Chapitre 8 : Retour

Par Zoju
Notes de l’auteur : Je ne suis vraiment pas doutée pour trouver des titres. En tout cas, j'espère que ce chapitre vous plaira. Bonne lecture ;-)

Comme convenu lors de la réunion avec les anciens, maitre Ludovic vint chercher Lydia en début de semaine pour la ramener au château. Sur le perron de leur habitation, c’est le cœur gros que la jeune fille serra dans ses bras son grand-père qui avait de grandes peines à garder les yeux secs. Léo pour sa part abordait une expression neutre, mais Lydia savait que ce n’était que de face. La fréquence à laquelle le jeune homme touchait son lobe d’oreille droit révélait sa nervosité. Depuis qu’il était petit, ce tic ne l’avait jamais quitté. Lydia trouvait que ce geste avait un côté attendrissant, mais cela prouvait surtout que malgré les années son frère restait le même. Juste avant de monter dans la voiture, elle se retourna une dernière fois vers sa famille. Elle savait qu’elle les reverrait, mais à partir de maintenant plus rien ne sera pareil. Elle devait dire adieu à cette maison qu’il l’avait vue grandir. Elle s’accorda un instant de nostalgie avant de revenir aux deux personnes qui comptaient le plus pour elle. Ses mains agrippèrent celles du vieil homme.

- On se revoit très vite, Papy.

- N’oublie pas que ce sera toujours chez toi, ici.

Lydia sourit à cette phrase.

- Je le sais bien.

Elle s’écarta de son grand-père et porta son attention sur son frère.

- Je compte sur toi pour veiller sur Papy.

- Bien sûr.

C’est à ce moment-là que l’ancien s’approcha de la petite famille et dit d’une voix posée :

- Lydia a sans doute dû te prévenir, Léo, mais je peux te confirmer que ta place au sein de notre garde rapprochée est quasiment assurée. Tu t’es montré digne de la fonction que nous t’avons attribuée et nous ne pouvons espérer mieux pour un de nos futurs soldats.

Léo s’inclina avec respect avant de répondre :

- Cela serait un honneur de vous servir, Maitre.

S’il savait à quoi il me destine, pensa ma jeune fille. Elle s’était souvenue des révélations de Mati en voyant l’ancien se présenter devant elle. Elle avait imaginé ressentir de la haine à son égard et pourtant il n’en fut rien. Elle se demandait bien pourquoi. Ces hommes la condamnaient à une vie de captivité. Elle avait beau chercher, pas la moindre étincelle d’hostilité ne semblait se terrer dans son cœur. Au contraire, elle avait l’impression que rien n’avait changé. La poussant presque à croire que sa rencontre avec le déserteur relevait d’un cauchemar. Malheureusement, tout cela était bien réel et dans un mois si elle ne faisait rien, elle serait sacrifiée comme bien d’autres avant elle.

 

Après avoir embrassé sa famille une dernière fois, Lydia grimpa à la suite de maitre Ludovic dans la voiture. L’instant d’après, l’attelage se mit en route. En passant prudemment la tête à travers la fenêtre, elle remarqua que son grand-père et Léo lui faisaient signe. Elle le leur rendit avant que le maitre la force à rentrer. Le trajet fut relativement court et Lydia fut soulagée d’apprendre qu’elle pouvait aller directement dans sa chambre. Dès qu’elle eut salué l’ancien, elle se dépêcha de rejoindre ses appartements qui se trouvait dans l’ail Ouest du château au deuxième étage. Une fois arrivée, elle constata que ses bagages avaient déjà été ramenés. Composé de trois pièces, sa chambre, un salon qui donnait sur une terrasse et une garde-robe, c’était l’endroit où la jeune fille se sentait le mieux. Elle survola le lieu du regard et remarqua satisfaite que rien n’eût été changé pendant son absence. Ses yeux se posèrent sur le tableau qui trônait près de la cheminée. Elle se rapprocha pour le contempler. Il l’avait toujours fasciné. On y voyait une enfant probablement âgée de six à sept ans vêtue d’une robe bleue azure qui gravissait des escaliers. Deux hommes l’attendaient en haut des marches alors qu’une foule l’observait d’en bas. Sa chevelure couleur or qui lui tombait dans le dos et son visage encore juvénile apportait une certaine douceur à l’œuvre. Lydia se sentait proche de cette petite fille et pour cause, cette peinture évoquait la présentation de la deuxième Grande Sage du nom au peuple d’Eula. Cette montée des marches avait un sens symbolique. D’après les anciens, cela signifiait que l’orpheline choisie par la prophétie acceptait son rôle futur. Lydia se souvenait de cette cérémonie, non sans quelques appréhensions. N’ayant pas dormi de la nuit, elle tombait de fatigue le grand jour et avait failli se prendre les pieds dans sa robe quand elle avait entrepris l’ascension. Elle s’était rattrapée in extremis, mais cela n’avait pas empêché les personnes les plus proches d’elle d’étouffer un rire moqueur. En un mot, elle s’était ridiculisée lors de cette importante procession, qu’elle s’était acharnée à préparer pendant des mois. Elle détourna les yeux du tableau comme pour éloigner ce mauvais souvenir et se jeta sur son lit. Elle resta un instant sans bouger à ruminer ses erreurs passées. Soudain, la porte de sa chambre s’ouvrit avec fracas et une jeune fille de son âge avec ses cheveux bruns relevés en chignon et abordant la tenue des servantes du château fit irruption dans la pièce. Un sourire illumina le visage de Lydia en remarquant son amie de toujours.

- Angeline, tu m’as manquée.

Elle serra sa camarade dans son bras qui lui rendit son étreinte.

- Et vous, donc. J’étais heureuse que vous eussiez retrouvé votre famille, mais sans vous, cet endroit est bien ennuyeux.

- Ne t’en fais pas, je suis bel et bien de retour.

Elle s’écarta de la servante qui lui dit presque à regret.

- J’ai appris pourquoi.

- Ne sois pas triste, Angie. Il fallait bien que cela arrive, déclara-t-elle, puis rajouta pour changer de sujet. Sinon quel est le programme de la journée ? Madame Hullin n’aurait jamais permis que tu t’absentes à cette heure-ci.  

Angeline sourit tristement avant de reprendre d’une voix forte :

- On m’a demandé de vous préparer pour la séance de purification. Madame Cassia viendra vous chercher dans une heure.

Lydia grimaça à l’évocation de cette tâche qu’elle avait toujours détestée. À force de mener sa vie comme elle l’entendait pendant presque cinq mois, elle en avait oublié les rituels qui rythmaient son existence au château. Lundi était jour de recueillement avec de nombreuses sessions de méditations en perspective. Décidément, elle venait à peine de rentrée qu’elle voulait déjà repartir. C’est d’un pas résigné qu’elle se dirigea vers sa garde de robe où elle empoigna dans l’armoire, une robe d’une blancheur éclatante.

- Dans ce cas, ne t’attardons pas ! Cassia a horreur des retardataires.

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Lutetia
Posté le 25/09/2021
(re) Coucou !

Avec ce chapitre, on est véritablement plongés dans l'esprit de Lydia et ce qu'elle peut ressentir. Encore une fois, la manière dont tu décris les sentiments de tes personnages sonnent justes. Les gestes qu'ils peuvent avoir renforcent davantage leur caractère et le fait de les voir par les yeux de Lydia nous permet d'avoir leur "traduction".
Concernant la chambre, peut-être aurait-on pu attendre une petite description mais son absence peut s'expliquer par le fait que Lydia ne la découvre pas puisqu'elle y a déjà vécu.
Pour la suite, je crains que Léo ait un rôle dans le "mauvais" camp avec la garde rapprochée. J'ai hâte de savoir comment vont évoluer les personnages, leurs relations et surtout hâte de lire la manière dont tout cela va se dérouler !
Zoju
Posté le 26/09/2021
Je prends note de l'absence de description de la chambre. Effectivement, Lydia la connait, mais tu as raison de dire qu'il serait intéressant pour le lecteur de se faire une meilleure idée dès le départ. Je vais y réfléchir. Je ne dis rien sur l'évolution de l'intrigue, mais j'espère qu'elle va continuer à te plaire !
MariKy
Posté le 02/03/2021
Un chapitre qui fonctionne bien et donne de la profondeur à l'univers avant d'avancer dans l'intrigue !
Encore une fois j'aime les touches humaines que tu donnes à tes personnages, comme le tic de Léo.
La description du tableau arrive à pic pour révéler une part de l'histoire de Lydia : on en apprend plus sur le monde sans tomber dans la simple description puisque tout est rattaché à un souvenir et aux émotions de l'héroïne. Même chose avec les rituels annoncés, qui permettent de relancer la lecture !
Zoju
Posté le 02/03/2021
Merci pour ton commentaire ! Ce tableau que je décris dans ce chapitre représente beaucoup pour moi, puisque c'est à partir de là que j'ai commencé à imaginer l'histoire de "Il a fallu d'un instant". Je suis contente que ce passage te plaise ! J'espère que la suite continuera à te plaire. :-)
Xanne
Posté le 01/11/2020
Encore moi :)

C'est un chapitre court, mais efficace. Les adieux avec la famille, le retour dans l'appartement au palais, la petite séquence souvenir avec le tableau et les retrouvailles avec son amie, tout est amené avec logique.

J'ai tout particulièrement aimé le moment où Lydia rumine sur sa gaffe lors de la cérémonie. Ça doit remonter à plusieurs années et pourtant ça la tracasse encore; c'est typiquement le genre de choses que je fais moi aussi XD
Je m'identifie de plus en plus à Lydia avec ce genre de détails, c'est très réussi.

La fin du chapitre m'a tellement envie de lire la suite (ce que j'ai fait, évidemment XD)! Elle promet de retrouver Cassia que nous connaissons déjà du prologue et j'ai vraiment envie de savoir ce qu'il en est de cette "purification". Je t'avoue que je m'attendais à quelque chose en rapport avec la légende de la première grande sage, un truc un peu sanglant (j'aime quand ça vire au gore par moment), mais je vais devoir prendre mon mal en patience XD
Encore une fois, j'apprécie ma relecture de tous ces chapitres, ils s'enchaînent bien. :)

Liste des coquilles vues en passant:
Dans la note en début de chapitre: "Je ne suis vraiment pas doutée" -> douée? ;)
S’il savait à quoi il me destine, pensa ma jeune fille. -> La jeune fille
Zoju
Posté le 02/11/2020
Je suis contente que tu mentionnes le tableau, car c'est à partir de lui que j'ai commencé à écrire cette histoire. Si cela t'intéresse, c'est "la présentation de la Vierge Marie dans le temple de Jérusalem" aux Galeries de l'Académie de Venise. J'ai retiré la dimension catholique et je me suis demandée pourquoi une enfant si jeune montait ses marches.

En tout cas, je suis contente que ce chapitre fonctionne et que la fin t'ai donné envie de lire la suite. Et oui, la purification, ce n'est pas dans le gore. XD En tout cas, merci pour tes retours instructifs qui me font très plaisir
Shangaï
Posté le 20/06/2020
Un bon chapitre également qui nous donne un aperçu de sa vie au château. Bien que ses quartiers semble agréable elle n'a pas l'air particulièrement heureuse de revenir...
Je suis heureuse pour elle qu'elle ai tout de même une amie ici !

Léo pour sa part abordait une expression neutre, mais Lydia savait que ce n’était que de face. → Il s'agit peut-être d'une expression que je ne connais pas, mais la fin de ta phrase me perturbe... Que ce n'était qu'une façade peut-être plutôt ?

S’il savait à quoi il me destine, pensa ma jeune fille.  → Il manque des guillemets ici et je pense que tu voulais écrire LA et non pas MA ^^

Malheureusement, tout cela était bien réel et dans un mois si elle ne faisait rien, elle serait sacrifiée comme bien d’autres avant elle. → D'une certaine façon oui elle va elle aussi être sacrifié mais c'est surtout celle qu'elle va devoir assassinée qui le sera !

Il fallait bien que cela arrive, déclara-t-elle, puis rajouta pour changer de sujet.  → déclara-t-elle, avant de changer de sujet serait plus approprié je pense.
Zoju
Posté le 20/06/2020
Merci ! Encore et toujours des fautes de frappes et des tournures étranges. Je vais corriger ça.
Shangaï
Posté le 20/06/2020
Pour ces fautes je pense que c'est parce que tu penses plus vite que n'écris ! J'ai le même soucis et en général j'ai besoin de plusieurs relecture pour venir à bout de mes fautes de frappes, de mes mots inversé ou de mes phrases mélangés ^^
Zoju
Posté le 20/06/2020
Cela n’excuse pas toutes les fautes, mais ce que tu dis correspond tout à fait à la manière d’écrire. On est tellement pris dans l’histoire que l’on est impatient d’écrire la suite. :-)
Sabi
Posté le 10/06/2020
Il faut faire attention aux fautes de grammaire, de conjugaison et d'orthographe. Il n'y en a pas à toutes les lignes, loin s'en faut, mais elles restent régulières.
Sinon, une remarque quant à l'utilisation du subjonctif imparfait : "J’étais heureuse que vous eussiez retrouvé". Si du point de vue de la concordance des temps, son emploi est légitime, le fait qu'on ne l'emploie plus à l'oral fait que du point de vue du style, il est très étrange de voir une personne s'exprimer en l'utilisant.
Personnellement, j'aime bien aussi avoir recours au subjonctif imparfait, mais uniquement dans la narration, jamais dans les dialogues, parce que l'effet du verbe touche alors le personnage et lui donne un style qu'il faut ensuite conserver, ce qui est dur.
Bref, le subjonctif imparfait dans la bouche d'Angeline fait très étrange. Es-tu sure que cela fait partie de son personnage ? Si oui, dans ce cas, fais bien attention à ce qu'Angéline s'exprime toujours de cette façon.
Zoju
Posté le 10/06/2020
Merci pour ta remarque. Il est vrai que je dois davantage faire attention aux fautes de grammaires. J'ai toujours eu du mal et je ne l'ai remarque pas toujours comme tu as pu le constater. Je vais sérieusement me pencher dessus. En ce qui concerne le subjonctif imparfait, Je vais y réfléchir. Merci pour tes remarques :-)
Natsunokaze
Posté le 08/06/2020
Re,

Bien que court, ce chapitre nous apprend davantage sur les rituels que doit subir la futur Grande Sage, notamment celui de la montée des marches, à l'âge de 7 ans --" Sérieusement ! Comment une petite fille de cette âge est-elle en mesure de montrer son accord pour quoique ce soit alors même qu'on lui cache la vérité et qu'elle est bien trop jeune pour comprendre ce que cette charge va lui coûter ? Je trouve ça tellement abusé ! On les sacrifie pour le bien du plus grand nombre et je trouve ça horrible pour elle >.<

Sinon, je pensais que son frère l'accompagnerait puisqu'il est quand même son garde du corps. Je suis étonnée qu'elle soit même privée de sa compagnie à lui ! Heureusement, elle semble avoir une amie au château, et j'espère qu'on apprendra plus sur leur relation à toutes les deux ^^

Bref, on sent que la vie au château n'aura rien de très réjouissante pour cette pauvre Lydia et je n'ai qu'une seule hâte, c'est qu'elle se casse de là xD

Sur ce, je te laisse !

Je te dis à bientôt sur la suite ^^

Natsunokaze
Zoju
Posté le 08/06/2020
Le tableau dont je parle dans ce chapitre est un tableau que j’ai vu un jour dans un musée et c’est de là qu’est parti cette histoire. Il m’avait fasciné. J’ai inventé une histoire tout autour. En ce qui concerne Léo, il va vite revenir et la relation avec Angeline va être plus détaillée dans les prochains chapitres. En tout merci pour tes commentaires et j’espère que la suite te plaira :-)
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