CHAPITRE I - Une voie pour quatre étoiles - Arcturus - Partie 1

Notes de l’auteur : Bonjour à tous, j’espère que cette première scène vous plaira et vous donnera envie de lire la suite.
C’est vrai, c’est plutôt étrange de commencer sur une scène « 1.1 » plutôt qu’un joli chapitre I, mais il y a une bonne raison. Dans ce livre, les quatre héros vont agir tantôt en parallèle, tantôt de concert pour accomplir les objectifs du Conseil et, surtout, pour découvrir les secrets autour du LM – ils ne peuvent y parvenir avec leur seul entourage, aussi riche et diversifié qu’il puisse être. Chaque héros avancera donc de son côté vers la vérité, il fera sa part du grand puzzle que le Conseil assemblera tout au long du récit, au travers de leurs retrouvailles ou de leurs lettres.
D’ailleurs, la prochaine scène portera sur l’une des deux dames du Conseil, Maria et son caractère si particulier, déjà prête à partir en expédition.
N’hésitez pas à commenter ou partager mon travail autour de vous, et portez-vous bien.

Arcturus, 16 août 1979

 

« Le LM est la meilleure chose qui ne soit jamais arrivée au Marché, et Solar Gleam est le meilleur outil qui n’ait jamais été offert à l’Alliance for Progress. Viens près de moi, Arcturus …Que chacun de vous traite avec cet homme comme s’il était mon fils ! Et chacun de vous aura à traiter avec lui, j’en suis sûr ! »

 

David Rutheyet, président de l’Alliance for Progress, lors de son discours pour le grand gala d’anniversaire de Solar Gleam au Dakota Building, à New York, en 1871.

 

Huit années plus tard, à l’été 1879, le général d’armée Gabriel Argéa se rendait à l’ambassade d’Allemagne à Paris pour y retrouver son rival redouté par tous les Français, le maréchal allemand Ludwig von Bismarck.

Ce dernier était alors le frère du Chancelier du même nom, et sa réputation égalait largement celle de son aîné, car si Otto était un brillant homme politique, Ludwig était un prodigieux stratège militaire. Il était même considéré comme le meilleur du monde à ce moment-là, depuis son éclatante illustration comme premier artisan de la victoire prussienne sur la France, de l’Alsace ainsi conquise jusqu’à Paris qu’il avait assiégé avec succès. Face à lui, aucun officier français ne paraissait de taille, ils les avaient tous défaits avec une surprenante facilité, à tel point que l’on disait dans toute l’Europe que l’Armée Française n’était plus ce qu’elle était. Pourtant, il existait un homme qui, à la tête d’une armée deux fois inférieure en nombre, avait écrasé toute une aile de l’offensive allemande avant de se diriger vers les Ardennes pour déborder l’armée ennemie et la menacer d’encerclement, non sans réussir à faire s’enliser la contre-offensive lancée contre lui. Cet homme était Gabriel, et il était le seul à avoir remporté une victoire sur Ludwig, à l’avoir mis en échec puis menacé.

Seulement il n’avait pu continuer la guerre, puisque la République, qui profita de la chute de l’Empereur, finit par rendre les armes, pour s’occuper d’une révolution communiste naissante en pleine capitale – déclenchée sur les exhortations du Pionnier Français, Achille Licourg. Et le Général avait dû lui aussi s’avouer vaincu, alors que tant de ses soldats étaient encore morts la veille de cette paix humiliante, ce qui ne manquait pas de peser un peu plus sur ses nerfs chaque jour, depuis huit ans maintenant. Heureusement pour lui, la guerre n’était pas totalement finie, ce n’était qu’une trêve déguisée et, bientôt, il espérait pouvoir marcher sur Strasbourg, avant de passer le Rhin pour abattre une à une les armées prussiennes sur la route de Berlin. Cependant, face à l’une des meilleures armées du monde et, surtout, face à son nouveau département de recherche, le ReichForschlung-Abteilung, rien ne semblait moins sûr qu’une victoire de la France. Car là était le problème, la République Française avait beau avoir la revanche coulante de la bouche comme un chien enragé, même la plus noble des envies ne suffirait pas à obtenir la victoire. Il ne suffisait pas d’y mettre les moyens, il fallait les diriger aux bons endroits, tout comme il ne servait à rien d’éparpiller ses efforts dans des entreprises coloniales futiles ou des querelles politiques de libéraux, puisque c’était bien aux portes de la France que se trouvait la menace impériale. Ainsi, Gabriel craignait de voir son pays foncer dans le mur par faute de mauvais jugements, là où l’Allemagne carburait à plein régime en profitant de sa réunification ou du merveilleux atout économique qu’était le LM, dès 1871, quand ces quatre Pionniers prétentieux et méprisants perdirent enfin leur monopole sur la molécule nouvelle.

Et, bien sûr, ses tristes pensées le harcelaient toujours lorsqu’il descendit de la voiture, venue le déposer devant la belle bâtisse d’où agissait la diplomatie du Reich, proclamé à Versailles comme une ultime humiliation. Les Allemands ne devraient même pas avoir un pavé de France, se désola-t-il en repensant aux terres volées d’Alsace et de Moselle, non sans que des braises ne paraissent crépiter dans ses yeux, notre revanche viendra. Seulement, si la République ne pouvait la mener jusqu’à son terme, si elle n’était pas capable d’aller jusqu’à la fin de cette rivalité, jusqu’à ce que l’un des deux tombe pour ne jamais se relever et relancer un cycle de vengeance, alors qu’est-ce que je ferais ?

Nous verrons cela le moment venu, pensa-t-il en traversant les couloirs d’un pas ferme sous les regards nerveux du personnel allemand, le regardant avec la même crainte dans les yeux que les Parisiens qui avaient vu passer la voiture du maréchal Ludwig quelques jours auparavant. Cependant, au sommet de l’ambassade, dans le bureau même de l’habituel résident des lieux qui était actuellement auprès du Président de la République Française, Ludwig semblait déjà être en grande discussion avec deux invités. Comme si j’avais son temps, s’énerva intérieurement le Général en frappant fortement à la porte, alors même qu’un personnel allemand venait à lui pour annoncer son arrivée. Sous le regard stupéfait du vigile allemand qui devait se demander comment un homme aussi malpoli avait pu arriver jusqu’aux plus hautes strates de l’armée, Gabriel ouvrit alors la porte tandis que Ludwig prononçait encore le mot « entrée ».

Et le Français s’étonna de découvrir le maréchal allemand en train de discuter avec deux savants qu’il n’avait jamais vus - William von Toeghe et Alessia Lespegli da Firenze. Le sujet portait visiblement sur la nouvelle Triple-Alliance qui unissait l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie, mais à voir la présence de ces deux scientifiques, la discussion avait aussi dû porter sur le LM. Gabriel ne savait pas grand-chose de cette soi-disant fabuleuse molécule, hormis le fait que les industriels en distribuaient de bon cœur à leurs ouvriers, ou que les médecins le recommandaient à tout va comme le remède miracle par excellence. Mais qu’en savaient-ils tous ? Toutes ces foutues blouses blanches prescrivaient les saignées il y a encore quelques décennies et prétendaient encore guérir les maladies mentales avec des électrochocs ou des bains glacés, alors les laisser injecter on ne sait quoi dans le corps des patients, cela relevait de la folie pure. Non, à ses yeux, ces gens-là n’étaient pas seulement malhonnêtes, ils étaient éminemment dangereux par leur curiosité. Et l’Italienne qui se trouvait dans le bureau du maréchal avait beau très bien porter la tenue des bonnes sœurs, elle était sûrement tout aussi mauvaise, si ce n’est pire. En la regardant, il pouvait déjà l’imaginer en train d’injecter les plus immondes produits à ces pauvres fidèles, tout en les abreuvant de morales aussi stupides que futiles. Et, sans même qu’il s’en rende compte, il était littéralement en train de fixer la pauvre Alessia d’un regard si perçant qu’elle s’en trouva mal à l’aise.

— Je sais bien que l’Italie ne compte pas de femmes plus belles qu’Alessia, mais c’est très impoli de dévisager une dame de cette manière. » l’interrompit William, si prompt à s’outrager du comportement déplacé de certains hommes envers sa collègue, là où Ludwig en était plus amusé qu’autre chose, jusqu’à en profiter pour engager un dialogue cordial avec son rival.

— D’autant plus qu’elle s’est déjà unie à Dieu, et que vous êtes heureusement marié, mon cher Gabriel.

— Je m’interrogeais simplement sur la présence d’une religieuse dans le bureau d’un maréchal du Reich, c’est assez curieux pour une servante du Christ. » déclara très sobrement Gabriel, alors qu’Alessia s’apprêtait déjà à s’expliquer.

— Au contraire, cela prouve que nous n’étions pas là pour encourager une guerre. Mais rassurez-moi, ce n’est pas cela qui vous dérange ? » s’amusa-t-elle, d’une voix chaleureuse qui fit presque sourire Gabriel, par instinct, offrant à William l’occasion d’enchaîner pour les sortir de là.

 

Car la Florentine et le Saxon n’étaient censés que croiser Gabriel, selon ce qui avait été décidé la veille, lors de la réunion du Conseil du Graal de l’été 1879. D’ailleurs, la mission d’Alessia auprès du maréchal Ludwig s’achevait même ici, juste après l’arrivée prévue du plus revanchard des Français. En effet, elle venait simplement pour épauler son collègue à convaincre Ludwig d’aller dans le sens des intérêts du Conseil, sans montrer toute son amitié pour William qui, de son côté, était en contact direct avec la Deutsches Heer depuis déjà quelques mois au nom du département civil – afin de pouvoir espionner les agissements du département militaire sans avoir à l’intégrer. Enfin, il ne fallait bien évidemment qu’aucun de ses deux officiers ne se doutent qu’ils étaient manipulés tels de vulgaires pions, surtout Gabriel, dont le Conseil avait bien besoin pour finaliser sa petite affaire – une de plus dans leur quête vers le Bien Commun. 

Le Conseil du Graal, et plus précisément Arcturus Seafox, venait enfin de trouver une nouvelle nappe de LM, emplie d’une variante encore inconnue de la molécule, gisant sous tout le Caucase de la même manière que le LM rouge s’étendait sous toutes les Alpes. Bien sûr, les quatre savants comptaient mettre la main dessus, mais ces premiers bassins étaient sur le territoire turc, dans les profondeurs du Mont Kaçkar, entre les plateaux d’Anatolie et les montagnes d'Arménie. Les Ottomans hésitaient alors à laisser des étrangers exploiter le LM, qu’ils soient germains, français ou anglais, malgré toutes les insistances du RFA d’Emil ou du Solar Gleam d’Arcturus. Mais les choses allaient subitement pouvoir changer, car l’Empire Russe avait déclaré la guerre aux Ottomans, et le Sultan s’apprêtait à se montrer un peu plus conciliant envers ceux qui pourraient l’aider contre le Tsar. L’objectif de William ou d’Alessia était donc de prouver au maréchal Ludwig que l’Allemagne ne devait pas intervenir – contrairement à ce que demandait le RFA d’Emil. Après tout, cela ne ferait que disperser inutilement les efforts du RFA, en plus de dégrader l’image de la Germanie auprès des slaves du sud que les Russes voulaient libérer de l’occupation turque. Enfin, William comme Alessia ne manquèrent pas d’ajouter que beaucoup d’Allemands ou d’Autrichiens pourraient périr si le conflit contre la Russie venait à durer, ou si les Français et les Anglais s’en mêlaient - ce qui risquait d’advenir. Ainsi, avec un socialiste allemand et une religieuse italienne comme avocats de la paix, le maréchal prussien finit par se désintéresser du projet, laissant le Conseil du Graal espérer que l’Allemagne ne vienne pas contrecarrer davantage ses plans.

Il était donc temps de se séparer pour la Florentine et le Saxon, afin que la première reparte pour son Italie natale et que le second ne poursuive son rôle d’espion. Alors William reprit la parole auprès de Ludwig qui en avait déjà fait son scientifique favori, car même si le vieil officier avait discerné les sympathies socialistes cachées par son jeune savant, il comprenait également qu’il avait un bon fond et une pensée juste – une pensée parfois niaise, certes, mais qui allait néanmoins dans le bon sens.

— Nous allons prendre congé, faire patienter ainsi le général Gabriel ne ferait que nuire à votre entrevue, Feld-Maréchal. Je vous attendrai dans les locaux de notre ambassade pour rejoindre l’Allemagne en votre compagnie.

— Parfait, petit Leibniz. N’hésitez pas à profiter de nos locaux pour vous y détendre un peu, notre voyage de retour n’aura pas d’arrêt. » lui répondit avec fierté le vieux maréchal du Reich toujours heureux de faire référence aux grands hommes que sa patrie pouvait produire à chaque génération, avant de tourner son regard vers Alessia sur un ton plus cordial. « Quant à vous, Dame Lespegli da Firenze, ce fut un plaisir de faire votre connaissance à tel point que je regrette de ne vous avoir croisé plus tôt, les années qui me restent ne seront sûrement jamais suffisantes pour profiter pleinement de votre sagesse maintenant que je l’ai découverte. Je vous souhaite un excellent retour en Italie, n’oubliez pas de transmettre toute ma sympathie à vos congénères et à l’Église de Rome, bien que je sois des réformés.

— Il n’y a qu’une seule Église, vous le savez bien, tout comme Dieu n’a qu’un Fils. Merci de m’avoir reçue, Maréchal. Puissiez-vous agir avec la Paix et la Justice en votre cœur, Dieu vous garde. » conclut Alessia, dans un sourire d’une douceur dont elle avait le secret, avant de se lever avec élégance sous les regards pourtant impassibles du général français, trop nerveux pour en profiter.

 

Les deux savants du Conseil quittèrent ensuite la pièce pour laisser les deux chefs militaires en tête-à-tête, avec un seul beau bureau de bois ouvragé de dorures pour les séparer, sous une ambiance de plomb qui tomba dès que William ferma la porte derrière lui.

— Mon État-Major a été averti de manœuvres militaires non loin de l’Alsace… » commença le général tout en s’asseyant, sans parvenir à cacher son agacement.

— Elles ne se sont pas déroulées en Alsace justement, elles ne sont pas tournées contre la France, il ne s’agit que d’entraînements tactiques comme toutes les armées du monde le font. » se justifia aussitôt Ludwig sur un ton très poli et cordial, comme toujours, ce qui avait le don d’attiser la colère de Gabriel.

— Bien sûr, je suppose donc que je devrais aviser la République de faire de même.

— Faites, faites, ne vous sentez surtout pas gêné pour ce genre de choses. » ricana Ludwig, amusé à l’écoute des manœuvres d’entraînement de l’Armée Française, tout l’inverse du Général qui s’emporta aussitôt.

 

À l’entendre, le maréchal donnait presque l’impression de souhaiter une autre guerre contre la France. Pourtant, Gabriel savait que ce n’était pas exactement le cas. Après tout, qui veut la paix prépare la guerre, et la Germanie se savait entourée de rivaux du même calibre que la France, la situation n’était donc pas au relâchement dans les armées allemandes et autrichiennes. Cependant, et bien que le Français insistât fortement sur cette lettre de contestation officielle qu’il apportait à Ludwig, ce n’était pas seulement pour cette raison qu’il venait voir son rival.

Bien sûr, c’était la guerre imminente qui allait éclater à l’est qui le poussait maintenant à interroger le maréchal. Il voulait savoir si les Allemands allaient se précipiter pour s’emparer de cette fameuse nappe de LM, ainsi que deux ou trois petites choses. Et lorsque Ludwig commença à répondre aux questions anodines de Gabriel, comme le fait qu’il se fichait bien de cette nouvelle guerre russo-turque, il confirma, sans le vouloir, les théories du Français : le LM sera l’atout majeur de l’Allemagne pour sa prochaine guerre, et elle n’avait pas besoin d’en avoir plus. Pourtant, le Feld-Maréchal préféra en rire, sans que ça ne trouble l’air impassible de son interlocuteur.

— Ah ! Vous croyez m’avoir fait révéler un secret d’État ? Non, Gabriel, je vais vous en donner un de secret, un petit, en espérant que ça calme un peu l’agressivité de votre peuple. Les médicaments que Solar Gleam vous vend à base de LM, que ce soit celui qu’il extrait en Asie ou plus récemment en Suisse, ce n’est que la première étape de la Médecine Nouvelle, et une étape dans laquelle ils vont se perdre par simple cupidité. Le RFA travaille déjà sur la phase supérieure, quelque chose qui dépasse largement nos infirmeries de campagne et qui rendra nos hommes meilleurs de façon permanente.

— Qu’est-ce qu’il peut concevoir de plus que des médicaments pour vos soldats ? » s’étonna-t-il, en ressassant brièvement ses bases de médecine classique apprises à l’armée.

— Navré, la confidence s’arrête là, même si elle n’est pas très choquante pour quiconque s’intéresse un tant soit peu aux Sciences Nouvelles ... » conclut Ludwig sur un rictus satisfait d’avoir instillé le doute chez son rival. « Enfin, je voulais tout de même vous prévenir. Mais allez-y, partez chercher cette nouvelle nappe pour que Solar Gleam puisse encore vous vendre ses médicaments à prix d’or ! » sourit le vieux maréchal avant de reprendre sur un ton plus cordial, et presque compatissant. « Vous ne voyez pas que les Anglais vous manipulent ? La France gagnerait beaucoup plus à s’allier à nous ...

— Vous pouvez garder votre pitié. Et le LM n’est pas la réponse à tout, Ludwig, je reste convaincu que la guerre, c’est autre chose que de la chimie et de l’économie. Vous ne gagnerez pas la prochaine fois, vous verrez. D’ailleurs, on raconte que vous étiez moins fier quand vous avez appris qu’un simple général divisionnaire et ses hommes avaient écrasé deux corps d’armées prussiens, c’est vrai ?

— Oui, c’est vrai, mais pour boxer, il faut accepter de prendre quelques coups, ça n’a pas empêché le Reich de vous vaincre, et je n’ai pas votre égo. Je veux bien perdre mille fois contre vous, Gabriel, pour que le Reich triomphe au bout du compte. » conclut-il en se replaçant confortablement sur sa chaise, alors que Gabriel s’apprêtait à riposter.

— Je ne perdrai pas une seule fois contre vous, et c’est ça qui décidera de qui triomphera. » lui assena-t-il sèchement, avant que le vieux maréchal ne ricane de voir son jeune rival se comporter comme une caricature de revanchard.

 

Mais finalement, ils finirent tous deux par se complimenter, riant presque à l’idée de leur prochain affrontement. Les deux officiers étaient certes rivaux sur beaucoup de points, ils se vouaient néanmoins un respect mutuel, teinté d’admiration et de ressentiment. Au bout de quelques répliques, ils en vinrent même à critiquer ensemble la République Française que Gabriel détestait profondément pour avoir profité de la guerre et réprimé le peuple parisien. Et le Français accepta même les commentaires que le vieux maréchal faisait sur sa témérité qui l’emportait parfois, au point de le mettre dans des situations que l’intelligence ne résolvait pas toujours. Puis, après avoir fugacement discuté de l’épouse de Gabriel qui devait bientôt accoucher, le Français finit par se lever pour se diriger vers la sortie et mettre fin à l’entrevue, tandis que Ludwig se désolait à l’idée de voir son rival rater la naissance de son enfant, pour une expédition militaire aussi futile que risquée à l’autre bout du continent.

— Ne t’en fais pas pour moi, je ne trébucherai pas en chemin. C’est toi qui me feras tomber, ou l’inverse. Et crois-moi, je ferai tout pour que la prochaine fois, ce soit moi qui te reçoive à Berlin. » conclut Gabriel avec la main déjà sur le loquet, d’un ton grave qui cachait mal sa sympathie. « A la prochaine fois, Ludwig.

— A la prochaine fois, Gabriel. » se contenta-t-il de lui répondre. « Si seulement tu étais né allemand… » murmura-t-il, dépité, abaissant le regard obscurci par ses rêveries sur cette lettre de contestation, de menaces.

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Edouard PArle
Posté le 17/02/2022
Coucou !
Trop bien le nouveau découpage, je vais pouvoir y aller à mon rythme ahah
Je suis rentré à fond dans l'histoire j'aime beaucoup l'ambiance que tu instaures avec quelques mots de vocabulaire (comme LM). Les intrigues géopolitiques me font d'avance saliver, d'autant plus dans un contexte d'uchronie ^^
Le style est comme tu l'avais prévenu assez différent du prologue même si on sent que c'est la même plume derrière.
Cette première scène est efficace, deux personnages de présentés, on les découvre différents mais empreints de respect mutuel. Je suis pressé de voir ce que tu nous réserves avec ces deux-là.
Mes petites remarques :
" ils les avaient tous défaits avec une surprenante facilité," -> il ?
"Et le Français s’étonna de découvrir" tu peux enlever le "et"
"deux savants qu’il n’avait jamais vus - William von Toeghe et Alessia Lespegli da Firenze." comment connaît il leur nom s'il ne les a jamais vu ?
Très agréable ce début du pavement des enfers, ma bonne impression du prologue se confirme.
A bientôt !
Deslunes
Posté le 20/02/2022
Bonjour, merci de continuer ta lecture, et tes corrections^^
Je corrigerai toutes ces petites fautes, sauf pour la dernière où je modifierai un peu la tournure. Normalement, c'est moi qui m'exprime entre tiret, Gabriel suppose que c'est eux puisqu'il les connait de nom. Mais je vais probablement écrire que Gabriel les reconnait pour les avoir vu en photo dans les journaux, ça contribuera à accentuer leur côté "célébrité".
Merci, j'espère que la suite te plaira.
Arod29
Posté le 07/02/2022
Hello!
J'aime beaucoup les uchronies et on sent que ton univers est riche, fouillé et complexe. Tu donnes beaucoup d'informations On découvre tes protagonistes peu à peu. Les rapports entre Ludwig et Gabriel sont vraiment intéressants. Ton style est fluide. A bientôt pour la suite.
Deslunes
Posté le 09/02/2022
Rebonsoir, et merci de commenter.
Je suis rassuré que ça plaise, j'ai parfois peur que les intrigues géopolitiques lassent les lecteurs, qu'elle donnent un côté trop impersonnel ou distant. Pourtant, les questions géopolitiques ont un rôle important à jouer dans le "pavement des enfers", donc j'espère qu'elles resteront plaisantes lorsqu'elles seront nécessaires à l'intrigue.
Je vous souhaite bon plaisir pour la suite, vous aurez l'occasion de revoir Ludwig et Gabriel à plusieurs reprises (surtout le second).
Astralie
Posté le 24/01/2022
Salut,
Déjà des intrigues, des complots. Un début auquel on ne s'attendait pas.
Un chapitre complétement différent du prologue, dans la narration, je dirais même, dans l'histoire. Mais le début historique laisse présager une drôle de suite. Donc en plus d'être historique, épique, c'est aussi une uchronie bien !
Deslunes
Posté le 24/01/2022
Rebonjour, merci du commentaire.
En effet, le récit s'éloigne de plus en plus de l'histoire réelle pour faire sa propre histoire, ça va s'accélérer au fur et à mesure des chapitres, jusqu'à arriver au bouquet final du tome 1 qui bouleversera tout ce petit monde.
J'espère que cette évolution fantastique vous plaira et vous intriguera pour les tomes à suivre (si la chance m'est donnée).
Coquilles
Posté le 17/01/2022
Bonsoir,
Je te suis dès l'apparition d'un nouveau chapitre mais j'avoue ne pas commenter.
Alors ce soir, je me rattrape.
Dans cette scène, on découvre Arcturus. Après Maria la rosse, voici Arcturus le faux gentleman. Va t-il y avoir un personnage "normal" si cela peut exister dans un roman ?
Deslunes
Posté le 21/01/2022
Bonjour et merci de votre commentaire.
Malheureusement, il faudra se contenter des personnages secondaires pour les gens "normaux", que ce soit les élèves ou les professeurs, ils sont tous un peu particulier.
Bibliophage
Posté le 12/10/2021
Salut,
Cette première scène est riche de détails. Tu décris bien ton personnage et écrire une scène pour présenter chaque personnage m'a l'air d'être une riche idée.
Deslunes
Posté le 09/11/2021
Bonsoir,
c'était nécessaire en effet, et cela va continuer sur le chapitre suivant, la plupart des personnages n'ont pas encore eu l'occasion de tout révéler sur leur personnalité ou leurs visions du monde (sans compter que ces dernières risquent d'évoluer au fil du récit).
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