CHAPITRE II - Ronces et lierres des mangeurs d’étoiles - Alessia - Partie 4

Notes de l’auteur : ATTENTION : À la suite des différents conseils-commentaires concernant la longueur des scènes, je les mets à nouveau en ligne en plusieurs parties. Il ne s'agit pas de relecture, et de nouveaux chapitres sont à venir chaque semaine comme d'habitude.

Malheureusement, il finit par vraiment s’en vouloir de ne pas être arrivé plus tôt, lorsqu’il vit Alessia ressortir de chez le médecin nouveau avec la mine basse.

Par chance, ce dernier était bien chez lui et il avait les remèdes d’urgence qu’il fallait, mais la mère du jeune homme était déjà partie, vraisemblablement au cours du voyage jusqu’ici. Quant à son fils, il n’aurait pas de séquelle grâce aux effets merveilleux du LM, si ce n’est un traumatisme que la molécule ancrerait davantage dans sa mémoire. C’est donc avec le cœur lourd qu’elle reprit la route du Palazzo Albrizzi, afin d’y raccompagner son cousin qu’elle avait brièvement ausculté pendant qu’ils étaient chez son confrère. D’ailleurs, elle en avait également profité pour laver le sang qui lui avait coulé du nez et des arcades, en espérant que cela suffise à atténuer la réaction de sa famille lorsqu’elle le laisserait à leurs soins. D’autant plus qu’Alessia n’avait pas de temps à perdre en explication auprès de sa tante, elle devait se dépêcher de retrouver le Cardinal, même si cela devait signifier laisser Catarina se faire du souci un soir de Carnaval.

Alors, après quelques mots de réconforts et la promesse de revenir au plus vite, la Florentine quitta le calme de sa maison pour retrouver le chaos de cette soirée, ou soupirer à la vue des filaments d’échos qui commençaient tout juste à se disperser. Une fois de plus, Maître Marco-Aurelio avait raison, pensa-t-elle, en reconnaissant qu’il l’avait prévenu sur ce que son Carnaval allait devenir, que ce n’était même que le tout début en vérité, comme s’il était possible de faire pire. Bien sûr, Ezio essaya de détourner son attention lorsqu’il vit sa mine attristée, en évoquant quelques anecdotes sympathiques sur la Festa di Piedigrotta, cette fête emblématique de sa ville natale qu’il avait dû fuir après son adolescence. Cependant, cela ne fit que dévier la curiosité de la savante sur lui, sur sa thérapie, sur les effets que le LM avait en permanence sur ses passions et sur ce qui l’avait contraint à la subir. Sans compter qu’au-delà de son jeune âge, aux alentours de 25 ans, Ezio semblait avoir traversé un certain nombre d’épreuves qui intriguait la Religieuse.

Mais sur tous ces sujets, Ezio dut se résoudre à garder le silence, ou à bredouiller des excuses d’un air faussement mystérieux qu’il cachait derrière les compliments envoyés à sa Madonna, jusqu’à ce qu’elle comprenne son petit jeu.

— Vous êtes vraiment ridicule à jouer les aventuriers intrigants, ça n’est plus à la mode, vous savez. De nos jours, les femmes préfèrent les gentilshommes élégants et honnêtes. Votre façon de séduire remonte au début du siècle … » voulut-elle lui faire remarquer, avant qu’il ne ricane de cette critique, tout en la lui pardonnant, elle ne doit pas y connaître grand-chose dans ce domaine-là, surtout pour me traiter d’inélégant.

— Ah ? Mais vous, Madonna, qu’est-ce que vous préférez ? Vous n’êtes pas du genre à partager les goûts de n’importe quelle femme de notre époque, si ? » reprit-il, pour finir par la faire sourire à force de l’appeler du surnom italien de la Sainte Vierge Marie – même si ça ne changeait rien à son silence.

— C’est si dommage que vous parliez autant sur tout ce dont je me fiche. Si vous m’adorez comme votre madone, vous pourriez bien me révéler deux ou trois choses, non ? Enfin, j’imagine bien que si vous êtes de ceux qui ont participé au crime de Paolo, vous ne me le direz pas …

— Si, j’y ai participé, pardonnez-moi, Madonna.

— Quoi ?! » s’étrangla Alessia alors que le chasseur l’agrippait par le bras pour la retenir de passer par la ruelle vers laquelle ils s’avançaient.

— Hem ! - Nous ferions mieux d’éviter de passer par ces rues-là. Je ne peux imposer pareille vue à une femme pieuse comme vous. » reprit-il sèchement, tandis que la religieuse avait encore du mal à admettre ce qu’il venait de lui avouer le plus naturellement du monde.

 

Cependant, le bruit d’une petite explosion dans cette ruelle ramena vite Alessia à ce qu’Ezio venait de lui dire.

Heureusement, ce n’était rien de grave, simplement un feu d’artifice qu’elle n’avait pas dû voir exploser, immédiatement suivi par des éclats de voix qui parvenaient tout juste à dépasser le vacarme de la fête. D’ailleurs, elle avait beau être nonne, elle n’était pas une petite fille pour autant, et ce n’était pas un simple feu d’artifice ou les avertissements du Napolitain qui allait l’empêcher de voir ce qu’il se passait dans ces ruelles. Sans compter que son protecteur était à ses côtés, je ne risque plus rien après tout. C’est donc sur un air contraint qu’il accepta finalement de continuer par l’itinéraire le plus court, par ces rues qu’il ne voulait pas infliger à la religieuse. Pourtant, que pouvait-elle trouver de plus choquant que ce dont elle avait déjà été témoin ? Il y avait-il un autre lynchage public, de la traite humaine ou une orgie malsaine en pleine rue pour qu’il soit si inquiet ? Craignait-il qu’une de ces terribles mutations survienne en pleine fête ? Certes, les quartiers suivants le Ponte Delle Tette étaient effectivement livrés à la débauche la plus crasse du festival, tous les alcools ou drogues coulaient à flots, et les femmes encore présentes ici manquaient de pudeur, mais elle ne comprenait toujours pas de quoi Ezio avait voulu la préserver à ce point. Il devait vraiment la prendre pour une prude, à moins qu’il n’ait cru qu’elle ne fasse un scandale public à la vue de tout ça.

Pourtant, au détour des silhouettes de la foule, elle aperçut des jeunes filles, à peine réglées, entrer dans le plus louche des bars de cette rue, en la compagnie d’un homme déguisé bien plus âgé qu’elles.

— Ezio, là-bas ! » lui désigna-t-elle, sans qu’il ne daigne bouger la tête, lui répondant seulement qu’il avait accepté de la conduire auprès de Paolo, pas de faire appliquer la loi de Dieu. « M’avez-vous seulement écouté ? » du-t-elle insister, en se retenant contre son emprise pour le forcer lui-aussi à s’arrêter – car il ne lui lâchait pas le bras dans cette foule.

— Non, je ne veux même pas savoir !

— Il faut au moins aller prévenir les autorités, j’ai vu des jeunes filles entrer dans ce bar crasseux là-bas, et ce n’est pas un parent qui les accompagnait, j’en suis sûre ! » se défendit-elle, sous les soupirs d’Ezio.

— Bah, ça pourrait même être le cas de nos jours, faut bien bouffer … Si nous croisons un policier, vous lui ferez part de vos états d’âme. » lui concéda-t-il pour qu’elle reprenne la marche à contrecœur, en joignant ses mains contre son cœur tout en lui confiant qu’elle espérait en trouver un le plus vite possible, avec une innocence qui suffit à toucher le cœur d’Ezio.

— C’était ironique … Madonna, pardonnez-moi, c’est indigne de plaisanter ainsi avec une dame. Mais personne ne viendra aux secours de ces enfants, pas plus que personne ne serait venu au vôtre si je n’étais arrivé. » avoua-t-il, avant que la réaction de la Religieuse ne le lui fasse vite regretter.

— Alors préparez-vous à devoir me sauver à nouveau ! » s’emporta le Cœur Astral en faisant brusquement demi-tour avec un pas déterminé, et en essayant de faire glisser son bras de l’étreinte du chasseur.

 

Mais il la retint de justesse, en manquant presque de lui faire mal au poignet lorsqu’il dut l’arrêter, pour ensuite lui faire comprendre qu’elle dépassait les bornes.

Et quand elle lui lança son air accusateur, il lui expliqua d’effectivement il allait continuer son chemin et rester les bras croisés, il n’allait certainement pas prendre le risque de déclencher une rixe en plein festival, sans rien savoir de qui il affrontait ni d’où il se rendait, avec une bonne sœur dans les pattes qui plus est. Quant aux autorités, cela faisait déjà des heures qu’elles s’épuisaient ailleurs, en sous-nombre et sans espoir que la moindre justice puisse être rendue dans tout ce bordel, tel qu’il l’asséna à la religieuse en faisant ressortir son accent napolitain.

Alors elle se contenta de baisser le nez, en acceptant les réprimandes du chasseur et en reprenant la marche, jusqu’à ce qu’il ne reprenne sur un ton plus serein quand la vit si triste.

— Je vous promets, Madonna, de revenir enquêter dans ce bar dès que je vous aurais conduit auprès de Paolo.

— Une véritable promesse ? » lui demanda-t-elle timidement, en repensant à tout ce que ses parents avaient pu lui dire à propos des Italiens du Sud, ce qui ne manqua pas de faire sourire Ezio, déjà habitué à se voir poser des questions comme celles-ci …

 

Heureusement, l’Italienne du Conseil tombait bien, le Napolitain était à mille lieux des clichés qui pouvaient exister sur sa terre natale, je tiens mes promesses comme des serments, Madonna, c’est tout ce qu’ont les gens comme moi, je leur dois tout.

Enfin, toujours est-il que cette marche ne s’anoblit pas au fil des pavés, la Luxure les disputant à la Gourmandise partout où la religieuse posait le regard. Alessia n’était pas tant choquée de tous ces vices, présents dans toutes sociétés humaines depuis des temps immémoriaux, mais de l’impudeur avec laquelle ils s’exprimaient publiquement à la vue de tous, de l’Orgueil avec laquelle ils régnaient ici le temps d’une nuit. Puis, comme par voie de conséquences, au détour du même genre de ruelles que celles où Alessia et Léonardo avaient été agressés, la Colère et l’Envie s’exprimaient également, laissant du sang sur le sol et des regards dans le vide. Pourtant, ce n’était que ce qu’elle voyait, soit très probablement à peine un dixième du mal qui s’exprimait ce soir, et le seul dixième qui ne se cachait pas derrière des murs. Alors quelles horreurs pouvaient bien avoir lieu loin de ses yeux, sans qu’elle ne fasse rien contre, elle qui avait pourtant juré de rendre le monde meilleur neuf ans auparavant ?

Et tandis que la fête battait inlassablement son plein, Alessia eut l’impression que la musique auparavant si douce était devenue agressive, que les parfums si raffinés empestaient désormais, que les couleurs harmonieuses du Carnaval ne reflétaient plus que le rouge du LM qui emplissait encore le ciel. Elle finit même par ressentir de la haine à la vue de son Carnaval ainsi déformé, une colère qui bouillait dans ses veines mais qui ne venait pas d’elle, jusqu’à faire luire d’un éclat sublime ses iris bleu-gris – ce qu’Ezio ne manqua pas de lui faire remarquer, à ses dépens, car Alessia ne souriait plus à ses flatteries. Même mon âme finit contaminée par cette horreur à force d’y baigner, quoi que j’y puisse, finit-elle par s’avouer en baissant encore les yeux, préférant ne même plus accorder de regard à son cher festival. Il faut arrêter ces dérives avant qu’elles ne se reproduisent et n’empirent, en vint-elle à se répéter pour se motiver, cela concerne notre Conseil du Graal après toutle rôle d’un soigneur n’est pas que guérir, c’est aussi prévenir. Et ce n’était pas son sauveur, ni ses tentatives désespérées d’aborder des sujets plus triviaux qui allait lui enlever cette envie d’agir.

Pourtant, Alessia put retrouver du réconfort lorsqu’elle franchit le pont des Trois Arches, pour arriver dans le quartier de Sainte-Marie de la Pénitence, aux marges nord de la ville. Située à trois petites minutes de l’église Santa Maria, en bordure de la lagune, la demeure qui accueillait Paolo semblait être dans un petit îlot de calme, épargné par le festival. À vrai dire, c’était bien la première fois qu’elle était heureuse de trouver du calme et du silence pour le dernier jour de son Carnaval, et ça ne manqua pas de lui rappeler les éditions des années passées. Quant à son protecteur, il retrouva lui-aussi de l’enthousiasme quand il vit certaines lumières du rez-de-chaussée encore allumées, si bien qu’il accéléra le pas jusqu’à venir frapper vigoureusement à la porte, avant d’envoyer un grand sourire rassurant à Alessia : tout le monde était encore debout chez le Cardinal. Le judas s’ouvrit pour dévoiler deux yeux furieux, assez agacés pour qu’Alessia entende le très long soupir lâché par le portier, derrière le battant qui se rouvrit brutalement. Un homme grand et athlétique apparut alors, aux cheveux aussi bruns que ses yeux étaient d’émeraudes, d’une carrure qu’Alessia reconnut immédiatement malgré les années.

Mais elle ne s’attendait pas à voir son ancien élève de la Dolce Lupe empoigner Ezio par le col, pour ensuite le soulever à quelques centimètres du sol et le plaquer contre le mur.

— C’est comme ça qu’on t’a appris à frapper aux portes des nobles ?! » s’écria le garde du Cardinal, un Apulien du nom d’Appolonio dont l’éclat de colère faisait ricaner son collègue.

— Je t’avais bien dit que tu me reconnaitrais rien qu’au bruit !

— En tout cas, ce n’est pas à la Dolce Lupe que l’on t’a appris à te tenir comme cela devant une dame… » commenta Alessia avec un sourire en coin tandis qu’Appolonio tournait son regard vers elle, si surpris qu’il en laissa Ezio retoucher le sol.

 

Si cela faisait bien quelques années qu’il n’avait pas revu sa jeune professeure de Sciences Nouvelles, il la reconnut au premier regard, et elle put se réjouir de voir que son ancien élève faisait toujours preuve d’un immense respect envers elle.

Néanmoins, leurs retrouvailles allaient attendre quelques secondes, pendant lesquelles Ezio annonça sur un ton plus solennel que Madonna venait voir Maître Paolo à propos du LM et de ses démons. Appolonio s’empressa donc de l’inviter à rentrer dans cette haute mais plutôt étroite demeure, tandis qu’Ezio tournait les talons vers le Rio de le do Torre, en prétextant avoir un petit travail à terminer avant de revenir profiter de son repos bien mérité.

— Dans quel pétrin tu t’es mis cette fois ? » lui lança alors son collègue en sortant la tête du seuil de la porte pour voir Ezio continuer sa marche assurée, sans même se retourner.

— Aucun, un service que je dois rendre à Madonna. J’en ai pas pour longtemps, et t’en fais pas, je resterai anonyme.

— Ça marche. Mais fais attention quand même, on ne sait jamais qui rôde dans la foule.

— Eux non plus ... » conclut-il à voix basse, tandis que la porte se refermait pour qu’Appolonio puisse se retourner vers Alessia, puis la guider au travers de petits escaliers de bois.

 

La Religieuse put alors oublier cet odieux Carnaval, pendant les brefs instants qu’elle passa à discuter de la Dolce Lupe avec son ancien élève.

Bien que ce ne fussent que des questions bateau, la vision de cet ancien orphelin parfaitement épanoui lui réchauffa le cœur, plus qu’elle ne l’aurait cru. Seulement, ils eurent à peine le temps d’échanger quelques souvenirs qu’elle se vit déjà arrivée devant la chambre qu’occupait le Cardinal au second étage. Paolo y siégeait alors tranquillement face à un bureau couvert de papiers lorsqu’elle fut annoncée par Appolonio, et il eut du mal à cacher son étonnement de la voir débarquer à l’improviste chez lui.

— Je ne m’attendais pas à te voir ce soir, ma sœur, les messes du mercredi des Cendres commencent dans quelques heures. Que se passe-t-il ? » s’inquiéta-t-il en discernant la mine nerveuse, presque défaite, qu’Alessia prit en venant s’asseoir près de lui.

— Ce n’est pas à ce propos que je viens m’entretenir avec vous

— Ah ? Tu as donc réussi à en découvrir plus sur l’héritage de Marco ?

— Euh – Oui, un peu. Mais ce n’est pas de cela que je viens vous parler non plus ! » insista-t-elle pour qu’il la laisse enfin s’exprimer sur le véritable drame de cette soirée : son Carnaval.

 

D’ailleurs, elle dut d’abord consacrer de longues minutes à lui expliquer tout ce qu’elle avait vu, puisque le Cardinal avait passé toute la soirée à recevoir chez lui ou dans ce petit quartier, qu’il n’entendait rien d’autre que les lointains éclats de la fête.

Certes, un festival n’est pas une communion, tel qu’il s’empressa de le rappeler, mais lui-même était loin de supposer que sa douce Alessia venait d’échapper à une tentative d’enlèvement, après avoir assisté à un lynchage public et soupçonné l’existence d’un bordel pédophile en plein centre-ville. Heureusement que son serviteur avait été là pour intervenir, sinon le destin de la disciple de Marco-Aurelio aurait pu s’arrêter cette nuit. Seulement ce soir-là, Paolo était plus résigné qu’autre chose. Que pouvait-il bien faire contre ça, pourquoi Alessia venait le voir en pleine nuit pour lui parler de ça ? Il avait perdu l’élection papale, l’influence de l’AP dans l’Église comme sur le Royaume d’Italie paraissaient irrésistible, un vieux cardinal aussi mal-vu que lui n’allait pas changer grand-chose. Alors avant même de chercher à lui proposer sa solution, Alessia se risqua à le secouer un petit peu, histoire de le remotiver, en lui révélant ce qu’elle lui avait innocemment caché : toute l’ampleur des avertissements de son mentor. Et cette fois, elle ne les minimisa pas, ne les critiqua pas ou ne les remis pas en question, elle les poursuivit, les précisa et les expliqua, au vieux Cardinal qui en resta stupéfait pendant un petit moment, jusqu’à reprendre son air las. Lui qui avait déjà un avis très nuancé sur le LM n’en était que plus inquiet, surtout si son cher ami Marco prédisait une apocalypse. Pire encore, si celle-ci était vraiment inévitable, si les échos de LM devaient lentement plonger l’Humanité dans ses passions, que fallait-il donc faire ?

Ainsi, ils passèrent une bonne heure à décider de la stratégie pour redresser cette situation, et qui commençait par rattraper l’échec de Paolo à l’élection papale et créer ce Synode que le Pionnier Italien avait demandé. Il ne fallait pas attendre que l’administration du Vatican ou le nouveau Pape s’en occupe, même si c’était eux qui garderaient la haute-main sur l’existence ou non de cette institution. Il fallait les doubler pour les forcer à agir et prendre l’initiative dans cette affaire. Après tout, le Cardinal avait une experte en LM et son monastère qui accepterait de fournir terres ou locaux, des ingénieurs brillants comme Léonardo et même des jeunes chasseurs de mutants aussi prometteurs qu’Ezio ou Appolonio. Ensemble, ils pouvaient déjà commencer à former un embryon de Synode, tout comme ils pouvaient entamer la sensibilisation des masses et le ralliement des fidèles à leurs ambitions. Bien sûr, Paolo dut tempérer les ardeurs de la Religieuse qui semblait oublier que le temps des ordres militaires ou de l’inquisition était révolu, mais il devait bien lui concéder le mérite d’agir et de proposer un espoir, tout ce que l’Église ne fait plus de nos jours.

Cependant, elle n’avait pas progressé dans sa quête de vérité tel qu’elle l’avoua humblement, pour nuancer tous ces compliments qui la mettait presque mal à l’aise.

— Si seulement Gaël avait répondu à ma lettre, nous en saurions déjà beaucoup plus, sans parler de l’aide qu’il pourrait nous apporter dans tous les domaines, lui et les siens. Je compte prendre la route de Vienne dès jeudi. » renchérit ensuite Alessia, disposée à prouver sa détermination malgré les obstacles.

— Hem ! – Je te le déconseille. Et Gaël n’est pas à Vienne en ce moment, il est en Terre Sainte.

— Mais - Comment le savez-vous ? » s’étonna-t-elle, non sans déception d’être coupée dans son élan.

— J’ai reçu une réponse à ta lettre qui m’était directement adressé, il y a quelques jours. Elle vient d’Emil, elle explique pourquoi Gaël n’a pas répondu et elle nous donne une réponse de sa part. Mais si je te déconseille de chercher à le retrouver toi-même, à cause de ce qui est arrivé à ton courrier … » lui confia le Cardinal, sur un ton solennel qu’Alessia ne comprenait pas.

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