lentement, Golly se remit sur ses pieds. Les fringues et les cheveux dégoulinants d'une eau brune, des brûlures lui arrachant la peau qui se soignait doucement, elle se mit en marche jusqu'à la porte.

    Ses cheveux redevenaient lentement de cet orange pale alors qu'elle slalomait entre les zombies. Ciel restait derrière elle, prête à la rattraper si elle tombait. Elle se moquait de la douleur. Elle avait peur que Golly perde l’équilibre. Son corps la portait à peine.

    Quand elles entrèrent dans l'hôtel, Humphrey parvint à se lever. Il se traîna difficilement jusqu'à la porte, et une fois dans le hall, s'effondra. Les zombies redevinrent humains et se demandèrent ce qu'ils pouvaient bien faire dehors.

 

***

 

    – Comment tu te sens ? demanda timidement Golly.

    Elle rejoignit son frère dans le lit, se calant confortablement sous la couette. Humphrey était allongé sur les draps, un sachet de petit pois congelés lui recouvrant entièrement la tête. Il en avait un autre avec des carottes sur l'estomac, mais ces douleurs-là s'étaient arrêtées. En revanche, les carottes étaient cuites. Sans mauvais jeu de mots.

    – Comme un charme, maugréa-t-il avant de faire une horrible grimace.

    Voilà deux bonnes heures qu'il se plaignait de maux de tête. Il disait qu'elle allait exploser, ce qui était une exagération, bien sûr. La tête d'un démon ne pouvait pas exploser comme une pastèque. Un humain, il n'en savait rien... En tout cas, c'était comme si ses tempes faisaient la fête et frappaient encore et encore contre son crâne avec de petits marteaux.

    Bientôt, le soleil se lèverait et les anges roupillaient depuis assez longtemps pour être fraîches comme la rosée du matin. Golly s'était de nouveau enfermée dans la salle de bain avant d'oser affronter le monde endormi. Elle s'en voudrait de se retrouver dans les bras de Morphée alors que Humphrey souffrait de l'avoir aidé.

    – Je suis désolée.

    – Oh par pitié, non. Ne joue pas à ça avec moi. Nous, les démons, nous ne sommes pas désolés.

    – Je le suis vraiment.

    – Qu'est-ce qu'il t'arrive... Tu n'es plus la même... Avant... Tu ne m'aurais jamais dit pardon.

    – Tu me préférais avant ?

    – Non, ce n'est pas ce que je dis. Je m'inquiète, c'est tout.

    Il retira le sachet glacé de son front, le jeta dans un coin de la pièce avant de se tourner, sur le flanc, face à sa sœur :

    – Tu ne veux vraiment pas me parler ?

    Le nez de Golly se renfrogna :

    – Pour que tu ailles tout raconter à Hera ?

    Humphrey passa sa main sur son visage :

    – Écoute, je ne voulais pas. Mais je ne suis pas idiot, j'ai des yeux.

    – Qu'est-ce que tu racontes ?

    Humphrey la considéra avec tendresse :

    – Tu ne fais que la regarder. Te voile pas la face trop longtemps. Dans quelques jours, tout va changer.

    Golly croisa immédiatement les bras sur sa poitrine et se jeta sur le dos, fixant le plafond :

    – Je ne vois pas du tout de quoi tu parles.

    Humphrey laissa échapper un rire amusé qui lui arracha une grimace de douleur. Le moindre mouvement le lancinait. Il grogna avant de reprendre :

    – Comme tu veux. Mais les jolies filles, ça a toujours été ton truc. Et Hera est vraiment très jolie.

    Il soupira tristement :

    – Je ne voulais pas vraiment le lui dire. C'est sorti tout seul. Je voulais juste qu'elle me foute la paix avec toutes ses questions. Mais je n'ai pas regretté un instant. J'ai vu comment tu buvais chacune de ses paroles quand on était au supermarché...

    Golly n'avait pourtant pas cru un seul des mots qu'elle avait tenté de lui faire gober. C'était plus tard, dans la soirée, que sa manipulation avait fonctionné.

    – Tu étais rouge pivoine, un peu comme tes cheveux au milieu de cette flaque, dit-il en jouant avec l'une de ses mèches orange délavé. Je me suis dit que peut-être, si elle, elle te demandait, tu cracherais le morceau.

    Golly repoussa sa main :

    – Je ne te dirai pas ce qui est arrivé à Londres. Pas maintenant.

    – Très bien. Mais ça te bouffe, Go. Et ce n'est pas bon de garder tout ça en toi. Tu m'as vraiment fait peur ce soir. Ce qu'il vient de se passer ? Ce n'est pas normal. On aurait dit que tu ne ressentais plus rien. Que tu voulais te laisser consumer par tes pouvoirs.

    – J'ai sauté dans l'eau pour m'éteindre ! se défendit Golly.

    – Puis, tu es restée plantée là... Je me trompe où tu attendais que je me vide de toutes mes forces ? Pour nous faire démasquer ?

    Golly se mordit la lèvre :

    – Tu te trompes.

    – Tu n'as jamais su mentir. Un comble pour un démon.

    Ils n'échangèrent aucun mot pendant de longues minutes. Ce fut un soulagement pour Humphrey. Il se pinçait l'arête du nez. Il pourrait presque s'endormir...

    – Tu sais... Ce n'est pas à cause de ce qu'il s'est passé à Londres que je parle, maintenant...

    Il tourna la tête :

    – À cause ? Je dirais « grâce » ...

    – Parler, c'est douloureux. C'est dangereux...

    – Alors, pourquoi as-tu commencé ?

    Golly glissa dans les draps jusqu'à ce son regard croise l'ange endormi.

    Humphrey sourit :

    – Et tu oses dire que tu ne sais pas de quoi je parle...

    Golly haussa les épaules :

    – Quand ils l'ont enfermée, je n'allais pas la laisser seule. Je devais bien la rassurer !

    – C'est chou...

    Elle rougit plus encore et lui donna un coup dans les côtes. Humphrey se retint de hurler de douleur :

    – Oh non, je suis désolée, s'excusa Golly en portant ses mains à sa bouche. Je ne voulais pas !

    – Non, ça va... J'arrive plus à respirer... Mais tranquille... Je vais m'y faire...

    Ils rirent à l'unisson, ce qui fit de nouveau mal à Humphrey, mais cette complicité frère-sœur lui avait manqué.

    – Je me moque bien de pourquoi tu parles, pourquoi tu ne parles pas, admit-il. Du moment qu'on communique. Toi et moi, on avait l'habitude de « parler » ... À notre manière. Et là, tu te refermes comme une huître. Et je ne sais pas quoi faire pour t'aider. Donc oui, je pensais qu'une petite discussion entre toi et Hera arrangerait les choses... Si j'avais su...

    Humphrey s'allongea sur le dos.

    – Tu sais que tu n'es pas amoureuse, hein ?

    Ce fut une étrange façon de le demander. Humphrey faisait des allusions depuis quelques minutes, mais il n'était pas entré dans le sujet. Jamais il n'était entré dans le sujet. Il était d'ailleurs le moins bien placé pour le faire. Et voilà qu'il plongeait dedans tête baissée, sans sa bouée.

    Golly haussa les épaules et tourna la tête. Elle essayait de voir l'expression sur son visage. Impossible.

    – Évidemment. Ce sont tes paroles, pas les miennes...

    Le soleil se levait paresseusement. Ses rayons faiblards perçaient les lattes de la persienne. La lumière et l'obscurité striaient la chambre, ne dévoilant que quelques couleurs et recoins timides. Le visage de Humphrey restait dans la pénombre.

    –  Ce ne sont pas des paroles en l'air, Go. On sait tous les deux ce qu'il se passe quand tu es amoureuse. Tu te donnes à fond, tu te perds dans le processus et quand elle s'en va, tu es à ramasser à la petite cuillère. Et c'est moi qui ramasse. Et je ne suis pas doué. Et tu sais pourquoi ? Parce que nous, les démons, on n'est pas fait pour l'amour.

    – Si on n’était pas fait pour l'amour, on ne ressentirait rien.

    – Nous sommes tellement proches des humains maintenant, leurs défauts ont déteint sur nous.

    – Ne dis pas de bêtise. Ils ne sont pas des taches qui s'étendent. Nous sommes capables de ressentir bien plus que la haine et l'orgueil. Avec toutes les personnes avec qui tu as couché, tu vas me dire que jamais tu n'es tombé amoureux ?

    – Jamais.

    – Tu existes depuis des millénaires. Tu fricotes avec toutes les personnes que tu croises depuis la nuit des temps. Démons, humains, créatures en tout genre. Si on pouvait se taper des anges, tu l'aurais fait également. Et tu vas me dire que jamais... Tu as eu envie de rester auprès de quelqu'un pour toujours ?

    – Jamais, répéta Humphrey.

    – Toi aussi, tu es un piètre menteur. Je me souviens de ce jeune homme à Rome... Je ne me souviens plus de son nom. Tu le regardais comme s'il était la huitième merveille du monde.

    Humphrey se perdit un instant dans ses pensées. Un sourire discret apparut alors dans la pénombre qui noyait son visage :

    – C'était il y a si longtemps...

    – À qui le dis-tu...

    Humphrey prit la main de Golly dans la sienne.

    – Je ne veux pas que tu sois blessée, d'accord ? Plus que tu ne l'es déjà. Parce que quand tu vas réaliser que tu n'es pas amoureuse...

    – Je ne suis pas amoureuse, se défendit-elle tout de suite, essayant de ne pas trop lever le ton, pour ne réveiller personne.

    – Tu vas le penser. Tu vas le penser très fort, affirma-t-il. Mais tu n'es pas amoureuse. Tu as juste besoin de quelqu'un qui t'écoute.

    – Toi, tu m'écoutes.

    – Mais tu ne me parles pas, corrigea-t-il. Il y a chez Hera quelque chose qui te donne envie de te confier. Et tu le feras.

    Golly se retint de dire qu'elle l'avait déjà fait, et qu'elle le regrettait grandement.

    – J'espère que tu le feras.

    Il soupira :

    – Et j'espère vraiment que tu n'es pas amoureuse. Car si je me trompe sur toute la ligne... Elle ne voudra jamais devenir autre chose qu'un ange dans l'autre monde, tu le sais ça, pas vrai ?

    Golly ne répondit pas, mais son silence témoignait de la tristesse qui montait en elle comme des œufs en neige.

    – Je ne voulais pas te faire de mal, c'est tout ce que j'essaye de te dire.

    Golly sourit et lui embrassa la joue :

    – Hey...

    – Quoi ?

    – Tu viens de t'excuser, là, ou je me trompe ?

    Humphrey partit dans un fou rire qui par miracle ne réveilla personne. Il attrapa l'oreiller derrière sa nuque pour l'aplatir contre le nez de sa petite sœur :

    – Ta gueule.

    Golly sourit en se débattant contre le tissu :

    – Là, je te reconnais bien...

    Ils rirent comme deux enfants défiant le sommeil, craignant que leurs parents les entendent. Pendant un instant, Golly se remémora son enfance, et à quel point tout était facile à l'époque, quand elle était un démon court sur pattes. Elle n'avait pas beaucoup grandi depuis, mais le poids de la vie s'était fait plus lourd.

    Quand ils se calmèrent, Humphrey voulut profiter des dernières minutes de sommeil. Golly laissa son regard vagabonder vers l'extérieur, au travers d'une fenêtre poussiéreuse. Le soleil se faisait de moins en moins timide. Le ciel prenait cette couleur rosée qu'elle avait appris à aimer. Elle appréhendait la journée à venir. Si seulement elle avait un moyen d'oublier tout ça... Si seulement elle pouvait trouver une activité à faire, pour s'occuper les mains dans la voiture. Humphrey lui avait appris à s'occuper les mains quand trop de pensées occupaient son esprit.

    Quand sans crier gare, ça la frappa. Du coup, à son tour, elle frappa Humphrey pour le réveiller. Il poussa un grognement si fort que Ciel frémit dans son sommeil. Golly se redressa d'un bond, s'assurant qu'elle ne l'avait pas réveillé, elle. Cela aurait été dommage. Elle avait été si mignonne avec elle, elle méritait son sommeil. Quand elle fut certaine que Ciel était toujours assommée par sa longue journée, Golly chuchota :

    – Tu sais ce que tu pourrais faire, pour te faire pardonner ?

    – Mmmm ? répondit un Humphrey somnolant qui sentait l'embrouille.

    Il bailla et ouvrit les yeux. Elle avait un air fripon :

    – Cela va te demander d'utiliser encore un peu tes pouvoirs...

    – Tu ne manques pas d'air, rit-il. Qu'est-ce que tu veux ?

    – Pas grand-chose. Que tu « m'achètes » deux-trois trucs...

    Elle sourit de toutes ses dents :

    – S'iiiiiil te plaîîîîîîîît....

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Howlett
Posté le 26/07/2021
Coucou chapitre 9, je suis en retard !

J'ai adoré ce chapitre, notamment les passages vers la fin entre Humphrey et Golly, j'aime vraiment voir leur relation, c'est ma préférée actuellement ♥ Et j'adore aussi le chemin que prend Ciel, je l'aimais bien mais sans plus au début mais je trouve que tu as su sortir du cliché de la fille innocente qui ne connaît rien. Certes elle l'est, innocente du monde humain qu'elle ne connait pas, mais pas forcément pour le reste. La scène avec Golly dans l'eau le montre, et j'aime beaucoup sa bienveillance.

Je suis un peu plus mitigée sur Hera, pas parce que le personnage est mauvais, au contraire ! Je crois que je lui en veux encore d'avoir traité Golly comme elle l'a fait en sortant du bunker, et de rester en retrait quand il y a des problèmes (exception faite pour son coup de sang haha). Elle a un côté patient et très "puissant" que je trouve cool, mais pour l'instant j'ai du mal avec son caractère.

Voilà voilà ♥
SometimesIwrite
Posté le 27/07/2021
Mais non, tu n'es pas en retard ♥

Encore merci pour tous commentaires, ça me touche beaucoup de les lire :')
Howlett
Posté le 27/07/2021
Me remercie paaas, c'est normal de commenter une histoire que j'aime hehe ♥
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