CHAPITRE II

Chapitre 2. pour la poésie

 

“J’ai bien réfléchi et c’est une bonne chose, finalement, que le mariage soit avancé.”

 

L’index pressé contre son sourcil blond foncé, Kim canalisa la petite dizaine de voix stridentes qui hurlaient dans sa tête contre sa mère. Il était huit heures du matin, c’était la rentrée et les vacances l’avaient exténuée de toutes les manières imaginables. La seule bonne nouvelle avait été que, jusque là, elle était parvenue à éviter merveilleusement de partager le même air que Rémi. C’était une petite victoire mais elle prendrait toutes les miettes qu’on lui laisserait. 

Les beaux quartiers d’Aubéry défilaient derrière les vitres teintées de la Bentley, et la neige scintillait même sans soleil. 

 

“Je ne comprends pas, répondit-elle difficilement.

-Le mariage était prévu depuis des lustres, il fallait que ça arrive un jour, expliqua sa mère avec brusquerie. C’est… déplaisant que ce soit si tôt mais qu’importe. 

-Qu’importe ? Les Basquin voudront un enfant dans la première année. Il me faut encore quatre ans pour finir mes études ! Et après, il y a Termentic !

-Surveille ton ton, Kimberly !”

 

A bout de nerf, Kim tenta d’expulser toute sa frustration tourbillonante en soufflant loin du téléphone, vainement. Se passant la langue sur les dents et griffant le cuir des sièges de ses ongles, elle ignora l’impatience de sa mère. Elle savait que si elle parlait sans attendre un peu, sa mère entendrait sa voix trembler de rage.

 

“KIMBERLY ! J’EN AI MARRE DE TES CRISES D'ADOLESCENTE ! TU N’AS PAS INTERET A LAISSER CE BATARD NOUS VOLER ! SI TU GÂCHES TOUT CE QUE J’AI ACCOMPLI, JE TE LE FERAIS REGRETTER !”

 

Elle compta lentement dans sa tête. Jusqu’à cinq. Puis, elle replaça son téléphone contre sa joue. 

 

“Je ne gâcherai rien.”

 

--

 

Elle étudiait le Commerce et la Politique, et pourtant, ni l’un, ni l’autre ne l’intéressait vraiment. Il y avait de ces incohérences pratiques dans la vie moderne qu’on se devait de dépasser. C’étaient les règles du jeu, le problème résidait sûrement dans l’absence total d’amusement. Bon, c’était comme ça. Kim ne voulait pas refaire le monde. Pas pour l’instant, en tout cas. Elle se contenterait amplement d’en avoir une part, en entrée.

Pour être parfaitement honnête, elle ne savait pas encore ce qu’elle en ferait mais elle n’aimait pas l’idée que ce soit quelqu’un d’autre qui l’ait. 

Au sein de l'amphithéâtre, se représentait un véritable orchestre, mais seulement constitué de percussions et de murmures. Des centaines de doigts pianotaient sur les touches souples des fiers claviers des tout derniers ordinateurs portables, à noter les mêmes phrases riches d’abréviations et de fautes de frappe. Kim excellait dans l’art de taper les yeux fermés, elle brillait d’ailleurs comme l’une des plus rapides de sa classe. Et bien heureusement parce que Kim supportait très mal toute forme d’échec. Ca lui causait même des crises d’angoisse. 

Au fond d’elle, Kim était consciente qu’elle avait tout un tas de problèmes très profonds et qu’il ne s’agissait plus d’un sens de la compétitivité particulièrement développé, mais bien d’une obsession littéralement maladive d’être la meilleure partout. Un peu folle et déséquilibrée, et pas très saine, ça, elle le savait, elle se demandait juste si on pouvait définir un tel état mental comme de la folie quand on en était conscient. C’était l’une de ces grandes questions qui la tenaient éveillée tard, la nuit. Après avoir vomi ses tripes à plusieurs reprises pour des notes trop moyennes, elle avait même tenté de se soigner. Ah, c’était sans compter ses parents, bien sûr. Quelle naïveté quand sa conception même n’avait été que dans un unique but, et c’était qu’elle soit la meilleure. Ses parents se fichaient bien de ses scrupules ou de son estomac fragile.

Depuis, elle se contentait juste de manger léger. 

 

“Ca se voit que Verroce a la gueule de bois,” entendit-elle Roff dire derrière elle, en parlant de la prof.

 

Et en effet, celle-ci restait campée sur sa chaise, derrière son bureau, à se masser le front et les tempes, et à bailler mollement, tandis que son assistant s’occupait du projecteur. 

 

“N’est-ce pas notre cas à tous ?” rit Cash en se retournant vers son ami d’enfance.

 

Un éclat de rire général s’éleva tout autour de Kim, ce qui ne la perturba ni elle-même, ni la professeure. Kim était la seule, d’ailleurs, à recopier le cours qui défilait grâce au projecteur ; Les derniers bancs de l’amphithéâtre n’était jamais occupés par les élèves les plus assidus, ils activaient juste leur web-cam et leur micro, et filmaient le cours pour se le repasser plus tard si le coeur leur en disait. C’était aussi bien souvent les enfants des plus grandes familles, les plus riches et les plus privilégiés. Leurs futurs étaient déjà tout tracés, peu importait leurs notes. C’était le cas pour Cash, et ça l’était aussi pour Roff, et le reste de leurs amis. 

Parmi eux, il y en avait cependant qui, comme Kim, comptaient bien réussir haut la main chaque examen. Certains parce qu’ils avaient quelque chose à prouver, d’autres parce qu’ils avaient de mystérieux projets à réaliser, ou bien, seulement parce que c’était dans leur tempérament. Kim n’arrivait pas à se décider, où donc se rangeait-elle ? Sûrement dans toutes les catégories. 

10h10 sonna et Verroce annonça une pause. Kim se demanda pour qui la pause était réellement quand la prof sortit, cigarette déjà en main, mais elle n’allait pas chercher la petite bête. Elle s’étira le dos et le cou, et Emi lui proposa gentiment un massage qu’elle accepta avec plaisir. 

 

“Oh, il est sérieux…, soupira Cash alors qu’elle déballait une barre de chocolat. Regarde-le, cet abruti !”

 

Le terme d’abruti pouvait désigner un grand nombre de personnes présentes mais, étrangement, elle pensa immédiatement à Roff qui avait dévalé les marches de l’amphithéâtre pour aller enquiquiner Aubépine. Cette fille agaçait Kim avec une telle force que ça ne pouvait pas être totalement involontaire, elle ne pensait d’ailleurs pas être la seule dont Aubépine hérissait le poil. Elle était tout simplement injustement parfaite alors on s’amusait à lui inventer des défauts et des rumeurs crasseuses, mais comme on dit, la bave du crapaud n’atteint pas la blanche colombe. 

Boursière, elle avait été acceptée à Saint-Paul grâce à son parcours scolaire brillant alors que ses parents n’avaient pas même les économies nécessaires pour payer le tiers de ce que l’école coûtait par an. Elle n’étincelait pas seulement par ses excellentes notes mais aussi par son caractère digne d’un ange. Toujours souriante et bienveillante, avec un rire adorable et des yeux de biche, on lui donnerait le bon Dieu sans confession. Alors que Kim devait se faire violence pour paraître agréable, pour Aubépine, ça semblait lui venir naturellement. Kim était jalouse, en tout honnêteté, qu’une boursière la batte dans le difficile art de l’hypocrisie. N’était-ce pas un sport réservé aux riches snobs ?

Pour compléter le tableau, Aubépine était objectivement magnifique. Complexion parfaite, lèvres délicates, jolie silhouette et des cheveux bruns soyeux, bref, tout le portrait des actrices d’héroïnes des films de vampires.

S’il y avait bien une fille qui mettait tous les garçons de Saint-Paul d’accord, c’était Aubépine Fistnett. La preuve, elle avait même Roff après elle. Et le Prince des Glace ne les voulaient que parfaites. 

 

“Il est amoureux, c’est mignon ! commenta Emi en massant toujours les épaules de Kim.

-Mignon ? Arrête, c’est pathétique, tu veux dire… Quand Roff a une fille dans le collimateur, c’est toujours la même chose, grommela Cash. Il ne sait pas la laisser tranquille pendant plus d’une demie-heure… 

-Ca me dérangerait pas, perso, intervint Victoria avec un sourire mutin, qu’il ne me laisse pas tranquille…

-Tu peux oublier ça, alors, ironisa Kim. Ce mec est un tordu. Il ne veut que celles qui ne sont pas intéressées.

-J’aime bien les tordus…”

 

Kim se retint de lui proposer son fiancé mais, même si Victoria semblait avoir des goûts douteux en question d’homme, Rémi ne pouvait convenir à personne d’autre qu’à lui-même. Cette sale merde absolue. 

Penser à lui assombrit aussitôt l’humeur de Kim qui demanda à Emi d’arrêter son massage et retourna à ses notes après l’avoir remerciée.

 

--

 

“Gaëtan, l’appela-t-elle. Je peux te parler quelques instants ?”

 

Elle vit très clairement ses épaules se crisper quand il entendit sa voix, et il dit à sa petite bande d’amis roturiers, dont Aubépine faisait naturellement partie, d’avancer sans lui. Quand il se retourna incroyablement lentement vers elle, elle reconnut tous les côtés de leur père qu’elle n’avait pas su voir avant. Ses cheveux blonds foncés, et ses yeux bleus, son menton carré. L’arrogance agressive mais silencieuse dans son comportement. Il avait l’air tout aussi ambitieux que lui, tout autant qu’elle.

 

“Quoi ? lui jeta-t-il. J’ai pas le temps.”

 

Bien heureusement, personne n’était assez proche d’eux pour entendre l’animosité froide dans la voix de Gaëtan. Désormais que tout le monde avait appris qu’ils étaient demi-frère et soeur, ce n’était pas une attitude qui leur profiterait. Aux yeux de tous, ils devaient paraître en bons termes ou ce serait exactement là qu’ils les attaqueraient. 

Elle fit les derniers pas qui les séparaient, un fin sourire aux lèvres. 

 

“J’ai entendu dire que tu allais emménager chez mes parents…

-Et alors ? 

-Calme tes ardeurs, grand-frère, lui conseilla-t-elle, les gens vont penser que tu me détestes simplement par jalousie. 

-Jalousie de quoi, exactement ? ironisa-t-il.

-Pourquoi poser des questions aux réponses désagréables ? On est une famille, désormais, et les familles évitent les sujets de dispute. 

-On n’est pas une famille.”

 

Elle le regarda un moment dans les yeux bleus de son père et le rire qui lui échappa fut légèrement cruel, légèrement masochiste. Ils étaient une famille. La pire définition de la famille. Simplement uni par le sang et ils allaient donc saigner ensemble. Qu’il compte là-dessus. 

 

“On est une famille, que tu le veuilles ou non. Mais je pense que tu le veux, malgré ton attendrissante détermination à prétendre le contraire. Après tout, c’est grâce à mon père que tu es à Saint-Paul. T’as accepté les privilèges, ce n’est tout de même pas pour refuser les revers de fortune, pas vrai ?”

 

A l’origine, elle n’était pas venue pour s’engueuler avec lui mais puisque ça semblait inévitable, elle tira une grande satisfaction dans la crispation de sa mâchoire. Qu’il se déchausse la dent qu’il avait contre elle. Tant d’ironie ne pouvait être qu’amusante. 

 

“Je t’emmerde, Kim !

-Je comprends ça. 

-Qu’est-ce que tu me veux ?

-Rien d’alarmant, le rassura-t-elle. Tu n’es pas habitué à être important pour les gens mais dorénavant, tu es le fils de Philippe Termencier, et rien de ce que tu feras ne leur échappera. Tu seras associé à ce que je fais, et je serais associée à ce que tu fais. Puisqu’on est irrévocablement associés, autant agir comme tels. 

-Et qu’est-ce que tu proposes ? Qu’on se fasse des confidences et fasse du shopping ensemble comme des copines ? 

-Je sais que tu me détestes, t’as juste à le faire discrètement. 

-Parce que tu me détestes pas, peut-être ?

-Si mais ça ne se voit pas.”

 

Il se mit alors à la détailler, à scanner son visage lisse et souriant, jusqu’à sonder ses yeux noisettes. Alors que tout un tas d’émotions s’empilèrent de son front à son menton, Kim se mit à rire et lui tapota l’épaule. 

 

“Bienvenue dans la famille, frangin !”

 

--

 

Quand elle était bien plus petite, elle passait ses journées à espérer que ses parents lui offrent un petit-frère ou une petite-soeur un beau matin. Nicole lui disait sans cesse qu’un frère était un ange-gardien que Dieu envoyait sur Terre, et qu’une soeur était une meilleure amie pour la vie. Ils se feraient gronder ensemble, ils endosseraient la pression ensemble et s’uniraient contre leurs parents, pour faire front. Peut-être même joueraient-ils ensemble en cachette. Ca sonnait comme une jolie aventure. Mais le ventre de sa mère resta inébranlablement plat.

Quelle tête aurait fait sa version fillette si on lui avait confié qu’elle avait toujours eu un frère, avant même de naître, mais qu’on le lui cacherait jusqu’à ses dix-neuf ans. Et qu’en plus, il la détesterait viscéralement.

Ce n’était pas pour rien qu’on avisait les gens de faire attention à leurs souhaits. Le monde était un étrange lieu, où les voeux se réalisaient sans la moindre étincelle de magie et qu’on se retrouvait à pleurer amèrement sa chance.

Et dès le premier pas qu’elle avait mis à Saint Paul, ce jour-ci, elle n’entendait parler que du scandale familial qu’avait causé la découverte d’un enfant Termencier né hors-mariage, et des frasques débauchées de cette Estelle au Deuil. Une chose était certaine, les gens ne se lassaient pas rapidement. 

 

“Ta mère doit être tellement triste…, songea Emi avec désolation. Découvrir que son mari l’a trompée… la pauvre…”

 

Intérieurement, elle eut une crise de rire hystérique mais seulement un bref frémissement des lèvres lui échappa, et elle remercia Emi pour sa sollicitude tout en assaisonnant sa salade. Le réfectoire de Saint-Paul ressemblait à un restaurant chaudement recommandé par le Guide Michelin et récompensé des 5 étoiles dûment méritées, avec cependant une petite annotation pour avertir les possibles clients du prix des plats. Ils n’en étaient pas à être servis mais le buffet était tellement beau que ça relevait quasiment du loisir de choisir soi-même quelles assiettes mettre dans son plateau. 

Certaines tables étaient en outre considérées comme réservées par l’élite de l’école. Celle où Kim et Cash s’installaient tous les midi était particulièrement grande et pourtant une chaise ne restait jamais vide plus de cinq minutes. Les élèves se battaient quasiment pour s’asseoir avec elles. Pour quelqu’un comme Kim qui étouffait presque quand elle était entourée de plus de dix personnes, cette espèce de jeu des chaises-musicales n’avait aucun sens. Mais Cash était la reine de Saint-Paul, la grande star, la Super-Nova. Son oncle était le directeur de l’école, et sa famille était à la tête d’une grande chaîne de télé nationale qui produisaient des films et des séries. Elle connaissait toutes les stars du moment et était même sortie avec une pop-star, et un basketteur, et de ce fait, faisait relativement souvent la une des magazines. 

Kim était sa meilleure amie depuis l’enfance alors, la popularité de Cash se déversait naturellement sur elle. Sa propre famille n’était pas en reste niveau pouvoir et argent, mais elle était bien moins médiatisée. Ce qui constituait une mini-bénédiction. Ca n’empêchait pas que certains la reconnaissent dans les rues d’Aubery. Son père s’était servie de ses fiançailles avec Rémi, fils du maire actuel de la ville, comme d’une campagne publicitaire gratuite. Et désormais, c’était au tour de son mariage. 

 

“J’aimerais bien voir un couple fidèle ! s’exclama Victoria avec un rictus. Je me demande surtout pourquoi ton père n’a pas mieux caché son bâtard… Il l’a carrément annoncé en conférence de presse...

-Laissez-la un peu tranquille, les filles ! s’énerva Cash. Vous croyez qu’elle a envie de parler de ça en mangeant ?

-Oh, désolée, Kimy…

-Ca ne fait rien, Emi. 

-Je disais juste ça comme ça, se justifia Victoria, tu trouves pas ça chelou, Kim ?

-Mon père devait bien ça à un enfant qu’il a négligé tout ce temps. Il ne fait qu’accepter ses responsabilités.”

 

Victoria fit la moue, peu convaincue, mais laissa Kim manger sa salade en paix. Elle échangea un regard avec Cash qui lui sourit doucement pour la réconforter et Kim cacha le soupir qui l’étreigna.

Si seulement son père pouvait prendre ses responsabilités envers Gaëtan sans oublier celles qu’il avait toujours envers elle. 

 

--

 

En dépit de la profonde haîne qu’ils entretenaient l’un pour l’autre, Rémi et elle avaient de nombreux points communs. Ca lui faisait d’ailleurs un mal de chien de l’admettre mais c’était ainsi, et valait mieux l’accepter que de se voiler la face. Ils partageaient, par exemple, un don particulier pour la dissimulation grâce auquel ils consolidaient tous deux une carapace derrière laquelle se cachait une personnalité tout entière que bien peu avaient réussi à voir.  

Aux yeux des autres, Rémi était un garçon tout ce qu’il y avait de respectable, et bien sous tous les rapports. Un brin coincé, il est vrai, un peu gauche et fichtrement ennuyant, mais qui avait malgré tout son charme. Le gendre idéal, en somme, même si son physique restait assez bâclé. Il était en outre le fils unique du maire de leur ville adorée. 

Kim comprenait, il était bien facile de se faire avoir par Rémi.

L’avantage de sa situation était que, ayant eu un bon aperçu de l’envers du décor, elle avait eu l’occasion de mettre de côté quelques preuves compromettantes. Pour que le mariage soit annulé, il fallait discréditer Rémi et sa famille et qu'ainsi son père ne considère plus leur union comme bénéfique. Et la seule raison pour laquelle il avait choisi de la fiancer à Rémi c’était son père, le maire, qui avait toutes les chances de se faire élire de nouveau, étant donné son extravagante popularité au sein des électeurs. Mais personne ne voterait plus pour quelqu’un qui se baignait dans la corruption comme s’il s’agissait d’une piscine municipale. 

Le maire protégeait scrupuleusement ses petites affaires, aussi Kim ne possédait pas des preuves à grandes échelles, mais il n’avait manifestement pas enseigné les clés du métier à son fils. Ce dernier s’était forgé une petite réputation de brillant érudit ; il culminait, tout comme elle, dans les cinq premiers élèves de chaque matière. Mais voilà, il se trouvait qu’il n’était pas si fort que ça en russe, sa deuxième langue, et qu’il s’agissait d’un déshonneur qu’il ne saurait accepter sans rien faire. 

Ce qui tombait incroyablement bien, néanmoins, c’était que leur prof de russe se révélait être un grand ami de Monsieur le Maire et que ça ne lui coûtait pas grand chose de gonfler un peu les notes de son fils. Par amitié, s’entend. Kim l’avait remarqué quand elle n’était pas arrivée à s’expliquer que Rémi avait eu une meilleure note qu’elle alors qu’elle le savait bien moins bon qu’elle ; elle avait donc subtilisé ses copies et le traitement de faveur avait été plutôt flagrant. Copies qu’elle avait encore en sa possession, soigneusement rangées afin d’être utilisées à bon escient. 

Pas sûr que les Aubérois veuillent d’un maire qui laissait son fils négocier avec son prof au dépend de leurs enfants…

Elle porta son téléphone à son oreille et Denis décrocha dès la seconde sonnerie.

 

“Que puis-je faire pour vous, mademoiselle ?

-Vous avez bien un ami professeur de russe de niveau supérieur ? 

-Vous semblez penser que j’ai des amis dans tous les corps de métier…

-Quand je dis “ami”, c’est pour la poésie, Denis. 

-J’ignorais que vous aviez des difficultés en Russe…

-Ce n’est pas pour moi, c’est pour un ami.

-Un ami ?

-La poésie, Denis, la poésie.”

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Vous lisez