CHAPITRE 9

Par _ygso_

Chapitre 9 – Dimanche 21 Mars 2137

 

PDV JOANNA ANGEL

– Alors comment avance ce nouveau projet ? Demandé-je en entrant dans un labo.

– Bien, cela fait trois jours que nous lui injectons des cellules saines, pour le moment le cobaye répond positivement, répond la chercheuse en cheffe.

– Donc, vous avez trouvé la bonne concentration ?

– Pas tout à fait....                                     

– Alors rectifiez, modifiez, faites des tests ! Est-ce que j'ai besoin de vous apprendre votre boulot ?! M'énervé-je avant de sortir de la pièce en claquant la porte. Comment se fait-il qu'après presque seize ans de travail, nous n’avons aucune avancée, aucun progrès ? Et malheureusement c'est une question que je me pose trop souvent, depuis trop longtemps... Dix-sept ans exactement, le nombre d'années où je suis en haut de la tour du CRV.

XXXX – PDV MARYSE

En voiture avec les enfants, je vais vers le CRV, j'ai beaucoup lu et réfléchi au nouveau dossier jeudi et vendredi. Et je l’ai oublié dans les locaux, vu que je vais faire du télétravail les prochains jours, j’en ai absolument besoin.

– Vous restez ici les enfants, je n’en ai que pour quelques minutes et je reviens, dis-je en me retournant vers eux.

– Oui on reste ici, dit Laïa.

–Et après, on y va ?

– Après on y va, dis-je en souriant pleine de tristesse et sors de la voiture.

 

Je monte les marches pour rejoindre mon bureau, dans quelques jours c'est l'anniversaire de la mort de mon mari. Cinq ans qu'il n'est plus avec nous.

Il n'est pas mort du virus, il est donc enterré dans un cimetière à l'extérieur de la ville. J'ai une autorisation de sortie tous les ans, malheureusement nous ne pouvons pas y aller le jour même avec nos emplois du temps, nous y allons donc maintenant.

J'arrive au rez-de-chaussée de la tour, et vais au labo de la division, dans mon espace avec mon bureau, je récupère le dossier et le mets dans mon sac. Cela fait certes deux jours que je travaille dessus mais je suis très suspicieuse, je me pose beaucoup de questions, surtout comment ça s’est passé la dernière fois que j'en ai posé une.

C'était jeudi, j'avais posé à la cheffe de projet une question, elle m'a répondu très froidement, et pas du tout coopérative, alors que j'essayais et j'essaye toujours de faire mon boulot, le boulot qu'on me demande mais je ne peux le faire avec ces zones d'ombres.

C'est comme si, ce dossier m'a permis de me rendre compte de beaucoup de choses. A la division 1, nous faisions nos expériences, nous savions qu'il y avait une autre division, mais nous ne savions pas grand-chose sur leur travail réalisé là-bas.

Donc pour la division 1.5, certaines des expériences ne sont possibles que si nous avons accès à des cellules saines, car d'après ce que je sais nous n'avons pas réussi à recréer la protéine qui permet l'immunité contre le virus.

Enlever les protéines des cellules saines pour les injecter dans un corps malade ne marche pas, car les protéines n'arrivent pas à s'accrocher sur les globules rouges, elles restent donc dans le sang et ne sont jamais activées. Nous avons rapidement enlevé cette option car nous avons remarqué au cours de nos recherches dans la division 1 que les protéines étaient activées sur les globules rouges grâce à des récepteurs spéciaux, il faut donc ces récepteurs et ce ne sont que les immunisé.e.s qui les ont.

Pour recréer des cellules saines, ou les protéines ou les récepteurs, il faut avoir accès à ces fameuses cellules saines. Donc quand j’ai demandé comment nous allions avoir accès à ces cellules, elle m’a répondu froidement et m’a bien fait comprendre que je dois juste travailler, faire ce qu'il y a écrire sur ce foutu dossier et ne pas poser de questions.

Je redescends les escaliers vers le garage, j'ouvre la porte mais quelqu'un se jette sur moi, et me repousse dans la cage d'escalier.

Un homme dans la vingtaine avec une légère barbe, cheveux bruns pointe un pistolet sur moi, je lève les mains directement en l'air, tout se passe très vite, je suis maintenant paniquée et les enfants sont dans la voiture !

– Comment on fait pour sortir de la ville ? Me demande-t-il avec une voix grave.

Je ne réponds rien, trop paniquée et choquée, il repose la question un peu plus énervée.

– Il faut avoir une autorisation, dis-je doucement en reprenant contenance, mais elle a notre nom, et vous avez l'air de quelqu'un qui ne veut pas être vu, mais je peux vous faire sortir, j'ai une autorisation pour aujourd'hui, vous pouvez vous cacher dans ma voiture, expliqué-je.

– Ryan, appelle un autre homme en rentrant dans la pièce, le fameux Ryan baisse un peu son arme à la vue de l'autre homme.

– Elle va nous faire sortir d'ici, dit-il en me faisant sortir de la cage d'escalier.

– Je le fais si vous ne pointez pas votre arme sur moi ou sur mes enfants, dis-je en ouvrant les portières.

– Maman on y va ? Demande mon petit Florian en sortant de la voiture.

– Bien sûr mon chéri, on y va, mais avant on va aider ces hommes, dis-je.

Ils se cachent dans le coffre et je reprends ma place derrière le volant, je sors enfin du garage et roule doucement vers la sortie sud de la ville.

Ils ont l'air d'être des prisonniers de la MCPV, comment ont-ils fait pour que personne n'intervienne dans ce garage, il est censé y avoir des caméras… J'imagine que personne ne devait être devant vu comment tout ceci s'est déroulé...

Et si nous ne rentrions pas dans la ville 1, non plus ? J'ai une porte de sortie aujourd'hui, je dois agir sinon je m'en voudrais. Mais et les enfants ? Je ne sais même pas où vont aller les deux jeunes hommes après être sortis de la ville. Non c'est idiot.

La ville 1 a un dôme qui la recouvre et la protège, elle est collée à la ville 1 bis, avec elle aussi son propre dôme, il y a juste un passage souterrain pour les voitures, et l'escalator.

Il y un dôme moins sécuritaire autour des deux villes 1 et 1 bis, avec dedans le cimetière. Les dômes autour des villes sont posés sur des murs en béton de deux mètres qui entourent la ville, avec très souvent deux portes protégées par la milice, une au nord et une au sud. Ce dôme superficiel n'a pas de mur, ni de porte, ni de milice, nous pouvons le traverser comme ça au niveau des routes, d'après ce que je sais il y a juste une alarme qui se déclenche dès que quelque chose passe à travers. Ce n'est que la ville 1 et 1 bis qui a ceci, et je crois que c'est la seule ville qui a cimetière, tous les morts du virus sont brûlés.

Et la centrale est très facile à repérer, il y a la tour du CRV, avec autour des bâtiments du MCPV puis, à quelques centaines de mètres une énorme colonne qui recrache des gros nuages noirs.

Le cimetière a été créé pour les corps des soldats retrouvés de la guerre, et pour monsieur William Brendon puis, le dôme a été ajouté pour nous protéger.

XXX

Le contrôle de sortie au premier dôme s'est bien passé, nous sommes sortis, je m’arrête à quelques mètres de l'entrée du cimetière, nos passagers clandestins sortent enfin.

– Nous sommes à l'extérieur de la ville, du premier dôme, maintenant je vous laisse, dis-je.

– Merci infiniment, dit l'autre homme.

Je hoche la tête pour réponse.

– Vous avez juste à traverser l'autre dôme, et vous êtes dehors, mais je me permets demander, où allez-vous ?

– Quelque part, dit Ryan.

Bon, ils ne veulent rien me dire, ce que je comprends pour leur sécurité.

– Très bien, alors prenez ceci, dis-je en leur donnant une bouteille d'eau que j'avais.

Ils la prennent, et commencent à avancer le long de la route.

X

Ils partent, et nous nous avançons enfin vers le cimetière, nous nous arrêtons devant sa tombe, c'est juste une plaque en marbre posée sur le sol, directement sur la terre.

« RIP

Henry Baker

Un mari, un père

2097 – 2132 »

Je m'agenouille, et pose ma main avec mon alliance sur la pierre, je me promets encore que je vais prendre soin des enfants, et rester forte pour eux, et je réfléchis au travail, à la division.

Les enfants se recueillent puis, nous sortons, nous nous réinstallons dans la voiture, je tourne ma tête et observe la route par laquelle sont partis nos deux anciens compagnons, je réfléchis puis, me tourne vers la banquette arrière et commence à expliquer tout ce que je sais aux enfants.

– On y va alors ? Dit Laïa.

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