CHAPITRE IV. 1.

Chapitre IV. 1.  le facteur est passé

“On n’était vraiment pas obligé de prendre ta limousine,” soupira Kim en voyant la tête de la mère de Clara par la fenêtre.

Evidemment dans leur milieu, ce n’était pas terriblement extravagant de posséder une limousine mais de là à la  sortir du garage pour ramener une fille un peu trop éméchée d’un bar assez quelconque était peut-être légèrement excessif. Les rideaux retombèrent sur la grande fenêtre et Kim regarda la silhouette de la femme passer devant les vitres en direction de la porte. 

“On pouvait pas être bien installé à quatre dans ta bagnole avec ton chauffeur ! lui rappela Roff.

-Tu pouvais ne pas venir.

-Arrête ou je vais vraiment me sentir trop aimé, là…

-Faut peut-être la sortir, sa mère arrive,” pensa Cash.

Trouvant l’idée judicieuse, Roff retourna au véhicule pour en tirer, avec l’aide du chauffeur de la limousine, une Clara chancelante et à peine consciente. L’alcool avait visiblement fait pleinement son petit effet durant le trajet et il avait fallu faire de nombreux arrêts laborieux en double file pour que Clara puisse vomir ailleurs que sur les fauteuil en cuir -ou pire sur leurs genoux. 

“Tenez-la bien…, avisa Kim en voyant les chevilles de Clara se tordre sur les gravillons. Elle ne se sent vraiment pas bien et…

-Elle va recommencer ! s’exclama soudainement Cash. 

-Putain de merde !! Attends, attends, non pas là ! Merde…, jura Roff avant de se mettre à rire, quoique, c’est peut-être pas mauvais pour les pétunias, elles vont bien fleurir, ce printemps !”

A la fois écoeurée et consternée, Kim resta immobile à regarder de loin la pauvre victime de la soirée régurgiter tout le bar du Pub dans les plates-bandes encore enneigés de la cour de ses parents. Roff se retourna vers elle et Cash, manifestement fier de sa blague, et Kim garda son exaspération pour elle. C’était déjà appréciable qu’il connaisse le nom d’une fleur. 

En entendant la porte se refermer avec fracas et des pas rapides sur les dalles gelées des marches en marbre, Kim reporta toute son attention vers la mère de Clara qui arrivait en vitesse, emmitouflée dans un long gilet rose. Elle lança un bref coup d’oeil à sa fille mais ne sembla pas s’en émouvoir plus que ça, puisque l’instant d’après, elle accueillait ses hôtes chaleureusement. 

“Je ne m’attendais pas à avoir de la visite si tard !

-Oui, désolée, madame, on débarque un peu à l’improviste mais…, débuta Cash.

-Oh, ça ne fait rien, Cachemire ! balaya-t-elle les excuses d’une main manucurée.  Je suis pas si vieille pour être au lit à minuit, ahah !”

Kim et Cash forcèrent un petit rire mais ne pouvaient pas s’empêcher de jeter des coups d’oeils furtifs à Clara qui, comateuse, s’essuyait la bouche contre le tee-shirt de Roff. Alors que le chauffeur cachait subtilement un fou-rire, Roff luttait pour ne pas vomir à son tour. 

“Félicitation pour ton mariage, Kimberly ! lui souhaita alors la maîtresse des lieux avant d’ajouter, avec un clin d’oeil, J’attends le carton d’invitation avec impatience !

-Euh… merci… madame...

-Entrez, entrez ! Ne restons pas dans ce froid de canard !”

Sur ce, la femme tourna des talons sur ses pantoufles et le bruit des gravillons écrasés suivirent son avancée jusqu’au manoir dont toutes les lumières étaient allumées, comme si les dizaines de pièces étaient toutes habitées. Kim hésita à faire un pas de plus, compte tenu de l’étrangeté absurde de la scène qui venait de se dérouler, mais Cash l’attrapa par le coude, et dit à Roff et au chauffeur de porter Clara chez elle. 

“Comment cette femme connaît-elle nos noms ?! Elle n’a pas même eu un moment d’hésitation en nous voyant, comme si elle était notre grande tante préférée ! s’éberlua Kim, encore sous le choc. Tu la connais ?

-On l’a en amie sur Facebook, la renseigna Cash en riant. 

-Quoi ?”

L’hilarité de Cash ne fit que redoubler en intensité et Kim grimaça. Il faudrait qu’elle fasse du tri dans son Facebook, tout ça commençait à devenir flippant. Heureusement qu’elle allait saccager son propre mariage parce que si elle devait inviter son millier d’amis Facebook… rien que d’y penser, elle en avait des frissons. 

Et si cette femme attendait réellement des invités surprises jusque tard dans la nuit, alors qu’elle explique à Kim pourquoi sa cour était constituée de maudits gravillons. Non seulement, ça niquait les pneus mais ça rayait les chaussures vernies, et c’était littéralement impossible de marcher dessus gracieusement quand on portait des talons. Tu parles d’un accueil courtois.

Quelle idée, oh mais quelle idée brillante elle avait eu de ramener une quasi-inconnue bourrée chez elle. On ne l’y reprendra plus, se jura Kim, alors qu’elle se cramponnait le plus discrètement possible au bras de Cash pour ne pas se tordre une cheville et bouffer du gravillon. 

Ils grimpèrent les quelques marches du perron et la silhouette de la mère de Clara les attendait dans l’embrasure de la porte, avec un large sourire que Kim préférait faire mine de ne pas voir. Elle se décala poliment pour les faire passer et elle caressa de manière taquine les cheveux moites de sa fille nauséeuse en passant. Face à ce spectacle, Kim eut un soudain élan d’affection pour Clara. Si elle arrivait elle-même à devoir se faire ramener par des vagues camarades bénévoles parce qu’elle avait beaucoup trop bu suite au suicide de sa meilleure amie, sa mère serait remuée par la même indifférence que celle de Clara. A la différence -légère certes, mais intéressante- que Véronica Termentier serait beaucoup moins amusée par l’épisode. Kim pouvait déjà voir son rictus de désapprobation hautain et froid. 

Dans l’hypothèse un peu extravagante qu’elle serait à la maison. 

“Du café ? Du thé ? Une bière ? leur proposa la mère de Clara.

-C’est sympa, Stacy, mais...

-On est seulement venu ramener votre fille”, acheva Kim en regardant bizarrement Cash.

Stacy ?! Kim supposait qu’il s’agissait de son pseudo Facebook, et non pas de son véritable prénom. Si sa photo de profil lui ressemblait autant que son prénom, alors elle se demandait comment Cash avait été capable de la reconnaître aussi facilement. 

“Fallait pas vous inquiéter pour ça ! Ma p’tite puce adore s’amuser…

-Ca, c’est clair ! Ca se SENT, grinça Roff, toujours pas remis de son t-shirt fichu. J’veux bien un café. Sans sucre et très serré.

-Et si on allait déjà coucher Clara avant de s’installer ?” siffla Kim avec un regard pointu.

Quand elle disait “s’installer”, c’était la façon polie pour signifier “foutre le camp d’ici en TGV”. Roff parut bien comprendre le message puisqu’il raffermit sa prise sur Clara et demanda à Stacy où se trouvait sa chambre. Elle leur apprit qu’il fallait qu’ils montent à l’étage et se rendent tout au bout du couloir, et leur assura qu’elle leur préparait des petits-fours pour quand ils redescendraient. Kim s’interrogeait déjà sur la manière dont ils pourraient procéder pour quitter cette maison - peut-être par l’une des fenêtres du rez-de-chaussée- tandis que Cash spécifiait qu’elle n’était pas contre une petite limonade.

Kim attendit précautionneusement de franchir quelques marches avant de s’écrier avec ébahissement :

“Une limonade ?! Tu veux pas aussi un parasol et des crêpes au sucre?

-Rho, qu’est-ce qu’ya ? Autant en profiter !

-Profiter de quoi ? D’une folle à lier ? 

-T’exagères… elle est juste cool. Les parents s’en tapent de leurs gosses ou les tyrannisent, vaut mieux avoir une mère fun !

-Et par fun, t’entends sociopathe, bien sûr...

-Tous les parents sont pas comme ça, intervint Roff, en s’arrêtant devant la porte de la chambre.

-On est pas tous des fils à papa-mafia, se moqua Cash. 

-Oh, la ferme et ouvre-moi !”

Cash obtempéra en riant et Kim se retourna, en fronçant les sourcils. Où était passé le chauffeur ? S’ils l’avaient laissé aux griffes de Stacy, Kim n’allait certainement pas risquer le peu de paix qui lui restait pour aller le récupérer. Le problème, bien sûr, étant que… était-elle capable de conduire une limousine quand elle ne savait déjà pas vraiment faire du vélo ? 

Roff devait savoir. Oui, clairement, ce bon-à-rien devait bien savoir faire quelque chose d’un peu extraordinaire.. 

Kim finit par suivre les autres dans la chambre, l’esprit pas très serein. Ils avaient réussi à allonger Clara mais celle-ci s’était réveillée avec l’idée entêtante de prendre une douche. C’était clair qu’elle ne sentait pas la rose et que ses cheveux ne devaient pas être très agréables à porter mais ça n’arrangeait pas franchement Kim de devoir lui faire sa toilette. Cash échangea un regard avec Kim, qui lui fit comprendre que leur soirée activiste s’arrêtait là et elle se retourna vers Clara pour lui dire que la douche attendra demain. Mais celle-ci se mit à geindre devant une Cash complètement perdue sur la marche à suivre et un Roff qui avait visiblement lâché l’affaire.

Elle s’apprêtait à proposer qu’ils l’assomment avec la lampe de chevet quand la surface rutilante du large bureau de la pièce captiva son attention. Un ordinateur portable dernier cri était refermé et entourée de quelques magazines, mais ce qui l’intéressait surtout était un cadre photo doré en forme de coeur. Elle s’approcha pour mieux la voir. C’était un cliché qui semblait pas mal dater, Clara paraissait ne pas avoir plus de quinze ans. Bras-dessus, bras dessous, elle prenait la pose entre les versions adolescentes d’Emmanuella et Estelle. 

Physionomiste ou pas, après les derniers jours, Kim était certaine de pouvoir dorénavant reconnaître ces filles partout. Alors, elles étaient vraiment amies, ce n’était pas du chiquet et ça faisait au moins quelques années. Kim releva la tête en soupirant mais son souffle se coupa aussitôt.

Un énorme tableau noir magnétique était suspendu au mur et des aimants multicolors y maintenaient tout un tas d’autres photos, et de pages de magazines, et d’autres choses diverses. Mais ce qui était impossible à manquer n’était autre qu’une lettre d’un jaune pâle et fleuri, signée Estelle. 

Un moment statufiée, seuls ses yeux bougèrent, glissant sur les premières phrases d’introduction à l’aveu d’un suicide prochain. Des excuses, des regrets et assez de désespoir pour tenir un ou deux siècles. 

“Qu’est-ce que tu fais ?”

Kim sursauta à la voix de Cash et se rendit compte qu’elle s’était penchée sur le bureau. Suite à cette réalisation, elle se précipita en arrière, suffisamment pour que sa vision soit trop faible pour être en mesure de poursuivre sa lecture. Elle plaqua la paume de sa main sur le front et se massa dans un long mouvement circulaire le front, sous lequel se formait déjà une sacrée migraine. Quand elle rouvrit les yeux qu’elle avait momentanément clos, Cash avait elle-même fait la découverte de la lettre et elle se fixèrent avec un même ahurissement légèrement crispé. 

“Tu crois que c’est une copie ? 

-J’espère pas, lâcha Kim avec un rire creux qui ressemblait plus à un hoquet. Ce serait encore plus glauque !

-De quoi vous parlez ?” s’intéressa Roff.

Prenant compte du fait que la principale concernée se trouvait dans le lit d’à côté, Cash se rapprocha de Roff pour lui chuchoter ce qu’elles venaient de trouver épinglé magnétiquement au tableau mais vu l’état lamentable duquel Clara n’était pas prête de sortir, ils pouvaient tout aussi bien en parler avec un mégaphone. Une fois dans la confidence, les yeux de Roff se tournèrent automatiquement vers la lettre avant de rouler dans ses orbites avec agacement.

“Pourquoi vous fouillez dans ses affaires ? lâcha-t-il. 

-Elle est affichée au mur comme un putain de poster des Fallout Boys ! s’exaspéra Kim. 

-Et alors ? Vous occupez pas de ça. Tout le monde gère son deuil à sa façon…

-C’est pas une question de ça, c’est juste pas normal, protesta Cash. Pourquoi c’est elle qui l’a gardée alors que ce sont ses parents qui l’ont trouvée ? 

-Ils lui ont peut-être donnée.

-Ah ouais, en souvenir peut-être ? railla Kim. 

-Je te dis, tu sais pas comment les gens peuvent réagir quand ils perdent quelqu’un!”

Au regard et au ton de Roff, Kim sut que la conversation allait prendre un tour plus personnel alors elle secoua juste la tête et reprit d’une manière plus prudente :

“Je ne juge pas, d’accord ? Seulement là, avec toute la compréhension du monde, tu ne peux pas me dire que c’est normal, ou sain. C’est une lettre de suicide, pas une photo ou une carte d’anniversaire ! Ce n’est pas pour se rappeler Estelle, c’est pour se rappeler qu’elle s’est suicidée ! C’est de l’auto-flagellation. 

-Arrête un peu…

-Elle n’a pas arrêté de me dire toute la soirée qu’elle était une mauvaise amie, révéla Kim pour appuyer son avis. Qu’il fallait à tout prix qu’Estelle lui pardonne.

-C’est normal de culpabiliser dans ce genre de situation, ça veut pas dire qu’elle est dingue. 

-Je ne suis pas en train de dire qu’il faut l’envoyer à l’asile ! Mais si elle voyait quelqu’un, ou qu’elle puisse vraiment en parler avec l’un de ses…

-Occupe-toi plutôt de ton cul, Kim ! T’as déjà oublié comment Emma l’a pris quand t’es venue la ramener ? lui rappela-t-il en haussant un sourcil. Perso, j’en ai ma claque, démerdez-vous avec elle, je vais me chercher de quoi laver la gerbe sur l’un de mes t-shirt préférés !”

Kim le regarda partir avec une envie de lui faire bouffer son t-shirt adoré. Elle qui croyait qu’il avait le syndrome du prince charmant, à toujours voler au secour des demoiselles en détresse, mais il semblait que Clara n’était pas assez séduisante pour lui. L’humeur massacrante, Kim s’accouda sur le pied du lit dans lequel Clara s’était rendormie. C’était une pauvre fille, bien trop pitoyable pour qu’on ait sincèrement de la compassion pour elle. Kim connaissait bien cette contradiction. 

“Il a peut-être raison, soumit Cash, derrière elle. 

-Si tu le dis.”

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Elle sauta, plongea, et le vacarme fut aspiré avec sa respiration. Tout était bleu et translucide, étiré dans un lent mouvement souple qui pourrait se caler au rythme de toutes les musiques du monde. Les ombres flottaient tout autour, des extraterrestres sombres dans un univers implacable, mais elle ne fixait qu’un point précis devant elle. Il y avait une quantité de choses dont elle ignorait même les bases mais pour ce qu’elle savait faire, elle s'entraînait tellement de fois, tellement d’heures d’affilée, qu’elle aurait su le faire les yeux fermés. Cependant, elle gardait les yeux grand ouverts derrière ses lunettes imperméables. Et puisque, exceptionnellement, elle ne cherchait pas à gagner quoique ce soit, elle conservait la même cadence que ses bras et jambes battaient en concert sans jamais ni ralentir, ni accélérer.

Arrivée au bout et un salto aquatique plus tard, elle repartit de plus belle dans l’autre sens. Le décor restait le même, simplement inversé, et si elle venait trouver quelque chose dans cette cage d’océan chloré, c’était bien cette régularité obligée. Le même effort continu, le même silence doux et le même défilé de couleurs atténuées. Il n’y avait pas de trésor englouti, ici, ni de requin affamé ; tout était artificiel et aseptisé. Et ça, c’était son meilleur terrain de jeu. 

Quand elle refit surface, elle était légèrement essoufflée et ses muscles lui tiraient un peu. Ca faisait longtemps qu’elle n’était pas venue nager, au moins trois mois. A une certaine époque, elle nageait tous les soirs mais bon, c’était le temps d’autres compétitions. Plus sportives et plus équitables. Depuis, elle ne mangeait plus assez pour que son corps ne soit un compétiteur pour qui que ce soit, mais ça lui calmait au moins l’esprit. Sa mère trouvait que c’était un lamentable gâchis d’efforts et de temps, mais s’il n’y avait pas un montant en bas de la feuille, sa mère ne signait rien. 

Si son père ne l’avait pas formellement interdit, sa mère aurait très certainement reboucher la piscine de la maison pour en faire un terrain de tennis ou une autre excuse qui l’empêcherait d’y nager. Quelle différence cela aurait-il fait, de toute façon ? Kim détestait nager là où ses parents pouvaient la voir, elle ne prenait que rarement le risque qu’ils reviennent sans crier gare de l’autre bout du monde pour la prendre en flagrant-délit.

Appuyée contre le bord, elle reprenait son souffle en mimant des sourires surfaits à ceux qui passaient et la saluaient. La pendule murale de l’immense salle affichait dix-neuf heures moins le quart et la piscine de Saint-Paul allait bientôt fermer. 

“Oh putain !! Regarde ! s’exclama un garçon, entouré de ses amis, sur un banc. 

-Wow, c’est quoi ça ?

-A ton avis ! 

-Qui a publié un truc pareil ?!

-C’est sa lettre de suicide ?”

La dernière question harponna Kim avec une violence rare et ses doigts se crispèrent sur le sol carrelé qui entourait la piscine. Elle avait l’impression d’avoir soudainement bu la tasse, car sa gorge se bloqua et son sang lui monta à la tête. Un affreux pressentiment la fit sortir de la piscine sans même emprunter l’échelle. Ca ne pouvait quand même pas s'agir de ce qu’elle imaginait.

Elle aurait certainement mieux fait de se rendre directement au vestiaire puisqu’il était l’heure de se changer et de rentrer mais quelque chose lui rendait l’attente, même la plus courte, impossible et elle marcha droit sur le groupe d’amis qui l’avait avertie. 

“Qu’est-ce qui se passe ? demanda-t-elle avec appréhension. 

-Oh, Kim ! la reconnut une fille. Y’a un truc super chelou sur Facebook !”

On lui tendit un téléphone et elle s’en empara, les yeux directement rivés sur l’écran qui affichait, impitoyable, la lettre. Son estomac se tordit.

“On dirait que c’est le lettre de suicide d’Estelle… mais ça doit être une fausse, pas vrai ?”

Oh non, c’était la vraie, celle de la chambre de Clara.

“C’est quand même pas toi qui l’as postée ? demanda un autre, les sourcils froncés. Parce que c’est grave tordu... “

Kim releva les yeux et les posa sur lui qui, loin de ravaler son approche accusatrice, la dévisageait avec méfiance et les autres ne dirent rien. La mâchoire serrée, elle rendit l’appareil et tourna les talons. 

Elle retirait ce qu’elle avait dit. Même ici, elle avait tout un banc de requins aux trousses, prêts à la dévorer toute crue. Tant pis pour eux. C’était vendredi, et le vendredi, c’était poisson. Elle les bouffera avant même qu’ils aient ouvert la bouche.