Chapitre 9 : La ville des âmes

Par Elora

12 ans plus tôt...

Andanariel se dirigea vers le magnifique pont de marbre et d'or sur lequel elle posa son pied, un sourire sur les lèvres. 

Derrière se dessinait une gigantesque plaine, ce que tout Ange normal pouvait voir, mais Andanariel n'était pas normale. 

Elle voyait bien plus loin des maisons en désordres, toutes disposées comme dans un champ de champignons. 

 

La jeune fille traversa le pont, respira un grand coup et fixa l’horizon laiteux puis, bizarrement, se mit à courir. 

C'était le seul endroit où Andanariel pouvait courir sans avoir à faire aux remarques des Anges qui lui disaient : 

<< Mais pourquoi ne voles-tu pas ? >> 

Au début, elle avait supporté les remarques sans broncher, mais à la fin, c'était devenu lassant. Alors, pour courir librement, elle avait compris que c’était le bon endroit, que seul les plaines du repos éternel lui permettraient de faire ce qu’elle voulait et de combler sa curiosité. 

Elle courait ainsi comme une folle à chaque fois qu'elle venait ici. Néanmoins, Andanariel était faites pour voler, et non pas pour courir, alors elle repassait vite en mode planeur et ce fut le cas, encore une fois. 

Fatiguée, Andanariel déploya ses ailes et s'envola en pleine course, savourant la sensation de liberté qui l’envahissait à chaque fois qu’elle faisait ça, puis survola la grande plaine, qui était complétement lisse, sans aucunes rivières et montagnes. 

Tout ceci se trouvait près des habitations car, la jeune fille avait son hypothèse, toute ces choses étaient loin de la vue des Anges, pour ne pas leur donner envie d'aller embêter les esprits en s'amusant, mais elle avait défié les dieux et leur idée de non-dérangement des âmes, en allant au-delà de la plaine et les esprits l'avaient très bien accueillie. Ils ne devaient pas recevoir de visiteurs très souvent. 

Depuis, elle y était retournée. 

 

Volant jusqu'au village, elle se posa au milieu de la grande place, des esprits se tournant vers elle en lui souriant. 

Andanariel leur sourit en retour et se dirigea vers la fontaine, s'aspergeant le visage et les bras ; la fraîcheur de l'eau lui fit du bien, après sa course et son long vol. 

Son visage se reflétait dans l’eau, clair et serein, et ses yeux pâles lui donnaient un air doux et triste. 

S’appuyant contre la pierre grise, un sourire se dessina sur son visage, ne sachant elle-même pourquoi. 

Elle avait l’impression d’être observée, c’était peut-être pour ça qu’elle faisait bonne figure. 

Des cris de joie retentirent derrière elle, et avant qu'elle ait pu se retourner, on l’agrippa et elle se retrouva entièrement dans la fontaine. 

Surprise par cette attaque, l'air de ses poumons s'échappa et elle paniqua, faisant de grand mouvement avec les bras pour remonter à la surface, oubliant les pouvoirs de sa peau et de ses ailes. 

Une main bleu ciel, d'après ce qu'elle pouvait voir, l'attrapa et la sortie de l'eau, et elle se retrouva debout, trempée et suffocante, au milieu de la fontaine. 

Une autre main, sûrement la jumelle de celle qui lui serrait le poignet, lui écarta les cheveux de devant le visage, ce qui lui permit de voir son sauveur. 

C’était un esprit de neuf ans, qui la regardait avec inquiétude. 

Marvin. 

L'esprit se tourna vers des enfants, qui arborait un air faussement coupable, et Andanariel fit de même, les observant tour à tour ; eux aussi la regardèrent, voulant savoir si elle leurs en voulait. 

L'Ange éclata de rire, et tous firent de même. 

— Prévenez moi avant la prochaine fois ! dit-elle. 

Les enfants réfléchirent un instant, considérant l'idée d'Andanariel. 

— Ça aurait été moins drôle sinon... intervint un esprit. 

Tous hochèrent la tête et Marvin soupira. 

— Excuse-les, tu veux bien ? lui demanda-t-il. 

— Ne t'en fait pas, je saurai faire le bon choix. 

Marvin eut un sourire, puis lâcha son poignet et se dirigea vers un bosquet d'arbre, suivit du regard par Andanariel. 

Marvin était très étrange, encore plus qu'elle-même, ce qui la laissait perplexe. 

Il était jeune, ayant juste un an de plus qu’elle, mais il était très mature et responsable pour son âge. 

La jeune fille se demandait quel était son secret. 

Non, je ne dois pas me mêler de ce qui ne me regarde pas

Elle se détourna et fit face à ses agresseurs, prenant un air sévère et leurs dit : 

— Vous allez voir ce qui arrive à ceux qui s'en prennent à moi. Je vais me venger ! 

Les esprits n'étaient pas impressionnés le moins du monde, mais ils partirent tous en courant, hurlant comme des fous. 

Malgré la dangereuse personne qui leur courait après, ils se retenaient d'éclater de rire, et pour certain, la tâche était très difficile, car ils manquaient de s’étouffer. 

Andanariel se lança à leurs poursuites en poussant un hurlement d'intimidation, et en son for intérieur, elle déclara : 

J'aimerais que tout ça ne s'arrête jamais, après tout, pourquoi pas ? Ce n'est pas comme si un grand malheur allait se produire quand je serai plus grande. 

Mais un sentiment persistait en elle, malsain. 

Sa conscience lui disait qu’il arriverait quelque chose, quelque chose de terrible, mais elle essayait de ne pas y faire attention, espérant que sa vie continuerait son long fleuve tranquille...

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