CHAPITRE II - Ronces et lierres des mangeurs d’étoiles - Arcturus - Partie 3

Notes de l’auteur : ATTENTION : À la suite des différents conseils-commentaires concernant la longueur des scènes, je les mets à nouveau en ligne en plusieurs parties. Il ne s'agit pas de relecture, et de nouveaux chapitres sont à venir chaque semaine comme d'habitude.

Dans la seconde qui suivit, Cyrus eut tout juste le temps de laisser échapper un grognement vaincu que Cathair, le cadet irlandais des Springs, défonça la porte en se retamant sur le parquet, pour ensuite faillir se faire marcher dessus par Kennocha et Wallace qui s’engouffrèrent dans la pièce à la recherche de leur président.

Étonnés de n’y trouver aucun ennemi, ils demandèrent donc si tout allait bien aux deux Seafox, pour que l’ancien corsaire se contente de leur répondre que s’il avait été un assassin, vous seriez déjà tous au chômage. C’est donc Arcturus qui dut expliquer à ses hommes que les débats familiaux pouvaient parfois être très passionnés, avant que son père n’ajoute qu’ils avaient l’avantage d’être convaincants, puis qu’il ne propose enfin du café à ses invités. Bien évidemment, ce n’était pas lui qui allait s’en occuper, il n’eut même pas à le demander d’ailleurs, puisque son majordome et ami de toujours, un vieux marin du nom de Blake, apportait déjà ce que son ancien capitaine allait demander. Ensuite, Arcturus ne perdit pas une minute de plus pour lui faire avouer l’entière vérité, au sujet des drames qui avaient guidé toute son adolescence, de son exil de Londres à celui d’Angleterre en compagnie d’August. Alors Cyrus débuta par lui rappeler comment tout allait encore pour le mieux à l’année 1863, à quel point sa mère était une femme merveilleuse ou que l’AP était aussi jeune que florissante.

Le Seafox faisait alors parti du triumvirat de direction de l’AP, en compagnie d’August et de David, ses très bons amis et associés. Il régnait sur l’Illégal, David sur la Banque et August sur l’Innovation, ensuite venaient les autres business, comme les chantiers navals d’Irvin ou les usines textiles de Jakob – les pères de James et Eli. Bien sûr, il y avait un quatrième membre fondateur, il y avait toujours Achille pour rôder dans les pas d’August, au nom de ses histoires de syndicats qui lui tenait tant à cœur. Néanmoins, le Français n’assistait aux réunions du triumvirat que derrière August, souvent en silence, comme s’ils ne parlaient que d’une seule voix. Enfin, étant donné qu’il ne savait rien de plus sur Achille, le père d’Arcturus en revint très vite au problème majeur : David. Car avec une AP aussi florissante, le fils unique des Rutheyet commença à nourrir des projets un peu plus grands qu’amasser du pognon en faisant des bonnes actions, comme Cyrus le résumait, des idées que tu n’aimes pas entendre dans la bouche de quelqu’un d’aussi déterminé que lui.

Pour David, comme pour Arcturus d’ailleurs, les Républiques et les Royaumes avaient fait leur temps, toute frontière était source de mal, il fallait unifier le monde entier, pour le bien de l’Humanité et du Marché, c’était ça le Progrès. Néanmoins, là où l’Anglais du Conseil n’allait pas plus loin qu’une amitié universelle, là où il ne voulait pas gommer les différences ou uniformiser les civilisations, le Roi des Marchands désirait le mélange et le métissage des cultures en une seule clientèle. Mais Arcturus n’était pas naïf, pas à ce point, il savait bien que ce n’était pas le monde qu’il souhaitait, désirer la fin des barrières ne signifiait pas pour autant vouloir la fin des différences, car c’étaient bien ces différences qui rendaient le monde si attrayant à ses yeux. Certes, il avait apprécié que la révolte des Boxers chinois soit réprimée, car les mœurs, les coutumes ou les religions devaient pouvoir voyager librement, mais jamais il n’aurait attendu que la Chine devienne une copie de l’Europe ou des Amériques. Pour lui, il était bon qu’il y ait des différences, pour que chacun puisse avoir plaisir d’y trouver ce qu’il lui manquait là d’où il venait. Dans sa vision du monde, le mélange et le métissage des normes et cultures ne devaient être qu’individuel et mesuré, afin que la diversité soit préservée, afin que l’exotisme soit le plus multiple et fort possible – c’était son côté protectionniste en somme. Mais pour David, toutes les barrières devaient sauter, les civilisations devaient s’uniformiser pour servir l’extension du Marché, les autres langues devaient laisser place à l’Anglais dont l’Empire avait triomphé sur presque tous les rivages, et dont les places financières dirigeaient les grands cours de l’évolution de son monde. À ses yeux, l’exotisme n’était pas plus qu’un argument de vente, la diversité était celle des travailleurs et des produits que l’élite mondiale aurait pour son bon plaisir, l’identité n’était qu’une étiquette et les nations des hôtels. Et comme Cyrus le résuma très bien à son fils en lui répétant les mots de David : ça sera alors la Fin de l’Histoire, l’AP règnera sans que quiconque ne puisse plus la contester, nous règnerons jusqu’au bout de ces Temps, jusqu’à ce que Dieu ou son Néant nous engloutisse tous.

Alors, à ce moment du récit, au bout de l’année 1863, le père d’Arcturus prit peur et voulut s’opposer aux ambitions délirantes qui germaient dans l’esprit de son ami, des idées qui semblaient déjà contaminer l’âme d’August – selon les propres dires du Seafox. Malheureusement, c’était bien sur le Pionnier Néerlandais qu’il comptait pour ramener David dans le droit chemin, pendant que ce dernier se rapprochait d’Irvin et Jakob en leur promettant toutes sortes de richesses. Puis, lorsque la guerre de Sécession se stoppait brutalement après une victoire des nordistes et l’assassinat soudain du général Lee, Seafox assista impuissant à la prise de pouvoir. Au bout de quelques petits mois, David tenait autant le dollar que le président américain, toutes les finances et l’économie américaine étaientt désormais dans le giron du trust gigantesque que l’Alliance était devenue, le Roi des Marchands venait de naître.

Mais Cyrus savait bien que l’AP ne s’arrêterait pas là, et que le grand gouvernement flottant au-dessus des clientèles était déjà en marche.

— Il n’est plus très loin d’avoir réussi. C’est lui qui a fait le gros du travail pour m’obtenir les terres où j’ai construit les Arthuries, sans compter tout ce qu’il a fait pour Solar Gleam ou Semper Peace, ni le rôle qu’il a encore joué dans la dernière guerre russo-turque … » ne put s’empêcher d’avouer Arcturus en repensant à la discussion qu’il avait eu avec James et Eli.

— Tu te doutes bien qu’il n’a pas fait tout ça pour toi, ni pour Solar Gleam. » se permit de lui préciser son père, avant de rapidement conclure son histoire.

 

Sans qu’il ne puisse rien y faire, Cyrus fut lentement marginalisé par David tout au long de l’année 1863, avec les soutiens d’Irvin et Jakob, pendant qu’August se perdait dans des recherches et des expéditions toujours plus mystérieuses, en y emportant parfois des troupes entières de mercenaires habituellement fidèles à Cyrus.

Mais puisqu’il était une tête de mule, il s’obstina à lutter contre David, jusqu’à ce que ce dernier finisse par liguer toute l’AP contre lui – sauf August. Ensuite, il se vit imposer un choix très simple : le silence et l’exil avec toute sa famille ou la mort des siens. Alors, et sans cacher la honte qu’il ressentait d’avouer tout cela à son fils, le vieux corsaire choisit la première option et abandonna l’AP, pour vivre une vie de rentier heureux auprès de son épouse et son fils. Seulement le Roi des Marchands avait fini par se rappeler à son bon souvenir.

Néanmoins, le père d’Arcturus préféra garder cette ultime histoire pour une discussion privée, la conversation avait déjà été assez lourde en regrets comme ça …

— N’importe qui aurait fait comme vous, Sir Seafox. Il y a des choses contre lesquels même le plus grand des hommes ne peut rien, et même un redoutable aventurier comme vous devait bien finir par rencontrer l’une de ses choses. » lâcha Lysander, pour que Kennocha renchérisse dans la foulée.

— Arcturus l’aura, ne vous en faites pas ! Eluned lui mettra une balle dans les prochains mois ! » lui sourit-elle, en espérant que cela remonte un peu le moral du vieil aventurier, tandis que la tireuse d’élite des Springs gardait le silence – comme toujours. D’autant plus que Cyrus n’était visiblement pas convaincu par l’enthousiasme de l’Écossaise.

— Tu n’espères pas t’y prendre aussi stupidement Arcturus, si ?

— Pas exactement. Kennocha saute simplement quelques étapes. Comment je peux vaincre David ? Qu’est-ce que je dois faire ? Il a forcément des points faibles. » reprit-il avant que son père lui assène qu’il ne pourrait pas le remplacer dans ce combat, ce n’était pas lui le président de Solar Gleam.

 

Pourtant, il avait bien quelques pistes à suggérer à son fils sur le comment il pouvait venger sa mère et sauver son rêve, même s’il n’existait aucune solution garantie pour abattre un rival aussi puissant que le Roi des Marchands.

Si Arcturus bouillait d’envie de planifier l’assassinat de David, il savait que ça ne ferait que le condamner lui-aussi, car même s’il venait à cacher son implication dans ce meurtre, l’AP ne le reconnaitrait pas comme son maître. Et Cyrus ne voulait pas aider son fils à préparer sa propre perte dans une vengeance stérile. Ainsi, Arcturus devait réussir à prendre la place de son rival avant de songer à se venger de lui, il n’avait pas d’autre choix sur la stratégie. En revanche, pour ce qui est des tactiques qu’il pouvait employer, son père était bien plus prolifique, bien que ce fut avec un grand plaisir qu’il découvrit que, effectivement, son fils avait lui-aussi réfléchi à son coup d’état. À vrai dire, toutes les méthodes allaient être bonnes, et le champ de bataille pouvait s’étendre à chaque instant de leur vie, à chacun de ceux qui les partageraient avec eux, c’était comme le combat fratricide d’une mafia – en plus subtil et insidieux.

Cependant, et comme Arcturus l’avait déjà remarqué, David donnait l’impression de n’avoir aucune faiblesse, l’AP était sous son emprise, avec la presse, la justice, les cartels du banditisme et les politiciens. Même Solar Gleam ne tenait qu’à peu.

— Mais ce n’est qu’une impression. » en concluait l’Anglais du Conseil, avant de reprendre sur un ton tout aussi sûr de lui. « Si je le pousse à réagir, des opportunités se créeront, il faut que je le bouscule un peu pour révéler ses failles.

— Exactement, et ma libération fera largement l’affaire en termes de provocation, tu aurais même dû penser à ça avant, en fait … » ajouta Cyrus, d’un air assez lassé pour que Wallace intervienne en faisant remarquer que le Sir Seafox of Light Hill avait un emploi du temps très chargé.

— Et malgré ça, Je ne vous ai pas attendu pour commencer à préparer mon coup. J’ai déclenché des enquêtes pour repérer les larbins de David et j’ai rallié James et Eli à ma cause.

— Moi aussi je croyais pouvoir compter sur des gens, pourquoi ça serait différent avec toi ? » voulut le contester son père pour qu’Arcturus insiste immédiatement sur l’honnêteté de ses deux amis et, surtout, sur le fait qu’ils étaient vitaux pour que Solar Gleam et mes cités fonctionnent, pour que je puisse offrir plus que de simples promesses, que je puisse lui tenir tête et rallier des fidèles – comme l’avait fait la Grande Mouette au large de Light Hill.

 

Évidemment, cela convainquit peu l’ancien aventurier, mais il n’avait pas d’autres arguments à opposer, d’autant plus qu’il ne savait pas grand-chose sur le prétendu pouvoir du président de Solar Gleam. La seule chose dont il était sûr, c’était qu’Arcturus avait tout intérêt à bien choisir ceux qui l’entoureraient, ce dont il tirait son argent et ses ressources, car c’étaient exactement ces choses-là que David chercherait à retourner contre lui. Et, finalement, c’est davantage comment survivre à son ennemi que comment le vaincre qu’Arcturus apprit auprès de son père …

Fini l’insouciance et les plaisirs sans limites, il allait devoir surveiller le moindre de ses déplacements et de ses gestes, en plus de ceux des gens qui lui sont chers. David chercherait à les retourner contre lui, en les corrompant ou en faisant pression sur eux, voir directement à les tuer si cela pouvait atteindre Arcturus, grâce à des accidents bien montés ou des empoisonnements indétectables, comme ce fut le cas pour son innocente mère – dont les passions se résumaient aux arts et à la botanique. Selon les propres mots de Cyrus, David était même du genre à payer tous les participants d’une soirée pour qu’ils soient tous acteurs d’un assassinat, sans même que les corrompus ne sachent eux-mêmes que tous jouaient cette pièce de théâtre sauf le condamné. Arcturus insista pourtant sur le fait qu’il pouvait vivre et diriger Solar Gleam depuis ses Arthuries, entourés des plus fidèles de Semper Peace, ça ne suffisait pas à convaincre son père. À entendre le Seafox, la meilleure option était de vivre en permanence sur les mers, jusqu’à ce que son fils l’arrête tout de suite : l’ère des aventuriers des mers est terminée, rien n’est plus facile que commanditer un accident en mer depuis l’autre bout de globe. Bref, si Arcturus apprenait beaucoup de choses sur son ennemi, ses espoirs ne faisaient que s’amenuir, à chaque fausse bonne idée qu’il suggérait à son roublard de père.

Mais Arcturus n’était pas sans alliés de poids, même s’il se gardait bien de mentionner ses trois collègues. Car il y avait peut-être quelqu’un sur cette planète qui ne craignait pas David, tout en pouvant avoir l’envie très hypothétique d’aider Arcturus dans ce qu’il comptait présenter comme une réforme de l’AP : la Reine Victoria d’Angleterre.

— Eh bien, tu n’as pas froid aux yeux, gamin ! » s’amusa Cyrus en entendant son fils lui annoncer une pareille alliance, visiblement aussi fier que réjoui. « En plus, vu son âge, elle n’a plus grand-chose à perdre. Mais sois pas certain qu’elle te vienne en aide non plus, les souverains sont loin d’être innocents dans les affaires des marchands. Quand est-ce que tu dois la rencontrer ? »

— Je n’ai pas encore reçu de convocation, simplement une réponse disant qu’elle me recevra en temps voulu. » dût-il lui avouer piteusement avant que Cyrus ne le rassure.

— Elle attend sûrement de voir comment tu agiras, elle n’a sûrement pas l’intention d’échanger David contre un jeune ambitieux qui pourrait être pire que lui, les grands souverains sont des gens plus prudents qu’il n’y paraît. Mais tu vois que nous en revenons au même point : L’action créera les occasions. Même s’il n’y en a aucune qui ne semble apparaître pour l’instant, fais des remous autour de lui et tiens-toi prêt à pouvoir exploiter la première faille qui se présentera. Pense comme un vrai Seafox ! » en conclut Cyrus, non sans fierté comme à chaque fois qu’il prononçait son surnom, ce qui n’avait jamais manqué de faire sourire nerveusement son fils. « En tout cas, ça m’a convaincu quand tu l’as dit tout à l’heure … »

— Hm ! Merci, Père. Je méditerai tout ça à tête reposée. » lui confia-t-il d’un ton reconnaissant, avant que sa voix ne paraisse hésiter. « … Mais j’aurais une dernière question à vous poser avant qu’on ne puisse changer de sujet. N’ai-je pas commis une erreur en trahissant August avec l’aide de David pour lui prendre Solar Gleam ?

— Ah … Je ne vais pas te mentir, ou te dire que je ne me sens pas coupable envers August. C’était un cher ami, et je le vois toujours ainsi. Mais tu as fait un beau pari, pour toi et pour tes amis si j’ai bien compris, et tu l’as remporté. Tant pis pour ce vieil August, j’aurai bien d’autres amis, mais toi t’es mon seul fils. » lui assura son père, avant qu’Arcturus ne se décide à avouer l’un des deux seuls secrets qu’il lui cachait.

— Ce n’est pas seulement pour mes amis que j’ai fait ce choix … Père, avez-vous entendu parler du Conseil du Graal ? » se lança-t-il, devant les yeux surpris de ses Springs, et encore plus ceux de Kennocha – la seule à connaître le secret du Conseil, non sans l’avoir arraché à son amant sur l’oreiller.

 

Cependant, c’est Arcturus qui se retrouva le plus étonné à l’arrivée, puisque son père lui confia très naturellement qu’il était bien au courant de l’existence du quatuor secret.

D’un air réjoui, il ajouta même que la Golden Owl avait souvent fait office de taxi pour le Premier Conseil, jusqu’à parfois l’accompagner dans ses découvertes, tel que ce fut le cas lors d’une expédition dans le Pacifique Sud. D’ailleurs, au cours de cette aventure, ils avaient arpenté les tunnels parfaitement lisses qui subsistaient d’une ancienne nappe de LM, aussi vide que ses souterrains. Pourtant, le Seafox s’en souvenait comme si c’était hier, tant cet endroit avait été le plus mystérieux qu’il visita de toute sa carrière.

— Attends – Attends, tu ne m’as jamais raconté ça … » l’interrompit Arcturus, avant que son père ne lui lance qu’il pouvait bien se garder quelques secrets.

— Waw, c’est sympa d’entendre une histoire comme ça, ça me donne l’impression d’être important à vos yeux ! » lâcha soudainement Siarl, sous le regard surpris de Cyrus, qui lui asséna aussitôt le fait qu’il ne lui adressait pas la parole, et qu’il ferait mieux de calmer sa joie.

— Ne faites pas attention à lui, c’est un imbécile. » ajouta simplement Kennocha pour qu’Arcturus ne rectifie en le qualifiant de spécial.

— Ah. Bon, ça ira, j’en ai vu des bien pire après tout. Bref, ça a commencé un matin d’automne, alors que j’étais sur les quais de Montevideo pour une simple escale et, qu’avec des compagnons, je décidai d’aller calmer ma soif dans un bouge où j’avais l’alcool à moitié prix. » commençait à raconter le Seafox lorsque son fils l’interrompit, en demandant une version abrégée du récit - car son père avait tendance à très vite s’écouter parler.

 

Apparemment, toute cette histoire s’était déroulée peu de temps après qu’ils eurent découvert le LM, mais avant qu’ils ne le révèlent au reste du monde. Cyrus savait donc simplement qu’August et ses collègues cherchaient un vieux sanctuaire, ainsi qu’un étrange liquide inconnu censé y être conservé.

Avide d’y trouver des trésors, le Seafox avait alors accepté et, deux semaines plus tard, c’est au large d’une île inconnue que la Golden Owl croisa. Il s’agissait plus d’un îlot, qui n’était présent sur aucune carte ni dans aucune mémoire, bien qu’August et ses trois amis en aient d’ores et déjà les coordonnées. Plus curieux encore, cette île était tel un grand rocher surgissant de l’océan, dont les tunnels partiellement immergés durent être parcourus en barque, sous les commentaires nerveux de l’équipage qui se voyait glisser vers l’inconnu. Heureusement, les Quatre du Conseil eurent encore raison, les embarcations arrivèrent dans une grande cavité, puis accostèrent sur un sol de pierres, dans une grotte entièrement dallée, ornée de reliefs et ouvrages rongée par le temps et l’humidité. Enfin, c’est une immense piscine vide qu’ils découvrirent au bout de celle-ci, un gigantesque rectangle parfait de la taille d’une centaine de stade, une véritable plaine de pierres poncées.

En dehors de ça, ils ne trouvèrent pas grand-chose, sous les yeux déçus du Seafox qui n’avait que faire des curiosités ou inscriptions qu’August déchiffrait avec ses collègues.

— C’est pas terrible comme histoire ! » en conclut Siarl pour que Wallace le reprenne aussitôt, sous le regard amusé de leur chef.

— Fais preuve d’un peu de respect, Siarl ! » lui asséna-t-il, pendant que Kennocha se demandait si les légendes autour de l’aventurier galant, audacieux et fortuné qu’était censé être Cyrus avait un fond de vrai - ou si tout n’était qu’une légende construite par les marins du monde entier sur un Seafox imaginaire qu’ils rêvaient tous d’être.

— Et vous n’avez même pas trouvé des richesses ou une babiole pour votre épouse ? 

— Hem ! - Si, en fait, j’ai trouvé un vieux médaillon avec un saphir pour elle, plus une vieille épée d’apparat bien clinquante pour moi. C’est tout, et je ne l’ai même pas revendue cette épée, quelle arnaque ! August a toujours été le roi des plans de merde de toute façon ! » finirent par rigoler Cyrus et Blake. Pourtant, ils arrêtèrent vite de rire quand ils entendirent la réponse d’Arcturus.

— Je pourrais voir cette épée ? » lâcha le président de Solar Gleam, bien que son père lui avoue qu’elle n’avait vraiment aucune valeur, c’est tout juste si son fils pourrait aller faire le guignol à côté des princes puisqu’elle ne couperait même pas du beurre.

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