Chapitre 8 Nouveaux Débouchés

Par Cathie

Tout le monde pousse un soupir de contentement et Copine demande au chevalier :

— Qu’est-ce que tu penses de ça ? Du grand art, n’est-ce pas ? Donc, ce matin, sur une intuition, je les ai fait asseoir autour de moi, et je leur ai demandé de me dire comment ils s’étaient rencontrés. Après, ils pourraient partir chacun de leur côté, s’ils voulaient.

— Et qu’on lui a raconté notre histoire, comme si que c’était un truc tout à fait naturel…

— Et c’était tout des histoires à faire pleurer, renifle la Bûche.

— Des histoires à raconter aux veillées et dans les châteaux, sans y ajouter le moindre effet dramatique, ajoute Sans Blague.

— Des drames, des tragédies, l’essence de la destinée humaine, renchérit le chanteur.

Toc, tique-tic, toc, ponctue le musicien et Copine de lui sourire un peu tristement.

— C’était un bon début, mais il fallait autre chose…

— On lui a demandé ce qu’elle voulait dire, se rappelle le barde et elle a dit qu’elle ne savait pas. On a tous réfléchi un moment, puis elle a filé sous son rocher et elle est revenu avec un gros livre qu’elle a ouvert pour nous montrer une splendide gravure d’une fête champêtre.

— C’est là que j’ai compris, déclare Copine : seuls, ils n’avaient plus ni patrie ni famille. Ensemble, ils avaient tout cela ! Mais il fallait renforcer ce lien ; il fallait que leur plaisir à être les uns avec les autres soient plus fort que les irritations causées par leur personnalité !

— J’y sais pas comment qu’elle en est arrivée là, toute seulette avec son image, mais quand elle nous a dit de faire la fête, sûr qu’on a compris ! Et on était tous d’accord, on avait tous plein d’idées !

— Ce qui manquait, c’était à boire et à manger, et c’est ce qu’on est allé chercher ce matin. Question boissons, on a eu de la chance, on a ramassé quelques tonneaux pas trop bien surveillés… mais on voulait un gâteau, et ça, dans la boulangerie, on nous a repéré et il a fallu filer sans.

— On trouvera une solution, déclare Copine. La pâtisserie n’est pas mon fort, mais je peux essayer.

— Si vous chercher une pâtissière, propose le chevalier, il y quelque part dans la forêt une vieille dame qui se ferait un plaisir…

— Que le plaisir, y serait pour nous, si tu restais pour note fête, Chevalier, interrompt le capitaine avec une lueur d’espoir dans le regard. Vu que t’es le camarade de Copine, et un véridique chevalier…   

— En même temps, coupe La Bûche, on sait pas pourquoi vous êtes ici, vous avez peut-être des choses à faire, ailleurs.

— Vous ne croyez pas si bien dire, soupire le chevalier. Je n’avais pas l’intention de m’attarder car il me faut rejoindre les Monts de la Mort : c’est là que j’espère remplir une mission dont l’issue fera de moi l’homme le plus heureux… ou le plus malheureux du monde.   

— Racontez-nous ça, s’exclame Sans Blague avec une lueur gourmande dans le regard. On ne vous a guère entendu et nous avons du mal à contenir notre désir de mieux vous connaitre, illustre ami de notre magicienne préférée.   

Comme le chevalier hésite encore, Copine supplie :

— Mais si, Chevalier ! Donne-nous quelques précisions sur ce qui t’arrive ! Et pendant ce temps, si tu me le permets, je ferais du café pour tout le monde.

— Du café, s’écrie la Comtesse en saluant le jeune homme d’un large mouvement de sa capeline. Chevalier, si vous nous offrez de ce rare breuvage, vous devenez à jamais mon héros !

De bonne grâce, le chevalier se lève pour aller chercher le café dans son paquetage :

— Ce sera un honneur que de le partager avec cette illustre assemblée.

Puis il raconte son arrivée au château de la princesse, leur improbable rencontre et leur amour plus improbable encore. Il parle de la marraine qui voit d’un très mauvais œil leur idylle et finalement du roi et de la mission qu’il lui a confié.

— Je suis parti fermement décidé à revenir avec de quoi arracher leur consentement à la marraine et au roi, mais je dois admettre que plus je m’éloigne, plus ma cause me semble désespérée, conclut le jeune homme.

Les brigands, qui l’ont écouté avec une concentration extrême, échangent alors des regards catastrophés.

— C’est ben comme qui dirait une situation désespérée, finit par murmurer le capitaine. Mais aussi quelle idée que d’s’amouracher d’une demoiselle noble et tout !

— Le cœur à ses raisons que la raison ne peut comprendre, contre le castra, dont la mine lugubre ne plaide pas en faveur de sa maxime.

— Ne voulais-tu pas trouver une place de chevalier dans un royaume prospère ? demande Copine en faisant passer des gobelets autour du feu.

— Ça, s’écrie le capitaine, que c’était mon rêve, au lieu que de trimer toute la journée dans la boue des champs. Mais quel roi qu’il aurait accepté un vilain dans sa troupe ? Alors, toi, aubergiste, même si chevalier, c’serait trop un coup de veine !

Copine tend un gobelet de café au chevalier :

— Et tu es sûr des sentiments de ta princesse ?

— Vous ne connaissez pas ce milieu, mon pauvre ami, renchérit le chanteur. Ce ne sont qu’intrigues, mensonges et dissimulations. Il est bien rare qu’on y trouve des sentiments honnêtes.

Puis, voyant le pauvre chevalier se décomposer, il ajoute :

— Ce fut mon expérience, en tout cas, et il y a toujours des exceptions.

— Et puis, reprend Copine, si c’est vraiment une magicienne, la tradition veut qu’elle reste célibataire. Ce n’est pas une obligation, mais…

— De toute façon, épouser une magicienne, n’est-ce pas prendre des risques supplémentaires dans une entreprise déjà risquée ? Avec toute mon amitié et le respect que je vous dois, ajoute le conteur en levant vers la cafetière un gobelet que Copine fait mime d’ignorer en lui jetant un regard noir.

— Et puis un dragon ! s’exclame la Bûche. J’en ai point rencontré personnellement, mais j’ai vu c’que ça peut faire comme dégâts et j’ai entendu d’ces choses dans les forêts où j’aidais mon bûcheron de père.

— Oui, conclut le capitaine, la situation est comme qui dirait, désespérée !   

Puis, vidant son gobelet avec une grimace, il maugrée :

— C’est bougrement amer, votre truc, ça serait pas amélioré par une rasade d’eau de vie ? Quant à toi, Chevalier, pourquoi qu’tu restes pas ici avec nous ? Tu serais mon conseiller en chef, que le Sans Blague, y m’raconte trop d’bobards et même carrément le chef si tu préfères, que moi, j’ai un peu de mal à c’que tout c’monde file droit, alors que toi, un vrai chevalier…

Puis, se tournant vers Copine, il ajoute :

— Et j’pense parler pour tout le monde en t’disant, magicienne, qu’on serait honoré si tu restais avec nous vu qu’on a bien besoin de tes conseils ! Et j’aimerais bien voir qu’on vienne te chercher des poux, ici. Sans parler de ton ragout ! Là, j’m’y habituerais plus facilement qu’au ratas de notre marmiton.

Un caillou, lancé à toute volé par le jeune musicien, fait sonner la marmite.

— Notre capitaine plaisante, le Piaf, apaise aussitôt le chanteur. Nous sommes tous satisfaits des repas que tu nous prépares ! En même temps, partager cette corvée te dégagerait du temps pour nous enchanter avec ta flute.

— Même que le Piaf, y s’occupe déjà des collets, ajoute la Bûche.

Puis, s’adressant directement à Copine avec un clin d’œil, il ajoute :

— On en a plusieurs, dans le bois qui devraient avoir été visités. Si on ramenait quelques bestioles, t’accepterais pas de nous les bricoler à ta sauce, pas hasard ?

— Si tant est qu’ils reviennent avec quoi que ce soit de mangeable, ces deux-là, marmonne la Comtesse. Même s’il retrouve ses pièges, le Piaf ne pourra pas s’empêcher de faire un bœuf avec les oiseaux et toi, l’artiste, on te connait, tu as plus de chance de ramener quelques racines à sculpter ou quelques roches à barbouiller que du comestible.

Avant que le petit bûcheron ait pu répondre, Copine déclare :

— Voilà une excellente idée, et il me faudra aussi du bois pour le feu, le l’eau plein la marmite, et quelques champignons. Je m’occupe du reste.

Aussitôt dit, aussitôt fait, les brigands s’éparpillent comme une volée de moineaux et disparaissent dans la forêt. Copine attrape son panier et, tout en cherchant son couteau, elle murmure à l’intention du chevalier :

— N’est-ce pas qu’ils sont craquants ? Mais ils ont vraiment besoin d’un peu d’aide pour s’organiser. Or, c’est une des missions des magiciennes que d’assister les gens dans leur projet. Et cela faisait un moment que je ne m’étais pas sentie aussi appréciée et surtout en sécurité avec des gens bienveillants.

— Mais tu ne peux pas rester ici ! s’exclame le chevalier en se levant son tour. Ils sont peut-être gentils et tu les as dépannés, mais une forêt et une bande de brigands marginaux, ce n’est pas un avenir pour une fille comme toi !   

Copine considère son ami un instant, les sourcils froncés :

— Qu’est-ce que tu sais de mon avenir ? Je voudrais bien savoir, moi, ce qu’il me réserve ! Trouverai-je jamais mon objet magique qui seul peut me légitimer en tant que magicienne ? Jusqu’à présent, je n’ai pas eu beaucoup de chance.

Puis elle tourne les talons et s’enfonce dans les buissons. Avant de disparaitre, elle se retourne pour lancer :

— Du bois, on aura besoin de beaucoup de bois, Chevalier !

Dans le camp déserté, le chevalier se sent très seul, tout à coup. Il se tourne vers son cheval qui broute à la lisière de la clairière :

— Tu ne crois pas qu’on devrait reprendre notre route ? Il y a beaucoup de gens ici, mais pas de dragon, ça se saurait. Sauf que j’ai oublié de demander comment rejoindre les Monts de la Mort !

Le cheval se rapproche en mâchonnant :

— On peut repartir errer au petit bonheur la chance ; ou aller chercher un peu de bois, profiter de la compagnie ce soir et repartir frais et dispo demain à l’aube dans la bonne direction !

— C’est ce que je me disais aussi, marmonne le chevalier en se dirigeant vers la forêt, le cheval sur les talons.

Tout en marchant, l’œil aux aguets, le chevalier repense à sa conversation avec les brigands. Il a bien peur qu’ils n’aient raison, tous, son projet ne tient pas la route. Le roi lui a donné cette mission pour se débarrasser de lui, la princesse l’oubliera vite pour devenir une magicienne qui aidera beaucoup de gens, comme sa marraine qui a été on ne peut plus claire sur l’utilité d’un époux pour sa filleule.

Alors que cette bande d’énergumènes, très attachante il doit l’avouer, aurait grand besoin d’un vrai leader, à l’esprit pratique et bienveillant, pour les guider et les organiser.

Le chevalier se voit bien dans ce rôle ; il s’imagine à la tête d’une bande de vaillants redresseurs de torts qui combattrait l’injustice et la misère dans toute la contrée, défiant les gardes corrompus d’un cruel pouvoir…

— Tu en penses quoi, toi ? demande le jeune homme au cheval en bricolant avec des sangles un moyen de charger le cheval d’une bonne quantité de bois morts.

Le cheval trouve que le rôle de justicier hors la loi est intéressant, mais pour ça, il faut un méchant qui bafoue les droits des gens. Or le roi de ce royaume, le père de la princesse donc, est loin de faire l’affaire !

— Tu as raison, soupire le chevalier. Pour autant que j’ai pu m’en rendre compte, dans ce royaume prospère et bien administré, la veuve et l’orphelin sont recueillis dans des refuges confortables où ils peuvent envisager leur avenir en toute sécurité. Quant aux brigands, ils n’ont pas l’air de faire grand mal, finalement.

— Et puis, aux dernières nouvelles, c’est pour le roi, que tu travailles, pas contre, conclu le cheval.

— Je ne sais vraiment pas quoi faire, murmure le chevalier.

— Commence par ramasser ces champignons, regarde comme ils sont beaux ! C’est Copine qui sera contente !

En cinq minutes, le chevalier en a rempli sa besace, et comme le cheval est chargé au maximum aussi, ils décident de rentrer.

 

Quand le chevalier parvient à la clairière, elle est aussi déserte que quand il l’a quittée.

En rangeant son bois tout près du foyer, le jeune homme remarque le livre de Copine, posé sur son sac. Il se souvient du jour où elle le lui a montré pour la première fois : c’était peu avant la fin des cours, l’ultime cadeau de sa grand-mère adorée qui venait de mourir. Copine lui avait décrit sa joie quand elle l’avait reçu, ce sentiment qu’elle avait eu d’être soudain entière, en pleine possession et connaissance de ce qu’elle était. Le chevalier aurait bien aimé le regarder de plus près, lui qui se passionnait pour les vieux livres, mais elle l’avait vite rangé, et il n’avait pas osé insister.

Mais quel mal ferait-il à présent à le feuilleter ? Et puis il avait été intrigué par cet histoire d’image qui donnait des conseils… et il en aurait bien besoin, lui, d’un ou deux conseils !

« Je devrais peut-être attendre son retour et lui demander la permission » pense le chevalier. Mais Copine n’est pas là, il ne sait pas quand elle va revenir.

Il se penche, prend le livre, se met à le feuilleter, de plus en plus perplexe : certaines pages sont blanches, d’autres couvertes d’une fine écriture cursive. D’autres encore sont remplies de texte et de schémas, diagrammes, tableaux plus incompréhensibles les uns que les autres ou ornées de lettrines et d’enluminures exquises. Il y a aussi, sans ordre apparent, de très belles illustrations sur une page entière.

— Qu’est-ce que tu fais ? Tu n’as pas le droit !

Le cri de rage le fait sursauter ; le livre tombe sur le sac, fermé. Le chevalier se retourne et voit Copine lâcher son panier plein d’herbes et de baies et se précipiter sur lui. Elle ramasse son livre et le serre contre sa poitrine en fusillant le jeune homme du regard.

— Je ne voulais pas… bafouille ce dernier. Je voulais… je cherchais…

— Il est à moi, tu n’as aucun respect, aucune considération ! Comment oses-tu ?

Le chevalier recule de quelques pas : il n’a jamais vu la jeune fille dans un tel état. Il l’avait toujours cru calme, posée et réfléchie et là, il tombe des nues.

— Je suis désolé de l’avoir fait tomber, mais j’espérais y trouver un conseil, comme pour les brigands…

— Personne ne touche à mon livre, tu entends, jamais ! Je me moque de ce que tu voulais ou de ce que tu cherchais !

— Bon, bon …

Le chevalier commence à trouver que Copine exagère : il n’y a pas mort d’homme, quand même.

— Tu n’avais qu’à le ranger, ton vieux bouquin ! Et puis, il ne ressemble à rien, il n’a ni queue ni tête, probablement aucune valeur…

— Il a une immense valeur pour moi, et toi, tu n’es qu’un goujat ! hurle Copine en frappant du pied par terre.

Cette fois, le chevalier est vraiment en colère. Il toise Copine en secouant la tête :

— Tu es complètement folle et j’ai mieux à faire que de perdre mon temps avec toi et ta bande de débiles paumés.

Ayant rejoint son cheval d’un bond, il saute en selle et disparait dans la forêt au petit trot tranquille du cheval.

— Où va-t-on ? demande le cheval après quelques minutes de chevauchée à travers les arbres. Le chemin est de l’autre côté, mais on ne sait toujours pas si c’est la bonne direction pour les monts de la Mort.

— C’est insupportable, marmonne le chevalier.

— Absolument, renchérit sa monture, deux gosses, pas un pour rattraper l’autre.

Le chevalier grogne un commentaire incompréhensible et la promenade se poursuit en silence.

Quelques instants plus tard, le chevalier murmure :

— Je suis peut-être parti un peu vite, mais quand même, elle a exagéré, non ?

— Ça dépend du point de vue que l’on a, rapport à l’endroit où on se place, comme dirait un vieux sage dont j’ai oublié le nom… je ne sais même plus s’il était si vieux que ça, d’ailleurs…

Le chevalier pousse un soupir :

— Je n’avais pas réalisé à quel point elle était possessive avec ce vieux truc. D’accord, c’est un souvenir de sa grand-mère adorée, mais je n’étais pas en train de le lui manger !

— Ne mange jamais de livres, c’est mauvais pour la santé.

— Bon, poursuit le chevalier, j’aurais dû attendre son retour, lui demander… et ensuite, au moins m’excuser.

Le cheval s’arrête à l’orée de la clairière et remarque :

— C’est drôle, ça, on a dû tourner en rond ! Mais ça tombe bien, non ?

Immobile, le chevalier observe Copine qui lui tourne le dos, assise devant le feu à côté de son sac, les épaules secouées de sanglots. Il n’hésite plus, saute de cheval et s’approche de la jeune fille :

— On vient juste de se retrouver, on ne va pas se quitter comme ça, murmure-t-il en s’accroupissent à côté d’elle. J’aurais dû attendre, te demander… je m’excuse.

Le cheval qui a suivi le chevalier pose sa tête contre l’épaule de la jeune fille :

— la curiosité est un vilain défaut, comme chacun sait, mais en aucun cas ce macaque n’a voulu manquer d’égard envers toi ou ton livre, My Lady.

Copine se frotte les yeux et caresse l’encolure du cheval :

— Je… Je sais ! Et je me suis laissée emporter.

Puis, se tournant vers le chevalier :

— Ce que je ne t’ai pas dit, c’est que ce livre était l’objet magique de ma grand-mère, ma mère me l’a révélé avant mon départ…

Le chevalier ne peut s’empêcher de l’interrompre :

— Qu’est-ce c’est que cette histoire d’objet magique ? J’en entend parler depuis que… Ma princesse cherche le sien, ou sa marraine… Ce livre était celui de ta Grand-Mère…

Copine sourit en essuyant une dernière larme :

— Il n’y a pas de magicienne sans son Objet Magique. C’est pour ça que je ne suis qu’apprentie. L’Objet Magique définit la mission de la magicienne et la rend légitime. C’est l’outil, le vecteur qu’utilise la magicienne pour accomplir sa tâche.

— Et ça se trouve où, un truc pareil ? On l’achète ? On le vole ? Et à quoi ça ressemble ? Tu sais ce que tu cherches ?

— Non à la moitié de tes questions ; et « je ne sais pas » aux autres. Je n’ai aucune idée de la nature de mon Objet, ça peut être absolument n’importe quoi… et il peut se trouver n’importe où. Je sais seulement qu’il est quelque part, qu’il m’attend, qu’il m’appelle même ; c’est à moi de l’entendre, de le reconnaitre. Mais quand une magicienne trouve son Objet Magique, il n’y a pas de doute possible, c’est comme quand… quand on tombe amoureux…  si tu vois ce que je veux dire ?

Un nuage passe sur le regard du chevalier. Finalement, il sourit, un peu tristement.

— Peut-être, oui. L’avantage, moi, c’est que je sais exactement où le trouver, à quoi il ressemble et ce que je dois faire pour le récupérer, mon Objet Magique ! Ça m’a l’air un peu plus compliqué pour toi ! Mais s’il était dans cette forêt, tu l’aurais déjà trouvé, non ?

— Je ne sais pas ! Je me disais que, si je suis arrivée jusqu’ici, ça ne peut pas être le hasard.

— Parce que si ce n’est pas le hasard, c’est quoi ? demande le chevalier.

— Le destin, lui répond-elle en plantant son regard doré dans le sien.

— Je vote avec My Lady, s’immisce le cheval. Le destin, ça donne un peu de sens aux choses. Quant à votre Objet Magique, peut-être est-il temps de reprendre vos recherches ?

La jeune fille se rembrunit à cette perspective. Pourtant, elle finit par murmurer :

— Vous avez raison, messire Destrier, je ne peux pas rester ici, il faut que je me remette en route. Mais c’est si difficile…

— Quand vous êtes seule, My Lady, répond le cheval. Ce dont vous avez besoin, c'est d’une escorte fiable…

Et, avec un petit coup de naseau dans l’épaule du chevalier :

— Tu n’es pas de cet avis, Cow-boy ? Il faudrait à notre jeune amie quelqu’un de confiance, sans feuille de route précise, lui-même à la recherche de quelques aventures, qui l’accompagne par le vaste monde pour l’assister dans sa quête.

Le chevalier sentant comme un traquenard, se tourne vers Copine qui lui prend la main qu’elle serre contre son cœur :

—Oh ! Chevalier, tu ferais ça ? Quelle offre… chevaleresque ! Et n'ayant moi-même aucune idée d'où trouver mon Objet, je suis prête à te suivre où tu voudras. Et je pourrais certainement t’être utile avec ma magie.

Devant le visage ravi et le grand sourire de Copine, le chevalier, qui n’est pas certain d’avoir compris ce qui vient de se passer, acquiesce prudemment. Ce qui est sûr, c’est qu’il ne veut pas froisser son amie une deuxième fois en un après-midi.

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Laeti8469
Posté le 30/01/2020
Ils parlent commes de gens du Sud, les brigands, c'est tres drole, j'aime beaucoup! Ils sont agréables a lire, et a connaitre. On en redemande! :)

"C’est une des missions des magiciennes que d’assister les gens dans leur projet": tres intéressant, c'est la premiere fois qu'il est fait mention concrete du devoir des magiciennes. Il en faudrait d'avantage.

Il est a nouveau question, de nouveau, du célibat des magiciennes: le chevalier souhaite épouser sa princesse a son retour, alors que celle-ci lui a dit continuer ses études de magiciennes, sans relever cette contradiction!

"Trouverai-je jamais mon objet magique qui seul peut me légitimer en tant que magicienne ? Jusqu’à présent, je n’ai pas eu beaucoup de chance." = information intéressante qui arrive, a demi mot, dans l'histoire. Il faudrait plus d'informations. Pourquoi? Comment? Il semble que ce sont les études qui légitimise les jeunes magiciennes, alors quel est le role de cet objet (etc)?

Lorsqu'il trouve son livre, la réaction du chevalier envers Copine est tellement injuste que tu t'aliénis le lecteur, encore une fois. Je pense qu'il faudrait trouver une autre facon de montrer a quel point le livre est important pour Copine, mais couper cette dispute, car le chevalier apparait vraiment comme un goujat, meme s'il vient s'excuser. C'est ton héros, il faut qu'on ait envie de le suivre!

Vers la fin du chapitre, Copine décrit enfin l'objet magique un peu plus. On s'étonne quand meme que le chevalier n'ait pas posé la question avant (comme le lecteur!). Tu dis que chaque objet magique définit la mission de la magicienne, c'est tres bien, mais alors concretement quelle était la mission de la grand-mere en relation avec son livre? Si la mission d'une magicienne est, en général, "d'assister les gens dans leur projet" (comme le dit Copine), comment cela se manifeste-il dans un livre?

On a le sentiment (mais c'est juste une idée de ma part), qu'en mourrant la grand-mere a laissé une part d'elle dans son livre, et que c'est pour cela que Copine ne peut laisser personne y toucher.

Quand le chavelier fait référence a son objet magique qu'il a déja trouvé, fait-il référence a la princesse? Si oui, ca me gene de comparer la princesse a un objet... Tous les mots comptent!
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