CHAPITRE III : L’ENTERREMENT

Notes de l’auteur : Version corrigée ! Un grand merci à Sébours, Clément, Nathalie et Isahorah

En fin d’après-midi, Meghi poussa un soupir de soulagement quand arriva la relève. Il pénétra pour la première fois dans la tour de garde tout juste restaurée, dans laquelle le sestier Mirbaut avait installé son bureau. Les murs en pierre jaune étaient nus, mais un large bureau en bois trônait au milieu de la pièce ronde, percée de hautes fenêtres vitrées, par-delà lesquelles Meghi distinguait des collines verdoyantes à sa gauche et les cuves bleues de tanneries à sa droite. Il apprécia l’odeur de cire qui se dégageait des poutres du plafond. Alors qu’il collectait sa solde journalière, au garde à vous face à son supérieur, il discerna une drôle de lueur dans le regard d’ordinaire dur du sestier.

« Vous avez mis de l’ardeur au travail, jeune recrue, finit par dire ce dernier. Votre supérieur, le sergent Yori, n’a cessé de vous couvrir d’éloges. » Il farfouilla dans ses tiroirs et lança à Meghi une bourse en cuir. « Cela vaut bien une petite prime. »

Meghi l’attrapa à la volée. Il crut que son cœur allait éclater en examinant son contenu. Il y en avait au moins pour un stella d’argent là-dedans ! Il s’apprêtait à sortir, tout sourire, pour dépenser sa fortune à la taverne, lorsque son supérieur le rappela et lui ordonna de faire la sentinelle pendant sa sieste.

« Et surtout, ne laissez pas les chiens errants entrer dans la caserne ! »

Meghi fit donc le pied de grue jusqu’à la nuit tombée, sous les rires et les quolibets de ses camarades qui partaient les uns après les autres à la taverne.

Quand il fut enfin autorisé à prendre congé, il rejoignit la salle carrelée au sous-sol, construite sur le modèle olmien, dans laquelle il se déshabilla, soulagé d’ôter sa lourde cotte de mailles. Il se lava le corps à l’aide des jarres d’eau fraîche. Une ecchymose douloureuse noirâtre s’étirait au niveau de ses côtes, vestige d’un combat avec Yori, chevauchant une ancienne qui virait au jaune.

Dans le dortoir bruyant, Meghi enduit les mailles, le casque et la pointe de sa lance de suif pour les protéger de la rouille. Du coffre en bois au bout de son lit, il sortit le casque de son frère et le frotta avec ardeur. Il l’admira comme on vénère une relique sacrée. Himin serait fier de moi aujourd’hui, se dit-il, le front tout contre l’acier froid. Je marche dans ses pas. Il tapota sa poitrine où se situait sa bourse. Une prime, c’est quelque chose ! Bientôt, je serai sergent. Il déposa le heaume avec délicatesse et referma le battant.

En contemplant la rangée de couchettes dans le dortoir, Meghi se dit qu’il était temps qu’il trouve un endroit à lui. Combinée à ses maigres économies, sa prime lui permettrait de s’installer à son compte.

Il sortit de la caserne et flâna dans les rues, appréciant la caresse de la brise nocturne. Ce devait être le moment préféré des Darrains : les étoiles pétillaient au-dessus de lui dans la rivière du ciel et les températures s’adoucissaient. À quoi Hjartann était-il occupé en ce moment ? Où était-il ? Meghi l’imaginait arpenter Nisle de sa démarche nonchalante, le visage crispé. Il ne l’avait pas revu depuis son enrôlement au sein de la garde. Les nouvelles recrues lui avaient appris que Hjartann avait retrouvé son poste de péjuan, commandant des zérègues. Meghi n’en revenait toujours pas d’avoir côtoyé un personnage aussi illustre au cours de son voyage. Son nom était connu de tous et son retour générait son flot de ragots parmi les soldats. Certains se méfiaient de lui, voire de tout Darrain, quand d’autres louaient sa valeur au combat et ses exploits passés. Un soir, à la taverne, il avait même entendu une chanson, le Lai de Hjartann, glorifiant son courage à Dhuyne. Sa présence lui manquait.

Ses rêvasseries le menèrent droit à l’atelier de Grahann. Ce n’était pas la première fois qu’il y venait, avec l’idée de prendre des nouvelles de Hjartann. Mais à chaque fois, il se résignait. Pouvait-il se présenter à l’improviste chez le célèbre peintre ? Lui, un simple soldat ? Avant qu’il ne se décide à toquer, la porte s’ouvrit à la volée. Un jeune artiste avec un tableau sous le bras réajusta ses sandales, descendit la volée de marches et s’éloigna en grommelant, sans lui accorder un regard. En haut de l’escalier, Mademoiselle Fa interpella Meghi :

« Souhaitez-vous, vous aussi, rencontrer le Maître pour le poste ? »

Meghi ignorait de quoi elle parlait et demeura muet de saisissement. L’ancien fermier n’avait jamais tenu un fusain dans ses mains. Les seules œuvres qu’il eût jamais contemplées étaient les représentations des Trois dans le temple de son village. Et encore, il ne leur avait jamais prêté le moindre intérêt.

« Non, non, bafouilla-t-il. Je… Je ne veux pas le déranger, je vais m’en aller. »

Il tourna les talons, prêt à rejoindre la caserne, mais s’immobilisa en voyant Hjartann débouler au bout de la rue. Il était vêtu d’une jupe droite sombre, avec une chemise claire sous sa veste bleu roi dont les pans brodés de fils d’argent lui tombaient aux genoux. Des gants de la même couleur montaient jusqu’aux coudes. Son épée au fourreau richement orné pendait le long de sa cuisse. Il tenait un chapeau à large bord à bout de bras et ses cheveux étaient tout ébouriffés. Son visage tiré s’illumina en apercevant Meghi. Celui-ci lui sourit à pleines dents, ravi de cet heureux hasard qui les réunissait enfin.

Puis il se ressaisit : il se décoiffa de son béret et se mit au garde à vous :

« Péjuan Hjartann ! s’écria-t-il en frappant le sol de son pied.

— Repos soldat ! » lui ordonna Hjartann en riant.

Il marcha vers lui et l’empoigna en une accolade chaleureuse.

« Tu es bien le seul à marquer du respect devant le nouveau péjuan !

— Vous me faites là trop d’honneur ! »

Hjartann scruta son visage, les mains posées sur ses épaules. « Dis donc, que t’arrive-t-il ? Depuis quand me vouvoies-tu ? Cesse ça tout de suite, ami, veux-tu ? Je suis content de te voir. J’ai appris, tu es maintenant garde, comme tu le souhaitais. Mais viens boire un verre avec moi et Grahann, si tu es là ! »

Il l’entraîna avec lui en lui passant le bras autour du cou.

« Je reviens du palais perestal, lui dit-il. Chaque jour se tiennent de nouveaux conseils, pour régler la question des Danbrais. »

Mademoiselle Fa s’inclina en les laissant entrer dans l’atelier. Assis sur un tabouret en face de son chevalet, Grahann leur dévoilait son dos massif. Entouré de ses statues, il tirait sur sa pipe et recrachait des volutes de fumées qui s’élevaient en formant des spirales bleutées. Meghi resta estomaqué à la vue de la modèle entièrement nue, allongée sur une banquette amarante. Il s’empourpra comme un adolescent, admirant la courbe des membres, du ventre et des seins, la fraîcheur de sa peau laiteuse. Elle laissa retomber son bras qui pendit jusqu’au tapis.

« On peut repasser plus tard si on dérange », dit Hjartann qui fixait la Darraine, d’une beauté à couper le souffle.

Il leva les mains au-dessus de sa tête, innocemment. Grahann était si concentré qu’il sursauta et poussa un petit cri aigu. Face à sa réaction, la femme éclata de rire.

« La peur de ma vie ! s’exclama le peintre en se tournant vers eux. Je ne vous avais pas entendus ! Prenez place. Nous avons bientôt fini. »

Meghi s’installa sur un coussin à même le tapis, auprès de Hjartann. Grahann reporta son attention sur le tableau. Il mélangea les couleurs sur sa palette, pour obtenir une teinte proche du pastel qu’il appliqua sur la toile par petites touches. Tous trois observaient la lumière sur la cuisse de la Darraine et l’ombre profonde qui marquait la courbe de la hanche et la ligne des seins, à peine voilés par un pan de drap blanc. Grahann réinspira une longue bouffée de tabac.

« Pouvez-vous relever vos cheveux ? demanda-t-il. Je souhaiterais rectifier la teinte de votre épaule. »

La modèle secoua son épaisse tignasse et reprit la pose. Tétanisé, Meghi contemplait le souffle calme qui soulevait sa poitrine. En ce moment, il n’entendait plus que sa respiration régulière qu’il avait calée avec la sienne propre et qui semblait donner le rythme, définir la marche du temps de cet univers irréel dans lequel ils étaient plongés.

« Votre bras, il faut le remettre comme avant, ma belle », murmura Grahann.

Elle le leva avec grâce, et le replaça. Le peintre mélangea les couleurs et quand il fut satisfait de la teinte, il reprit son travail, se focalisant sur les épaules d’où partait la ligne pure du cou.

Troublé face à la nudité de la fille, Meghi luttait contre un désir puissant. Il se remit sur pied, les oreilles brûlantes, pour regagner son sang-froid. Les poings posés sur ses hanches, il jeta un regard circulaire sur les œuvres autour de lui. Meghi avait été fermier toute sa vie ; l’art n’avait jamais constitué le genre de sujets sur lequel il avait eu le luxe de s’attarder. Il n’y connaissait rien. Pourtant, il devait reconnaître que les peintures de Grahann avaient un certain pouvoir. Elles révélaient quelque chose d’invisible, comme un pont dressé entre le monde des morts et celui des vivants. Les statues peuplant son atelier relevaient d’une intention similaire : celle de figer le cours du temps, de fixer le moment présent dans l’éternité.

Il s’approcha de Grahann, se pencha au-dessus de son épaule, les mains jointes dans le dos, et examina la toile.

« C’est très ressemblant.

— Il s’agit d’une œuvre que je peins pour le temple de maison des Hari.

— Plutôt lubrique pour une scène religieuse ! »

Grahann lui jeta un regard affecté.

« C’est une scène mythologique, corrigea-t-il. Horgann après la décapitation de Rita. Là, dans ce coin, il y aura la tête coupée. J’ai déjà commencé les tracés, mais j’hésite à la placer ici, dit-il en désignant un espace vide au premier plan. Je ne sais pas encore.

— Beau brin de fille. »

Grahann grommela en posant sa palette. Il se mit debout et fit craquer ses vertèbres. « C’est le moment de faire une pause. »

La fille s’étira félinement.

« Vous avez besoin que je revienne ? demanda-t-elle de sa voix sensuelle.

— Pour plusieurs séances. Mais nous allons nous arrêter pour la nuit d’hui. »

La première fois qu’il avait vu Grahann, Meghi l’avait pris pour un poivrot. Avec un je-ne-sais-quoi de terrifiant dans le regard. Or, malgré son physique de titan, le Darrain lui apparaissait à présent comme une personne posée et plutôt délicate. Quand il peignait, il imposait un silence royal dans l’atelier. En revanche, lorsqu’il buvait, une fureur folle le possédait, comme si son âme cachait dans ses recoins un animal sauvage enchaîné qui, dans l’ivresse de l’alcool, hurlait et frappait contre les barreaux de son crâne pour se libérer. Cette démence franche, domptée dans ses œuvres, éveillait en Meghi une vive émotion.

La modèle s’enveloppa dans un peignoir en soie blanche à larges manches, couvert de motifs de coquelicots rouges. Elle en ferma les pans avec un ruban en satin vermeil noué autour de la taille, en soutenant le regard prolongé de Meghi. Celui-ci blêmit devant sa grâce.

« J’ai chaud, lâcha Grahann. Je boirais bien un verre de vin. Hjartann, Meghi, vous en voulez un aussi ? Et vous, Osilde ? Je vais nous chercher un pichet ? 

— Non, pas pour moi, je vais me changer, puis je file, dit la modèle. Puis-je utiliser votre chambre d’eau ? »

Sans attendre sa réponse, elle grimpa les premières marches. Grahann l’observa avec des yeux amoureux, jusqu`à ce qu’elle disparaisse à l’étage. Il soupira puis ouvrit la fenêtre en grand ; un courant d’air tiède souffla dans la pièce, emportant l’odeur de fumée. Les lattes du parquet tremblèrent alors que le géant se dirigeait vers la cuisine. Des notes de flûte aigües parvenaient jusqu’à eux. Meghi dressa l’oreille et chercha à identifier la mélodie, mais n’en reconnut pas les accents, même si les lignes caressantes lui rappelèrent les airs chantonnés par Himin dans les prés. Ses yeux se reposèrent sur le portrait devant lui, si réaliste qu’il avait l’impression que la figure peinte allait se mettre à danser au rythme de la chanson, à l’intérieur de la toile.

« Ne me juge pas trop sévèrement, Meghi, dit Grahann en revenant dans l’atelier, les bras chargés d’une cruche et de trois gobelets en céramique. Le tableau n’est pas encore terminé. »

Il s’agenouilla pour disposer les verres. Meghi les rejoignit. Avec un coude sur la table basse et le menton reposant dans sa paume, Hjartann s’était égaré dans quelques songes douloureux.

« Comment se passent les réunions au palais ? demanda Grahann.

— Ne m’en parle pas, répondit Hjartann en saisissant la coupe qu’il lui tendait, j’ai l’impression d’avoir plongé dans un nid de korches.

— Une termitière emplie de Nains serait plus exacte », corrigea Grahann.

Meghi renifla le verre, circonspect. Rassuré par l’odeur de vin, il but une exquise gorgée.

« Pleine de Nains et de stipendiers arrogants, compléta Hjartann. En y réfléchissant, il est étonnant que Nisle n’ait pas été attaquée plus tôt. Elle est affaiblie militairement, depuis la guerre, mais son économie prospère et la ville compte de nombreuses richesses. Je pense à la bibliothèque. Elle est incroyable et rassemble un savoir millénaire. »

Le frère de Meghi lui en avait parlé ; ses ouvrages étaient célèbres dans toute l’Énée. Il se promit d’y faire un tour, quand il aura le temps.

« Nisle a été attaquée à plusieurs reprises, expliqua Grahann. Et pas pour ses vieux bouquins ! Ce n’est pas la première fois qu’on nous fait un pied de nez sous les remparts. Jusqu’à récemment, des bandes armées parcouraient la région et venaient régulièrement nous menacer. Soit les assaillants ont été repoussés, soit des négociations ont été menées et une rançon payée. Abisen le Jeune est devenu très populaire en écrasant définitivement celle des Écorcheurs qui terrorisait les côtes, il y a deux ou trois ans.

— J’ai l’impression qu’à la nuit d’hui, c’est différent, dit Hjartann. Souviens-toi de la bataille d’Arjan. Les Danbrais sont dangereux et imprévisibles. M’est avis qu’ils veulent frapper un grand coup. Par Gaud ! Si j’avais su ! Moi qui avais espéré passer quelques années paisibles, me refaire une santé. Mon dernier souhait est de repartir en guerre… »

Hjartann reposa son verre vide. C’était un vétéran, désabusé par les combats. Meghi, quant à lui, se réjouissait d’en découdre avec l’ennemi, pour montrer sa valeur à tous.

« Hjartann qui ne veut pas repartir en guerre ! ironisa Grahann. On aura tout vu !

— À la vérité, je ne sais pas ce qui est le pire. Affronter les décisions de ce nouveau gonfalonier arrogant ou combattre une armée entière de Nains s’écrasant contre les murailles.

— Je préfèrerais encore avoir affaire à ces Nains ! s’exclama Grahann. Je n’arrive pas à croire que cette ordure est maintenant gonfalonier ! Kuara déteste les Darrains et s’acharne à vouloir censurer toutes mes œuvres. Il a déjà réussi à renvoyer deux de mes très bons apprentis qu’il me force à remplacer par des Humains. En plus, je dois le représenter dans une scène de bataille. Tu n’imagines pas le calvaire. À chaque séance de pose, je dois supporter son mépris silencieux ou ses insinuations douteuses. Au moins, le peresta le remettait à sa place, avant. »

Il but la moitié de son verre d’une traite, rota et s’essuya la bouche dans sa paume.

« Tu as raison, confirma Hjartann. Abisen n’est plus que l’ombre de lui-même. Depuis la mort de son fils unique, il se désintéresse de la politique. J’irais même jusqu’à affirmer qu’il sombre peu à peu dans la folie. Cela me préoccupe. Nous avons besoin d’un dirigeant fort pour contrer les Danbrais. »

Meghi intervint : « Au cours de notre voyage, nous avons mis une bonne dérouillée à ces Nains ! » Il tourna son visage enjoué vers son ami. « Les gardes n’en feront qu’une bouchée ! »

Grahann secoua la tête et coula un regard en coin vers son cousin :

« Bon sang, tu vas nous en faire un guerrier, tout comme toi. »

Hjartann leva les bras avec innocence. « Meghi a pris cette décision, seul, je n’y suis pour rien !

— Tout comme Brynjann, soi-disant. »

À l’évocation de sa fille, Hjartann se raidit. Il glissa ses talons sous les fesses et posa les paumes à plat sur ses cuisses, le corps tendu comme la corde d’une citole. Meghi le revit, assis de la sorte autour du feu de camp, près du lac Noure, alors qu’il venait d’émerger de la fièvre qui l’avait dévoré.

« Soi-disant ! » répéta Hjartann en grimaçant.

Grahann le considéra un instant, la tête inclinée : « Je plaisantais… Tu es sûr que tout va bien ? »

Hjartann baissa les yeux et lâcha : « Mon vieux chien Garmang est mort cette nuit.

— En voilà une nouvelle fracassante ! »

Hjartann hocha le chef. « C’est comme s’il avait attendu tout ce temps, murmura-t-il. Comme s’il avait voulu me revoir une dernière fois, avant de mourir…

— Tu deviens sentimental, plaisanta Grahann. Ma foi, ce n’est qu’un vieux chien…

— Un vieux chien, oui, mais dont les sentiments sont plus profonds que ceux des miens. Ma mère est si distante, si froide… Nous nous sommes à peine parlés au cours de ces deux mois. »

Hjartann sortit une boite finement ouvragée et commença à effriter le tabac. Meghi posa son regard sur ses mains qui tremblaient. Ses joues creuses, les cernes sous ses yeux, ses cheveux décoiffés, il ne correspondait pas à l’image du vaillant guerrier décrit dans les chansons. Grahann saisit la cruche et resservit le vin.

« Cette vieille sorcière… dit-il en secouant la tête.

— Moi qui me réjouissais tant de la revoir. Après le calvaire que j’ai vécu dans les Ulynes, je ne demandais qu’à rentrer. J’avais imaginé des retrouvailles bien plus chaleureuses. »

Meghi frémit en repensant à Ifann, créature terrifiante, dont l’ascendance glaçante pesait sur lui.

« Tu es parti trop longtemps, mon cher, reprit Grahann. As-tu oublié son caractère de cochon ? Elle est dure comme un bloc de marbre. Elle l’a toujours été.

— Non, tu te trompes, nous avons toujours été très proches, rétorqua Hjartann. Ses silences… Ses regards en coin… Autant de reproches qui me sont adressés… Comme si elle était contrariée que je sois rentré, vivant. »

Même s’il ne l’avait rencontrée qu’une fois, Meghi pouvait aisément imaginer la peine ressentie par sa mère, l’horreur causée, non seulement par la perte de son fils, mais aussi de sa petite fille. N’était-ce pas ce qu’avait souligné son lieutenant borgne à leur arrivée ?

« Tu exagères, tempéra Meghi.

— Il a raison, renchérit Grahann. Tu m’as dit toi-même qu’elle avait entamé des négociations auprès du pengadil, pour que tu reprennes ta place de péjuan. C’est grâce à elle que tu as réinvesti tes fonctions aussi vite. Elle te veut à ses côtés, c’est évident. Ne lui prête pas de mauvais sentiments. 

— Il n’y a rien de pire que de perdre un enfant, ça n’a pas dû être facile pour elle », dit Meghi en buvant une autre gorgée de vin.

Derrière ses paupières closes, il revit les cuisses rouges de sa femme d’où coulait sa vie. Il se focalisa sur la mélodie claire de la flûte qu’accompagnait le chant des grillons, pour refouler ces funestes pensées. Il connaissait cet air-ci. Des variations avaient été apportées par rapport à la version qu’il jouait à la ferme. Il s’aperçut que Grahann le dévisageait. Hjartann finit son verre, en but un autre, cul sec, et se resservit. Il gardait les yeux baissés, rivés sur le tapis dont il grattait les motifs géométriques du bout des doigts. Le pauvre était totalement abattu, comme lors de leur rencontre près du lac. Meghi et Grahann rééchangèrent un bref regard inquiet.

« Qu’y a-t-il ? fit Grahann, pour dissiper la gêne qui s’était installée. Ce n’est tout de même pas la mort d’un vieux chien, que tu n’as pas vu depuis quinze ans, qui te met dans cet état ! 

— Quelque chose est arrivé ? » renchérit Meghi.

Hjartann marqua une pause. Sa main tremblait sans discontinuer, le liquide dans son verre remuait. Son regard fixe restait accroché à une forme, brodée sur le tapis.

« Tu entends ? fit-il, l’index levé, en une tentative désespérée pour détourner la conversation. Ils ont cessé de jouer de la flûte. »

En effet, l’atmosphère avait changé. Une ombre malheureuse grossissait entre eux.

« Regarde-toi ! Si tu ne t’étais pas enfui lâchement, tu n’en serais pas là, lui jeta alors Grahann, les commissures de ses lèvres abaissées.

— Comment ? sursauta Hjartann.

— Qu’attendais-tu ? Que ta mère reste à se morfondre pendant toutes ces années ? Qu’elle danse de joie alors que tu l’as abandonnée ? C’est de ta faute. Tu nous as laissés en arrière, sans regret. »

Hjartann déglutit ; ses yeux perçants se braquèrent sur lui. Sa main se posa instinctivement sur la garde de son épée.

Grahann insista : « Et pour quoi ? Pour une bonne femme, je parie ?

Hjartann explosa. Sa paume tomba sur la table en un grand bruit ; les coupes s’entrechoquèrent : « Tu te moques de moi ? cria-t-il. Comment oses-tu ? Toi ! C’est toi qui es parti le premier ! C’est toi qui as quitté le clan pour vivre avec… avec ces… ces satanées statues ! »

Il leva le bras et désigna l’atelier, d’un air dédaigneux.

« C’est de toi qu’on parle ! rétorqua sèchement Grahann en pointant Hjartann du doigt. Ne me mets pas ça sur le dos ! Tu as du culot pour venir me faire la leçon après tout ça !

— Les gars, il est inutile de s’énerver », tenta Meghi en montrant ses paumes.

Mais que pouvait-il contre deux guerriers millénaires ? Ses épaules s’affaissèrent et il se ratatina sur son pouf.

« C’était il y a quinze ans qu’on avait besoin de toi ! s’emporta Grahann, les lèvres retroussées, dévoilant ses longues canines. As-tu pensé à nous ? À ta famille ? À ta propre fille ? »

La poitrine haletante, Hjartann passa la main sur son visage déconfit. Il prit un moment pour répondre :

« Le pire, c’est que tu dis vrai, admit-il d’une voix tremblante, c’est à cause d’une femme que je ne suis pas rentré. »

Grahann allait réagir, mais Meghi réussit à lui clouer le bec d’un geste.

« Quand j’ai appris qu’elle était morte, murmura Hjartann, j’ai… »

Il se tut sans finir sa phrase et ingurgita, une fois encore, le contenu de son verre.

« On ne voulait pas réveiller ça », dit Meghi sur un ton qu’il souhaitait réconfortant.

Hjartann le contempla d’un air horrifié. « Ah ? Parce que tu crois que ça, ça dort ? »

Il se versa une généreuse rasade de vin qu’il avala d’une traite, à nouveau, puis se laissa tomber en arrière sur les coudes, submergé par l’émotion. Son chignon s’ouvrit, ses cheveux mi-longs se délièrent sur ses épaules. Il fixa les poutres du plafond, comme si la réponse à ses questions se trouvait dans les rainures, quelque part au-dessus de lui.

« J’ai souhaité mourir, ajouta-t-il avec une infinie tristesse. Oui, je l’ai désiré ardemment. Mais la situation était délicate. Je ne pouvais pas abandonner mes hommes. C’était moi qui menais les opérations ; ils comptaient sur moi. Mais ressers-moi donc un peu de vin, dit-il en se redressant.

— Tu as bien trop bu. »

Hjartann secoua la tête. « Tu veux savoir, non ? cracha-t-il à Grahann d’un ton aigre. Je suis prêt à te le dire. » Il lui tendit son verre vide. « Oui, je vais te raconter ce qui s’est passé, ces quinze dernières années. »

Le peintre claqua les dents et les maintint serrées. Il dévisagea Hjartann, jeta un coup d’œil vers Meghi et partit à la cuisine. En revenant, il leur versa à tous une nouvelle rasade. Ce n’était plus du vin, constata Meghi qui sentit la brûlante lampée d’orgnac couler dans sa gorge.

Grahann reprit sa place et darda Hjartann d’un air de défi :

« Eh bien ? On t’écoute. »

Sans quitter son cousin des yeux, Hjartann vida sa coupe puis enchaîna :

« Je me tenais sur cette haute falaise. Mes soldats s’endormaient. L’aube pointait. Le soleil inondait la vallée d’une douce lumière rosée. Tout était fini. Les tours de Galmeric brûlaient derrière moi. »

Il baissa le regard, très brièvement, puis le releva vers lui :

« Alors, j’ai fait un pas et je me suis jeté dans le lac. La chute a duré longtemps, longtemps… »

Il grimaça et, après un silence, lâcha en faisant grincer ses dents : « Mais vois-tu, cousin, je n’ai pas été foutu de me noyer ! J’ai dû avoir une sorte d’instinct. Peut-être avais-je envie de vivre encore un peu, malgré tout. Rester quelques années supplémentaires… Survivre pour… »

Sa voix s’éteignit. Il avait parlé d’un ton neutre, mais Meghi pouvait ressentir, dans son propre cœur, la lourde peine qui l’accablait. Il demeura muet. Il savait qu’aucune parole n’aurait pu l’apaiser. Grahann remplit les gobelets.

« Je ne me souviens plus comment je me suis enterré, reprit Hjartann. En tout cas, c’est arrivé. Je suis resté enfoui, inconscient, loin du monde, au bord de ce lac, pendant quinze ans.

—  Enterré ? » lâcha Grahann, les yeux écarquillés.

Il ôtait les mots de la bouche à Meghi.

« Oui, répondit Hjartann gravement, crois-le ou non, c’est la vérité.

— J’ai du mal à te prendre au sérieux. Est-ce donc possible ? J’ai toujours pensé que c’était une vieille légende pour épater les jeunes Darrains. »

Hjartann haussa les épaules.

« Dans le passé, certains s’enfouissaient fréquemment. Enfin, c’est ce que rapportent certains ouvrages. Pour ma part, je ne connais personne à qui c’est arrivé, c’est vrai. Au final, j’avais trouvé un moyen de sortir de terre. Je m’en étais extirpé, en creusant avec mes ongles. J’ai rampé comme un serpent. Je me suis nourri de poissons crus et de petits animaux que j’attrapais à mains nues. Combien de temps ai-je erré autour du lac ? » Il s’esclaffa. « Aucune idée ! Des jours et des jours. Des semaines peut-être. Davantage ? Oui, c’est fort probable ! La mort de Brynjann était l’unique souvenir auquel je me raccrochais. Je ne me rappelais plus qui j’étais, où j’étais, ce que je faisais là. Je me sentais mal, si mal. »

Il finit le contenu de sa coupe et la reposa sur la table. Grahann hochait la tête.

« Ensuite, je t’ai rencontré, Meghi, fit Hjartann en se tournant vers lui. Ou plutôt, tu m’as trouvé. Enfin, on s’est battu, je crois. Je ne sais pas si l’on peut parler d’une présentation en bonne et due forme. »

Ses paupières papillonnèrent. Il mit sa main en visière sur un œil, comme s’il était soudain aveuglé par un soleil éclatant.

« J’ai la tête qui tourne, constata-t-il. Je vois deux Meghi. »

Il se servit pourtant un dernier verre, arrosant la table d’orgnac. Il se leva et déambula dans l’atelier. Ils replongèrent dans le silence. Tous les trois étaient liés par la même douleur, causée par la perte d’un être cher. Meghi songea à la guerre, à ce que Himin et Hjartann avaient dû endurer. Il essayait de se représenter les horreurs qu’ils avaient vécues, sans toutefois y parvenir.

Hjartann fit un pas de côté, se rattrapa de justesse à une statue. Grahann se contenta de baisser la tête. Hjartann ajouta encore, en se retournant vers eux :

« Meghi, tu ne t’en rends peut-être pas compte, mais je suis vraiment heureux de t’avoir rencontré. Seul, sans toi, je n’aurai pas réussi à reprendre la route, à rentrer chez moi. Qui sait ? Peut-être serais-je toujours là-bas, à rôder telle une bête infirme. Peut-être n’aurais-je pas pu survivre plus longtemps. Peut-être serais-je allé jusqu’au bout, cette fois-ci, sans me louper. Je te suis reconnaissant pour l’aide que tu m’as apportée. Vraiment.

— Tu es de retour, maintenant, entouré des tiens, dit Meghi. Laisse le passé au passé. Enterre ces souvenirs douloureux quelque part. Nous sommes en sécurité. Ne t’avais-je pas dit que je te protégerais ? »

Hjartann étira ses lèvres en un sourire triste.

« Si, et tu l’as fait ! Ne va surtout pas jouer aux héros au cours de la guerre qui s’annonce ! lui dit-il en le pointant du doigt. Je ne veux pas te perdre, toi aussi. Tous ces jeunes qui se sont engagés, avec le rêve de se couvrir de gloire. Ne commets pas cette erreur ! Ne te porte pas volontaire, surtout ! Car la plupart d’entre eux ne sont en réalité jamais revenus. 

— Je ne suis pas un lâche, je ne fuirai pas la guerre !

— Non, Meghi, c’est la guerre qui viendra à toi. »

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MrOriendo
Posté le 21/02/2023
Hello Peridotite !

Je reprends ma lecture du Darrain après une petite pause, et je suis content de retrouver Meghi et Hj. Ce chapitre est dans l'ensemble très bon, l'ambiance des confessions portées par les effluves de l'alcool est bien transmise. Le passage où Meghi admire la modèle m'a fait sourire, m'est avis qu'il ne s'intéresse pas tant à l'art qu'à la darraine qui posait nue chez Grahann.

Enfin, on découvre ce qui est arrivé à Hj pendant ces quinze années. J'avoue que j'étais assez loin de m'imaginer un ensevelissement volontaire, c'est plutôt surprenant et bien trouvé. Ça donne également du relief au personnage, on a vraiment envie de le plaindre en prenant connaissance de cette histoire. Et à en juger par sa mélancolie quand il arrive chez Grahann au sujet d'Ifann et du peresta, on se dit que le pauvre n'a toujours pas trouvé ce qu'il cherchait pour lui redonner le goût de vivre.

Bref, un chapitre assez dense en émotions mais qui apporte pas mal d'éléments de consolidation pour le personnage de Hj.
Je rejoins par contre Sebours sur le fait que Meghi devient simple spectateur dans la deuxième partie du chapitre. Inutile de te lancer à nouveau dans une réécriture pour si peu, tu as largement passé cette étape dans ton travail sur le roman, mais par exemple on pourrait s'attendre à le voir réagir quand Hj évoque le fait qu'il s'est enterré. À la place de Meghi, ça me surprendrait, ça me choquerait, j'essaierais d'en savoir plus, je pousserais une exclamation, que sais-je... Mais non, il reste sagement assis, silencieux, il écoute, et tu précises juste que Grahann "Il ôtait les mots de la bouche à Meghi."
C'est sans doute le (court) passage qui m'a un peu "dérangé" dans ma lecture et m'a donné ce ressenti que Meghi devient transparent dans la fin du chapitre. Peut-être manque-t-il simplement une ligne de dialogue pour le faire s'étonner, redevenir brièvement acteur.

Allez, j'arrête là mes bavardages et je passe au chapitre suivant, j'ai bien envie de connaitre la suite ! :)
Peridotite
Posté le 22/02/2023
Coucou Oriendo,

Oui, c'est clair que Meghi est plus axé sur la modèle que sur l'art, ce saloupiot 😀

Je suis supra contente que cette révélation de ce qui s'est passé près du lac puisse être surprenante et surtout qu'elle ne soit pas ridicule. Au tout début, quand j'ai posté ce chapitre, je tremblais, je me disais "ça va pas passer cette affaire d'enterrement, ils vont tous me tomber dessus !" 😀 Je suis donc ravie de voir qu'on se laisse porter et que ces révélations soient crédibles. C'est un chapitre que j'ai beaucoup beaucoup écrit et réécrit, tant dans le fond que sur la forme.

Je trouve que ta suggestion est bonne pour la réaction de Meghi qui pourrait ainsi être plus acteur. J'avais écrit ce chapitre du point de vue de Hjartann une fois ou deux, mais je préfère que Meghi soit spectateur, comme ça le lecteur a les révélations de Hjartann tout comme Meghi. Ça place le lecteur en spectateur justement et j'aime bien cet effet. En revanche, tes suggestions sont bonnes. Il n'y a aucune raison que Meghi reste trop passif et le faire plus réagir augmenterait l'immersion du lecteur à ses côtés. Je vais m'y atteler.

Merci pour ton commentaire 🙂
Sebours
Posté le 16/01/2023
Salut Peridotite!

Ce matin ça plantait! Impossible de laisser mon message.
Alors voici comme d'habitude mon commentaire du lundi.

J'ai relevé une expression que je trouve maladroite, mais ce n'est que mon propre ressenti. "Son épée engainée dans un fourreau" perso je mettrais "Son épée au fourreau" tout simplement.

Sinon, je ne sais pas pourquoi, je trouve la présence de Meghi un peu artificielle. On sent que tu as besoin qu'il soit là pour entendre la conversation entre Hjartann et Grahann. Si tu avais le point de vue d'un de ces deux personnages, Meghi serait inutile. La preuve, il intervient peu dans le dialogue. C'est un spectateur. Je me suis fait cette réflexion car au début tu nous embarques sur une autre piste. Grahann cherche un apprenti et on sent que Meghi veut faire des commentaires sur l'oeuvre de l'artiste. Mais il n'en fait pas. Je pensais que Meghi allait donner un conseil fulgurant sur où placer la tête dans le tableau...et puis non, tu enchaînes sur la discussion.
L'enterrement est clairement l'objectif de ce chapitre et pour la première fois depuis le début de ton histoire, j'ai senti les ficelles que tu tires. Pourtant il y a une bonne idée avec la fausse piste sur le décès du chien. On sait que le chapitre parle d'enterrement, on pense que c'est pour le chien et finalement c'est Hjartann. L'histoire du recrutement d'apprenti aussi est pas mal.Il manque juste une petite idée pour relier tout ça.
Pourquoi Meghi arrive à la maison de Grahann? Je pense que c'est ça le noeud du problème. Il déambule et c'est le hasard qui l'emmène dans le quartier darrain. Si son chef lui donnait une mission, comme un message à porter, tout de suite ce serait peut-être moins artificiel. Ou bien on lui demande d'espionner les darrains à la demande de Kuara. (Il sait que Meghi à accompagner Hjartann, on peut jouer là-dessus.
En écrivant, je me rends compte de ce qui me chiffonne. Sur la première partie du chapitre, Meghi est clairement acteur, alors que sur la deuxième il est spectateur.

Voilà, c'est un ressenti. Je sais que tu es dans une phase de réécriture déjà très avancée et que ce commentaire peut te paraître difficile à lire. J'essaie juste d'écrire des commentaires constructifs et objectifs. Malheureusement, la nature humaine est ainsi faite qu'on a tendance à plus relever les choses qui ne vont pas. N'oublie pas que ton histoire est top. Elle tient la route. Et je ne relève qu'un détail de cohérence dans un chapitre déjà très bien écrit. La preuve, c'est que j'ai des questions et des attentes pour la suite. Par exemple, Meghi va-t-il suivre sa vocation de guerrier ou bien devenir apprenti de Grahann?
Peridotite
Posté le 16/01/2023
Coucou Sébours,

C'est rigolo ce que tu me dis là. J'y ai déjà pensé. Dans une version précédente, le chapitre était du point de vue de Hjartann. Puis de Meghi. Puis je l'ai réécrit en mode Hjartann puis nous voici à celle-ci. Ça m'a valu pleins d'incohérences à la c** de rupture de points de vue que j'ai du corriger au peigne fin ensuite 😅 Au final, je préfère que ce soit point de vue Meghi car Hjartann bafouille, tourne en rond, c'est mieux de le voir du point de vue d'un spectateur qui se demande ce qui lui arrive qu'en acteur pour des questions de rythme et de suspense. Enfin ça a été ma conclusion après ces recherches d'écriture.

Dans des versions précèdentes, Grahann n'était pas là (dans la plupart des versions précèdentes). Dans une autre, H. disait tout à M dans la boucherie darraine. J'ai aussi un chapitre où H se confie dans une roulotte tutsa. En fait, ce chapitre, je l'ai déjà tourné dans tous les sens.

La présence des apprentis, c'est juste du lore. G est obligé de recruter des humains car Kuara qui est raciste veut des peintres Humains et non Darrains. Mais c'est rigolo si tu te demandes si M va être attiré par l'art. Ça lui irait bien.

Si Meghi va chez Grahann inconsciemment, c'est parce que Hjartann lui manque, tout simplement. Tu enlèverais ce point crucial s'il devait enquêter sur le peintre. Je trouve ça important. Il n'y va pas au hasard en realité, il veut revoir Hjartann.

Je vais corriger la phrase au fourreau, tu as raison

Merci beaucoup ton commentaire 🙂
Sebours
Posté le 17/01/2023
Oui! Je me rappelle de t'avoir écrit qu'il pouvait expliquer ce qui s'était passé sur le camp tutsa.

La le chapitre est bien. Pour moi, il manque juste un peu de liant. Par exemple, plutôt que de dire que Meghi déambule et arrive par hasard chez Grahann, tu peux dire ouvertement qu'il y passe chaque soir dans l'espoir de croiser Hjartann. C'est son souhait. Et ça en dit beaucoup sur sa personnalité. Il voudrait provoquer des choses, mais il n'ose pas encore.
Peridotite
Posté le 17/01/2023
C'est une bonne idée ça, j'aime bien, c'est plus dans ce que j'ai l'intention de faire. Je vais ajouter ça tiens :-)

Merci beaucoup pour ton message
ClementNobrad
Posté le 07/12/2022
J'ai beaucoup aimé ce chapitre. Cet échange et ces confidences dans les effluves alcoolisées, j'avais l'impression d'y être.
Enfin nous savons ce qu'à fait Hjartann pendant ces 15 années d'errements.
Bonne ambiance, bons dialogues.
Peridotite
Posté le 08/12/2022
Coucou Clément,

Je suis contente si l'immersion marche, je dois être à la millième réécriture de ce chapitre :-) et j'avais tellement peur que ça tombe à l'eau ! (au vu du caractère fantastique du truc). Merci pour ton message
Isahorah Torys
Posté le 19/11/2022
Coucou, je poursuis ma lecture, toujours aussi agréable.

Ici, j'ai relevé une petite maladresse. Hjartann est cultivé et je me doute qu'il fasse cette erreur de langage : si tu es là ! (puisque tu es là !) Le si suggère qu'il n'est pas certain que Meghi est là, alors que si ^^ ) (le passage où il l'invite à boire un verra)

Pour ce passage : recracha des volutes de fumées (ce choix de mot me laisse un peu perplexe, car cracher c'est dur, un peu péjoratif comme mot et ne s'harmonise pas du tout avec la douceur des volutes de fumées.)

Ce sont les seuls choses qui m'ont sauté aux yeux, mais après je ne suis pas une pro de l'écriture ^^

Ici, j'ai bien ressentir la douleur de Hjartaan, j'en avais presque les larmes aux yeux. On comprend mieux pourquoi il s'est autant attaché à Mehgi. Je suis vraiment heureuse de les retrouver pour cette scène et très contente que Hjartaan lui dise de ne pas plonger tête baissée dans cette guerre. On a l'impression de voir un père et son fils ou un grand frère et le plus petit ^^

ici, pour cette partie, on dirait que l'histoire attire mehgi un peu plus vers l'art. Peut-être s'y essaiera-t-il ?
Peridotite
Posté le 19/11/2022
Coucou Isahorah,

Merci pour tes pinaillages, tu as raison de pointer ces phrases, je vais aller les corriger.

Je suis contente que tu ais ressenti des émotions à la lecture de ce chapitre. Il fait parti de ceux que j'ai réécrit un million de fois et je ne sais toujours pas si c'est ok ! On a enfin les explications de ce que faisait Hjartann près de ce lac. Comme c'est un élément fantastique lié aux vampires, j'avais peur de tomber à plat et que ça donne une impression de ridicule. Je suis contente que ça ne soit pas le cas. :-)

C'est cool si tu ressens ce côté père-fils ou grand frère-petit frère, j'avais en effet envie de créer une relation comme ça entre les deux.

Merci beaucoup pour ton message <3
Isahorah Torys
Posté le 19/11/2022
Je suis contente si c'est ce que tu voulais transmettre et j'ai parfaitement ressenti chaque émotions. Non pour moi, cette particularité des darrains n'est pas ridicule et je pense que si tu nous donnes quelques infos supplémentaires à ce sujet, au fur et à mesure de l'histoire, cela donnera encore plus de réalisme à leur culture. Perso, ça ne me choque pas ^^
Nathalie
Posté le 08/11/2022
Bonjour Peridotite

Quelques remarques déjà sur la forme :

Tu as écrit : "Il se promit d’y faire un tour, quand il aura le temps. "
Moi j’aurais plutôt écris : "Il se promit d’y faire un tour, quand il aurait le temps. "

Je te cite :
"Soit les assaillants ont été repoussés, soit des négociations ont été menées et une rançon payée. Abisen le Jeune est devenu très populaire, en écrasant définitivement celle des Écorcheurs qui terrorisait les côtes, il y a deux ou trois ans. "
Je ne sais pas à quoi « celle » se rapporte. Le dernier mot féminin singulier est « rançon ». On peut difficilement écraser une rançon…

Ensuite, je me pose une question depuis plusieurs chapitres. Peut-être aurais-je la réponse dans les suivants (ou pas, je ne sais pas mais bref, je te la transmets) :
Les inumas peuvent-ils devenir des darrains ? Leur morsure n'affecte-t-elle que les humains ? Si oui, pourquoi ?
Tu n'es pas obligée de répondre, hein ! Je te livre juste une question qui me taraude, c'est tout.
Peridotite
Posté le 09/11/2022
Bonjour Nathalie,

Merci beaucoup pour ces corrections. Tu as raison, je vais corriger de suite !

Bonne question, j'avoue me l'être déjà posée. Cela n'aura pas d'impact sur l'histoire, donc je n'ai pas apporté de réponse. Comme ce sont des races bien distinctes, on peut s'imaginer que la morsure ne transforme que les Humains. J'étais parti là-dessus.
Nathalie
Posté le 09/11/2022
Bonjour Peridotite,

Si la morsure ne transforme que les humains, alors les darrains devraient s'attaquer principalement aux Elfes et aux Nains, de manière à pouvoir consommer sans risque de transformer. Cela ferait d'eux une cible de choix ! A moins que leur sang soit impropre à la consommation pour les darrains (ce que je trouverais étrange car leur sang est rouge, tout comme le nôtre). Je sais : je suis chiante avec mes questions pourries. On me le dit souvent ;)
Peridotite
Posté le 09/11/2022
Coucou Nathalie,

Hihi tu fais bien de demander. Mmh c'est dur de répondre. Si on part sur le fait que seuls les Humains sont transformés, j'imagine que les Darrains sont surtout attirés par le sang des Humains. Peut-être que comme tu le dis, le sang des autres races est buvable, mais n'est pas bon ou bien il rend malade les Darrains, ce qui expliquerait qu'ils mordent surtout les Humains. À creuser... :-)
Nathalie
Posté le 09/11/2022
Salut Peridotite,

Ca pourrait être une remarque en passant, à rajouter nonchalamment, je ne sais pas où. Un darrain disant d'un Elfe "Cette créature au sang immonde" ou un truc du genre. Mais bon, c'est toi qui voit. Moi, je ne fais que t'embêter avec mes remarques :)
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