Chapitre 9 :

Par Malivz

Le lendemain matin, vers sept heures, Laura fut réveillée par Louise qui venait la chercher pour son entraînement.

« Mais pourquoi doit-on apprendre à se battre alors qu’Enzo et toi savez déjà le faire ? demanda la jeune femme qui ne voulait pas se lever.

—Parce que si l’on est séparé et que tu te retrouves seule, comment feras-tu si tu ne sais pas te battre ? répondit Louise agacée par tant de mauvaise volonté. Je te signale que l’on ne sait pas réellement ce qui nous attend à l’intérieur du Soleil. Si cela se trouve, il n’y aura pas que les quatre déesses là-bas. »

Laura finit par se lever lorsque Louise la menaça de lui jeter un seau d’eau à la tête. Elles marchèrent en direction de la salle de combat. Elles arrivèrent dans le dojo et entrèrent dans les vestiaires.

« Aujourd’hui, je vais t’enseigner les bases : quelques positons et des enchaînements de combat. Pendant les séances que nous aurons, tu apprendras aussi à te battre avec un poignard, une épée, un pistolet et même à mains nues.

—Très bien, avec les poings, je pense que je m’en sors assez bien, plaisanta Laura en repensant aux coups qu’elle avait donnés à Alexandre et au garçon du lycée.

—D’accord, alors tu le montreras. Ah ! Et tu devras aussi travailler ta vitesse, ton agilité, ton équilibre, ta patience et ta concentration. Tout cela est très important pour les combats. Tu devras maîtriser à la perfection les armes, les techniques de combat et tout le reste. Est-ce clair ? »

Elles sortirent des vestiaires dans leur tenue de combat et commencèrent le cours. Alexandre et Enzo les rejoignirent quelques minutes après.

 

Après une matinée de travail acharné, Laura et Alexandre purent arrêter de s’entraîner pour la journée. Ils étaient en nage et n’avaient plus de force dans leurs bras et jambes. Chacun retourna dans ses vestiaires et prit une agréable douche froide. En sortant de ce dojo maudit, ils se dirigèrent vers la salle à manger et y retrouvèrent la reine Cynthia et le roi Louis.

Comme ils n’avaient pas eu le temps de prendre un petit déjeuner, Laura et Alexandre mangèrent comme quatre, ce qui fit beaucoup rire Louise et Enzo.

Après avoir déjeuné, Laura retourna dans sa chambre. Mais, avant qu’elle n’entre, Alexandre l’attrapa par le bras et lui rappela :

« L… Laura, te souviens-tu de ma proposition pour de te faire visiter les jardins ?

—Oui, répondit-elle en se retournant vers le prince. D’ailleurs, je n’ai même pas pris le temps de les visiter seule.

—On pourrait y aller…

—Maintenant ?

—Non, ce soir, car de nuit, ils sont plus beaux.

—Très bien, à quelle heure et où se retrouve-t-on ?

—Disons… vers vingt-deux heures. Je te retrouverais dans ta chambre si cela ne te dérange pas ?

—D’accord, alors à ce soir, conclut-elle en entrant dans sa chambre. »

« Visiter les jardins, c’est vrai que je n’y avais pas encore pensé, remarqua Laura une fois assise sur son lit. Je suis impatiente ! Ils doivent être magnifiques éclairés par la lumière de la lune et des étoiles ! J’espère qu’il y aura des roses ! Je n’en ai vu que sur des images et elles avaient l’air d’être magnifiques ! »

Laura s’allongea, rêveuse, sur son lit et ferma les yeux en s’imaginant ces belles plantes. Elle s’assoupit et dormit tout l’après-midi. Elle se réveilla juste à l’heure pour le dîner avec la petite famille du roi. Après avoir mangé, Laura retourna dans sa chambre, échangea une luxueuse robe violette avec un débardeur bordeaux et un pantalon serré noir. Puis elle guetta son horloge, attendant qu’elle indique l’heure du rendez-vous.

 

À vingt-deux heures pile, Alexandre vint chercher Laura dans sa chambre. Il la détailla du regard quelques secondes, surpris de la trouver dans cette tenue peu habituelle. Celle-ci le remarqua et lui dit d’un ton de reproche :

« Quel soulagement ! Je me sens bien mieux dans ses vêtements que dans ces robes ! Mes vieux habits me manquaient ! Je suis tellement plus libre dedans !

—C’est étrange de te voir avec autre chose qu’une robe, déclara Alexandre passant outre de ses remarques. Mais tu es très belle dans cette tenue.

—Merci.

—Au fait, normalement, nous n’avons pas le droit de sortir de nos chambres la nuit, alors nous devrons sortir par la fenêtre pour éviter de nous faire repérer.

—Ne t’en fais pas, nous n’aurons aucun mal à sortir, répondit-elle faisant apparaître une porte en plein milieu de sa chambre. »

Alexandre laissa la surprise s’emparer de lui quelques instants. Laura utilisait tellement peu son pouvoir qu’il lui arrivait d’en oublier son existence, malgré l’importance qu’il avait pour leur future mission.

« Il est vrai que ce moyen-là est plus pratique et moins dangereux que de grimper aux arbres, admit-il en riant légèrement accompagné par Laura. »

La jeune femme ouvrit la porte et s’engouffra dedans, son fiancé derrière elle. Ils marchèrent le long d’un petit couloir et débouchèrent dans les jardins, juste sous la fenêtre de la chambre de Laura. En refermant la porte, celle-ci disparut instantanément.

Alors, le silence de la nuit les engloba et ils marchèrent côte à côte le long des jardins en évitant de se faire repérer par la garde de nuit.

Les jardins étaient magnifiques. Des arbres fruitiers et de jolies fleurs bleues et roses bordaient les allées faites de terre. Les buissons étaient taillés de telle façon que l’on distinguait le visage du roi Louis. Cela donnait l’impression d’être, en permanence, observé, ce qui était particulièrement oppressant.

Mais, l'endroit que Laura préférait était le jardin aux roses. Elle éprouva un amour immédiat pour celui-ci qui encerclait une magnifique fontaine. Les roses étaient de toutes sortes de couleurs et Laura était émerveillée par leur beauté et leur parfum enivrant. Alexandre riait beaucoup, il trouvait les réactions de Laura hilarantes.

Ils finirent par arriver au bord d’une petite rivière calme. L’eau suivait le courant dans un silence de paix. Des lucioles volaient un peu partout. Elles étaient semblables à des fées brillant dans la nuit. Ce spectacle était tout simplement incroyable et époustouflant.

« C’est magnifique, murmura Laura ravie.

—Je te l’avais dit. Les jardins sont très beaux la nuit.

—Jamais je n’ai vu d’endroit aussi splendide que celui-là. Merci infiniment. »

Un silence s’installa entre les jeunes adultes. Une question tourmentait Alexandre et après une longue attente, il finit par briser le silence :

« Je ne comprends pas, pourquoi tu n’es pas partie avant. Lorsque tu avais encore Roxy. Tu aurais pu utiliser ton pouvoir pour retourner dans les Quatre Saisons et renter chez toi. Tu me l’as dit toi-même, tu aurais préféré rester chez toi avec ta famille. Alors pourquoi ?

—…

—Pourquoi ? insista-t-il.

—Je n’en ai aucune idée moi-même, répondit Laura en s’asseyant, les genoux serrés contre sa poitrine. Il est vrai que j’aurai pu m’en aller facilement. Lorsque je devais monter dans le train, sur Hiveria, j’aurai largement pu m’enfuir et ne revenir qu’un fois certaine que je resterai dans ma Saison. C’est vrai. Pourtant, quelque chose me disait qu’il fallait que j’y aille. Je ne sais pas pourquoi j’étais incapable de résister à la curiosité et malgré mes cauchemars, je suis tout de même partie avec toi. Peut-être n’aurai-je pas dû mais je n’y crois pas. Je sentais que je devais y aller et je l’ai donc fait.

—Tu le regrettes ?

—Tellement ! Roxy ne serait pas en danger à cette heure-là et puis, je n’ai aucune envie d’aider le Roi Louis. Pardonne-moi, mais il ne doit pas diriger les quatre planètes. Ce n’est pas un bon souverain.

—Tu n’es pas la seule à penser cela. Mais nous n’avons pas le choix. Mon père est prêt à tout pour récupérer ce collier. »

Laura baissa la tête et la déposa sur ses genoux. Elle enlaça ses jambes de ses bras et laissa son regard se perdre dans le mouvement irrégulier de l’eau. Alexandre s’assit à côté d’elle et fixa la petite rivière à son tour. Après un long silence, elle ajouta :

« Mais une partie de moi est malgré tout heureuse d’être partie.

—Ah oui ? s’étonna Alexandre en tournant la tête vers elle.

—Eh bien, j’ai pu découvrir une autre facette de moi-même, j’ai réussi à t’apprécier et j’ai rencontré Cynthia, Louise et Enzo. Et puis, sans ce voyage, je n’aurai jamais pu découvrir une tout autre culture. Toutes ces plages, cette mer et ces jardins fleuris. Pour moi, tout cela est nouveau et je crois que j’avais bel et bien besoin de changements. Même si j’aurais préféré que le Roi Louis ne se mette pas cette horrible idée en tête… »

Laura perdit son regard dans celui d’Alexandre qui semblait ravi de sa déclaration. Lorsqu’elle sortit de sa torpeur, elle demanda :

« Lorsque tout sera terminé, que feras-tu ensuite ? Resteras-tu auprès de ton père ?

—Non, j’envisage d’aller faire des études et de vivre sur une autre planète telles que Printomnia ou Automnia. Et toi ?

—Je ferai aussi des études. J’ai toujours voulu en savoir plus sur notre passé, avant que la Terre ne se sépare. J’aimerai aussi connaître la façon dont nos planètes fonctionnent. Mais je pense que je me spécialiserai dans l’analyse des étoiles. Je les trouve tellement passionnantes.

—Tu as de grands projets dis donc. Je suis certain que le métier que tu choisiras sera merveilleux.

—Merci, répondit Laura en souriant. »

La jeune femme se frotta les yeux de fatigue.

« Nous avons tous les deux une journée très épuisante, déclara Laura. Nous devrions aller nous reposer.

—Oui, tu as raison. Cette journée nous a exténué et je pense que demain sera tout aussi difficile. Il vaudrait mieux retourner au château. »

Ils rentrèrent dans l’immense palais en passant par la porte que Laura créa grâce à son pouvoir. Alexandre retourna dans sa chambre et Laura se coucha sans prendre le temps de se changer. Cette excursion nocturne lui avait fait un grand bien. Elle avait pu discuter de ce qui la tracassait à quelqu’un qui pensait la même chose. Elle se sentait moins seule ainsi.

Cette soirée en compagnie d’Alexandre resterait gravée dans sa mémoire longtemps. Ce sera un beau souvenir d’Étéia.

La jeune femme parvint à s’endormir facilement. Malgré cette très agréable veillée, elle était impatiente de récupérer son écureuil et de quitter Étéia pour de bon.

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