Chapitre 9

Assise à bord de l’avion privé qui m’emmenait chez les Sauveur aux côtés de Ferdinand Mozell, je songeais aux dernières heures qui étaient passées comme une mécanique bien huilée. Le steward venait de m’apporter une bouteille d’eau minérale que j’avais préférée à une coupe de champagne. Je regardais à travers le hublot le bleu étincelant de l’atmosphère au-dessus de la couche de nuages cotonneux, laissant dériver mes pensées. Ce sentiment de tout lâcher, comme on peut larguer les amarres d’un bateau, m’aidait à vider ma tête de pensées parasites. Je me sentis redevenir moi-même après cette sorte de remise à zéro, je pouvais ne plus tenir compte du passé et me concentrer sereinement pour aborder le futur. Tout en redoutant l’accueil de la famille Sauveur à mon arrivée, j’éprouvais une certaine excitation à l’idée de revoir Alma et Vincent et de rencontrer leur redoutable père. Les premiers contacts avec Ferdinand n’avaient pas été cordiaux, je prévoyais des moments difficiles avec PJ.

 

Je dormais encore dans ma chambre d’hôtel lorsqu’on frappa à ma porte et quand j’ouvris, un homme très grand et très sec se tenait devant moi avec son sac de voyage. Il me dit à peine bonjour. J’avais déjà préparé mes bagages. J’enfilai mon manteau et pris mes affaires pour le suivre immédiatement. Avant de quitter la chambre, j’avais jeté la clé USB dans les toilettes et tiré la chasse d’eau, je n’en aurais plus besoin désormais. Un taxi dont le moteur tournait au ralenti nous attendait en bas des marches au pied de la réception, il démarra aussitôt en direction de l’hôpital dès que nous fûmes à bord. Il avait fallu moins de dix minutes pour que je me trouve à nouveau sur la route, roulant vers une nouvelle étape de notre plan et de mon existence.

 

Ferdinand n’était pas bavard, c’est à peine s’il me dit deux ou trois mots dans le taxi. Quand nous arrivâmes à l'hôpital, j’eus une nouvelle preuve de son efficacité, tout était prêt. Un véhicule était garé devant les portes et deux ambulanciers se préparaient à agir. Dès qu’ils nous aperçurent, ils déployèrent une civière et entrèrent dans le hall d’accueil. Ferdinand me fit signe d’attendre à l’extérieur et de garder sa valise tandis qu’il pénétrait dans l’hôpital à la suite des brancardiers. Un quart d’heure plus tard, je vis surgir les deux hommes qui portaient la civière où se trouvait Astrid, l’un deux maintenant la rampe de perfusion. Ils étaient suivis par Ferdinand qui tenait à la main une liasse de papiers administratifs. Il était accompagné par une infirmière avec laquelle il échangeait un maximum d’informations en un minimum de temps.   

 

La femme lui fit les dernières recommandations tandis que les ambulanciers hissaient la civière dans le véhicule. Ils déposèrent Astrid sur le brancard, accrochèrent la perfusion, déroulèrent une couverture dont ils l’enveloppèrent, replièrent la civière qui fut encastrée sur l’un des côtés de l’habitacle. Puis l’un d’eux s’installa à la place du conducteur, le second m’invita à m’asseoir à l’arrière à côté du lit, et se déplaça au fond du véhicule où il abaissa un strapontin. Ferdinand monta à son tour côté passager et avant que j’aie eu le temps de réaliser l’enchaînement des actions, l’ambulance se mit en route, gyrophare et sirène activés.

 

Tandis que le véhicule prioritaire se frayait rapidement un chemin au milieu de la circulation dense, je regardais au milieu des mèches de cheveux roux le visage blanc et émacié d’Astrid, la chair délicate était couverte de cicatrices et d’hématomes. Elle était à peine consciente et gardait les yeux fermés. Sa bouche était crispée, peut-être souffrait-elle malgré les sédatifs. 

 

Arrivée à l’aéroport, l’ambulance fila sans ralentir sur les aires de circulation, au milieu des terminaux, du tarmac et des pistes, et s’arrêta au pied d’un appareil privé. Ferdinand supervisa le transport d’Astrid dans l’avion. Une infirmière attendait en haut de la passerelle et aida les ambulanciers à installer confortablement la jeune femme sur un lit médical bien arrimé. Un médecin était également présent et il fit un examen rapide. 

 

J’avais suivi Ferdinand à l’intérieur de l’appareil. Du regard, il me désigna un siège distant où m’asseoir en attendant le décollage. Je regardai de loin toutes les opérations du transfert d’Astrid de l’ambulance vers l’avion, puis vis à travers le hublot les deux brancardiers redescendre et repartir à bord de leur véhicule.   

 

Le commandant de bord reçut l’accord du médecin pour le départ et toutes les personnes à l’intérieur de l’avion s’assirent et bouclèrent leurs ceintures de sécurité. Un steward avait surgi du fond de la cabine et il vérifia le respect des consignes. La porte du poste de pilotage était ouverte et nous entendîmes le commandant échanger avec la tour de contrôle. L’avion obtint l’autorisation de décoller, quelques minutes plus tard l’appareil roulait sur la piste et quittait le sol sans attendre. 

 

Lorsque nous fûmes au dessus des nuages et que nous pûmes détacher les ceintures, Ferdinand vint s’asseoir à côté de moi et m’instruisit pour la suite du voyage. Le bruit du moteur couvrait nos voix et nous pûmes échanger discrètement sans que les autres passagers ne nous entendent.

 

-- Vincent m’a informé, murmura-il, vous avez sorti Astrid de la tour et lui avez sauvé la vie. Il vous a sûrement dit que j’ai consacré ma vie aux Sauveur, je vous suis donc reconnaissant et ferai le nécessaire pour que vous obteniez le poste de garde malade. Je ne sais pas si vous avez des compétences médicales, mais ça n’a aucune importance car il y aura toujours des infirmières et des médecins auprès d’Astrid, dit-il dans la plus longue conversation qu’il m’ait tenue depuis notre rencontre.

-- Il vous a expliqué qu’il ne s’agissait que de la première étape ? répondis-je.

-- Vous allez bien vite, répliqua-t-il, soyez un peu patiente.

-- Nous avons peu de temps, fis-je, et donc peu de temps à perdre, Astrid est jeune et devrait se remettre de l’accident, Vincent et moi avons d’autre objectifs très importants. Vincent veut que ce soit moi désormais qui prenne les risques et non plus Astrid, l’objectif est que je la  remplace auprès de PJ. J’ai un contrat et Vincent me paie pour cela.

 

Je ne sus pas pourquoi je racontai ce mensonge à Ferdinand, l’instinct me le dicta peut-être. Ce type d’argument avait pour but de convaincre une personne comme ce M. Mozell, froid et insensible comme une pierre. Depuis notre rencontre, je ne l’aimais pas. Je n’avais pas envie d’être très agréable avec lui car, malgré son efficacité que je n’avais cessé de constater, il n’avait fait aucun effort pour être aimable et je n’avais pas l’intention d’en faire de mon côté. Il faudrait qu’il mette de l’eau dans son vin sinon nos relations seraient tendues. Cela ne plairait pas à Bozon, mais ce n’était pas dans ma nature d’accepter d’être méprisée sans réagir.

 

-- Bien, dit-il car il avait déjà compris que je ne me laisserais pas faire, nous sommes partis sur de mauvaises bases, veuillez m’excuser, j’aurais dû me douter que Vincent ne vous avait pas choisie sans bonne raison. Mais au fait, comment avez-vous fait connaissance ?

-- Nous nous sommes rencontrés par hasard sur un paquebot lors d’un voyage, avançai-je bravement en espérant que Vincent avait fait la même réponse s’il lui avait posé la même question, et nous avons sympathisé.

-- En effet, Vincent me l’avait expliqué, répondit-il. 

 

Vincent et moi étions décidément sur la même longueur d’onde, sans même communiquer nous étions capables de synchroniser nos discours. Néanmoins ce détail que nous avions omis de régler était une négligence qui aurait pu nous coûter cher. 

 

-- Maintenant dites-moi sérieusement comment les choses vont s’organiser, poursuivis-je sans montrer mon soulagement.

-- Vous serez installée dans une chambre voisine de celle d’Astrid et vous lui tiendrez compagnie quand elle sera réveillée, expliqua-t-il. Son père devrait venir la voir et vous le rencontrerez. Vous le verrez également lors des repas qui sont pris en famille. Vous pourrez passer du temps avec Vincent, lui aussi a besoin d’un garde malade puisqu’il est en fauteuil roulant, mais je ne suis pas certain que cela plaira à PJ. Quant à Alma, c’est encore une petite fille, elle ne vous posera pas de problèmes et sa mère non plus. Ensuite c’est à vous de vous rendre utile et de montrer vos capacités afin que PJ vous embauche pour prendre la place d’Astrid. Bien évidemment, je lui glisserai quelques mots avantageux sur vous.  

-- Très bien, fis-je, vous voyez ce n’était pas très compliqué et j’ai tout compris. J’espère que nous serons alliés à défaut d’être amis, parce que nous aurons tous besoin les uns des autres. 

-- Vous allez jouer une partie serrée car la famille Sauveur n’est pas une famille facile, vous risquez d’être surprise. Votre offre est généreuse mais je ne suis pas certain qu’elle soit du goût de PJ, ni peut-être d’Astrid.

-- Mon futur rôle n’a rien de généreux, Vincent le finance personnellement pour le bien de sa sœur,z rappelai-je à Ferdinand car il n’était pas question de lui révéler notre véritable objectif.

-- Ce sera compliqué tout de même pour vous faire accepter au sein de la famille, ajouta-t-il. Je sais de quoi je parle.

-- Ne vous inquiétez pas pour moi, répondis-je, j’aurai le soutien de Vincent et cela me suffira pour supporter toutes les difficultés.

-- Hum, dit-il, je vous trouve présomptueuse. Vous pouvez aussi compter sur moi, vous devez savoir que je ferai n’importe quoi pour Vincent.

-- Merci, murmurai-je.

 

A ce moment, Ferdinand me fit un signe de tête, recula le siège et dépliant une couverture légère posée devant lui, se mit en position de sommeil et s’endormit aussitôt. Je restais là à réfléchir tandis que les réacteurs de l’avion vrombissaient et que nous fendions l’atmosphère glaciale au dessus des nuages. Sans doute le bruit régulier du moteur me berça car je finis par m’endormir. Je m’éveillais soudain, légèrement secouée par l'épaule. 

 

-- Avellana, voici vos nouvelles pièces d’identité, dit Ferdinand en me tendant une pochette que je glissai dans mon sac. Vous vous appelez Avellana Sanzo. Il ne vous sera pas utile d’avoir un passé ni de raconter votre vie, cela n’intéressera pas PJ, il est dans l’action, au présent et au futur. Si toutefois il vous posait une question, restez évasive, il ne verra que ce que vous lui montrerez au moment où vous lui montrerez. Et si vous gagnez sa confiance, assurez-vous de ne pas la perdre, sinon vous perdriez tout, il vous chasserait de son cercle. Vous seriez alors dans l’impossibilité de réussir votre mission.

-- Si vous vous vouliez me faire peur Ferdinand, c’est réussi, répondis-je. 

 

Je savais qu’il me faudrait apprivoiser la personnalité dominante de PJ mais je n’avais pas la moindre idée de ses failles.

 

-- Il n’est pas censé savoir que vous avez sauvé Astrid, c’est la demande de Vincent, ajouta Ferdinand, je ne pourrai donc pas utiliser cet argument en cas de difficultés. 

-- C’est d’accord, nous en avons parlé avec Vincent. Pouvez-vous lui rendre ce téléphone, il me l’avait passé pour nos échanges, il vaut mieux que personne d’autre que vous ne sache que nous avons communiqué.

-- C’est entendu, répondit Ferdinand en prenant l’appareil qu’il glissa dans sa poche.

 

PJ ne serait jamais mon ami. C’était à cause de son ambition sans bornes et de sa folie que sa première femme avait pris un traitement qui avait entraîné sa mort et celle du frère jumeau de Vincent, et provoqué le handicap de ce dernier. Il était pour moi un criminel, j’aurais toujours cette certitude en tête en le voyant et je savais que cela m’aiderait à ne jamais le mettre sur un piédestal ni à me laisser manipuler par lui. Au fond, sans le connaître, je savais déjà que je le méprisais. Ferdinand dut sentir ma répulsion car il me fixa d’un regard qui en disait long sur sa compréhension de mes réflexions. Mais que pensait-il lui-même ? comment pouvait-il servir fidèlement un assassin ?    

 

L’avion s’apprêtait à atterrir, tous les passagers attachèrent à nouveau les ceintures et quelques minutes plus tard il se posa sur la piste et roula à grande vitesse vers le terminal. Le débarquement fut aussi efficace que l’embarquement, une ambulance attendait Astrid et la jeune femme fut installée rapidement dans le véhicule. Une autre voiture nous attendait et bientôt le convoi se mit en route et quitta l’aéroport sans franchir de poste frontière ni être contrôlé.

 

-- Habituellement nous faisons le trajet depuis l’aéroport par hélicoptère, murmura Ferdinand lorsqu’il s’assit dans la limousine noire à côté de moi. Mais il n’était pas envisageable de faire voyager Astrid dans ces conditions. Nous mettrons davantage de temps, mais elle sera en sécurité dans l’ambulance. Elle est dans une sorte de coma pour lui éviter toute souffrance. Quand elle s’éveillera, elle sera installée confortablement dans son lit, chez elle. Il faudra alors qu’elle assimile le traumatisme de l’explosion.  

-- J’imagine que tout est prévu, dis-je, le ou la psychologue sera à ses côtés dès son réveil, et tous les soins médicaux lui seront administrés.

-- Tout est prévu et prêt en effet, répondit Ferdinand en se tournant vers la vitre sans plus me regarder.

 

Dès la sortie de l’aéroport, nous fûmes escortés par deux motards qui actionnèrent leurs sirènes pour libérer la route devant nous. Nous traversâmes des banlieues industrielles puis urbaines avant de nous retrouver dans une zone résidentielle dont les villas étaient si distantes les unes des autres et les parcs si gigantesques que j’avais la sensation d’être à la  campagne.

 

Le convoi s’engagea enfin dans une allée entourée d’arbres séculaires, au milieu de prairies champêtres où paissaient des chevaux. Les motards firent demi-tour. Nous arrivâmes devant une immense villa moderne, ses formes géométriques mêlant le blanc, le verre et le métal  lui donnaient l’allure d’un bijou précieux posé sur son écrin de pelouse. L’allée se terminait en boucle devant un porche majestueux soutenu par des piliers de marbre. Au loin, on apercevait un lac artificiel entouré de végétation luxuriante, quelques bâtiments à peine visibles derrière des massifs de fleurs exubérantes et au fond du parc le terrain montait progressivement vers une forêt sombre qui couronnait la propriété.

 

Devant le porche se tenaient la famille d’Astrid, et quelques domestiques. L’ambulance stoppa devant eux et la voiture où je me trouvais s’arrêta juste derrière. Je vis d’abord Alma, si petite à côté de son père, un véritable géant aux cheveux noirs, à la peau hâlée, vêtu d’un costume sombre et d’une chemise blanche. A sa droite, une femme mince de taille moyenne, blonde et presque invisible dans une robe beige, se tenait debout les bras croisés, ses mains sur les épaules, le visage traduisant une angoisse mortelle. Vincent était en retrait, dans son fauteuil roulant. Un énorme chien noir était assis à côté de lui.

 

Les ambulanciers sortirent du véhicule la civière où reposait Astrid et installèrent la jeune femme sur un brancard. PJ fit un signe à la famille pour leur intimer de rester en arrière et s’avança vers sa fille vers laquelle il se pencha un instant. Ferdinand s’approcha de lui et les deux hommes échangèrent quelques mots avant que PJ donne l’ordre d’emmener Astrid à l’intérieur. PJ et sa femme suivirent le brancard tandis qu’Alma et Vincent restaient en arrière, regardant s’éloigner leurs parents et leur soeur. Je marchai vers eux et les saluai. Alma murmura qu’elle rêvait de se précipiter dans mes bras, mais qu’elle ne le pouvait pas. Vincent me demanda de pousser son fauteuil et nous nous dirigeâmes à notre tour vers le hall d’entrée, où Ferdinand pénétra après nous. Le chien nous suivit et resta à l’extérieur, sous le porche.

  

Astrid fut transportée dans sa chambre qui avait été aménagée pour le suivi médical. Un docteur était assigné pour lui apporter les soins nécessaires à tout moment, il était accompagné par une infirmière présente vingt quatre heures sur vingt quatre aux côtés de la jeune femme.

 

Une assistante m’attendait dans le hall et me mena à ma chambre, contiguë à celle d’Astrid. Pour l’instant il était hors de question que j’aille la voir, je devais attendre qu’on m’y invite. La jeune femme qui s’appelait Iga m’informa que je pourrais me reposer jusqu’à vingt heures, puis descendre pour le dîner qui serait servi dans la grande salle à manger. Elle me fit comprendre que porter un jean ne serait pas de bon goût. 

 

Je fis le tour de ma chambre qui était d’un luxe inouï. Les fenêtres donnaient sur le parc, la pièce était lumineuse et meublée avec un goût exceptionnel, des toiles d’artistes modernes étaient accrochées aux murs. La salle de bains était en marbre beige pâle strié de fins entrelacs d’or, avec une baignoire ronde et une douche munie de tous les jets possibles et imaginables. Peignoir immaculé, linges de toilette moelleux étaient posés sur des étagères, accompagnés de pots de crèmes et de sels de bains. Je n’avais que l’embarras du choix, mais comme d’habitude je pris une douche brûlante. Je laissai l’eau ruisseler longuement avant de sortir de l’habitacle transformé en sauna et de passer la sortie de bain. 

 

Il y avait une alcôve dans la chambre, où se trouvaient une table design sur laquelle était posé un ordinateur portable et un tabouret assorti. Le mur derrière la table était couvert d’étagères remplies de livres, de magazines et d’objets d’art. Je pris place sur le tabouret et activai l’appareil pour parcourir quelques sites d’informations et lire la presse. Le temps passa rapidement et je me préparai ensuite pour le dîner. Je passai une robe gris foncé très sobre et chaussai une paire de ballerines noires. Mes cheveux courts étaient déjà secs et j’ajoutai une petite touche de parfum, pas de maquillage, juste un peu de lipstick rose brillant.

 

Je descendis l’escalier monumental qui menait dans le hall central et suivis l’assistante, Iga, qui m’attendait en bas des marches.

 

-- Je vous guide vers la salle à manger, dit-elle, la maison est si grande qu’on peut s’y perdre si on ne la connaît pas.  

-- Merci, répondis-je.

 

Nous arrivâmes dans une gigantesque pièce où une table en bois laqué noir trônait, entourée de chaises du même matériau. Le couvert était mis et je vis venir vers moi la famille Sauveur qui m’attendait. Ce cérémonial commençait à m’ennuyer, tout était beaucoup trop pompeux, lent et dénué de sentiment. Comment Alma et Vincent pouvaient-ils vivre dans ce mausolée à la gloire de PJ ? Aucune gaieté ni fantaisie dans cette maison, je pourrais déprimer très vite dans ce lieu qui ressemblait plus à une photo de magazine qu’à une maison de famille. Néanmoins, je ne dis rien, je ne pensais qu’à mon objectif. 

 

Nous nous assîmes à table. PJ était à l’une des extrémités, et sa femme Simonetta à l’autre, j’étais en face d’Alma et Vincent était à sa gauche. Il restait une place à côté de moi où vint s’asseoir Ferdinand. 

 

-- Bonsoir, Avellana, dit PJ, veuillez nous excuser pour notre manque d’accueil à votre arrivée, mais nous avons privilégié le retour d’Astrid.

-- C’est bien normal, répondis-je.

-- Ferdinand ne mange pas avec nous habituellement, mais je veux qu’il nous raconte ce terrible voyage, poursuivit PJ en se tournant vers son assistant. Ferdinand, tu as rencontré Avellana à l’hôpital, c’est bien ça ? 

 

Ferdinand se lança dans un résumé concis mais complet. En quelques minutes, il expliqua comment il m’avait trouvée à l’hôpital : il avait appris par les infirmières que j’étais sortie de la tour en ruines en même temps qu’Astrid, et avait aussitôt souhaité faire ma connaissance. Il m’avait convaincue de venir avec lui pour accompagner d’Astrid pendant sa convalescence, et j’avais accepté. Le reste était de la pure organisation et il abrégea son récit.

 

-- Avellana, reprit PJ en se tournant vers moi, racontez-nous comment vous avez échappé à cet attentat qui a failli coûter la vie à ma fille.

-- Je visitai la tour Berova, et venais de parcourir les étages du musée. Je passai devant des bureaux en admirant la vue par les baies pour regagner les ascenseurs, quand l’explosion a eu lieu. Je me suis précipitée dans les escaliers comme tout le monde et les ai descendus le plus vite possible. J’ai rencontré Astrid en route et nous sommes arrivées ensemble en bas des marches. Les équipes de secours nous ont prises en charge, et après, je ne me souviens plus de grand chose, nous avons été séparées dans deux ambulances différentes, et je pense que je me suis évanouie après le choc. Quand je me suis réveillée à l’hôpital, Ferdinand est venu me voir et m’a proposé de repartir avec lui pour tenir compagnie à Astrid.  

-- Etes-vous traumatisée, faites-vous des cauchemars ? Avez-vous des séquelles, des sueurs froides, des nausées, que sais-je ? demanda PJ

-- Le petit séjour à l’hôpital a permis de soigner mes quelques symptômes, répondis-je. On ne sort pas indemne d’un pareil accident. J’ai bien sûr toujours le bruit de l’explosion dans la tête, qui ne cesse jamais. Et les images de destruction et de mort. Mais j’arrive désormais à surmonter mes angoisses, je suis restée dans l’action pour ne pas me laisser envahir par la peur. J’ai eu beaucoup de chance, mes blessures étaient légères, c’est plus facile de récupérer dans ce cas.

-- C’est bien, vous êtes positive, Astrid n’a pas besoin de côtoyer une rescapée traumatisée pour l’aider à résoudre ses problèmes, conclut PJ. 

 

Cet homme était vraiment odieux, il n’avait aucune délicatesse avec quiconque. 

 

Ayant vécu le drame, je n’avais eu aucun mal à raconter une histoire plausible. La conversation se poursuivit tandis qu’une jeune domestique nous servit à table. Il y eut d’abord une soupe froide de melon puis des filets de poisson avec du riz sauvage et de la salade verte, et enfin des framboises. Seul PJ parlait, les autres écoutaient. De temps en temps, il me donnait la parole mais la reprenait aussitôt. Il expliqua qu’il était rarement présent à la maison car il travaillait beaucoup, mais exceptionnellement aujourd’hui il voulait partager ce repas avec sa famille et avec moi. Il attendait beaucoup de ma présence auprès d’Astrid, surtout que je l’aide à vaincre ses angoisses et à reprendre une vie normale.

 

-- Vous comprenez, conclut-il, nous travaillons ensemble, elle est mon bras droit, j’ai besoin d’elle car je lui fais une confiance absolue. Et puis évidemment c’est ma fille.

-- Je comprends, répondis-je, mais mes pensées étaient ailleurs.

 

Pendant tout le dîner, j’observai Simonetta. Elle était pâle, exsangue, maigre, même décharnée sous sa robe de lainage clair. Avec son teint presque blanc son maquillage naturel et ses cheveux blonds très fins, elle était une créature diaphane et fantomatique. Ses lèvres étaient desséchées et la peau de ses mains craquelée, elle poussait du bout de sa fourchette les morceaux de nourriture dans son assiette mais ne mangeait presque rien. Elle était pitoyable, bien qu’elle fût luxueusement vêtue et coiffée à la perfection, totalement absente de la conversation et même des lieux, probablement sous l’emprise de drogues administrées par son époux. 

 

Quand le repas fut terminé, les convives se levèrent. La nuit était presque tombée et une douce lueur baignait encore le jardin. 

 

-- Souhaitez-vous faire une promenade dans le parc avant de vous retirer dans votre chambre ? demanda Vincent.

-- Cela me ferait très plaisir, dis-je, il est magnifique.

-- Si cela ne vous ennuie pas de pousser mon fauteuil roulant, je pourrais vous le faire visiter à la lumière de fin du jour.

-- Volontiers, répondis-je.

-- Puis-je les accompagner ? interrogea Alma.

-- Il est beaucoup trop tard, tu retournes dans ta chambre, coupa PJ, c’est l’heure.

 

Alma ne dit rien, mais son coeur était lourd. D’un pas traînant, n’imaginant même pas qu’elle pouvait désobéir, elle quitta la salle à manger tandis que je poussai le fauteuil de Vincent dehors. Nous sortîmes dans le jardin par l’une des portes fenêtres restée entrouverte. La douce brise faisait voleter le fin rideau qui se déployait à l’extérieur. PJ et sa femme nous saluèrent et se retirèrent, suivis par Ferdinand. Nous étions enfin seuls, Vincent et moi. Le gros chien noir qui rodait autour de la maison s’approcha de nous et Vincent lui caressa la tête.

 

-- C’est Oponce, il a l’air menaçant mais c’est un bon chien, expliqua-t-il en frottant le dos de l’animal. Il est vieux maintenant. 

-- J’ai cru que ce repas durerait éternellement, dis-je, tout est si protocolaire dans cette maison, c’est étouffant.

-- A partir de demain, ce sera moins lourd, PJ passe peu de temps ici, il sera reparti travailler, répondit Vincent.

-- Mais comment vais-je faire pour le convaincre de m’embaucher s’il n’est jamais là ? murmurai-je

-- Il va se contenter de superviser la guérison d’Astrid, et vous serez avec elle. Vous le verrez à ces moments là. 

-- Je l’espère, sinon notre affaire ne progressera pas vite, dis-je. 

-- Si c’est trop lent, je ferai intervenir Ferdinand, ajouta-t-il.

-- Par où allons-nous ? demandai-je.

-- Peu importe, où vous voulez, avançons simplement, répliqua Vincent.

 

Décidément, Vincent ne ressemblait ni à l’image glaciale que je m’étais faite de Bozon ni à l’image brutale d’un fils de la famille Sauveur. Il était courtois, intelligent et il avait gardé l’envie de faire changer les choses malgré la domination écrasante de son père.

 

Nous commençâmes à tourner dans les allées et nous approchâmes du lac. Le chien nous suivait de loin et Vincent m’expliquait succinctement les différents endroits que nous traversions. Celui dont je retins aussitôt l'emplacement fut la piscine. Vincent attendait que nous soyons un peu éloignés et surtout plus sous les faisceaux des caméras et des micros pour me parler réellement.

 

-- La maison en est truffée, dit-il, nous ne pouvons absolument pas nous parler quand nous y sommes. Il y a même une salle de surveillance au sous-sol avec un technicien qui visionne jour et nuit des écrans de contrôle.

-- Votre père est paranoïaque ? demandai-je.

-- Il prétend qu’on a attenté plusieurs fois à sa vie, c’est pourquoi il est aussi prudent. Ce qui est arrivé à Astrid l’a profondément touché, ç’aurait pu lui arriver à lui. De plus, c’est sa fille favorite, elle est comme lui. 

-- Et Alma ? interrogeai-je avec étonnement, elle est si adorable.

-- Non, il n’a pas beaucoup d’affinités avec elle, pas plus qu’avec moi.

-- Décidément, je n’aime pas votre père, tout ce qu’il fait me révolte. Je ne devrais pas le dire, mais je ne peux pas m’en empêcher, dis-je avec force.

-- Cela fait tant d’années que je vis ainsi, je ne m’en aperçois plus.

-- Vous peut-être, mais Alma ? c’est une petite fille.

-- Cela a forgé son caractère, répondit Vincent, elle a beau être jeune, elle a beaucoup de maturité.  

-- Ce n’est pas une raison, rétorquai-je. Me voici donc dans la place. Je déteste cette maison, j’ai l’impression que vous, Alma et sa mère êtes en prison. Ce luxe est peut-être agréable, mais il n’y a ici aucune décontraction, aucune joie de vivre.

-- Parfois je m’évade, répondit Vincent, et je ne sus pas pourquoi mais je pensai aussitôt à l’île perdue dans l’océan.

-- Sur une île ? suggérai-je.

-- Oui, sur une île, dit-il.

-- Perdue dans l’océan ? ajoutai-je.

-- Oui.

-- L’île des Gondebaud ? l’archipel Sainte-Victoire ? hasardai-je.

 

Vincent tourna la tête et me regarda stupéfait.

 

-- Comment l’avez-vous trouvée ? demanda-t-il

-- A cause de ce que vous aviez indiqué sur la clé USB de FinanDev. J’ai fait des recherches sur internet et j’ai eu un peu de chance. Ce fut vraiment un hasard.

-- Ma mère était une Gondebaud, j’ai hérité de l’île dont elle était la dernière descendante. Elle avait rédigé un testament pour me protéger, je suis le seul propriétaire. Après moi, il n’y aura plus personne.

-- Alors vous êtes un pirate ? dis-je en riant.

-- Je n’en ai pas l’air, répondit-il en baissant la tête.

-- Ne soyez pas idiot, fis-je en posant ma main sur son épaule, vous êtes quelqu’un de formidable mais vous vivez dans un monde si conventionnel, j’ai du mal à imaginer que vos ancêtres étaient flibustiers.

 

Vincent posa sa main sur la mienne.

 

-- Merci Avellana, vous êtes si fraîche dans ce monde guindé, la seule qui me voit tel que je suis, qui ne se préoccupe pas de mon infirmité.

-- Non, c’est faux, répliquai-je, vous oubliez Alma et Ferdinand.

-- Eux, c’est la famille, ils m’ont toujours connu. Vous c’est différent, vous êtes tout ce que je ne suis pas.

 

Toujours debout derrière le fauteuil, je le voyais de dos, je posai ma seconde main sur sa deuxième épaule, émue malgré moi par sa confession. Et je ne sais pas ce qui me prit à ce moment-là, mais je me penchai vers lui brusquement et l’embrassai dans le cou. Il sentait une odeur suave de savon et de parfum délicat et l’espace d’un instant je fermai les yeux et écoutai mon coeur.

 

-- Avellana, murmura-t-il avec comme un sanglot dans la voix, vous allez me tuer.

 

Je tournai autour du fauteuil et pour lui faire face. Il était bouleversé. Il allait parler, comme s’il ne pouvait rien faire d’autre, alors je mis l’une de mes mains devant sa bouche et fis chut  avec l’index de l’autre sur mes lèvres.

 

-- Ne dites rien Vincent, cet instant est magique. Venez, levez-vous, allons nous asseoir au bord du lac, la lune est belle.

 

Abandonnant le fauteuil derrière un buisson, je l’aidais à marcher quelques pas jusqu’à la rive et nous nous laissâmes glisser sur l’herbe. Les vaguelettes venaient mourir à nos pieds avec un clapotis chantant. L’astre d’argent se reflétait dans les eaux calmes, les arbustes plongeaient leur ramure presque jusque dans l’eau et nous étions à l’abri des regards dans l’ombre de leur feuillage. Tout autour de nous, de hauts arbres nous protégeaient de la lumière de la maison, nous étions seuls, tranquilles, sereins. Le chien s’était couché près de nous et haletait, la langue pendante et de la bave coulait de chaque côté de ses mâchoires.

 

Je sentais bien que Vincent était intimidé par moi, qu’il n’oserait jamais penser que j’éprouvais quelque chose, et pourtant je ressentais pour lui ce que je n’avais jamais ressenti pour personne. Une attirance tellement évidente que je n’avais même pas besoin de me poser de questions, j’étais certaine de mes sentiments. Mais il était sauvage, ayant toujours vécu en retrait et il fallait l’apprivoiser. Nous nous étendîmes sur l’herbe et je pris sa main dans la mienne.

 

-- Vincent, dis-je, je suis bien avec vous, vous êtes une personne sincère, cela compte énormément pour moi.

-- Avellana, parvint-il enfin à articuler, vous savez bien, … je … 

-- Je sais Vincent, répondis-je doucement pour vaincre son embarras. Je vous trouve la plus belle personne du monde, le reste ne compte pas, seul le coeur compte.

 

Je n’entendis plus rien, il ne parlait plus. Alors je me tournai doucement vers lui et caressai son visage où je trouvais les larmes que j’avais imaginées.

 

-- Vincent, ne pleurez pas, dis-je, maintenant nous savons tous les deux.

-- Les choses sont si simples avec vous, fit-il, comment est-ce possible ? 

-- Nous nous sommes bien rencontrés, répondis-je. Et maintenant, si nous parlions de notre plan ?

 

Nous nous redressâmes doucement et je me serrai contre lui. Il passa son bras autour de mon épaule et je sentis petit à petit tout le relâchement de son corps contre le mien.

 

-- Hazel … murmura-t-il

-- Ils vont réveiller Astrid demain et je pourrai commencer à passer du temps avec elle. Mais c’est ton père que je dois rencontrer, dis-je.

-- Il la verra en premier dès qu’elle sortira de son coma. Il veut la questionner pour savoir ce qui s’est passé, ce que tu lui as dit ne lui a pas suffi, je l’ai vu à son regard, répondit Vincent.

-- Pense-t-il comme nous que le coupable est Magnus Isambert ? demandai-je, et que son objectif en faisant exploser la tour, outre de disparaître des radars, était d’éliminer Astrid ? 

-- Tu l’as dit, il est paranoïaque, je ne sais pas ce qu’il imagine, mais ce n’est pas impossible, poursuivit-il.

-- Cela voudrait dire que dans cet attentat, ton père et son projet étaient visés ? insistai-je.

-- Nous manquons d’éléments pour conclure quoi que ce soit, dit-il et il avait raison.

 

Nous étions passés au tutoiement, c’était un grand pas pour Vincent. Ce serait notre secret, car il nous faudrait continuer à simuler. Seule Alma saurait, bien sûr Vincent lui dirait la vérité, mais elle la devinerait sûrement, car elle avait une grande sensibilité, et surtout, elle était capable de  lire dans nos pensées.  

 

Nous parlâmes encore pendant quelques minutes et je sentis que Vincent frissonnait.

 

-- Rentrons, tu ne dois pas prendre froid, dis-je en l’aidant à se relever.

 

Quelques instants plus tard, nous émergeâmes de l’ombre, je poussai le fauteuil et Vincent avait recomposé son masque d’homme timide cloîtré au fond de son siège. Oponce était derrière nous et trottinait sans se presser. Nous pénétrâmes dans la maison par la porte fenêtre restée entrouverte et nous dirigeâmes vers l’ascenseur. A l’étage, Vincent me guida vers la porte de sa chambre. Je le laissai entrer et lui souhaitai une bonne nuit.

 

En regagnant ma chambre, je croisai PJ qui déambulait dans le couloir en peignoir.

 

-- C’est Astrid qui a besoin de vous, pas ce nabot de Vincent, grinça-t-il entre ses dents.

 

Je le regardai, choquée par ces paroles atroces et gratuites, encore pleine de l’émotion partagée avec Vincent, Ses yeux noirs étaient aussi durs et brillants que de l’airain, un rictus méchant déformait sa bouche. Cet homme était un monstre. Comment pourrais-je un jour travailler pour lui, alors que je détestais absolument tout de lui ? Je n’arrivais pas à concevoir qu’il fût le père de Vincent et d’Alma, ces deux êtres si adorables.

 

Il s’approcha de moi et je sentis son haleine alcoolisée mêlée de tabac froid. Plus près encore. Ses yeux étaient injectés de sang, je vis les petits vaisseaux de son cou battre sous les pores de sa peau, et reculai d’instinct. J’avais été inconsciente de venir me jeter ainsi dans la gueule du loup. Cet homme était un tyran et il allait me broyer. Ma seule chance était qu’il avait besoin de sa fille, il m’épargnerait peut-être s’il s’avérait qu’il avait aussi besoin de moi.

 

Je réalisai à son élocution qu’il était ivre. Il venait d’aller voir Astrid et son état stationnaire l’avait rendu fou de colère. Sans explication, il s’écarta et s’éloigna en titubant. Je repensai à tout ce qu’il faisait subir à Vincent et je le haïssais encore davantage. Une porte claqua à distance. Je rentrai dans ma chambre et fermai le verrou à double tour.   

 

Je constatai que les cheveux témoins que j’avais laissés à des endroits bien précis avaient changé de place ou disparu, prouvant que la chambre avait été visitée et fouillée en mon absence. Je n’avais rien à cacher, aussi était-ce une peine inutile, mais PJ m’espionnait, c’était bon à savoir. Il avait dû être pris de court quand nous étions partis en promenade avec Vincent et n’avait pas pu nous faire suivre, cette liberté ne serait désormais plus possible.

 

Je me brossai les dents avec tant d’énergie que mes gencives saignèrent et pris une douche rapide avant d’enfiler un pyjama. Je m’étendis sous la couette, éteignis la lumière et dans le noir de cette belle chambre sans âme, je pensai encore à cette soirée étrange en compagnie de cette famille si bizarre. Parmi eux, il y avait deux êtres chaleureux qui comptaient pour moi plus que tout au monde. Je ne savais pas expliquer pourquoi, mais j’avais la sensation que nos trois destins étaient liés depuis toujours. Il était écrit que nous devions nous rencontrer et qu’alors plus rien ne nous séparerait jamais.

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Fanderomance
Posté le 25/05/2021
Est-ce que Alma lit-elle vraiment dans les pensées ou pas si oui,est-ce du aux médicaments? SUSPENS...PJ est un imbécile et moi aussi je me demande comment il a pu mettre au monde deux enfants aussi adorables.
Belisade
Posté le 25/05/2021
Merci Fanderomance, moi aussi j'adore Alma, elle a une belle âme et elle est très sensible. Elle devine les pensées de Hazel et de son frère parce qu'elle les aime.
Fanderomance
Posté le 26/05/2021
C'est tellement mignon...
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