Martial avait été perturbé par cette journée, la révélation à son ami, l’appel à ses parents, les deux lettres anonymes. Tout cela commençait à se mélanger dans sa tête et il lui fallait prendre un peu l’air pour essayer de remettre du sens dans toute cette histoire.
Et justement cela n’avait aucun sens. D’une part il voyageait dans le passé, avait fait la rencontre d’une jeune fille dont il n’avait pas vu le visage et ne connaissait ni le nom ni le prénom.
Ensuite, il avait eu connaissance d’un document qui semblait important mais dont il n’avait pas retenu la teneur.
Pour finir, il aurait évité son accident de moto mais personne ne le lui avait encore confirmé.
Aujourd’hui, on essayait de les intimider avec une lettre anonyme, non seulement lui mais aussi son ami d’enfance.
Les questions auxquelles il devait répondre :
-comment s’appelle la jeune fille
-que contient ce fameux document de 1988
-a t-il supprimé l’accident de moto de sa vie ?
Les choses paraissaient plus limpides à présent. Il fallait donc qu’il retourne au plus vite dans le passé où il faudrait retrouver coûte que coûte le document clé et qu’il arrive à le lire entièrement. Il comptait donc sur un nouveau voyage, plus intense que les précédents pour arriver à vivre ses moments en toute conscience.
Il appela le professeur pour fixer la date du prochain rendez-vous mais ce dernier était sur messagerie et Martial lui fit part de son intention d’aller retrouver la fille du passé.
Fort de ces dernières prises de décisions, il décida enfin de sortir pour une petite balade à moto en direction des calanques.
La nuit était paisible et la circulation se faisait plus fluide dans la cité phocéenne, à cette heure tardive.
Martial parcouru les premiers kilomètres urbains à faible allure puis pris un peu de vitesse sur la route de Cassis avant d’attaquer les premiers lacets du col de la Gineste au travers du massif des calanques.
Juste pour se faire plaisir, il balançait son engin au gré des virages plus ou moins serrés. L’obscurité commençait à l’envelopper quand tout à coup il perçu instinctivement la présence d’un véhicule à ses côtés.
Une grosse berline noire était en train de le doubler mais sans respecter aucunement les distances de sécurité, malgré la largeur de la route départementale.
S’il n’avait poussé la poignée de gaz à fond, Martial aurait juré que l’aile avant du véhicule allait toucher sa jambe gauche.
Surpris, il se retourna mais le chauffeur du véhicule avait passé ses feux en position route et éblouissait totalement le motard, l’empêchant de voir dans l’habitacle au travers du pare brise.
« Vous êtes malade » cria t il dans son casque même s’il savait pertinemment que ses mots ne serait pas entendus.
Le véhicule renouvela sa tentative de dépassement avec la même intention de frôler le motard.
La route devenait sinueuse et par la même très risquée pour ce petit jeu du chat et de la souris. Martial décida de porter une vive accélération pour distancer le chauffard. Mais c’était sans compter avec la puissance de la grosse cylindrée qui fit de même et se rapprocha à nouveau dangereusement.
Martial savait que le sommet n’était pas très loin, il poussa sa machine dans les tours, enchaîna trois virages à vive allure en penchant son bolide, puis stoppa net sur l’aire signalant un point de vue et éteignit ses feux. Restant ainsi dans la pénombre, la berline passa sans le remarquer.
Son téléphone venait de vibrer dans son blouson. Il affichait « message de Pingh »
Ce dernier lui donnait rendez vous dans une heure chez lui pour une nouvelle expérience.