Chapitre III - Où les péchés se lavent au savon (2/3)

Notes de l’auteur : [Version mise à jour le 22/08/2023 après les premiers commentaires. Merci pour vos lectures et nous vous souhaitons, à vous qui arrivez, bon chemin du repentir ~]

 

— Eh bien, sorcellerie, c’est le mot qu’ont employé les magistrats et un prélat acharné comme pas deux pour parler de l’herboristerie sans diplôme, surtout réalisée par un infirme, tu sais. Et trouble à l’ordre public, c’est entre autres parce que je me suis fait des amis qui se sont alarmés pour moi… et qui ont fait un brin de remous quand j’ai été baladé dans une cage vers La Barthe.

Par ce ton désinvolte, il espéra cacher le resserrement de ses tripes suivi d’un nouveau frisson d’effroi. Concentré sur ses mots, Estienne n’en remarqua rien. L’image d’Hyriel en cage le fit frémir. Il le vit comme une bête de foire amenée lors des kermesses. Ou ces condamnés que jadis Estienne avait surveillés, parqués dans l’attente de leur envoi au gibet. Ces souvenirs appesantirent son regard qu’il porta loin d’Hyriel. Dans l’espoir de calmer sa propre conscience, Estienne redoubla de zèle à lapider mentalement le 251 : sois point si prompt à le plaindre, ce sorcier ne te dit sûrement pas tout ! Il doit avoir fait de vilaines choses ! Quand le demi-visage osa s’en retourner sur Hyriel, celui-ci crut toutefois y deviner du remord. Honte suspecte qu’il lui faudrait creuser.

— J’ai dit quelque chose qu’il ne fallait pas ?

De la main battant l’air, Estienne évacua son inquiétude. Ils auraient déjà si peu le loisir de communiquer, alors si c’était pour se censurer ! Avec un sourire forcé des pommettes, il nota :

O NON, ON PEUT
TOUT SE RACONTER VA

Sans cet encouragement, il patienterait sept hivers avant de cerner ce diable de 251 !

— Dans ce cas… Oui, je disais… mes amis, c’étaient surtout pas mal d’infirmes, des marginaux, des filles de joie, des cabossés. Des gens avec qui on se comprenait, en somme. Donc tu as apparemment devant toi le meneur d’un Sabbat, ou je ne sais pas trop quoi, avec des réunions dans la forêt, des danses autour d’un feu, ce genre de fantaisies.

Il haussa les épaules avec un air entendu, signifiant « Y’en a qui ont une bonne réserve de plantes à délires ». Cette confidence impulsa à la glotte d’Estienne des clapotis qui n’avaient rien de rieur. Ça, des gueux et mal-fichus qui passaient pour des êtres de l’Enfer, il connaissait.

C’EST FUMEUX

Son regard glissa à terre. Sorcellerie ou pas, là-dessus ne valait-il pas mieux prioriser toutes les explications terrestres – tel que, au hasard, le soutien naturel entre membres de la lie ?

— Te bile pas, je suis bien du même avis.

& SINON EN TANT
QU’HERBORISTE, TU SAIS
PAS C QUOY LA PLANTE
QU’IL PREND TON IUGE ?

Il effaça, termina :

ÇA POURROY ANIMER
NOS SOIRÉES
OU LES PRIÈRES
EN TOUTE LÉGALITÉ

— Sûr, si même lui le fait ! s’enjoua Hyriel pris d’un même besoin de décompresser.

Mais ils arrivaient, aussi ne s’étala-t-il pas en plaisanteries sur ces chers magistrats. Estienne ouvrit la porte, pas de bon cœur. Finies les badineries. Aussitôt entrés dans la buanderie où vapeur et bruit rivalisaient, un surveillant les sépara. Hyriel se recomposa une mine sérieuse.

— Ah. Le 251. Amène-toi, grommela l’officier en haussant le menton pour désigner une place au bout d’un banc occupé par de nombreux autres enfermés, avant d’ordonner à Estienne : toi, récurage des latrines et remplissage de seaux d’eau.

Hyriel avisa l’endroit pointé. De la main à son épaule, Estienne lui signa un courage puis s’éloigna, non sans avoir ramassé pelle, brosse et vinaigre en passant au pied d’un mur. L’agent conduisit le détenu clopinant à son affectation. Sur le bois du banc, il découvrit près de sa place vide un 147 rayé qui en disait long. Remplacé à la va-vite par son propre numéro. Hyriel blêmit.

Et lui, rayerait-on son numéro un jour ? Son numéro… Il n’était plus que ça, ici. L’effroyable constat le tétanisa, mais il s’obligea à se reprendre, à s’adresser un serment : ne faire aux administrateurs ni le plaisir de céder, ni celui de se laisser périr. Il trouverait comment survivre à ce lieu maudit. Peut-être même comment s’en évader – qui sait ? Oui, il sortirait de là vivant.

Raffermi, Hyriel s’installa comme il put sans gêner les autres de ses béquilles et observa ses pairs. Deux lignes d’internés se faisaient face sans se regarder – occupés à la tâche – de part et d’autre d’un long cuvier dégageant ses vapeurs tel un puits de l’Enfer. Surtout des estropiés ou des vieux : ceux qui pouvaient ne travailler qu’assis. Sur les planches à laver, les mains crevassées et rougies frottaient, tordaient, essoraient les habits de Messieurs les administrateurs et leurs proches que – tant qu’à faire – ils amenaient à nettoyer ici pour trois fois rien. Savon, brosse, vinaigre, bol d’une poudre destinée aux taches récalcitrantes allaient sans cesse de poing en poing. La pièce empestait la sueur. Elle grognait aux frottements, mais surtout aux chariots que des pensionnaires poussaient entre les allées pour ramasser le linge une fois décrassé : direction tri et étendage.

La voisine d’Hyriel, une femme âgée, arrondit d’étonnement ses lèvres craquelées sans s’arrêter de besogner : des agents allaient et venaient, armés de triques, toujours à l’affût. Glacé par les effrayants yeux caves que la vieille posait sur sa silhouette tordue, le nouveau sourit – tant pour elle que pour lui. Et puis, si ce soutien les uns aux autres aidait à tenir… Il prit de quoi accomplir l’office, retroussa ses manches et s’y attela, courbé, grimaçant à la chaleur soudaine de la vapeur et de l’eau sur ses mains. Il s’y habituerait, mais doutait fort que le chaud-froid augmentât la durée de vie de ses pairs. Le guérisseur entendit tousser – de quoi confirmer son hypothèse : cruel mariage entre les courants d’air sur les nuques et les assauts de l’eau bouillante, où les bras remuaient sans relâche. Il se prit à souhaiter que les maladies attrapées ici demeurassent bénignes… Mais il y croyait peu. La boule d’amertume grossit en sa gorge. Afin de tasser sa révolte, Hyriel aurait aimé discuter en travaillant comme il en avait l’habitude avec ses comparses et ses clients, cependant il semblait que ce n’était pas le genre de la maison. Aussi s’abstint-il. Il ne lui restait donc plus qu’à penser à ses péchés, qu’il lavait au vinaigre, au savon, et à la poudre pour les plus capitaux.

Après une première heure de labeur, Estienne franchit le seuil avec au travers de ses épaules un joug, à chaque bout duquel pesait un plein seau d’eau. Le porteur les déposa. Il repartit aussitôt… pour mieux revenir un peu plus tard. Ainsi cumulait-il les passages, toujours au gré des mêmes mouvements d’un infini manège. Il renflouait les réserves à mesure que d’autres les vidaient pour alimenter les corvées. À chacune de ses venues, du fond de la salle Estienne jetait ici ou là de brefs regards amicaux, comme on lance une bouteille à la mer sans grande certitude que quelqu’un l’attrape. D’autant que l’endroit était sombre avec le soir déjà tombé. Les chandelles en hauteur prodiguaient le minimum nécessaire sur les draps et vêtements entre les mains brûlantes.

Le souffle de plus en plus court, Hyriel rendait toutes belles toutes propres les frusques de Leurs Seigneuries en s’efforçant de ne pas trop réfléchir à la morale discutable de la chose. Il accélérait le mouvement dès qu’un maître de corvée risquait de lui tomber dessus comme grêle. Ses mâchoires se serrèrent à chaque coup de trique ramassé par des camarades aux yeux trop en l’air ou essayant de parler. Au spectacle de conditions de travail aussi piteuses, il se demanda combien de temps le – ou la – pauvre 147 avait occupé sa place. Et lui, tiendrait-il ? Hyriel voulut se rassurer en songeant qu’il avait survécu à des fuites en série, à une traversée de montagnes à béquilles ou à dos d’homme, à la vie en forêt, à la torture. Il supporterait une escadrille de clampins qui se croyaient les meilleurs parce qu’ils étaient du bon côté de la matraque.

Pas un mot ne s’éleva, du moins jusqu’à ce que parût un aumônier qui, à la seizième heure, donna lecture d’un chapitre du Nouveau Testament pour l’écoute duquel était octroyée une courte pause. Contrairement à d’autres enfermés bien attentifs, Hyriel n’écouta qu’à moitié. Lui préférait reposer corps et esprit. La lessive reprit ensuite de plus belle. Elle ne fut pas interrompue au cours des temps de dévotion qui jalonnèrent les heures suivantes : sous la direction du religieux, les voix plus ou moins fatiguées et hésitantes sur les mots latins, toutes assourdies par les vapeurs, récitèrent le Chapelet puis le De Profundis alors que le linge continuait d’affluer, d’être noyé, essoré, de circuler purifié. Cette fois-ci, Hyriel n’eut pas le choix et suivit le mouvement. Il se rappelait de quelques prières de son enfance et put donc ânonner certaines phrases machinalement. Il tâtonnait sur d’autres mais ne s’en préoccupait pas. S’il commençait à vouloir jouer les hommes pieux, il n’était pas rendu et ce n’était pas sous la houlette de tels hypocrites qu’il le deviendrait !

La cloche sonna six coups. Hyriel avait enquillé cinq heures de corvée – et encore, il était arrivé en cours ! Son soupir se joignit à ceux des camarades. Mains fébriles passées aux tempes. Gestes de secousses pour se décoller les haillons humides du torse. Se jouait là un ballet épuisé et désordonné. De sa manche rapiécée, Hyriel épongea la sueur sur son front. Il récupéra ses béquilles puis se hissa avec une relative fluidité, pas encore prostré sous le cumul des jours de labeur, pour suivre la chenille des internés. Dans un vaste chambardement, une queue-leu-leu sans âme se dirigeait vers le réfectoire. Il remarqua d’autres estropiés : cannes, dos faits bossus par des années de travail, membres tordus. Les corps éreintés se traînaient. Hyriel entreprit de mémoriser certains visages, mais les bonnets et les têtes rentrées dans des épaules voûtées lui compliquaient la chose. Tout ce qu’il voyait, c’était l’effet des journées de tâches dont le compte s’était sans doute perdu pour la plupart de ces gens faits nombres. Ses yeux tâtonnèrent à droite, à gauche, espérant croiser une figure amicale – même bandée, cabossée ou incomplète – mais il n’en trouva aucune.

oOo

Encadrés par les gardiens, les enfermés arrivèrent dans une salle basse de plafond, étirée sur une longueur qui n’en terminait pas. Le réfectoire faisait l’effet d’un viscère géant, tout de couleur terre du sol jusqu’aux hauteurs, prêt à entasser, comprimer, digérer leurs dizaines de petits corps vêtus de teintes si ternes qu’ils s’en confondaient avec les murs. C’était à se demander si l’on mangeait ou si l’on était mangé, ici.

La lueur des chandelles pendues en l’air détachait, en guise d’ameublement, une enfilade de bancs autour de tables noires. Hyriel plissa les yeux pour tenter de creuser jusqu’au bout de l’obscurité. Regard comme une pioche au cœur d’un tunnel, cherchant à estimer le fond du fond. Évaluer une distance le rassurerait. Cette grandeur lugubre était du reste fort loin du bon-vivre que dégageaient tant de villages qu’il avait traversés, quand bien même ils n’étaient souvent que dépouillement. Ses sourcils abattus questionnèrent la salle : pourquoi pas de couleurs ? Pourquoi faire si peu de cas du moral des internés ? Qui veut voyager loin ménage sa monture… à moins que l’on eût à disposition tant de montures que toutes fussent sacrifiables. Comme le cent quarante-septième enfermé. Oui, au fond, pourquoi espérer ?

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Paul Genêt
Posté le 26/02/2024
Je me rends compte à quel point la lecture fractionnée que j'ai adoptée a retardé ce moment un peu magique que tout lecteur connaît, ce moment où on rentre réellement dans le livre, où l'esprit entier est comme investi par l'univers et l'histoire. Ce chapitre-là m'a fait basculer. Jusque-là, j'avais gardé une certaine distance critique mais le fait de voir Hyriel commencer réellement à vivre sa vie de prisonnier, cela m'a captivé. La fin de ce chapitre est particulièrement géniale : on visualise très bien cette salle sans fond, comme un puits où se perd tout espoir. L'image des viscères est vraiment très bien trouvée et, là encore, spéculaire. N'auriez-vous pas un goût prononcé pour cette relation en miroir entre les lieux et les hommes ? C'est ce que je crois comprendre en lisant ta réponse à mon précédent commentaire. Enfin, quand on s'est déjà frotté à l'exercice, on sait à quel point c'est difficile de tenir un effort d'écriture dans la durée. Jusqu'à présent, je trouve que vous conservez un style exigeant et de plus en plus convaincant au fur et à mesure qu'on en comprend la cohérence, notamment dans les descriptions. Encore une fois, bravo !
JeannieC.
Posté le 02/03/2024
Wow, comme ça nous fait chaud au cœur un retour comme celui-ci ! <3 Nous sommes enchantées de te lire ainsi embarqué dans le quotidien carcéral d'Hyriel.
Ah et cette salle-boyau semble aspirer le lecteur autant que les prisonniers ahah :) Merci !
Et effectivement, on apprécie les univers un peu gothiques où les bâtiments deviennent presque des êtres vivants, où on a aussi ces symboliques de connexion entre le personnage et le décor.
À plus tard !
ClementNobrad
Posté le 28/02/2023
Bonsoir,

Me voilà à enchaîner les chapitres. Tout aussi prenant. Rien de spécial à ajouter sur le fond ou sur la forme, dans la lignée des chapitres précédents. Cette séquence de corvée était dure à lire , pas dans le sens où c'était mal écrit, mais dans le sens où on partage la peine de ces malheureux. On imagine sans mal l'enfer qu'ils y vivent, et pourtant on a passé que 5 heures avec eux dans cet endroit qu'on ne peut que rêver fuir. Plus rien n'est humain là-dedans, plusieurs fois j'avais l'impression de me retrouver dans les camps de travail et de concentration du siècle passé. La comparaison n'est pas forcément la meilleure mais l'ambiance y est tout aussi détestable... Mais bon, à chaque époque ses malheurs, et ces centres d'internement n'avaient rien à envier aux pire endroits de notre monde actuels... En tout cas, le malheur de ces hommes et femmes qu'on déshumanise au possible, c'est bien - trop bien - retranscrit.

"C'était à se demander si l'on mangeait ou si l'on était mangé, ici." Jolie phrase ! Particulièrement apprécié ce passage dans le réfectoire. Ca ne donne même pas envie d'y manger sa ration de pain dur et d'eau douteuse !

A bientôt
JeannieC.
Posté le 01/03/2023
Merci encore <3 Vraiment, tes impressions nous touchent !

Et c'est bien triste à dire mais en effet, tous les siècles ont eu leur noirceur et, toutes proportions gardées, ces institutions avaient déjà quelque chose de concentrationnaire.

Huhu thanks pour la phrase que tu relèves =) Petite parodie version humour noir du "manger pour vivre et non vivre pour manger" de Molière ~
ZeGoldKat
Posté le 20/10/2022
Oh oh ooooh, Estienne a des vilaines choses à cacher ! Encore plus hâte de découvrir son passé à lui aussi. Franchement c’est cool, ils ne se tombent pas tout de suite dans les bras l’un de l’autre (ok, même si Estienne a récupéré Hyriel dans ses bras au chapitre précédent xD). Estienne a quand même une petite méfiance par rapport au sorcier. Pas tant sur la nature démoniaque d’Hyriel, il n’est pas bête, que sur le fait qu’il lui dissimule peut-être un pan de l’histoire.
Estienne m’a trop fait rire quand il veut proposer des herbes récréatives aux juges et aux directeurs xD Ils ont tous les deux le talent du bon mot pour détendre la situation.
"Il ne lui restait donc plus qu’à penser à ses péchés, qu’il lavait au savon, et à la poudre pour les plus capitaux." J’ai A-DO-RÉ cette phrase. Marrante, et juste parfaite pour illustrer le cynisme cruel de l’institution. Hyriel est très spirituel. Et ça, l’humour, ça peut être un atout pour tenir le coup dans des situations si difficiles.
On sent que ça y est, l’exposition est faite, l’univers est planté, et l’intrigue a déjà passé un cap : la promesse intérieure d’Hyriel de trouver comment tenir le coup, ou encore mieux, comment sortir de là. Je suis avec toi Hyriel !
JeannieC.
Posté le 20/10/2022
Hellow ! :)
Contentes de te recroiser ici. J'ai transmis tes compliments à Helasabeth - qui est l'auteure de la phrase que tu relèves - et elle aussi bien qu'Hyriel te remercient chaleureusement héhé
Nous avions un peu peur que la relation entre Estienne et Hyriel fasse trop lisse ou trop rapide, mais ton impression nous rassure.
Ahah, non effectivement, Estienne n'est pas fou. Encore un peu méfiant, mais pas du tout dans les délires de sorcellerie etc, puisque lui-même souffre de beaucoup de stéréotypes du fait de son handicap.
LouiseLysambre
Posté le 30/06/2022
Salutations !

Me revoilà de bon matin pour le nouveau rituel du petit déjeuner (enfin je crois, finalement hier ça ne m'a pas tant traumatisée que ça haha). J'ai beaucoup aimé cette partie, comme dit plus bas, on y découvre ce que sont vraiment les tâches des internés, et la longueur et répétitivité affreuses de ces corvées. En même temps je trouve que le fait qu'Hyriel ait une petite lueur d'espoir en se disant "je vais sortir" vraiment salvatrice, ça fait du bien de voir qu'il n'est pas encore (heureusement) "brisé" comme les autres numéros.

J'ai noté une phrase que j'ai dû relire deux-trois fois pour la comprendre, mais peut-être que c'est aussi parce que je n'ai pas encore eu mon café :
"Hyriel cependant ne lui disait peut-être pas tout, se prit-il à vouloir le charger quand une conscience peu à ses aises avec elle-même bataille à se déculpabiliser sur autrui. " Peut-être une virgule après charger? J'ai tout lu d'une traite et j'avoue qu'arrivée à la fin je n'avais pas vraiment saisi le propos :')

Mais sinon, des passages trop bien aussi :
« Il ne lui restait donc plus qu’à penser à ses péchés, qu’il lavait au savon, et à la poudre pour les plus capitaux. » -> très belle métaphore

« Il supporterait une escadrille de clampins qui se croyaient les meilleurs parce qu’ils étaient du bon côté de la matraque. » -> ça, j'ai beaucoup ri du terme clampin, je l'aime beaucoup, c'est mignonnet et incisif à la fois comme insulte !

« Dans un vaste chambardement, on se dirigeait au gré d'une queue-leu-leu sans âme vers le réfectoire. » -> y'a vraiment cette idée de pénitent, de corps sans âme qui défilent, j'adore (enfin c'est horrible, mais j'aime bien)

« Le réfectoire faisait l'effet d'un viscère géant, tout de couleur terre du sol jusqu'aux hauteurs, prêt à entasser, comprimer, digérer leurs dizaines de petits corps vêtus de teintes si ternes qu'ils s'en confondaient avec les murs. » -> meilleure description ever, le terme viscère est vraiment bien choisi pour le coup (avec le "on sait pas si on est ici pour manger ou être mangé" juste après.

En bref, je continue :p
JeannieC.
Posté le 30/06/2022
Re-coucou !
Voui, l'esprit d'Hyriel fait des montagnes russes là, entre abattements et soudains moments où il se reprend pour se donner l'ordre de ne pas se laisser couler. Ravies que les descriptions des lieux et des corvées aient su t'emporter, malgré la répétitivité - dur de décrire un quotidien chiant sans que le texte soit chiant à vrai dire xD C'était un peu une de nos craintes ~
Ah et la phrase que tu pointes est en effet un peu tarabiscotée à la relecture, on va arranger ça - thanks !
Aramis
Posté le 05/06/2022
Me revoilà, enfin, après une trop longue pose ! Je voulais absolument reprendre ce récit, évidemment, je suis contente d'enfin pouvoir le faire et de retrouver Hyriel et Estienne là où je les avais laissés !

Comme d'habitude, tout coule de source, avec une précision et une clarté qui fonctionne parfaitement (j'ai vu que vous étiez déjà repassés sur le texte, en plus, donc encore moins de choses à dire hahaha)

Ce chapitre est interessant à l'endroit où on commence à comprendre quel genre de corvées les détenus sont obligés de subir à longueur de journées, et ça marche très bien, la répétitivité, la longueur des heures qui passent, les tentatives pour communiquer par le regard à défaut d'autre chose...
J'ai deux petites remarques globales, dont une, je crois, est assez de l'ordre du pinaillage :

- le moment où Hyriel décide de ne pas trop réfléchir à l'aspect moral de la besogne qu'il est en train d'accomplir m'a fais tiquer, parce que depuis le début vous le présentez comme quelqu'un de très réactifs aux situations autours de lui, et à la condition des autres. Du coup, je me suis dis que c'était étonnant, alors qu'il l'a littéralement sous les yeux et rien n'a faire de son esprit, qu'il n'en conçoive même pas une petite remarque sarcastique (héhé)

- Je sais que c'est quelque chose que j'ai déjà soulevé, peut-être que c'est mon côté aime-le-drama-plus-de-drama, mais je trouve toujours Hyriel super résilient. Comme il a enfin un moment où son cerveau se pose, en quelque sorte, qu'il a eu le temps de découvrir concrètement son nouvel environnement de vie-et-plus-si-affinité-avec-la-mort, je m'attendais à ce qu'il ait une forme de réalisation, ou quelque chose, à contrario, qui indique qu'il refoule ses émotions. Or il semble vraiment s’accommoder sans trop d'inquiétudes pour lui même de sa nouvelle situation... Bon je mets ça en suspens, parce que peut-être qu'en savoir plus sur lui m'aidera à comprendre ce point de vue. L'autre solution serait de plus insister sur l'idée qu'il a la certitude de pouvoir sortir de là bientôt, d'une manière ou d'une autre !

Hormis ces deux remarques, vraiment rien n’a dire : j'ai beaucoup ris sur la proposition d'Estienne de se taper une petite fumette pendant l'office ! C'est chouette de découvrir peut à peu qu'il a aussi un humour mordant...
JeannieC.
Posté le 06/06/2022
Hey coucou ! :D
Ravies de te recroiser par ici, et de lire ton enthousiasme pour la suite des mésaventures d'Hyriel et Estienne <3 Et comme ça fait plaisir que tu trouves l'immersion dans la routine répétitive intéressante ! C'était une de nos craintes, et un peu une gageure en se lançant dans un univers huis-clos et carcéral : que ce ne soit pas chiant même si la vie des personnages l'est xD

Par rapport à tes deux suggestions, alors oui, on garde sous le coude de souligner peut-être davantage le sarcasme d'Hyriel quand il "rend toutes belles toutes propres les frusques de ces Messieurs". Et on a dû mal tourner ça, mais il a parfaitement conscience de l'horreur de la chose, c'est juste qu'il s'interdit de trop y penser pour tenir le choc.
Et au sujet de son attitude, pareil, on retient ! =) Après, on a tout récemment beaucoup plus développé l'état de choc d'Hyriel dans les deux premiers chapitres, tu avais lu le début il y a un certain temps et en effet ça manquait x) Par ailleurs comme tu le soulignes, il y a aussi chez lui une bonne capacité au refoulement due au passé du personnage, qui a déjà traversé beaucoup de choses et a développé une certaine endurance - ça, et sa volonté qui le fait se dire "je trouverai comment m'en sortir". Peut-être que ce refoulement sera à mettre plus en avant en effet ! Et on ne manquera pas, par la suite, de brosser par bribes les passés des deux lascars héhé -

Ahah, contentes que les bêtises d'Estienne t'aient fait sourire xD Il peut être farceur et ché-per quand il veut. Côté drama, c'est encore tranquille pour le moment mais ça commence à cuire pour les fesses d'Hyriel au chapitre 4 xD

En tout cas merci beaucoup !
A une prochaine !
Aramis
Posté le 06/06/2022
Pour l'instant ça n'a rien de chiant à lire, au contraire ! Ce sera sûrement plus efficace comme retour quand je me serais un peu plus frottée aux redondances de leur quotidien, étant donné que je suis encore dans la découverte de leur univers hahaha :')

Et non non ! Le fait qu'il ait conscience de l'horreur de la chose est parfaitement claire, c'est plutôt la façon dont il l'écarte qui m'a fais me dire que c'était étonnant qu'il ne règle pas ça avec son petit sarcasme habituel hehe

Il faudra que j'aille jeter un nouvel oeil sur les corrections (mais je vais essayer d'avancer avant, n'est-ce pas)
et oui, c'est ce que je me suis dis, c'est un trait de caractère très interessant à traiter par ailleurs, le fait qu'il puisse fonctionner par déni ou refoulement, et c'est totalement légitime dans la construction du personnage (j'ai entre-aperçu des éléments de leurs histoires sur insta, j'ai hâte de lire ces révélations dans le texte :') Pour moi c'est vraiment juste une question de dosage dans la précisions du choix que vous faites !

Avec plaisir bien entendu, et au prochain chapitre héhéhé
JeannieC.
Posté le 07/06/2022
Aaah d'accord, je comprends mieux pour le sarcasme ! Je transmets à Helasabeth alors, qui est en coulisses du personnage d'Hyriel =)
Edouard PArle
Posté le 09/11/2021
Coucou vous deux !
Petit à petit, l'écriture se fait plus noire et l'espoir plus réduit. Hyriel est obligé de se taire, de ravaler sa fierté. J'arrivais bien à imaginer les lieux, c'est toujours très bien décrit.
Je ne sais pas trop pour l'instant où vous nous menez, mais je suis xD C'est toujours plaisant à lire.
Le 147 rayé est un de ces petits détails qui font la différence dans une histoire, je trouve que c'est vraiment un point de détail très cool pour instaurer cette ambiance noire.
Quelques remarques :
"D'autant que l'endroit était si sombre" le si est de trop je pense
"dos faits bossus par des années de travail," -> rendus bossus ?
"pourquoi pas de couleurs ?" -> cette absence de couleurs ?
Un plaisir de vous lire,
A bientôt !
JeannieC.
Posté le 10/11/2021
Coucou Edouard !
Bonne descente en enfer là en effet pour Hyriel >_< Des passages un peu plus légers et humoristiques vont revenir, mais là sûr, la découverte de l'environnement ne lui fait pas de cadeau - et RIP le 147 ~ Encore merci pour ton enthousiasme, tes propositions et retours ❤️
Hortense
Posté le 05/11/2021
Je poursuis ma lecture dans la foulée. La descente au enfer n'en finit pas. Ici aucune échappatoire ne semble possible. Un poids trop lourd, une fatalité pèsent sur ces hommes et femmes condamnés aux travaux forcés, attendant la mort, seule issue possible. Ce monde de désolation est triste à pleurer. Dans cette noirceur, l’œil d'Hyriel semble le seul habité d'une humanité. Est-ce par qu'il est nouveau ? Probablement. Dans cet enfer, la raison et l'espoir doivent vite vaciller.


C'est un excellent chapitre, bien écrit, très imagé. Je n'ai eu aucune difficulté à me représenter la scène et les lieux.


- Il en surveillait, de ces diables ainsi parqués en attendant d'être entassés en prison : Estienne est-il, lui même, un ancien gardien ?
A très bientôt
JeannieC.
Posté le 06/11/2021
Ah lala, Hyriel n'est pas au bout de ses peines c'est sûr, mais il a une grosse résilience et certainement pas l'intention de se laisser abattre =D Ses camarades quant à eux sont plus ou moins abattus et apathiques, ça dépend desquels on va dire ~

Encore merci pour ta lecture et pour tes impressions qui nous touchent beaucoup <3
Au plaisir !
Alice_Lath
Posté le 24/10/2021
"les frusques de Ce Seigneuries" -> Ces Seigneuries ?
Au début aussi, j'ai eu du mal à comprendre les blagues avec les trucs à fumer, et les champignons, j'avoue que j'ai eu du mal à rire :') pck j'ai pas capté
Sinon, j'ai beaucoup aimé ce chapitre ! L'immersion était excellente, le désespoir palpable, on se figure très bien les lieux et l'atmosphère générale. C'était vraiment un très bon moment de lecture, je me régale, et depuis le chapitre précédent, j'ai l'impression que les soucis de points de vue tendent à se réduire. La solitude de Hyriel, les conditions de travail, tout est très bien retranscrit, bien joué !
Juste une petite note : j'ai vu un com plus bas comme quoi Hyriel devrait être plus révolté pour la grande cause des opprimés. J'avoue que parfois, je lui trouve un point de vue très contemporain qui me paraît un poil étrange avec son origine et son éducation haha donc à voir comment doser cela, enfin voilà, je voulais juste contrebalancer un peu ce point
JeannieC.
Posté le 25/10/2021
Oops ! Coquille xD On note, on corrigera ça !
Quant à la vanne, effectivement on va la reformuler, là ce n'est pas clair du tout, qu'ils blaguent sur les probables champignons hallucinogènes et herbes que doivent s'envoyer les juges pour imaginer des Shabbat avec adeptes à oilp danser autour d'un feu pour Hyriel xD

Tu as trouvé Hyriel un peu anachronique à des moments précis ? Ou c'était juste par "avertissement" pour justement qu'on évite de tomber dans cet écueil ? En tout cas oui c'est clair, il n'est bien sûr pas question d'en faire un SJW avant la lettre, même s'il est quand même quelque peu décalé et rebelle eu égard à son passif qu'Estienne va découvrir, pas de soucis pour ça xD

Pour le reste, nous sommes enchantées de tes retours sur l'ambiance, la descente aux enfers, tout ça =D
Alice_Lath
Posté le 25/10/2021
En fait, je savais pas qu'à cette époque, ils connaissaient l'usage récréatif d'herbes et de champignon, ce qui renforçait ma confusion haha

Et c'est plus un avertissement pour le moment, même si c'est chouette qu'il ait un regard un peu critique ! Juste que ça me ferait bizarre d'entendre des théories marxistes (bien que géniales) dans sa bouche hahaha
JeannieC.
Posté le 25/10/2021
Ahahah eh bien voilà, maintenant nous avons imaginé Hyriel en communiste brandissant le drapeau rouge et soulevant la révolution des enfermés xD
Nous te remercions pour cette vision ;-D

Mais oui blague à part, rien ne m'agace plus que les séries historiques qui justement plaquent un peu trop de SJW sur des mentalités passées, alors yes nous allons faire attention à ce point ~
Yannick
Posté le 13/10/2021
Waaa, ce chapitre c’est un peu la descente aux enfers ! Jusqu’à présent il y avait une sorte d’espoir de trouver quelques bons moments avec des « amis ». Tout d’un coup, en plus de l’ambiance glauque, vient planer l’ombre d’une mort à court terme à cause des conditions déplorables.

Je me disais justement que, pour le moment le héros (Hyriel) n’a pas vraiment d’objectif et qu’il serait temps que ça vienne. Après c’est vrai que ce n’est que le 3eme chapitre (comme ils sont divisés, ça parait plus). Mais je trouve que ce serait bien qu’il ait un but, une ligne directrice à laquelle le lecteur s’accroche au milieu de tout ça, en se demandant s’il pourra y parvenir.

Quelques passages qui m’ont laissé songeur :
- « grimaçant à la chaleur soudaine en vapeur et sur ses mains » : pas bien compris la formulation (chaleur soudaine en vapeur)
- « à l'autre bout de tout ce noir » : noirceur, pénombre, obscurité... Pas convaincu par « tout ce noir »
- certains visage: visageS
- « Une cloche sonna... mais il n'en trouva aucune » : j’ai eu un peu de mal avec ce paragraphe, je l’ai trouvé moins fluide que le reste du récit. Peut-être parce qu’il y a beaucoup de phrases « il + verbe ».
- « Des teintes si ternes les vêtaient qu'ils s'en confondraient avec les murs. » : j'ai accroché sur "les vêtaient" et mis un peu de temps à comprendre.
JeannieC.
Posté le 13/10/2021
Hello Yannick !

Merci pour ta lecture et tes retours toujours aussi intéressants =) Oui, là finie la rigolade dans cette section, Hyriel découvre pleinement l'horreur dans laquelle il a atterri.
D'ailleurs pour ce qui est de son objectif, en réalité pour le moment il s'agit simplement de survivre + espérer sortir de là un jour, et à défaut, voir quels leviers il va pouvoir mobiliser pour ne pas péter un câble, et pourquoi pas aussi casser les bombons aux supérieurs. Mais oui, sans doute serait-ce bien de le verbaliser dans cette section effectivement ? Tu as mis le doigt sur quelque chose d'important. Nous allons sans doute rajouter une ou deux phrases dans ce sens.
Quant aux autres objectifs, ils vont en découler au fil des interactions, notamment l'histoire d'amour avec Estienne qui va s'esquisser dès le chapitre IV héhé

Oops, bien vu pour la coquille, on a corrigé ça, de même que le paragraphe un peu maladroit que tu as pointé. On garde sous le coude tes autres impressions, nous allons réfléchir à ces tournures avec Helasabeth.

A une prochaine ! =)
Eryn
Posté le 03/10/2021
J’adore sa manière de présenter les choses au tout début, on dirait qu’il est à la cool !
« Déjà que le travail n’était pas gai… » évidence, on s’en doute.

« qui se croyaient les meilleurs parce qu’ils étaient du bon côté de la matraque » Super cette expression !

« Les enfermés » = j’aime bien cette façon de les désigner !

Très bien la description de la pièce vue par Hyriel à la fin !
«   Pourquoi faire si peu de cas du moral des internés ? Qui veut voyager loin ménage sa monture… à moins que l’on ait à disposition tant de montures que toutes soient sacrifiables. » = On se doute un peu de la réponse, je pense qu’elle n’est pas nécessaire.

Il y a des moments ou je trouve qu’il en est dit presque un poil trop. C’est évident que le travail n’est pas gai, c’est évident aussi que les prisonniers, vu les conditions décrites jusqu’à maintenant, sont sacrifiables. Je pense que quelques phrases pourraient être reformulées, peut être en montrant à quel point Hyriel est révolté par ça ? Montrer les sentiments que cela lui éveille plutôt que ce qu’il sait déjà ?
Qu’en penses tu ?
A toute !
JeannieC.
Posté le 03/10/2021
Re !

Tu as tout à fait raison pour "Déjà que le travail n'était pas gai", c'est un peu captain obvious, nous allons l'enlever.
Sur les autres réflexions, on a rendu un peu de tristesse et de dégoût, mais globalement Hyriel réagit surtout par l'ironie pour faire passer sa révolte, comme dans l'histoire du proverbe sur les montures - p'têtre à souligner davantage, le côté grinçant de ses constats ~
Pour "les enfermés" et les descriptions du réfectoire sinon, merci ! Et ahah oui Hyriel est du genre à aborder un peu en mode "Yolo" ce qui lui arrivé côté accusations de sorcellerie. Cela l'aide à tenir, et ça lui évite de trop s'attrister devant un camarade, en faisant ressortir le WTF des accusations

A une prochaine =D
Vous lisez